Dès notre arrivée au Cambodge, nous sommes tombés sous le charme de la nature, des végétaux tous puissants, et aussi du doux chaos qui y règne, entre les embouteillages de tuk-tuk, les autochtones à 6 sur un scooter, la chaleure, l’humidité et le tout toujours illuminé de sourires Khmers.
Vue depuis le fameux Angkor Vat Juste avant l’atterrissage à Siem Reap, les temples d’Angkor ‘vue du ciel’, nous ont mis l’eau à la bouche! L’entrée dans le pays s’est faites très vite, (ils sont au point pour les ‘visas à l’arrivée’ par ici et nous nous sommes au point pour les passages de douane!) Nous y voilà donc, retour à la chaleure, 32*C à l’ombre, ça fait du bien!
Nous visitons les temples d’Angkor, véritables trésors de l’humanité construits au beau milieu de la jungle, celle-ci constituant un autre trésor universel. Nous sommes enivrés par les arbres, si grands, IMMENSES, et la forêt si dense... on réalise à quel point nous avons besoin de nature. Et au milieu de cette cité verte, se dresse des monuments de toutes beautés. Nous prenons 2 jours pour nous y balader, on y traîne, souvent sans mots-dire, car de tels endroits forcent le respect...(on revient vite à la réalité quand on croise un groupe de chinois qui, eux, ne semblent rien respecter... bref il faut bien s’en accommoder, car des chinois au Cambodge, on va en croiser plein... colonisation oblige!)
Les temples d’Angkor c’est le plus ancien centre religieux Khmer. D’ailleurs ici, hindouisme et bouddhisme s’entremêlent et on y ajoute une touche de croyances locales! Construits entre 800 et 1400 après JC, ils sont aujourd’hui encore un énorme mystère et une source de découverte pour les archéologues. Ces temples sont des monuments dédiés à Vishnou ou Shiva ou Buddha, ils ont tous des architectures différentes et des styles différents. Certains décrivent les histoires du Ramayana (grande épopée mythologique hindoue) par des bas reliefs splendides, d’autres habritaient de gigantesques statues des dieux, et d’autres sont de retour dans les bras de dame nature, des banyans ayant pris racines sur les ruines, les déformant et les stabilisant aussi! La nature et les temples ont trouvé leur équilibre.
Et partout, les Apsara, danseuses célestes, sculptées sur chaque pilier, dans chaque recoins, elle sont les nymphes célestes du panthéon hindou. D’ailleurs aujourd’hui encore elles dansent et c’est un régale de les voir sur scène, avec leur lenteur souriante et leur gestes envoûtants jusqu’au bout des doigts. (Mais pour se laisser embarquer il faut avoir le temps et être présent. Il faut les regarder attentivement se mouvoir, pour qu’elle nous entraîne dans leur douce élévation.....
Or aujourd’hui, les gens n’ont plus ni le temps, ni l’attention, la seule chose qui leur importe, c’est leur selfie avec la danseuse. À la fin de ce spectacle céleste, on retombe vite sur terre en voyant les gens carrément sauter sur la scène, agripper les petites Apsara, faire leur selfie, et ciao! Il pourra y avoir le Bouddha parmi nous qu’on ne l’écouterait pas ... on prendrait un selfie! )
On passe. Il nous reste encore une aventure à vivre ici. Le SAK YANT.
Nous avons pris rendez-vous dans une école de tatouage traditionnel khmer, un peu en dehors de la ville. Émile a l’envie de marquer sur sa peau un souvenir de ce voyage. Et pas n’importe lequel. Pour cela, nous devons amener 5 bougies, 10 fleurs de lotus, un paquet d’encens, 5 fruits différents et 2.50 $. Nous sommes accueillis par l’artiste qui travaillera sur Émile. Le Sak Yant a toujours une signification et les moines, les guerriers, les gens se font tatouer pour obtenir la protection, la force, la guérison, la sagesse, l’amour, la chance etc..... C’est en fait un Yantra (forme géométrique sacrée). Émile choisi un tatouage qui lui apportera l’équilibre dans les 4 éléments, la paix et le calme ains que la chance, le charisme et la protection! Rien que ça! Et le meilleur, c’est que le seul endroit qu’il lui reste pour ce tattoo, c’est sur le cœur!
Le Yantra choisi, la cérémonie commence. Émile fait ses offrandes au petit temple prévu pour cela, et il doit allumer 9 bâtons d’encens et les planter en faisant un vœu pour chacun. Puis l’artiste lui donne un mantra (son sacré), qu’il devra répéter en boucle durant toute la durée du tatouage. L’artiste se positionne, il prépare sa baguette et ses aiguilles (tout est dans les règles de l’hygiène) et il commence par une prière avant de piquer. Une heure et demie plus tard, nous sommes tous un peu shootés, par l’atmosphère qui règne ici, la récitation du mantra, la musique traditionnelle, et le flu de concentration. Le tatouage est terminé, il ne reste plus qu’à le bénir. Émile doit alors se positionner devant le maître, qui récitant des mantras, le bénit d’eau et de pétales de lotus. Cela active les pouvoirs du Yantra.
Nous avons adorés ce moment, un Sak Yant, c’est bien plus qu’un tatouage, c’est un message positif puissant et sacré, gravé à vie non seulement dans la couche physique mais dans toute l’aura de la personne.
Sur cela, nous prenons le bus pour Phnom Penh. Arrivé à la capitale, nous avons la mission de faire prolonger notre visa, cela se fait facilement et puis nous décidons de quitter la ville au plus vite, car on veut plus de tranquillité et d’air. Cependant, nous ne pouvons pas filer sans avoir visiter la tristement célèbre prison S-21.
Cette ancienne école, fut transformée par les Khmers Rouges, lors de leur prise de Phnom Penh, en centre de détention et de torture. Elle est aujourd’hui un site incontournable de visite pour les voyageurs désireux de comprendre l’ampleur de la descente aux enfers vécue par les habitants du Kampuchéa (Cambodge), et elle est aussi un lieu de pèlerinage pour les gens d’ici, qui ont tous été touchés par ces atrocités, et qui viennent rechercher les membres de leur famille disparus à jamais, se souvenir, guérir et faire la paix.
En extrêmement simplifié, il était une fois le Kampuchéa, empire des Khmers, qui a une longue histoire pré-angkorienne datant au moins de 3400 av. JC. Son âge d’or est bien évidemment la période Angkorienne, avec sa civilisation, ses arts, ses temples et richesses qui nous fascinent encore aujourd’hui. Mais comme tout dans la vie, la roue tourne, l’empire est sur son déclin, jusqu’au « protectorat » français, ( ou comment donner un joli nom à « colonie ») qui dure 90 ans, jusqu’en 1953, ils ont droit à quelques années d’indépendance et de neutralité avec le prince Sihanouk, avant que tout cela change en république Khmer, et que tout bascule avec les guerres d’Indochine.
Nous sommes dans les années 70, personne à l’époque n’en entend parler, mais la guerre du Vietnam déborde au Cambodge. Les américains (...tient, tient... Les USA et la guerre: une histoire d’amour...) Donc, les B-52 américains y larguent près de 2 800 000 tonnes de bombes, (oui j'ai dû aussi me frotter les yeux...), faisant du Cambodge le pays le plus bombardé de l’histoire. Les gens ont faim, ils s’entassent à Phnom Penh pour fuire les bombardements.
Le terrain est parfait pour que les fous qui vont suivre recrutent et prennent le pouvoir. C’est dans cette misère que les Khmers Rouge débarquent dans la capitale et sont donc applaudis.
Alors commence l’anéantissement du peuple Khmer par les Khmers Rouge. Les gens doivent quitter les villes pour aller dans des camps de travaux forcés, la monnaie est abolie, la religion aussi. Les moines, les intellectuels, les personnes ouvertes sur le monde sont tuées. Le peuple meurt de faim, de fatigue et de maladie, quand ils ne sont pas « détruits » au gourdin. Les enfants sont formés à la guerre et posent des mines. Tout cela au nom de l’Angkar (Parti Communiste du Kampuchéa), et de ses « camarades », dont le plus connu est le «frère numéro 1 »: Pol Pot. Cette société qui voit des traîtres partout, ouvre la S-21 pour torturer les prisonniers et en tirer des aveux.
Si tu dis quelque chose: tu es mort. Si tu ne dis rien: tu es mort. En attendant, tu es en enfer. Visiter cet endroit et voir comment l’être humain y fût traité par les siens, (c’est comme à Auschwitz j’imagine,) ça retourne le cœur, le ventre et l’esprit... Cette machine infernale de haine et de suspicion a fini par se tuer et se torturer parmi, puis les vietnamiens sont arrivés. Les Khmers Rouge et les américains ont tué au moins 1,7 millions de personnes au Cambodge.
Pendant ce temps, la communauté internationale regardait des jeux télévisés, où quoi? Car ils ont reconnu Pol Pot au siège cambodgien jusqu’en 1991.... et à la base, ils ont laissé les USA faire n'importe quoi.
Le frère numéro un est mort sans être jugé, pépère, chez lui à la maison et comme il le dit dans une dernière interview : « la conscience tranquille. »
Et on ne parle pas du gouvernement américain , qui a certainement tué plus de Cambodgiens que les communistes, lui ont ne le juge jamais. C'est quand même dingue.
Voilà, voilà... le communisme c’est peut-être bien, si ç’est bien fait. Les régimes totalitaires c’est le cancer. Et le monde baisse encore et toujours sa culotte devant les USA...
Et en sortant de cette visite on entend: « Oh! plus jamais ça! » « Il ne faut pas répéter l’histoire!» Chimères...avec Émile on pense au Turkménistan, à la Corée du Nord, aux actualités USA-Iran, et à d’autres encore en Afrique et ailleurs...
Et puis on regarde les Cambodiens, et on s’incline devant la douceur de leur attitude, la force de reconstruction et de pardon, les sourires toujours et encore... LA RÉSILIENCE. Voilà l’enseignement du Cambodg: tu peux te faire écraser par la vie avec toute la violence des enfers, puis te relever et décider d’avancer et de sourire.
Nous avons partagé deux mots avec un des survivants de la prison S-21. Je ne me souviens que de ses yeux souriants. Les yeux les plus clairs, les plus bleus, les plus doux, que j’aie vu de ma vie, les yeux de la Compassion. Respect.
Bon, assez de la grande ville, nous prenons le bus pour Kampot. Petite bourgade du Sud, réputée mondialement chez les fines bouches, pour son poivre. (J’adore le poivre! ) Une petite ville très sympa traversée par la rivière Preaek Tuek Chhu. Nous adorons bourlinguer, et nous adorons aussi nous poser. Alors à Kampot, nous avons pris un joli bungalow, chez une adorable famille, dans le village voisin : Andang.
Le Hidden Oasis et la famille de Têt et Dani!Objectif? Étudier, peindre, dessiner, lire...au bout de la rue il y a des cours de yoga et on peut louer des scooters pour sortir en ville. Bref on se la fait belle et tranquille. Nous avons beaucoup de plaisir à discuter avec Tēt, le papa et la cuisine de Dani, la maman est excellente.
À Kampot, nous visitons les plantations de poivre, une grotte sacrée, nous faisons du canoë, du yoga, des soins naturels... On saute à pieds joints par dessus Noël et Nouvel An et ça fait du bien, aucun stress de fin d’année en vue!
Et nous sommes à 30 minutes de Kep, et vous savez ce qu’il y a à Kep? Un énergumène insolite pour la région, qu’on ne pouvait pas manquer. Un Numa Dumoulin! Nous avons donc enfourché un scooter et sommes allés à sa recherche. Grâce à Facebook nous avons pu réunir les éléments utiles pour retrouver sa trace, sans le contacter...et on lui a fait la surprise de débarquer!
Alors vous prenez Numa, vous ne changez rien sauf le décor et vous y êtes. Il est là, fidèle à lui-même, derrière un bar (en bambou cette fois) et il nous vend de la bière et des cocktails! Donc rien de nouveau, sauf peut-être le soleil!!! On passe un excellent après-midi à papoter avec lui...
Puis nous quittons le continent pour les Îles. Alors que tout le monde s’agglutine en Thaïlande, le Cambodge a lui aussi des petits coins de paradis et c’est le moment où jamais pour les découvrir, avant les complexes chinois.
Hé oui, malheureusement, la Chine vit son époque coloniale et le Kampuchéa est une de ses proies. Alors en arrivant à Sihanoukville, qui était paraît-il une sympathique petite ville côtière, avec de jolies plages, nous restons choqués! On nous avait prévenu, mais c’est inimaginable ! Quand les chinois investissent, ça n’est pas pour rire! Sihanoukville est devenu un chantier géant. On dirait qu’il y’a eu un tremblement de terre et que l’on reconstruit sur les décombres. On ne compte plus les grues, d’immenses immeubles poussent comme des champignons, il y a déjà 50 casinos, les rues sont poussière par beau temps et bourbier par temps de pluie, machines, camions, béton...béton...béton... Et pourtant toujours pas de canalisations correctes et je ne parle même pas du système électrique. Les chinois veulent créer ici un « petit Macau ». Ils sont prêts à tout, pour aller plus vite et plus haut et puis ......tout s’écroule! En effet, les normes de constructions ne sont pas tenues et en août, un immeuble s’est effondré comme un château de carte à Sihanoukville. Et le soir où nous venions de quittez Numa, sur le chemin entre Kep et Kampot, nous avons croisé des ambulances, pompiers et policiers...nous apprenions le lendemain qu’un immeuble en construction de Kep venait de s’effondrer, alors que les ouvriers et leur famille prenaient leur repas de midi à l’abri du soleil entre les dalles de béton.
Les fautifs s’en sortiront. Les survivants retourneront travailler sur un autre chantier. Ainsi va la vie.
De Sihanoukville, nous prenons le ferry pour Koh Rong Samloem, une très belle île recouverte de jungle, avec juste ce qu’il faut pour des vacances paisibles. Nous y trouvons un petit bungalow fait pour nous, il est tordu et en voie de décomposition, mais c’est notre nid d’amour! En plus on y fait la connaissance de Sirnat, un rayon de soleil! Les gens sont vraiment adorables ici,
Nous nageons dans l’eau transparente à 28*C, nous nous baladons dans la jungle en y découvrant des arbres splendides et des singes, nous faisons du snorkeling et, chose féerique, de nuit, nous nageons au beau milieu des planctons luminescents. Chacun de nos mouvements dans l’eau est accompagné de milliers de petites « étincelles », on se croirait dans un rêve,dans une galaxie lointaine... MAGIQUE!
C’est ici qu’Emile pêche (ENFIN) du poisson! Il était aux anges jusqu’à ce que j’en pêche un plus gros que lui! Hihihi...mais cela ne l’a pas démotivé pour autant et je pense qu’il va persévérer dans cette nouvelle voie! Ahahah.
Et puis nous avons eu l’immense chance de partager un bout de ce magnifique pays et ces coins de paradis avec la famille Maret et ça, c’est CADEAU!
De retour à Phnom Penh, nous nous préparons à partir en Inde.... l’Asie toujours et encore, same same but different!
Arkoun! Merci, cher Cambodge, merci pour ta douceur, tes sourires et tes arbres qui resteront gravés dans nos cœurs!
( oops j'ai oublié de parler de nourriture... C'est bien sûr un régale! Du poivre, des épices, des curry, le Am Ok traditionnel dans une feuille de bananier, et des fruits.. ..des fruits dignes du paradis! Hummmmm)
Allez hop! On s’envole! Une petite halte à Kuala Lumpur et comme des hippies on part en Inde!
Bisous bisous!