Le Tadjikistan, du vertige à l’altitude!

De la capitale, aux vallées profondes, des plaines isolées des Wakhan aux hauts plateaux Pamiris, au fil de la rivière Panj, sur la route encore, et pas n’importe laquelle!
Du 29 septembre au 13 octobre 2019
15 jours
1

On passe où les prochaines vacances en famille?

Au Tadjikistan bien sûr!


Le Tadjikistan nous a été inspiré durant notre précédent voyage familiale au Kirghizistan. Cette envie d’en voir un peu plus de ce coin du monde nommé Asie Centrale, nous a donné une direction dans notre road trip. Le Tadjikistan, une bonne destination pour rejoindre la tribu Maret!


Le Tadjikistan, petit pays, au sud de l’Asie centrale. Entouré par l’Uzbékistan, le Kirghizistan, l’Afghanistan et le géant Chinois, il est un pays très montagneux, qui après le départ des Russes en 91 a vécu une guerre civile, et est aujourd’hui entre les mains d’un monsieur qui rêve en grand...mais que pour sa gueule. Un pays pauvre donc pour le monde économique, mais un pays très riche par sa nature qui en impose, son peuple, sa culture, son histoire...

Alexandre le Grand y a vaincu, il reste un lac au nom du macédonien, le lac Iskander. Marco Polo serait passé pas le Wahkan dans son périple vers la Chine. Et puis un fameux afghan, guerrier pour la Liberté, était de l'ethnie des Tadjik: le commandant Massoud, le lion du Panshir.


Nous avons laissé le Yak chez Samuel à Bishkek, l’état des routes et le timing serré ne nous aurait pas laissé le temps de profitez de la famille avec le Yak.

Nous avons pris un vol avec Avia Traffic Airline, la compagnie Kirghize, pour Douchanbé, capitale Tadjik. Avia Traffic, c’est comme tous les engins russes, ça n’est pas confortable, ça tremble de partout, ça fait beaucoup de bruit, mais.... (en tous cas jusque là)... c’est du solide!


Nous arrivons donc à Douchanbé, entrée facile dans le pays, (par aéroport c’est quand même beaucoup plus simple) et après 5 mois, nous retrouvons les jolis minois de la famille Maret, avec une belle pancarte de bienvenue pour Clemile! Bonheur!

Sans plus attendre on va se faire une bonne bouffe, et fêter cela! Plein de choses à se raconter et de temps à rattraper, c’est fort chaleureux!

Dès le lendemain nous prenons la route. Et ici, prendre la route n’est pas une mince affaire! Nous projetons de remonter la vallée de la Panj. De nous enfoncer, plein EST, dans le Wakhan, et puis de bifurquer au NORD pour les hauts plateaux du Pamir, avant de rentrer sur Douchanbé.

Nous rencontrons Omur, notre charmant chauffeur et départ!


Depuis Douchanbé pour rejoindre Khala-I-Khumb , il nous faudra 8h de route en passant par le col Khaburabot à 3252m....Ça nous donne déjà une idée de ce qui nous attend. Des routes d’un autre âge.... en fait des routes construitent sous l’ère soviétique, et jamais remise en état... il semble qu'elles soient peu entretenues, mais les glissements de terrains et éboulements sont innombrables alors ils font déjà du bon boulot!

Il faut ici peut-être souligner que le président construit des datchas ou palaces fluorescents à Douchanbé, pour lui et les siens, la capitale a de très faux airs de Dubai, ou du moins il en rêverait. Encore un homme d’état à l’égo surdimensionné, il y’a de gigantesques photos de lui dans chaque recoins du pays...oh culte de la personnalité quand tu nous tiens!

Il est aussi important de souligner que les chinois eux sont là, et qu’ils sont prêt à remettre à neuf et construire de nouvelles routes! Oh non, ne rêvez pas trop vite; leur vision d’avenir aux chinois c’est de nous vendre à nous, sur-consommateurs professionnels, les tonnes de matos pas cher qu’ils fabriquent. Tout cela doit être acheminé, il faut donc des routes....et devinez quoi? Ils ont plein de petites mains qui vont creuser le roc et qui ne vont rien coûter, chez eux ça s’appelle le communisme et chez nous ont le nommerait plutôt esclavage ou travaux forcés...Donc, les chinois s’occupent de la route, tandis que le président Tadjik construit des datchas scintillantes. Mais où trouve-t-il tout son argent? Nul ne le sait. Mais vous ai-je parlé du tracé de cette route? Sur des kilomètres et des kilomètres, elle suit les courbes de la belle rivière Panj, et juste là, à un jet de pierres, de l’autre côté de la rivière, une autre route suit les mêmes courbes, une route afghane. De l’autre côté c’est l’Afghanistan.

Le Tadjikistan et l’Afghanistan 

Et quand il y’a une rivière, il y a tumultes.


Quand on parle d’Afghanistan, on devrait se souvenir de poésies, de visionnaires, de cultures, d’intelligence, de jardins et de fleurs, de grands Bouddhas. Mais quand on parle d’Afghanistan, désormais, on parle de terreur, de radicalisme, d’ignorance, de culture de pavot, d’héroïne et de destructions.

Sur cette route donc, on parle beaucoup d'héroïne...n'est-elle pas surnommée l'autoroute de la drogue?


Voilà. Comme dirait Renaud: « j’ai posé le décor, créé le climat... »

Ici c’est « rough »! 

Ce qu’il a de beau, de magique dans tout cela, c’est que si vous vous intéressez aux Routes de la Soie, vous découvrirez qu’au fils de centaines et centaines d’années de commerce, d'échanges, de rencontres, de partages, il y a eu aussi des guerres ethniques à n’en plus finir, des voleurs et traficants, des villes édifiées, des cités rasées, des dictateurs, des prêcheurs, des artistes, des visionnaires, des explorateurs, des villageois qui regardaient passer les caravanes.


CE QU’Il Y A DE DE BEAU, DE MAGIQUE DANS TOUT CELA, C'EST QUE RIEN N'A CESSÉ D'EXISTER, LES ROUTES DE LA SOIE SONT BELLES ET BIENS VIVANTES, ( ce ne sont pas les chinois qui diront le contraire,) ET QUE CE VOYAGE N'EST PAS UNE DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE MAIS UNE PRÉSENCE DANS L'HISTOIRE.


Reliant le Kirghizistan à l'Afghanistan, bien camouflée au flanc de gigantesques pentes rocheuses, fluide comme la rivière, déboulant sur le Toit du Monde à nous couper le souffle... cette fameuse, mythique, légendaire route, n'est autre que la PAMIR HIGHWAY.

2

Nous arrivons à Khala-i-khoumb de nuit. Dans la petite auberge au bord d'un rivière qui nous accueille, il y a un garçon incroyable; du haut de ses 10 ans, il nous serre la main, nous souhaite la bienvenue dans son établissement, prend nos bagages, nous sert le repas, sans aucune fausse note et sans rien oublier et en plus il débarrasse ( ça peut paraître un peu banal ce que je vous décris là, mais sachez qu'un tel service c'est proche du miracle!! ) En plus, il a la tchatche et plein d'humour, in English of course! Ce garçon là, ira très loin dans la vie.... Ismaïl président? Ismaïl grand businessman? Ismaïl star du showbiz? Hehe.... à suivre!

Nous reprenons la Pamir Highway, direction Khorog, capitale du Haut-Badakhchan. Là, la route ça ne rigole plus! Creusée à flanc de côteau, d'en-haut, je n'exagère pas en parlant de milliers de mètres de dénivelé de roches abruptes, et d'en-bas un beau talu bien raide...et....la Panj, ses eaux glaciales, son courant puissant. Sur l'autre rive, la route afghane nous fait miroir et nous permets de mieux réaliser dans quel milieu nous évoluons exactement ! Quelle route! Impressionnante, flippante, vibrante...


 Ça c’est de la route!   

Il faut un permis spécial pour entrer dans cette zone du Tadjikistan oriental, qui déclara son indépendance en 1992, au début de la guerre civile qui ébranla le pays, à la chute de l'URSS. Le Gorno-Badakhchan a souffert alors de nettoyages ethniques et puis de blocus. Les peuples qui y vivent doivent en grande partie leur survie à leur foi. Ils sont Ismaéliens, une branche très soft et discrète de l'Islam chiite. Il n'ont pas de mosquées, ni de minarets, mais des salles de rencontres et prières. Ils n'ont pas ou peu de signes distinctifs de l'Islam et leurs lieux sacrés sont en nature, souvent soulignés de cornes de bouquetins ou de Marco Polo.

Leur grand chef Agha khan, considéré comme un descendant du Prophète, ressemble bien plus à un homme d'affaire qu'à un imam...mais un homme d'affaire avec un cœur, car sa fondation a sauvé ces peuples de la famine, et continue encore aujourd'hui à sponsoriser les écoles et universités et soins médicaux etc... partout ici le nom de Aga Khan est chéri, et on comprend clairement pourquoi.

Khorog est donc perdue au beau milieu de vallons et montagnes gigantesques, difficile d'accès et pourtant une des villes les plus éduquées de toute l'Asie Centrale, les gens y parlent fréquemment l'anglais, on enseigne ici toutes les branches universitaires et il y a un énorme hôpital tout neuf! Comme quoi, si l'argent va où il devrait, tout est possible!

A Khorog, comme tout au long de la route, il y'a une forte présence de l'armée. Omar nous explique qu'il y a 15 ans, cette ville était le théâtre de criminalité et de gros trafics d'héroïne. Aujourd'hui la ville est calme grâce à la présence constante des militaires.

Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes? ... heu...il est estimé que 50% du revenu du pays provient de la drogue!!!

Omar nous indique:" 1 kilo d'héroïne s'achète 3000$/kg en Afghanistan, il trouve un moyen de passer la rivière sans se mouiller, et il est revendu 8000$/kg au Tadjikistan, puis il continue son bonhomme de chemin, et arrivé en Russie le magot vaut 50´000$.... Une estimation parle de 95 à 200 tonnes d'héroïne transitant par année sur la Pamir Highway!


Mais tout cela nous n'en verrons rien! Ce que nous voyons à Khorog, c'est une capitale improbable entourée de vallées profondes. Un magnifique parc, où jeunes et vieux se baladent (avec WIFI gratuit !!), beaucoup de jeunesse et d'étudiants, un joli marché et des gens très amicaux et accueillants, il y a même un MacDoland's (non ce n'est pas une faute de frappe!) et le tout surplombé par un splendide jardin botanique où il y pousse des fleurs que l'on attend pas à 3000m d'altitude ! Magique!

3

Nous quittons quelques temps la fameuse route du Pamir pour aller plonger dans la vallée de Wakhan. Les gens ont la vie rude ici. Le terrain est, comment dirais-je,....mal plat. Ici c'est la survie, les gens n'ont que l'eau des montagnes, leur cultures et leurs troupeaux. C'est la vie au Val de Bagnes en 1800... en beaucoup, beaucoup plus dure, me souligne mon papa...Parce qu'on est plus haut en altitude, parce que les montagnes sont gigantesques et les vallées encore plus encaissées, et surtout parce que c'est sec, très rocailleux, très lunaire... Ils sont simplement des magiciens, amenant l'eau par canaux et bisses jusqu'aux cultures. Celles-ci utilisent la majorité des surfaces planes, alors les maisons sont construites dans des pentes (où croire en Dieu, Allah ou le destin n'est plus en option!)

La nature leur offre cependant un peu de douceur en offrant un peu partout des sources d'eaux chaudes... nous en profitons aussi, les filles d'un côté, les garçons de l'autre, sympathique expérience!

La vallée de Wakhan est toujours traversée par la rivière Panj, elle fut une voix de circulation majeure empruntée par les aventuriers, pèlerins, et commerçants depuis l'âge d'or de la Route de la Soie. Elle offre une vue époustouflante sur les sommets enneigés de l'Hindu Kush et elle est jalonnée de forteresses, stupas et temples du Feu.... souvent en ruine.... car ici dans ce coin du monde, les monuments tombent et les montagnes continuent de s'éleve (1,5 cm/an).Ici, la nature est la grande Impératrice !

Sommets de l’Hindu Kush au loin 

Très intéressante aussi l'histoire de ce coin du monde. Pour faire court d'une longue histoire (que vous trouverez dans les livres), lors du Grand Jeu, les deux grands Empires Russes et Britanniques, colonisant à tour de bras, se sont retrouvés bien trop proches l'un de l'autre. Les Britishs au nord du Pakistan et les Russes au sud du Tadjikistan, c'est à dire nez-à-nez. Une guerre entre ses deux immenses forces aurait été néfaste à chacune. En 1873, elles ont donc décidés d'établir une frontière précise: au nord de la Panj ce sera la Tadjikistan et au Sud ce sera l'Afghanistan. C'est de là que vient le fameux corridor du Wakhan, un bout de terre allongé, qui se retrouva afghan pour faire tampon. Cette partie de l'Afghanistan, le barrage idéal, car en 1839 l'armée anglaise n'entra pas, en 1989 les Russes furent jetés dehors, (grâce au commandant Massoud, à voir massoud l'afghan) et depuis 2001 les Américains..... (ben y sont où les Ricains maintenant??)

Dans cette région, c'est un peu Astérix et Obélix contre les Romains.

Pour sortir des BD et livres d'histoires, ma sœur me fait remarquer que c'est comme si quelques gros gouverneurs décrétaient du jour au lendemain, que la rive Nord du Rhône serait allemande et la rive Sud Italienne. Nous serions toujours Valaisans n'est-ce pas? Et bien ici, ils sont avant tout Wakhis.

Style wakhis tadjik et wakhis afghan
4

Les Wakhans, ça me tient tout particulièrement à cœur, parce que Hervé en rêvait. C'était le genre de coin du monde qui le touchait particulièrement, lui avec sa tête d'afghan ou de pakistanais aurait très bien passé inaperçu au Wakhan. Il avait tellement aimé son voyage et les peuples rencontrés juste au Sud du corridor, la Hunza. Il y a une photo de lui en habits afghans, il avait pris la pose, on lui avait même flanqué une Kalachnikov... j'avais retourné tout notre appart, je ne l'ai jamais retrouvée. Il y en avait des histoires sur ce coin du monde, j'en ai passé des heures à l'écouter. Elles défilent dans ma tête au fur et à mesure de la route.

En fait, je voulais durant ce voyage venir ici, en hommage, au grand voyageur et humaniste qu'il était.


Nous y voilà donc, mon cher Amour Hervé: au bord de la Panj, en face de l'Afghanistan, avec l'aide et l'amour des gens que j'aime, nous construisons un kaïrn en ton honneur.

Un kaïrn, parce que la pierre (hé salut Pierre!)..c'est du solide, c'est stable, c'est fort, ça guide, comme ton souvenir dans nos cœurs. Au bord de la rivière, parce que, comme il est dit dans tant de gospel et de blues, "we all go to the river". L'eau fluide comme le temps qui nous entraînera bientôt....


(J'aimerai écrire un beau texte, bien philosophique, plein de spiritualité. Un truc digne des gens d’ici, fort et poétique... Ça fait maintenant des semaines que j'essaie d'écrire ce blog sur le Tadjikistan. Cet hommage pour toi. Je n'y arrive pas. La douleur est si vive. Sur cette Pamir Highway, c'est la description de ma vie depuis ton départ. C'est sinueux, je suis lancée à toute allure dans un bon véhicule avec les gens que j'aime,c'est joli, c'est impressionnant, mais moi ce que je vois, c'est qu'à chaque instant la montagne peut nous tomber sur la tête, le talu se dérober sous nous, ou alors on peut louper un contour. Voilà, conscience totale et incessante de la rivière en bas, qui nous attend. La réalité: la certitude qu'on va dérocher un de ces instants... mais en attendant, profitons du paysage et des gens qu'on aime n'est ce pas? J'essaie. J'essaie.


Le comble c'est que ce qui me rassure est ce que qui me fait peur. La rivière, quel soulagement de savoir et d'être sûre que la route s'arrêtera et que je rejoindrai la rivière, dans l'idée que nous tous, nous retrouverons dans l'océan. L'eau est mon guru, tout au long de cette route, les yeux rivés sur le torrent, l'eau m'enseigne. L'eau ne résiste pas, l'eau se laisse aller, l'eau laisse faire, l'eau est patiente, purifiante, nourrissante... je dois être comme l'eau. )


En retenant nos larmes, les pierres se chevauchent, on en trouve une, centrale, celle qui pointe vers le ciel et qui force nos esprits à s'élever.

On n'y pose ta casquette, qui fait le voyage avec nous, qui a vécu toutes tes péripéties.

On laisse aller nos larmes. On ouvre une bouteille de rouge. On rit...humilité des grands moments. Maman sacrifie un verre de rouge sur ton kaïrn. Je ne pense pas du tout que tu serais d'accord!! Hihi. Tu dirais qu'il faut le boire, parce que comme te l'a répété Lucie maintes fois: "Il faut vivre avec les vivants"

Tu étais à 100% d'accord avec cette phrase. Alors on laisse la pierre, la rivière, le temps et nous-mêmes à nos destins, et on vit avec les vivants, on continue la route...

Il faut vraiment vivre comme si nous allons mourir demain... tout cela n’est qu’une formidable, gigantissime blague! Une plaisanterie! Alors rions et soyons optimiste, ça nous rendra certainement meilleurs en plus! Aspirons à la légèreté, "'cause we all go to the river"...

Ala.ni dit tout ici: https://m.youtube.com/watch?v=gqlQgPdNrZ0

5

Nous prenons de la légèreté en montant, montant, montant, nous côtoyons sur quelques kilomètres la rivière Wakhi , contemplant au loin une caravane Afghane, les mules chargées de matos, ils vont au fond du corridor, au Pakistan, au marché... Au revoir Afghanistan,nous te souhaitons enfin la paix.

Nous passons un col à 4600m, direction nord. Ça c’est de l’élévation ! Et nous restons au hauteur pour rejoindre Alichur, où nous allons passé une nuit en yourte. Eh oui! Ici nous sommes, sur les hauts plateaux du Pamir, en ethnie Kirghize, et leur tradition nomade fait qu’il utilisent encore les yourtes. Celles-ci diffèrent un peu de celles de leur cousins Mongoles, du fait que leur « toit » est plus haut et plus pentu. (Certainement pour que la neige puisse glisser facilement.) Après un bon bouillon de mouton à cul gras ( soupe à la grimace?), nous prenons nos quartiers dans notre belle demeure. On joue aux cartes, on boit un verre, on chauffe le poêle aux crottes de Yak, on s’emitoufle, pour une nuit qui prévoit d’être fraîche à 3800m. On a un peu le mal de l’altitude, mais ça passera.... et ça nous coûte moins cher en vodka!!!! hihihi Que de rires, dans cette bicoque!

Dès le lendemain nous nous engageons dans la profondeur d’une vallée, accompagnés d’un chasseur. Notre mission ? Voir un Marco Polo! Animal mythique de ces contrées, ce grand bouquetin à cornes enroulées est aussi appelé Argali. Il est menacé, donc protégé, enfin plutôt à disposition de personnes fortunées. On pourrait donc dire, il est rentable, donc protégé, (voilà un bon côté.) La chasse au vieux Marco Polo ( bien sûr celui qui a les plus belles cornes) est un sacré business ici. Les clients paient entre 35’000$ et 40´000$ pour tuer le vieux bouc. Les chasseurs du coin les repèrent, les blindés tirent, les cornes leur reviennent (pour ceux que ça intéresse), la viande est aux locaux et ...... la thune..... au gouvernement. Les frais sur place ( chasseur, véhicule, repas, etc... ) reviennent à 4000$. Je demande alors à nos guides si les 36’000 restant, lié au permis de chasse, sont redistribués dans les communautés alentours, qui, soit dit en passant sont très très pauvres et ont une vie très très rude:

Non. Ils ne voient jamais la couleur, de tout ce cash.

C’est une frustrant la corruption. Il y aurait tellement de choses positives à faire avec de telles rentrées d’argent...

Au petit musée de Murghab, le Marco Polo veille!  

Et puis en gigotant tout ça dans nos petites têtes, au fond des vallons, tout à coup notre chasseur, surexcité nous dévoile au loin, dans sa lunette, une meute de loup! (Voilà un autre thème qui attirera le Valaisan!!! Hihi) Il nous explique que les loups sont difficiles à voir, difficile à tuer et qu’il sont en grand nombre ici, causant de nombreux dégâts (ils tuent notamment beaucoup de vieux Marco Polo, laissant sur notre route, à même la terre, de magnifiques trophées, qu’Emile adorerait embarquer.... mais ça pourrait créer des (gros) problèmes à la frontière...il en est fou! Hehe) En revenant à nos loups: ils s’attaquent aux animaux sauvages certes, mais aussi, (Valaisans soyez attentifs),au bétail ... off course. Hors le bétail, rappelons-le, n’est pas qu’un simple troupeau. Le troupeau ici, c’est la banque. Le cash ce sont les chèvres, les thunes ce sont les moutons, l’oseille c’est le bébé Yak et le blé c’est la vache. Point barre. Pas d’assurance. Pas de subventions. Pas de blabla. Le loup attaque. La famille se serrent la ceinture...

Autant vous dire, que s’ils voient un loup, ils le tirent! C’est devenu un tel problème que même le gouvernement organise des chasses aux loups. C’est drôle non?

Pendant ce temps, loin, très loin sur l’arrête, la meute de 5 loups avance paisiblement... et pour nous, le spectacle est magnifique.


Peu après, nous avons la joie de voir plein de troupeaux de jeunes Marco Polo gambader ! C’est superbe, on se régale!

Nous avons retrouvé la M41, l´autoroute du Pamir et nous nous dirigeons vers Murghab. Les paysage sont magnifiques, on dirait des peintures.

Arrivés dans la petite ville, nous sommes invités à manger chez Nurbek. Sa femme nous a préparé un festin, avec du Yak, des Manty (ravioli) et la table est pleine de nourriture! Ensuite nous allons dormir chez Omar dans sa guesthouse où nous attend un bon banya. Le banya, c’est le bain. Ici pas d’eau courante, ni de boiler, ils font chauffer l’eau aux crottes de Yak, au charbon ou au bois, ils préparent une bassine d’eau bouillante et une d’eau fraîche et le banya monte en température comme dans un sauna... c’est un pur bonheur, parce que nous sommes à 3600m et en ce mois d’octobre, il fait déjà froid!

Le lendemain nous visitons la campagne alentour, notamment des peintures rupestres...la région était déjà habitée à l’époque !

Nous allons aux sources chaudes se relaxer, et puis voir un vieil observatoire soviétique, mais le plus beau ça a été de s’arrêter chez des bergers et de déguster dans leur petite cabane en terre, le meilleur yoghurt du monde et de ma vie! Du yoghurt de Yak!

Les gens ici sont d’une force et d’une douceur incroyable. Nous éprouvons un immense respect les côtoyant. Il y a de très beaux humains sur cette terre.

6

Il est tranquillement l’heure de rentrer à Dushanbé. La route nous porte. On se repose à nouveau dans une maison traditionnelle tadjik. Elle sont si jolies, carrées, leur plafond est formé de 4 autres carrés, représentant le feu, l’air, l’eau et la terre. Les piliers représentent chacun un membre de la famille du prophète Mahomet et les poutres représentent les archanges... Dans la grande salle intérieure il y a plusieurs niveaux, des tapis partout...on y mange, regarde la télé, joue....on y dort aussi tout ensemble, sur des matelas à même le sol. Il y fait chaud et l’énergie y est très agréable.

De retour en ville on profites encore d’une magnifique soirée citadine avec la famille: resto italien, bon vin et chicha.... même pour Papa Arthur qui doit en avoir encore les yeux qui piquent !!

Ça été une aventure formidable, quel bonheur de pouvoir partager ça avec nos proches! Merci la Vie!

A 3 heures du mat’, dans le couloir, on se fait nos aurevoirs...bon voyage la famille que Dieu vous garde!

Les plus beaux ce sont « bibi et bobo! » 

Avec Émile on passera encore 3 jours dans la région à se balader, visiter les musées, les parcs...

En quittant le Tadjikistan par les airs, de nuit, la pleine lune, nous offre un magnifique spectacle, les montagnes enneigées du massif de l’Académie des Sciences juste là sous nos ailes....


Si une aventure et une découverte d’un coin de l’Asie centrale vous intéresse, je vous conseille vivement de contacter Samuel Maret et son agence, ils sont au top et vous organiserons une experience inoubliable ! https://nomadsland.ch/



Vive le voyage, to be continued...