Kazakhstan en cavaliers libres!

La liberté, c'est le bout du monde...civilisé.
Du 29 juillet au 10 août 2019
13 jours
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Notre sortie d'Ouzbékistan et entrée au Kazakhstan se passe bien. Comme d'habitude, les passages en douanes, ça prend environ 3h, ils remplissent les formalités liées au véhicule en même temps que le stampel dans le passeport d'Emile, et moi, je dois passer avec les piétons dans une autre salle. Ils fouillent le bus, ils nous posent toujours les mêmes questions:d'où on vient, où on va, qu'est-ce qu'on fait là et si on a des flingues. Ce à quoi on répond respectivement: Suisse, Mongolie, tourisme, non! Après le Turkménistan plus aucune douane ne semble compliquée et surtout, on ne doit jamais rien payer... Au Kazakhstan on se fera arrêter par un flic qui nous dira tout sourire :"I love you!", un autre "ripou" qui nous arrondira une amende pour excès de vitesse, directement dans sa poche.. NO PROBLEMO!



Dès nos premiers instant au Kazakhstan, on se rend compte qu'ici, il y'a de la place... Nos yeux se posent sur des plaines immenses, qui donnent sur d'autre plaines immenses...cela semble infini! Ça aide à respirer et ça aide à calmer, élever et ouvrir l'esprit. Exactement ce qu'on aime!

Nous roulons en direction des montagnes, nous suivons à tout hasard un tracteur, sur une miniscule route et ... ce monsieur, Russlan, est propriétaire d'un camping! Chouette. On s'y installe pour 2 nuits. La verdure, la fraîcheur, la rivière nous offre du repos...Assez pour se lancer dans une balade à cheval, dans la réserve naturelle de Aksou-Jabagly, le lendemain! Quel bonheur! Ici il y a des ours (végétariens, quelle aubaine!), des léopards des neiges, des lynx, des aigles et des loups! On en voit "niet" bien entendu, mais on se régale de cette journée en canassons à côtoyer la neige.

Ici on peut aussi faire le plein de nos jerricans d'eau de la montagne, potable et fraîche. Ca vaut de l'or et c'est gratuit!

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Départ direction Almaty. On s'arrête pour la nuit au milieu de nulle part. Émile creuse un trou, fait du feu, mets à cuire le poulet. On se douche dans notre bassine, avec le ciel pour plafond. Il n'y a rien. Que la nature et nous. Deux voitures passent sur un bout de piste à côté... salut...salut...ils ne s'arrêtent pas. Ça n'est ni de l'indifférence, ni de l'arrogance, ni de la crainte. Il n'y a ici, pas d'angoisse du loup, peu de sens de la propriété, pas de peur pour, ou, de l'étranger. Alors nous réalisons que nous sommes dans un pays de NOMADES. Dans le plus profond de leur chairs et aussi loin que remontent leur ancêtres, les Kazakhs, ou "cavaliers libres", sont nomades. Ce n'est qu'autour de 1930 que le marxisme les força à la sédentarisation. Une vraie catastrophe, car n'ayant aucune expérience en agriculture, ils moururent par milliers.


Au Kazakhstan, notre vie de nomades, ne choque, ni n'interpelle personne. Il y'a de la place pour nous, partout! C'est juste normal. Merci!

Nous profitons de vivre dans le Yak et des grands espaces. On se régale de cette vie simple. Il y a même un instant, où dans ma relaxation profonde couchée dans les herbes de la steppe, j'oublie tout: l' espace-temps, mon corps, mon moi. Une vraie pause, qu'on appelle, bonheur.

Almaty est une des dernières étapes des routes de la Soie sur notre chemin. Elle reçevait les caravanes en direction de Urumqi, Chine. Le nomadisme ne laissent que peut de traces, cette ville, bien loin de celles d'Iran et d'Ouzbekistan, n'offre pas de grands monuments historiques à visiter... mais elle offre la modernité et une connection internet! Après un passage éclaire à "Almaty-connecting-people", nous reprenons la route. C'est le 1er août, fête nationale suisse, et fête patronale de notre village natal, il doit y avoir de jolies cuites et pas qu'au four banal!! 3 mois que nous sommes partis et nous n'avons rien vu passé.

Almaty 
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Nous nous posons au bord du lac de Qapshaghay. Une petite baignade, un groupe de gars nous offre du melon, une petite bière et le soleil se couche.. alors débute la bataille aux moustiques! Ahaha!!! il y en a tellement qu'ils pourraient nous bouffer tout crus! Armés de sprays toxiques et de spirales à brûler, (véritables armes chimiques) et aussi d'huiles essentielles de citronnelle et de géranium, nous barricadant à l'intérieur: nous avons vaincu ! (Accusant quelques blessures de guerre.... hihih)


Notre direction change pour un temps, nous quittons l'est pour monter au nord. Afin d'atteindre la Russie, qui nous ouvrira les portes de la Mongolie. Les routes au Kazakhstan passent de la perfection au pire cauchemar! Jusque là, il y a une autoroute large au bitume parfait... pour un temps seulement... parce qu'ensuite, nous entrons dans des routes dé-fon-cées ! C'est inimaginable pour nous autres, Suisses, (le budget cantonal d'entretiens des routes passant avant celui de la culture et de l'éducation), d'imaginer un tel désastre !! C'est digne d'un cartoon. Vous savez quand le Coyote plante ses talons pour freiner, et que le goudron ondule devant lui? Vous voyez la scène? Et bien, ici BipBip et le Coyote sont passés partout! Ahah. Donc nous avançons à 25km/h en moyenne, tantôt sur du goudron déformé, tantôt sur des routes en terre comme de la tôle ondulée, en évitant des trous qui pourraient facilement mettre fin à notre périple. Le tout à 40*C et entourés de beaucoup de trafic, donc de poussière étouffante. Traverser le Kazakhstan de sud en nord, à 25km/h: c'est long. Grande, grande, grande leçon de patience. Les Kazakhs, eux, foncent sans demi-mesure, leur caisses sont cabossées de tous les côtés, ils sautent sur ces vagues d'asphalte, en atterrissant, touchent devant et derrière, les amortisseurs bousillés.... Ils doivent avoir de bons contacts avec leur mécano. Ils sont souvent, très souvent en panne au bord de la route, au milieu de nulle part! Nous, notre Yak, c'est notre moyen de transport, notre maison, notre outil principal, alors on le ménage.

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À 25km/h donc, les étapes de 4h se transforment en étapes de 12h. Nous sommes K.O. au moment de nous arrêter pour la nuit, mais nous récupérons d'un coup, car l'espace et les paysages sont grandioses. Nous sommes libres! Au loin des bergers à cheval surveillent leur troupeaux. Vaches, chèvres, moutons-à-cul-gras et chevaux, pas tant de ceci-cela, ils sont tous dans la même tribu. Les animaux sont magnifiques, bien gras, ils se gavent en prévision de l'hiver rude qui les attend. Les troupeaux de chevaux sont partout. Il n'y a pas de parcs. Certains sont entravés, mais la plupart sont libres d'aller et venir dans la steppe immense... comme nous!


Vers Sarqan, nous rencontrons quelques gamins, qui jouent à attraper des poissons dans la rivière. Ils sont tout heureux de découvrir le Yak. Nous leur offrons des cookies, ils nous offrent des beignets et du fromage. Ils entrent dans le Yak comme si c'était chez eux. Ça n'est pas de l'impolitesse..Ici, la propriété n'a que peu de sens. C'est drôle!

Nous avons aussi droit à une merveille de la nature: la PLUIE! après un mois et demi de sécheresse, nous sommes obligés de sortir du véhicule pour en profiter !!


Nous continuons notre route. C'est comme dans la vie, la route. Parfois, tout est lisse et facile, ça avance avec légèreté. Parfois c'est chaotique, épuisant, la galère. Parfois il faut continuer à avancer. Parfois il faut faire une pause. Il faut prendre soin de la machine. Prendre soin du conducteur. On a toujours l'impression qu'au loin, ou sur la piste de gauche ou celle de droite, c'est plus facile...quand on y est, on se rend compte que non. Et on garde espoir, le grand espoir qu'a quelque part, une autoroute neuve vient d'ouvrir pour nous! Mais l'espoir est trop souvent déçu, alors on arrête d'attendre et de supposer, que l'inconnu sera mieux. On décide de prendre la route différemment. Ce n'est pas la route qui est chiante, c'est notre manière d'appréhender la route! (Tadaaaammmmm philosophie du bitume! Easy rider! )

Alors je me mets à lire à haute voix un livre à Émile, le temps passe plus vite, on termine le livre... et puis on se fait une journée chanson française, chantant à tue-tête: " Ôôônnn irÂâ, où tu voudras quand tu voudraaaaaaaaa, et on s'aimera encooooore, lorsqueu l'amoûûr sera moooOOOort, tÔÔûûûte la viiiiiie...." Et bien, vous en conviendrez, écoutez l'Eté Indien de Joe Dassin à 25km/h, c'est être dans le tempo!

Alors, quand on a fini d'espérer, quand on accueille les choses telles qu'elles sont, qu'on se détend et qu'on remercie....devienez quoi: on arrive sur de l'asphalte neuf! Ahahaha... on nous enseigne si peu à l'école et dans les temples. C'est dans la Vie qu'on apprend.


Au pays des chevaux, des nomades, et des sourires en or, nous avons trouvé la liberté !

Le sourire est le plus beau des joyaux... alors: Fuck la mode!

Nous sommes devenus de vrais pros! Nous avons fait le meilleur achat de notre voyage en acquérant des bassines. On y fait la lessive, la vaisselle, on y prend notre bain. Parce que vous vous imaginez deux babas-cools crados; mais non, mesdames et messieurs, nous avons un bain tous les jours, nous nous cuisinons de bons petits plats, nous avons un lit king-size, un home-cinéma et en plus la liberté de courir tout nu dans la steppe si cela nous chante! En fait, dans notre roulotte de 4m2, nous ne manquons de rien. Le plus étonnant, c'est que ça n'a pas été difficile de s'y habituer. Ça nous saute aux yeux, que tout ce que nous avons dans nos grands appartements, tout ces fringues, tous ces produits, tout ce matos, est inutile. Bien sûre, on le sait tous dans la pensée, mais là, de l'expérimenter vraiment, c'est fabuleux. Avoir moins, Être plus.

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Arrivés à Semeï, ville célèbre pour sa radioactivité et les essais-nucléaires soviétiques jusqu'en 1989. Nous cherchons un garage, pour mettre des pneus plus gros profils pour la Mongolie et faire une vidange et un service. Nous avons déjà fait 13´000 km...qui l'eût crû? Nous rencontrons Andrey qui nous renseigne car il parle bien l'anglais. Il fait des téléphones. On ne trouvera pas des pneus neufs comme ça ici. Il nous invite à faire cela en Russie. Nous trouverons du meilleur matos, même si c'est plus cher. Ok! Merci! Nous espérons revoir Andrey sur notre chemin de retour de Mongolie et de lui payer un verre, un super bon gars!

Nous ne visitons pas trop Semipalatinsk, mais si vous êtes fan des trucs glauques, vous pouvez vous rendre sur les lieux d'essais nucléaires, dans la ville fantôme de Kurachov, voir les effets de la radioactivité sur les embryons humains déformés conservés dans du formol au musée anatomique, etc... ça c'est des idées de vacances entre amis ou en famille!!

Visite possible en limousine!  

Bref, nous on est déjà fluorescents, alors on continue direction frontière russe!

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La petite blague: C'est tout détendu que nous passons le poste frontière Kazakh, mais au moment de nous mettre le stampel de sortie, l'officier, se rend compte que mon visa pour la Russie ne sera valable que dans 3 jours!! Ahahaha ! Ben oui, on ne sait pourquoi, Émile a reçu un visa de 92 jours et moi un visa de 62 jours. Celui d'Emile débute le 20.7 et le mien le 10.08.... hors nous sommes le 07.08. Pas de soucis on reste 3 jours de plus au Kazakhstan avec plaisir. Mais allez faire comprendre aux officiers qui nous ont déjà mis le stampel de sortie du Kazakhstan au 07.08, que nous voulons un papier attestant, de notre problématique et de leur approbation!! Car ils nous disent: " pas de soucis, vous sortez, direction Kazakhstan et vous revenez dans 3 jours." Oui, c'est juste, ok... mais sur nos papiers, il est indiqué désormais que nous sommes sortis du Kazakhstan, alors dans 3 jours, nous serons considérés comme clandestins...après maintes tergiversations et traduction-Google-pas-nettes, je refuse de lâcher, ça pourrait nous mettre dans de beaux draps, enfin, ils tamponnent notre tampon de sortie avec un tampon "annulé" ... enfin je crois, c'est en Kazakh ! Quelle histoire!



Retour à la casa, retour au Kaza, retour à la case Kazakh !


Nous allons direction, Oskemen. Nous sommes au pieds des montagnes de l'Altai. Cette vaste chaîne qui s'étend aussi en Russie, en Chine et en Mongolie. En ville nous allons au marché, faire le plein de légumes, et d'épices et de fromage et œufs pour plusieurs jours. Émile veut un bon bout de bidoche, mais après avoir fait le tour de la section "boucherie" du marché, entre têtes, langues et gras de cul de moutons, il est rassasié. (hihihi, ici on devient facilement végétarien!)


Départ pour les montagnes, mais on est un peu embêté pour sortir du parking, on tourne dans le mauvais sens, sous les yeux en forme de $$$ des flics qui nous arrêtent. Ça commence par " retrait de permis, tribunal", ça continue par "500€" de bakshish et ça se termine par "10€" qui passent discrètement de la main d'Emile au fier poulet. On s'en sort toujours bien avec la corruption, mais cela prend du temps et beaucoup de "parlementages", parce qu'on ne va pas non plus leur faciliter la tâche, non?


Bref, on fait un dernier arrêt au magasin pour une bière et du vin rouge! On l'a mérité aujourd'hui, tout est allé à l'envers du bon sens... mais on s'en est drôlement bien sorti !


Nous trouvons une belle rivière dans les montagnes, nous dormons au frais. C'est fantastique. Si la société des hommes nous arrête et nous limite, la nature nous accueille et nous offre tout.

Le 10 août, de retour sur nos traces, nous arrivons à la frontière, après une ultime guerre Kazakh contre des moustiques sortis par centaines de nulle part, après avoir évité de justesse de mettre le feu à la steppe (ça prend très vite ces petites herbes là...), nous quittons pour un moment le Kazakhstan, qui a été pour nous un doux refuge. À la frontière, après 5 bonnes minutes sur le passeport d'Emile, le douanier, qui était le même qu'il y a 3 jours, lui demande qu'est-ce c'est que ce tampon "annulation"! (Ahaha...c'est une petite douane, il n'a pas beaucoup de monde qui passent et à 99%, les voyageurs sont Russes ou Kazakhs) ...Puis dans un éclair neuronal foudroyant la case "mémoire" de son cerveau: ils se souvient de nous! Imaginez donc, si l'on avait pas eu le stampel "annulation" .... Toujours garder un œil sur les fonctionnaires, toujours... 😅😉😂


À plus chez les Russes!! 🍀