À 25km/h donc, les étapes de 4h se transforment en étapes de 12h. Nous sommes K.O. au moment de nous arrêter pour la nuit, mais nous récupérons d'un coup, car l'espace et les paysages sont grandioses. Nous sommes libres! Au loin des bergers à cheval surveillent leur troupeaux. Vaches, chèvres, moutons-à-cul-gras et chevaux, pas tant de ceci-cela, ils sont tous dans la même tribu. Les animaux sont magnifiques, bien gras, ils se gavent en prévision de l'hiver rude qui les attend. Les troupeaux de chevaux sont partout. Il n'y a pas de parcs. Certains sont entravés, mais la plupart sont libres d'aller et venir dans la steppe immense... comme nous!
Vers Sarqan, nous rencontrons quelques gamins, qui jouent à attraper des poissons dans la rivière. Ils sont tout heureux de découvrir le Yak. Nous leur offrons des cookies, ils nous offrent des beignets et du fromage. Ils entrent dans le Yak comme si c'était chez eux. Ça n'est pas de l'impolitesse..Ici, la propriété n'a que peu de sens. C'est drôle!
Nous avons aussi droit à une merveille de la nature: la PLUIE! après un mois et demi de sécheresse, nous sommes obligés de sortir du véhicule pour en profiter !!
Nous continuons notre route. C'est comme dans la vie, la route. Parfois, tout est lisse et facile, ça avance avec légèreté. Parfois c'est chaotique, épuisant, la galère. Parfois il faut continuer à avancer. Parfois il faut faire une pause. Il faut prendre soin de la machine. Prendre soin du conducteur. On a toujours l'impression qu'au loin, ou sur la piste de gauche ou celle de droite, c'est plus facile...quand on y est, on se rend compte que non. Et on garde espoir, le grand espoir qu'a quelque part, une autoroute neuve vient d'ouvrir pour nous! Mais l'espoir est trop souvent déçu, alors on arrête d'attendre et de supposer, que l'inconnu sera mieux. On décide de prendre la route différemment. Ce n'est pas la route qui est chiante, c'est notre manière d'appréhender la route! (Tadaaaammmmm philosophie du bitume! Easy rider! )
Alors je me mets à lire à haute voix un livre à Émile, le temps passe plus vite, on termine le livre... et puis on se fait une journée chanson française, chantant à tue-tête: " Ôôônnn irÂâ, où tu voudras quand tu voudraaaaaaaaa, et on s'aimera encooooore, lorsqueu l'amoûûr sera moooOOOort, tÔÔûûûte la viiiiiie...." Et bien, vous en conviendrez, écoutez l'Eté Indien de Joe Dassin à 25km/h, c'est être dans le tempo!
Alors, quand on a fini d'espérer, quand on accueille les choses telles qu'elles sont, qu'on se détend et qu'on remercie....devienez quoi: on arrive sur de l'asphalte neuf! Ahahaha... on nous enseigne si peu à l'école et dans les temples. C'est dans la Vie qu'on apprend.
Au pays des chevaux, des nomades, et des sourires en or, nous avons trouvé la liberté !
Nous sommes devenus de vrais pros! Nous avons fait le meilleur achat de notre voyage en acquérant des bassines. On y fait la lessive, la vaisselle, on y prend notre bain. Parce que vous vous imaginez deux babas-cools crados; mais non, mesdames et messieurs, nous avons un bain tous les jours, nous nous cuisinons de bons petits plats, nous avons un lit king-size, un home-cinéma et en plus la liberté de courir tout nu dans la steppe si cela nous chante! En fait, dans notre roulotte de 4m2, nous ne manquons de rien. Le plus étonnant, c'est que ça n'a pas été difficile de s'y habituer. Ça nous saute aux yeux, que tout ce que nous avons dans nos grands appartements, tout ces fringues, tous ces produits, tout ce matos, est inutile. Bien sûre, on le sait tous dans la pensée, mais là, de l'expérimenter vraiment, c'est fabuleux. Avoir moins, Être plus.