Publié le 3 décembre 2019

Difficile de partir en voyage en évitant l'expérience touristique de masse, en particulier dans un pays à la culture si différente de la nôtre et pour une période limitée. A la recherche de l'exotisme, le voyageur peut se retrouver face à des expériences pas forcément "authentiques", et parfois même mises en scènes, qu'on lui a vendu sur un site de voyage ou dans une pub.

Une fois sur place, le Vietnam ne ressemble donc que très peu aux préjugés que l'on peut avoir. Comme la plupart des régions du monde, le pays est fortement touché par la mondialisation et évolue très rapidement, ce qui a un fort impact en ville comme dans les coins les plus reculés. La quête des paysages de carte postale pourrait s'avérer décevante si on était attiré que par cela, et ce serait bien dommage tant le Vietnam se révèle riche et surprenant.

C'est bien pour ces raisons que j'ai décidé pour une fois de tenter l'expérience de vivre à l'étranger, en m'installant durant 3 mois dans la trépidante Hanoi pour y faire du volontariat. Ce carnet de voyage tente de raconter (si possible avec plus de photos que de texte) cette première étape de mon voyage en Asie, entre tourisme et vie quotidienne.

Un conseil de lecture pour accompagner l'immersion vietnamienne. Excellent livre qui permet de comprendre le contexte socio-économique du pays toujours sous le régime communiste:

https://livre.fnac.com/a2985485/Laurent-Passicousset-Vivre-avec-les-vietnamiens

Clément

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Publié le 6 décembre 2019

Après un long vol d'une quinzaine d'heures, je reçois un chaleureux accueil et je découvre les lieux à Hanoï. Je vivrai 12 semaines avec d'autres volontaires dans une maison de 5 étages. Le quartier est éloigné du centre, mais plutôt vivant et à l'écart du trafic intense.

Les espaces communs de ma nouvelle "maison"
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L'ambiance du quartier : c'est vert et plutôt calme comparé au reste de la ville
Publié le 6 décembre 2019

Durant les 3 prochains mois, je vais travailler dans une organisation vietnamienne appelée CECAD (Centre for Environment and Community Assets Development) qui agit en faveur de l'environment et des minorités ethniques dans le nord du pays. Le job consiste grosso modo à faire de la recherche de fonds auprès de gouvernements/privés/fondations en élaborant des projets de développement et de conservation de la nature, en collaboration avec les communautés locales (ex.: reforestation de la mangrove dans le delta du Fleuve rouge, conservation d'espèces menacées dans des reserves naturelles,...). Dans un pays qui se développe très rapidement, où les populations rurales défavorisées ont d'autres préoccupations que de protéger biodiversité, il y a du job !

Le véritable challenge de ce travail est de collaborer en anglais avec une équipe vietnamienne. La barrière de la langue est parfois importante, car mon anglais est un peu rouillé et l'emploi de mots scientifiques complexes est fréquent. Mais le fait d'être présent volontairement et la bienveillance des collègues enlève toute la pression. En plus de ça, je serai amené à aller sur le terrain plusieurs fois durant mon séjour.

Ah oui et j'oubliais: les pauses "gourmandes" font partie de la culture du travail ici. Du coup, j'ai tenté de partager à mes collègues mon amour des spaghetti. Un succès... et avec les baguettes!

Les pauses gourmandes entre collègues, c'est sacré 
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A peine arrivé que me voilà déjà rejoint par un ami suisse en vacances. L'occasion de profiter de la douceur du mois de novembre (il fait encore 30°C) pour partir en excursion dans la fameuse baie d'Ha Long. On nous recommande de passer par l'île de Cat Ba, supposée moins touristique, ce qui s'avère être une brillante idée.

Après une nuit dans la ville principale de l'île, sorte de station balnéaire sortie du sol en 10 ans expliquant son architecture pas super intéressante, nous prenons le bateau pour rentrer dans la Baie de Lan Ha, puis dans la baie d'Ha Long (elles sont quasiment identiques, excepté que la première n'est pas classée au patrimoine de l'UNESCO). Le panorama est impressionant!

Le nom des baies vient de la forme des roches. Ha Long signifie en vietnamien "dragon descendant", car la légende veut qu'un dragon protecteur ait créé les 2000 îles. Lan Ha rappelle le nom d'une femme ou d'une orchidée en raison des formes féminines que prennent certains îlots. En réalité, on a eu de la peine à en distinguer les différences...

Baie de Lan Ha 
Baie d'Ha Long
Canoë, coucher de soleil, observation de plancton, nuit dans une auberge flottante... la belle vie! 
Publié le 6 décembre 2019

1 heure. C'est le temps de trajet en bus pour me rendre sur mon lieu de travail. Ca peut parfois être bien plus long.

Il faut dire que la ville, avec ses nombreuses rues étroites et parfois sinueuses, n'a pas été conçue pour l'automobile et encore moins pour les bus, seul mode de transport public possible. Du coup, le mode privilégié par la grande majorité des hanoïens est le scooter, plus abordable qu'une voiture (d'autant plus lorsqu'on connait le salaire moyen) et permettant de se frayer un chemin dans le trafic dense. Face à ces nuées de scooters, je ne vous explique pas l'exercice de traverser une rue, sachant qu'il n'existe pas vraiment de passage piéton et encore moins de règles de circulation. Mais on s'y fait vite au final!

C'est donc dans ce joyeux bordel que le bus tente tant bien que mal d'avancer. Des mesures de mobilité sont heureusement planifiées. La ville est en train de construire deux lignes de métro qui étaient prévues pour 2016, dont l'ouverture a finalement été reportée à 2017, puis 2018, 2019, 2020...?

Au-delà de cette situation qui peut faire sourire, car ce chaos permanent fait un peu partie de l'aventure, la pollution est un vrai problème ici. Dans la capitale et les autres grandes villes du pays, l'indice qualité de l'air est la plupart du temps au-dessus des valeurs recommandées et le port du masque fortement conseillé. Ces dernières semaines, il était difficile de distinguer le ciel à travers le nuage formé par la pollution.

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Je profite d'un premier week-end sans excursion pour visiter certains monuments de la capitale, en particulier dans le vieux quartier (Old Quarter). La visite des temples est l'occasion de retrouver un peu de sérénité au milieu de l'ambiance animée du centre ville.

Les monuments du centre d'Hanoi 

Le vieux quartier, c'est clairement le secteur le plus fréquenté de la ville (touristiquement parlant). Selon moi, ce n'est pas celui qui a le plus de charme et encore moins le plus représentatif de la vie vietnamienne. Mais c'est un super endroit pour manger de la street food ou boire une bière entre potes.

Ta Hien street avant et après 18h. Etonnamment une des seules rues piétonnes du quartier.
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Publié le 9 décembre 2019

Me voilà parti pour 2 jours de trek dans la région montagneuse de Sapa, destination autrefois prisée par les français lors des colonies. Elle est connue aussi pour son sommet, le mont Fansipan haut de 3143 m, surnommé le toit du Vietnam. Mais je ne m'y rends pas pour son ascension (surtout qu'un télécabine se rend au sommet), mais pour explorer le vallées reculées peuplées d'ethnies (dont les Hmong sont plus présents) et parsemées de rizières. Je commence par une nuit étonnamment confortable dans le train couchette au départ d'Hanoi pour entamer la marche au petit matin, depuis la ville, avec deux autres touristes et un guide Hmong. Nous commençons par l'ascension d'un petit sommet.

Minorités ethniques: Le Vietnam comprend 54 minorités ethniques dont la majoritaire est le Viêt ou Kinh (86% de la population). Les Hmong (1%) sont surtout présents au Nord du pays, en Chine et au Laos.

Après une 1ère nuit courte mais confortable, ascension d'un petit sommet

La deuxième partie de la journée se termine au fond la vallée dans les rizières, puis avec une nuit dans une maison d'hôtes Hmong. Cette ethnie est connue pour son artisanat de textile, donc forcément on essaie de nous vendre des tuniques et autres sacs. Je repars avec une écharpe...

Les rizières (hors période de récolte) et la maison d'hôte

Après une soirée bien arrosée à l'alcool local à base de riz (happy water) en compagnie des occupants de la maison, nous repartons (péniblement) pour la fin du trek. Superbe expérience!

Publié le 9 décembre 2019

Je n'ai jamais bu autant de café qu'ici. Il se pourrait bien que ce soit l'activité la plus répandue à Hanoi. Il faut dire que le Vietnam est le second pays producteur de café dans le monde, juste après le Brésil. Ce phénomène est plutôt récent, car cette filière s'est développer lors de l'ouverture du pays au marché mondial, dans les années 90.

Ici le café se boit noir, glacé, avec de la noix de coco (ca phe dua), aux oeufs (ca phe trung) ou encore avec du lait condensé (café vietnamien "traditionnel", le meilleur à mon goût). Etant donné que seule la variété robusta est cultivée dans le pays, il est plutôt fort en goût et en caféine. De quoi donner un bon boost tout au long de la journée. D'autant plus qu'on peut trouver une énorme variété de coffee shops à chaque coin de rue.

Café aux oeufs: C'est probablement sa forme la plus originale car on y ajoute un jaune d'oeuf battu. Cette spécialité a été créée dans les années 1920, lors de l'occupation française. Le lait était alors une denrée rare et le jaune d'oeuf a remplacé cet ingrédient pour y ajouter un aspect crémeux.

Le traditionnel café vietnamien et les coffee shops stylés d'Hanoi
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Publié le 9 décembre 2019

La première sortie "sur le terrain" avec mon projet de volontariat aura été à Moc Chau, pendant 3 jours. Ce district de montagne formé de petits hameaux est situé à 4 heures d'Hanoi, juste à côté du Laos, et est connu pour sa production de thé, de fruits (fraises, mandarines, pêches,...) et de lait. C'est un peu moins mis en avant, mais la région est aussi connue pour ses températures bien fraîches. Pour une fois au Vietnam, j'aurai expérimenté des températures en-dessous de 5°C en décembre. Bon ok, ça reste acceptable.

Le projet implanté ici consiste à favoriser l'empowerment des femmes (principalement Hmong et Thai) qui tiennent souvent des petites exploitations mais n'ont pas les outils pour se mettre en avant et vendre leur produits à des prix plus intéressants. Etant donné que tout se passe en vietnamien, je profite de mon temps libre pour visiter les collines de pins et les plantations de fraises.

Paysages de Moc Chau 

La visite la plus marquante est celle des plantations de thé Oolong, qui forment des collines à perte de vue. La dégustation de thé qui suit reste un des meilleurs souvenirs de ce séjour dans ce coin "à part".

Les champs de thé de Moc Chau 
7
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Cette visite est à peu près recommandée dans chaque guide et j'étais curieux de voir sur place si cette réputation se confirmait. Surnommée la baie d'Halong terrestre en raison de ses reliefs calcaires, la région de Ninh Binh est quand même très différente du site maritime. De plus, la zone comprend également de nombreux temples et villages, où l'on peut se rendre à vélo ou à pied.

La première visite est celle de Hoa Lu, ancienne capitale du Vietnam il y a 1000 ans de ça.

Hoa Lu, ancienne capitale

Le deuxième lieu visité est le site de Tam Coc, signifiant "3 grottes". En effet, notre barque nous emmène visiter les paysages impressionnants sous nos yeux au fil de l'eau et ponctués par la traversée de plusieurs grottes. Attention à la tête!

Tam Coc

Enfin, nous prenons de la hauteur et empruntons les quelques 486 marches pour atteindre le sommet de Hang Mua. Le point de vue à 360° sur la région est plutôt impressionnant, malgré la présence de nombreux visiteurs (oui, ça ne se voit pas sur les photos).

Au final, je dirais que Ninh Binh fait partie des incontournables du Nord du Vietnam pour ses paysages vraiment spectaculaires. Et en plus, c'est tout proche d'Hanoi!

Hang Mua
13
déc

Aujourd'hui, je pars avec des collègues dans les zones côtières du delta du Fleuve Rouge pour évaluer un modèle de ferme durable de palourdes implanté il y a quelques mois. Ce qui semblait être une journée plutôt normale pour les autres participants fut un moment totalement insolite et mémorable pour moi.

Le delta du Fleuve Rouge est une des régions les plus densément peuplées au monde (environ 20 millions d'habitants incluant Hanoi) en raison de la fertilité de ses terres, ce qui rend par conséquent ses écosystèmes très vulnérables.

Des huttes de pêcheurs à perte de vue 

Ici, les pêcheurs élèvent principalement des palourdes (clams), constituant l'une des principales sources de revenus dans la région. Le mode d'exploitation de ces "fermes" s'est intensifié au cours des dernières années, ce qui en réduit la qualité et le rendement, impactant au final le niveau de vie des habitants. Le Ministère de l'environnement et le gouvernement local se sont donc engagés à promouvoir une exploitation plus durable des palourdes dans la province. Le modèle implanté il y a quelques mois , réduisant la densité des coquillages, donne déjà des résultats impressionnants (taille, qualité, période de récolte,...).

Comparaison entre les modes intensif et durable

En bonus, nous sommes invités à déguster la récolte dans une des huttes. De là-haut, assis sur le plancher fait de bambou, nous savourons ce simple repas en ayant un petit aperçu de ce que peut être la dure vie d'un pêcheur.

Dégustation dans la hutte
Publié le 28 décembre 2019

La plupart des visiteurs font rarement plus d'une semaine dans la capitale et préfèrent se rendre dans les nombreux sites naturels alentours, à la recherche du calme, de l'air frais et des paysages spectaculaires. Il est vrai qu'après plusieurs semaines ici, je commence à manquer cruellement de ces éléments. Pourtant, en s'éloignant un peu du vieux quartier et des rues bondées, il est facile de trouver un peu de ces aspects qui rendent la ville agréable à vivre.

En marchant quelques minutes depuis le vieux quartier, se trouve le grand lac Ho Tay, plus communément appelé Westlake par les expats, fortement présents dans le secteur. Bien que le quartier des expats au nord du lac soit sympa à visiter si on est en manque de restaurants et de vie nocturne à l'occidentale, ce n'est pas là qu'on y trouve la meilleure ambiance. Le lac comprend aussi de petites presqu'îles dont celle de Truc Bach en constitue un bon exemple, avec sa propre vie de quartier. Ici, on arpente les rues sans avoir constamment à craindre la venue d'une cavalerie de scooters et on se promène tranquillement au bord du lac. En bonus, il est possible de visiter la superbe pagode de Tran Quoc.

Le quartier de Truc Bach

Non loin du mausolée de Hô Chi Minh, le quartier de Ngọc Hà est lui-aussi un petit îlot de tranquillité. Difficile de tomber dessus par hasard, car il faut s'engouffrer dans de nombreuses ruelles jusqu'à finalement trouver un petit réseau de canaux et petits lacs, bordé d'habitations. L'occasion d'observer de plus prêt l'habitat des hanoïens et leurs maisons tubes.

Maisons tubes: Les maisons tubes représentent l'habitat traditionnel au Vietnam et en particulier à Hanoï. Elles ont une largeur de 3 à 6 mètres, donc très étroites, pour une profondeur bien plus importante. Cette originalité est due au fait qu'à l'époque, les taxes foncières étaient calculées en fonction du mètre linéaire de façade. Usuellement, une maison comprend 4 à 6 étages (dont le dernier est un toit-terrasse utilisé pour étendre le linge) et appartient à une seule famille.

Le quartier de Ngọc Hà

A deux pas du vieux quartier, à l'est de la ville, se trouve l'impressionnant pont en acier de Long Biên qui mesure plus de 1680 mètres de long et franchit l'immense Fleuve Rouge. Il a été construit il y a 100 ans par les Français au moment des colonies, pour le développement du réseau ferroviaire. Aujourd'hui, les scooters et piétons peuvent également l'emprunter pour accéder à la partie est de la ville ou à l'île accueillant des plantations de bananiers et quelques petites fermes. Un véritable moyen de se déconnecter de la ville l'espace d'un court instant.

Le pont de Long Biên et le Fleuve Rouge 
3
janv
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L'heureuse visite des mes parents pendant les vacances de fin d'année a été l'occasion de leur servir de guide personnalisé afin de leur faire découvrir l'autre Hanoi; celui que je commence à bien connaître en tant qu'habitant depuis maintenant deux mois. C'est aussi le moment idéal pour leur montrer les richesses naturelles et culturelles du Vietnam rural. Direction la réserve naturelle de Pu Luong!

Après une journée bien remplie à visiter Ninh Binh, nous retrouvons notre guide pour le week-end, M. Ta, qui nous emmène par les petites routes jusqu'à la réserve. Nous contemplons le paysage qui défile, entre plantations de cannes à sucres, exploitations agricoles et petits villages qui nous donnent envie de s'arrêter à chaque virage. Le trajet est long, mais vaut la peine, car notre destination est un lieu coupé du monde agité et propice à la contemplation. Et ça fait un bien fou!

Etablie en 1999, la réserve naturelle de Pu Luong comprend plusieurs larges vallées et de nombreux villages habités par des minorités ethniques telles que les Thai et les Muong, dont le principal revenu provient de l'agriculture (riz, maïs, fruits et légumes). En langage Thai, Pu Luong signifie "le plus haut sommet du village". Abritant une dense forêt tropicale dotée de riches écosystèmes, c'est également l'habitat de nombreuses espèces protégées.

Notre hébergement est tenu par M. Ta, qui nous fait également la cuisine. Autant dire qu'il remplit à merveille ses trois fonctions de guide, d'hôte et de cuisinier. Il a participé à la construction des différents bungalows qui a débuté il y a 3 ans. Ici, tout se fait avec des matériaux locaux, dans le respect des traditions et de l'environnement (autant que possible). Les logements sont donc tout en bois (ou presque), sur pilotis et leur toit est fait de feuilles de palmier. Tout ceci s'intègre très bien au paysage de la réserve. Il semblerait que ce type de construction soit imposé, notamment aux propriétaires de maisons d'hôte, ce qui est très bien. Espérons que cela dure...

Vue depuis la maison d'hôte 

Notre guide est d'humeur sportive car il nous emmène dès notre arrivée faire 20 km de VTT dans des chemins de terre afin d'avoir un premier aperçu des environs. Nous longeons une rivière pour y découvrir l'usage des norias (roues à aubes) faites de bois et de bambou permettant d'irriguer les rizières. Les nombreux cours d'eaux présents dans la vallée sont ici utilisés à leur plein potentiel, pour une agriculture demandant beaucoup d'eau.

Parcours en VTT au fil de l'eau 

Le deuxième jour, nous faisons cette fois-ci l'usage d'autres muscles pour partir dans une longue randonnée à travers les splendides rizières, qui épousent la forme des vallées, et les villages Thai pleins de vie. Notre rythme nous permet plus facilement de nous immerger dans la vie locale et d'avoir contact avec les habitants. Partout où l'on passe, on se sent bienvenus et salués chaleureusement.

Randonnée entre rizières et villages

Le lendemain, nous nous levons tôt pour nous rendre au marché de Doan qui a lieu deux fois par semaine. Le lieu est un bouillonnement de culture où se vendent les produits agricoles et artisanaux plein de couleurs. Nous nous rendons ensuite pour une dernière étape "de l'extrême" en escaladant une succession de cascades à Thàc Hiêu, avec une belle sensation de victoire à l'arrivée quelques centaines de mètres plus haut. M. Ta nous en aura mis plein les yeux tout au long du week-end.

Marché de Doan et cascades de Thac Hieu 

Sur le chemin du retour, avant de rejoindre à nouveau Hanoi, nous faisons une étape express à Mai Chau. On nous explique que c'est un peu la version touristique de Pu Luong, car la région est plus accessible depuis la capitale. Le tourisme s'y énormément développé ces 5 dernières années. Le village d'artisanat que nous visitons est en effet conçu pour les touristes, avec de nombreux magasins vendant des étoffes des ethnies Thai, Muong et autres. Le visiteurs s'y promènent en petits véhicules électriques. La comparaison avec Pu Luong est inévitable tant nous avons apprécié notre séjour là-bas. Et je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il adviendra lors des 5 prochaines années de cet endroit pour le moment préservé, tant le Vietnam se développe à une vitesse folle.

Visite de la vallée de Mai Chau, en fort développement touristique
10
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Il y a 10 ans de cela, CECAD (l'organisation pour laquelle je fais du volontariat, si vous n'aviez pas suivi) soutenait un projet d'éco-tourisme dans le district de Tan Lac, à côté de la ville de Hoa Binh. Le projet visait à faire découvrir la culture de la minorité ethnique Muong à travers l'organisation d'un tour comprenant un séjour chez l'habitant et la visite guidée des villages ruraux environnants. Dans les grandes lignes, la finalité du projet était de permettre aux communautés locales de générer un revenu alternatif par le biais du tourisme en promouvant des pratiques respectueuses de l'environnement. 10 ans après, cet éco-tour existe encore, mais les fonds pour le soutenir et en faire la promotion sont épuisés. C'est la raison pour laquelle nous nous rendons sur place afin de prendre des photos qui serviront ensuite à alimenter la page du projet et de profiter par la même occasion d'une visite personnalisée présentée par notre guide Muong. Mes parents sont également de la partie pour leur tout dernier jour au Vietnam. Une belle manière de se dire au revoir.

Le matin, nous nous rendons à Thanh Hoi pour contempler l'immense arbre banian planté au 17ème siècle, important symbole sacré pour la culture Muong. En raison de sa grande taille (36m de haut), ses branches sont soutenues par des racines qui forme de véritables piliers. Nous nous déplaçons ensuite dans une orangeraie pour rencontrer un producteurs qui nous fait visiter son domaine, à travers les collines. Ici, la culture d'oranges est l'une des principales sources de revenus.

Visite de l'arbre sacré et de l'orangeraie

Nous entamons ensuite une petite marche le long du lac Ai, qui est formé par un barrage servant à l'irrigation de rizières en aval. L'objectif de cette marche est d'atteindre la maison d'hôte de notre guide Muong au sein d'un petit village au milieu des champs de canne à sucre et autres plantations. Nous sommes accueillis chaleureusement dans leur maison traditionnelle sur pilotis et partageons le copieux et succulent repas avec eux à même le sol. Nous profitons de l'instant pour nous plonger dans la culture Muong et écouter les légendes traditionnelles de cette ethnie fascinante. Malheureusement, notre emploi du temps serré ne nous laisse pas l'occasion d'y passer la nuit.

Balade au bord du Lac Ai et repas dans la maison d'hôtes 

Durant l'après-midi, nous nous baladons aux alentours pour visiter le village de "Cu". Ici, les habitants ont diversifié leur source de revenu en plantant riz, canne à sucres, légumes et en élevant des boeufs, des poulets et des porcs. De façon à préserver l'écosystème des abeilles et produire du miel, certaines familles possèdent de nombreuses ruches qui ont été certifiées par la gouvernement d'un label éco-responsable. Enfin, une partie de la population perpétue les traditions artisanales Muong en confectionnant des étoffes et des corbeilles en bois.

La richesse et la diversité culturelles de ce pays ne finissent pas de m'étonner.

Découverte du village 
11
janv

Dès mon arrivée à Hanoi, j'avais en tête de faire la fameuse boucle de Ha Giang, réputée pour ses paysages montagneux époustouflants. Il m'aura fallu attendre l'un des derniers week-ends ici pour finalement m'aventurer dans ce "roadtrip" de 350 kilomètres en moto à l'extrême Nord du pays.

Jour 1 : Ha Giang - Dong Van

Pour effectuer ce tour, je fais appel à hostel qui organise des tours guidés avec chauffeurs en mode "easy rider". Bien que la route soit en majeure partie bien entretenue, il paraissait hasardeux de tenter une première expérience de moto dans ce genre de contexte. Suite à une nuit mouvementée dans le bus de nuit au départ d'Hanoi, je pars de bon matin depuis la ville de Ha Giang en compagnie de mon chauffeur-guide et d'un couple anglo-américain habitant à Hanoi (Steph et Sam) rencontré la veille. En avant pour les premiers 150 kilomètres!

Le premier tronçon nous emmène à Quan Ba "heaven gate", qui porte bien son nom puisqu'il nous donne un premier aperçu de ce qui va nous attendre pour le reste de la boucle : des reliefs karstiques impressionnants et des rizières à perte de vue. Après un repas dans la petite ville de Yen Minh, nous entrons progressivement dans le géoparc du plateau de Dong Van, se trouvant à une altitude moyenne de 2'200m et classé au patrimoine de l'UNESCO. Cette terre abrite de nombreuses minorités ethniques (17 au total) dont les Hmong sont les plus représentés. Nichés dans une petite vallée, l'ancien palace du roi Hmong vaut le détour pour comprendre un peu l'histoire de ce peuple. Malheureusement, nous sommes interrompus par la pluie (et le froid mordant) et traçons la route afin de nous réchauffer dans notre hébergement à Dong Van.

Heaven gate et le géoparc du plateau de Dong Van

Jour 2 : Dong Van - col de Ma Pi Leng - Du Gia

La nuit dans le confort et la chaleur de l'hôtel permet de bien recharger les batteries avant la suite du de l'itinéraire. La météo s'annonce plus agréable ce jour-là. Et ça tombe bien car il paraît que nous nous approchons de la meilleure partie. En atteignant les alentours du col de Ma Pi Leng, nous somme en effet scotchés là-haut par la vue sur les pentes abruptes et les canyons en contrebas. Un des paysages les plus impressionnants qu'il m'aura été donné de voir. Nous entamons ensuite la descente de la route du col jusqu'à la rivière Nho Que et ses splendides gorges, que nous avions pu observer d'en haut, pour faire un peu de kayak. En reprenant la route, nous voyons défiler au long de l'après-midi des paysages impressionnants qui nous donnent envie de s'arrêter à chaque virage. Nous achevons finalement l'étape dans le petit village de Du Gia où nous dormons chez l'habitant dans une maison traditionnelle après un repas copieux et arrosé en compagnie de la famille propriétaire et qui restera l'un des meilleurs souvenirs de cette boucle.

Le col de Ma Pi Leng, la rivière Nho Que et les vallées sublimes

Jour 3 : Du Gia - Lung Tam - Ha Giang

La brume fait son retour pour le dernier jour, ajoutant une ambiance mystique aux montagnes. Au programme pour cette troisième étape, nous nous rendons le matin au pied d'une petite cascade fort sympathique, malgré l'envie modérée de se baigner, puis nous visitons l'après-midi le village d'artisanat Hmong de Lung Tam, connu pour ses textiles. De quoi finir en douceur ce tour qui nous aura définitivement mis une belle claque!

Tissage à Lung Tam et rivière Lô
25
janv
25
janv

L'approche de Têt, le nouvel an vietnamien (commun avec les chinois), marque le terme de mon séjour à Hanoi. Plusieurs jours déjà avant les festivités, la ville est en pleine effervescence et se pare de lampions jaunes et de banderoles rouges. L'atmosphère au boulot est mêlée entre euphorie et stress pour boucler certains dossiers ou pour soumettre une ultime demande de fonds. Aux yeux des vietnamiens, cette période est aussi le moment pour nettoyer de fond en comble sa maison, même jusque devant sa porte, afin de commencer la nouvelle année du bon pied. Il est aussi amusant de constater que des bonnes résolutions sont faites et qu'elles sont, à ce qu'on dit, tenues tout au long de l'année, contrairement à ce qu'on à l'habitude de voir chez nous. Pour ma part, je suis à la fois un peu triste de quitter mes collègues avec qui j'ai pu passer des moments géniaux au cours de ces 12 semaines qui se sont passées en un éclair, mais aussi reconnaissant de pouvoir participer aux premières festivités avec eux.

Même si officiellement, Têt se déroule sur 3 jours fériés (cette année autour du 25 janvier) que les vietnamiens passent traditionnellement en famille, nombreuses sont les occasions dans la capitale de faire la fête avant l'heure. Au travail, nous enchaînons jour après jour festins cuisinés par les soins des collègues ou de notre voisine et nous dégustons le dessert traditionnel appelé banh chung. Ce gâteau servi dans la période du nouvel an est constitué de riz gluant enveloppé dans une feuille et farci de haricot et de poivre.

A l'image de nos marchés avant les fêtes, Hanoi accueille une semaine avant Têt un marché où se vend de l'artisanat, des produits alimentaires, mais aussi et surtout le fameux arbre à kumquat que tout le monde s'arrache, qui sert de plante d'ornement et qui est sélectionné minutieusement. Plus classique, le pêcher florissant est lui aussi très prisé. En tout cas, ce dernier sursaut d'animation est bienvenu et c'est une belle façon de faire mes adieux à cette ville ainsi qu'à mes amis vietnamiens et volontaires venus d'ailleurs.

Le marché de Têt (kumquat à gauche, pêcher à droite) 

Quelques jours avant Têt, je quitte Hanoi suite à des au revoir chaleureux et sincères, mais non sans une légère appréhension. En effet, on m'a expliqué de long en large que c'est la pire période pour voyager sachant que les transports sont pris d'assaut par les citadins retournant auprès de leurs familles et que la plupart des commerces sont fermés. Ajouté à cela, l'ombre d'un certain "coronavirus" venu de Chine plane au-dessus du pays et noircit encore un peu le tableau. J'apprendrai très vite que ces deux sujets d'inquiétude ne méritaient pas que j'y accorde trop d'importance. Je prends donc le train de nuit direction le centre du Vietnam.

La gare de Hanoi, point de départ de cette nouvelle étape 

C'est dans la ville du Hué que je passe la veille du nouvel an vietnamien, cette année du 24 au 25 janvier. Après une visite de la majestueuse cité impériale, ancienne capitale du pays pendant près de 150 ans dont la visite est gratuite aux vietnamiens pour l'occasion, je profite de l'ambiance de la ville et de ses quartiers paisibles en observant les offrandes offertes aux divinités par les familles. La soirée pleine de rencontres dans le quartier touristique est ponctuée à minuit par les tirs de canons venant de la forteresse ainsi que d'un feu d'artifice. Sur le chemin du retour, je souhaite la bonne année (chúc mừng năm mới) à quelques habitants. Une famille m'invite à boire un verre dans leur maison et je profite pleinement de ce moment de partage. Car c'est ça aussi Têt: une fête pour laquelle les familles vietnamiennes sont heureuses d'accueillir quiconque s'y intéresse!

Une veille de nouvel an à Hué 

Juste avant de quitter Hué, je reçois de la propriétaire de mon hébergement une enveloppe de "lucky money", traditionnellement offerte pour Têt. La somme est très peu significative, l'équivalent de 5 centimes, mais symbolique. Je la conserve comme porte-bonheur pour la suite de mon voyage.

Ce dernier se poursuit à Hoi An, ville réputée pour son architecture classée au patrimoine mondial, qui est certes charmante mais ultra-touristique. Néanmoins, j'essaie d'apprécier tant bien que mal de me balader dans les rues bondées et d'y ressentir l'ambiance. Je profite également du jour suivant pour visiter les villages environnants et un temple. Mon dernier stop au Vietnam est la ville de Danang, dont la croissance folle est la plus importante du pays. Cette ville moderne a toutefois plein d'atouts, comme sa taille moyenne (pour l'instant), sa proximité avec la plage et sa nourriture délicieuse. J'apprécie ces derniers instants en m'imprégnant de ce mélange de tradition et de modernité très caractéristique du Vietnam avant de prendre mon envol pour le Laos. Je dis au revoir au pays en étant cependant certain que j'y retournerai bientôt...

Hoi An et Danang 
Publié le 12 avril 2020

Je ne pouvais pas terminer ce carnet de voyage avant d'aborder le sujet de la gastronomie vietnamienne tant la nourriture est centrale dans la culture locale tout comme dans ma vie. Ce serait d'ailleurs mentir de ne pas avouer c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de partir au Vietnam. Pourtant, j'étais loin de m'imaginer que la pays pouvait offrir une si grande variété de saveurs.

Petit déjeuner typique (Phở) dans les marchés flottants du delta du Mékong 

Avant de faire une simple liste des plats qui m'ont le plus marqué, je souhaite tout d'abord partager quelques éléments de culture autour de la cuisine au Vietnam. Comme chez nous, la journée est rythmée par 3 repas, mais il est tout à fait commun de manger à chaque fois à l'extérieur, tant la nourriture y est bon marché. Le petit-déjeuner, la plupart du temps salé et constitué d'une soupe de nouilles ou de pain, ne fait pas exception à cette règle. Cet aspect est central dans le quotidien vietnamien et explique en grande partie pourquoi les villes sont toujours aussi animées. Chaque rue offre son lot de restaurants ou de street-food et certains habitants ouvrent même spécialement le matin un petit stand devant chez eux avant de se rendre au travail. Autant dire qu'il est quasi impossible de se retrouver le ventre vide dans les rues de Hanoi ou dans les autre villes du pays.

Il est facile de reconnaître les restaurants de rue, par la présence de petites chaises en plastique, des tables en métal ainsi que de panneaux signalant les plats servis; souvent un seul plat et ses déclinaisons (boeuf, porc, poulet, végétarien). Ce sont selon moi les lieux idéaux pour déguster le meilleur de la cuisine vietnamienne, pour le côté convivial, la proximité avec le cuisinier, le rapport-qualité prix et la rapidité du service. Et il faut dire aussi que c'est là que la plupart des habitants mangent. Pour les grandes occasions, souvent le soir, ils peuvent se rendre dans des restaurants plus sophistiqués et partager une grande variété de plats. Enfin, lorsqu'il arrive d'être invité à manger chez quelqu'un, il est tout à fait normal que l'hôte serve une quantité impressionnante de plats, afin de s'assurer que l'on ait suffisamment de nourriture. Pas de crainte, car il n'est pas du tout impoli de ne pas finir son assiette! Au contraire, c'est la preuve que l'hôte a été suffisamment généreux pour que ses invités soient rassasiés.

La cuisine vietnamienne a fortement été influencée par la colonisation française, jusque dans son vocabulaire gastronomique, hérité de la langue de Molière. Du coup cela donne des mots amusants pour briller en société. En voici une liste (non exhaustive) :

bánh mì = pain de mie

bánh ga tô = gâteau

sô cô la = chocolat

phô mai = fromage

xúc xích = saucisse

giăm bông = jambon

= beurre

cà rem = crème

súp = soupe

xà lách = salade

Influencée par l'histoire, le climat et le milieu naturel, la cuisine vietnamienne varie fortement à travers le pays. Ainsi, on dit que les plats du Nord sont moins épicés que dans le reste du pays et leur saveurs sont davantage parfumées et subtiles, car davantage influencée par la cuisine française. Au centre du pays, la culture d'épices est plus répandue dans les régions montagneuses proches de la mer. Du coup, on se retrouve avec des plats largement plus relevés que dans le reste du pays. Enfin, au Sud, l'influence du Cambodge et de la Thaïlande se fait ressentir avec la présence de saveurs plus douces, notamment avec l'utilisation de lait de coco et de fruits tropicaux.

Pour un peux mieux comprendre la diversité culinaire du Vietnam en fonction de sa géographie, j'ai numéroté la carte ci-dessous avec une liste des 10 plats que je retiens de mon voyage. Malheureusement (pour vous), je n'ai pas pris de photos de chacun de ces plats, car j'ai eu de la peine à avoir le réflexe systématique de prendre un cliché de ce que je mange, surtout quand l'assiette me faisait de l'oeil!

Cartes des plats vietnamiens (source: cmego.com, modifié) 
  1. Phở : Impossible de commencer sans l'éternel classique, pouvant être considéré comme le plat national. Un bouillon, des nouilles de riz, de la coriandre, des oignons et de la viande; ce sont les simples ingrédients de cette soupe originaire du Nord. On y rajoute des herbes, du piment et du citron à sa guise. On dit d'ailleurs qu'il n'y a pas deux phở identiques, tant le bouillon change d'un restaurant à l'autre.
  2. Bún chả : Originaire de Hanoi, le bún chả est composé de grillades de porc, d'un plat de nouilles (bún) froides et d'herbes qu'il faut tremper dans une sauce (chaude ou froide selon la saison). C'est l'un des plats les plus populaires dans la capitales et je n'en suis pas surpris.
  3. Bún đậu mắm tôm : Adoré ou détesté, ce plat est composé de nouilles froides (bún), de tofu frit (đậu), de tranches de porc, de boudin et d'herbes que l'on trempe dans de la sauce de crevettes fermentées (mắm tôm) agrémentée de piments et de citrons. La sauce de crevettes a un goût et une odeur particulièrement prononcées et les serveurs sont parfois surpris de savoir qu'un occidental l'apprécie, car une bonne partie des vietnamiens n'y touchent même pas!
  4. Bánh cuốn : Ce sont des feuilles de riz fines enroulées et farcies au porc et au champignon noir ou aux crevettes, à tremper dans de la sauce de poisson. Ce plat simple sert souvent d'accompagnement à d'autres plats.
  5. Bún bò : Originaire de la ville de Hué, cette soupe de nouilles est connue dans tout le pays. Largement plus épicé que le phở, son bouillon présente beaucoup de différences notamment avec l'usage de beaucoup de citronnelle, et les nouilles (bún, comme dans le bún chả) sont plus épaisses.
  6. Mì quảng : Ce plat typique du centre est composé de nouilles larges et jaunes, rappelant les tagliatelles, de crevettes, d'épices, de cacahuètes et accompagnées de galettes de riz au sésame. C'est un incontournable si vous voyagez à Danang ou Hoi An.
  7. Nem lụi : Ce sont des brochettes de porc farcies à la citronnelle qu'il faut ensuite rouler dans de la feuille de riz en y ajoutant des concombres, de la salade et des herbes. Ce rouleau est ensuite trempé dans une sauce. Difficile d'attribuer une région à ce plat tant il est populaire à travers tout le pays.
  8. Bánh mì : C'est littéralement le sandwich vietnamien. La baguette, plus petite que chez nous, est composée de farine de blé et de riz et garnie de carottes et radis blancs râpés, de coriandre, de sauce soja ou pimentée et de diverses viandes selon le choix. C'est le snack par excellence et on en trouve à tous les coins de rue.
  9. Goi cuốn : Les rouleaux de printemps vietnamiens, à ne pas confondre avec les nems qui eux sont frits, sont composés de boeuf, porc ou crevettes, de salade, d'herbes, de légumes, de nouilles et parfois mêmes d'omelette, le tout enroulé dans une feuille de riz humide à tremper dans une sauce aux arachides. C'est frais et délicieux.
  10. Bánh xèo : La crêpe vietnamienne! Cette dernière, bien plus craquante que la galette bretonne, est constituée de farine de riz et de curcuma lui donnant une couleur jaune. Elle est garnie avec de la viande de porc en tranche ou hachée, des crevettes, des graines et des germes de soja. La particularité de cette galette typique du sud est qu'il faut encore l'enrouler dans des feuilles de riz en y ajoutant des herbes afin de les tremper dans de la sauce. Une crêpe dans un rouleau de printemps, en quelque sorte!

Sans avoir vraiment de plat favori parmi cette explosion de saveurs, ce que je retiens surtout de ce voyage culinaire est l'importance d'oser tester chaque spécialité sans à priori (quoique quand même, je ne me suis pas laissé tenter par le chien, il y a des limites). En se montrant ouvert à la cuisine locale (ce qui a été plutôt facile pour moi), on s'ouvre par la même occasion à la culture et c'est un excellent vecteur pour entrer en contact avec les habitants, qui m'a permis de faire de belles rencontres. Au final, il suffit de leur montrer qu'on apprécie leur cuisine, en utilisant le mot magique : Ngon! (c'est délicieux).

A l'heure où j'écris ces lignes, je suis de retour au Vietnam après un mois de voyage au Laos et au Cambodge. Cette riche aventure, bien qu'elle mérite d'être racontée, ne fait pas partie de ce carnet de voyage, car je distingue très clairement les deux expériences.

Le 26 février, je repasse donc la frontière depuis la capitale du Cambodge, Phnom Penh, en empruntant un bateau à travers le Mékong. Même si le Sud du pays et sa région fertile du delta du Mékong semblent bien différents, je reprends rapidement mes repères dans ce pays avec lequel j'ai créé un lien au fil des derniers mois. Quelques éléments de langage, des plats familiers ou autres spécificités culturelles font que je rentre plus facilement en contact avec les locaux, qui me réservent un accueil chaleureux.

La vie au fil de l'eau dans le delta du Mékong

Quelques jours à peine après ce retour euphorique, une annonce importante me parvient: la crise sanitaire du coronavirus a eu raison de mes projets de volontariat et je ne pourrai pas me rendre au Japon. Une fois la déception passée, j'interprète cet évènement comme l'opportunité de m'arrêter un moment pour tenter l'expérience de la méditation. La planète toute entière est au ralenti et les possibilités de voyage se réduisent de jour en jour, alors l'idée de changer de rythme pour réfléchir à des questions que je me suis toujours posé apparaît comme évidente. Par chance, je découvre l'existence d'un centre de yoga et de vedanta (philosophie hindouiste) situé en pleine nature dans les montagnes de Dalat. J'entame alors une période de confinement bien particulière, rythmée par des séances de méditation, de yoga, de workshops et surtout beaucoup de temps pour moi! L'occasion rêvée pour se poser et tirer des enseignements de ce grand voyage (tout autant extérieur qu'intérieur). En voici quelques uns parmi tant d'autres.

La culture bouddhiste, bien au delà de la religion 

Je n'entrerai pas dans les détails d'une religion dont je ne connais que peu d'aspects, mais il est intéressant d'analyser un société par le prisme de l'influence de la religion. 70% de la population du Vietnam affirme être bouddhiste, bien qu'il semble que seule une fraction de ce chiffre soit véritablement pratiquante et se rende au temple chaque semaine. Les habitants prennent très au sérieux les différentes fêtes bouddhistes, enterrent leurs défunts selon la tradition et se rendent au temple de la littérature d'Hanoi à la fin de leurs études. Tout ceci s'apparente davantage à des traditions culturelles qu'à des rites religieux.

Pagode des Parfums à Hanoi, l'un des hauts-lieux du bouddhisme au Vietnam

De cette culture bouddhiste découle une philosophie de vie qui détermine la façon qu'à chacun de penser son rapport à soi et aux autres. Les constats que je fais ne doivent bien sûr par être pris pour des généralités, mais les vietnamiens que j'ai rencontré avaient une attitude reconnaissante et généreuse, bien qu'ayant souvent une vie simple. Le fait d'être aussi bien accueilli en tant que visiteur de l'étranger en est une belle preuve. Il n'est ainsi tout à fait habituel qu'une personne me remercie d'être venu visiter son pays ou qu'un parfait inconnu me pose des questions sur ma culture de façon totalement désintéressée!

La loi du Karma est une intéressante clé d'interprétation pour comprendre cette attitude. En effet, une bonne part de la population croit en cette loi de causes à effets qui veut que chaque action a des conséquences sur le futur. Si l'on en veut la croyance, il est donc primordial de porter attention à tout action qui pourrait attirer un "mauvais" karma. De plus, le concept de résurrection expliquerait que chaque personne naisse avec des conditions différentes en raison de karmas résultant de vies précédentes. Faire le bien autour de soi nous récompenserait donc plus tard dans notre vie, et même au-delà. Au fond, même si on peut rester dubitatif face à cette croyance, il n'y a pas de doute quand aux résultats positifs qu'elle apporte sur la société!

Une société inclusive 

Au Vietnam comme dans de nombreux pays d'Asie, j'ai appris que les valeurs inhérentes à la société se distinguent fortement du monde occidental. Alors que nous avons tendance à tout mettre dans des cases, à créer des groupes (familles, amis, collègues,...) indépendants, l'esprit communautaire (à distinguer du communisme) des vietnamiens ne distingue souvent que peu les limites entre ces mêmes groupes. Il était par exemple très commun au bureau d'inviter la voisine du dessus pour venir prendre le repas avec nous. Lors de sorties entre collègues, il était tout à fait normal que plusieurs amis nous rejoignent, ains que cette même voisine accompagnée de son fils.

Les groupes se mélangent au Vietnam!

Autre élément important: cet esprit communautaire induit aussi une forte solidarité et un sens accru de la famille, à l'opposé d'un certain individualisme pouvant être observé en Europe. En période de crise comme celle dans laquelle nous nous trouvons, je me rends compte que cela joue une différence de taille...

La protection de l'environnement dans un pays en plein boom économique 

Quand il s'agit des questions environnementales, le pays est en constante contradiction entre le besoin de se développer pour améliorer les conditions de vie de ses habitants et l'urgence de trouver des solutions face aux menaces récentes. Car le Vietnam est à la fois l'un des 10 pays au monde avec la plus forte croissance annuelle de PIB, mais aussi l'un des plus vulnérables face aux changements climatiques.

Le premier exemple me venant à l'esprit est la pollution de l'air dans les grandes villes du pays, en particulier à Hanoi, qui a pris depuis peu des proportions dramatiques pour la santé des habitants. Mais en voyageant dans les deltas du fleuve rouge et du Mekong, j'ai pu aussi observer l'impact de l'homme sur les écosystèmes, notamment au niveau des déchets et de la pollution des eaux. Cela rend ces deux régions, les plus densément peuplées du pays, extrêmement fragiles. Ajouté à cela, la menace de la montée des eaux, d'ici 2050 d'après les dernières prévisions, impactera la vie de millions de personnes...

Opération de collecte de déchets dans le delta du Mékong

La liste d'exemples de ce type que j'ai pu observer durant mon séjour est longue, mais ce que je retiens de tout cela est que les vietnamiens peuvent s'adapter très rapidement lors d'une situation de crise (par exemple en cas de guerre ou de pandémie), alors que bien trop souvent les réflexions se font sur le court terme. La présence de déchets un peu partout dans la nature ou l'incinération du plastique à ciel ouvert témoigne de ce phénomène, car ce type d'action n'aura pas d'impact immédiat sur la nature. A contrario, le gouvernement commence à prendre très au sérieux le problème de qualité de l'air, car il atteint désormais à la santé de la population. Des mesures coûteuses auraient pourtant pu être évitées en anticipant le problème...

Réflexions sur soi: voyager autrement

En arrivant dans le centre de yoga où je me trouve actuellement, jamais je n'aurais imaginé une seule seconde que j'y resterais aussi longtemps. J'y avais prévu 5 jours d'initiation à la méditation et voilà que j'arrive gentiment au bout de mon second mois ici, en "confinement amélioré". Ce dernier fait écho avec ce que vivent mes proches au quotidien dont une partie profite aussi de cette période pour méditer, bien que je sois conscient du privilège que j'ai de pratiquer cette discipline dans des conditions exceptionnelles. Au-delà des enseignements tirés du voyage en immersion dans une culture, j'ai donc pu entamer aussi un voyage intérieur et apprendre de nombreuses leçons sur moi-même, notamment sur ma façon de voyager.

Avec un peu de recul, je me rends compte aujourd'hui que j'ai surtout retenu des leçons sur le Vietnam lorsque j'ai vraiment pris le temps de m'imprégner des lieux ou de m'ancrer dans la culture locale. Les petites virées l'espace d'un weekend voire même une journée dans le but de visiter un site touristique ont certes été riches de découvertes et de rencontres, mais ne constituent pas l'expérience que je conserverai pour le reste de ma vie. Je fais donc l'éloge de la lenteur; celle qui nous donne le loisir de changer son rythme de voyage et de se mettre à la même fréquence que les habitants, quitte à supprimer certaines étapes d'un itinéraire. C'est certes plus compliqué à faire lors de vacances de courte durée, mais qu'est-ce-que-c'est agréable! Nombreux ont été les moments où j'ai "dû" quitter un lieu, alors que je m'y sentais bien...

Ce qui me fait rebondir sur un autre aspect intimement lié à ce dernier. La raison pour laquelle j'ai tendance à effectuer ces "sauts de puce" est bien parce que je me projette souvent ailleurs, vers la prochaine destination. Pour beaucoup de monde, l'instant présent est agréable lors d'un voyage (du moins je l'espère), mais il persiste toujours dans le coin de la tête ce désir de se voir déjà à l'étape suivante qui promet d'autres réjouissances. Le problème réside dans le fait que le présent n'a pas la même saveur quand l'on se prend à rêver. Un facteur externe important qui explique ce désir est l'omniprésence de publicités et de contenus sur les réseaux sociaux nous vendant ce rêve comme l'expérience parfaite à vivre.

En outre, selon moi voyager lors d'une longue durée est un excellent moyen de pratiquer le détachement (au sens philosophique du terme). Durant ces 6 derniers mois, je me suis rendu compte que je pouvais vivre au quotidien en me contentant de très peu de choses, notamment en portant toute ma vie dans un sac de 12 kg. J'ai appris progressivement à contenir mon envie de vouloir toujours plus. En plus de cela, je me suis détaché progressivement de l'idée d'un "chez moi", vivant partout et nulle part à la fois. Mais le détachement ne s'arrête pas aux choses matérielles. J'ai aussi appris à être moins affecté par les situations du quotidien; que la vie est faite d'imprévus; que tout ne peut pas être contrôlé et planifié.

Ce détachement, je l'ai aussi pratiqué par le biais du volontariat. En effet, se consacrer à un projet sans attendre rien en retour, en mettant de côté son ego et en se détachant de tout résultat demande certains efforts, mais rapporte tellement de choses d'un point de vue personnel. Aujourd'hui, je continue encore à exercer dans le centre de yoga cette action désintéressée, aussi appelée "karma yoga". Les responsables m'ont ainsi demandé de créer un plan d'action pour réduire l'impact environnemental du centre; Création d'un jardin biologique, ramassage des déchets, utilisation de produits respectueux de la nature et sensibilisation à l'environnement font partie des mesures que nous mettons en place en ce moment même. Un réel sentiment d'agir au bon endroit et au bon moment commence à naître dans mon esprit.

Je réalise désormais le chemin accompli grâce à la vie de yoga que je mène depuis plusieurs semaines. Il est certain que je ramènerai ce bagage immatériel avec moi lors de mon retour en Suisse. Je suis ainsi convaincu que certaines de mes habitudes vont changer de façon pérenne, en particulier en ce qui concerne ma façon de voyager, en me tournant davantage vers diverses formes d'éco-tourisme (respecter l'environnement, soutenir les communautés locales, investir dans des projets culturels, etc.). Ces changements vont probablement aussi s'opérer dans ma vie de tous les jours, mais il est encore tôt pour en apercevoir les effets. Je ne sais pas quand je vais rentrer. Tout était pourtant planifié pour que je reste 3 mois au Vietnam et me voilà entamant mon sixième mois dans ce beau pays plein de surprise, sur mon îlot vert, à l'abri des soucis et des pandémies. Je n'ai jamais été aussi incertain de ce que l'avenir me réservera les prochaines semaines et pourtant, c'est la première fois que je suis certain d'emprunter le bon chemin.

Se reconnecter avec la nature et avec soi-même