Par chsart
C'est reparti! Après avoir traversé l'Auvergne en 2020 nous avons choisi de partir à la découverte de la partie nord de cette trace : Le Morvan. Plus petit massif montagneux de France.
Juin 2021
7 jours
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Cela fait maintenant quelques semaines que les préparatifs vont bon train. Cette partie Nord de la GTMC devrait durer 6 jours à raison de 60km par jours et 1000m de D+ chaque jour aussi.

De quoi bien transpirer. 😅

Pour cette aventure nous serons 3 :

“Charly“ qui vivra sa 2eme itinérance en VTT après la partie Auvergne de la GTMC en 2020.

“Pierrot" le débutant, pour lui ce sera le baptême du feu sur ce type d'aventure.

Et votre rédacteur en chef... Aguerri à toutes formes d'itinérances, avec la lourde responsabilité d'emmener l'équipe à l'arrivée avec des souvenirs inoubliables.

À quelques heures du départ, côté préparatifs, le doute semble s'installer chez Pierre, qui a peur d'en oublier. C'est implacablement la première angoisse de tout nouveau aventurier itinérant ! Charly, Jérôme, Manue, Carole... Peuvent le confirmer. 😊

En ce qui me concerne, l'incertitude de cette aventure réside dans le choix de Pierrot de tirer une remorque... J'en garde pour ma part une expérience inaboutie lors de la velodyssee en 2019, où j'ai cassé l'axe traversant de ma remorque fragilisé par une chute quelques jours plus tôt. 😱

Comme on dit, il faut se faire sa propre expérience. Depuis plusieurs semaines Pierre promène un sac de croquette dans sa remorque, le ridicule ne tue pas ! Déjà une étape de franchie. 😂

Nous serons là avec Charly pour épauler Pierre dans cette tentative.

Départ lundi 21 juin d'Avallon pour traverser ce massif méconnu que vous nous ferons découvrir en image.

Photos ici sur le récit de voyage et un film pour septembre.








Il faut savoir compacter !
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Ça y est c'est parti, nous voilà lancé à travers Avallon et ses jardins terrasses disséminés le long du promontoire rocheux.

Sitôt la descente achevée, Charly et Pierrot s'élancent déjà dans une mauvaise direction. Nous n'avons pourtant parcouru que 500 mètres. 🙄

Entre la descente et le mur que nous devons franchir ensuite nous n'avons pas encore mis un coup de pédale, déjà il nous faut pousser les vélos.

C'est un véritable exploit auquel Pierrot doit faire face ! Quelle galère...

Après 1h30 à crapahuter, nous n'avons parcouru que 14km...bien loin de la cinquantaine prévus pour ce jour !

Les obstacles sont nombreux et ils ralentissent notre progression.

À ce rythme il nous faudra un mois pour parcourir les 350km.

Pour couronner le tout les orages de la veille ont détrempé les sentiers. Nous sommes rapidement couvert de boues.

Malgré toutes ces difficultés, Pierre et Charly qui ne connaissaient pas le Morvan, sont émerveillés par les paysages. Les chemins forestiers qui suivent des cours d'eaux sauvages, les nombreux moulins rénovés et fleuris, les lacs, les étangs, les petit hameaux de pierres tous plus jolis les uns que les autres nous donnent le smile.

Mais attention de ne pas perdre sa concentration. Sous les yeux de Pierre, Charly tombe de son vélo. Patatra ! Il s'en sort avec quelques égratignures et une belle peur. Son casque a joué son rôle de protection en venant taper une pierre dans la chute.

L'orage gronde et les premières gouttes de pluies nous font presser le pas qui devient moins sûr.

Un peu plus tard, toujours sous les yeux de Pierre, c'est à mon tour de chuter, là aussi plus de peur que mal.

Il est temps d'arriver ! Déjà 6h sur le vélo ! Au prix d'un dernier effort, nous trouvons notre gîte.

Charly ne cesse de dire qu'il est cramé, qu'il n'a plus de jus. Un peu ronchon ce soir !

La remorque malgré des sauts impressionnant semble tenir le coup, mais combien de temps ?

Ce soir nous clôturons cette journée en partageant le repas de Philippe et Michèle, un couple de retraitès adorables. Philippe qui a connu mille vies, nous sert un flot d'anecdotes charmantes, lui le mécano, ancien restaurateur, et surtout musicien a tant à partager en cette soirée de fêtes de la musique.

Nous passons une agréable soirée, le ventre bien remplit des plats qu'il nous a cuisiné. On s'est régalé, et on a bien oublié ce maudit Covid!

Demain sera un autre jour.






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C'est la fleur au fusil après un copieux petit déjeuner que nous partons direction Quarre Les Tombes pour le ravitaillement.

Quarre Les Tombes tiens son nom en raison d'une étrange curiosité archéologique. Son église est entourée de plusieurs dizaines de caveaux Mérovingiens. Ces tombes vides trônent ici à quelques mètres de la place du village. Pourquoi sont elles là ? Pourquoi sont elles vides ? Nul n'a l'explication à ce jour.

Philippe nous a annoncé une étape roulante... Effectivement les premiers kilomètres sont un plaisir malgré la pluie. Le paysage est fantastique nous descendons entre des murs de fougères et de digitales de 2m de haut ! De temps en temps un râle vient casser la dynamique au hasard d'une vilaine ronce qui vient nous cingler tantôt les jambes tantôt les mains, elles sont bien cachées, là ! au milieu des fougères.

Nous suivons un magnifique cours d'eau mais le plaisir des yeux peu à peu finit par s'estomper...

Les obstacles deviennent légions. Les stigmates des récents orages se rappellent à nous. Arbres, boues rochers, branches et un tracé discutable entâment notre volonté.

2h et seulement 13 kilomètres. Nous devons porter la remorque, puis porter les vélos, nous devons escalader des murs. Il fait lourd avec l'humidité ambiante, c'est une progression tropicale.

Nous comprenons maintenant que Philippe n'y connaît rien en VTT 🤬.

Après 22 kilomètres impraticables nous décidons de prendre la route.

Pierrot m'impressionne par sa pugnacité et son courage, mais si nous continuons comme ça, nous n'irons jamais au bout.

D'ailleurs, nous ne comprenons pas pourquoi ce tracé ? Alors qu'en Auvergne celui-ci est si agréable.

Est-ce une volonté d'avoir voulu s'affirmer vis à vis du plus ancien parcours VTT de France ? Un concours de gros bras ? Ou alors ? Avons nous été trop présomptueux ? Sûrement un peu des deux ! 🤔

Nous faisons notre pause déjeuner et culturelle à Saulieu. Mais la route est encore longue.

Les routes étant magnifiques nous décidons de finir notre progression en franchissant quand même les villages étapes. Nous suivons des routes que nous a conseillé le patron du café parisien de Saulieu où nous avons pris non pas des verres mais des bouteilles d'eaux !

Grâce à lui nous nous offrons une merveilleuse descente de 4km en roue libre, un régal.

Du coup nous décidons de pousser jusqu'au Lac des Settons où nous devions passer seulement demain.

Nous avons fait notre soixantaine de km mais avons économisé 17km sur l'étape de demain.

Les tentes sont montées, les deux fous furieux Charly et Pierrot piquent une tête dans le lac.

Dès demain nous reprendrons les chemins avec l'espoir que ce sera davantage praticable.










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La journée commence par un petit déjeuner tardif, le bar du camping n'ouvre qu'à 9h.

Le ciel est chargé, nous ne souhaitons pas regarder la météo afin de ne pas nous décourager.

Nous reprenons le tour du Lac entamé la veille à la recherche de l'épicerie pour le ravitaillement et du "chocolat".

La veille au retour de la vaisselle, Pierrot propose à Charly de prendre un petit carré de chocolat avec le café.

Charly lui dit "non non c'est bon, merci"

Pierrot " OK, moi j'en prends. Il est où ?"

Et là, Charly tout penaud lui répond du bout des lèvres: "beeeen... il n'y en a plus..."

En réalité, Charly s'était enfilé le chocolat pendant que l'on faisait la vaisselle.

Ce matin, nous franchissons le vieux barrage et sa pittoresque maison du gardien jadis occupée par l'employé en charge de cette mission.

Le barrage à été inauguré en 1858, il a été construit pour faciliter le flottage du bois vers Paris en utilisant la rivière comme moyen de transport.

On progresse bien, les chemins sont plus accessibles, malheureusement ils sont encore détrempés.

Désireux de passer en tête pour aller réaliser quelques plans vidéos, je me fais surprendre par une énième flaque d'eau.

Mon intrepidité est aussitôt refroidie par cette nappe sans fond dans laquelle je m'embourbe. Je bascule sur le côté avalé sur tout le flanc gauche par le monstre.

Je rigole jaune, et espère que mes sacoches ont joué leur rôle d'étanchéité. Je suis rattrapé par le destin alors que la veille j'avais refusé de goûter à l'eau limpide du lac.

Me voilà servit pour la circonstance.

Nous sommes couverts de boue, je n'ose imaginer les odeurs qui nous accompagnent.

Au détour d'une pause je découvre que l'eau nauséabonde a pénétré les sacoches. 😠 Une gentille dame qui fait son jardin vole à mon secours avec du papier absorbant.

A midi nous nous installons à la terrasse d'une église pour festoyer 🙄.

Le break de midi est perturbé par un orage. L'averse est impressionnante nous nous abritons sous une ridicule avancée de toit de 30cm et prenons notre mal en patience.

Nous sommes fatigués de ces conditions. Le sort s'acharne. Nous sommes à la moitié de notre étape, il nous reste encore 30km à parcourir.

Nous savons que l'orage qui vient se s'abattre va laisser des traces dans les chemins.

Nous tentons quand même notre chance. Une mauvaise décision qui se heurte rapidement à la réalité du terrain.

Nous prenons alors la sage décision de regagner notre étape par une petite route. 9 km de moins mais avec la garantie d'arriver à bon port.

Ici à Anost, Jean-Louis notre hôte du soir rencontré sur un site de cyclovoyageur nous rejoint au café du village.

Ce soir nous dormirons au sec dans le grenier. En attendant ce soir c'est petit restaurant avec Jean Louis pour le remercier de sa gentillesse.









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Toute la nuit nous avons été bercé par le bruit de la pluie. 😒

Au petit matin celle-ci est toujours dans le mouv !

Je suis un peu grognon, il faut bien le reconnaître. Nous n'arrivons pas à faire sécher nos affaires depuis le premier jour 😠

C'est donc plein de joie ce matin que nous chaussons nos baskets trempées et froides...de quoi nous donner un coup de fouet pour attaquer l'étape.

Nous avons décidé d'éviter les chemins et de ne prendre que les petites routes agricoles qui relient les nombreux hameaux et fermes typiques de cette région.

Après quelques kilomètres alors que nous entamons la première grosse ascension de la journée, Charly nous interpelle, il nous annonce qu'il a oublié quelque chose chez Jean Louis... Ses jambes !

Fou rire collectif de quoi nous redonner un peu le moral sous cette pluie rinçante qui nous accompagne.

L'étape s'annonçant plus courte, nous avons donc décidé d'enchaîner 2 grosses difficultés locales. L'ascension du Haut Folin point culminant à 901m et l'ascension du Mont Beuvray à 821m.

Le chemin nous rappelle que nous sommes ici sur un des hauts lieux de la résistance, comme au Mont-Mouchet des stèles en hommage aux jeunes hommes tout juste entrés dans l'âge adulte fusillés par les Allemands.

Après 9km d'ascension nous arrivons à bout du premier obstacle.

Après u'e très longue et très rapide descente en lacets nous décidons de nous sustanter dans une improbable petite auberge.

Pierrot particulièrement inspiré étend son tee-shirt entre deux averses avec l'espoir de le faire sécher. Pas la peine d'en rajouter quand aux chances de succès de cette bouffée d'optimisme.

Au restaurant nous retrouvons 2 pèlerins en chemin vers Santiago avec qui nous avions fait la causette le 2eme jour de notre voyage au Lac Des Settons.

C'est aussi ça le chemin... 😍

Notre dernier obstacle n'est pas des moindres, là aussi une longue ascension jusque Bibracte, immense site archéologique gaulois.

Mais le sommet du Mont Beuvray se mérite, c'est un mur qui se dresse devant nous, 2km d'ascension à plus de 15% de moyenne! 🥵

Charly est à la peine dans le premier mur, mais il trouve l'énergie nécessaire de remonter sur le vélo.

Nous finissons par atteindre notre but sans quitter les vélos. Un effort récompensé par le panorama sur la vallée.

Après de longs kilomètres de descente en roue libre, nous arrivons à notre étape.

Ce soir nous voulons nous retaper. Nous avons trouver la dernière chambre d'hôtel disponible. Nous camperons dans la chambre.

Cette journée peu inspirante au démarrage restera comme une des plus belle de la traversée.

Comme quoi...


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L'étape d'aujourd'hui commence sous le soleil. Gonflé à bloc par vos encouragements nous quittons l'hôtel du Morvan où nous avons partagé une chambre à 3. Nous avons enfin réussi à faire sécher nos vêtements.

L'hôtel du Morvan de St-Léger sous Beuvray c'est un voyage dans le temps, celui-ci est resté figé au milieu du siècle dernier. Il est entièrement dans son jus, tapisseries, moquettes, vases, armoires... Pas de télé dans les chambres... Une douche et WC sur le palier pour tout l'étage... Seul les prises et les interrupteurs trahissent notre époque.

Malgré la motivation et le soleil, je sens dès la première montée que cela va être compliqué pour moi. Je m'accroche à mes compagnons de routes, j'ai le souffle, j'ai l'envie, mais il me manque un truc ce matin.

Les chemins ici sont moins humides, ils ont mieux absorbé les pluies diluviennes de ces derniers jours.

Nous parcourrons rapidement une trentaine de kilomètres, mais chaque ascension est un calvaires en ce qui me concerne. Je n'ai pas seulement oublié mes jambes à l'hôtel du Morvan, je les ai aussi figée dans le passé.

Depuis ce matin nous avons beaucoup de mal à trouver le balisage de la GTMC, ici il semble bien moins entretenu.

Dans l'après midi, je tente de. Négocier un retour par la route, nous avons déjà fait 800m de dénivelé positif don't les 250 derniers en moins de 3 km.

Rien à faire Charly est convaincu que nous en avons terminé avec les montées, je maintien le contraire en étudiant les courbes de niveaux de ma carte. Par la route il n'y aurait plus que de la descente.

Un peu ronchon, je décide de suivre l'idée de Charly quand même.

Après une belle et très agréable descente... nous remontons !!! Je m'en veux de ne pas avoir suivi la route.

Finalement le chemin est très beau et c'est une récompense comme toujours des efforts.

Ce soir nous nous installons dans un petit camping au bord de l'Arroux pour notre dernière nuit sur la Gtmc.






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Toutes les bonnes choses ont une fin... Alors le cœur pincé nous plions nos toiles de tentes à la fraîcheur du petit matin.

Nous souhaitons arriver assez tôt, car pour le retour à la maison, il y a de la route.

Après un rapide petit déjeuner et nos provisions sous le bras, nous nous attaquons aussitôt à un premier obstacle de choix, le Mont Dardon.

Depuis la veille nous regrettons l'absence de balisage et très tôt en l'absence de celui-ci, nous reprenons les bonnes habitudes smartphone et trace GPS à chaque croisement.

Ça monte... Ça monte... Mais ce matin tout va bien... Ou presque... Pierrot annonce qu'il se sent un peu faiblard, mais il sait qu'il pourra compter sur l'assistance électrique de son VTTAE en cas de défaillance.

Au sommet nous profitons d'une superbe vue sur le Bourbonnais.

Descente direction Grury où une surprise de taille nous attends... 😊

Nous décidons de prendre une rapide collation devant l'église du village, quand un pèlerin qui ne nous est pas inconnu arrive dans notre direction... Il s'agit de Pascal un des deux pèlerins en chemin vers Santiago que nous avions déjà croisé à deux reprises durant notre parcours.

Croisé à l'étape 2 puis à l'étape 4 et donc ici à l'étape 6...Au même moment... Au même endroit... Dans la même minute... Nous faisons 50km par jours quand ils en font 20.

J'avais déjà essayé d'expliquer ça à Charly en lui parlant du Camino, c'est un truc assez incroyable... Insaisissable... Mais tous les pèlerins connaissent. Voilà donc mon ami témoin et acteur du phénomène.

Nous avions bon espoir que cette étape serait moins difficile, mais nos espoirs sont de courtes durée, nous voilà encore à pousser nos vélos dans de très pentues ravines pleines de pierres.

Cette GTMC, si elle nous tue pas... Elle ne nous rendra que plus fort !

Alors que nous, apercevons au loin Bourbon Lancy, la fin de notre voyage, je propose de regagner directement la ville par une voie verte directe.

Charly décide de finir les 10km restants à travers les chemins, Pierrot le suit.

En 10 minutes j'avale les 5 derniers kilomètres qui me séparent de Bourbon.

Pour leurs dernier kilomètres Charly et Pierre croisent un vététiste du coin, celui-ci insiste pour qu'ils le suivent direction Bourbon par un chemin plus sympa.

Charly et Pierre arrivent finalement 3/4 h plus tard, en me racontant que le gentil vététiste était un peu fou furieux et qu'il n'avait semble t'il pas compris que nous avions déjà plus de 50km dans les pattes et des vélos chargés de bagages !

Ils sont exténués, mais avec la joie d'emporter des centaines de souvenirs, de rires, d'images...et bien sûr, avec la satisfaction d'avoir relevé se nouveau défi. ❤️... En attendant le prochain. 🙄