Au départ de la cote Atlantique, nous traversons le continent d'un océan à l'autre, jusqu’à l’extrême-orient Russe et retour... 30 000 km en Peugeot 309 par Varsovie Moscou Irkoutsk et le lac Baïkal.
Du 28 juin au 8 septembre 2019
73 jours
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Nous avons choisi de démarrer symboliquement ce voyage depuis la côte Atlantique, dans les Landes lieu que nous affectionnons particulièrement, ainsi c'est au mois d'Avril 2019 que nous démarrons ce long périple, qui devrait nous mener sur environ 15 000 km (pour l'aller) jusqu’à Vladivostok dans l’Extrême Orient Russe, après avoir traversé la plus vaste étendue continentale sur terre. Face au Japon et proche des frontières Nord Coréenne et Chinoise, Vladivostok donne sur la mer du Japon et plus loin sur l'océan Pacifique, longtemps ville interdite, c'est une base navale de la flotte Russe du Pacifique qui est à sept jours de train de Moscou et huit fuseaux horaires de la France. Il y a onze fuseaux horaires en Russie de Kaliningrad au Kamtchatka.

La première étape nous mène de Biscarrosse Plage à Collonges Sous Salève, en Haute Savoie, d'où nous partirons du 28 juin jusqu'au 8 septembre 2019. Le voyage se poursuivra durant 73 jours sur 32 000 km avec le véhicule et les préparatifs que vous pourrez découvrir dans les étapes suivantes.

Vous trouverez avec le lien suivant, un résumé de 8 années de voyage en Russie en train principalement :

https://www.myatlas.com/cielbleu3374/voyage-russie-2012-2018

Avril 2019 - Point de départ : Rond Point de l'Océan à Biscarosse Plage, point le plus occidental. Christophe Maïlys Elena
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Une petite révision s'impose pour la Peugeot 309 de 1991, fidèle auto qui m'accompagne depuis 2000 et qui affiche plus de 610 000 km au départ, dont 490 000 km parcourus ensemble vers de nombreuses destinations auparavant. Faisons les présentations : moteur à essence TU3F (bloc fonte, rare uniquement en 1992) 1360 cm³ de 75CV, conçue à l'origine par feu la marque Talbot, produite de 1985 à 1994 à 1 649 177 exemplaires : fiable.

Révision du train avant et arrière, démontage des freins, suspensions, échappement et cardans, dépose de la boite de vitesse, remplacement de routine de la distribution et de l'embrayage.

Révision 
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Début juin 2019, dernière petite révision avant de partir : remplacement des cylindres des freins arrières, plaquettes de freins avant, triangles avant, cardan gauche (silencieux), vidange à 613 000 km, remplacement des filtre à huile et filtre à air, 4 pneus presque neufs, et sérigraphie Franco-Russe spéciale voyage. Une attention spéciale est portée au train avant qui va parcourir des routes autrement plus difficiles que par chez nous, avec un réseau pas facile à entretenir, et pour cause : une amplitude saisonnière de -40° à + 40°, l'immensité des distances (plus grand pays du monde, 26x la France, 17 M de km2) et la faible densité de population (8.5 hab/km² contre 117 en France).

Puis constitution du stock de pièces détachées en faisant un compromis entre poids et autonomie en cas de panne. En vrac sont embarqués : 1 alternateur + 1 régulateur + charbons, 1 démarreur + 1 jeu de charbons, 1 moto-ventilateur de refroidissement, 2 pompes à essence, 1 pompe lave glace, 1 moteur d'essuie glaces, 1 moteur de ventilation de chauffage, 2 bobines d'allumage, 1 allumeur (delco) + 2 têtes, 4 bougies d'allumage + câbles, 2 tringles de boite de vitesse, les 2 comodos, 1 avertisseur sonore, 4 plaquettes de frein, 2 garnitures de frein arrière, 2 flexibles de frein, toutes les pièces internes du carburateur, 1 soufflet de cardan, joints spi, 1 thermostat, 1 filtre à huile 1 autre à air , 3 courroies, tous les relais, toutes les sondes de T° et de pression, contacteurs de stop et de recul, les silentblocs d'échappement, ampoules, fusibles, du fil électrique, 1 assortiment de boulons et vis, des durites de différents diamètres, un lot de mèches pour les crevaisons, 2 vitres de phare avant et 2 feux avant, un jeu de coussinets de vilebrequin, un lot d'outils étudié pour affronter les réparations les plus lourdes, de la pâte à joint, du répare radiateur. Seule une casse moteur nous immobiliserait.

Sont obligatoires en Russie dans les véhicules : pharmacie, barre de traction ou corde, lot d'outillage, une chasuble jaune par personne, triangle, extincteur, ampoules et câbles de démarrage. Concernant l'alcool : tolérance zéro.

Pour entrer en Russie la voiture sera enregistrée, je ne pourrai sortir sans, en cas de casse, il faudrait faire dresser un constat de police et apurer la situation douanière de la voiture, parés au pire nous sommes prêt à continuer le voyage sans la voiture, partant avec 3 sacs à dos pour nos affaires personnelles et une tente. Un Atlas de la Russie, un code de la route Russe et une revue technique nous accompagne aussi.

Préparation mécanique 
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1890 km depuis le départ.

Vendredi 28 juin 2019.

Ce matin à 05h après environ 1km... nous entrons en Helvétie. Il fait déjà 25°.

Traversée rapide de la Suisse en direction du Lac de Constance, via Berne et Zurich.

 Frontière Franco-Suisse

A 09h30 entrée en Allemagne à Konstanz et traversée du lac de Constance (ou Bodendsee) avec le bac Konstanz-Meersburg Am B. Direction Munich, puis la frontière Tchèque. Il fait moins chaud ici.

 Frontière Suisse / Allemagne - Le lac de Constance

Petit bain dans le lac de Constance sur l'autre rive, puis traversée de l'Allemagne longue et éprouvante, 30° tout de même, beaucoup de circulation autour de Munich et au sud de Nuremberg. Partis à 5h et arrivés à 19h au camping de Karlstejn en CZ, très joli endroit qui nous a déjà servi d'étape auparavant (en 2010 en allant au Cap Nord), à 15km de Prague au bord de la rivière Berounka.

Pour la République Tchèque, nous avons acheté une vignette autoroute et changé quelque couronnes (CZK) pour assurer le ravitaillement. Un euro pour 25 couronnes.

 Frontière Allemagne / République Tchèque
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2610 km au total

Très bonne nuit dans ce camping, 10° au réveil, petit bain dans la Berounka puis nous repartons vers le nord-est en direction de Varsovie.


Après avoir traversé la plane République Tchèque via Prague, nous arrivons à Náchod, à la frontière Polonaise, marquée par le massif des Sudètes, à environ 1000 m d'altitude. Nous y trouvons un peu de fraîcheur avant de redescendre dans l'immense plaine Polonaise, où nous retrouvons un bon 30°, nous continuons vers Wroclaw via Ząbkowice Śląskie. 1 € = 4 Zlotys.

Frontière République Tchèque / Pologne 

Arrivée à 18h vers Varsovie pour la nuit, dans un camping très propre et agréable, un peu au sud de la ville pour 50 zlotys. Ce soir 17°, ça fait du bien.

D'une manière générale nous avons utilisé un réseau routier en superbe état avec de belles infrastructures et une signalisation parfaite, agréable à rouler.

Nous avons quitté le sud de la Pologne et ses reliefs doux pour traverser une grande plaine dédiée aux cultures puis de grandes forêts de pins (sylvestres) au centre.

 En allant à Varsovie
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3430 km au total.

Lever à 5h ce matin par 17°, direction le centre de Varsovie pour une visite matinale dans une ville presque déserte.

D'abord, l'incontournable tour d'architecture soviétique : le palais de la culture et des sciences, datant de l'époque du pacte (de Varsovie) construit en 1955, 237m de haut, 3288 pièces. Puis le centre ville historique, très beau même si réduit du fait des destructions issues de la deuxième guerre, quelques traces subsistent, impacts et plaques en mémoire du ghetto, 84% des bâtiments furent détruits.

Varsovie 

Varsovie, 1,8M d'hab., est la capitale de la Pologne depuis 1596, bordée par le fleuve Vistule, long de 1047 km qui s'écoule vers la mer Baltique.


 Varsovie

Nous partons ensuite de Varsovie vers 9h en direction du nord-est toujours, d'ailleurs les jours s'allongent avec la latitude (nous sommes proche du solstice d'été), ce soir nous aurons une clarté durant toute la nuit.

La partie nord de la Pologne est également très plane, plus boisée, la très belle autoroute puis route, est tracée en ligne droite à travers les pins et quelques cultures sur 400 km jusqu'à la frontière de la Lituanie, via Bialystok, en longeant la Biélorussie. Beaucoup de cigognes ici. Nous passons nos derniers zlotys dans le réservoir de l'auto. Il fait 28°, ça chauffe pas mal, pas de climatisation dans la Peugeot.

Entrée en Lituanie à 14 h, nous passons à côté de l'enclave Russe de Kaliningrad (Калининград), le pays est plat avec beaucoup de cultures de céréales, encore beaucoup de cigognes comme dans tous les Pays Baltes.

Les routes se dégradent, il faut plus de temps pour avancer. On recule un peu dans le temps, les voitures en circulation sont plus anciennes, les paysans travaillent avec des tracteurs antédiluviens voire des voitures à cheval. Les villages sont comme figés, tout semble plus calme.

Frontière Pologne / Lituanie 

Nous rentrons maintenant en Lettonie, nous enchaînons les lignes droites sans fin, parfois 80 km, nous passons par Daugavpils, et après 810 km, nous nous arrêtons à Aglona vers 21h dans un camping très simple au bord d'un grand lac à l'écart de tout, après 2 km de route non goudronnée, calme assuré. Il nous reste 150 km demain matin pour rejoindre la frontière Russe à Teherova, alors il faudra attendre, parfois 10h à ce poste (comme c'était le cas aujourd'hui), un site permet de connaître le nombre de voitures en attente et le temps pour passer. 110 voitures sont passées aujourd'hui. Petite appréhension, c'est une étape importante, le grand saut.

 Frontière Lituanie / Lettonie
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3810 km au total

Depuis hier en Lituanie, nous avons une heure de décalage avec la France.

Ce matin lever à 5h, nous rangeons la voiture proprement, en route pour la frontière russe, nous parcourons 130 km dans la zone frontalière avec la Biélorussie puis la Russie, et là, mauvaise surprise : 25 km de piste en gravier nous ralentissent, et nous ne tardons pas à être interceptés par une patrouille de gardes frontières Lituaniens, nous demandant de bien rester sur le chemin.

Attente à la frontière Lituanie / Fédération de Russie 

Nous arrivons à la douane de sortie lettone à 08h15, établissement d'une fiche de circulation pour la police, la douane et le service vétérinaire. Nous restons à l'arrêt jusqu'à 11h, nous passons le contrôle de police et de douane LV présentation de la voiture : portes, capot et hayon ouvert pour chaque véhicule, 20 minutes environ pour nous, le temps de récolter nos tampons sur la fiche de circulation que nous rendons au check-point de sortie.

À savoir que la plate-forme ferme chaque jour de 8h à 9h et de 20h à 21h pour les relèves, et de 13h à 14h pour le repas.


 En Russie !

Nous franchissons la frontière physique, maintenant nous avons le droit de faire la queue pour l'entrée en Russie de 11h20 à 15h20, soit seulement 7h d'attente en tout, c'est raisonnable. Premier check-point pour remplir la fiche d'immigration, ratures interdites, je suis un peu tendu, il faut écrire bien et dans les petites cases, je me trompe une fois, puis deux, puis trois... le garde frontière russe est rapidement excédé, je recommence trois fois, je m'applique terriblement. Muni du sésame nous pouvons aller faire une troisième queue de quelque heures, au contrôle de police puis à la douane.

Nous sommes séparés en deux flux : Russes est autres. Peu de Russes, beaucoup d'étrangers travailleurs Lettons ou de rares touristes.

Le contrôle de police se passe bien, fiches bien remplies, passeports et visas en règle, enregistrement du véhicule, j'obtiens mon premier tampon Russe par la route sur mon passeport, la 309 découvre un nouveau pays.

Nous pouvons rejoindre l'aire de contrôle de douane (таможенная служба), ça se complique. Il faut rédiger une déclaration chacun, écrite en cyrillique, heureusement Elena les avait préremplies, c'est la galère pour les étrangers autour de nous.

Étant le chauffeur, je dois déclarer la 309, valeur retenue : 700 euros, un service me délivre un document en cas de contrôle par la police de la route et pour la réexportation obligatoire à la fin du voyage.

Nous sommes pris en charge par un gradé de douane en bel uniforme équipé d'une caméra sur la chemise et d'un appareil photo, rejoint par une agente de douane en tenue de travail. Celle-ci est équipée de matériel de fouille, nous présentons à nouveau le véhicule toutes ouvertures bâillantes. L'agente fait le tour méticuleusement, inspecte le dessous et donne les injonctions, nous vidons ainsi tout le coffre. Son collègue prend des photos du véhicule, du chargement, coffre plein et coffre vide.

Chaque véhicule subit le même sort, peu importe la queue en amont, nous sommes arrivés assez tôt, derrière nous la file est immense maintenant.

Nous récupérons le précieux document d'enregistrement concernant la 309, et c'est presque terminé, nous franchissons encore 2 check-points de sortie, qui vérifient que nous avons effectués toutes les démarches. Nous voici en Russie ! Une photo devant la borne frontière, puis nous filons sur une route déserte (la M9 Baltiya-Балтия) , laissant dernière nous d’interminables files de véhicule bloqués à la sortie de Russie.


 Fin des formalités

C'est parti ! Depuis la frontière nous sommes à 600 km de Moscou, mais nous passerons plus au nord.

 En avant, plein Est !

Direction Velikié Louki (Великие Луки) pour une petite visite de cette ville datant de 1166, appartenant à l'Oblast de Pskov (Псков) où eurent lieu de violents combats de 1941 à 1943, dont l'encerclement de 7 000 allemands retranchés dans une forteresse ancienne qui a provoqué la destruction de la ville. Cette ville de 100 000 hab. est traversée par la Lovat ( Ловать). Ensuite nous recherchons un lieu pour dormir 35 km après la ville. Le camping sauvage n'est pas très difficile tellement il y a de place, mais il y a tellement de moustiques ! La Berce (géante) du Caucase est omniprésente, attention : toxique !

Velikié Louki 
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4510 km au total, une heure de décalage.

Départ à 7h ce matin. Nous reprenons la M9, belle route très bien aménagée, en direction de Moscou (Москва) par une grande ligne droite sur 200 km à travers la forêt, ici ont été livrés de durs combats lors de l'invasion allemande, avant de bifurquer 200 km avant Moscou, en direction de Rjev (Ржев) au nord-est, là nous découvrons un revêtement beaucoup moins bon et même critique vers Rjev dans l'oblast de Tver (Тверь). La 309 vibre en tous sens durant des heures…

Rjev est une des douze ville héros de l'URSS, il s'y est jouée la bataille du même nom, engageant en tout 3,4 M de combattants. Forte de 60 000 hab., elle est traversée par la Volga (Волга) qui s'écoule sur 3700 km vers la Mer Caspienne. Nous en profitons pour nous ravitailler au marché et pour nous procurer des cartes SIM russes (Megafon), et installer une caméra embarquée, qui filme la route en boucle de 5 minutes, en cas de pépin : un accessoire fort usité en Russie.


Rjev 

Nous continuons en direction de Tver, toujours vers le nord, par une très mauvaise route. Passage par Staritsa (Старица) et son monastère, ville fondée en 1297 sur le cours supérieur de la Volga. Elle fût occupée par les Allemands de 1941 à 1942.

Staritsa 

Nous passons Tver (Тверь) rapidement en direction de Kaliazine (Каля́зин), sur des routes épouvantables, est sous des orages à l'échelle du pays. Nous essuyons une alternance de gros orages et d'éclaircies intenses, la fête pour les moustiques, dans ce pays plat et marécageux. À Kaliazine nous admirons la retenue de la Volga. Nous faisons le plein de SP95 pour 42 roubles par litre (1€ = 75 RUB). Puis nous continuons vers le sud-est pour une nuit en hôtel, trouvée au dernier moment pour 1300 RUB à Serguev-Possad (Сергиев Посад), belle ville connue pour son monastère.

Kaliazine 
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5360 km au total, une heure de décalage.

Départ 06h30 ce matin après un passage devant le célèbre monastère de la Trinité Saint Serge. Direction Vladimir, 200 km de routes russes demandant de la concentration pour éviter les nids d'autruche à grande vitesse (90 km/h autorisés sur voie à double sens) qui seraient fatal au train avant. Il faut calculer les croisements à 3 sur des routes à 2 voies... A part cela conduite facile, il y a beaucoup d'ouvrages pour protéger les villages et les traversées de piétons, ralentisseurs et radars systématiques en village et nombreux en agglomération, ainsi que pas mal de contrôles par la police de la route, la ДПС. Pour l'instant même si nous sommes observés attentivement, pas de contrôle. Alternance d'averses intenses et de soleil, il fait 13° ce matin de juillet.

 En route pour Vladimir

Après 200 km et 3 h de route, nous arrivons à Vladimir pour une petite visite, sauf que... oubli de mon passeport, espèces, CB, carte grise, SIM du tel, etc... à l'hôtel. Retour à Serguev-Possad, en priant à l'approche de chaque contrôle de ДПС, nous n'avons aucun documents pour la voiture ni pour moi, l'hôtelier nous donne le sac oublié complet, trouvé dans la chambre. Remerciement par une bouteille de vin rouge de Bordeaux. Comment faire 600 km pour 200... Nous relativisons, en rapport à la taille du pays. Nous continuons donc seulement jusqu'à Nijni-Novgorod, pour y passer la nuit, par la route M9, 2x2 voies limitée à 90 km, pas mal chargée en poids lourds. S'échelonnent régulièrement des postes fixes de la Дпс ou s'opèrent des contrôles aléatoires.


Arrivée sous de grosses averses à 21h à Nijni-Novgorod où nous dégotons rapidement un appartement parfaitement équipé, pour 1200 RUB. Maintenant nous commençons à rentrer dans le voyage, après une interminable traversée de l'Europe de l'Ouest sous la chaleur, une fois l'appréhension passée de la frontière Russe et de la conduite en Russie, nous sommes maintenant organisés. Chaque chose a trouvé sa place dans la 309 grâce à un rangement millimétré et immuable de l'auto, nous sommes au point pour nous sustenter et abreuver la voiture, ainsi que pour la gestion du logement le soir venu, nous espérons ressortir la tente bientôt, une fois le climat devenu plus sec.

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6080 km au total, une heure de décalage.

Lever à 6h30, le soleil brille déjà fort, il se lève très tôt ici. Ce matin visite de la ville Nijni-Novgorod (Нижний Новгород), anciennement Gorki (Горький) : c'est un écrivain de l'époque soviétique. La ville est arrosée par la Volga (longue de 3700 km) et son confluent l'Oka (1500 km) 1,3M hab., fondée au Moyen-Âge, puis victime d'invasions Tataro-Mongole. Grande activité économique ensuite, grâce à la Volga navigable, et encore maintenant avec l'usine automobile GAZ (Gorkovski Avtomobilny Zavod) construisant autobus et camions, ainsi que l'usine d'aviation MIG (Mikoyan-Gourevitch) et le chantier naval. Bien que loin du front Germano-Soviétique, la ville a été intensément bombardée de 1941 à 1943 par la Luftwaffe, car c'était l'une des principales villes contributrices à l'effort de guerre, pouvant équiper plusieurs divisions chaque jour de production par son industrie puissante. La ville devint ensuite ville interdite, en raison de sa production militaire de 1959 à 1991. La ville est agréable, le relief et les rives y contribuent. Théophile Gauthier disait : "Comment peut-on vivre sans avoir vu Nijni Novgorod", alors à vous de voir ! Le monument à Tchkalov (Валерий Павлович Чкалов) : aviateur émérite, héros de l'URSS, qui a réussi en 1936 la traversée sans escale (9374 km en 56h) de Moscou à Petropavlovsk (Петропавловск-Камчатский) au Kamtchatka en Antonov 25, et celle de Moscou à Vancouver par le pôle Nord en 1937, sans escale sur 12000 km dans le mauvais temps ! La ville d'Orenbourg (Оренбург) fût un temps rebaptisé Tchkalov.

Nijni-Novgorod 

Nous partons vers l'Est, en direction de Ijevsk (Ижевск) via Kazan (Kазань) ville que nous avions visité en 2017 en train. Nous traversons la République de Tchouvachie (Чува́шская Респу́блика), peuplée notamment auparavant par les Bulgares de la Volga, la capitale en est Tcheboksary (Чебоксары).

La fédération de Russie comprend 85 sujets, dont 21 républiques et 46 oblast (régions)

Les distances s'allongent, Perm est à 1000 km, nous y serons normalement demain, nous faisons le plein de légumes et de fruits auprès d'une babouchka sur le bord de la route, tout est à vendre sur les bords des routes, légumes, baies, champignons, lait frais...

 Sur la route

Chaque jour nous rencontrons notre lot de travaux, et d'attente prolongée, c'est la saison propice pour les chantiers qui sont à l'échelle du pays et s'étendent sur des dizaines de km. Premier contrôle par la Дпс, nous sommes inquiets, tout se passe bien, contrôle des documents par un agent fort aimable, et plutôt intrigué par notre équipage.

Contournement de Kazan et passage de la Volga 

Nous entrons ensuite en République du Tatarstan (Татарстан Республикасы) et faisons une halte au monastère de Sviajck-Свияжск (fondé en 1551 par Ivan le terrible) et nous contournons Kazan la capitale. Nous roulons au nord-est jusqu'à la nuit qui tombe tôt (nous sommes au bout du fuseau horaire côté Est, demain nous changeons d'heure, cela sera plus agréable le soir). Nous traversons un paysage de derricks en mouvement et de torchères, avant de trouver une petite chambre, à petit prix, en bord de route, nous sommes à 160 km de Ijevsk, à Munayka (Мунайкa) près de Mendeleïevsk (Менделеевск). Nous sommes dans le rayon de Mendeleïev, la pancarte d'entrée et assez grande... Les "rayons" sont des divisions administratives des l'oblast. Dmitri Mendeleïev (Дмитрий Иванович Менделеев), chimiste Russe, est le père du tableau des éléments périodiques, il a travaillé ici, une ville porte son nom.

 Monastère de Sviajck - Rayon de Mendeleïev
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6620 km au total, trois heures de décalage.

Ce matin le soleil brille dès 4h00, on se lève tôt, mais la fatigue se fait sentir. Départ vers Ijevsk ( Ижевск) au travers d'un paysage agréable, il fait 15°. Le paysage est parsemé de derricks où flotte une odeur de naphte. Nous quittons le Tatarstan pour entrer en République d'Oudmourtie (Удму́ртская респу́блика), les Oudmourtes sont un peuple autochtone proche des Komis. De ce fait nous changeons d'heure, nous avons maintenant 2 h de décalage avec la France.

En Oudmourtie 

Nous arrivons à Ijevsk anciennement Oustinov (Дмитрий Фёдорович Устинов, Ministre et Maréchal de l'Union Soviétique), après 160 km d'une bonne route toujours vers le nord-est. Malgré son intense activité industrielle, cette ville de 650 000 hab. sur le bord la rivière Ij, est intéressante. Fondée au XVII ème siècle pour la sidérurgie, elle produisait à l'époque soviétique des armes, voitures, motos et machines-outils. Forte contributrice à l'effort de guerre, elle fut déclarée ville fermée après guerre pour des raisons stratégiques. C'est ici à l'usine Ijmach qu'a été conçu et produit le fusil AK47 Kalachnikov, par Michaël du même nom. Un musée lui est consacré, il est mort à Ijevsk en 2013. Autodidacte ingénieux il avait conçu cette arme durant la guerre après une blessure sur le front de Briansk (Брянск), elle n'a pas été retenue durant le conflit, mais adoptée pour équiper l'armée rouge et les pays de l'URSS à partir de 1947, d'où son nom : Автомат Калашникова « Avtomat Kalachnikova » modèle 1947. Réputée avant tout pour sa fiabilité légendaire et son calibre intermédiaire. Hugo Chávez à visité l'usine en 2006. Nous visitons la superbe cathédrale, puis le musée Kalachnikov, avec séance de tir à l'Ak47, achats de quelques souvenirs et nous reprenons la route direction Perm, au nord-est.


 Ijevsk - Musée Kalachnikov

En allant vers Perm nous rencontrons une belle route vallonnée et sinueuse, l'approche de la chaîne de l'Oural se fait sentir. Nous n'avançons pas très vite d'autant que l'état de la route se dégrade, les paysages deviennent nordiques, nous sommes au point le plus septentrional de notre parcours. Nous entrons dans le Kraï (край, équivalent de l'oblast, 9 dans la fédération) de Perm (Пермь), et nous changeons encore d'heure, les fuseaux ne sont pas découpés géographiquement mais par région. Nous avons 3h de décalage maintenant, mais nous sommes mieux en phase avec le soleil, même si notre journée est amputée de 2h. Si tout se passe bien nous aurons franchi l'Oural demain, et nous serons en Asie et en Sibérie aussi ! Sur le chemin nous achetons des fraises des bois, des mûres arctiques et des champignons au bord de la route avant de trouver un appartement très bien équipé pour 1000 RUB en périphérie de Perm.

Arrivée à Perm 
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7260 km au total, trois heures de décalage.


Ce matin nous visitons Perm (Пермь) autrefois appelée Molotov de 1940 à 1957 (Вячеслав Михайлович Молотов membre du Politburo de 1926 à 1957), 1M d'hab, bordant la rivière Kama sur les contreforts de la chaîne des Monts de l'Oural, ancienne ville métallurgique, où se sont installées de nombreuses usines déplacées à l'Est durant la guerre. Le dernier goulag y a fermé ses portes en 1988 (Perm 36). On y produit des moteurs d'avion entre autre. La Kama (1800 km) y est très large, elle se jette dans la Volga.

 Perm

En route ! Nous partons au sud-est par la très belle R 242 en direction de Iekaterinbourg (Екатеринбург), le paysage est de plus en plus vallonné, en effet nous traversons bientôt l'Oural. Nous rencontrons le panneau d'entrée dans l'Oblast de Sverdlovsk (Свердло́вская о́бласть). Je m'habitue à la conduite, se croiser à 3, être doublé par la droite, le faire aussi... être attentif aux piétons qui traversent les voies rapides, identifier les très nombreux radars fixes à presque chaque carrefour, et aussi les nombreux mobiles qui sont sur des véhicules gérés par une société privée. Forte présence de la Дрс le long de la route, pas de contrôle pour nous. Les grandes portions dégagées sont agréables, cependant il y a beaucoup de villages qui ralentissent notre croisière automobile.

Entrée dans l'Oblast de Sverdlovsk 

A 15 km avant Iekaterinbourg, nous arrivons à la frontière géographique entre l'Europe et l'Asie, qui, selon la définition du Général De Gaulle "L'Europe de l'Atlantique à l'Oural", suit le tracé de la chaîne de l'Oural traversant la Russie du nord (mer de Kara) au sud (steppe du Kazakhstan) sur 2500 km. S'y trouve une stèle marquant symboliquement la séparation, faite de pierres venant du détroit de Béring (face à l'Alaska) pour la partie Est, et de pierres du cap "Cabo de Roca" le plus occidental du Portugal pour la partie Ouest. Il y a un peu de mystique ici, en effet beaucoup attachent des rubans dans les arbres, d'autres boivent une bouteille de champagne y enferment un souhait, scellent la bouteille, et l'entrepose.

Nous voilà en Asie et en Sibérie !

 Passage de l'Oural entre Europe et Asie

Nous contournons Iekaterinbourg, car nous sommes déjà venus ici en train en juillet 2017 et en février 2018, j'y séjournais également en 2012. Nous roulons jusqu'au soir sur la R351 et à 200 km de Tioumen (Тюмень), proche de Kamychlov (Камышлов), nous cherchons un endroit pour dormir au milieu de l'immensité (c'est peu dire) de la campagne russe. Ce n'est pas aisé car il y a peu de chemins, seulement des accès aux champs pour des engins démesurés. Nous dormons finalement dans un champ de camomille (ромашка) la 309 réalise des prouesses de franchissement, c'est le prix de la tranquillité. La météo semble plus clémente, moins fraîche qu'auparavant, mais d'énormes nuages d'averses guettent. En prévision du campement, nous transportons en permanence 15L d'eau pour assurer la douche et la cuisine.


 Bivouac
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7810 km au total, trois heures de décalage.

Après une bonne nuit, nous repartons inexorablement vers l'Est. Direction Tioumen (Тюмень) et au delà. Quelques véhicules russes : aujourd'hui la marque UAZ (УАЗ : Ульяновский автомобильный завод, Oulianovski Avtomobilny Zavod) à Oulianovsk donc. Qui produit depuis 1941 de bons véhicules tout terrain, déclinés ensuite en Hunter puis Patriot pour le UAZ 459 (jeep), le 452 (fourgon) est toujours commercialisé modernisé, très répandu notamment pour la poste, les ambulances… Adaptés au réseau secondaire et aux pires conditions.

 UAZ 459 et 452

Nous entrons dans l'Oblast de Tioumen, 1ère région pétrolière et gazière de Russie. Tioumen, dans la plaine de Sibérie occidentale, 650 000 hab., au bord de la Toura (Тура) 1030 km, qui se jette dans le Tobol (Тобол) rivière de 1600 km affluent du fleuve Irtych. C'est une ville à très bon niveau de vie qui concentre beaucoup d'activités pétrolières et gazières (Gazprom, Lukoil, Yukos...). Le corps de Lénine y fut déplacé provisoirement pendant la guerre, tandis que la ville produisait de nombreux équipements militaires. La ville est vraiment apaisante, la conduite y est plus calme, l'environnement est agréable, Tioumen jouit d'un climat plus doux. Après un contrôle de la Дпс par un policier fort aimable, nous visitons la ville et ravitaillons, il fait une vingtaine de degrés, avec toujours ce ciel parsemé de nuages blancs, qui fait de superbes photos. Des voitures nous klaxonnent, et nous adressent des signes amicaux. C'est encourageant car nous commençons à nous sentir loin de chez nous avec notre automobile exotique.

 Tioumen

La 309 reprend sa route vers l'Est, je ne parle plus des longues lignes droites, car c'est la norme ici, en centaines de km. Nous allons vers Ichim (300km) dans l'espoir d'y loger pas trop tard pour se reposer un peu. Demain, direction Omsk.

Nous longeons d'immenses parcelles agricole

Nous relâchons dans un petit hôtel à Ichim (Ишим), sympathique petite ville de 65 000 hab. fondée en 1687. D'où est partie Praskofia Lupolova, 18 ans, en 1803 à pied vers Saint-Pétersbourg, pour défendre la cause de son père déporté à Ichim par le Tsar Alexandre 1er. Elle mit un an, d'une éprouvante épopée, elle apprit à lire et à écrire durant son voyage, et son père fut gracié. La ville est tranquille et agréable, il y a beaucoup de restes de mammouth ici, la rivière en charrie, les baigneurs trouvent d'immenses os au fond de l'Ichim affluent de l’Irtych.

 Ichim
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8530 km au total, 5h de décalage.

Départ à 7h ce matin par beau temps, 20°, c'est parfait pour rouler, nous empruntons sur plus de 300 km la R402 en direction de Omsk (Омск) l'habitat est moins dense, la route est bordée de marais et de forêts de bouleau. Celle-ci s'appelle l'Irtych-Trakt. Auparavant nous étions sur l'Oural-Trakt.

À l'entrée dans l'oblast de Omsk, nous perdons de nouveau une heure, soit 4 heures de décalage avec la France. Notre journée sera plus courte. Nous visitons la ville où nous nous étions brièvement arrêtés en train en février 2018. Omsk, 1,18M d'hab, est traversée par la rivière Irtych (Иртыш) qui coule du sud au nord longue de 4250 km ! Elle rejoint l'Ob (Обь) ensuite, soit 5410 km jusqu’à l’embouchure dans la mer de Kara. Navigable depuis la Chine elle contribue à l'activité économique de la ville avec son grand port fluvial. Le transsibérien passe aussi à Omsk. La ville a été fondée en 1716 pour asseoir l'influence Russe sur cette partie de la Sibérie et la protéger des raids mongols. Durant la guerre sa population a été multipliée par trois, elle produisait notamment des chars, elle resta ainsi ville fermée jusqu'en 1990. Gazprom y est installé, la pétrochimie s'y porte bien. Une usine y produit des moteurs d'avion. Le climat y est continental sec, avec 300 jours de soleil par an.

 Omsk

Nous visitons le centre ville et ravitaillons en magasin, puis filons à la plage tout confort au bord de l'Irtych, l'eau est plutôt bonne pour un fleuve de Sibérie qui gèle en hiver, il y a un fort courant. Il fait chaud maintenant : 25°. On se sent bien dans cette ville.

L'Irtych à Omsk

Nous sortons de la ville, par une route défoncée en direction Novossibirsk, il faut toujours se concentrer en ville, la conduite n'est pas facile. Il faut gérer les trolley bus et les tramways, entre autres. Nous faisons un arrêt devant l'usine de moteurs d'avions et de propulseurs pour admirer un Sukhoï 17 (Cухой)

 Omsk

16h30, en route pour Novossibirsk à 600 km de là, nous contournerons la ville, que nous avons bien visité en février 2018, et nous allons certainement faire un grand crochet demain vers le sud, de quatre à cinq jours dans le massif de l'Altaï, car nous avons une petite avance. En effet Vladivostok se trouve en théorie à 5825 km de Novossibirsk. Avant cela nous allons chercher une solution pour dormir ce soir, sachant que le temps est clément, mais que les abords de la route ne sont que marécages depuis Omsk. Pas facile pour le camping. Toujours pas vu une seule plaque d'immatriculation d'Europe Occidentale sur la route, des voyageurs Russes nous encouragent en nous dépassant dans un gros UAZ. Surprise ! en entrant dans l'Oblast de Novossibirsk, nous perdons encore une heure... - 2 h aujourd'hui, 5 h de décalage avec la France, et la journée qui se termine plus vite que prévue. Nous roulons tard ce soir, "à la fraîche" dans un paysage de marais infini, ça sent presque la mer, il y a des mouettes, alors que nous sommes à un des endroits les plus éloignés de toute mer sur terre, au milieu du continent Eurasiatique. Nous terminons dans une petite chambre d'un hôtel routier en bord de la route près de Barabinsk (Барабинск).

Entrée dans l'Oblast de Novossibirsk 
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9110 km au total, 5 heures de décalage.


Lever plus difficile ce matin avec le décalage qui s’accumule, 17°, légère pluie, nous partons vers... l'Est, et arpentons 300 km de route correcte jusqu'à Novossibirsk au milieu des marais. En fait, Omsk-Novossibirsk c'est 600 km sans village d'une route en talus au dessus des marais, la nature est belle, il y a beaucoup d'oiseaux, mais en cas d'arrêt, gare aux taons et aux moustiques !

En route pour Novossibirsk 

Nous contournons par des routes difficiles de circulation et de poussière, la grande Novossibirsk, (Новосибирск) 1.5 M d'hab., que nous avions beaucoup appréciée en février 2018, par - 26°, aujourd'hui il fait 28° et nous cherchons une plage après avoir traversé le barrage sur l'Ob. Ici, "la mer de l'Ob" fait plus 1000 km². L'Ob (Обь) avec un bassin de 3 000 000 de km² coule du sud au nord et prends sa source dans les Monts de l'Altaï, il se jette dans la mer de Kara non loin de Salekhard (Салехард). En se garant pour l'admirer, nous rencontrons notre premier véhicule étranger en 8000 km, un couple de Français ! ils vont en Mongolie pour 50 jours, en 4x4 Land Rover (trop facile !) ils sont entrés par la même douane que nous, ils ont patientés 17h à la frontière. Nous continuons sur le Tchouïski-Trakt qui parcourt environ 1000 km vers le sud, cette route mythique traverse le massif de l'Altaï et permet de se rendre en Mongolie, connue des voyageurs d'Asie centrale, elle permet notamment de relier le Kazakhstan à la Mongolie en passant par la Russie, car ces deux pays n'ont pas de frontière commune. Nous nous baignons finalement dans un bras de la mer de l'Ob, un bain bienvenu, il fait très chaud en voiture.

 La mer de l'Ob Oblast de Novossibirsk

Après s'être éloignés de Novossibirsk plein sud sur plus de 200 km et avoir contourné la ville de Barnaoul (Барнаул), nous trouvons un superbe endroit au bord d'une rivière en pleine campagne pour se rafraîchir et bivouaquer à Pokrovka (Покровка), le long de la Losikha (Лосиха). Demain nous espérons être dans le massif de l'Altaï (Алтайские горы), c'est un petit détour, qui nous coûtera facilement 1600 km. Nous irons en direction de Gorno-Altaïsk (Горно-Алтайск) puis de Aktach (Акташ) au cœur du massif.

Kraï de l'Altaï 
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9710 km au total, 5h de décalage.

Départ tôt ce matin, vers 7 h après avoir plié la tente sous une petite pluie par 16°. Nous sommes fermement décidés à aller dans le massif de l'Altaï, nous partons plein sud vers Biïsk (Бийск) puis Gorno-Altaïsk (250 km), la porte d'entrée du massif. L'Altaï, situé au sud de la Sibérie, est un massif de 2000 km de long sur 600 km de large ! À cheval sur 4 pays : Russie, Chine, Kazakhstan, Mongolie, et culminant à 4506 m. Après le Kraï de l'Altaï hier, nous entrons en République de l'Altaï, peuplée de Russes (54%) et d'Altaïens très typés Mongol, absolument sympathiques et toujours souriants. Arrivés à Gorno-Altaïsk, nous nous enfonçons sur 350 km à l'intérieur du massif par la route Tchouïsky Trakt en direction de la Mongolie. Quelque part ça fait du bien de retrouver du relief et des routes qui tournent. Les premiers reliefs sont doux, la vallée que nous remontons est habitée par moment, les vallées autour sont vierges. l'Altaï est très large et il s'élève doucement.

République de l'Altaï 

Après un premier col, une deuxième vallée, nous entrons dans le massif, nous ne sommes pas déçus, la nature est immaculée et immense ! La sensation de grandiose est agréable.

La route est très roulante, mais attention aux animaux, ici vaches, moutons, chevaux et yacks sont en liberté...

Sur la route de l'Altaï 

Après un deuxième col, nous atteignions une troisième vallée que nous allons remonter longuement jusqu'à Aktach, notre destination. Nous remontons la Tchouïa (Чуя) longue de 520 km. Le paysage devient fabuleux à parcourir pour nous, et donne des envies de Mongolie et d'Asie centrale.

Le long de la Tchouïa 

Nous arrivons à 20h à Aktach, 1750 m, sous un crachin frais (16°), il y a beaucoup de camping ici, mais nous n'avons pas envie de planter la tente, nous trouvons une hutte, et réservons 1 h de sauna pour ce soir, bonheur assuré : toilette et remise en forme. Aktach est un village de 4000 habitants, une étape vers la Mongolie. Des gisements de mercure y ont été exploités à partir de 1942. En 2003 un tremblement de terre a endommagé le village. Pour nous le Tchouïsky-Trakt s'arrête bientôt, nous sommes à 150 km de la frontière Mongole à Tachanta (Ташанта), la frontière est à 2000 m d'altitude. Mais nous n'avons pas le droit d'aller beaucoup plus loin, c'est la zone frontière, il nous faudrait présenter un visa Mongol pour continuer, ou demander 30 jours à l'avance une autorisation à la 75ème brigade des troupes gardes frontières de l'Altaï à Aktach. Nous ferons demain encore les quelques km autorisés jusqu'à Koch-Agatch (Кош-Агач) pour essayer de voir les hautes montagnes si le temps le permet.

Gorno Altaïsk 
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9970 km au total, 5 h de décalage.

Ce matin grasse matinée, la première, lever 8h, il fait 8°, il pleut, la neige n'est pas loin sur les sommets au dessus, en route pour Koch-Agatch (Кош-Агач), à 110 km d'Aktach, nous continuons le Tchouïsky Trakt, jusqu'à la zone frontière qui fait 70 km de largeur. Une fois de plus nous ne sommes pas déçus par les paysages, la route est un vrai bonheur de grands espaces et de nature.

 Altaï

Seul bémol, le temps est maussade, c'est fort dommage, car depuis la haute steppe de la Tchouia que nous allons parcourir, on peut voir en temps normal les hauts sommets de l'Altaï dont l'Ak-Tur (4075m) ou le Macheï-Bachi (4173m) etc... Nous avons la chance d'apercevoir les montagne avant la pluie.

Nous croisons de superbes paysages déserts, entre Aktach et Koch-Agatch (5700 hab.)

 En route pour Koch-Agatch

Durant le trajet, une petite inquiétude, nous n'avons plus d'huile en réserve et le voyant de niveau d'huile s'allume parfois, nous espérons trouver une station service à Koch-Agatch, aussi pour faire le plein, car il y a très peu de stations ici et nous sommes maintenant à 450 km à l'intérieur du massif. Nous arrivons à Koch-Agatch sous une bonne pluie, c'est une sorte de bout du monde chamaniste où s'échouent des voyageurs en transit, un lieu d'échange et de marché entre Russes et Mongols. Koch-Agatch veut dire paire d'arbres ou rideau d'arbre, fondée en 1801 sur la route qui relie l'Empire de Chine à l'Empire Russe. Juste avant la zone interdite pour nous, nous trouvons une station radar de l'armée Russe. Il y a beaucoup de militaires en ville. Pas de moineaux ou de pigeons ici, mais des dizaines de rapaces peuplent la ville.

 Koch Agatch

Le plein fait, et le niveau d'huile complété, je me sens mieux, sauf que Titine ne démarre pas... La batterie ? L’alternateur ? Rapide diagnostique, c'est l'alternateur qui ne charge plus, je me disais aussi, les essuie-glaces balayaient de moins en moins vite depuis quelques temps. Il faut réparer, nous sommes au plus loin, dans une micro ville, et sous une pluie battante.


 La panne

Après avoir sorti outils et pièces de rechange en vidant le contenu du coffre dans l'habitacle, je dépose l’alternateur, il fait 7°, démontage de celui-ci, j'ai ma petite idée, avant de le remplacer par celui de rechange, essayons de le réparer. Un Altaïen viens discuter mécanique, ici les pannes rassemblent. Un camion s'arrête sur notre parking pour réparer aussi...

Ce sont bien les charbons, je remplace par des charbons "neufs" d'occasion, que j'avais emportés (pièce du haut) nous hélons un Altaïen en Lada, qui nous permet de redémarrer Titine avec une paire de câbles, c'était bien ça !

Heureux, nous allons nous restaurer de nourriture Mongole (et de thé au lait salé) pour un prix modique dans une cantine dont les toilettes sont inaccessibles sans bottes, et arpenter le bazar de la ville. Cette ville est un peu chaotique et il pleut sans fin, l'eau ne peut s'écouler à cause du permafrost... Mais nous nous y sentons bien. Quelques emplettes et nous prenons le chemin du retour vers Aktach. La ville est à 1750 m d'altitude, l'endroit serait normalement un des plus sec de Russie (?) et le plus froid de l'Altaï avec -62°relevé en hiver. Nous sommes à 890 km de Novossibirsk.

Retour à Aktach en parcourant de très beaux paysages, nous trouvons une cabane pour dormir vers 21h, l'eau courante est dans le ruisseau, l'électricité par groupe est coupée dans la nuit, pour le chauffage il faut faire son feu et fendre son bois auparavant, superbe endroit. Nous profitons une fois de plus du sauna, avec refroidissement dans la rivière. C'est une bonne soirée. Comme souvent en Russie du chanvre sauvage parsème les rives.

Retour à Koch Agatch 
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10 390 km au total, 5 h de décalage.

Ce matin nous partons encore plus tard, il a plu toute la nuit. Nous récupérons aussi. Aujourd'hui le but est de sortir de l'Altaï plein nord, pour regagner bientôt notre itinéraire pour Vladivostok soit 800 à 900 km que nous ferons en deux jours. Nous faisons un premier arrêt sur une tombe très ancienne d'un cavalier Mongol, estimée à 3000 ans. De nombreux pétroglyphes et monuments funéraires illustrent le développement de la culture Mongole sur une période de 12 000 ans. Les images les plus anciennes reflètent une époque (11 000 - 6 000 av. J.-C.) où la zone était en partie boisée et où la vallée offrait un habitat aux chasseurs de gros gibier. Les représentations les plus récentes montrent la transition vers un nomadisme équestre durant le 1er millénaire av. J.C., la période scythe et la période turcique ultérieure (VII-VIIIe siècles après J.-C.)

Nous prenons autant de plaisir à parcourir cette route au retour. Certains paysages sont couverts de kourganes, autant de tombes de guerriers Mongols. La 309 tourne comme une montre Suisse et l'alternateur fait son travail.

Arrêt au col Seminskiy (Перевал Семинский) 1894 m, pour parcourir le marché. Beaucoup de lainages de l'Altaï et de Mongolie sont proposés, en chèvre, mouton, chameau ou yak. Nous achetons finalement un beau tapis assemblé en mouton. Plus loin nous achetons du lait et du pain frais au bord de la route. Nous croisons un pont routier à tablier suspendu des années 60 en béton et bois sur la rivière Katoun (Катунь) 688 km, une des sources de l'Ob.

 Nous sortons bientôt de l'Altaï

20 km avant Biïsk nous stoppons au bord d'un étang, non loin de la Katoun, l'endroit et parfait pour bivouaquer et se baigner, nous admirons un superbe couché de soleil. Avec toujours autant de moustiques voraces ! Nous avions oublié les moustiques et la chaleur en altitude...

Retour dans la plaine 

Demain nous envisageons de rejoindre Kemerovo (Кемерово), en passant par Biïsk (Бийск), Barnaoul (Барнаул) et Leninsk-Kouznetski (Ленинск-Кузнецкий).

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11 050 km au total, 5h de décalage.


Ce matin nous ne tardons pas à plier le campement sous les assauts de moustiques sanguinaires, départ à 6h30, bon timing. Notre objectif du jour : plein nord, Kemerovo (Кемерово), pour rejoindre le Sibirsky Trakt (Сибирский тракт), la route de la Sibérie. Nous arrivons rapidement à Biïsk (Бийск), jolie petite ville de 205 000 hab., bordant la rivière de Biia (Река Бия). La Biia (qui veut dire Homme) est la seconde rivière qui, en se combinant avec la Katoun (Катунь, qui veut dire femme) forme le fleuve l'Ob. Biïsk est une forteresse fondée en 1709 sur ordre de Pierre le Grand. Durant la guerre là aussi de nombreuses usines y ont déménagées, contribuant à l'économie d'après guerre, la ville a conservé une production d'armement, et est spécialisée dans la recherche en nouveaux matériaux.

Bïisk 

Après 160 km, nous faisons un détour par Barnaoul (Барнаул), capitale du Kraï de l'Altaï, 630 000 hab., à la confluence du fleuve Ob et de la rivière Barnaoulka, cette ancienne ville minière fut principale productrice de minerai d'argent en Russie. Durant la guerre, une usine de tracteurs ukrainienne Kharkov (Харьков) y fut déménagée, devenue usine de moteur diesel maintenant, ainsi que l'usine de cartouches de la région de Moscou : Podolsk (Подо́льск), devenue la plus grande entreprise de ce genre. Nous en profitons pour faire le plein d'eau grâce aux fontaines que l'on trouve en banlieue des grandes villes.



Barnaoul 

Nous repartons pour Leninsk-Kouznetski (Ленинск-Кузнецкий), 220 km d'une route intéressante, d'abord en ligne droite sur digue à travers des marais, puis une longue traversée d'une zone boisée et vallonnée, sans âme qui vive. Le paysage est superbe, la nature luxuriante, les forêts sont impénétrables, quel espace ! Vers 13h nous faisons halte le long de la route, difficile de trouver de l'ombre il fait très chaud pour nous : 27°. Sur 180 km la route est vraiment mauvaise, la 309 tremble avec nous, la conduite est fatigante, je ne pensais pas que la voiture pouvait encaisser autant de secousses et de chocs. L'occasion de réviser les bougies après plus 10 000 km parcourus, qui se révèlent être bien belles, un petit coup de brosse, et remontage. Nous quittons le Kraï de l'Altaï pour l'Oblast de Kemerovo et sa discrète porte d'entrée.

Entrée dans l'Oblast de Kemerovo 

À 16h30, il fait 30°, nous arrivons à Leninsk-Kouznetski (Kouznetsk signifie pays des forgerons), 100 000 hab., au bord de la rivière Inia (Иня) longue de 663 km, qui se jette dans l'Ob. Ville minière par excellence depuis 1763, située dans le bassin houiller du Kouznetsk ou Kouzbass(Кузнецкий бассейн) dont les réserves sont estimées à 725 milliards de tonnes sur 27 000 km², elle est entièrement tournée vers l'extraction du charbon, de nombreuses mines se situent dans l'emprise de la ville même. Des camions charrient du charbon en tous sens, des blocs d'anthracite parsèment les bas côtés. La ville est très poussiéreuse, les cheminées des usines crachent noir. Une immense gare de triage recueille ce charbon pour l'expédier.

 Leninsk-Kouznetski

À 19 h nous arrivons à Kemerovo (Кемерово), où nous prenons un petit appartement dans la périphérie, pour profiter de la salle de bain et laver du linge. Appartement sympa dans l'immeuble n°24 de l'époque soviétique en béton préfabriqué assemblé, comme on peut en voir partout en Russie et ex Urss.

Kemerovo 

Demain nous visons Krasnoïarsk (Красноярск) à 540 km, plein est.

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11 650 km au total, 5h de décalage.

Départ à 8h30 ce matin, nous commençons par un tour en ville, à Kemerovo (Кемерово) anciennement Shcheglovsk, datant de début 1700. C'est une grande ville de 545 000 hab., bordée par la rivière Tom (Томь) longue de 830 km qui se jette dans l'Ob, c'est son deuxième plus important affluent après l'Irtych.

Kemerovo 

Ville industrielle : chimie, mécanique, métallurgie, "capitale du Kouzbass" (Bassin du Kouznetsk) gigantesque gisement de charbon qui produit 61% du charbon Russe, notamment pour la sidérurgie.

Kemerovo

En route pour Krasnoïarsk (Красноярск), Irkoutsk (Иркутск) est déjà indiqué à 1500 km, le lac Baïkal n'est plus très loin...

En route pour  Krasnoïarsk

Nous passons par Mariinsk (Мариинск) fondée en 1856, petite ville de 20 000 hab., gare du Transsibérien, nous nous ravitaillons en bord de route, et prenons une pause au bord de la rivière Kiia (Кия) 548km. En guise de fête nationale nous croisons notre deuxième français en Russie qui roule lui en 2CV !

 Mariinsk




Sur le trajet nous passons à Atchinsk (Ачинск) : usine d'alumine et gisement de lignite, nous longeons de véritables montagnes de stériles miniers. La route est belle, mais la circulation difficile, nous restons concentrés. Aujourd'hui nous avons roulé à travers d'infinies parcelles de colza alternées de forêts de pins.

Atchinsk 

Arrivée tardive à Krasnoïarsk (Красноярск) 1M hab., bouchons du dimanche soir avant la ville, nous sommes passé ici en 2018 en train. Nous traversons la ville dans une circulation très difficile, et nous nous empressons d'en sortir. La ville est couverte de fumée due aux incendies de taïga. Nous stoppons au bord du grand fleuve Sibérien Ienisseï : 4093 km, il s'écoule du sud au nord vers l'océan Arctique, entre les bassins de l'Ob et de la Léna.

 Krasnoïarsk

N'ayant trouvé le camping escompté, nous errons jusqu'à 22 h avant de camper au hasard d'un chemin dans les bois.

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12 360 km au total, 6 heures de décalage.


Ce matin départ à 6h30, lever avec le soleil, direction le barrage géant sur l'Ienisseï (Енисей) à 40 km de la ville, qui retient le réservoir de Krasnoïarsk (Красноярск), autrement appelé "la mer de l'Ienisseï", une retenue de 358 km sur 15 de large ! Le barrage fait 125 m de hauteur et 1 km de largeur et produit 6000 MW.

La création du barrage en 1972 à modifié le climat de la ville devenu plus "chaud" et humide, le fleuve n'y gèle plus, il fait tout de même -20° en hiver à Kranoyarsk.



 Barrage de l'Ienisseï

Ensuite nous traversons rapidement la ville enfumée et engorgée en retenant notre respiration.. De plus des incendies de taïga sévissent et obscurcissent le ciel. Krasnoïarsk est une ancienne forteresse de 1628, fondée pour lutter contre les Tatars présents le long du fleuve. Durant la guerre, ici aussi une douzaine d'usines ont déménagé contribuant à son développement ensuite. C'est une ville Sibérienne de 1 070 000 hab. en pleine expansion, centre industriel et de recherche, 85% de la puissance du barrage sert à l'usine d'aluminium. Le climat est très continental, l'été est bref et chaud.


 Krasnoïarsk

Nous roulons ensuite au sud-est en direction d'Irkoutsk (Иркутск) à 1100 km, qui sera une étape importante pour nous avec le Lac Baïkal. La route est bonne à travers forêts et marais. Nous passons par la ville de Kansk (Канск) et y sommes confronté à une portion de très mauvaise route sur 10 km. Depuis hier l'essieu arrière grince à chaque chaos, rien d'inquiétant sommes toutes je pense.


 Kansk

Nous faisons toute la route sous un ciel gris, parfois un rayon de soleil et 19°, température idéale. Après 600 km nous sortons du Kraï de Krasnoïarsk-Красноя́рский край (2ème territoire de Russie avec 13% de la surface, 3000 km du nord au sud) et nous entrons dans l'Oblast de Irkoutsk (Ирку́тская о́бласть) il reste environ 600 km jusqu'à Irkoutsk. Par la même occasion notre montre avance d'une heure, nous avons 6h de décalage maintenant.

 Entrée dans l'Oblast d'Ikoutsk

Ce soir nous avons des difficultés pour trouver un campement, il a beaucoup plu devant nous, tout est détrempé, après avoir fait le plein d'eau dans une rivière, nous frôlons l'enlisement dans un chemin défoncé et boueux, à peine sortis de la voiture nous somme assaillis par des nuées de moustiques comme jamais, nous battons en retraite, et dégotons non sans mal un petit hôtel pour routier au bord de la route M53, dans une petite ville inondée par les orages à Nijneoudinsk (Нижнеудинск) fondée en 1648. Nous somme à 500 km d'Irkoutsk.

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12 910 km au total, 6h de décalage.

Départ à 8h30 ce matin, il fait 13°, nous sommes dans une épaisse brume. Ça roule bien, nous fonçons dans le brouillard, mais très vite les premières zones de travaux apparaissent de 5 à 15 km en circulation alternée sur des chaussées défoncées. À la limite des capacités de franchissement de la 309 qui est bien chargée et bien basse, nous accrochons souvent le soubassement, d'où quelques inquiétudes pour les tuyaux de frein et d'essence.

Après 120 km nous arrivons à Touloun (Тулун) qui signifie "vallée", ville de 1735 qui s'est fait connaître dans l'actualité récente à cause d'une catastrophique inondation nocturne le 26 juin 2019 par le débordement de la rivière Iia (Ия) et de 6 rivières en amont. En effet il a plu anormalement et sans arrêt durant une longue période. La ville est ravagée, ainsi que de nombreux villages, 3300 maisons ont été longuement inondée et 300 emportées 14 habitants ont péris. L'armée est sur place pour aider au nettoyage, des camions évacuent les décombres. Des camions d'eau potable et des distributions de dons venant de Russie sont présents en ville. Nous avions une inquiétude avant le départ, car la route a été emportée ici, ainsi que le chemin de fer, hors ce sont les seuls axes d'ouest en est. La route a été réouverte il y a peu grâce à un remblais. Ici nous avons notre troisième contrôle de police ДРС, vérification des documents du véhicule et du permis sans souci.

 Touloun

Nous traversons cette vallée dévastée, et continuons vers des régions plus agréables. Après un plein de SP 95 à 42,5 Rub/L nous faisons un arrêt au village de Kuytun (Куйтун). Régulièrement nous traversons le chemin de fer du Transsibérien, nous sommes passé là, l'année dernière en train. Ces passages sont très protégés, gardien, barrière, et plaques en acier qui se lèvent pour empêcher un véhicule de s'engager, visible en premier plan.

Kuytun 

Nous continuons jusqu'à Irkoutsk (Иркутск), il nous restera alors seulement 4000 km jusqu'à Vladivostok.

Nous logerons 2 jours dans un très bel appartement qui nous est loué par connaissance, merci à Margarita que nous avions connue l'hiver dernier lors ce notre séjour au Baïkal. La ville est très jolie, nous y fûmes en février 2018.

Irkoutsk 

Demain nous envisageons une incursion vers le lac Baïkal, en autobus. Repos des voyageurs et de la 309.

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140 km en autobus. 6 heures de décalage avec la France.

Ce matin nous partons à 8 heures depuis la gare routière d'Irkoutsk en direction de Listvianka au bord du lac Baïkal, nous avons de la chance car il va faire très beau et chaud, 30° sont prévus. Le rendez vous avec le Lac Baïkal est toujours aussi beau et magique.

 Baïkal

Nous passons la journée à Listvianka (Листвянка), à profiter du lac et de l'environnement, l'eau n'est pas chaude, mais le soleil chauffe bien.

Le Lac Baïkal (Озеро Байкал) c'est : 636 km de longueur sur 79 km de large, 1642 m de profondeur, le volume des 5 grands lacs américains réunis ou celui de la mer Baltique ou encore 90 fois celui de de la peu profonde mer d'Azov. S'il fallait remplir la dépression du Baïkal en y dirigeant l'eau de tous les cours d'eau du globe, ce processus prendrait 300 jours

Ses 23 600 km3 d'eau représente aussi 260 fois le lac Léman. Tandis que ses rives s'écartent de 5mm par an, il s'agit d'un rift, les 336 rivières qui l'aliment ne parvienne à le combler de sédiments (7000m d'épaisseur) car il s'agrandit.

 Listvianka

Pour le repas nous achetons le poisson emblématique du lac : l'Omoul (омуль), séché et fumé.

Le retour se fait en autobus par une route vallonnée en forêt. Nous passons par le marché central d'Irkoutsk avant de rejoindre notre logement.

Etal d'Omoul et Marché d'Irkoutsk 

Aujourd'hui c'était une journée de relâche, sans voiture. Demain nous reprenons notre entreprise, et repartons vers l'Est en visant la ville d'Oulan-Oude (Улан-Удэ) en Bouriatie à plus de 500 km d'ici, au départ d'Irkoutsk nous devrons d'abord contourner le Lac Baïkal par le sud.

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13 240 km au total, 6h de décalage.

Départ à 8h30 ce matin, il fait beau et déjà chaud à Irkoutsk, nous déambulons au bord de l'Angara (Ангара) et ses 580 mètres de largeur ici, en passant devant la cathédrale de l'épiphanie et le monument au fondateur de la ville en 1661 : Iakov Pokhabov, avant de rouler plein sud pour contourner le Lac Baïkal. Irkoutsk est une ville agréable de 600 000 hab. à 55 km du Lac Baïkal et à 180 km de la frontière Mongole. La ville est à la latitude de Varsovie. Au XIX -ème siècle, les fortunes se bâtissent grâce aux mines d'or qui attirent les pionniers, c'est un Far East, qui n'est pas encore relié au reste du pays par le Transsibérien, le pouvoir tsariste y déporte prisonniers et les opposants politiques afin d'exploiter les gisements de fer. Les artistes, officiers et aristocrates Décabristes se retrouvent exilés à Irkoutsk et voulurent en faire un foyer culturel majeur.

Irkoutsk 

À la sortie de la ville un panneau annonce notre destination d'après demain, Tchita (Чита) en Transbaïkalie, à seulement 1079 km. La route va être moins roulante maintenant, le contournement sud du lac est une route de montagne au tracé improbable.

 En route pour la Bouriatie

Après une route tourmentée nous arrivons à l'extrémité sud du Baïkal, à Koultouk (Култук) petite bourgade de 3700 habitants où se trouve un monument au Circum-Baïkal, la ligne de chemin de fer contournant le Lac par le sud.

Koultouk -  Baïkalsk (Sud Baïkal)

Maintenant nous longeons le lac sur son côté Est et passons par Slyoudianka (Слюдянка) 19 000 hab. gare de triage sur le tracé transsibérien, puis Baïkalsk (Байкальск) 13 000 hab., construite en 1961 pour loger les employés d'un combinat de cellulose. Ensuite nous quittons l'Oblast d'Irkoutsk et pénétrons en République de Bouriatie (Республика Бурятия). Puis nous arrivons à Vydrino (Выдрино) qui est une étape pour nous, en février 2018 nous y étions arrivés en aéroglisseur après avoir traversé le lac sur la glace depuis Bolshiye Koty (Большие Коты) un village sur la rive Ouest, et nous y avions déjeuné dans un café. Apercevant la route proche j'avais indiqué à Maïlys : "c'est la route Moscou-Vladivostok !" Nous y voici revenus en voiture, nous déjeunons au même endroit, et à partir de là, c'est terra incognita pour nous trois. Nous ne sommes jamais allés aussi loin à l'Est en Russie.

Nous longeons les monts Lablonovy, une chaîne de montagne de 1600 km de longueur au nord-est de la Mongolie, constituant la ligne de partage des eaux entre océans Arctique et Pacifique, laquelle borde l'est du Lac Baïkal et culmine à 2450 m, nous passons côté d'une station de ski.


Entrée en République de Bouriatie à Vydrino

Nous continuons vers Oulan-Oude (Улан-Удэ), mais ça n'avance pas très vite, tous les ponts sont en réfection, et nous parcourons des portions de route bien détériorées avec de grands dos d'âne sournois, parfois nous avons un beau ruban de bitume neuf pour améliorer notre moyenne.

Nous faisons un arrêt au bord du Baïkal, il y fait très chaud et lourd. Nous découvrons des rives très propres et sans fin, il y a très peu d'accès, au lac. Et plus loin aucune route ne longe le lac. L'eau est plus chaude ici : 18°.

Baïkal cote Est 

Nous continuons à longer le lac sur 200 km par la M55 tout en passant par Babouchkine (Бабушкин), la ville fût fondée en 1892, d'abord comme bureau de poste, et connue sous le nom de Myssovsk (Мысовск) jusqu'en 1941 puis renommé Babouchkine du nom d'un révolutionnaire exécuté ici en 1906. Peu avant de nous éloigner des rives du lac à Boyarskiy (Боярский), ne pouvant nous résoudre à quitter le lac, nous bivouaquons assez tôt dans un endroit extraordinaire, sur un promontoire au dessus du lac donnant sur des plages désertes. Nous rattraperons notre retard en nous levant plus tôt pour rejoindre Oulan-Oude. Le bain au couché du soleil restera un bon souvenir. Nous avons peine à distinguer l'autre rive pourtant montagneuse. Derrière nous passe la ligne du Transsibérien, avec une intense circulation de trains de marchandises avec seulement quelques minutes d'intervalle et dans les deux sens, c'est assez impressionnant d'organisation et d'intensité sonore. Demain nous espérons nous lever tôt pour faire halte à Oulan-Oude à 160km d'ici soit plus de 2 heures de route, et continuer notre route vers Tchita.

 Bivouac sur la rive du Baïkal à Boyarskiy
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13 690 km au total, 7 h de décalage.


Départ à 6 heures ce matin, après avoir franchi la ligne du Transsibérien près de laquelle nous avons dormis, nous roulons au soleil levant, à travers les bouleaux et les pins sur le Baïkalsky-Trakt, la route est roulante mais entrecoupée d'importantes zones de travaux qui nous ralentissent et font souffrir les suspensions de l'auto.


 Départ du Baïkal

Nous nous éloignons du Baïkal en remontant le cours de la rivière Selenga (Селенга) qui prend sa source en Mongolie pour se jeter dans le Lac après avoir parcouru 1470 km. Nous traversons la chaîne des monts Iablonovy, nous allons changer de climat.

La rivière Selenga puis entrée dans le Rayon d'Oulan-Oude 

Arrivée à Oulan-Oude (Улан-Удэ), capitale de la République de Bouriatie, à 8h30 et après 170 km de route. Nous visitons le centre de cette ville plaisante et bien entretenue. C'est une ville de 430 000 hab., au bord la Selenga, fondée en 1666 en tant qu'avant poste par le cosaque Piotr Pokhabov, la ville est devenue un centre de commerce sur la route du thé et d'échange avec la Chine et la Mongolie. Elle est peuplée de Russes de Bouriates (peuple d'origine Mongole) et d'Evenks (originaires de Sibérie). Le climat y est très continental et très sec, il y fait 30°aujourd'hui. Le Transsibérien est arrivé dans la ville en 1900, une usine de réparation de locomotive s'est installée ici, ainsi qu'une usine d'aviation qui produit surtout des hélicoptères MI 8 et MI 171.

La statue de Lénine de Oulan-Oude est connue, car il s' agit d'une monumentale tête de 7,50 m de hauteur et de 42 tonnes ! Depuis Oulan-Oude on peut rejoindre la frontière Mongole, la route mène ensuite à Oulan-Bator. Nous rencontrons aussi une statue de Tchekhov, l'écrivain voyageur qui passa par Oulan-Oude lors de son voyage de Moscou à Sakhaline en 1890. (il écrivit : "l'Île de Sakhaline").

 Oulan-Oude

Nous prenons ensuite un peu de hauteur pour rejoindre le temple Bouddhiste "Datsan Rinpoche Bagsha" en haut de la ville, considérée comme la capitale du Bouddhisme Tibétain en Russie.

 Datsan Rinpoche Bagsha

Nous sortons de la ville en direction de Tchita située à plus de 600 km à l'Est, et nous faisons un détour vers Ivolguiesk, pour voir le monastère Bouddhiste "Datsan d'Ivolguiesk", le paysage se transforme en steppe, il fait très chaud, et c'est visiblement très sec.

 Datsan d'Ivolguiesk

Nous avons pas mal perdu de temps aujourd'hui, mais c'était intéressant. Il faut rouler vers Tchita maintenant. Les paysages le long de la Selenga sont superbes, ensuite c'est un paysage de steppe en altitude.

 La Selenga

Nous quittons la République de Bouriatie et entrons dans le Kraï de Transbaïkalie, et nous perdons une heure : 7 heures décalage maintenant, cela n'arrange pas nos affaires de ce fait il et déjà 19 heures.

 Entrée dans le Kraï de Transbaïkalie

À 21h, à 370 km de Tchita, après avoir rempli le réservoir de la 309, et trouvé une autre source pour l'eau, nous devons nous résoudre à camper un peu au hasard. A Zakulta (Закульта) après avoir "escaladé" une pente de sol sec est stable avec la 309, nous posons la tente un peu en devers... Les moucherons (qui piquent) et les moustiques nous assaillent littéralement, la douche est un enfer, nous mangeons dans la tente, je fais les allers retours avec la voiture avec ma tenue étanche aux insectes achetée dans l'Altaï. Nous avons une superbe vue sur la vallée où passe le Transsibérien et la route transcontinentale.

 Bivouac Sibérien
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14 170 km au total, 7 h de décalage.

Départ à 8h de Zakulta (Закульта), (7h à l'heure d'hier), ce matin pas de rosée, la tente est sèche, direction Tchita(Чита) on s’échappe rapidement pour fuir les moustiques. La route de Oulan-Oude à Tchita n'est pas une étape facile, la route et assez montagneuse et cherche son chemin entre cols, montagnes et plaines désertes. Nous rencontrons là aussi d'importantes zones de travaux qui font qu'il est difficile de prévoir la durée des étapes. Notre moyenne est faible.

Nous assistons au décollage depuis un champ d'un Biplan Antonov 2 (monomoteur quadri-pales de 1000 CV mis au point en 1947, qui peut emporter 1400kg), c'est un avion robuste qui décolle très court et sert au transport, souvent vers les villages éloignés des routes praticables.

Petite pause à 10h dans un "Kafé", en guise de petit déjeuner, on mange plutôt bien et salé le matin en Russie, de plus tout est ouvert tout le temps, on peut manger à toutes heures, et l'offre est abondante.

Nous rencontrons finalement la pluie, d'après la météo ça devrait durer quelques jours sur notre trajet... Le détour par Tchita, se fait sous un déluge, nous ne sommes plus qu'à 2 100 km de Khabarovsk (Хабаровск), prochaine grande ville, d'ici là nous allons rouler dans la partie la moins habitée de notre périple. En attendant que la pluie diminue nous mangeons pour 500 Rub dans une cafétéria. Puis faisons un tour en ville, il pleut et fait 16°.

Tchita est une ville de 350 000 hab., fondée en 1653 par le cosaque Piotr Bekelov au bord de la rivière Tchita. Le Transsibérien fait escale ici, Moscou est à 6 200 km et Vladivostok à 3090 Km par rail (moins long que par route).

Ce fut également une ville fermée pour des raisons stratégiques, et une ville de déportation à l'époque tsariste (Décembristes) puis de goulag à l'époque soviétique. La ville abrite quelques prisons et une importante garnison.

De Tchita on accède en Chine par le poste de Zabaïkalsk. Nous croisons quelques autos en plaques chinoises.


Tchita 

Puis une visite dans l'imposant parc de la victoire de 1945.

Parc de la victoire à Tchita T34

Enfin nous allons faire une visite au temple Bouddhiste de Tchita le Chitinskiy Datsan (Читинский дацан)

 Chitinskiy Datsan

Nous reprenons la route direction nord-est à 18h (c'est tard) après avoir ravitaillé, et fait le plein de carburant. Seul Khabarovsk est indiquée à 2107 km, et très vite nous comprenons : à partir de maintenant, très peu de villages et et de stations d'essence, le paysage est infiniment vallonné la route va être longue. Nous ne savons pas où nous allons dormir, il n'y a que très peu ou pas d'hôtel. Concernant la tente, entre la pluie et l'incertitude concernant les animaux sauvages... Il fait 13° maintenant.

Il y a de moins en moins de véhicules sur la route, et bien moins de camions depuis Irkoutsk, c'est appréciable.

Sibérie 

Après 150 km de route déserte nous trouvons un Kafé isolé et prenons la dernière chambre (spartiate : parfaite) pas de douche mais un sauna, nous en profitons aussitôt pour nous détendre et faire nos ablutions. Finalement le hasard nous a mené dans un havre confortable pour la nuit.

C'est un peu le Far-East ici.

Far-East 

Demain nous espérons rouler au delà de Mogotcha, petite ville notable à 430 km au nord-est.

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14 930 km au total, 7 h de décalage.

Nous nous mettons en route à 8h30 au départ de Bogomyagkovo (Богомягково), en direction du nord-est, pour notre traversée du désert, à l'exception de deux villages au début, nous avançons dans un paysage de steppe sous la bruine, puis sous une pluie intense. Nous arpentons de très bonnes portions de route, et d'autres épouvantables. Lancés à pleine vitesse ça se termine toujours par des nids de poules ou des dos d'ânes géant, la voiture encaisse, nous prenons des G, ou alors nous nous trouvons en apesanteur... Ici les hivers sont très froid et sec, difficile de faire des travaux avec le gel, et les étés sont courts et très pluvieux, c'est la saison des travaux, pas facile du coup, mais d'énormes efforts d'amélioration sont sont en cours. Nous sommes maintenant sur l'Amoursky Trakt, qui va vers la région du fleuve Amour (4354 km) nous allons longer la Chine, bientôt au plus près en décrivant une longue parabole de 2000 km le long du fleuve frontière, d'abord au nord-est puis au sud-est. Depuis 2 jours la jauge de carburant ne fonctionne plus, nous ne sommes pas tranquille. D'autant qu'ici on ne peut pas faire le plein à ras bord, il faut annoncer et payer un litrage avant de se servir, donc le réservoir n'est jamais plein.

 Amoursky Trakt

Après un plein dans une station service au milieu de nulle part, véritable îlot avec "Kafé", chambres et parking pour camions, je m'intéresse au problème de jauge sous un abri, c'était simplement la prise sur le réservoir qui avait sauté avec les chaos. Remise à niveau de l'huile et nettoyage du moteur qui est couvert de boue, et nous repartons.

Nous sommes dans le district fédéral de l'extrême Orient Russe : (Дальний Восток России) Dalni Vostok Rossiï, 7 millions de Km2 pour 8 millions d'habitants.

Nous enchaînons avec 650 km de taïga vallonnée est complètement déserte, route lancinante et hypnotique sous la pluie parfois les orages, les yeux rivés sur le macadam, prêt à freiner pour éviter le chaos scélérat. Nous avons bien fait de faire le plein.

 Sibérie toujours

Nous atteignons l'entrée de l'Oblast de l'Amour (fleuve qui fait frontière entre la Russie et la Chine sur 1600 km)

Nous apprenons à ce moment que la route devant nous s'est effondrée ce matin du fait des fortes pluies, voyant des camions arriver en sens inverse nous continuons, arrivés sur place le trou est déjà rebouché, et en train d'être damé, pas de souci donc. (Accident sans gravité)

Ce fût une étape de liaison, les 13° ambiants ont ménagés l'auto et les passagers, nous sommes bien, il reste au moins 2000 km jusqu'à Vladivostok sans les détours.

Nous trouvons un hôtel à la tombée de la nuit à Skorovodino, première petite ville de 10 000 hab. qui doit sa création au passage du transsibérien.

Entrée dans l'Oblast de l'Amour 

Notre objectif à J+2 est Khabarovsk, à 1250 km. Demain nous ne savons pas où nous allons nous poser. La météo s'annonce exécrable, c'est un peu le temps d'été normal ici.

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15 720 km au total, 7 heures de décalage.

Départ de Skorovodino (Сковородино) à 9h, sous des trombes d'eau et des orages qui n'ont pas cessés de la nuit, une sorte de mousson, renseignements pris, c'est bien la mousson qui sévit plus au sud à cette époque, qui influence le climat de la région, il fait 14°.

C'est reparti direction le sud-est, à travers la taïga déserte qui se fait de moins en moins vallonnée. La route toute en remblais progresse au milieu du paysage détrempé. Notre moyenne est ralentie par une quinzaine de km de travaux.

Depuis 1000 km nous longeons la frontière Chinoise, qui est matérialisée par le fleuve Amour jusqu'à Khabarovsk, nous longerons ensuite la Chine jusqu'à Vladivostok, là c'est la rivière Oussouri (Уссу́ри) qui marque la frontière.

Après 500 km de taïga, la pluie cesse, la température remonte à 25°, le paysage se transforme en une plaine parfois cultivée, il y a "plus" de monde ici. Nous passons à côté de Magdatchi (Магдагачи) puis Belogorsk (Белогорск).

Nous arrivons devant La Stèle érigée pour l'ouverture (entièrement asphaltée) de la route Moscou—Vladivostok en 2010 inaugurée par Vladimir Poutine. Le Kremlin a fait de l'Extrême-Orient une priorité tant géopolitique qu'économique, avant, seul le Transsibérien traversait la Russie. La route a été ouverte 100 ans après !

Que de chemin accompli ! 

Nous pensions aller jusqu'à Arkhara (Архара), ville de 10 000 hab., fondée en 1911 sur le tracé du Transsibérien. Arrivés là le seul (petit) hôtel est complet. Nous essayons un hôtel au bord de la route, itou, le troisième et le bon, pour 1300 Rub. Ambiance routier, Far-East, avec d'anciens camions américains importés depuis l'Alaska (qui n'est pas loin) et de robustes camions Russes. Ici la 309 se fait toute petite. Ce soir il fait doux est très humide, une caractéristique de la région.


Demain nous ambitionnons de rejoindre Birobidjan dans l'Oblast autonome juif du même nom, créé par Staline en 1935

Puis Khabarovsk qui se situe à la confluence du fleuve Amour et de la rivière Oussouri (897 km)

Notre hôtel, nous sommes le plus petit véhicule dans les parages...
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16190 km au total, 8 heures de décalage.

Démarrage d'Arkhara (Архара) à 8h, nous roulons vers le sud-est à travers un beau paysage peu habité, avec du relief. Il fait vite chaud : 28° d'un air bien humide.

Après être revenus sur nos pas pour être sûr de ravitailler la voiture par manque de stations services, nous arrivons dans l'Oblast autonome juif dont la capitale est Birobidjan (Биробиджан). Il est frontalier avec la Chine et les Oblasts de l'Amour et de Khabarovsk. À cette occasion nous perdons 1 h de notre journée, nous avons maintenant 8 heures de décalage avec la France. C'est le dernier changement d'heure, car après Khabarovsk, nous n'irons plus vers l'Est mais plein sud sur 800 km jusqu'à Vladivostok.

Entrée dans l'Oblast autonome juif du Birobidjan 

Puis nous entrons à Birobidjan pour une déambulation, les noms des rues sont écrits en Cyrillique et en Yiddish, la ville de 75 000 hab. a été construite en 1920 sur le tracé du Transsibérien. Nous découvrons là un canon de marine Français fabriqué au "Chantier des Forges de Méditerranée" de 1877 n°367 de 152mm, initialement monté sur le croiseur impérial Riourik en 1909 puis utilisé à terre à l'époque soviétique pour contrer les Chinois en 1929. Passage au traditionnel parc de la victoire et devant le monument aux gardes frontières et celui aux combattants d'Afghanistan.

 Birobidjan

Le nom de la ville vient de la confluence des rivières Biro et Bidjan à cet endroit.

Après avoir vu la statue de Lénine avec sa main dans la poche, et celle de Eugène Onéguine (un roman en vers d'Alexandre Pouchkine), nous allons voir le chandelier à sept branches devant la gare. Peu de juifs sont venus s'installer, certains de gré et d'autres de force, depuis la création de ce petit Oblast qui reste terre d'accueil. C'est le seul territoire administratif juif, avec Israël, d'où de nombreux habitants ont émigrés d'abord après la mort de Staline, puis à la fin de l'URSS. L'Oblast est peuplé de 92% de Russes et de 1% seulement de juifs.

Il nous reste environ 200 km à parcourir sur une route sinueuse à travers les marais jusqu'à Khabarovsk. EnL'arrivée se fait par le grand pont routier et ferroviaire à 2 étages, reconstruit en 1999 sur 3 890 m traversant le fleuve Amour (qui veut dire grandes eaux ou boueux..) ici il est immense, en effet l'Amour, qui arrive de Chine via la Mongolie et la Russie, est rejoint par l'Oussouri. C'est le plus grand fleuve Sibérien, il coule vers le nord sur 4354 km, pour se jeter dans la mer d'Okhotsk (Охотск) une mer de l'océan Pacifique.

 Khabarovsk - Fleuve Amour

Nous trouvons finalement une chambre au pied d'un immeuble dans un quartier calme en périphérie de Khabarovsk (Хабаровск).

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16 430 km au total, 8 heures de décalage.

Le départ est tardif ce matin, avec le changement d'heure et la pluie qui s'est installée par 13°, et ajouté à cela un peu de fatigue accumulée, c'est plus difficile. Nous allons au centre de Khabarovsk (Хабаровск) cette grande ville dynamique et où l'on se sent bien. La ville est installée sur un relief collinaire au milieu d'une immense région de marais. C'est la plus grande ville de l'extrême Orient Russe (615 000 hab.) à 30 km de la frontière Chinoise, elle est bordée par l'Amour qui est rejoint ici par l'Oussouri, le fleuve fait 3 km de largeur. L'été est marqué par la mousson, donc pluvieux tandis que l'hiver est anticyclonique, très sec, froid et ensoleillé.

 Khabarovsk

Khabarovsk à été fondée en 1858 comme avant poste militaire par un détachement arrivé par le fleuve. Le nom de la ville vient de l'explorateur Ierofieï Khabarov. Avec son accès fluvial et le passage du Transsibérien, la ville a connu un important développement économique.

Durant la guerre la ville a fourni un important effort industriel et humain sur le front. Sur 120 000 soldats de la ville partis 47 000 ne sont pas revenus, le monument où chaque nom est inscrit est impressionnant. La ville formait des officiers, produisait des canons, bateaux, sous marins, munitions, vêtements chauds, nourriture, médicaments et réparait les chars et avions endommagés. Tout ceci sans oublier les intenses combats avec le Japon proche qui se sont soldés par une capitulation le 2 septembre et la perte des îles Kouriles pour le Japon. Actuellement c'est une place militaire importante, on y fabrique du fer et de l'acier, des véhicules.

Khabarovsk 


À la sortie de Khabarovsk nous découvrons notre premier panneau Vladivostok (Владивосток) 724 km ! une distance infime ! C'est une étape pour nous, un virage à 45° vers le sud et la dernière ligne droite. S'ensuit une route sinueuse à travers de petits reliefs déserts, nous retrouvons aussi le soleil ! Ici c'est le territoire du tigre de Sibérie et des ours bruns et ours de l’Himalaya. Nous longeons la frontière Chinoise sur 200 km, marquée par l'Oussouri.

Le tigre de Sibérie, était en voie de disparition, il est énergiquement protégé en Russie, il y en a presque plus en Chine et en Corée du Sud, mais certainement encore en Corée du Nord. Il y en aurait environ 600, c'est le 3 -ème plus gros prédateur terrestre, qui se nourri de cerfs, sangliers et d'ours..

 Dernière ligne droite

Nous sommes maintenant sur l'Oussoursky Trakt, qui va de Khabarovsk à Vladivostok, à la recherche d'un endroit pour dormir. Nous faisons escale dans la petite ville de Bikine (Бикин), un peu à l'écart de la route, à côté du chemin de fer Moscou-Vladivostok, à 8 km de la frontière Chinoise. Il y a beaucoup de militaires ici. Nous parvenons à convaincre la réceptionniste de nous louer la seule chambre pour une personne restante, on va se débrouiller. Contents d'avoir trouver un logement nous partons explorer les environs, et par réflexe nous grimpons sur le premier mont en vue. Nous sommes dans les monts Sikhote-Aline (Сихотэ-Алинь) une cordillère de 900 km de long au nord de Vladivostok entre mer d'Okhotsk, Охотское море, et fleuve Amour, Амур, 4354 km) 90 % des tigres de Sibérie vivent dans ces monts. À Bikine on extrait du tungstène, du charbon de l'argent, l'eau du robinet est rouge et ferreuse.

Bikine 
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16 900 km au total, 8 heures de décalage

Encore une fois il est difficile de partir ce matin, nous avons eu des orages cette nuit. Nous nous mettons en route sous une bruine persistante et chaude, le temps est lourd. Nous quittons Bikine qui est une véritable ville de garnison en fait, et nous essayons de nous rapprocher de la frontière Chinoise, mais n'y arrivons pas. Nous suivons un panneau indiquant un village à 8km, mais après 12km rien, un panneau nous invite à faire demi-tour faute d'autorisation pour pénétrer dans la zone frontière.

 Frontière Chinoise

Dans la ville suivante, même chose, pas moyen d'approcher la frontière, pas de point de passage, il semble qu'il y en ait un seul dans toute la région au départ de la ville d'Oussouriisk (Уссурийск). Les Russes peuvent se rendre en Chine sans visa, mais doivent entrer et sortir par le même point, prouver une réservation, avoir un billet retour, une assurance, et ne peuvent entrer avec leur voiture. Nous faisons un arrêt dans la ville de Dalneretchensk (Дальнереченск) pour arpenter le marché, la proximité de la Chine se fait sentir, il y a là de nombreux bazars Chinois.

 Dalneretchensk

Le soleil se montre vers 15h et la chaleur humide devient désagréable avec 31°. Depuis Khabarovsk et même avant toute la région est faite de marais entourant de petits monts. Nous faisons un arrêt pour découvrir un lac de lotus.

Un autre arrêt pour se ravitailler en eau dans une source d'eau gazeuse et ferrugineuse au bord de la route puis achat de légumes, toujours sur la route.

Le soir venu nous sommes à Oussouriisk à une centaine de km de Vladivostok ! Nous y entrerons demain, c'est difficile de réaliser que nous avons parcouru tout ce chemin (17 000km !), quelques jours sur place pour explorer la ville et les alentours ne seront pas de trop avant le retour.

À la recherche d'un bivouac, nous nous perdons dans la campagne, le ciel n'est pas engageant et la pluie est prévue, il y a un fort vent avec 20°et sûrement 100% d'humidité, ce ne sont pas les meilleures, conditions pour camper. Nous nous posons finalement sur un promontoire qui donne sur une plaine. J'en profite pour examiner le cardan de la direction qui prend un peu de jeu avec les chaos, et le re-graisser, j'espère qu'il tiendra pour le retour, car je n'ai pas prévu cette pièce de rechange...

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17 030 km au total, 8 h de décalage.

Ce matin, comme prévu la pluie est au rendez vous, nous plions rapidement la tente détrempée, direction le centre d'Oussouriisk (Уссурийск), où nous prenons rapidement notre petit déjeuner dans un Kafé. Nous passons devant un Bouddha bienheureux, des fouilles archéologiques ont mis à jour le passage des Mongols jusqu'ici. Oussouriisk compte 172 000 hab., anciennement Nikolskoïe, puis Vorochilov sous l'ère soviétique. Fondée en 1866, la ville est en position de carrefour commercial, et s'est développée avec l'arrivée du Transsibérien (Moscou 9 177 km, Vladivostok 112 km) une branche part vers Harbin en Chine, l'autre vers la RPDC (Corée du Nord). Auparavant la ville fut Chinoise, en témoigne la tombe d'un empereur de la dynastie Jin recouverte d'une tortue en granit massif du XIII -ème siècle, la dynastie fut éteinte par les invasions Mongoles de Gengis Khan (Чингис Хаан) en 1234.

Oussouriisk 

Nous sortons de la ville, il est nécessaire de ravitailler la voiture, nous faisons le plein de SP 95 en périphérie à 43 Rub/L, étant en manque d'huile, (oui elle consomme un peu d'huile, 8 L déjà) nous faisons remplir notre bidon de 4 L. On peut acheter l'huile au détail, issue de bidons de 200 L, de la qualité désirée. Puis nous allons faire un tour ensuite dans l'immense marché Chinois, et nous nous restaurons à moindre coût, mais nous sommes surpris par les quantités ! Ne pas prendre 3 plats pour trois, nous en avons emporté la moitié à l'issue du repas.


 Oussouriisk

A quatorze heures, nous partons pour Vladivostok, l'étape ultime. À la sortie de la ville nous devons jouer des coudes avec des camions de charbon qui font la course, je m'habitue bien à cette conduite, ça va être dur de reprendre les bonnes habitudes de retour en occident, mais ça, c'est dans plus d'un mois. Nous parcourons 100 km d'une voie rapide bien chargée en ce vendredi après midi, dans un épais brouillard venu de la mer, depuis ce matin la température est invariable, à 21 °.


 17 000 km depuis le départ !

Vladivostok !! Nous y sommes après 17 000 km de 309 ! La voiture affiche 630 365 km au compteur il est 15h15.

Nous arrivons dans le brouillard, 103 jours de brouillard par an à Vladivostok, surtout l'été, nous y sommes...


 Vladivostok !!

Après une épreuve de conduite dans la ville, nous trouvons une petite chambre où l'humidité est à son comble, d'autant que nous faisons sécher notre tente dedans. L'hôtel ne peut nous fournir de serviettes, le temps est trop humide pour les faire sécher. Les murs en marbre ruissellent de condensation.

Mer du Japon / Pacifique 

La ville étant in-circulable en ce vendredi soir, et étant noyée dans un brouillard dégoulinant, nous partons vers l'océan Pacifique proche, localement appelé la mer du Japon. Après une petite marche et un peu de désescalade glissante nous parvenons à nos fins.

L'occasion pour nous de relier enfin les deux océans, et de s'offrir un très agréable bain (l'accès n'est pas aisé). L'air est à 17°, l'eau paraît plus chaude. La végétation est luxuriante, et la plupart des végétaux nous sont inconnus.

D'un océan à l'autre, Biscarrosse est bien loin... 

Demain nous partons pour plusieurs jours vers le Sud, à 200 km de Vladivostok, proche de la frontière avec la Corée du Nord, la côte y est intéressante. Nous reviendrons ensuite pour 2 jours à Vladivostok afin de voir la ville. Ce ne sera alors que la moitié du voyage.

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17 290 km au total, 8 heures de décalage.

Ce matin nous quittons notre logement humide, et traversons Vladivostok sans rien voir de plus qu'hier, le brouillard ne s'est pas levé. Nous partons en direction du sud sur 260 km environ. Il paraît qu'il fait soleil là-bas, nous dit-on à l'hôtel. Nous traversons les grands ponts de Vladivostok qui ont fait l'objet de gros investissements récents pour doper l'activité économique de cette région prometteuse, qui a souffert de son isolement lorsque la ville était fermée. Nous apercevons de nombreux navires de la flotte du pacifique dans plusieurs rades. Dès la sortie de la ville le paysage devient intéressant.

 Vladivostok

Après 200 km de route très mauvaise (les suspensions sont torturées d'autant que la voiture est bien chargée) nous arrivons à Posyet (Посье́т), un endroit très calme sur la mer du Japon. Après avoir ravitaillé et complété le plein dans le dernier village, c'est conseillé car nous allons dans une sorte de confins limité par la mer à l'est, la RPDC au sud et la Chine à l'ouest, seule une voie ferrée va vers la Corée du Nord. Nous y trouvons un petit port charbonnier.

 Posyet

Nous trouvons ce que nous cherchions, un endroit calme au bord de la mer pour se reposer enfin quelques heures, nous ne savons pas où nous allons dormir ce soir. Il fait très chaud, l'eau à 24° est parfaite. Depuis plusieurs jours beaucoup de personnes sympathiques s'intéressent à notre voiture et notre voyage. On nous demande la permission de photographier, certains filment notre interview. Sur la route beaucoup nous dépassent le pouce levé par la fenêtre. Depuis Irkoutsk nous n'avons pas vu une seule plaque hors Russie.

En face au pied de la grande montagne, à 35 km, c'est la frontière avec la RPDC. Une frontière fluviale de 19 km traversée par le pont ferroviaire de l'amitié, sur le fleuve Tumen (Туманная), entre les villes de Khassan (RU) et Tumangang (RPDC). Khassan (Хаса́н) en Russie est interdite pour nous.

En face la Corée du Nord 

Finalement l'inertie l'emportant sur le mouvement, nous dormons à deux pas de la mer ce soir, presque sur la plage, non loin d'autres campeurs pour nous rassurer. Le brouillard revient un peu avec le soir, il n'y a pas d'air et il fait très chaud.

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17 410 km au total, 8 h de décalage.

Ce matin nous plions sous un brouillard bien humide dans une atmosphère déjà très chaude, quel climat !


 Posyet

Avant de remonter vers le nord, nous allons un peu plus au sud vers la Chine et la RPDC. Les paysages sont très beaux et la nature luxuriante presque tropicale. Occupés à faire des photos de lotus, nous nous apercevons que la berge est infestée de serpents, trois autour de nous.. Repli, en regardant où nous mettons nos pieds. Nous continuons sur une route qui n'est pas en meilleur état qu'hier, et arrivons au dernier village autorisé avant les frontières à Kraskino fondé en 1900 (Краскино). La Chine est à 29 km, la Corée du Nord à 46 km par la route. Le village de Khasan nous est interdit, là-bas il y a seulement un viaduc ferroviaire et une gare.

Kraskino à 46 km de la Corée du Nord 

Nous croisons des convois ferroviaires en route pour la Corée ou la Chine, nous stoppons notre approche, la route devient piste, bientôt nous arriverons dans la zone frontière interdite, alors nous rebroussons chemin.

Nous remontons vers le nord pour aller à Slavyanka (Славя́нка), joli port de pêche, avec de beaux paysages côtiers, à notre grand désespoir, le brouillard s'épaissit, l'humidité est à son comble. Après 3,5 km à pieds dans un paysage détrempé et à travers une sorte de jungle, nous arrivons au cap, l'endroit est intéressant.

Slavyanka 

Face à cette humidité qui nous gagne nous renonçons à camper, nous trouvons un hôtel près du port, celui-ci est construit au dessus de la zone sous douane et à cheval sur une voie de chemin de fer, parfait !

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17 630 km au total, 8 heures de décalage.


Ce matin nous partons sans nous presser de Slavyanka (Славя́нка), qui est noyée dans un épais brouillard, il fait très doux. Nous roulons vers le nord en direction de Vladivostok, par chance le soleil apparaît. Nous traversons un grand parc national où tous les efforts sont faits pour conserver la population naturelle de léopards de l'Amour qui vivent ici dans des forêts primaires, ainsi que les ours de l’Himalaya et les tigres de Sibérie. Le léopard de l'Amour vit seulement en Extrême-Orient Russe, ici dans le Kraï de Primorie, il a disparu de Corée et quasiment de Chine où les forêts souffrent plus. Avec de gros efforts de protection la population remonte maintenant.

Nous parcourons à pieds un sentier aménagé en forêt où avec un peu de chance il est possible d'apercevoir des traces de léopard. Il fait 32° avec presque 100% d'humidité, la sensation est vraiment tropicale, de plus il faut vêtir pantalon et veste à cause des insectes. C'est pour nous l'occasion de pénétrer dans la forêt, chose quasi impossible ici sans préparation et équipements. Beaucoup de végétaux nous sont inconnus d'autres, sont des variantes comme le chêne de Mongolie ou le noyer du Japon.

Kraï de Primorie 

Nous roulons ensuite sur 15 km de piste parfois difficile pour rejoindre la mer et profiter du soleil. Maïlys en profite pour avancer son journal, pendant que je graisse l'essieu de la 309 au bord de la plage en maillot de bain, c'est plus agréable.

Sur la route de Vladivostok nous faisons un arrêt au bord de la grande route pour acheter des bolets pour ce soir.

 Arrivée à Vladivostok

Nous arrivons à Vladivostok, il n'y a pas de brouillard ! Nous nous rendons mieux compte de la physionomie de cette très grande ville de l'Extrême-Orient de plus de 600 000 hab. Notre chambre se trouve dans un bâtiment proche de la gare, nous sommes très bien placés, la fenêtre donne sur le pont d'or, sur la Flotte Russe du Pacifique et sur la gare terminus du Transsibérien.

Vladivostok, la Gare Terminus du Transsibérien, la Rade 

Demain nous relâchons à Владивосток.

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8 heures de décalage.

Aujourd'hui nous visitons Vladivostok, malheureusement le brouillard est revenu, mais il est moins dense, il fait très chaud. Vladivostok signifie "qui domine l'est" fondée en 1859, c'était un avant poste naval Russe, qui fut occupé par les Japonais et repris par l'armée rouge en 1922. La ville a connu un fort développement économique avec son port et le terminus du Transsibérien, même si elle fut ville fermée aux étrangers de 1959 à 1990. Il s'y exerce une activité de commerce maritime, de pêche en haute mer, et d'industrie militaire. Beaucoup de touristes Coréens et Chinois la visite. Nous commençons par aller à la gare, c'est un symbole car c'est le terminus du mythique Transsibérien, une stèle y indique le nombre de km depuis Moscou : 9 288 km. Nous passons voir Lénine qui indique la direction de l'est, pour nous maintenant ça va être plutôt vers l'ouest.. на запад !

Nous longeons le port où une partie de la flotte du Pacifique est stationnée, la flotte est répartie en plusieurs ports dans Vladivostok et sa région.

 Rade militaire de Vladivostok

Nous visitons ensuite le sous marin C 56 construit en 1939 à Vladivostok, qui connu un destin glorieux durant la guerre en navigant du Pacifique à l'Atlantique passant par Panama et sur neuf mers, à la recherche de cibles allemandes dont de nombreux pétroliers. Il a servi jusqu'en 1954 et est devenu une icône soviétique, avant d'être placé sur son piédestal en 1975.

Le C56 

Nous empruntons un des funiculaires de la ville, construit à l'initiative de Nikita Khrouchtchev après un voyage à San Francisco. Très pratique pour arpenter les nombreux reliefs de cette ville.

Nous poursuivons par un tour au centre ville.

Enfin nous terminons la journée par l'achat d'Ikra (œufs de saumons sauvages) et de crabe du Kamtchatka assorti d'une bouteille de "champagne" de la mer noire, histoire de fêter cette traversée du continent.

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17 700 km au total, 8h de décalage.


Ce matin le Diamond Princess vient d'accoster à Vladivostok, la ville promet d'être remplie de touristes. Nous allons voir un phare à l'entrée de la baie, et en profitons pour déguster des huîtres sauvages (géantes) pêchées en direct et cuites sur la rive.

 Vladivostok

Avant de quitter la ville nous mangeons au "Pyongyang" dans le seul restaurant Nord Coréen de Vladivostok, il y en a un autre à Khabarovsk, nous avons de la chance car à peine ouvert à 12h00, celui-ci est complet.

 Le Pyongyang

Nous sortons de la ville en direction du nord-est, pour parcourir la plage de verre. À l'époque soviétique cette plage servait de décharge pour une usine de verre et céramique, avec le temps tout cela s'est poli. Il y en a des quantités industrielles.. Sur plusieurs plages du secteur, c'est une attraction ici.

 La plage de verre

Puis nous nous posons sur une plage tranquille. Un aqueduc passe au dessus, du coup nous avons droit à la douche d'eau douce.

Sauf qu'un accident n'arrive jamais au bon endroit, ni au bon moment, comme toujours. Maïlys a chuté dans les rochers, plus exactement depuis le sommet du grand roc que l'on voit en arrière plan au fond, grosse chute donc. Après avoir découvert Maïlys accrochée dans le courant au pied du roc, et l'avoir difficilement ramené sur la plage à travers le chaos qui borde l'océan, Maïlys se plaint du dos et du pied qui est très enflé. Après nettoyage des plaies et bilan nous chargeons Maïlys allongée à l'arrière de la 309, nous nous déplaçons vers un dispensaire où nous sommes immédiatement pris en charge : radiographie et atèle. Devant la gravité des blessures on nous dirige vers un des hôpitaux de Vladivostok, une adresse sur un bout de papier : "Ulitsa Russkaya, 57" nous voila reparti en 309, là aussi prise en charge immédiate, après d'autres vérifications, Maïlys est endormie et plâtrée, une heure après notre arrivée. Bilan : multiples fractures du péroné, lésions à la colonne, les médecin nous disent de revenir demain à 10h pour faire le point. Nous allons nous réorganiser. Nous n'irons pas à Nakhodka, et allons rester jusqu'au 5 août ici, date à laquelle Maïlys prend normalement l'avion pour Moscou.

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Du coups les nouvelles sont moins bonnes qu'hier, après un rendez vous avec les médecins, on nous a annoncé que Maïlys a 3 vertèbres fracturées au milieu du dos. Hier l'urgence était la fracture du péroné, mais on sentait qu'il y avait un problème avec le dos. Afin de ne pas opérer, il lui faut du repos et de l'alitement, 50 jours préconisés ici. Chose qui n'est pas compatible avec la suite du voyage. Maïlys va donc être rapatriée médicalement. Compromettant la suite de son voyage en Russie avec sa maman. Tout le monde est désolés, mais elle a échappé à bien pire. C'est ainsi. Nous multiplions les démarches, et nous nous organisons pour rester à Vladivostok. Tout ceci dans une chaleur de + de 30° avec une très forte humidité.

Maïlys garde le moral, elle est à l'Hôpital n°2 dans une chambre avec 4 enfants en traumatologie pédiatrique, étant la moins mobile, car elle n'a pas le droit de se lever, ses voisines lui viennent en aide. L'ambiance est bon enfant.

Ce matin nous avons été auditionnés très courtoisement par la police dans un commissariat fort éloigné de Vladivostok pour nous expliquer sur les circonstances de l'accident, Maïlys étant mineure.

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J 36, nous passons la journée entre hôpital et formalités auprès de l'assurance et des médecins de l'hôpital pour organiser le rapatriement sanitaire, qui de l'aveu de la compagnie, n'est pas des plus simples. La chaleur est infernale, et toujours cette humidité. Mais ça va, Maïlys garde le moral, même si elle ne peut quitter ni son lit, ni sa position allongée. L'ambiance de sa chambre est bonne, 4 enfants plâtrés l'accompagnent, une jeune fille s'occupe particulièrement de Maïlys, qui est complètement dépendante pour l'instant. Nous commençons à avoir nos habitudes à Vladivostok, et sommes connus dans l'hôpital et au poste de garde. Pour le logement nous naviguons de chambre en hôtels dans Vladivostok. Notre petite chambre de ce jour est à deux pas de la mer, de très nombreuses plages bordent la ville. Pas trop le temps d'en profiter.

J 37, 3-ème jour d'hôpital pour Maïlys.

Elle va bien, l'immobilisation allongée est le seul remède, patience. C'est le week-end, on nous a laissé entendre que rien ne se passerait. Nous attendrons donc lundi pour avoir des nouvelles du rapatriement. Nous changeons d'hôtel aujourd'hui. Nous allons voir de plus près un hélicoptère de la marine soviétique avant de faire un tour au marché au poisson, ici on trouve du crabe royal du Kamtchatka des œufs de saumons sauvage du même endroit et de l'esturgeon.

La conduite dans la ville reste un art assez stressant, heureusement il y a beaucoup de civisme, sans cela il serait impossible de rouler. Il est possible ici de s'insérer sur une 4 voies ou 6 voies et de la couper pour traverser. Sur les autoroutes il y a régulièrement des ouvertures dans la barrière centrale pour faire demi tour ! Prudence donc, attention au piétons qui ont priorité absolue, aux obstacles, pneus, briques ou bûches sur la route et aux trous qui ne laisseraient aucune chance à notre auto. Au final pas de comportement agressif observé, et très peu d'incivisme.

J 38, il fait un peu moins chaud, mais si humide ! Le brouillard est revenu, nous sommes installés dans un superbe appartement aménagé et nettoyé avec perfectionnisme, dans un solide immeuble de l'époque soviétique, la personne qui nous le loue habite ce logement et va certainement dormir ailleurs le temps de la location, la pratique est assez courante. Nous faisons un dernier tour au centre de Vladivostok pour quelques courses et souvenirs, profitant d'une circulation dominicale plus calme. Avant de rejoindre Maïlys dans son hôpital en périphérie. Elle souffre un peu chaque nuit du dos, mais prend son mal en patience, que faire d'autre que de rester allongée sur ce matelas recouvert de lattes de bois pour soutenir son dos.

Après un tour au parc de la Victoire, nous rejoignons notre appartement.

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J 39, 5-ème jour d'hôpital pour Maïlys.

Nous changeons encore de chambre. Le climat n'a pas changé, on ne s'y habitue pas, vraiment. Maïlys souffre un peu moins, c'est lundi et nous avons des nouvelles de l'assurance, le rapatriement devrait se faire vendredi ou samedi... Une semaine de plus à Vladivostok ! Nous avons maintenant une bonne organisation entre les visites à l'hôpital et notre propre logistique. Nous avons trouvé une chambre à bon prix pour 4 nuits, on va enfin se poser. La déco de la salle de bain est assez tonique. Aujourd'hui nous avons profité de la plage en fin d'après-midi avant de retourner à l'hôpital, l'occasion de se refroidir un peu. Nous sommes dans les délais pour le retour mais il ne faudrait pas que cela ne dure beaucoup plus, pour l'instant la route est coupée par le débordement du fleuve Amour à 800km d'ici à Khabarovsk, espérons que ça se résorbe, plus loin nous rencontrerons des incendies de forêts vers Krasnoïarsk. Ce jeudi nous attendons à Vladivostok le reste du typhon Francisco, qui arrive sur le Japon aujourd'hui, à suivre.


J 40, journée d'attente, il fait beau, nous allons en ville pour effectuer des formalités réclamées par l'assurance, impressions de documents et scan.

Nous assistons Maïlys au quotidien, pour l'aider, elle ne peut quitter sa position allongée sur son lit de lattes de bois. Dans l'après midi il y a du nouveau, le rapatriement se ferai vendredi, par un vol médicalisé sur Séoul en Corée ou elle serai hospitalisée 24h pour être stabilisée, avant de poursuivre vers Paris sur Air France avec une équipe médicale Française, pour enfin arriver à Annecy en ambulance.. Un voyage de 2 à 3 jours.

Nous allons nous préparer à ce scénario, est amorcer le retour aussitôt que Maïlys aura été prise en charge. Nous devons sortir de Russie avant le 5 septembre date de la fin de mon visa.

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J41, mercredi 7 août, journée d'attente, nous rendons visite à Maïlys qui va bien, son seul regret : l'ambiance de la chambre à changé, la jeune fille qui s'occupait si bien d'elle est partie ainsi que 2 autres enfants. Elle souffre moins, et est attentive à maintenir son dos à plat et sans bouger, seul remède pour l'instant. Le temps est toujours à la chaleur et à l'humidité, Vladivostok se trouve à la latitude de Toulon, bien au sud donc pour la Russie. Le point le plus au sud de la Russie, se situe dans la chaîne du Caucase, à la même latitude que Bonifacio et pour mémoire le lieu habité le plus au nord de la Russie est Nagourskoïé, à 1020 km du pôle nord. Pas de nouvelle du rapatriement aujourd'hui, C'est très long.. Une pluie intense devrai tomber dès ce soir et demain.


J 42, jeudi 8 août, Maïlys est hospitalisée depuis une semaine. Elle supporte stoïquement sa condition. Il pleut des trombes, ce matin la traîne du typhon Francisco passe sur Vladivostok. Nous attendons des nouvelles de l'assurance pour le rapatriement demain vendredi. À 18h d'ici, nous recevons un appel pour nous informer qu'il est impossible de la rapatrier avant lundi, 4 jours de plus ! Nous prenons acte et ne pensons pas trop au retour, si nous partons mardi prochain, il nous restera 24 jours pour parcourir les 10 000 km jusqu'à la frontière Russe.

Rond point des 70 ans de la victoire 
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J 43, vendredi 9 août, il fait plus frais aujourd'hui, c'est bienvenu, la température est autour de 20°.

Nous changeons encore d'hôtel, l'assurance a pris en charge notre nouvel hôtel en nous annonçant que le rapatriement médical ne pourrait se faire avant vendredi prochain, le 16 août !! dans une semaine ! Pas de place dans les avions pour la civière et le personnel médical en ce mois d'août. Nous sommes un peu abasourdis et coincés ici. Cela nous laisse plus que 20 jours pour sortir de Russie. Maïlys garde le moral et va de mieux en mieux. Pour nous changer les idées, nous allons faire une visite dans un centre d'accueil d'animaux blessés ou trouvés (après incendies par exemple) de la région de l'Oussouri. Certains peuvent être réintroduits, d'autres pas, faute d'apprentissage en milieu naturel.


À peine sorti de Vladivostok la nature est sauvage et difficile d'accès, léopards, ours, loups et tigres de Sibérie y vivent. La région a été explorée à la fin du XIX ème siècle, début 20ème, par Vladimir Arsenief, une ville porte son nom au nord de Vladivostok. Celui-ci a beaucoup écrit, notamment "Dersou Ouzala" (un autochtone qui a aidé Arseniev dans ses expéditions) livre d'aventure passionnant. Qui témoigne de l'exploration de l'Extrême-Orient Russe.

J 44, samedi 10 août,

le jour est gris, frais et brumeux, mauvaise nouvelle tôt ce matin, Korean Airlines a annulé le vol du vendredi 16 août, nous laissant dans un désarroi grandissant. De plus c'est le week-end, tout est comme figé. L'assurance va étudier toutes les possibilités, y compris par le Japon ou en plusieurs vols intérieurs Russes. Nous sommes piégés et ne pensons plus trop au retour en voiture pour l'instant. À l'hôpital, Maïlys va bien, sa chambre est bien tranquille. Elle ne sont que trois en chambre et c'est le week-end. On nous fait sortir à 14h, nous pourrons revenir à 16h, les enfants du service doivent faire la sieste. L'après midi nous changeons à nouveau d'hôtel, celui-ci est un peu plus loin de l'hôpital, à 8 km de conduite péri-urbaine dense et sportive ! L'hôtel "Granit", c'est du solide, est un pur produit de l'ère soviétique, il se trouve en haut d'une colline, et est plutôt bien. Il y a de la vue sur les reliefs de Vladivostok et la mer, mais le temps est si brumeux !

J 45, dimanche 11 août, la météo a tourné et s'est installée à la fraîcheur. Pas de nouvelles de l'assurance. Maïlys va bien, mais le temps est long. Nous l'aidons au quotidien, et aidons aussi d'autres personnes, chaque patient est entouré par sa famille, ainsi dans une chambre de 5 lits on peut se trouver à une dizaine de personnes. La chambre s'est remplie, maintenant Maïlys est entourée de deux bras cassés supplémentaires. Les jeunes filles aident Maïlys en notre absence avec leur bras restant. Une particularité de la région, la grande majorité des véhicules qui circulent viennent du Japon et ont le volant à droite, ce qui complique évidemment la circulation, car la plupart des chauffeurs ne nous voient pas où au dernier moment. Nous évitons de circuler de nuit, c'est assez stressant, de plus avec les importantes pluies du moment les trous dans la chaussée sont invisibles. Pour l'instant la 309 tient le coup même si la direction claque beaucoup à cause du jeu dans le cardan.

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J 46, lundi 12 août.

Aujourd'hui il pleut, 19°. Nous allons à l'hôpital, où Maïlys va bien, chaque jour elle reçoit des soins de magnéto-thérapie sur ses fractures, elle a eu un épisode de fièvre qui s'est terminé suite à un traitement. Nous indiquons au médecin que Maïlys est pour l'instant sans solution de départ, elle nous confirme qu'il n'y a pas de places pour Moscou ou Séoul au mois d'août. En outre, l'alitement seul est préconisé. Alors patience ? Cette après midi sommes allés au Bureau Fédéral des Migrations pour nous renseigner sur la possibilité de prolonger mon visa pour une durée maximale possible de 10 jours. Après une brève attente nous avons rencontré la bonne personne, qui nous a signifié un net refus, n'étant pour l'instant pas dans un cas de force majeure, dont acte. Retour à l'hôpital après une visite à l'église de l'intercession.

J 47, mardi 13 août, il fait 20°, brumeux, puis très pluvieux..

Nous escaladons le petit mont en face de notre hôtel pour admirer la vue plutôt urbaine de la périphérie de Vladivostok, cela manque de ciel bleu pour voir la mer... Nous faisons un dernier tour en ville, du moins l'espérons nous. En attendant nous nous occupons de Maïlys, aujourd'hui c'est shampoing, allongé. Un nouveau plâtre lui a été apposé sur la jambe gauche. Ce soir l'assurance nous "assure" que Maïlys part jeudi 15 août en avion affrété jusqu'à Tokyo (2h de vol). Ce scénario doit absolument fonctionner, nous prendrons la route le 15.

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J 48 mercredi 14 août, dernier jour à l'hôpital ?

Nous l'espérons fortement, après 2 semaines d'inaction, il devient impératif de se mettre en route. Aujourd'hui le ciel est gris mais le temps est sec ! Nous apercevons une des rades de Vladivostok depuis notre hôtel perché. Maïlys est prête à partir, toilette, sac etc.. Et là on nous annonce qu'elle ne partira pas demain, mais vendredi, sans trop de précision. Sentiment de déjà entendu, notre départ est reporté pour la cinquième fois.. Ce soir nous avons un sérieux concurrent à l'hôtel, c'est la première plaque étrangère que nous voyons depuis Irkoutsk à 5 000 km de là. Un Hongrois sacrément voyageur, il roule avec une GAZ 69 Russe, connaissant son confort et sa vitesse légendaire (max 90) quel courage, cela dit le véhicule est mieux taillé pour affronter les routes Russes que la 309. Mais il n'est pas allé au Cap nord ! La GAZ 69 été produite de 1948 à 1975 à 600 000 ex par GAZ, UAZ, et ARO (Roumanie) 1550 kg, moteur essence 2,4L, celle ci a été produite par GAZ : Gorkovski Avtomobilny Zavod : Usine Automobile de Gorki (ancienne Nijni Novgorod) l'usine produit actuellement beaucoup d'utilitaires dont la Gazelle..

J 49 jeudi 15 août, pluie continue, 20°.

Nous attendons maintenant des nouvelles pour le départ de Maïlys. Avec le décalage une grande partie de la journée s'écoule, tandis qu'il fait nuit en France et à Moscou, rien ne se passe. Maïlys va bien, mais cette incertitude nous pèse. Demain si tout se passe bien (car une alerte météo est lancée sur Vladivostok demain, il pleut déjà énormément aujourd'hui) Maïlys sera prise en charge en civière par une équipe Japonaise à 16h, pour aller ensuite en ambulance à l'aéroport de Vladivostok, départ 18h vers Tokyo avec un petit jet Chinois, arrivée à 19h15 après 2h de vols (1h de décalage supplémentaire) et transfert immédiat dans l'AF Tokyo-Paris-Lyon qui décolle à 22h50 de Tokyo pour 12h30 de vol. Elle devrai arriver à Annecy dans 2 jours. Nous sommes soulagés pour elle et pour nous, car nous arrivons au seuil critique des 20 jours (500 km par jours pendant 20 jours..), pour rejoindre la frontière Russo-Lettone avant le 5 septembre. Nous rentrons à notre hôtel dans un enfer de circulation urbaine sous des trombes d'eau. Je suis étonné que nous ayons fait tous ces kilomètres dans Vladivostok sans un accrochage, nous en avons vu tellement.

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17 820 km au total, 8h de décalage.

Bien sûr il pleut, il fait 20°, brouillard dense. Nous ne compterons pas les 250 km fait en urbain.

Voila 16 jours que nous sommes à Vladivostok depuis l'accident de Maïlys le 31 juillet, la situation se débloque enfin ! Nous avons peine à croire que c'est fini. Après avoir préparée Maïlys pour son long retour, une équipe médicale Russe est arrivée à l'hôpital n°2 à 16h45 pour préparer Maïlys pour son transport. Elena est partie avec l'ambulance pour rejoindre l'aéroport distant de plus de 40 km tandis que je prenais la route seul en 309.

Nous nous souhaitons bons retours ! Et prenons la route vers le nord pour Oussourisk, tandis que Maïlys continue vers l'est pour Tokyo. Elle rentre en France cette nuit par le vol Tokyo-Paris AF293 avec une équipe médicale Française. C'est une longue convalescence et rééducation qui va commencer.

Nous parcourons les kilomètres restant jusqu'à Oussourisk en commençant par un bouchon d'une heure pour travaux en ce vendredi soir, puis dans un cauchemar éveillé de routes défoncées, de nuit, sans marquage au sol, sous une pluie diluvienne. On se promet de ne plus rouler de nuit, la 309 a encaissée de sérieux chocs. La région est inondée en partie, nous devons vite nous éloigner, aucune accalmie n'est prévue, les fleuves Oussouri et Amour ne cessent de gonfler. Demain nous envisageons une longue étape de 600 km jusqu'à Khabarovsk, cette portion est peu roulante, notre moyenne va être peu élevée. Nous pourrons ainsi franchir le fleuve et nous éloigner de se climat.

Ce soir après avoir traversé Oussourisk (Уссурийск) au 3/4 plongée dans le noir, dans 10 cm d'eau, nous arrivons sous un déluge dans un petit hôtel très correct, et plutôt sec pour 1500 Rub.

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18 500 km au total, 8 heures de décalage.

A 7h30, nous prenons la route, il ne pleut pas, le ciel est couvert par 20°. A cette heure Maïlys survole le continent Eurasiatique. Hier les adieux à l'hôpital étaient émouvants, en 16 jours nous avons eu le temps de connaître du monde, nous avons offert du chocolat (Russe) à la sécurité, qui nous a toujours facilité l'accès au bâtiment et à l'étage de traumatologie, avec le sourire. Maïlys à offert du chocolat à ses voisines de chambrée qui l'on souvent aidée, à sa médecin : Ekaterina et à son infirmière : Loubov, celle ci nous à tous pris dans les bras au moment du départ. Nous avions finis par sympathiser malgré son austérité initiale. Aujourd'hui nous enchaînons 680 km de route, avec des éclaircies et de fortes averses de pluie fine, la moyenne n'est pas terrible, nous mettrons 12h30, avec les arrêts. Ravitaillement et petite vérification mécanique, nous profitons d'un moment enfin sec pour remplacer le filtre à air bien colmaté par le voyage aller. Reste à prévoir bientôt le remplacement du filtre à huile et un nouveau graissage de l'essieu arrière. Le problème du cardan de direction qui prend de plus en plus de jeu va peut être bien trouver une solution à Irkoutsk, j'en parlerai plus loin.

 Ravitaillement - Révision

La région est saturée d'eau, beaucoup de routes et de villages sont inondés, nous sommes heureux de ne pas rester bloquer, il n'y a qu'une route pour notre retour. Nous traversons la rivière Bikine (Бикин) 560 km qui ce jette dans l'Oussouri.

 En traversant la Bikine

Nous passons devant la centrale thermique géante de Luchegorsk de 1,4 GW, qui possède une cheminée de 330 m (le plus haut bâtiment d'Extrême Orient) elle produit de l'électricité pour une grande partie du Kraï de Primorye. Elle génère aussi une grande quantité d'eau chaude qui chauffe la ville. Les générateurs viennent de Leningrad, les turbines de Novossibirsk et les chaudières de Barnaoul... Dans cette localité, en 2015, une trentaine d'ours poussés par la sécheresse avaient encerclés la ville, certain s'aventurant dans le centre ville. Cette année 2020 : point de sécheresse.

 Luchegorsk et sa cheminée de 330m de hauteur, dans les nuages

Sur la route...

Arrivée à Khabarovsk 

Ce soir il pleut par 13° à notre arrivée à Khabarovsk, ça devrai durer, nous allons avoir quelques jours de temps frais. Demain nous commencerons à rouler vers l'ouest (nord ouest) Il faut bien revenir ! Nous allons essayer de faire une étape de plus de 700 km, sans savoir trop où nous allons nous arrêter, nous sommes à plus de 2000 km de la prochaine grande ville : Tchita. Ce soir j'apprends que Maïlys est bien arrivée à l'hôpital d'Annecy, après un long voyage avec 3 avions, elle a la forme.

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19 320 km au total, 7 heures de décalage

13°, pluie, nous quittons Khabarovsk en traversant le grand pont de 3km900 sur le fleuve Amour, nous passons devant le panneau indiquant Tchita à 2101 km. En ville nous rencontrons des immeubles en bois datant d'avant guerre, appelés ici "baraques", il en reste peu. Derrière on peut voir un bâtiment en dur, une "Stalinka". Les Stalinkas ont été construites de 1930 jusqu'au milieu des années 50, ensuite ont été construites les Krouchtchovka (période Khrouchtchev-Brejnev) bâtiments de 5 étages, moins beaux, et plus cubiques, principalement en béton préfabriqué, c'est un marqueur de l'époque soviétique, on les retrouvent sous toutes les latitudes, d'ouest en est et dans toutes les anciennes républiques de l'URSS. Dans toutes les villes d'importance on rencontre tramway, trolleybus, bus et parfois métro, aucun problème pour se déplacer sans voiture donc, comme nous l'avons toujours fait avant.


 Khabarovsk

L'inondation est omniprésente, nous roulons durant presque tous le trajet sous la pluie.

Malgré tout c'est un plaisir de refaire cette route dans l'autre sens, cette étape jusqu'à Tchita est la plus "désertique", peu de villages, la nature est superbe, c'est une alternance de marais et de petits monts. Reste la conduite, la concentration est de tout les instants, aujourd'hui la route est bonne, pas de travaux (certaines portions ont été bitumées depuis notre passage) nous roulons plus vite, du coup les trous ou les obstacles arrivent très vite. Attention aux piétons, les agents de maintenance travaillent sans cônes, sans signalisation, parfois au milieu de la route, de véritables trompe la mort. Idem pour ceux qui réparent leurs véhicules ou changent un pneu à moitié sur la chaussée, un tas de branches ou un bidon d'huile posé sur la route prévient du danger. Concernant les dépassements nous sommes habitués à nous croiser à 3 sur la route, en fait pour doubler, on s'engage sans visibilité, puis les autres se poussent.. Prudence donc. En village ralentissement obligatoire, 60 km/h ou 40 km/h, radar systématique, en campagne 90 km/h, pas mal de radars mobiles, on est content lorsque la route nous permet d'atteindre cette vitesse.

Aujourd'hui nous avons fait 820 km entre 08h30 à 19h30, soit en 11h, pause repas et ravitaillement en carburant inclus, c'est satisfaisant, il nous faut maintenir le rythme pour récupérer une marge. La bonne surprise est que nous gagnons une heure sur notre journée, ça aide, et cela encore 7 fois à l'avenir. Ce soir en s'écartant de l'Amourski-trakt, nous trouvons sans difficulté un appartement à Chimanovsk (Шима́новск), petite ville de 20 000 hab., fondée en 1910, sur le tracé du Transsibérien, ville tranquille et bien entretenue, qui abrite une usine de grues automobiles. À quelques kilomètres, vers la frontière Chinoise, au bord de l'Amour, une couche de charbon brun (lignite) se consume en sous sol, elle a brûlée à l'air libre depuis 300 ans. Nous logeons dans une petite Stalinka. Bien sûr, il pleut.

Chimanovsk 

Demain nous espérons rejoindre Mogotcha à 730 km au nord-ouest, nous allons compléter le plein avant de quitter Chimanovsk car cette portion vallonnée est déserte. Maïlys va bien, elle a été pris en charge à l'hôpital d'Annecy, y a subi des examens complémentaires, lundi elle sera équipée d'un corset pour un mois et demi, puis elle sera verticalisée, elle devra ensuite acquérir de l'autonomie avec de béquilles et de la rééducation.

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20 060 km, 7 h de décalage.


Départ à 7h30, 11°, ciel couvert. Sortis de Chimanovsk ( Шимановск), nous roulons à travers la Taïga, la route est bonne, la température est idéale pour rouler et il y a peu de véhicules sur ce tronçon. Il semblerait que nous allions vers le soleil. Exemple de travaux non signalés.

Tchita n'est plus qu'à 1000 km, retour en Transbaïkalie 

Après 200 km de route nous faisons un arrêt d'une heure pour une inspection du soubassement de l'auto, avec remplacement du filtre à huile et graissage de l'essieu arrière. Chaque parking dispose d'une rampe en libre service qui permet l'entretien et la réparation de son véhicule, c'est très pratique. Certaines rampes sont prévues pour les poids lourds. Pendant ce temps là Elena ramasse des baies.

Cette étape est vraiment très belle, nous l'avions faite sous la pluie à l'aller, c'est un plaisir de rouler dans ces paysages sibériens sous le soleil ! Enfin ! La température atteint 23° au plus chaud de la journée. Certaines portions de route sont en travaux et d'autres sont une succession de dos d'âne et d'affaissements, la conduite est sportive. Nous faisons une pause en forêt, il y a de nombreux plants de cassis sauvages dans le sous bois, c'est le paradis des baies et des champignons, qui font le bonheur des ours.

Sibérie 

Nous sommes passés là en juillet, nous repassons en août, l'automne n'est plus très loin, l'été est court ici et l'hiver très froid. Durant le trajet nous passons à proximité de Skovorodino, Magdatchi (Магдагачи) et Amazar (Амазар), nous quittons l'Oblast de l'Amour pour entrer en Transbaïkalie.


À 19h00 après 740 km nous arrivons à Mogotcha (Могоча), petite ville isolée de 12 000/hab., fondée en 1910 sur le tracé du Transsibérien, qui a attiré une partie de sa population par la présence de mines d'or. Nous trouvons un petit hôtel à l'entrée de la ville qui fera l'affaire, l’hôtel "Touriste" !

 Mogotcha

Demain nous espérons dépasser Tchita (Чита) avec une étape de 700 km environ, il nous restera 17 jours en Russie et 8 000 km à minima pour rejoindre la frontière à Zilupe.

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20 730 km au total, 7 heures de décalage.


Départ à 7h30, 10° forte pluie... Nous perdons une heure et 30 km pour trouver une station service, le réservoir est vide et la prochaine station sur la grand route est à 120 km.

Jusqu'à Tchita (Чита), c'est d'abord 400 km de taïga sous une pluie intense. Nous avançons doucement en surveillant les affaissements retors (pour la suspension) de la route. Nous nous arrêtons pour compléter le plein du réservoir et nous restaurer dans un petit Kafé au milieu de nulle part. Nous l'avions apprécié à l'aller (déjà sous la pluie), il y a là principalement des routiers et des travailleurs de la route au visage buriné, des gouttes tombent du plafond, l'électricité s'arrête, la cuisine continue ! Nous mangeons pour 500 Rub pour deux : salade olivia, soupe solienka (солянка), frites/oignons maison, thé, café et crêpes au miel, le tout délicieux, dans la pénombre et le calme. Puis de la steppe défile sur 100 km, là le temps change et devient un peu plus sec et enfin nous parcourons encore 100 km de taïga. À l'approche de Tchita, nous quittons progressivement cette vaste zone dépeuplée, et rencontrons les premiers pâturages et troupeaux, ainsi que quelques villages.

 Moto Oural à deux roues arrières motrices

À Tchita, nous repassons au Datsan avec le soleil cette fois ci, nous réglons quelques affaires avant de sortir de la ville pour trouver où dormir. Tchita est aussi une ville de garnison. Le ciel est assombri par les fumées des incendies géants de cette année en Sibérie.

Tchita 

Sortis de la ville nous stoppons au Transbaïkalsky Transit Hôtel, pour 1300 Rub. Ce soir il fait 15°, pluie, vent. Demain nous espérons bien dormir sous tente au bord du lac Baïkal à environ 750 km d'ici, soit une douzaine d'heures de route, via Oulan-Oude, beau trajet en perspective demain. Nous sommes à 1000 km d'Irkoutsk. Vu sur la carte, il reste encore beaucoup route ! Mais pas de doutes.

 Il reste du chemin à parcourir...
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21 490 km au total, 6h de décalage.

Départ à 07 h, 11°, soleil. Nous repartons vers l'ouest, en direction d'Irkoutsk (Иркутск), qui est à mille kilomètres. Les alentours de Tchita (Чита), et de Oulan-Oude (Улан-Удэ), distantes de 600 km, constituent un paysage de steppes et de reliefs marqués, nous longeons la Mongolie par le nord, parfois à moins de 150 km.

Irkoutsk est à 1000 km ! Bientôt le Baïkal

Cette étape tiens ses promesses, elle est superbe, nous l'avions faite en partie sous la pluie à l'aller.


Plus loin, après avoir rencontré des chevaux en liberté sur la grande route, nous dépassons d'immenses mines de charbon à ciel ouvert.

En milieu de journée, nous quittons la Transbaïkalie (Забайкалье) pour entrer en République de Bouriatie (Республика Бурятия) peuplée de chamanistes indigènes et nomades mongols, nous gagnons une heure au passage, ce qui va nous aider, car nous ne sommes pas en avance.

En Bouriatie la grande steppe est au rendez vous avant Oulan-Oude, superbe paysage. Nous en profitons, car après c'est terminé, plus de steppe, les pins et les bouleaux seront à nouveau nos compagnons en bord de route.

 Bouriatie



La Selenga 

Quelque kilomètres avant Oulan-Oude, nous faisons un arrêt pour escalader un promontoire qui nous donne une vue magnifique sur la Selenga (Селенга). Nous retrouvons le vrai ciel bleu et une vingtaine de degrés. Nous contournons ensuite de loin la ville, franchissons le check-point de la police de la route, pour filer en direction de la rive Est du Lac Baïkal, par une route montagneuse, en suivant de loin la rivière Selenga. Aujourd'hui nous avons croisé un cycliste Suisse qui traverse visiblement la Russie en solo, et nous nous sommes fait doubler par un motard Letton, avec un moral d'acier.

 Oulan-Oude

Avant d'arriver au Baïkal, nous passons rendre une visite monastère de Troitskoye (Троицкое).

 Monastère de Troitskoye




 Bivouac au bord du Baïkal à Boyarsky

Le Baïkal ! Il fait 12° et l'eau est bien fraîche ce soir, nous constatons comme les jours ont raccourcis depuis notre dernier passage. Étape longue aujourd'hui, nous avons roulé de 7h à 20h30, et en gagnant une heure ! Nous avons planté la tente à la nuit, et pris un bain dans le Baïkal qui n'est plus très chaud, dans quelques mois se sera une banquise de 1 m d'épaisseur. Le ciel étoilé est extraordinaire ce soir. Demain direction Irkoutsk où un colis nous y attend en poste restante si tout va bien. Des nouvelles de Maïlys : aujourd'hui c'était opération du péroné et de la malléole, les médecins français ont préférés ouvrir pour traiter cette fracture multiple. Maïlys a refusé l'anesthésie générale, et a assisté à l'opération sous anesthésie locale.

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22 540 km, 6 heures de décalage.

Départ à 8h, après une nuit fraîche, en polaire dans nos duvets, rythmée par les passages d'immenses convois ferroviaires qui faisaient trembler le sol sous la tente, sans parler du puissant klaxon des motrices actionnés à notre hauteur du fait d'un petit passage à niveau sans barrière eu peu plus loin, quelle nuit.. Durant ce voyage nous aurons toujours longés de la ligne Moscou-Vladivostok. Ce matin il fait 12°, on se motive en commençant par un bain dans le lac Baïkal avant de partir pour Irkoutsk en contournant le lac par le sud. D'un côté le lac, de l'autre les montagnes, derrière les montagnes c'est la Mongolie. Nous nous arrêtons pour la troisième fois en 2 ans dans notre petit restaurant à Vydrino, pour y déguster un met Bouriate les pozy, nous mangeons pour 390 Rub.

Baïkal 

En longeant le lac, nous passons par Babouchkine (Бабушкин), Tankhoi (Танхой), Vydrino (Выдрино), Baïkalsk (Байкальск), puis nous marquons un arrêt à Slyoudianka (Слюдянка), avant de quitter le Baïkal, c'est une petite gare du Transsibérien, originale dans sa construction. Cette petite ville est agréable, de nombreux randonneurs et touristes arrivent ici en train.

 Slyoudianka

Nous continuons notre retour en direction d'Irkoutsk, la route entre l'extrémité sud du lac et Irkoutsk n'est pas facile, une vraie route de montagne, drôlement tracée, d'interminables montées et descentes à 10 ou 12%, sur plus de 50 km, les camions souffrent en montée et les descentes sont très dangereuses. La vigilance est de mise entre l'état de la route et les animaux qui le borde.

Nous faisons un long détour urbain par Irkoutsk pour récupérer un colis, en effet depuis 10 000 km environ, la direction de la 309 prend du jeu, cela s'accentue, le volant vibre tout le temps et cogne dès 80 km/h maintenant. Les chaos et les 635 000 km parcourus par l'auto ont eu raison du cardan de la colonne de direction. Nous perdons un peu de temps mais c'est nécessaire. Une chaîne logistique c'est mise en place depuis 3 semaines, mon cousin (merci Philippe) à démonté la pièce sur une 309, mon papa (merci Henri) à procédé à l'expédition vers Orenbourg dans le sud de la Russie, ma belle sœur (merci Tania) à réexpédié le colis en poste restante sur notre trajet, nous avons choisi Irkoutsk, c'est heureux car la pièce était là cette après midi, et le jeu important du volant m'inquiète vraiment.

 Irkoutsk

Nous passons par le marché d'Irkoutsk pour faire une provision de pignons de cèdre de Sibérie, et nous nous remettons en route à 17h pour Krasnoïarsk (Красноярск) à plus de 1000 km devant nous. Bouchons du soir pour sortir de la ville, puis travaux, nous n'avançons pas, nous roulons jusqu'à la nuit et mangeons en roulant, à 22h nous jetons l'éponge en apercevant un petit moto-hôtel à Tyret-1(Тыреть-1) 1 car il y a une autre ville plus loin qui s'appelle Tyret-2. Nous y trouvons une chambre pour 1000 Rub, confort parfait, nous avons de la chance. Demain il faudra rouler et atteindre Krasnoïarsk à 830 km, et traverser à nouveau la région de Touloun qui a été ravagée par les inondations.

A mille kilomètre de Krasnoïarsk 
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23 390 km au total, 5 h de décalage.

Départ à 7h30, soleil, 12°. La route est plutôt bonne avec quelques portions de travaux.

Maintenant c'est la pleine saison des baies en forêts, de nombreux habitants proposent, sur le bord des routes, des seaux entiers de myrtilles, airelles, cassis, groseilles. Après avoir repéré des argousiers chargés de fruits nous nous arrêtons faire une cueillette d'argouses (Облепиха), fruit sur-vitaminé, exceptionnellement riche en vitamine C entre autre. On trouve cet arbuste en France dans les Hautes Alpes.

 Argouses

Sur la route

Nous traversons Touloun, la rivière à reprit sa place, le nettoyage de la plaine dévastée à bien avancé, mais le problème est surtout de reloger ceux qui ont perdu leurs maisons emportées, nous croisons plusieurs convois d'aide et de matériel. Nous traversons Nijneoudinsk puis vers 14h nous quittons l'Oblast d'Irkoutsk pour entrer dans le Kraï de Krasnoïarsk, et rallongeons d'une heure notre journée, plus que 5 h de décalage avec la France. Nous faisons la pause repas tandis que j'entreprends le remplacement du cardan de direction. C'est un soulagement, le volant tapait sérieusement et ce, en continu. Je ne reconnais plus la voiture, elle est devenue précise et silencieuse. Beaucoup de Russes s'extasient sur notre trajet, et avec cette voiture ! Nous sommes félicités et encouragés. Tout le monde tombe d'accord pour dire que ces voitures "anciennes" (30 ans tout de même) sont les meilleures. On veut me l'acheter, je répond qu'elle vaut plus rien, que je vais être obligé de l'arrêter bientôt à cause du nouveau contrôle technique concernant la corrosion du châssis pourtant il semble faire ses preuves ici. L'homme ne comprend pas, moi non plus d'ailleurs.

Nous passons par Kansk (Кансk).



L'étape est longue et fatigante ! Les 250 derniers kilomètres se font sous une pluie très intense, les nuages sont tellement denses qu'il fait nuit en plein jour, incroyable ! Nous contournons largement Krasnoïarsk, pour éviter la circulation folle de la ville, est nous retrouvons de la clarté et moins de pluie. À la sortie de la ville, en direction de Novossibirsk, nous nous arrêtons dans le premier hôtel (l'hôtel Cigogne) au bord de la grand route pour 2000 Rub.

Krasnoïarsk 

À 2000 mètres près nous avons fait 5000km depuis le centre de Vladivostok, en 7 jours, il reste un peu plus de 3000 km jusqu'à Orenbourg (Оренбург), et 2100 km de Orenbourg à la frontière, et 3000 km jusqu'à la maison... Nous sommes donc à peu près à la moitié du trajet en Russie. Demain nous envisageons de faire 800 km pour rejoindre Novossibirsk, grosse étape en perspective, il y a pas mal de travaux et de villages sur le trajet. Nouvelles de Maïlys : elle est rentrée à la maison hier, son opération c'est bien passé, mais il faudra encore une intervention pour enlever le matériel qui a été posé. Elle va travailler maintenant à sa rééducation, équipée de son corset et de ses béquilles elle peut marcher.

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24 240 km au total, 5 h de décalage. Départ de Krasnoïarsk à 06h30, il fait 13°.

Les 300 premiers kilomètres se font sous la pluie, avec beaucoup de circulation et peu de visibilité. Nous passons à Atchinsk (Ачинск) qui a fait la une de l'actualité le 5 août dernier par l'explosion géante d'un dépôt de munitions, la route et la voie ferrée avaient été fermées le temps de nettoyer la zone. La route passe ensuite à Mariinsk (Мариинск), il n'y a pas de contournement de la ville, ça bouchonne à l'entrée et pour la traversée. Nous en profitons pour nous restaurer. À partir de là nous retrouvons le beau temps. L'enseigne est celle d'un monteur réparateur de pneu ("chinomontaj" en Russe) il y en a absolument partout le long de la route, ouvert 24/24 pour voitures et camions. Pour l'instant nous n'avons pas eu de crevaison.. Mais que de crevaisons de poids lourds, les routes sont jonchées de débris ou carcasses de pneus, on roule jusqu'au bout du pneu ici.. Nous avons assisté à l'explosion d'un pneu de camion devant nous et évité les débris, la camion continuant sa route sans s'en soucier.

Nous passons ensuite à Beriozovski (Березовский) puis à Kemerovo (Кемерово) où nous avions séjournés en revenant de l'Altaï. La ville est au cœur du Kouzbass et toute l'activité tourne autour du charbon.

Nous quittons le Kraï de Krasnoïarsk pour l'Oblast de Novossibirsk, nous contournons Novossibirsk par le nord et traversons le grand fleuve Ob. Maintenant nous avons terminés de longer la Mongolie, nous allons longer le Kazakhstan jusqu'à Orenbourg, notre destination à 3 ou 4 jours. Nous avons bien roulé encore aujourd'hui, de 6h30 à 20h, nous nous arrêtons à la sortie de Novossibirsk (Новосибирск) dans le premier moto-hôtel, pour être prêt à repartir le lendemain en direction de Omsk. Notre hôtel est au milieu des marais, comme la route Novossibirsk-Omsk sur 600 km d'ailleurs. L'eau de la douche est salée, cette immense plaine et faite de marais saumâtres témoins d'une ancienne mer.

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25 340 km au total, 3 heures de décalage. Départ à 7h au lever du soleil, 14°. Nous sommes dans l'Oblast de Novossibirsk. Nous partons plein ouest à travers les marais, sur la grande ligne droite de 600 km entre Novossibirsk et Omsk (Омск), la route est déserte.

Ça roule très bien aujourd'hui, la route est bonne, il y a peu de travaux, la moyenne est excellente, d'autant qu'en entrant dans l'Oblast de Omsk nous gagnons une heure, réduisant ainsi le décalage à quatre heures avec l'occident. Nous passons à Barabinsk (Барабинск) avant d'arriver à Omsk que nous avions visitée à l'aller. (voir J12) Nous contournons Omsk par le sud, et franchissons le grand fleuve Irtych, puis faisons un arrêt devant une école de cavalerie blindée.

 Oblast de Omsk

Après Omsk, direction plein ouest, vers Ichim (Ишим). Nous entrons dans l'Oblast de Tioumen (Тюмень). Et.. nous gagnons encore une heure ! Réduisant le décalage à 3h, on va pouvoir rouler encore.. Le paysage est plus agricole, de très grandes parcelles de céréales bordent la route. Les parcelles ne sont pas géométriques, elle sont entourées de forêts avec de nombreux îlots de bois au milieu pour la biodiversité. L'espace ici est infini. Sur ce trajet nous contournons de près le Kazakhstan. Pour aller à Orenbourg (Оренбург), il serait plus court en distance de traverser une petite partie au nord, mais n'ayant pas de temps nous ne prenons pas le risque de franchir deux fois la frontière. Nous mangeons dans un Kafé pour 280 Rub.

Oblast de Tioumen 

À Ichim (nous y avions dormi, voir J11) nous délaissons l'axe principal qui continue vers Iekaterinbourg (Екатеринбург) et Moscou, nous allons découvrir de nouveaux paysages vers le sud. À l'aller nous étions passés par un itinéraire nord au dessus de Moscou, puis par Perm. Nous virons au sud-ouest, en direction de Kourgan (Курган). Nous rencontrons là des portions de routes très dégradées, et avançons moins vite, le paysage est infini et dégagé, nous longeons le Kazakhstan sur notre flanc Est et le massif de l'Oural sur notre flanc Ouest. Le paysage est composé de cultures de céréales, de nombreux lacs et de marais, nous renonçons à camper malgré le beau temps, il y a trop d'eau partout, les moustiques y sont énormes, très nombreux et voraces ! D'immenses étendues s'offre à nous, malgré les deux heures gagnées, le soleil se couche tôt: à 19h30.

Des camions remontent du sud avec des pièces d'excavateur à charbon et des véhicules UAZ neufs en provenance des très grands centres industriels de Tcheliabinsk (Челябинск), Magnitogorsk (Магнитогорск), Oulianovsk (Ульяновск).. D'autres camions descendent avec des tubes de gazoduc, nous arrivons de régions charbonnières et pétrolières, et allons vers des régions exploitant de nombreux gisements de gaz.

Nous entrons dans l'Oblast de Kourgan (4 Oblasts aujourd'hui, un record !)

 Oblast de Kourgan

Nous avons fait 1 100 km aujourd'hui, sans trop nous en rendre compte, grâce aux bonnes routes et au deux heures gagnées. À la nuit nous stoppons dans un petit hôtel pour 1000 Rub, nous y mangeons à très bon prix. C'est un petit bout du monde dans un village avec quelque maisons et des marais tout autour. Une fois de plus l'eau de la douche est salée avec une odeur de fer, elle attaque les robinets.. Les sols marécageux renferment certainement du sel. Pour l'eau douce l'hôtel est alimentée par une pompe plongée dans la citerne à gauche.

Nous sommes à Kazarkino (Казаркино), à 150 km de Kourgan, demain nous ambitionnons d'atteindre Tcheliabinsk, puis Magnitogorsk. Ensuite nous rejoindrons Orenbourg, pour retrouver Tania la sœur de Elena.

Des nouvelles de Maïlys : Elle marche un peu chaque jour, elle doit garder son corset en permanence, elle à retrouvée le soleil qu'elle n'avait plus vu de puis 23 jours..

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26 030 km au total, 3h de décalage. Départ 07h00, 15 °, orages, pluie.

Nous partons de Kazarkino en direction de Kourgan, et laissons sur notre gauche (à l'Est) la route qui va à Omsk en transitant par le Kazakhstan. Après 140 km en ligne droite, le soleil apparaît, nous visitons rapidement le centre de Kourgan et acquérons des victuailles.


 Kazarkino

Le nom de la ville vient de (mot turc) pour désigner un tumulus funéraire. Les premiers habitants Russes se sont installés en 1553 à côté d'un Kourgane, dans la plaine d'Ichim au bord de la rivière Tobol. Les fouilles réalisées ont révélées qu'il s'agit d'une tombe Scythe de plus de deux mille ans. Kourgan compte 333 000 hab., ici aussi des usines ont été déménagées au delà de l'Oural durant la guerre. L'usine Kourganmashzavod (KMZ), autrement dit : Usine de Véhicules de Kourgan, emploie beaucoup de monde, elle construit tracteurs, autobus et blindés (voir BMP 1 et BTR 60 ci-dessous) La ville nous laisse une bonne impression, très propre et agréable.


Kourgane

Ensuite nous enchaînons avec 260 km de ligne droite à travers la forêt en direction de Tcheliabinsk (Челябинск), grande ville de 1,2 M hab. située à 80 km des monts de l'Oural (Уральские горы). Nous rencontrons là d'importants travaux qui nous ralentissent considérablement. Nous connaissons la ville pour l'avoir visité en train en 2017, nous la contournons par le sud-est.

 Oblast de Tcheliabinsk

S'en suivent 290 km jusqu'à Verkhneouralsk (Верхнеуральск) à travers un paysage dénudé. En roulant en direction d'Orenbourg nous approchons d'un paysage de steppe. À l'ouest nous apercevons les reliefs de la chaîne de l'Oural, dont l'altitude va en diminuant en allant vers le sud. La route n'est pas très bonne sur une grand partie, nous progressons moins vite, une portion n'est pas asphaltée. Nous ne sommes plus très loin de Magnitogorsk(Магнитогорск) notre destination de demain matin, et de Orenbourg notre but pour les trois jours suivant, espérant y prendre un peu de repos, c'est le lieu d'origine d'Elena.

La chaîne de l'Oural : 2500 km du nord de la Russie (mer de Kara) jusqu'à à la frontière Kazakhe. Nous allons la contourner demain par le sud, là où les reliefs deviennent ténus. Maintenant il fait 11° avec un vent à décorner un yack.


Chaîne de l'Oural 

Nous arrivons à Verkhneouralsk, une petite ville de 10 000 hab. avec du charme et aucun immeuble, c'est rare !

 Verkhneouralsk

La ville borde le fleuve Oural, celui ci est proche de sa source (100 km), il continue jusqu'à Orenbourg à 500 km, puis jusqu'au Kazakhstan pour se jeter dans la mer Caspienne après s'être écoulé sur 2428 km. Il est considéré comme la frontière géographique entre Europe et Asie. Les premiers colons sont arrivés ici en remontant cette rivière et y ont construit un fort en 1734, qui deviendra une ville.

 Fleuve Oural

Cette ville ne nous porte pas chance, en cherchant un hôtel qui n'existe plus, nous tombons dans un trou d'une rue défoncée avec la 309, verdict : arrivée d'essence et retour arraché, le réservoir se vide sous la voiture à côté du pot d'échappement. Je cours vers un bosquet et arrache une branche du diamètre ad hoc pour l'enfoncer dans le tuyaux qui vide le réservoir, c'est étanche. Ça me laisse le temps de réparer les deux tuyaux avec deux bouts de durite. La même mésaventure nous était arrivée en 2010 en Norvège avec la même auto. Nous sortons de la ville en direction de Magnitogorsk à 50 km de là, et tombons aussitôt sur un hôtel impeccable à 1200 RUB à la sortie de la ville. J'en profite pour inspecter le train, avant ayant détecté aujourd'hui un bruit suspect, et dégripper l'étrier de frein. Il ne fait pas chaud du tout..

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26 550 km au total, 3 h de décalage. Départ à 7h45, grand soleil, 0°, notre première gelée.

Nous sortons de Verkhneouralsk (Верхнеуральск) dans l'oblast de Tcheliabinsk, ici on passe une partie de l'été à préparer l'hiver, le bouleau est un excellent bois de chauffage. Cependant beaucoup de villages sont reliés au gaz, une ressource très abondante en Russie. Les 50 km jusqu'à Magnitogorsk se font à travers un beau paysage dénudé et l'arrivée sur la ville est conforme à ce que nous attendions, nous apercevons au loin les cheminées et fumées du deuxième plus grand combinât de métallurgie de Russie après Nijni-Taguil (Нижний Тагил) (au nord de Ekaterinbourg, derrière l'Oural également, je visitais cet endroit en 2012)

Magnitogorsk est traversée par le fleuve Oural, en 1743 se sont installés ici des cosaques qui y bâtirent un fort, puis en 1759 à commencée l'extraction du fer particulièrement abondant à cet endroit. À l'époque soviétique en 1930, Magnitogorsk est vouée par Staline à devenir un des principaux centre sidérurgique de Russie, le combinât est construit sur la rive asiatique au pied de la montagne de fer, le mont Magnitaïa, 616m, 90 millions de tonnes de fer estimé. Le MMK, Магнитогорский металлургический комбинат (Combinât de métallurgie de Magnitogorsk) est gigantesque et tourne à plein régime, au rythme des trompes annonçant les coulées de métal en fusion. Ça fume, ça vrombit, beaucoup de personnel se relaye pour faire tourner l'usine en permanence. Celle-ci produit 4 millions de tonnes d'acier par an. On y traite aussi du minerai venu du Kazakhstan.

Combinat 

Sur la rive européenne, est bâtie la ville destinée à recevoir les ouvriers, le plan de ville avait été conçu pour offrir un bon cadre de vie et un accès rapide et direct au combinât par de grandes artères y menant directement, en tramway en traversant le fleuve. De longues perspectives sont bordées de nombreuses stalinkas, plusieurs parcs agrémentent, la ville ainsi que le bord de l'Oural aménagé. Magnitogorsk compte 415 000 hab., la ville fut fermée de 1937 à 1991 au vu de son importance dans la production d'armement. Durant la seconde guerre la moitié des chars d' assauts y furent produit, et un tiers des munitions. Nous trouvons la ville très agréable, active et sportive, aujourd'hui les fumées des usines partent à l'opposé, il fait 12°.

 Magnitogorsk

Au parc de la victoire on peut admirer une statue monumentale ! L'ouvrier forgeron donnant l'épée au soldat, en hommage à l'effort de guerre.

 Parc de la Victoire

Au marché nous nous ravitaillons en cèpes et en pommes de terre. Nous reprenons la route pour Orenbourg, et quittons l'Oblast de Tcheliabinsk pour entrer en République de Bachkirie ou au Bachkortostan (Республика Башкортостан). Nous traversons la ville minière de Sibaï (Сибай), sur les contreforts de l'Oural, on y extrait du cuivre, du zinc etc.. Le sol regorge de matières, la pollution y est intense, parfois à l'arsenic.. La mine fait 2 km de large et 500m de profondeur ! Nous ne verrons que les stériles qui s'accumulent partout autour de la ville. À ne pas confondre avec les mines Mir et Oudatchnaïa en Sibérie parmi les plus grandes excavations du monde.

 République de Bachkirie

La traversée de l'Oural d'Est en Ouest est plus sauvage, et très belle. Nous passons par Baïmak (Баймак) un village de mineurs d'or et de cuivre fondé en 1748. Les Monts Oural font en moyenne 150 km de large, la route y est tortueuse. En haut d'un col nous sommes contrôlés par la police de la route, ДРС, contrôle documentaire sans souci.

 Monts Oural

Ravitaillement en miel (мед), le miel de Bachkirie à bonne réputation, nous parlons longuement avec l'homme, ancien major de la milice, apiculteur maintenant. A Magnitogorsk nous avions acheté cèpes et pomme de terre (картошка).

Enfin nous quittons les derniers reliefs de l'Oural pour arriver à Orenbourg où nous attendent Tania (la sœur d'Elena) et Oleg (son mari). Il fait 20 °

Orenbourg 

Nous roulons depuis 11 jours non stop depuis Vladivostok, et nous avons parcourus 7 640 km de Sibérie, il est temps de prendre 3 jours de repos à Orenbourg dans la famille d'Elena. Il nous restera à arpenter environs 2300 km pour sortir de Russie avant le 5 septembre minuit. Et 3000 km de plus pour rentrer à la maison...

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26 670 km, 3 h de décalage. Mercredi 28 août : 11°, soleil puis pluie. Nous profitons de ce premier jour de relâche pour dormir jusqu'à 8h, vider la voiture, la ranger et faire une lessive. L'auto se repose dans le lotissement tranquille.

Puis nous allons faire tour à Orenbourg (Оренбург), le centre ville est agréable, une longue rue piétonne mène au fleuve Oural qui délimite l'Asie de l'Europe. Dans ce bâtiment, Youri Gagarine fît ses études à l'école d'aviation de 1955 à 1957, une plaque le rappelle et plusieurs monuments dans la ville évoquent le personnage.

 Orenbourg

Enfin nous allons au баня (sauna) se dit banya, pour ce faire nous empruntons le petit train d'Orenbourg, un véritable train miniaturisé sur voie étroite, géré par la société de chemin de fer russe (Ржд). Des enfants occupent tous les postes, que ce soit dans la rame ou en gare, le train dessert plusieurs arrêts et fait des aller-retour réguliers. C'est une activité pour ces enfants qui sont en tenue et apprennent le métier. Le train sert de moyen de transport, plutôt agréable car il chemine le long du fleuve. Le sauna est au bord de l'Oural en pleine nature, réglé à 110°, un vrai bonheur, alternant repas, sauna, repos, bains dans le fleuve et séances de flagellation avec des branches fraîches de chêne. (ça fait partie du rituel, cela fait circuler le sang et répand une odeur agréable dans le banya)

Jeudi 29 août : Retour en ville, il fait 11° avec 50km/h de vent du nord, cet épisode de fraîcheur est exceptionnel pour l'endroit, il va durer 3 jours, le temps de notre passage.. Ensuite le temps reviendra au beau fixe à plus de 25°. Nous faisons quelque emplettes, chinons un peu et visitons le musée d'histoire et passons devant le statue de Tchkalov déjà rencontrée à l'aller à Nijni-Novgorod (Нижний Новгород).

Orenbourg 

Au musée une exposition met en valeur les fouilles de Kourganes (tumulus funéraires). Dans la steppe environnante, on peut apercevoir ces Kourganes, qui sont des tombes de personnages importants de peuples nomades qui parcouraient ces grands espaces. Ici les objets funéraires des Sarmates, en or, sont largement postérieur à notre ère. Cette steppe qui paraît vide est riche en histoire, à Orenbourg depuis des siècles passent des peuples nomades, la ville fût aussi sur la route de la soie.

Vendredi 30 août, 10°, fort vent de Nord. Ce matin il ne pleut pas, cela ne va pas durer. Nous partons en direction de la steppe au sud d'Orenbourg. Dès la sortie de la ville, c'est une infinité qui s'offre à nous. Nous parcourons une vingtaine de km de pistes en terre pour découvrir quelques curiosités géologiques.

Steppe 

L'après midi nous avons rendez vous avec un personnage à part entière. Muslim est passionné par la deuxième guerre mondiale, il vit dans un bric à brac d'objets d'exception, ainsi que dans une pièce en sous-sol rappelant Stalingrad, Volgograd maintenant.

Fusil Mosin 7.62x54 

On y trouve des motos allemandes NSU, des uniformes, des armes neutralisées, le tout d'origine.

 DP 28 Degtyarev 7.62x54 et PPSH 41 7.62x25

Aussi une Mercedes W136 modèle 1936 de la Wehrmacht abandonnée par les allemands, laquelle fonctionne.

 Mercedes W136

Demain il nous faut nous remettre en route ! il nous reste six jours pour rejoindre la frontière, nous ne sommes pas encore sûr de l'itinéraire.

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27 100 km au total, 2h de décalage. Nous partons d'Orenbourg à 8h30, avec émotion, nous faisons nos adieux à Tania, Olya et Oleg qui nous souhaitent chaleureusement bonne route, en remplissant la voiture de victuailles. Merci à eux. Nous avons décidé de passer par le Kazakhstan, cela ne rallonge pas notre parcours, ça le complique un peu. Les 2 semaines de séjour non prévu à Vladivostok nous empêchent de faire le trajet prévu. À savoir d'entrer au Kazakhstan depuis Orenbourg jusqu'à la mer Caspienne, puis jusqu'à Astrakhan, pour aller ensuite vers les républiques du sud du Caucase avant de remonter au nord. Ayant un visa à double entrée, nous allons l'utiliser et transiter par le nord du Kazakhstan en passant par la ville d'Oural (Орал). Il fait beau et une dizaine de degrés, la bonne route qui mène à la frontière à Ilek (Илек) est une parfaite ligne droite de 130 km dans un paysage plat. Il y a très peu de monde qui passe ici, c'est un petit poste, nous passons assez vite après 4 checkpoints : fouille de l'auto, achat obligatoire d'une assurance pour la voiture (notre carte verte ne couvre pas le Kazakhstan mais la Russie oui) et le change d'une trentaine d'euros en "Tenge kazakh" (Kzt) la monnaie locale. Les formalités pour la voiture faites à l'entrée en Russie en juillet sont valables pour le Kazakhstan et le retour en Russie.

 Frontière Russie - Kazakhstan

On nous avait prévenu les routes ne sont pas extraordinaires au Kazakhstan, très vite nous affrontons une route déserte en très mauvais état, puis le bitume laisse la place à une piste qui roule mieux hormis la tôle ondulée. Nous roulons sur 160 km jusqu'à Oural, avec heureusement un meilleur revêtement avant la ville. Dans ce paysage de steppe sans fin, des arbustes sont plantés tout le long des routes et des voies ferrées. Le Kazakhstan est le 9-ème pays en surface, il fait 5 fois la France il compte 18,7 M hab. soit 7 hab./km². Avec beaucoup de ressources gazières, pétrolières et minérales. Il est peuplé par une vingtaine d'ethnies, dont les Kazakhs majoritairement. Historiquement c'est un territoire de peuples nomades. Il est bordé par les mers Caspienne et d'Aral, et est séparé entre Europe et Asie par le fleuve Oural. Il possède 6 900 km de frontières avec la Russie. Sa capitale est Noursultan (Нұр-Сұлтан), depuis mars 2019, anciennement Astana, du nom de son président Noursultan Nazerbaïev, resté au pouvoir 29 ans, jusqu'à cette année.

Oural est une jolie ville aux aspects architecturaux très Russe, qui abrite 230 000 hab., dont 54 % de Russe et 34 % de Kazakhs. Anciennement Yaitsk, elle fut fondée en 1584 par les cosaques de l'Oural. Elle appartenait à l'Oblast d'Orenbourg, elle est maintenant au Kazakhstan depuis la fin de l'URSS. Durant la guerre, du fait de sa proximité avec Stalingrad, la ville accueillait 20 hôpitaux militaires et exerçait une importante activité industrielle et anti-aérienne contre les Allemands. La ville est arrosée par l'Oural et elle est à la latitude de Dunkerque, pourtant nous sommes au sud de notre itinéraire en Russie, le sud est une notion relative. Nous dépensons 15 000 Tengue (34 €) en gouttant la cuisine Kazakh au restaurant, en achetant des souvenirs et provisions et en complétant le réservoir d'un demi plein avec du Sp95 à 165 Kzt le litre soit 0,37 €/L.

Nous rejoignons ensuite la frontière Russe, en roulant toujours plein ouest sur 120 km de ligne droite, cette fois-ci la route est très bonne. Le paysage de steppe est superbe et infini. Les miradors annoncent la frontière.

Nous arrivons avant le coucher du soleil à la frontière Kz/Ru à Tasqala (Тасқала), au milieu de nulle part en pleine steppe, sur une bute, on n'imagine pas l'hiver ici. Nous recommençons la série de contrôles : passeport et fouille à la sortie du Kazakhstan.

 Sortie du Kazakhstan

Ensuite la route se dégrade à l'extrême entre les deux postes. Mêmes contrôles à la douane Russe d'Ozinki (Озинки) où l'agent examine très longuement passeport et visa à la recherche de falsification, puis fouille de la voiture. Nous entrons dans l'oblast de Saratov (Сара́товская о́бласть).

 Frontière Kazakhstan - Russie

Une fois passée la frontière sans encombre, avec mes 6 tampons sur le passeport, la nuit arrive très vite et la route est extrêmement mauvaise. Il reste 280 km jusqu'à Saratov, espérons que la route soit meilleure demain. En entrant en Russie ce soir, nous avons gagné une heure, qui nous aide à trouver 2 lits à 500 Rub chaque, dans un petit hôtel d'Ozinki tombé à point nommé, ne pouvant pas rouler plus longtemps dans ces conditions et de nuit.

En route pour Saratov 

Il nous reste 5 jours pour faire environ 2000 km, demain nous espérons dépasser Saratov, et dormir avant Voronej, la grande ville suivante. Seul souci un roulement avant fait maintenant beaucoup de bruit.

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27 590 km au total, 2 h de décalage. Départ à 7 h, 5°, beau soleil.

Très vite nous retrouvons la mauvaise route que nous avions délaissée hier soir.. En fait de Ozinki à Engels (Энгельс) au bord de la Volga, il y a 290 km, les 210 premiers km vont se révéler très difficiles, la route est défoncée, nous arriverons 8h plus tard à Engels. Cependant le paysage fût très beau et infiniment plat, d'abord de la steppe, puis des cultures de tournesol, et du blé en semaille.

Nous passons quelques villages dont Ierchov (Ершов) et aussi devant un ancien sovkhose "Décabriste" qui est maintenant une exploitation géante.

Au prix d'un petit détour par Ternovka (Терновка) sur la rive est de la Volga, nous allons voir l'endroit où la capsule spatiale de Youri Gagarine à atterri lors de son premier vol dans l'espace le 12 avril 1961. L'endroit et mythique, les visiteurs se succèdent, il se situe 20 km au sud de Engels a quelque kilomètres de la Volga. Les cosmonautes russes reviennent toujours sur terre en se posant quelque part dans les immenses steppes du Kazakhstan ou de Russie.Le lancement avait eu lieu au départ de Baïkonour (Байқоңыр) au Kazakhstan, dans une fusée Vostok (Восток), après une orbite autour de la terre, la capsule a traversée l'atmosphère, puis à 7 km de hauteur, Gagarine s'est éjecté de la capsule pour terminer en parachute, la capsule arrivant trop lourdement au sol. Je prend la pose avec Valentina Terechkova (Валентина Владимировна Терешкова), première femme à être aller dans l'espace le 16 juin 1963, Elle reste encore aujourd'hui, la seule femme à avoir effectué un vol solitaire en orbite.

 Ternovka : Место приземления Гагарина

Après être passé devant le village Karl Marx, nous arrivons à Engels, petite ville sur la rive est de la Volga. Nous y découvrons quelque véhicule russes comme cette ancienne GAZ, ces MI 24 et MI 8 et un MIG 15.

 Engels

Nous franchissons ensuite la très large Volga (Волга), pour aller en face sur la rive ouest à Saratov (Саратов), il fait 27°. Ville de 845 000 hab. fondée en 1590 pour contrôler le fleuve, elle s'étend maintenant sur plus de 30 km sur la rive. Au sud la Volga coule vers Volgograd (Волгоград) puis se dirige vers la mer Caspienne. À l'aller nous l'avions franchie à Kazan après l'avoir longée à Nijni Novgorod. La ville s'est considérablement développée durant la guerre avec l'arrivée d'écoles militaires et d'usines évacuées de la partie occidentale, tandis qu'au sud la bataille faisait rage à Stalingrad.

Nous effectuons de vaines recherches pour trouver un roulement de roue avant pour la 309. Celui-ci fait de plus en plus de bruit, et prend du jeu, certainement à cause de nombreuses immersions lors du trajet, c'est une cause d'inquiétude. Ce roulement est spécifique chez Peugeot-Citroën, et est ancien maintenant, il a équipé aussi les 306. Il semblerait qu'un véhicule Russe ait le même roulement, la Moskvitch 2141, qui est peu répandue est ancienne aussi, pas facile à trouver, d'autant que nous n'avons pas un temps infini devant nous. Il faut que ça tienne.

 Saratov sur la Volga

Nous roulons ensuite jusqu'à la nuit dans un paysage qui s'occidentalise : forêts, vallons, plaines cultivées. À 20h00 nous stoppons pour 1000 Rub dans un hôtel en bord de route quelque part entre Saratov et Voronej (Воронеж) à Kazachka (Казачка) peu avant Balachov. Nous aimerions camper, mais trop de fatigue et de longues journées et nous manquons de temps.

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28 190 km au total, 1 h de décalage. Départ à 8h, 16°, beau temps.

Nous partons plein ouest vers Voronej (Воронеж) accompagnés par le bruit lancinant du roulement de l'auto. J'injecte régulièrement avec une seringue, un mélange de dégrippant, d'huile moteur et de graisse au molybdène, par un étroit interstice qui accède au roulement, en espérant qu'une partie du mélange atteigne l'intérieur. La route est très bonne et en ligne droite, pour changer... Nous passons non loin de Balachov (Балашов), à cette occasion nous gagnons une heure en passant de l'Oblast de Saratov à celui de Voronej, nous n'avons plus que une heure de décalage avec la France.

Puis nous traversons Anna (Анна) et Borissoglebsk (Борисоглебск) ou nous stoppons pour voir l'église ou Valeri Tchkalov (dont nous avons parlé plusieurs fois) à appris à piloter. Nous écumons les échoppes de pièces auto, et trouvons un roulement du bon diamètre extérieur et intérieur, mais trop large de quelques millimètres, dommage... La route traverse de grandes zones plates et dénudées, d'autre boisées et en culture de tournesol. Nous roulons sur la route Caspienne et Don.

Après tous ces kilomètres nous approchons des limites occidentales de la Russie. L'Ukraine est à 300 km plein ouest, si nous pouvions la traverser, nous pourrions rentrer par la Slovaquie, l'Autriche et la Suisse. Ne pouvant le faire nous allons remonter assez haut vers le nord-ouest en longeant l'Ukraine puis la Biélorussie, pour rejoindre la frontière Russo/Lettone, et ce durant les trois prochains jours. Nous arrivons aussi aux limites de l'invasion Allemande de 1941, nous allons traverser la ligne de front, ensuite toutes les villes traversées portent des noms qui évoquent de féroces batailles. (Voronej, Koursk, Orel, Briansk, Smolensk..)

Voronej compte 1.1M hab., située au bord de la rivière Voronej qui rejoint le fleuve Don, lequel se jette dans la mer d'Azov, à Rostov sur le Don. Elle fût fondée sous Fedor 1er en 1586 pour contrer les invasions des Tatars de Crimée. C'est le berceau de la flotte militaire Russe par son chantier naval qui date de 1695. La ville à été prise en juillet 1942 par les allemands, est elle resta sur la ligne de front jusqu'en janvier 1943, date de sa reconquête par l'armée rouge, ce qui explique sa destruction à 95%. Reconstruite, c'est maintenant un important centre industriel, universitaire et de recherche. Voronej est entourée de terres noires et riches, le tchernoziom.

Voronej 

Après avoir visité plusieurs détaillants de pièces mécaniques et même le marché au pièces détachées, en vain, nous prenons cette fois la direction de Koursk, toujours plein ouest. Il fait plutôt chaud, 27°, et l'endroit est sec et sablonneux. Nous franchissons le fleuve Don (Дон) qui s'écoule sur 2000 km de Toula à la mer d'Azov, nous rencontrons un superbe ciel, puis nous traversons les terres noires. Le tchernoziom (чернозём) est la contraction des mots russes tchernaïa zemlia (terre noire) il est considéré comme le meilleur sol arable du monde, mesurant de 1 à 6 m d'épaisseur, riche en potasse etc.. Il s'étend largement en Ukraine. Nous quittons l'Oblast de Voronej pour celui de Koursk.

 Oblast de Koursk

Nous arrivons à Koursk à la nuit, et sommes très prudent pour rouler, nous avons pris un hôtel au centre pour visiter la ville demain matin.

Ce soir, nous avons une vraie soirée d'été, il fait 26°, pas d'humidité ni de moustique ! Le centre ville est sur un relief, il est plutôt grandiose. Les avenues sont larges et les bâtiments imposants. En ce lundi soir les passants déambulent en profitant de la belle soirée.

Koursk 

Demain nous partons vers le nord-ouest en direction de Orel (Орёл) et Briansk (Брянск). Il nous reste 900 km jusqu'à la frontière, nous espérons que le roulement de la 309 va tenir, quitte à réduire la vitesse et à le lubrifier plus souvent car la roue a beaucoup de jeu latéral maintenant.

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28 590 km au total, 1 heure de décalage. Départ à 7h00, 22°.

Nous visitons rapidement le centre ville et le parc de la victoire avant de nous mettre en route pour Orel (Орёл), au nord. Koursk (Курск) abrite 445 000 hab., la ville est proche de la frontière Ukrainienne, et est à 460 km au sud de Moscou. Fondée en l'an 1032, détruite par les Tatars en 1238, la ville est entourée de tchernoziom, c'est un important nœud ferroviaire, on y produit du textile.

 Koursk

Koursk fût prise par l'armée allemande en novembre 1941 puis reprise par l'armée rouge en février 1943. Lors de sa reprise, l'offensive Soviétique crée un saillant de 23 000 Km2 dans le front, que les Allemands s'empressent de vouloir réduire en jetant toutes leurs forces dans la bataille. La bataille à lieu du 5 juillet 1943 au 23 août 1943 sur 270 km de front. Opposant 2,8 M de soldats, 6000 Chars et 5000 avions... Les Allemands ne parviennent pas à reprendre la ville, même équipés des meilleurs chars de l'époque. Par une défense acharnée des Russes ils sont repoussés sur leur ligne de départ avec beaucoup de pertes, puis perdent du terrain. C'est un tournant, au même titre que Stalingrad, à partir de là après une phase d'équilibre, les Allemands sont contraints à la défensive et à la retraite jusqu'à Berlin en 1945. L'escadrille Française Normandie-Niemen prit part à cette la bataille avec 17 victoires et 11 pilotes tués.

Koursk 

La gare de Koursk : nous aimons bien les gares, ayant toujours voyagés en train auparavant, c'est tellement plus reposant !

Comme toujours les gares sont massives et belles, on s'y sent bien, en voyage on peut s'y doucher, se ravitailler. Les entrées des gares sont systématiquement filtrées par des portiques et les accès aux trains se font après contrôle aux rayons x. Dans la salle d'attente tout rappelle les combats géants de Koursk.

 Koursk

La sortie de Koursk se fait par un très long boulevard, sur 2 km s'étire le parc de la victoire, avec une exposition de matériel rutilant et un arc de triomphe devant lequel se trouve une statue du Maréchal Joukov, très populaire, nommé quatre fois héros de l'URSS, un exploit. L'arc de triomphe évoque les victoire de 1812 sur Napoléon et de 1945 sur l'Allemagne Nazi.

Parc de la Victoire de Koursk 

Nous prenons ensuite la route pour Orel, il fait déjà 28°, très vite nous entrons dans l'oblast du même nom. Une rapide observation visuelle du champ labouré contigu à la stèle d'entrée dans l'oblast révèle immédiatement la présence d'un obus de 37 mm tiré non explosé datant de la deuxième guerre.

Oblast d'Orel 

Nous traversons Trosna (Тросна) et sa belle stèle d'entrée. Tout le long de la route se succèdent d'innombrables monuments en référence à la bataille de Koursk (qui englobe Orel et Briansk)

 Trosna

Orel (qui veut dire aigle en Russe) est une jolie petite ville qui nous laisse une bonne impression, calme, largement piétonne avec beaucoup d'espaces verts. Il fait très chaud, 29°. Orel compte 320 000 hab., fondée en 1566 pour défendre les frontières sud des invasions des peuples nomades. Forteresse de bois elle brûla plusieurs fois, et de nombreuses guerres passèrent par là. Elle est située à la confluence des rivières Oka et Orlik. Nous rencontrons Nikolaï Leskov écrivain Russe statufié à Orel.

Lors du déclenchement de la guerre, les usines tournent à plein régime, puis le régime comprenant que la ville va être prise, elles sont évacuées en partie vers l'est dont la plus importante corderie du pays. Le bétail, les récoltes, œuvres d'art sont aussi évacués et des armes sont cachées autour pour armer les futurs partisans. Les Allemands prennent la ville en octobre 1941, et y mènent une sanglante répression, tandis que les partisans y ont une activité intense. La ville est reprise en août 1943 pendant la bataille de Koursk, elle fût en ruine, 2 200 immeubles furent à terre, elle sera restaurée en priorité du fait de l'importance des dégâts et de son ancienneté.

Orel 

Nous repartons pour Briansk à environ 130 km de là. Nous commençons à rencontrer de plus en plus de forêts de bouleaux et de sapins, signe que nous allons vers le nord, les steppes désertes sont loin.. Nous entrons dans l'Oblast de Briansk et croisons un véhicule BMW français lors du ravitaillement de la voiture. Le couple est en fait originaire du Daghestan et vit en France, nous discutons de la route, 5000 km aller et retour pour eux 30 000 pour nous...

Nous passons à Karatchev (Карачев), un T34 y est à l'honneur comme dans beaucoup d'endroit. 1600 chars Russes ont étés détruit pendant cette seule bataille.

Oblast de Briansk - Karatchev

Briansk (Брянск), ville de 412 000 hab., au bord de la Desna, à 347 km au sud de Moscou. Fondée en 1146. Mise à sac plusieurs fois par les Mongols, elle est reconquise en 1503.

Les Allemands investissent la ville en octobre 1941, ils en sont chassés en septembre 1943. Durant ce temps 60 000 partisans leurs menèrent la vie dure. La ville fût détruite. Michaël Kalachnikov alors conducteur de char, fût blessé à Briansk.

Nous traversons la ville rapidement et nous arrêtons au Kourgan de l'immortalité, une bute élevée avec de la terre des charniers alentours et de chaque ville héros de l'URSS, un symbole.

 Briansk

Nous roulons ensuite en direction de Smolensk (Смоленск), sur une route neuve ! C'est parfait pour la préservation du roulement qui grogne en continu. Je le graisse tous les 100 km. Nous entrons dans l'oblast de Smolensk, puis nous roulons jusqu'à la nuit. L'ouest de la Russie est plus peuplé, les régions en sont plus petites, Celle de Krasnoyarsk fait 2 366 800 Km2 pour 2M874 hab., tandis que celle de Smolensk fait 50 000 Km2 pour 1M/hab. On était bien à l'est, moins de monde, le retour en occident va être dur ! Par chance, à la nuit, nous trouvons un petit hôtel en bois posé au bord de la route qui fera parfaitement l'affaire. Nous sommes à quelques kilomètres de Roslav (Рославль) à Gorlovo (Горлово) à l'hôtel Slavyanka exactement.

Oblast de Smolensk 

Demain nous aimerions voir le centre de la ville ancienne de Roslav, et retourner au centre de Smolensk où nous avons de bons souvenirs d'un séjour sur place en novembre 2018. Nous allons nous rapprocher au maximum de la frontière Burachki (Бурачки)/Terehova pour la franchir le 05 septembre (date de la fin de mon visa Russe) en direction de Zilupe en Lettonie.

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29 040 km au total, 1 h de décalage. Départ à 7h30, temps couvert 12°.

Nous partons toujours vers le nord-ouest, en direction de Smolensk (Смоленск) sur environ 120 km. Le paysage est beaucoup plus vert et forestier. Nous faisons un rapide arrêt à Roslavl (Рославль) et son monastère. C'est une petite ville tranquille fondée en 1137 de 50 000/hab. à 35 km de la Biélorussie que nous longeons maintenant.


 Roslav

Smolensk, 330 000 hab., bordée par le Dniepr, fleuve d'Europe Centrale, qui prend sa source en Russie et se jette dans la mer noire après 2290 km. (3-ème fleuve d'Europe par sa longueur) Fondée en 863, c'est une ville de commerce ancienne qui était située sur la route de la Baltique à Constantinople, avant d'être pillée par les Tataro-Mongols. La ville a été détruite à plusieurs reprises, par les passages de Napoléon, et des troupes d'Hitler ensuite. La ville est ceinturée d'imposantes murailles, et de nombreux monuments rappellent la bataille Napoléonienne et les combats de la deuxième guerre.

Smolensk à été prise par Napoléon, le 17 août 1812, à la tête d'une armée de 650 000 hommes. Seuls 110 000 soldats des deux camps s'affrontent à Smolensk, prise à revers la ville fût détruite et incendiée. Napoléon repassa par Smolensk en novembre 1812 avec seulement 40 000 soldats en état de se battre, pensant se reposer un peu, mais harcelé par les partisans et l'armée Russe de Koutouzov, la retraite se poursuivie vers l'actuelle Biélorussie ou l'attendait la Bérézina (fleuve et expression Française..) peu revinrent à Paris.

En juillet 1941 une puissante bataille anéantie encore la ville, ouvrant la route vers Moscou à la Wehrmacht. La ville ainsi que Roslavl sont reprises par l'armée rouge durant la bataille du Dniepr en octobre 1943, sécurisant définitivement Moscou.


 Smolensk

La cathédrale de la dormition de 1772, qui a survécu aux deux invasions, bien que très endommagées. Son iconostase revêtue d'or est stupéfiante.

  Cathédrale de la dormition de Smolensk

Smolensk est une ville agréable.

 Smolensk centre

Nous repartons d'abord en direction de Minsk, (la capitale de la Biélorussie) puis franchement au Nord sur plus de 300 km pour nous approcher de la frontière, car il faudra bien partir un jour, et rentrer. La route est déserte, il y a très peu de villages dans cette zone frontière, le beau temps revient et nous avançons bien à travers marais et forêts bouleaux et de pins. Nous entrons dans le dernier oblast de notre voyage en Russie, celui de Pskov (Псков). Cette région de l'Europe Centrale a particulièrement souffert pendant la guerre, les Allemands vidant littéralement les villages et supprimant les populations. Devant un des monuments bordant la route des casque Russes sont alignés, j'y découvre un chargeur circulaire de fusil-mitrailleur Russe DP-28.

Oblast de Pskov 

Le roulement tient le coup. Il a 1cm de jeu sommet de la roue ! Une lubrification régulière est indispensable. En ligne droite et à 85 km/h il fait moins de bruit. En dessous le bruit est impressionnant. Nous avons conscience que ce sont nos derniers tours de roue en Russie. Je ne réalise pas vraiment que demain nous allons retrouver l'Europe, avec ses routes à péage, son essence à 1.50 et sa densité de population...

Dubrovka 

Nous roulons jusqu'à la nuit pour stopper dans un petit hôtel/station-service à moindre coût, avec une chambre impeccable, au milieu de nulle part, au lieu dit Dubrovka (Дубровка), à 29 km de la frontière Russe. Comme hier l'eau de la douche est très ferreuse et soufrée. Demain nous allons faire le plein de Sp95 et quelques emplettes puis nous insérer dans la queue qui mène à la frontière entre Burachki et Terehova. Soulagement, nous sortirons avec la voiture, mais la réparation du roulement de roue avant gauche devient absolument nécessaire, il ne tiendra pas les 3000 km restant.

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29 520 km au total, 1 h de décalage. Départ à 7h30, 13° beau temps.

Nous effectuons rapidement les 21 km jusqu'à la frontière. Nous ravitaillons une dernière fois avec nos Roubles et remplissons à ras bord le réservoir d'essence à 0,60 € le litre. Nous dépassons une file d'environ 1,5 km de camions à l'arrêt qui attendent leur tour pour passer, et à notre surprise, nous ne sommes que 4 voitures à vouloir sortir de Russie : 2 Lettones et 1 Russe. Ça va assez vite à la sortie de Russie, fouille du véhicule, quelques questions, contrôle des passeports, et apurement de la situation de la voiture. Nous entrons en Lettonie, après 67 jours passés en Russie. Le contrôle Letton s'effectue en langue Russe, le garde frontière ne parle pas anglais. Fouille de la 309, questions sur nos volumineux bagages, puis contrôle de nos passeports. À 9h00 nous sommes passés. De l'autre côté même file ininterrompue de camions, et seulement deux voitures. Les vacances sont terminées, il n'y a presque plus de voyageurs.

Nous voici en Lettonie, le pays est très sauvage, nous filons vers Rezekne puis Daugavpils, en traversant quelques villages avec des maisons en bois comme en Russie, et nous doublons également des paysans en voitures à cheval. À Daugavpils, j'ai rendez vous sur un parking avec un livreur avec qui je discute depuis deux jours au téléphone, à 11h30 il nous remet un colis express contenant un roulement de roue neuf de 309 ! En effet, depuis le 2 septembre une autre chaîne logistique s'est mise en place, mes parents ce sont mis en quête du roulement, qu'ils ont trouvé assez vite, puis envoyé dans la foulée depuis Bordeaux, par poste expresse. Merci à Sylvette et Henri. Le colis est arrivé le 4 septembre à Daugavpils en poste restante, quelle chance. Le roulement de la 309 est dans un tel état qu'il ne tiendra pas beaucoup plus longtemps.

Il est midi, il est trop tard pour chercher un garage (il faut une presse pour changer le roulement), nous ravitaillons au supermarché en euro. Puis nous déjeunons au bord de la Daugava, en profitant pour nous baigner.

Recourant à un garage pour la première fois, je ne veux pas traiter avec un grand garage commercial, ainsi nous quittons la ville pour chercher un petit atelier. Très vite après Daugavpils nous passons en Lituanie, la frontière est occupée par des gardes frontières en treillis, nous sommes contrôlés et fouillés, nos bagages intriguent. Le roulement à compris que son heure est venue, car il fait un bruit terrible à tous les régimes, il y a urgence. Je commence presque à regretter d'être partis de Daugavpils. A cinq kilomètres après la frontière LV/LT à Zaracaï, nous stoppons dans un petit garage, pas de presse hydraulique ici, mais les deux mécaniciens téléphonent partout puis nous accompagnent chez Jonas. Son garage est un véritable capharnaüm, en trente minutes nous changeons le roulement, un exploit ! L'ancien connaît par cœur les trains avant de Peugeot, moi aussi, ça va très vite pour démonter, le roulement est extrait d'un bon coup de masse, puis remonté avec une presse fabriqué maison. Jonas nous confirme que nous ne pouvions pas rentrer avec ce roulement, le jeu est effarant. Travail parfait, pour 15€ seulement... nous le remercions chaleureusement, nous laissons 20€ et du chocolat Russe. À 15 h nous sommes sur la route, je pensais que l'après midi était perdue. Tout cela se fait en langue Russe, personne ne parle anglais. Le silence qui règne dans la voiture après le remplacement du roulement, permet d'entendre le moteur.. Ça fait vraiment du bien, et on se sent mieux.. Ce roulement s'est manifesté pour la première fois à Verkhneouralsk, avant l'Oural à 3500 km d'ici, depuis le bruit n'avait fait qu'augmenter.

Remplacement du roulement 

Ayant un peu d'avance maintenant, nous faisons un petit détour en continuant vers l'ouest pour aller voir une des curiosités de la Lituanie : la colline des croix, 150 000 croix, au bas mot, sont plantées là, c'est un lieu de pèlerinage depuis le XIV -ème siècle à l'époque la colline était fortifiée. Nous passons par Utena, Ukmergé puis Siauliai, la colline est au nord de la ville. L'endroit est impressionnant.

Le temps passe, il est déjà tard et le soleil disparaît rapidement, la pluie menace ce soir, nous traversons Siauliai vers le sud et dormons en Lituanie dans le premier motel au bord de la grand route qui mène à Kaunas. Ici aussi mon anglais ne sert pas, je me débrouille en Russe. Demain nous espérons atteindre Varsovie et au delà.

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30 200 km au total, plus de décalage. Départ 08h00, 14°, beau temps. Nous partons plein sud à travers la plate Lituanie, arrivé au carrefour de l'autoroute A1 qui doit nous emmener vers Varsovie, nous nous ravisons, et partons encore un peu vers l'ouest pour rejoindre Klaïpeda sur le bord de la mer Baltique. Il faut emprunter un bac pour traverser un petit chenal qui sépare Klaïpeda de la Baltique. En dessous de Klaïpeda, un isthme étroit mène à l'enclave Russe sur la Baltique de Kaliningrad, la frontière se trouve au milieu de l'isthme. L'endroit est superbe le bord de mer est dans un parc national. On se croirait dans les Landes. Kaliningrad fait partie de l'ancienne Prusse Orientale Allemande. Ce territoire à été partagé à la fin de la deuxième guerre, entre Pologne, Lituanie et Russie. La ville à été prise par l'armée rouge en avril 1945 lors de la bataille de Königsberg (ancien nom de la ville) Autrement appelée Russie Baltique ou Pays de l'ambre (90 % des ressources mondiale en ambre se trouvent dans l'Oblast de Kaliningrad) C'est pour la Russie un port en eau libre de glace sur la Baltique.

La Baltique à Klaïpeda 

Nous ne sommes pas déçu par la côte Baltique, superbe ! On se croirait à Biscarosse ! Le temps d'un bain, et nous nous en retournons. Il fait 17° à l'extérieur et 19° dans l'eau, elle est bonne. Nous cherchons sur la plage de l'ambre échouée, sans succès. Nous avons relié la mer du Japon à la mer Baltique en 22 jours.

Baltique 

Nous poursuivons notre route vers le sud en passant par Marijampolė, puis nous arrivons à la frontière avec la Pologne, au préalable nous faisons le plein à 1,27€ le litre. Nous gagnons une heure, la dernière, nous n'avons plus de décalage, mais étant encore bien à l'est le soleil va se coucher tôt.

 Frontière Lituanie-Pologne

Le nord de la Pologne est moins plat que la Lituanie, la route est belle dans un paysage de forêt et de champs. Mais nous n'avançons pas très vite, la traversée de la Pologne c'est 800 km de route à une voie, avec traversées de villages et de villes, la moyenne s'en ressent.

Pologne 

À 19h le soleil est couché, à 20h il fait nuit noire, à 120 km au nord de Varsovie, nous nous prenons le premier chemin, et avançons assez loin pour camper au milieu d'une forêt de pins et de bouleaux, il fait très sec, pas de moustiques, 17°, c'est idéal pour bivouaquer. Nous sommes à 10 km au nord d'Ostrów Mazowiecka. Demain nous devons rouler, traverser la Pologne jusqu'à la frontière Tchèque, et dormir avant ou après Prague.

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31 080 km au total. Départ tôt ce matin, car si le soleil se couche tôt à l'est du fuseau, il se lève tôt le matin.. Nous quittons notre campement par une piste sablonneuse pour une longue étape. Direction la République Tchèque, nous traversons Varsovie puis Wroclaw, ensuite la route devient plus intéressante en approchant des reliefs marqués qui séparent la Pologne de la République Tchèque. La route devient montagneuse (le massif des Carpates Occidentales Extérieures, pour être précis). On se rend compte qu'on s'ennuie un peu sur ces routes impeccables, la concentration diminue, il faut lutter contre l'endormissement. Il n'y a plus de trous à éviter, plus de marchands au bord de la route, plus d'épicerie dans les villages, moins de nature.. Beaucoup d'urbanisation, les mêmes chaînes de magasins, c'est ennuyeux. Le long retour, demain, par les autoroutes Allemandes et Suisses va être fastidieux. Le temps à tourné, il pleut avec 13°. Nous arrivons à la frontière Tchèque après avoir fait le plein à moins de 5 Zlotys le litre (1,14€), et fait des courses, petit à petit on remplit la voiture. La Pologne est bon marché pour nous et pour les Tchèques qui sont très nombreux à faire leurs courses de ce côté de la frontière. La Pologne nous laisse une bonne impression, tout est propre et entretenu, les routes sont partout en travaux et en voie d'amélioration.

Nous traversons la République Tchèque sous la pluie, contournant la vaste ville de Prague, et nous roulons jusqu'à atteindre la chaîne de montagne qui la sépare de l'Allemagne. (le massif des Sudètes)

Frontière Pologne - République Tchèque 

Nous stoppons, après presque 900 km de route, à Domazlice (CZ), jolie petite ville. Pour notre dernier soir, après 72 jours de nomadisme, nous avons de la chance d'arriver ici la place est belle, de plus la chambre est superbe et à bon prix. Dozmalice, 11 000 hab., est ancienne, elle fut administrée par la Bavière. Étant dans la région des Sudète (ancien territoire à majorité germanophone en Bohême et Moravie (actuelle Rep. Tchèque)) tout les habitants allemands furent expulsés à la fin de la deuxième guerre, et remplacé par des réfugiés Tchécoslovaques.

Dozmalice 

Nous sommes à une encablure de l'Allemagne, nous pensons rentrer demain et faire les 850 km restant d'une traite.

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31 930 km au total.

Dernier jour.

Ce matin, 8°, nous quittons Dozmalice (CZ) à 8h, par un épais brouillard.

 Dozmalice

À Babylon... juste avant la frontière nous ravitaillons la voiture en SP 95 à 1.18€/L, le gérant de la station est impressionné du fait nous venions de France en 309, nous lui rétorquons que nous arrivons de Vladivostok ! il nous offre alors en cadeau une bouteille de rhum Tchèque. C'est la deuxième fois que ça nous arrive, la dernière fois c'était au Kazakhstan. Nous franchissons la chaîne des Sudètes, et trouvons un peu de soleil en altitude. Puis nous entrons en Allemagne, nous continuons, plein ouest. Là aussi bonne impression, nous n'avons rencontré que des Tchèques sympa.

Frontière République Tchèque - Allemagne 

S'en suivent 240 km jusqu'à Munich à travers la verte est belle campagne Bavaroise, ponctués par la traversée du fleuve Danube qui s'écoule sur 3019 km vers le sud, pour rejoindre la mer noire, c'est le deuxième fleuve d'Europe après la Volga. Tout le trajet s'effectue sous une pluie très intense par 9°. Puis nous allons vers Friedrichshafen pour prendre le bac vers Constance, c'est plus court, et cela évite la traversée de Lindau (D), Bregenz (A) et St Gall (CH), ça permet aussi de se détendre. En traversant le lac de Constance, de fait nous traversons aussi le fleuve Rhin qui s'écoule sur 1233 km vers la mer du Nord. Nous entrons dans le dernier pays que nous allons traverser d'Est en Ouest, en quelques tours de roue de 309 : la Suisse.

Bodensee, frontière Allemagne - Suisse 

Nous arrivons à la frontière Française à 20h00.

De là, il nous reste moins d'un kilomètre pour arriver à destination. C'est fait !!

Titine est arrivée, nous aussi.. Nous avons du mal à réaliser.

L'auto va reprendre ses petits trajets quotidiens, avant de rejoindre Biscarosse avant la fin de l'année, et la boucle sera bouclée. Le compteur affiche 647 755 km.

 Frontière Suisse - France / Retour à la maison 73 jours après le départ

Pas facile de revenir d'un tel périple.

Le voyage nous a tenu en haleine chaque jours, avec ses péripéties, l'accident de Maïlys, et ses bons moments. Pas vraiment de repos depuis 73 jours.

Ce voyage nous a éclairés sur l'immensité du continent qui s'étend vers l'Est, encore n'est-on pas allés jusqu'au Kamtchatka, on se dit qu'on ne pourra pas aller beaucoup plus loin par voie terrestre, le Cap, en Afrique du Sud est à la même distance. Alors que faire ?

Eurasie 

Ce qui est sûr c'est que ça nous a apporté de l'expérience et de la connaissance, et un autre projet de trajet se dessine. Pour plus tard.. Quelque chose comme rejoindre la Turquie via les Balkans et la Grèce (fait en 1991 en Land Rover), pour entrer en Arménie, Géorgie, puis en Azerbaïdjan jusqu'à Bakou. Rejoindre ensuite la Russie jusqu'à Astrakan, entrer au Kazakhstan jusqu'à Orenbourg en Russie. Continuer jusqu'à Novossibirsk puis le Chouïski Trakt pour découvrir la Mongolie, la parcourir jusqu'à Oulan-Oude et s'en retourner par le Lac Baïkal (lieu magique) Mais ce n'est qu'une idée. L'Asie centrale fait partie des projets qui m'attirent le plus.

Bilan de 73 jours de croisière automobile :

-32 000 Km (j'en avais projeté 26 000)

-un coût total de 3880 € (je n'avais pas fait de prévision mais je savais que ça passerai..) La plupart des paiements effectués par CB, et une réserve d'espèce en € et en Roubles au cas où.

-903 litres de Sp95 à l'aller, 790 litres au retour, pour 1188 € au total. Prix moyen du litre 0,70 centimes d'euros. Consommation : 5,46 litres au 100 km. (pour mémoire en avion nous aurions consommé plus de carburant, un passager vaut entre 3,5 et 5 litres de kérosène au 100km)

-16 litres d'huile 10w40 consommés, donc pas de vidange. (non ce n'est pas un moteur deux temps..) un filtre à air et un filtre à huile.

-3 pannes : charbons de l'alternateur, cardan de direction et roulement, une pièce sur trois seulement était à bord, malgré les 26 kg de pièces emportés. Merci à la logistique.

-8 pays traversés : CH-D-CZ-PL-LT-LV-RU-KZ

-Les repas :

320 € de Kafé (restauration) en Russie et 790€ de courses.

La cuisine Russe est très bonne, nourrissante et saine, borsh, goulash, salade olivia, pielmini, etc.. À moindre coût on mange partout et à toutes heures. Les magasins (épiceries) sont nombreux et ouverts tous les jours, et pour certains nuits et jours. Sans compter la possibilité de se ravitailler en permanence en produits locaux, du jardin ou de la forêt au bord de la route. Notre régime quotidien fût agrémenté de petits concombres fermes et de tomate, le grand classique en Russie.

-Les nuits :

1540 € en tout, hôtels et campings.

À vrai dire je pensais que nous dormirions plus souvent sous tente, mais c'est plus compliqué en Russie, d'immenses zones ne s'y prêtent pas car elles sont marécageuses, les endroits les plus secs que nous avons trouvés sont littéralement infestés de moustiques, taons, moucherons mordeurs.. Je me suis équipé localement d'une tenue pour la forêt, étanche aux insectes avec élastiques aux poignets et chevilles et une ingénieuse capuche moustiquaire, conseillée ! Et puis la météo n'a pas toujours été de la partie. Du fait du faible coût des hôtels et de leur bonne qualité, nous n'avons pas hésité à y avoir recours. Un conseil : voyager en Russie l'hiver c'est bien aussi, il n'y a pas de moustiques !

-La route :

pas toujours très bonne en Russie, on la regrette presque une fois en Europe, de micro déformations sont signalées par panneau, là où en Russie on risquait de détruire la voiture par une faute d'inattention. On s'ennuie moins, il faut aussi surveiller les autres conducteurs, qui soit dit au passage, sont très bons, au vu des conditions qu'ils endurent au quotidien. Nous n'avons pas vu d'accident grave, seulement des accrochages à basse vitesse en ville. Pas vu de problème non plus avec l'alcool au volant, une politique assez dure est menée, je me suis astreint au zéro alcool, les bière 0° sont très bien. Reste les piétons, qui sont parfois alcoolisés, attention à eux ! Et les animaux, poules, chèvres, moutons, vaches, chevaux, yaks qui divaguent, ainsi que de nombreux chiens errants et obstacles sur la route. En résumé : une concentration de tous les instant sur la route. Pour la navigation nous avons utilisé exclusivement "Yandex map" sur nos portable, absolument parfait. Pour le stationnement nous nous sommes toujours garés gratuitement et sans difficultés même en centre ville.

-La sécurité : à part un court épisode à Daugavpils en Lettonie, nous nous sommes toujours senti bien. En Russie nous avons garé la voiture d'innombrables fois en ville, la journée et la nuit, sans inquiétude.

Personnellement nous n'avons jamais observés de comportement agressif ou retord envers nous. Juste une inquiétude légitime lorsque nous dormions sous tente au milieu de nulle part (avec parfois un sommeil léger..) Concernant les grands animaux, il faut avouer qu'en pleine Sibérie nous hésitions à planter la tente en forêt, nous avons préférés nous rapprocher des petit îlot humain, et dormir dans les hôtels pour voyageurs. Nous avons pris un minimum de précaution, à savoir de toujours avoir avec nous passeports et argent divisé en trois parts, mais sans le cacher, simplement dans nos sacs. Globalement nous étions moins vigilant et plus détendu que lors de nos voyages en Europe.

- À refaire ?

Avec un peu plus de temps..

En utilisant un véhicule avec plus de garde au sol (même si celle de la 309 est honorable par rapport aux véhicules modernes) et avec de plus grandes roues et où on puisse dormir à l'intérieur, comme un van 4x4 par exemple. D'une marque réparable en Russie : Russe ou Japonaise. Le manque de capacité tout terrain, nous a retardé sur des tronçons difficiles, et empêché l'accès à certains endroits.

Pour finir des nouvelles de Maïlys : elle est toujours bien immobilisée, elle apprend doucement à se déplacer et à s'autonomiser de plus en plus. La rentrée n'a pu se faire, son lycée ne pouvant l'accueillir, c'est donc un peu compliqué. Il faut attendre maintenant le retrait du plâtre, puis du corset, d'abord la nuit, puis tout le temps pour reprendre petit à petit de l'activité physique puis l'opérations pour retirer le matériel implanté.

Merci à tous ce qui on eu la patience de me lire, et de nous suivre, écrire ce blog permettait d'avoir un lien, un fil.

Et Bon Voyages à toutes et tous !


Nous avons ramené quelques souvenirs...




Les voyageurs vous saluent !

 Les voyageurs
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32 800 km au total.

Le 26 décembre 2019 nous bouclons la boucle de 32 800 km par notre retour au point de départ à Biscarrosse Plage dans les Landes par une belle journée de soleil.