Coincée entre la mer Rouge et la mer Morte, la Jordanie est un petit pays aux trois quarts envahi par le désert et longtemps peuplé exclusivement de nomades. Les nombreuses civilisations qui s'y succédèrent y ont laissé de splendides vestiges ; villes romaines, chateaux omeyyades et bien sûr la merveilleuse Pétra.
Aqaba est située dans le sud de la Jordanie, sur la côte de la mer Rouge. Cette ville de 105000 habitants est doublement importante pour la Jordanie; elle est le seul débouché portuaire du pays et elle possède un fort potentiel touristique. Accessoirement, les cinéphiles ou les amateurs d'histoire se souviendront que c'est aussi la ville conquise par Lawrence d'Arabie pendant la première guerre mondiale.
Dès l'amarrage à 7h, le bateau entier est sur le pied de guerre car aujourd'hui est prévue la visite de Pétra, l'un des must de la croisière. Les hésitations (sécurité, chaleur, foule, longue marche d'accès au site) sont balayées pour le plus grand nombre et nous avons même droit a quelques miracles (c'est la veille de Pâques) puisque nombre de croisiéristes qui se faisaient véhiculer prioritairement jusque là, réussissent l'exploit de marcher sur leur deux jambes. 😉
Nous partons donc pour deux heures de bus qui nous permettent d'apprécier un extraordinaire paysage de montagnes arides et par moment lunaire avec d'étranges formations où des roches en forme d'énormes boules succèdent aux pics dentelés. Au passage, nous croisons quelques campements bédouins où le 4x4 a remplacé le chameau et des petits villages écrasés par le soleil.
Impossible de faire sens des quelques phrases prononcées par le guide. En fait, il se cantonne a nous indiquer les horaires toilettes, repas et instructions arrivée et départ. Pour le culturel, il restera google ou le dépliant founi par le site.
Sculptée dans la roche, secrètement cachée à l'abri des montagnes dans un dédale de failles granitiques et stratégiquement placée sur l'ancienne voie empruntée par les caravanes entre Damas et la Péninsule Arabique, Pétra a longtemps été oubliée. Elle est l'héritage des Nabatéens qui s'établirent au sud de la Jordanie il y a 2000 ans. La ville qu'ils bâtirent était admirée pour sa culture raffinée, son architecture et son ingénieux réseau de barrages et d'acheminement de l'eau. Rome qui craignait son influence grandissante annexa le royaume Nabatéen en 106 avant JC. Petra connut alors un regain d'activité commerciale et bénéficia d'ajouts classiques comme les thermes et le théâtre. Vers le Ve siècle, des tremblements de terre et le changement des routes caravanières conduisirent à l'abandon de la ville qui disparut de la circulation pendant plusieurs centaines d'années...jusqu'à la re-découverte du site par un aventurier Suisse qui ayant entendu parler du mythe de la cité perdue convinquit les Bédouins de lui montrer la route en 1812.
Le site est classé en 1985 Patrimoine Mondial par l'Unesco.
Après le passage au détecteur de métaux, nous abandonnons notre guide et pénétrons en rangs serrés dans une gorge étroite entre d'immenses parois rocheuses. Invisible depuis la route, ce corridor pavé, appelé Siq, est la seule voie d'accès pour entrer dans la ville. Il faut se coller aux parois chaque fois que passent les "carriottes" tirées par des chevaux et lancées a toute vitesse. Ce long corridor de plus d'un kilomètre se fraie un chemin entre des falaises de grès rose formées par l'érosion pouvant atteindre 100 mètres de haut.
Au bout du Siq, la vue sur le Khazneth, qui signifie "trésor" en arabe, même si elle a été photographiée et vue des milliers de fois comme l'emblème de Pétra, laisse sans voix. Il s'agit d'une façade d'inspiration corinthienne avec deux niveaux de colonnes, entièrement intégrée à la roche.
Au delà du Khazneh, commence la ville basse avec près de 600 tombeaux creusés dans la falaise dont le tombeau Corinthien, le tombeau à l'Urne, le tombeau à Etages sur cinq niveaux, le temple, les maisons troglodytes, le théâtre. Sur le plan architectural, Petra est une magnifique alliance des influences assyriennes, perses, grecques et romaines mais surtout égyptiennes comme le montrent les tombeaux où les architectes se sont inspirés de l’école d’Alexandrie.
Je marche, je monte des marches et j'oublie le bruit, les ânes, les chameaux, les marchands du temple, les centaines de visiteurs (à midi nous serons 4000 !!), émerveillée par ce décor, par les couleurs et les veinages roses et dorés des facades.
Comme le temps nous est compté, il est impossible d'entreprendre l'ascension des 800 marches qui conduisent au "monastère" ensemble sculpté plus de 40 m de haut.
Le retour par le Siq, en montée et toujours en évitant les charrettes, se fait au pas de course pour respecter les temps indiqués.
Le déjeuner dans un hotel ouvert récemment sur le site est parfait. On voit d'ailleurs pousser partout dans la ville des hôtels de très bon standing.
Nous retournons au bus saturés par tant de beauté avec, pour ma part une pensée triste pour ces animaux qui triment par des chaleurs d'enfer et dans des conditions qui me semblent loin d'être "correctes". Je forme le voeux qu'on interdise les charrettes - par exemple pour les raisons de sécurité - puisque quelques pachas en surpoids ne comprennent pas qu'ils doivent mettre pied à terre quand un petit cheval épuisé s'écroule sous le fouet dans les derniers mètres de la montée en pavés glissants.
Petra est loin d'être le seul trésor de la Jordanie...🤗🤗