Carnet de voyage

LE TOUR DE BELLE ILE EN MER GR340

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6 étapes
22 commentaires
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Par chsart
90 km 5 jours de marche sur le Gr340. Elu GR préféré des français en 2022. L'exotisme de la plus célèbre des îles bretone battue par les vents océaniques sous les lumières d'automne.
Octobre 2022
5 jours
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10h d'une longue et fastidieuse route pour rejoindre la pointe de Quiberon. Nous touchons presque l'objectif de cet automne...le tour de Belle Ile En Mer ! Nous ne sommes plus qu'à 50 minutes d'une traversée qui s'annonce particulièrement tumultueuse. Départ demain 8h!

Ce soir l'océan est déchaîné, la météo n'est pas engageante. Depuis hier soir, nous surveillons les conditions sur l'île heure par heure. Bien sûr parmi toutes les propositions méteos de la toile, nos espoirs se portent toujours sur la mieux disante, et pour me rassurer je me refais l'histoire de nos expériences precedentes: La boue et les orages sur la Grande traversée du Morvan en VTT, la variante de Rocamadour sur le chemin de compostelle où nous avons affronté une journée de pluie torrentielle, notre départ pluvieux sur la Velodyssée, les 4 jours de pluies battantes et incessantes sur la via Rhona en vélo qui ont faillit avoir raison de nous ! Ou le vent dantesque que nous avons affronté dans l'Aubrac sur le chemin de St Guilhem!

J'en oublie certainement, mais je me dis que le vent et la pluie de ce soir, ne sont finalement qu'une représentation imagée et bien réelle de ce que peuvent nous offrir les côtés Bretonnes... Alors on fera avec !


La chaîne et toutes les vidéos précédentes ici:

https://youtube.com/channel/UCnXuooWyQUwnxmTvpAA_icg



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La veille de retour dans notre chambre après le repas, nous découvrons une grande flaque d'eau entre le lit et la fenêtre. De l'eau s'écoule du plafond. Devons nous y voir un signe ?

Le responsable de l'hôtel nous change de chambre. La nuit est agitée, le vent fait claquer les stores, il siffle dans la vmc, est-ce un mauvais présage ?

Sur l'embarcadère le vent souffle toujours très fort, ça va remuer. La bonne nouvelle c'est qu'il ne pleut pas.

Il est 8h10, c'est le départ, on ne fera plus machine arrière. Comme on pouvait s'y attendre nous sommes chahutés, le bateau lève le nez au sommet des vagues et s'écrase de tout son poids dans le creux des vagues. Quelques passagers se jettent sur les poches en papier.

Au fur et à mesure que nous approchons de Belle Île en Mer, l'océan se calme, le temps se découvre et le vent s'affaiblit. Il n'y avait donc pas de mauvais présage, nous débarquons sous un soleil radieux.

Nous nous lançons rapidement sur le sentier côtier, emportés par notre impatience. La récompense est rapide sitôt traversée la belle citadelle Vauban, la nature sauvage et préservée de l'île s'offre à nous.

Voilà 10 minutes que nous marchons, caméra au point pour le film, je perds le contrôle, je suis emporté dans une glissade, patatra ! Je tombe de tout le long sur mon patrimoine fessier et le sac à dos bloque ma chute.

Carole se moque de moi, je suis couvert de terre... Déjà une bonne séquence pour la vidéo, et une photo pour vous.

Notre progression est lente, nous sommes subjugués par autant de beauté. Il fait chaud, le micro climat de l'île joue sa partition. Le soleil nous gratifie d'une lumière magique qui démultiplie les palettes de couleurs.

Le chemin est très accidenté, nous descendons dans les criques et remontons sans cesse. Je redouble d'attention.

La nature nous émerveille, on comprend vite qu'ici les saisons n'existent pas, des ajoncs encore fleuris, côtoient les mûres, les mûres côtoient les girolles. Le printemps, l'été et l'automne semblent avoir collaborés dans une harmonie à trois temps.

Au détour d'une plage, nous croisons une grenouille, elle est vraiment mal en point... Nous ferons mieux la prochaine fois, c'est promis Aurelie !

Nous laissons derrière nous les criques aux eaux turquoises pour rejoindre le charmant petit village de Sauzon.

Le plus dur commence pour nous ce soir... Sélectionner les photos pour le carnet!





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Ce matin, nous partons à 8h30, le soleil se lève à peine. Nous pressons le pas pour monter sur les hauteurs du littoral et profiter du spectacle.

Aujourd'hui nous partons à l'aventure sans trop savoir comment nous allons rejoindre notre gîte pour la soirée, car celui-ci se situe au milieu de l'île.

Nous allons donc devoir quitter notre itinéraire, reste à savoir où et quand ? Nous décidons comme souvent de nous en remettre au hasard.

Il est 9h30 quand au détour d'une crique Carole décide de prendre un bain intégral dans une nudité intégrale. Elle peste de ne pas avoir emporté un maillot de bain.

Je vous vois venir les copains, mais non ! Je n'ai pas fait de photos !

Nous franchissons la pointe des Poulains, et nous comprenons très vite que nous avons changé d'exposition face aux éléments. Nous descendons désormais plein sud sur la côte ouest de l'île. La puissance du vent est incomparable avec la veille.

Ici il n'y a ni arbres, ni arbustes, un vaste paysage de landes s'étend à perte de vue. Les criques ne sont plus accessibles, les falaise se jettent de plus de 30m de haut dans l'océan. Les vagues se fendent contre les rochers et les paroies. Le calme et la sérénité d'hier ont laissé place à la fougue et la colère.

Nous traversons un golf, quelle idée de positionner des trous au sommet des falaises ?

Un vent à décorner les bœufs freine notre progression. Nous désespérons de trouver un abri dans ce désert de bruyères.

Nous trouvons finalement un point en contre bas qui nous permet de manger à l'abri.

Le soleil n'arrive pas à percer, le ciel s'assombrit au point qu'à 13h nous avons l'impression qu'il est 18h.

Nous décidons finalement de quitter le chemin côtier à hauteur de la plage du Donnant. La plage de surf de l'île.

De là nous tentons de rejoindre la route en traversant les dunes...après 2km dans ce méandre, notre route est stoppée par des barbelés et une ferme. Elle nous barre l'accès, déjà 18km dans les pattes, pas question de faire demi tour, la route doit être juste derrière.

La décision est prise de violer cette propriété privée, nous franchissons les barbelés, nous traversons discrètement le long des bâtiments, puis la cour.. et... Une rencontre inatendue nous fait tomber sous le charme, un cochon en totale liberté s'approche de nous et nous emboîte le pas. Séance photos.

Nous rejoignons la route et le cochon très obéissant reste en limite de propriété.

Je nous imaginais assez bien le long de la route avec un cochon sur les talons ! On se garde l'idée de côté, ça nous changera de Manue.

Nous trouvons facilement le gîte communal dans Bangor.

Ah...oui....carole hier soir à voulu lire, elle ouvre son livre et.... S'agace.... Elle a emporté un livre qu'elle a déjà lu!

Je me moque un peu d'elle... Elle décide d'aller l'échanger dans la bibliothèque du gîte...ce soir elle ouvre le livre... Sur la page intérieur 2 commentaires écrits au stylo :

Bof à lire. Ou à jeter!

Et

Je confirme, bof !

🤣🤣🤣


C'est ça le karma ?







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C'est à n'y rien comprendre...le titre laisse penser que l'on tourne en rond... Il y a un peu de ça quand même.

Mais pour comprendre cette étrange journée, il faut revenir quelques heures en arrière.

8h nous quittons le gîte d'un bon pas, 4km à parcourir par la route pour rejoindre le chemin côtier, nous le reprenons à moins d'un kilomètre de là où nous l'avions quitté la veille.

La journée s'annonçait merveilleuse, à 6h les étoiles brillaient déjà de mille feux.

Sur la route le soleil qui se lève nous offre sa palette de rose orangé auquel il nous a habitués sur chaque départ.

... On se rapproche de la côte, le vent se lève... Puis un petit crachin local nous rappelle que nous sommes bien en Bretagne...Pas d'inquiétudes, le soleil est toujours présent dans notre dos.

Le vent se fait plus fort, et le petit crachin est devenu grand. On enfile nos tenues de circonstances, ça mouille fort ! Voilà 2 jours que je porte un pantalon pour les conditions hivernales (ski) et le jour où je le change on se fait copieusement arroser.

On doit monter sur la lande, on sait que là haut ce sera compliqué, que le vent sera sans commune mesure avec ici bas. On croise 2 promeneurs qui redescendent et nous expliquent qu'ils préfèrent rentrer.

C'est mal nous connaître, mouillé pour mouillé, on monte. Au fond de moi, ma petite voix me dit, que l'on part quand même pour marcher 5 à 6h.

Sur le plateau, le vent terrible fait front, la pluie nous cingle le visage, on avance le nez dans nos baskets. Impossible de lever la tête.

Dans de telles conditions et dans un tel décor, le sentiment de solitude vous envahie encore plus fort.

L'accalmie arrive progressivement après 2h de marche. Le soleil est de retour ! La Bretagne, voulait vraiment nous montrer qui elle était, c'est désormais chose faite!

On se sèche, on se change aussi, et Carole ne regrette plus d'avoir emporté des vêtements qu'elle pensait ne pas utiliser.

Nous passons les Aiguilles de port Coton à 11h. Notre destination finale est un hôtel à la plage d'Herlin, encore onze km à parcourir.

À 11h30 nous passons au pied d'un superbe hôtel en front de mer.

Je regarde Carole et je lui fais remarquer que l'hôtel ressemble étrangement à celui des photos de ma réservation.

Après vérification, il s'agit bien de notre hôtel, celui qui nous attend à 11km de là !

Mais qu'est ce que j'ai foutu encore avec les réservations. Je peste. On a fait seulement 10km.

Nous décidons de poursuivre plus loin, ce qui implique que allons devoir ensuite retourner à Bangor par une petite randonnée pour prendre un bus qui nous ramènera à l'hôtel en fin de journée.

L'hôtel est équipé d'une piscine, j'avais omis de le dire à Carole. Elle peste après moi, car si elle avait su elle aurait forcément pris son maillot de bain! J'ai le dos large !

A Bangor, il y a une improbable petite friperie, pourquoi ne pas tenter sa chance ?

Avant de monter dans le bus pour notre hôtel, Carole a retrouvé le sourire, finit les bains toute nue !

Aujourd'hui on a pris pas mal de retard sur nos étapes, en raison des tours et retours et liaisons.

Mais maintenant que Carole a un maillot de bain, je suis sceptique quand à nos chances de boucler la boucle dans les temps !








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Ce matin nous avons programmé une opération commando. Nous devons nous rendre à notre petit déjeuner, et faire la razzia de victuailles, car nous n'avons pas pu ravitailler la veille.

Il n'y a que nous deux et la responsable dans la salle. Nous préparons notre coup, nous remplissons exagérément les corbeilles de pains, les assiettes de fromage et de jambon, de fruits et de gâteaux.

Je joue le rôle de guetteur et dès que la responsable de salle s'éclipse je donne le feu vert à Carole, un signe, un mot, on ne se comprend pas, c' est du grand n'importe quoi! Tant bien que mal Carole fait des sandwichs que nous jetons dans le petit sac promené au restaurant pour la circonstance.

L'opération est malgré tout un succès, nous repartons avec notre sac qui a doublé de volume. Il viendra alourdir nos sacs à dos au côté du livre très épais que Carole à récupéré. Un livre sur le chemin de Compostelle intitulé, carnet de route d'un pèlerin.

Aujourd'hui nos sacs nous paraissent énormes, et pour cause. J'ai l'impression d'être Lisa Gardner dans "wild", je vous recommande le livre ou à défaut le film.

Nous, savons que la journée va être difficile, nous allons devoir rattraper notre retard. Le défi est le suivant : liason 3km + étape de retard 5km+ étape initialement prévue 15km...soit 23km au total.

Mais le soleil est là ! Trop bien.

Nous enchaînons les descentes et les montées, c'est beaucoup plus intense que les jours précédents. Aucun répis.

Fort heureusement, le spectacle est au rendez-vous! Puisque dans une nouvelle glissade encore plus spectaculaire, je pourri mon deuxième pantalon sous les yeux de 2 randonneuses. Par fierté, je me relève très vite, je suis un homme de boue !

Nous avançons seulement au rythme de 3,5km/h en raison des difficultés.

Carole prend son bain quotidien, et nous tentons de vous prendre quelques photos stylisées, que l'on souhaite vous proposer en noir et blanc pour changer.

Nous arrivons finalement après plus de 7h de steps! On est cuits, c'était vraiment dur ! De souvenir de rando, je crois que celle-ci n'a pas à rougir de l'étape vers le pont de Montvert sur le chemin de Stevenson. Elle va rester dans les étapes marquantes par ses difficultés.

Demain c'est la dernière, nous venons de contourner la pointe sud de l'île direction Le Palais.






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96km 5 jours... Nous venons d'arriver. Nous l'avons fait ce tour de Belle Île En Mer.

La matinée a commencé comme nous avions terminé la veille, une succession de montagnes Russes. Nous voilà repartis pour une interminable séance de gym tonic avec Véronique et Davina!

Nous pressons le pas pour monter sur les hauteurs et profiter du magnifique levé de soleil sur l'océan. Spectacle offert seulement de ce côté de l'île.

L'océan est très calme, rien à voir avec la côte sauvage. Aux petites criques succèdent parfois de longues plages de sable blond battues par le doux reflux d'une eau aux couleurs vert-bleues.

Pour nous repérer depuis 5 jours dans cette succession de pointes, le parcours est jonché de petites bornes qui nous sont très utiles. Sans elles, il devient difficile d'apprécier nos positions et les distances et Google ici, c'est pas vraiment ton copain !

Nous croisons un habitant de l'île, il nous explique que nous avons fait un très bon choix de venir en octobre faire le sentier côtier. . En dehors de juin et octobre, il ne faut pas compter faire de l'itinerance. L'été il y a plus de 100 000 personnes sur l'île. Le chemin côtier est noir de touristes. Voilà des mots qui réconfortent nos choix. Même si nous avons croisé 2 ou 3 couples d'itinerants et quelques promeneurs, nous nous sentions bien seuls sur ces beaux sentiers par moment.

Nous avons donc profité de toutes les conditions pour nous connecter avec la nature et ces terres qui nous étaient inconnues.

À 15h15 nous reprenons le ferry direction le continent. Il y a toujours un petit pincement au cœur. Maintenant nous allons nous reposer un peu, car la difficulté de cette randonnée n'avait d'égale que sa beauté...

À VOUS DE JOUER: Carole à pris soin de cacher un animal dans une photo.