Enfin la retraite! Enfin du temps pour préparer un road trip! Après avoir programmé les dates de notre voyage, je me lance dans cette préparation environ quatre mois avant la date du départ.
Du 5 au 21 juin 2024
17 jours
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Derniers préparatifs et direction l'aéroport d'Orly. Nous décollons à 17h30 pour Dublin le mercredi 5 juin 2024. Vol sans problème et arrivée à l'aéroport de Dublin à 18h30 heure locale (1 heure de décalage avec la France). La température extérieure est de 14°C.

Le climat de l'Irlande, de type océanique, est fortement influencé par l'océan Atlantique et caractérisé par sa fraîcheur et son humidité. Les précipitations sont abondantes (1 000 mm de pluie par an dans la moitié ouest du pays) et bien réparties (plus de 200 jours par an). Les hivers sont doux (7 °C en janvier sur la côte sud) et les étés ne sont pas particulièrement chauds (15 °C en juillet). La météo se caractérise par une forte nébulosité et des vents violents sur les sommets et les côtes exposées. L'archipel ne connaît pratiquement pas le gel.

Nous allons vérifier cela.

Nous récupérons notre voiture de location. Le loueur nous met en garde concernant les autoroutes en Irlande notamment en termes de péages. De nos jours, il n’existe pas de route à péage en Irlande du Nord. Mais nous pouvons toutefois en croiser en République d’Irlande. Ces dernières, se divisent en 2 catégories : les routes à péage classiques, avec barrières pour payer, et la route à péage eFlow qui se situe sur la route M50 autour de Dublin (l'équivalent de notre périphérique). En République d’Irlande, la plupart des autoroutes payantes fonctionnent sur un principe équivalent aux françaises. A une exception près : les péages sont gratuits pour les handicapés en Irlande.

Elles sont plutôt agréables à emprunter : très bien entretenues, elles sont larges, en excellent état, et plutôt aisées pour conduire. La vitesse y est limitée à 120km/h. En ce qui concerne la M50 , elle ne possède pas de barrière de péages, mais des systèmes de caméras qui scannent automatiquement les plaques d’immatriculation. Cela permet de suivre le trajet emprunté, et de calculer le montant à payer. Il faut ensuite régler les frais de péages en ligne avant 20h le lendemain. Il suffit de le savoir!!!

En Irlande, les routes nationales sont généralement limitées à 110km/h et les départementales à 80km/h. En ville, comme en France, on ralentit à 50km/h, parfois moins aux abords des écoles par exemple.

Nous prenons donc la direction de notre premier hébergement chez l'habitant à Tallagh, une petite maison nommée Clarendon dans un lotissement, à 11km de Dublin. Nous avons rencontré beaucoup de problèmes pour y arriver car notre GPS ne trouvait pas les adresses!!! Nous avons rapidement abandonné ce GPS, et avons repris Waze lorsque nous nous sommes aperçus qu'il fonctionnait très bien en Irlande.

Nous sommes très bien accueillis par nos hôtes qui nous indiquent où manger après notre installation. Malheureusement il est déjà 21h et les restaurants irlandais ne servent plus après 20h30. Il nous reste les fast food qui se trouvent à 2,5km et nous décidons de les faire à pieds pour nous dégourdir les jambes après le voyage en avion. Et voilà c'est ici que nous mangeons notre premier fish and chips. Puis retour à Clarendon avant l'averse qui se prépare. Et maintenant, il est l'heure de dormir...

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Après une nuit très moyenne mais un petit déjeuner très copieux, nous partons pour Dublin dans les embouteillages matinaux ( vive les capitales ). Et comme à Paris, il est difficile de trouver une place de stationnement en dehors des parkings payants. C'est pourquoi nous décidons de garer la voiture pour la journée et de visiter la ville à pieds, d'autant plus que la météo est plutôt clémente (et oui ça existe même en Irlande).

Notre première étape, le musée EPIC qui raconte l'histoire de l'émigration irlandaise, visite très émouvante pleine de compassion pour ces gens morts ou qui ont dû s'exiler.

Le musée EPIC et le mémorial dédié aux victimes de la Grande Famine sur les bords de la Riffey 

Maintenant un peu d'histoire pour mieux comprendre:

"Cette catastrophe fut en grande partie le résultat de cinquante années d'interactions désastreuses entre la politique économique impériale britannique, des méthodes agricoles inadéquates et l'apparition du mildiou sur l'île. À l'époque, le mildiou anéantit presque intégralement les cultures locales de pommes de terre, qui constituaient la nourriture de base de l'immense majorité de la population, la paysannerie irlandaise.

La révolte des catholiques irlandais en 1649 contre Oliver Cromwell entraîna une répression brutale et la mise en place des Lois pénales destinées à les discriminer. Parmi cette série de mesures, la loi sur le papisme instituait que les terres des catholiques, au lieu d'être transmises au fils aîné, devaient être divisées entre tous les fils d'une même famille, ce qui entraîna un découpage des héritages, une baisse importante de la taille des exploitations agricoles et une vulnérabilité croissante de leurs exploitants.

Pour subsister, les Irlandais commencèrent à pratiquer principalement la culture de la pomme de terre – tubercule nourrissant et ne nécessitant que peu d'espace pour être cultivé. Par ailleurs, beaucoup de paysans n'étaient pas propriétaires de leurs terres et devaient payer un fermage à un landlord protestant et britannique. La plupart des terres (95 %) appartiennent à quelques milliers de familles, généralement protestantes.

Au début du XIXe siècle, la relative prospérité des campagnes avec un climat clément permettait à une parcelle de nourrir une famille de manière correcte et la population qui, en 1801, se situait entre quatre et cinq millions d’habitants, passa à neuf millions quarante ans plus tard. Dès lors, les parcelles se révélèrent trop petites pour nourrir une famille.

En 1845, provenant d'Europe continentale, le mildiou, allié à l'humidité du climat, provoqua une forte chute, de l'ordre de 40 %, de la production de pommes de terre et entraîna une famine d'une grande ampleur, alors qu'un tiers de la population dépendait exclusivement de la pomme de terre pour se nourrir.

Contrairement à ce qui s'était passé pendant la famine de 1780, les ports irlandais restèrent ouverts en 1845-1846 sous la pression des négociants protestants et, en dépit de la famine, l'Irlande continua à exporter de la nourriture. Alors que dans des régions de l'île des familles entières mouraient de faim, des convois de nourriture appartenant aux landlords, escortés par l'armée, partaient vers l'Angleterre. Certains propriétaires expulsèrent leurs paysans, même s'ils étaient en mesure de payer leur loyer comme lors de l'incident de Ballinglass en mars 1846. Malgré tout, en 1845, la pénurie ne fut pas de plus grande ampleur que d'autres crises régionales précédentes qui n'étaient pas restées dans les mémoires. Ce fut l'anéantissement de la récolte de pomme de terre de trois des quatre années qui suivirent qui entraîna une famine et des épidémies telles que les institutions de secours des indigents, qu'elles soient gouvernementales ou privées, se révélèrent incapables d'y faire face.

S'il n'existe pas de décompte officiel du nombre de morts entre 1846 et 1851, diverses estimations récentes évaluent à un million le nombre total de victimes, particulièrement dans les comtés les plus pauvres. La Grande Famine eut d'ailleurs des conséquences importantes en matière foncière, en accentuant le phénomène de concentration des terres et d'augmentation de la taille moyenne des exploitations souhaitée par les landlords : entre 1841 et 1851, la part des tenures de moins de cinq acres passa de 35 à 20 %, quand celle des tenures de quinze acres et plus augmenta de 31 à 48 % des terres agricoles irlandaises.

La famine dura jusqu'en 1851 mais eut des répercussions sur une plus longue durée, en particulier sur la démographie. Ainsi ce n'est qu'en 2022 que l'Irlande a enfin retrouvé sa population du milieu de XIXe siècle. À propos des effets sur la population de l'île, aux morts de la famine, il fallut en effet ajouter près de deux millions de réfugiés, et autant d'émigrants, essentiellement à destination des Etats Unis, de la Grande Bretagne, du Canada et de l'Australie. Si les émigrants venaient de toutes les régions d'Irlande, ils furent plus nombreux à venir des comtés et des classes sociales pauvres. L'émigration irlandaise de l'époque se caractérisa en outre par la plus grande part de femmes choisissant de partir, contrairement à ce que l'on peut constater généralement dans les autres pays. En tout, la population irlandaise baissa de près d'un quart en dix ans, passant de huit à environ six millions de personnes. L'émigration devint dès lors un phénomène structurel : elle se poursuivit jusqu'en 1911, date à laquelle la population irlandaise tomba à 4,4 millions de personnes, soit son niveau de 1800.

Sur le plan culturel, la famine fut aussi l'un des facteurs du déclin de la langue irlandaise, langue parlée par plus de 90 % des Irlandais avant 1845, dont la vitalité était le principal signe de résistance du peuple irlandais et que les Britanniques ne parvenaient pas à éradiquer, à moins de 20 % de la population en 1860. Un grand nombre des orphelins de la famine reçurent dans les orphelinats la langue anglaise en héritage. La langue gaélique ne se remit jamais de la grande famine de 1845-1851 et, aujourd'hui, seuls 2 % des Irlandais parlent la langue de leurs ancêtres dans la vie courante. Pour les émigrants, la langue fut majoritairement abandonnée avec le temps et les générations." (Source Wikipedia)

S'il y a environ 5 millions d'habitants en Irlande, il y a également 40 millions de passeports irlandais dans le monde ...


Revenons à notre périple dublinois:

Après un rapide repas (à nouveau le fast food), nous voilà partis pour la visite de la cathédrale Saint Patrick.

La cathédrale Saint Patrick 


Nous complétons ensuite la visite de Dublin en car vintage avec collation et boissons chaudes ou froides servies à bord.

On peut remarquer les maisons très colorées 

Grâce à une météo favorable, nous avons pu visiter cette ville à pieds, plus de 10 km. Il y eu uniquement une petite averse en fin d'après-midi. J'avoue nous avons eu beaucoup de chance.

On retrouve notre voiture et nous nous dirigeons maintenant vers notre prochain hébergement à Rathdrum, dans le Comté de Wicklow.

Et parce que nous avons bien mangé dans le bus, nous n'éprouvons pas le besoin de diner ce soir là.

Je tiens à préciser que toutes ces visites ont été réservées la veille sur internet, ce qui est préférable si vous ne voulez pas vous casser le nez et c'est donc ma mission de chaque soir pour le programme du lendemain.

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Long périple aujourd'hui de 310km

Après une meilleure nuit que la veille et un très bon petit déjeuner à la française (oui nous n'osons pas encore essayer l'Irish breakfast), nous partons pour la première étape du jour, la visite d'un monastère en ruines et de la cité monastique, Glendalough.

Glendalough est un petit hameau qui accueille les ruines d'un ancien monastère datant du VIe siècle. Situé en plein coeur du Parc National des Monts de Wicklow, l'endroit est parfait pour une petite exploration d'autant plus qu'il fait un temps magnifique. Le monastère a été fondé au VIe siècle par le prêtre Saint Kevin, un ermite décidant de s'installer dans le Comté de Wicklow pour s'adonner à la vie monastique.

Au fil des ans, de nombreux disciples et dévôts du prêtre vinrent le rejoindre, et étendirent Glendalough en y bâtissant d'autres lieux de cultes comme des églises, des lieux d'habitation...etc, faisant ainsi de Glendalough un véritable centre culturel ecclésiastique.

On y enseignait alors la religion chrétienne, la grammaire irlandaise, ainsi que toute autre forme de savoir inscrit dans les livres rares que possédait le village.

L'activité du hameau dura de nombreux siècles jusqu'en 1398, date à laquelle Glendalough fut hélas dévasté par les anglais, laissant ainsi derrière eux de véritables ruines. Seules quelques constructions sont encore debout à ce jour.

L'accès aux ruines en pierres sèches battues par les vents, le froid et le soleil, se fait par un passage sur un petit pont en bois. Nous nous retrouvons alors face à un petit village composé de constructions religieuses et d'un important cimetière. Nous pouvons voir:

  • une tour ronde haute de 33 mètres et d'une circonférence de 16 mètres , cette tour date du XIe siècle. Elle possède une porte située à 3 mètres au-dessus du sol. Cette tour servait d'entrepôt pour les livres rares ainsi que les reliques chrétiennes de l'époque.
  • une cathédrale datant du XIIe siècle qui avait été construite en l'honneur de Saint Pierre et Saint Paul. Elle fait partie des monuments les plus imposants de Glendalough. Bien entendu, la zone est principalement en ruine mais on peut en voir les fondations et certains pans encore debout.
  • un cimetière où de nombreuses tombes s'éparpillent ça et là autour de Glendalough. Y sont présentes de multiples pierres tombales arborant des croix celtes magnifiquement sculptées.

En longeant à pieds les magnifiques plaines verdoyantes, nous arrivons à deux lacs de toute beauté, le Lower Lake et l'Upper Lake à 1,5km de Glendalough.

Nous reprenons ensuite la voiture pour nous diriger vers Kilkenny au coeur des Terres Ancestrales d'Irlande, cité médiévale avec son château du XIIe siècle, ses vieilles bâtisses, restaurants, boutiques et pubs aux façades très colorées. Nous pouvons y voir également la Saint Canice's Cathedral du VIe siècle, deuxième plus grande cathédrale d'Irlande.

Kilkenny ( Comté de Kilkenny) 

Une petite pause déjeuner dans un petit restaurant de Kilkenny.

Dernière étape de la journée: le Rock of Cashel, piton rocheux où trônent les vestiges d'ouvrages fortifiés. il est situé à l'ouest de la ville de Cashel, dans le Comté de Tipperary et dans la province de Munster. Les bâtiments qui ornent le sommet du Rock of Cashel présentent une grande complexité par la juxtaposition de très nombreuses époques. Cette complexité n'empêche pas le site d'avoir une unité et un charme sans égal. C'est un des plus beaux sites d'art celtique et d'architecture médiévale d'Europe.

Au Rock of Cashel, lors d'un sermon demeuré célèbre, Maewyn Succat, dit Saint Patrick, montre une feuille de trèfle: "Voilà la figure de la Trinité sainte". Les figures de triades étaient familières à la religion celtique: le trèfle deviendra ainsi le symbole de l'Irlande. La légende raconte que c'est à ce moment là que furent chassés tous les serpents du pays, action qui symbolise la conversion du peuple irlandais.

Du IVe siècle à l'année 1101, le Rock of Cashel, éperon calcaire haut de 60 mètres, pointe au milieu d'une prairie: c'est là-haut, dans ce château que les rois de Munster ont eu leur quartier général. Saint Patrick, visitant les lieux en l'an 450, y baptisa le roi Aengus et ses frères. Depuis l'an 1101, le rocher est entre les mains de l'autorité ecclésiastique.

En 1172, au Synode de Cashel, Henri II d'Angleterre force l'Irlande à se soumettre exclusivement à l'autorité de l'Eglise catholique romaine et met fin aux pratiques d'un christianisme celtique.

Le plus ancien monument de Cashel est la tour ronde haute de 28 mètres datant d'environ 1100. Construite originellement en pierres sèches, des travaux de conservation ont consisté à injecter du mortier à certains endroits pour des raisons de sécurité.

La Chapelle du Roi Cormac est la plus ancienne chapelle romane d'Irlande construite entre 1127 et 1134. Sa structure est très complexe et on y trouve également l'une des fresques irlandaises les mieux conservées de cette période malgré les dégradations dues à l'humidité.


Et enfin direction Thurles (Comté de Tipperary) pour faire un dodo bien mérité, après 310 km en voiture et plus de 6 km à pieds et tout ça sans pluie même si le ciel était menaçant par moment, surtout en fin d'après-midi.

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La nuit fut correcte et aujourd'hui nous osons enfin l'irish breakfast, composé de thé ou de café, de multiples charcuteries chaudes et froides, quelque chose qui ressemblait à du boudin (?), en tout cas trop gras pour nous. Nous n'avons pas franchement été convaincus et préférons notre traditionnel petit déjeuner continental. Bien sûr, cela reste notre opinion et nos goûts personnels.

Nous reprenons la voiture en direction de Cork, deuxième plus grande ville de la république d'Irlande et la troisième ville la plus peuplée de l'île après Dublin et Belfast. C'est la principale ville et la capitale administrative et économique du comté de Cork. Le nom de Cork provient d'un mot irlandais signifiant "un endroit marécageux" en référence à son emplacement initial sur le fleuve Lee à l'endroit où Saint Finbarr fonde un monastère au VIe siècle. De part sa localisation, Cork est un important centre du réseau commercial. Le gouvernement municipal de la ville est alors dominé par environ douze à quinze familles de marchands, qui tirent leur richesse du commerce d'outre-mer avec l'Europe continentale, en particulier l'exportation de laine et de peaux et l'importation de sel, de fer et de vin. Mais en 1491, près de la moitié des habitants de la ville meurent de la peste noire. Depuis le XIXe siècle, Cork est une ville fortement nationaliste irlandaise, bénéficiant d'un large soutien du régime intérieur irlandais et du parti parlementaire irlandais.

La rue commerçante principale est la St Patrick's Street, une rue piétonne rénovée dans le milieu des années 2000 et célèbre pour l'architecture de ses bâtiments. L'Hôtel de Ville de Cork est une construction en briques vert clair. Elle a remplacé la précédente, détruite en 1920 pendant la guerre d'indépendance et plus précisément pendant l'incendie de Cork. Sa construction, considérée comme un geste de réconciliation, a été financée par le gouvernement britannique dans les années 1930.

Nous flânons dans les rues très colorées de la ville, dans les différents parcs, et finissons par entrer dans l'English Market, marché couvert érigé en 1610 et reconstruit en 1786. C'est là que nous trouvons de quoi nous restaurer ce midi dont le Cashel Blue, fromage au lait cru à la pâte persillée produit dans la région de Cashel. On y trouve également des aliments produits localement, notamment du poisson frais, de la viande, des fruits, des légumes, des oeufs, du fromage artisanal et du pain.

Nous avons déjeuné sur les bords du fleuve Lee avec les produits achetés au marché.

Notre errance nous conduit au Fort Elisabeth, enceinte fortifiée en étoile, construit en plein coeur de Cork. Datant de 1624, il servit au départ à protéger la ville de toute attaque, avant d'être reconverti successivement en caserne militaire, en prison, puis en station de police. De nos jours, le site est désormais un musée accessible gratuitement aux visiteurs.

Vues du Fort Elisabeth 

Nous reprenons la voiture et nous dirigeons vers Kinsale, un des plus beaux ports irlandais, village de pêcheurs aux maisons colorées et ruelles étroites.

Kinsale est située dans le comté de Cork, à 25 km de Cork sur la côte à l'embouchure du fleuve Bandon.

Allez, un peu d'histoire:

En 1601, Kinsale fut le lieu d'une bataille entre les anglais et les irlandais: Hugh O'Neill, vaincu par les armées de Lord Mountjoy, se soumit et s'exila en mai. La défaite provoqua la fuite sur le continent des nobles qui avaient participé à la guerre. En 1689, Jacques II d'Angleterre débarqua en Irlande à Kinsale, puis s'exila en France en 1690 après sa défaite à la Bataille de la Boyne.

Ensuite, nous empruntons la Wild Atlantic Way, route qui longe la côte signalée par des panneaux avec une vague blanche sur fond bleu.

Nous poussons notre route jusqu'à Rosscarbery, toujours dans le Comté de Cork, où nous allons passer la nuit.

Pas mal notre  hébergement du jour !!!

Et toute cette journée sous un soleil radieux grâce auquel nous avons encore pu dîner sur la terrasse du chalet !!! Nous avons parcouru 184 km en voiture et environ 6 km à pieds.

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Nous avons très bien dormi et pris un excellent petit déjeuner continental avec de succulents pancakes arrosés de sirop d'érable. Nous échangeons quelques mots avec nos très sympathiques hôtes malgré notre anglais très scolaire. Le temps est magnifique. Nous avons prévu une première étape à Mizen Head, à la pointe sud-ouest de l'Irlande. En chemin, nous croisons des paysages merveilleux.

Imaginez un phare côtoyant la furie de l’océan… Un phare totalement coupé du monde, auquel on ne peut accéder que par un pont qui franchit un gouffre océanique… Voici comment l’on peut dépeindre le Mizen Head, un phare isolé situé sur un rocher à peine rattaché à l’Irlande par un pont suspendu gigantesque ! L’endroit est à couper le souffle. Pour visiter ce fameux phare de 1910, il vous faudra tout d’abord passer par le Visitor Centre du Mizen Head, où l’on vous présentera une expo très complète sur la vie difficile des hommes vivant dans les phares. La présentation retracera alors l’histoire du phare de Mizen Head, bâti au début du XXème siècle, afin d’offrir une meilleure surveillance de l’océan sur la côte ouest irlandaise.

Une fois cette expo achevée, vient ensuite le plus savoureux : le passage sur le pont suspendu ! Le phare à proprement parler est situé sur un îlot relié par un pont en acier, suspendu à plus de 300 mètres de hauteur. Si vous avez le vertige, ne regardez pas en bas : vous y verriez alors les remous de l’océan en furie qui écrase violemment ses rouleaux contre la falaise ! (Une vue impressionnante et fantastique à conseiller néanmoins pour les non acrophobes…). Autre précision, le vent n'a pas d'obstacle depuis l'Amérique, et il est bien puissant.

Une fois le pont franchi, vous pourrez admirer le panorama somptueux que vous offrent les hauteurs de la côte sud-ouest, avec la vue imprenable sur le rocher Fastnet.

Lorsque nous arrivons à la pointe, le vent souffle si fort qu'il nous coupe la respiration, nous sommes obligés de mettre la cape de pluie pour nous protéger et de nous accrocher pour ne pas nous envoler à la moindre rafale.


Après cette visite époustouflante, nous reprenons la voiture et nous empruntons le Ring of Kerry, route de 179 km de long. Le Ring of Kerry est le nom communément donné à la route qui fait le tour de la péninsule d'Iveragh, l’un des endroits les plus intéressants touristiquement parlant du comté du Kerry. Et si on appelle cette route le « Ring of Kerry » et non pas « Road of Kerry », c’est tout simplement parce qu’elle forme une boucle. Le mot « Ring » peut se traduire dans ce cas par « anneau » ou « boucle », en français (en anglais, « ring » est notamment utilisé pour parler des périphériques).

Aujourd’hui, le nom « Ring of Kerry » désigne par extension la péninsule d’Iveragh dans son ensemble.

Nous nous dirigeons ainsi vers l'embarcadère du Ferry pour la Garinish Island, une île magnifique, célèbre pour sa flore subtropicale naturelle ainsi que ses jardins. Nichée dans les eaux pittoresques de la baie de Bantry dans le comté de Cork, se trouve un joyau caché et un paradis pour les amoureux de la nature : l’île Garinish. Elle est un must-see pour ceux qui souhaitent s’immerger dans la riche histoire et la culture de l’Irlande. L’île possède un mélange unique de paysages accidentés, de beaux jardins et de vues à couper le souffle, ce qui en fait une destination idéale pour les amateurs de nature et les aventuriers. Elle abrite pléthore de plantes exotiques, d’arbres et d’arbustes, tous soigneusement cultivés au fil des ans pour créer un jardin magique. Elle est accessible en ferry depuis le village de Glengariff, situé à environ 4 km de là. L’île, qui mesure environ 15 hectares, est connue pour ses jardins et son histoire riche et fascinante. Il faut dire que l’île a appartenu au XXème siècle à John Annan Bryce, député au Parlement Britannique et avocat écossais, qui a décidé d’y construire son cottage et qui a commencé à aménager les jardins pour lesquels l’île est maintenant célèbre. Les plantes et fleurs y sont exceptionnellement rares ! Les jardins abritent ainsi de nombreuses plantes exotiques, notamment des palmiers, des fougères arborescentes, des rhododendrons et des hortensias. Imaginez des fleurs subtropicales en plein cœur de l’Irlande, coexistant avec de merveilleux arbres et autres espèces particulièrement difficiles à trouver dans le monde !

Pour la petite histoire, Garinish Island aurait été occupé par les britanniques en tant que base militaire. Voilà pourquoi l’île est dotée d’une tour Martello imposante et en parfait état.


L’île abrite également une importante colonie de phoques gris que l'on peut observer du ferry.


Phoques se faisant bronzer 
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Nous reprenons le Ring of Kerry et traversons le Parc National de Killarney, dans le Comté de Kerry, célèbre pour ses lacs, ses forêts, ses landes. et ses sommets. Il fait environ 103 km2 et a été créé en 1932. C'est ici que vit la dernière harde de cerfs élaphes, comptant plus de 800 bêtes. Il a été désigné comme réserve de biosphère par l' UNESCO en 1982.

Pas facile de rouler à gauche sur des routes aussi "larges" qui tournicotent, montent et descendent. Tout peut arriver en face, sans aucune visibilité, même un attelage à cheval !!! Etrangement, après 12km de cette route, le chauffeur semble un peu stressé.

C'est ainsi jusqu'à arriver au Gap of Dunloe, col entre les Macgillycuddy'sReeks et les Purple Mountains à l'ouest de Killarney. Il commence à Kate Kearney's Cottage et se termine avec une descente dans la Black Valley, à une distance d'environ 11 km. il y a cinq petits lacs reliés par la rivière Loe (qui a donné son nom au col). Entre le premier et le deuxième, on passe sur un vieux pont de pierre appelé Wishing Bridge en raison des vœux qui se réaliseraient s'ils y sont prononcés.

En1914, dans les paysages du Gap of Dunloe, le réalisateur américain d'origine irlandaise Sidney Olcott tourne le film The Gap of Dunloe, sorti en janvier 1915, avec Valentine Grant et Pat O'Malley en vedette.


Nous continuons notre route et nous faisons une pause dans le Parc de Killarney. C'est là que nous arrivons devant une abbaye plutôt bien conservée en dehors de son toit absent sur sa majeure partie. Elle a été fondée en 1448 et établie dès lors pour les frères franciscains de l'Observance. L'histoire de l'abbaye est ponctuée par la violence: elle est saccagée puis reconstruite plusieurs fois. Les moines faisaient souvent l'objet de persécutions et subirent les attaques répétées de bandes de pillards. L'abbaye est finalement brûlée par les troupes d'Oliver Cromwell en 1652. L'une de ses curiosités est son cloître voûté, de style romano-gothique normand, organisé autour d'une cour intérieure qui abrite en son centre un grand if plusieurs fois centenaire, comme à l’emplacement de l'ancien cloître de l'abbaye de Jumièges en Normandie.

Nous poursuivons notre route vers la cascade de Torc, située aux pieds de la Torc Mountain, l'une des plus grandes montagnes du Parc National de Killarney. D’une hauteur de 18 mètres de haut, les chutes d’eau de la cascade vous permettront de contempler la beauté sauvage d’une nature encore indomptée. Des blocs de pierres énormes polis par la fureur de l’eau se situent ça et là dans la cascade, rendant ce spectacle des plus saisissants.

La forêt quand à elle offre un magnifique cadre à ces chutes d’eau et vous serez surpris par la puissance sonore de l’eau cascadant sur les rochers !

Pour les plus sportifs, sachez qu’un sentier au fort dénivelé permet de procéder à l’ascension, pour ensuite accéder à un point de vue exceptionnel dominant la cascade et ses environs…

Nous faisons un rapide passage à Lady View (« Vue des Dames » en anglais), un point de vue panoramique sur les lacs de Killarney. Il se situe dans le Parc National de Killarney, sur le bord de la N71, constitutive de l'anneau du Kerry, à 13 km de Killarney. La vue porte sur l'Upper Lake et la vallée.

Le nom remonte à l'époque de la visite de la Reine Victoria à Muckross House en 1861. Sur le chemin qui la mène à la propriété, la Reine est si charmée par la vue qu'elle demande qu'on arrête l'attelage et autorise, tout à fait exceptionnellement à l'époque, ses dames de compagnie, les « ladies-in-waiting », à descendre pour admirer avec elle le spectacle qu'offre le panorama. L'endroit est ainsi baptisé « Ladies View » en souvenir de cet épisode.

Cette journée nous a fait parcourir 294 km en voiture. Il est maintenant temps de rejoindre notre hébergement du jour à Portmagee, dans le Comté de Kerry, il est tard et pour y arriver à l'heure, on appuie un peu plus sur le "champignon". Malheureusement, nous avons été dénoncés par un radar. Quelle fut donc notre surprise en France quelques jours après notre retour, de recevoir une amende pour excès de vitesse, 92 km/h au lieu de 80 km/h. elle s'élève à 160€ et coûte 3 points en moins sur le permis de conduire. Ca rigole pas en Irlande!!!

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Au programme aujourd'hui, les Îles Skellig accessibles uniquement en bateau. Par chance, il fait un temps magnifique. Bien sûr la réservation est indispensable et lorsque j'ai voulu la faire, tout était complet et surtout hors de prix pour la prestation. On nous conseille donc de nous présenter au port à la première heure et d'essayer de trouver sur place un pêcheur qui accepte de nous emmener. Mission impossible, surtout avec notre anglais!!! Par contre, une société sur le port propose de nous conduire jusqu'aux îles, en faire le tour sans accoster pour un prix raisonnable. Qu'à cela ne tienne! Nous réservons pour un départ à 10 heures. En attendant, nous visitons rapidement Portmagee, et Valentia Island.

Le moment est venu d'embarquer sur le bateau, style bateau de pêche aménagé pour le transport de touristes. La mer est calme, nous voilà partis !!

Notre bateau 

Les îles Skellig (en irlandais : Na Scealaga) sont un archipel de la côte sud-ouest de l'Irlande, formé des îles de Skellig Michael et Little Skellig. Elles se situent plus précisément au large de la péninsule d'Iveragh, dans le Comté de Kerry dans la province de Munster à une dizaine de kilomètres de Bolus Head, le point le plus occidental de la péninsule d'Iveragh. Elles sont séparées d'environ 3 km.

Le nom anglais Skellig vient de l'irlandais sceilg, parfois écrit sceillig, au pluriel scealga, désignant un « rocher escarpé ou à pic ». Sceilig Mhichíl (Skellig Michael) est donc le « Rocher à pic de (Saint) Michel », Sceilig Bheag (Little Skellig), le « Petit Rocher à pic » et Na Scealaga (Skellig Islands), « les Rochers à pic ».

Skellig Michael culmine à 218 m d'altitude et est caractérisé par des pentes abruptes. Le relief est dominé par deux sommets : le sommet sud-ouest ou South Peak où se situe l'ermitage (218 m d'altitude) et le sommet nord-est où est construit le monastère (185 m d'altitude). Ces deux pics se situent de part et d'autre d'une dépression de 130 m connue sous le nom de Christ's Saddle (« la selle du Christ ») ou Christ's Valley. Par ailleurs, l'île compte trois criques. Au sud-est de l'île se trouve le rocher Blue Man's Rock.

Little Skellig est également caractérisé par un relief abrupt et s'élève à 134 m d'altitude.

Les Îles Skellig constituent l'un des sanctuaires les plus importants d'Irlande, tant par le nombre que par la diversité des espèces d'oiseaux telles que les fous de Bassan, les fulmars, les petits pingouins, les macareux moine et bien d'autres. Des animaux marins vivent également dans les eaux environnantes. Parmi eux, des phoques gris qui trouvent refuge au pied de Little Skellig, des requins pèlerins, des baleines de Minke, des dauphins et des tortues luth.

Ces îles sont inscrites au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.

Skellig Michael a servi de décor pour le cinéma. Le film Coeur de verre (1976) de Werner Herzog se clôture sur l'île.

Skellig Michael a aussi accueilli deux fois le tournage de la saga Star Wars, entre 2014 et 2016, pour les épisodes 7 et 8.

C'est pourquoi le prix pour débarquer et gravir des centaines de mètres à la queue leu-leu est si exorbitant.

Durant le voyage aller, selon le vent et la houle, nous nous abritons des embruns. Pour le retour, le capitaine nous prévient: nous allons être mouillés. En effet, malgré les imperméables qu'il nous a gentiment prêtés, nous sommes rentrés trempés jusqu'aux os, chaussures comprises. Mais peu importe, nous avons beaucoup aimé cette excursion. Il ne nous reste plus qu'à nous changer et faire sécher tout ça, et nous réchauffer.

Nous reprenons maintenant la voiture et nous longeons la côte par la Wild Atlantic Way. Un arrêt s'impose pour voir deux forts en ruine construits en pierres sèches, le Cahergal Stone Fort et son voisin le Leacanabuile Stone Fort.

Le Cahergal Stone Fort est un édifice médiéval datant du VIIe siècle ou du VIIIe siècle, ayant été construit pour servir de place forte pour les rois locaux de l’époque.

Le fort mesure 27 mètres de diamètre, et est doté de murs imposants, variant entre 2 et 4 mètres de haut, pour 5 mètres d’épaisseur ! On peut accéder au sommet de ces murs grâce à 7 escaliers. La vue au sommet est superbe et domine Caherciveen et les environs !

Au centre du fort, se trouve une cour, ainsi qu’une seconde construction circulaire d’environ 7 mètres de diamètre.

Sur le chemin du fort !!! 

Le Leacanabuile Fort est également un fort circulaire de diamètre intérieur de 30 mètres avec des murs haut de plus de 2 mètres et d'une épaisseur de 3,3 mètres. Protégée sur trois côtés par de fortes pentes herbeuses, l'entrée se fait du côté est. Il est construit en pierres sèches avec des trous remplis de gravats. A l'intérieur, se trouvent trois ruches en pierres et un souterrain.

Nous poursuivons notre chemin sur la Wild Atlantic Way en direction de notre prochain hébergement réservé, en faisant quelques haltes pour observer ces paysages magnifiques.

Et aujourd'hui, nous allons dormir à Farranfore, toujours dans le Comté de Kerry.

Las de manger des repas froids, nous interrogeons notre hôte qui nous indique un restaurant traditionnel à quelques kilomètres de là, le Sherwood's Bar. Dominique choisit de manger un fish and chips tandis que moi je préfère prendre une entrecôte que je dévore avec plaisir.

Durant tout notre séjour en Irlande, nous n'avons pas eu la chance, à notre plus grand regret, de trouver un restaurant nous proposant de manger du mouton produit dans la région.

Cette journée nous aura fait parcourir 132 km en voiture.

Pour le moment, le Kerry est le comté que je préfère.

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Encore un beau soleil au réveil, la chance est de nouveau avec nous. Nous prenons la direction de la péninsule de Dingle, toujours située dans le comté de Kerry. A son extrémité se trouve le point le plus à l'ouest de l’île d’Irlande, Dunmore Head. Le site de Dunmore, a servi à l'installation de différents plateaux de tournage de Star Wars, pour "Le Réveil de la Force" et "Star Wars - Episode VIII".

La péninsule tient son nom de sa principale ville, Dingle. Nous profitons de cette ville pour faire quelques emplètes pour nos prochains repas ou plutôt nos pique niques. Cette péninsule représente à mon avis l'Irlande comme on se l'imagine: sauvage avec ses collines recouvertes de landes, falaises, côtes déchiquetées, plages de sable et villages déserts, on peut y trouver de nombreuses espèces d'orchidées sauvages. Son point culminant domine à 456 mètres, le Connor Pass, du haut duquel les vues sont extraordinaires et qui est le point de départ de nombreuses randonnées. Cela va s’en dire : la route du Connor Pass mérite une attention soutenue… et par conséquent de la parcourir à petite vitesse ! Avec son dénivelé, ses enrochements latéraux et ses portions parfois étroites, il convient de progresser doucement, sans presser la pédale d’accélérateur! Il suffit de rester attentif et concentré sur la route, de conduire à petite vitesse, et d’anticiper un maximum à la vue d’une voiture arrivant dans le sens inverse. Des espaces sont d’ailleurs aménagés pour se garer le temps que l’autre voiture manœuvre…

Nous quittons maintenant ce magnifique comté et nous nous dirigeons vers les falaises de Moher (Cliffs of Moher) dans le Comté de Clare. Elles s’élèvent jusqu’à 214 m au-dessus de l’océan Atlantique sur une longueur de huit kilomètres.

La tour O'Brien a été construite en 1835 au milieu des falaises par Sir Cornelius O'Brien, pour offrir un point d’observation pour les très nombreux touristes qui venaient déjà sur le site. Par temps clair, on peut y voir, outre les îles d'Aran et la baie de Galway, les montagnes du Connemara. Les falaises de Moher fascinent par leur beauté et leurs parois vertigineuses. Ces masses de calcaire et de schiste érodées par le vent et l'océan, souvent déchaînés près de ces côtes, sont visitées par plus d'un million de touristes par an, ce qui n'est pas sans conséquences sur la nature sauvage. Des aménagements ont dû être construits afin de protéger ce site exceptionnel.

Depuis 2008, cet espace est protégé afin de préserver la faune, principalement constituée d'oiseaux marins. La présence de l'être humain s'est matérialisée par l'édification de nombreux cloisons ou murets de pierre. Il est nécessaire d'être très prudents en visitant ce site car de nombreux accidents mortels y ont été recensés.

Ce site a également accueilli les tournages de plusieurs films dont "Harry Potter et le Prince de sang-mêlé" ," Astérix et Obélix au service de sa majesté" et bien d'autres.

Nous reprenons la voiture vers Lisdoonvarna, dans le Comté de Clare, où nous allons passer la nuit. Son nom signifie « le fort du col » en référence au fort circulaire de Lissateaun, situé à proximité du château anglo-normand à 10 kilomètres au nord-est de la ville. Lisdoonvarna était connue à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle pour ses sources thermales. L'activité des thermes s'est toutefois arrêtée dans le milieu du XXe siècle. Au début du XXIe siècle, des investisseurs tentent de relancer cette activité.

La petite ville (environ 800 habitants à l'année) est très célèbre dans le pays pour ses nombreux festivals dont le fameux « Matchmaking festival » en français : « festival des rencontres », un festival organisé depuis 160 ans pour que les célibataires trouvent l'âme sœur. Le festival est désormais un événement international, qui se déroule en septembre, et il en existe depuis 2013 une version LGBT en octobre.

Lisdoonvarna est également connue pour ses sessions de musique traditionnelle irlandaise. Le chanteur et musicien folk irlandais Christy Moore a écrit une chanson nommée Lisdoonvarna en hommage au festival de chanson qui a lieu tous les ans depuis 1980 dans la ville.

Notre périple du jour nous a fait parcourir 292 km en voiture, souvent à petite vitesse.

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Encore une belle journée qui s'annonce et c'est très bien car aujourd'hui, nous avons au programme la traversée en ferry vers les Îles d'Aran. Le soleil est au rendez-vous, la mer est calme, tous les voyants sont au vert. Debout très tôt car nous sommes à une soixantaine de kilomètres de Galway et nous devons être sur l'embarcadère à 8h30 ! Nos hôtes ont la gentillesse de nous servir le petit déjeuner avant l'heure prévue.

Les Îles d'Aran forment un archipel situé à dix-huit kilomètres des côtes occidentales du pays, à la sortie de la baie de Galway. Géologiquement parlant, ces îles sont le prolongement de l’ensemble karstique des Burren dans le comté de Clare.

D’Ouest en Est on trouve : Inis Mor (Inishmore en anglais) (grande île) qui est la plus grande de ces îles avec ses 14 km de long sur 3 km de large, Inis Meain (Inishmaan en anglais) (île moyenne) est celle du milieu, et Inis Oirr (Inisheer en anglais) (aussi Inis Thiar, île d'est) est la plus petite. Le ferry nous dépose sur Inishmore, la plus grande de l'archipel. On y trouve une cinquantaine de monuments de toutes époques, tant chrétiens que protohistoriques, dont le fort de Dun Aonghasa (Dun Aengus), un des trois forts datant de l'âge de fer. Il est probablement le plus spectaculaire de tous. Au sommet de falaises à pic de plus de 100 m de hauteur, il surplombe l'océan Atlantique et est visible depuis toute la partie Ouest de l'île. Depuis la partie Est de celle-ci, la vue est imprenable sur les sommets du Connemara. Les plages de sable fin d'Inis Mór figurent parmi les plus propres d'Europe.

La culture celtique est omniprésente sur l'île : tissage de paniers, mais aussi danses irlandaises, sont des spécialités sur Inis Mór.

La seconde: Inis Meáin (Inishmaan en anglais) est la moins visitée des trois îles d'Aran. Son relief est plus escarpé. Elle est aujourd'hui un rendez-vous prisé des plongeurs qui profitent de ses eaux claires et de son abondante faune sous-marine. Les murets de pierres qu'on trouve partout dessinent un véritable labyrinthe. Nulle part au monde une communauté humaine n'a construit autant de murs que sur les îles d'Aran. Chaque champ résulte du défonçage de la dalle calcaire, du patient amoncellement de débris de roche pour former des brise-vent et retenir l'humus fabriqué à partir d'algues décomposées.

Et enfin la troisième: Inis Oírr est la plus petite et la plus orientale des îles d'Aran.

L'île possède un château du clan O'Brien construit dans un fort en vieilles pierres au sommet de la colline, ainsi que diverses églises en ruine.

Le ferry nous débarque sur Inishmore où nous avons loué des vélos à assistance électrique pour nous permettre de visiter le plus de choses possibles sur cette île car nous n'avons que trois heures trente avant le retour sur Galway. Avant de démarrer notre tour en bicyclette, nous nous arrêtons dans un fast food pour manger... devinez quoi: un fish and chips bien sûr!

Lorsque j'ai loué ces vélos, j'avais oublié que les routes et les chemins irlandais ne sont que trous et bosses. Autant dire que trois heures sur ces deux roues ont mis à mal mon coccyx qui m'a fait souffrir encore longtemps après notre retour en France. Nous montons au fort Dun Aengus, le chemin est très abrupt et caillouteux. J'ai sans doute pris froid lors de notre "croisière" aux îles Skellig. Donc l'ascension fut difficile pour moi, sentiment de manquer d'air (1). Quant à la descente, la prudence était de mise car les pierres roulaient sous nos pas. Une touriste est d'ailleurs tombée devant nous, heureusement sans gravité mais elle a été sonnée.

(1) Elle était à la limite de la perte de conscience.

Nous avons également traversé un champ de pierres !

Champ de pierres 

Et nous avons même fait un petit coucou aux phoques gris !

Les phoques se reposent et leur corps prend la forme d'une banane 

Il est maintenant l'heure de reprendre le ferry qui fait un détour pour nous montrer les deux autres îles d'Aran ainsi que les Cliffs of Moher cette fois vues de la mer. Nous avons pu apercevoir le phare d'Inisheer et l'épave de bateau d'Inishmaan.

Certaines photos sont prises de l'intérieur du ferry, ce qui explique la teinte rougeâtre.

La boutique de souvenirs de l'île nous propose de multiples ouvrages en laine d'Aran, dont les pulls traditionnels irlandais.

De retour sur la terre ferme, nous reprenons la voiture pour nous rendre vers notre prochain dodo, bien fatigués de cette journée encore une fois très ensoleillée. Nous arrivons ainsi à Portacarron Bay, Oughterard, dans la comté de Galway.

Nous avons parcouru aujourd'hui 102 km en voiture et environ 18 km en vélo.

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La nuit ne fut pas très bonne pour moi, réveillée de nombreuses fois par des quintes de toux, certainement dues au coup de froid sur le bateau il y a trois jours.

Il pleut ce matin, il fallait bien que cela arrive!

Les randonnées à pieds étant compromises, nous décidons d'aller visiter la mine de Glengolaw Mines. Glengowla mines est une ancienne mine d’argent et de plomb, exploitée à Galway au XIXème siècle. Seule et unique mine d’Irlande, elle est aujourd’hui en inactivité. Abandonnée en 1865, elle est le témoignage des méthodes d'extraction du minerai au XIXe siècle. Vieille charpente, obscurité partielle, éclairée par quelques lampes et torches… Cette visite permet de découvrir les entrailles de la terre, avec ses cavités creusées par l’homme, ses richesses géologiques et les conditions difficiles des mineurs de l’époque : de quoi faire froid dans le dos !

Malheureusement, je n'ai fait aucune réservation et même si nous nous présentons à l'ouverture, les visites étaient complètes jusqu'à 11 heures. Nous renonçons donc et partons sur la Sky Road, une des plus belles routes irlandaises. Au fil des kilomètres, le soleil est revenu, nous gagnons alors en altitude, serpentant le long de routes sinueuses, qui nous font au final surplomber un panorama sans égal et sauvage à souhait. La route monte sur les hauteurs des montagnes, et sillonne au travers de la bruyère pour donner une vue à couper le souffle sur l'océan, Inishbofin et d'autres petites îles ponctuant ça et là l'horizon. Les couleurs et les contrastes étonnants entre le ciel, la terre, et l’océan nous ont charmés. Sur Sky Road, la plupart des moutons évoluent dans la plus stricte liberté et n'hésitent pas à venir paître dans les champs alentours et même sur la route ! La route serpente en lacets durant la plupart du trajet, très étroite par endroit nous faisant découvrir sous tous les aspects la terrible réputation des routes irlandaises.

Un bref passage par Inagh Valley. Imaginez une vallée gigantesque ponctuée de lacs, de landes et de tourbières, enfermée de part et d’autres par de gigantesques montagnes sombres (les Twelve Bens et les Maumturk Mountains). La route toujours aussi étroite est tantôt bonne, tantôt en mauvais état. Étrangement, les lieux semblent inhabités, et on ne voit aucune habitation, ni aucune trace de vie humaine à Inagh Valley, à l’exception de rares moutons venus paître en liberté, et quelques irlandais venus collecter la tourbe.

Après avoir fait quelques courses, nous nous arrêtons pour manger. La pluie a cessé mais le vent s'est levé. Nous décidons alors de nous rendre au visitor center du Park du Connemara. Malheureusement, la route pour s'y rendre est fermée pour une raison inconnue (un accident ???) et cela nous oblige à faire un énorme détour qui nous conduit à Kylemore Abbey, une abbaye bénédictine fondée en 1920 sur le site du château de Kylemore. Qu'à cela ne tienne ! Puisque le sort le veut ainsi, nous visitons...

Tournons une petite page d'histoire:

L'abbaye de Kylemore se situe dans une zone appelée Kylemore Pass, au bord du lac Pollacappull (Pollacappull Lough) qui est relié à Kylemore Lough situé plus à l'est. Les bâtiments sont au pied de Duchruach Mountain, et au sud des lacs se trouvent les Twelve Bens et le parc national du Connemara. Les bâtiments historiques se composent du château proprement dit, de son église néo-gothique et des jardins victoriens. . L'ensemble est entouré d'arbres, le nom gaélique de Kylemore signifiant « grande forêt ».

Le château de Kylemore (Kylemore Castle) fut construit par Mitchell Henry, un riche politicien anglais né à Manchester de parents irlandais. L'idée lui serait venue lors de son voyage de noces au Connemara, où lui et sa femme Margaret auraient particulièrement apprécié Kylemore.

En septembre 1862, Mitchell Henry acheta Kylemore Lodge, un rendez-vous de chasse situé en bordure du Pollacapull Lough, ainsi que les terrains environnants et les droits de chasse et de pêche sur ces terrains. L'ensemble des terrains achetés représentait environ 15 000 acres soit quasiment 61 km².

Il entreprit alors de construire un château à la place du rendez-vous de chasse. Les ouvriers participant à la construction du château étaient presque tous des Irlandais ; en plus du château, Mitchell Henry fit également construire des bâtiments permettant d'améliorer les conditions de vie des habitants de la région, comme un bureau de poste non loin du château, une pompe dans le village voisin de Letterfrack, et une école à Lettergesh destinée aux enfants de ses fermiers et construite en 1868.

Dès sa construction, le château reçut tous les équipements les plus modernes de l'époque : il disposait de l'eau courante à tous les étages, de l'éclairage au gaz, de monte-charges, et de bouches d'incendies ; une caserne de pompiers fut même construite, abritant une brigade de pompiers volontaires dirigée par Alexander Henry, un des fils de Mitchell Henry. En 1893, une turbine hydroélectrique fut installée sur la rivière qui coulait du Lough Touther situé plus haut, afin d'alimenter le château en électricité en remplacement du gaz. Une aile complète du château était destinée aux domestiques.

À l'origine, Kylemore Castle comportait un « bain turc » de plusieurs pièces toutes équipées de l'eau chaude courante.

Afin de préserver la tranquillité de son domaine, Mitchell Henry fit modifier en 1871 la route de Clifden à Westport, qui passait à l'origine juste devant Kylemore Castle, pour la faire passer de l'autre côté du Lough Pollacappul, l'ancienne route servant d'avenue principale au domaine ; elle fut plantée d'arbres.

Mitchell Henry fit établir à l'ouest du château, sur le flanc sud de Duchruach Mountain, un jardin entouré d'un mur de briques et de pierre, destiné à la fois à l'agrément et à l'alimentation ; un ruisseau issu du Lough Touther effectuait naturellement la séparation entre les deux parties du jardin. Les jardins possédaient également des serres, reliées entre elles pour former un jardin d'hiver. Elles contenaient des plantes exotiques comme des bananiers, et étaient chauffées par le sol. Le jardin comportait également des logements pour le jardinier en chef et pour les ouvriers ; le tout premier jardinier en chef de Kylemore Castle, James Garnier, y vécut.

En novembre 1874, Mitchell Henry et sa famille firent un voyage en Egypte, au cours duquel sa femme Margaret contracta la dysenterie dont elle mourut le 4 décembre. Son corps fut embaumé et rapatrié en Irlande. Un mausolée fut construit pour elle à Kylemore Castle, puis Mitchell Henry fit bâtir une église de style gothique, évoquant une cathédrale miniature, de 1877 à 1881. L'intérieur de l'église fut construit en pierre de Caen et ses piliers furent réalisés en marbres irlandais : marbre vert du Connemara (Connaught), marbre rose de Cork (Muster) marbre noir de Kilkenny (Leinster) et gris de Armagh (Ulster). Mitchell Henry choisit pour son église une décoration évoquant les femmes, comme des gargouilles en forme d'anges à visage féminin, ou un vitrail représentant cinq vertus sous forme d'allégories féminines : le Courage, la Foi, la Charité, l'Espoir et la Chasteté.

Le 21 septembre 1892, une des filles de Mitchell Henry, Geraldine, se noya durant une promenade aux alentours de Kylemore. Ce nouveau décès, ainsi que des difficultés financières, conduisirent Mitchell Henry à vendre Kylemore Castle et son domaine. Jusqu'en 1914, le château fut la propriété d'Eugène Zimmerman pour le compte de sa fille, Helena, épouse du duc de Manchester. Puis en 1920, il fut vendu à la communauté des Dames Bénédictines Irlandaises d'Ypres encore propriétaires à ce jour.

Après cette magnifique visite et avant de nous rendre à Clifden où nous allons passer deux nuits, nous faisons halte rapidement au parc national du Connemara pour prendre des renseignements sur les différentes randonnées possibles pour le lendemain.

L'après-midi fut sans pluie mais il se remet à pleuvoir dans la soirée. L'étape d'aujourd'hui nous a fait faire 142 km en voiture.

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La nuit fut un peu meilleure malgré qu'il ait plu toute la nuit et que les averses résonnaient sur les fenêtres de toit de notre chambre.

Clifden est une destination touristique incontournable pour tous ceux qui veulent visiter le Connemara, dont elle est considérée comme la capitale. La région parait inhospitalière par son décor. La plupart des terres ne sont pas cultivables et c'est pourtant tout ce que laissa l'armée anglaise de Cromwell aux paysans catholiques irlandais expropriés.

Après un petit déjeuner avec omelette et saumon fumé (produit phare de la région), nous nous rendons au visitor center du parc national du Connemara. Nous y sommes accueillis par une averse, courte mais violente. A l'arrêt des "hostilités", nous nous équipons avec cape de pluie, chaussures de randonnée, sac à dos, eau et petit encas, et nous voilà partis pour l'ascension de l'Upper Diamond Hill (le tracé rouge, accès par le jaune et retour par le bleu). On reconnait cette montagne grâce à sa forme et sa couleur très particulière, semblable selon les irlandais à un diamant, du fait de la couleur de sa roche particulièrement claire, et de sa forme quasi triangulaire…

Diamond Hill fait partie de la chaîne de montagne des Twelve Bens l’une des plus impressionnante chaîne de massifs montagneux d’Irlande. Elle appartient aux plus petits sommets de la chaîne, avec une hauteur de seulement 445 mètres d’altitude. Le sentier est bien balisé, il traverse de superbes paysages de lande rousse et de tourbière. Le paysage arrivés là-haut est à couper le souffle (dans tous les sens du terme) et dévoile une vue imprenable sur tout le Connemara. Le parc d'une superficie d'environ 3000 hectares est l'habitat d'une faune comptant de nombreux oiseaux ainsi que des mammifères dont le poney du Connemara. La flore y est également très diversifiée. Tout le long du chemin, des statuts en bois nous font un petit coucou.

Au fur et à mesure que nous grimpons, nous découvrons ces magnifiques paysages.

Après cette ascension, nous redescendons vers le parking, et nous mangeons sur place car maintenant le soleil est revenu.

Nous poursuivons notre route vers la Péninsule de Murrisk, dans le comté de Mayo. En chemin, une petite halte s'impose aux Aasleagh Falls où, lorsque c'est la période, on peut voir les saumons remonter la rivière. Aasleagh Falls est un ensemble de cascades situées en plein cœur du Connemara, en direction du Delphi Pass. Magnifique, le lieu est bucolique et sauvage.

Aasleagh Falls 

Il est temps maintenant de reprendre la voiture en direction de Murrisk, point de départ de l'ascension du Croagh Patrick, (en irlandais : Cruach Phádraig), connu localement sous le nom the Reek (« la Meule »), c'est une montagne de l'ouest de l'Irlande dans le comté de Mayo.

Croagh Patrick est un lieu de pélerinage depuis des centaines d'années en l'honneur de Saint Patrick, saint patron de l'Irlande, qui a jeûné pendant quarante jours au sommet de la montagne Cruachán Aigle en 441 et y a bâti une église. Cette tradition légendaire prenant pour modèle Moïse, qui est resté 40 jours et 40 nuits au Mont Sinaï, explique les autres noms de Cruachán Aigle ou le « Sinaï d'Irlande ».

On dit qu'à la fin du jeûne de 40 jours de Saint Patrick, ce dernier jeta une cloche en bas de la montagne, bannissant tous les serpents d'Irlande. L'endroit où l'on dit que la cloche est retombée et les serpents bannis est en réalité la vallée en forme de U créée par un glacier se jetant dans Clew Bay lors de la dernière ère glacière.

Lors du pèlerinage annuel, le dernier dimanche de juillet, plus de 25 000 pèlerins catholiques gravissent la montagne, beaucoup d'entre eux pieds nus.

Le village de Murrisk se situe au pied de cette montagne.

En ce qui nous concerne, nous n'allons pas faire cette ascension pieds nus mais plutôt avec des bonnes chaussures de randonnée, et j'avoue, sage décision, car le chemin n'est que pierres plus ou moins saillantes et roulantes. Nous voilà donc partis pour grimper ces 772 mètres.

Hélas, après environ 500 mètres de cette ascension pénible, fatigués de notre grimpette matinale, nous renonçons à aller plus loin et plus haut, et il va falloir redescendre tout ce que nous avons escalader. Mais déjà là, la vue est grandiose, d'un côté sur le Connemara et de l'autre sur Aschill Island.

Après l'effort, le réconfort !!! Nous dégustons tranquillement une glace avant de repartir à Clifden pour y passer la nuit, une nuit bien méritée ma foi !!!

Pas de pluie de la journée mais beaucoup de vent et une fois dans notre chambre, la pluie se remet à tomber. Mais maintenant nous sommes à l'abri !!!

Cette étape nous a fait parcourir 153 km en voiture et environ 20 km à pieds avec un dénivelé d'à peu près 950 mètres.

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Après une nuit très pluvieuse et un petit déjeuner à nouveau avec omelette et saumon fumé, nous avons prévu la visite d'Achill Island aujourd'hui.

L'île d'Achill (en anglais : Achill Island /ˈækəl/ ; en irlandais : Acaill ou Oileán Acla) dans le comté de Mayo est la plus grande île d’Irlande avec une superficie de 146 km2 et 128 mètres de côtes. Située sur la côte ouest de l'Irlande, Achill y est aujourd'hui reliée par le pont Michael-Davitt. Le pont d'Achill est long de 300 m environ. C'est un pont tournant qui permet le passage de petits bateaux. Un premier pont a été construit en 1886 et remplacé par l'actuel après la Seconde Guerre Mondiale. La population de l'île est de 2 700 habitants.

Le littoral de l'île est varié, avec des plages, des falaises et des zones rocheuses. Les falaises du Croaghaun sur la côte nord-ouest de l’île, inaccessibles par la route, sont les troisièmes plus hautes falaises maritimes d’Europe. À la pointe ouest de l’île, près d’Achill Head , la baie de Keem a une des plus belles plages de la côte ouest de l’Irlande. La grande plage de Keel est très prisée par les touristes et les surfeurs.

Le point culminant de l'île est le Croaghaun (688 m), situé au dessus de la baie de Keem ; vient ensuite (671 m) le Slievemore. Sur les pentes du Slievemore, se trouve le « village déserté », un village abandonné par ses habitants lors de la grande famine en Irlande (1847-51).

Lorsque notre voiture a pris le virage de Mulranny, la ville qui précède l'île d'Achill, il était difficile de ne pas fixer le regard sur les collines auburn en cascade qui se perdaient dans des eaux placides tandis que la route sinueuse continuait à travers les montagnes jusqu'à Achill Sound. Quelques minutes après avoir traversé la chaussée pour arriver sur l'île, nous avons réalisé que le paysage dépasserait de loin toutes les attentes que nous avions. Peut-être est-ce les collines couvertes de mégalithes, de ruines et de champs de bruyère, l'odeur de la pluie qui tombe sur la laine, ou les moutons qui dominent les routes. Peut-être est-ce la houle et la vague de l'océan que seuls ceux qui sont perchés au bord de l'Atlantique connaissent vraiment. Peut-être est-ce le fait de voir les derniers éclats de soleil transformer le ciel en mandarine avant qu'il ne glisse sous les franges les plus occidentales de l'Europe.

Nous empruntons alors la Atlantic Drive Way formant une boucle d'environ 80 km qui suit la côte méridionale de l'île. Et elle nous montre là encore des paysages qui vont nous laisser des souvenirs inoubliables.

C'est un havre de paix loin de la folie de la ville et des sentiers touristiques bien tracés de l'Irlande, et pourtant, on y trouve toute la beauté naturelle, la joie, la convivialité et l'aventure que l'on peut espérer trouver dans un coin escarpé de la campagne irlandaise.

Puis la route goudronnée nous mène à un kilomètre du sommet de Minaun Heights. La superbe vue panoramique offerte depuis le sommet de Minaun est l’un des points forts de la visite de toute personne venant découvrir l’île.

Nous ne pouvions pas quitter Achill Island sans passer à Slievemore, un village fantôme abandonné suite à La Grande Famine.

Une petite page d'histoire maintenant:

Construit sur le versant sud de la Slievemore Moutain le village se compose de plus de cent cottages en pierres sèches, alignés sur un axe nord-sud plutôt étonnant.

S’étirant sur 2km de long, ce village fantôme se serait développé sur plusieurs siècles, de la période anglo-normande (12ème siècle), jusqu’au 19ème siècle, période où le village voit ses récoltes contaminées par le mildiou (un parasite qui rend les pommes de terres inconsommables).

C’est à cette période que les habitants abandonnent le village. (Bien que l’océan soit tout près, les habitants ne pêchaient pas, ce qui a mis en péril leurs moyens de subsistance et les a contraint à quitter les lieux.).

Néanmoins, Slievemore fut encore habité par intermittence jusqu’au XXème siècle. Vers la fin, les maisons n’étaient utilisées qu’en été par les bergers, lors des périodes de transhumances.

De nos jours, le village se dresse silencieusement, et possède un charme grave du fait de la beauté des lieux. Accessible gratuitement, il nous a permis de découvrir de merveilleux vestiges, ainsi qu’une architecture traditionnelle, qui s’est finalement perdue dans le temps. Hormis l'ambiance lourde qui y règne, il possède un charme indescriptible.

 Slievemore

L'heure avance. Demain, nous serons en Irlande du Nord, il faut donc se rapprocher de la frontière. Nous avons réservé un hébergement à 250 km d'ici à Glenties, dans le Comté de Donegal.

La journée a été entrecoupée d'averses mais par chance, à chaque sortie, la pluie se calme. La température aujourd'hui tournait autour de 13°C et 15°C.

Notre périple du jour nous a fait parcourir 390 km.

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Nous voici donc dans le comté de Donegal, le plus septentrional de l'île et du pays, situé dans la province d'Ulster. Frontalier des comtés nord-irlandais de Derry, Tyrone et Fermanagh, il est relié au reste de l'État irlandais par le corridor du Donegal par lequel il communique avec le comté de Leitrim.

Avec les comtés de Cavan et de Monaghan, c'est l'un des trois comtés de l'Ulster qui ne furent pas rattachés à l'Irlande, restée sous souveraineté britannique lors de l'indépendance de l'Irlande.

Le comté de Donegal est un ensemble de collines peu élevées avec un littoral très découpé. Le climat y est tempéré et dominé par l’influence du Gulf Stream, provoquant des étés frais et des hivers humides.

L'usage de la langue irlandaise y est encore très vivace. Cependant, le dialecte qui y est parlé est distinct de celui du reste de l'Irlande, car il ressemble au gaélique écossais, ce qui n'arrange pas nos affaires !

Nous avons dormi à Glenties (en irlandais, les vallées), petit village situé à la croisée de deux vallons, au nord-ouest des Bluestack Mountains, près du confluent de deux rivières.

La ville a été la résidence du marquis Conyngham dans les années 1820, en raison de ses zones de chasse et de pêche. Un hébergement de travailleurs a été construit en 1846, pendant la Grande Famine sur le site de l'actuelle Comprehensive School , desservant tout le secteur d'Inniskeel.

Un hôpital de 40 lits a ensuite été ajouté pour soigner les malades et accompagner les mourants. Le propriétaire, le marquis de Conyngham, décide de réduire de moitié la population de la ville en 1847, confronté à la hausse des coûts de l'hébergement des ouvriers. Seuls ceux qui pouvaient montrer un titre de propriété de leurs terres en tant que rentiers étaient autorisés à rester. Les autres ont eu le choix soit d'émigrer en Amérique à bord d'un navire, soit d'habiter dans le logement collectif de Glenties.

Plus de 40 000 habitants du comté de Donegal sont décédés ou ont émigré entre les années 1841 et 1851.

La journée s'annonce pluvieuse et venteuse.

Nous voilà partis pour l'Irlande du Nord au Royaume Uni. Nous passons la frontière sans même nous en rendre compte. Pas de poste frontière, seuls changent les panneaux indicateurs, la signalisation routière et ce ne sont plus des kilomètres mais des miles qui défilent maintenant sur notre GPS. Encore une difficulté supplémentaire... Sachant qu'un miles fait ... kilomètre, à quelle vitesse roulons nous?

Notre route nous conduit à un château médiéval d'Irlande du nord aujourd'hui en ruines, le Château de Dunluce (XIIIe siècle). Il est situé sur le bord d'un affleurement de basalte dans le comté d'Antrim entre Portballintrae et Portrush, et on peut y accéder en traversant un pont le reliant à la terre ferme. Le château est entouré de chaque côté par des pentes extrêmement abruptes, ce qui peut avoir été un facteur important pour les premiers Chrétiens et Vikings qui avaient été attirés en ce lieu où autrefois se dressait un ancien fort irlandais.

Tournons une page d'histoire:

Ce fut en 1513, lorsqu'il appartint à la famille McQuillan qu'il fut documenté pour la première fois. Les premiers éléments caractérisant le château furent deux grandes tours de tambour d'un diamètre de 9 m côté est, deux vestiges d'une forteresse construite par les McQuillan après avoir obtenu le titre de seigneurs de la Route.

En 1534, l'un des enfants de la famille McQuillan affirma avoir vu une femme vêtue d'une robe blanche, debout au bord de la falaise, face à l'océan au coucher du soleil. Il dit l'avoir vue disparaître dans le vent. Personne ne crut l'enfant, il emmena donc sur place son frère aîné le lendemain soir pour regarder le fantôme, mais celui-ci n'apparut pas. Puis au début des années 1550, de nombreuses personnes prétendirent voir une femme vêtue d'une robe blanche, marchant le long du rivage en contrebas du château de Dunluce au coucher du soleil, jusqu'à ce que finalement un jour, le jeune McQuillan, alors âgé d'une trentaine d'années, descende jusqu'au rivage et tente de parler avec le fantôme. Après cela, tout s'arrêta. Plus aucune personne ne rapporta avoir vu cette femme.

Les McQuillan restèrent les Seigneurs de la Route de la fin du XIIIe siècle jusqu'à ce qu'ils soient délogés par les MacDonald, après avoir perdu, au milieu et à la fin du XVIe siècle, deux batailles majeures qui les opposaient.

Plus tard, le château de Dunluce devint le lieu de résidence du chef du clan MacDonnell d'Antrim et du clan MacDonald de Dunnyveg d'Ecosse. Le chef John Mor MacDonald était le fils cadet du bon Jean Ier MacDonald, seigneur des Îles, 6e chef du clan Donald en Écosse. John Mor MacDonald était né du second mariage de Jean Ier MacDonald avec la princesse Margaret Steward, fille du roi Robert II d'Ecosse. En 1584, à la mort de James MacDonald, 6e chef du clan MacDonald d'Antrim et de Dunnyveg, les Glens d'Antrim furent saisis par Sorley Boy MacDonnell, l'un de ses jeunes frères. Sorley Boy prit le château, le gardant pour lui-même et l'améliorant dans le style écossais. Sorley Boy jura allégeance à la reine Elisabeth Ière d'Angleterre et son fils Randal fut fait comte d'Antrim par le roi Jacques Ier d'Angleterre.

Quatre années plus tard, La Girona, une galéasse de l'Invincible Armada fit naufrage lors d'une tempête sur les rochers tout près. Les canons du navire furent installés dans les corps de garde et le reste de la cargaison fut vendue, les fonds étant utilisés pour restaurer le château. Rose, la petite-fille de MacDonnell naquit dans le château en 1613.

À un moment donné, une partie de la cuisine située à côté de la falaise s'effondra dans la mer, après quoi, l'épouse du propriétaire refusa de vivre dans le château plus longtemps. Selon une légende, lorsque la cuisine tomba dans la mer, seulement un garçon de cuisine survécut, étant assis dans le coin de la cuisine qui ne s'était point effondré. Le château de Dunluce était le siège du comte d'Antrim jusqu'à l'appauvrissement des MacDonnell en 1690, qui fit suite à la bataille de la Boyne. Depuis cette époque, le château s'est détérioré et des parties furent récupérées afin de les utiliser comme matériaux pour les bâtiments situés à proximité.

Dunluce Castle 

Nous poursuivons notre route en longeant la côte pour nous rendre à la Chaussée des Géants dont le nom viendrait d'une légende selon laquelle, deux géants ennemis vivaient de chaque côté de la mer, l'un en Écosse, appelé Benandonner, et l'autre en Irlande, nommé Fionn Mac Cumhaill. Le géant écossais parlait de son rival irlandais comme d'une personne négligée et froussarde jusqu'au jour où celui-ci, piqué au vif, dit à l'Écossais de venir se battre pour lui prouver qu'il était le plus fort ! Mais comment franchir la mer ? L'Irlandais jeta des pierres dans l'eau pour construire un chemin praticable, une « chaussée » entre l'Écosse et l'Irlande. Mais quand il vit approcher son adversaire, l'Irlandais fut pris de panique car il était beaucoup plus petit que son adversaire ! Il courut demander conseil à sa femme, qui eut juste le temps de le déguiser en bébé avant l'arrivée du géant écossais. À ce dernier, elle présenta son « fils », qui n'était autre que son mari déguisé. Le géant écossais, voyant la taille de ce « bébé », prit peur. Affolé à l'idée de la taille du père et par conséquent de sa puissance, il prit ses jambes à son cou et s'en retourna dans ses terres d'Écosse en prenant soin de démonter la chaussée pour que l'Irlandais ne risque pas le rejoindre.

Plus sérieusement:

La Chaussée des Géants forme un promontoire qui s'avance sur la mer ; il est constitué de la juxtaposition de prismes de lave refroidie. Les plus grands de ces prismes atteignent près de 12 mètres de haut. La plupart ont une section de forme hexagonale, mais environ 30 % sont des pentagones et certaines colonnes ont quatre, sept, huit voire neuf ou dix faces. La section des prismes peut avoir une surface plane, convexe ou concave. L'ensemble évoque une chaussée ancienne au pavage irrégulier.

La Chaussée des Géants résulte de l'érosion par la mer d'une coulée de lave basaltique datant de 50-60 millions d'années.

Pendant le Paléogène (début du Cénozoïque), la région d'Antrim a connu une intense activité géologique liée à l'ouverture du nord de l'océan Atlantique. Au cours de ces évènements magmatiques, des laves basaltiques ont forcé un passage à travers les couches géologiques calcaires préexistantes. Ces laves, une fois refroidies, ont formé un grand plateau basaltique. Le plateau d'Antrim est en fait un trapp (empilement de coulées basaltiques), où on peut distinguer trois séries d'épanchement volcanique. Le basalte de la Chaussée des Géants appartient à la série des basaltes moyens.

La contraction thermique rapide de la lave lors de son refroidissement a créé la fracturation hexagonale en colonnes, perpendiculairement à la surface du sol où la coulée s'est épanchée (comme cette surface n'était pas rigoureusement plane, certaines colonnes sont légèrement obliques). Par la suite, les côtés des prismes ont servi de surface de refroidissement, et une fracturation transversale, horizontale, est apparue. C'est cette dernière qui a été mise à profit par l'érosion marine pour aplanir les orgues basaltiques.

Les colonnes sont constituées d'un basalte gris, relativement riche en silice. Certaines de ces colonnes ont été rougies par altération de la roche par des eaux thermales (dont l'action a été démontrée dans les couches rouges décimétriques de la falaise), mais aussi par latéritisation due au climat tropical qui régnait en Irlande au tout début de l'ère Cénozoïque (la latéritisation a été caractérisée dans la couche rouge décamétrique située entre les basaltes inférieurs et moyens).

Les colonnes au nombre d'environ 40000 sont visibles sur l'estran mais aussi dans la falaise haute de 28 mètres qui constitue la bordure du plateau d'Antrim.

Le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1986.

En arrivant sur les lieux, nous pouvons emprunter deux chemins: le Blue Trail qui permet d'accéder aux colonnes basaltiques et le Red Trail qui longe le haut de la falaise. Nous décidons alors de les faire l'un après l'autre en commençant par le Blue.

La Chaussée des Géants 

Le début de parcours fut pluvieux ce qui rendait les pierres très glissantes. Puis la pluie s'est arrêtée mais le vent était si froid que nous avons gardé nos capes pour nous protéger.

Après cette visite, nos estomacs commencent à crier famine donc nous cherchons un endroit sympathique pour casser la croûte. La route côtière nous mène alors sur un parking où nous découvrons les ruines d'un château, le Dunseverick Castle datant du Ve siècle. Aujourd'hui seuls les vestiges du bastion d'entrée subsistent. Une petite tour d'habitation existait encore jusqu'en 1978, époque où elle s'est effondrée dans la mer.

Après avoir mangé, nous reprenons la voiture et continuons à longer la côte nord de l'Irlande. Nous passons à Ballintoy, un petit village du comté d'Antrim dont le port a servi de décor pour la saison 2 de "Game of Thrones". Nous y faisons une courte pause.

Ballintoy 

Il nous reste encore une étape avant de rejoindre notre chambre, peut-être l'étape la plus forte en émotions, le Carrick a Rede-Rope Bridge. Le nom peut se traduire comme « le rocher sur la route » où le rocher désigne l'île et la route fait référence au trajet qu'empruntent les saumons pendant leur migration. Le pont de corde de Carrick-a-Rede relie l'île de Carrick et la terre ferme du comté d'Antrim depuis plus de 250 ans. Alors, vous vous demandez peut-être pourquoi ce pont existe. Il y a bien une raison à cette folie : plusieurs générations de pêcheurs se sont autrefois succédées sur Carrick, considéré comme le meilleur coin pour attraper du saumon.

Avec le changement des habitudes migratoires des poissons, l'époque des pêcheurs sur l'île est désormais révolue depuis 2002. Reste pour héritage un cottage blanchi à la chaux et isolé, perché sur Carrick : la définition même d'un endroit précaire.

Se balancer à 30 mètres au-dessus de l'océan ne semble peut-être pas la façon la plus relaxante d'entreprendre cette traversée de 20 mètres, mais les choses ont bien changé. La structure du pont a évolué au cours du temps. Le premier pont n'était constitué que d'une corde en guise de main courante et de planches largement espacées. Le dernier modèle (mis en place en 2004) est fait de cordages et de pins d'Oregon. Aujourd'hui, même si ce pont robuste tremble un peu – juste assez pour vous donner le frisson – vous êtes bien plus en sécurité. Bien qu'aucun accident n'ait jamais été enregistré à Carrick-a-Rede, de nombreuses personnes ont dû être évacuées en bateau car elles étaient incapables de retraverser le pont dans le sens du retour.

Balancez-vous au gré du vent en traversant le pont de corde de Carrick-a-Rede et admirez la vue imprenable sur la Route de la Chaussée des Géants, sur l'Île de Rathlin et même sur l'Ecosse. Les lattes de bois qui craquent dans les bourrasques. Les vagues qui tourbillonnent sous vos pieds. Le goût salé sur le visage. Vous sentez-vous capable d'affronter Carrick-a-Rede ?

Le pittoresque trajet en voiture jusqu'au pont de corde, la randonnée pour le rejoindre et les vues qu'il offre sont plus que spectaculaires, et le jeu en vaut la chandelle, et nous l'avons fait !!!, aller et retour.

Ne vous y trompez pas, il ne pleut pas mais le vent est violent à cet endroit.

Après toutes ces émotions, il est l'heure maintenant d'aller faire un gros dodo donc direction Ballycastle, toujours dans le comté d'Antrim. Jusqu'en 2015, cette ville est le siège du conseil de district de Moyle, date de son abolition.

Les falaises de Fair Head sont l'emblème de Ballycastle, s'élevant à 196 m. Une île artificielle de l'Âge du fer, ou crannog peut être vue au milieu d'un grand lac. Knocklayde, est une montagne de 516 mètres qui donne un panorama sur Ballycastle, l'île de Rathlin, Fair Head et l'Écosse.

Glentaisie est la plus au nord des Nine Glens of Antrim, au pied de Knocklayde mountain. Elle s'appelle aussi la Princesse Taisie, la fille du Roi Dorm de Rathlin Island. Selon la légende, Taisie, d'une grande beauté, est promise à Congal, héritier du royaume d'Irlande. Le roi de Norvège demande aussi sa main. Le roi de Norvège et son armée tentent de capturer Taisie. Dans la bataille qui s'ensuit, le roi trouve la mort.

Les rivières Carey, Glenshesk et Tow coulent dans les vallées et rejoignent ensuite le fleuve Margy pour finalement se déverser dans la mer de Moyle.

Notre étape du jour nous a fait parcourir environ 160 km en voiture.

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Nous étions si fatigués de la journée d'hier que nous avons dormi comme des bébés et en plus le lit était très confortable !

Au petit déjeuner, hormis des oeufs brouillés, notre hôte nous a proposé des confitures, sirop d'érable et autres, et une "sauce" (que nous avons pris pour de la confiture). Et nous voilà en train de tartiner généreusement notre pain avec ! Lorsque nous l'avons mis dans la bouche, quelle ne fut pas notre surprise d'avoir immédiatement des "flammes" qui en sortaient ! Lorsque nous nous informons sur la nature de ce produit, nous apprenons qu'il s'agit de sauce chili, very hot !!! Bien sûr, tout le monde a bien ri de voir des français se faire piégés aussi bêtement. Nous avons bien pris la chose et prenons congé de cette charmante femme.

Le temps est très nuageux et je pense qu'il a plu cette nuit. La température est toujours autour de 12°C/14°C. Mais le vent est si fort que le ressenti ne doit pas dépasser 10°C.

Nous chargeons la voiture et nous voilà partis en direction de Murlough Bay.

La Murlough Bay est une baie maritime du comté d’Antrim, en Irlande du Nord. Située entre Fair Head et Torr Head, on apprécie ses paysages sauvages, ainsi que son point de vue grandiose sur la Mull of Kintyre, une péninsule écossaise qui se tient au large de l’Irlande !

La Murlough Bay fait partie des sites d’exception régulièrement utilisés pour le tournage de films et de série. Ce fut à cet endroit que certaines scènes du "Trône de Fer" furent tournées !

Il faut dire que les abords de la baie sont agréablement sauvages, étant essentiellement composés de falaises et de promontoires rocheux en basalte, grès et calcaire. Abritée des vents, la baie jouit d’un microclimat qui permet à quelques bosquets de s’épanouir à flanc de falaise. Le site est impressionnant de calme et de beauté, sans aucun doute une des plus belles baies d’Irlande. Un grand amoureux de cette baie splendide s’appelait Sir Roger Casement. Ce brillant diplomate britannique né à Dublin, reconnu pour son action envers les populations du Congo et du Pérou, adhéra aux thèses nationalistes irlandaises après sa carrière. Capturé par les anglais en 1916 alors qu’il tentait de faire passer en Irlande des armes offertes par les allemands dans le cadre de l’insurrection de Pâques 1916 à Dublin, il fut condamné pour trahison et fusillé à Londres le 3 août 1916. Son dernier voeu, être enterré à Murlough Bay, n’a jamais été exaucé. Depuis ce jour, une cérémonie de commémoration est organisée chaque année en août sur la Murlough Bay pour lui rendre hommage…


Toutes sortes d'animaux se déplacent en toute liberté !!!

Nous continuons sur cette route étroite et sinueuse qui part de Ballycastle et va vers Cushendun. Elle nous permet de longer la côte et d'y admirer falaises, baies, plages de rêve, récifs et panoramas sur la mer, en un mot, toute la beauté de l'âme de l'Irlande du Nord. Nous arrivons ainsi à Torr Head, promontoire rocheux, point le plus proche de l'Ecosse à seulement 19 km d'ici. Le bout du monde !

Près du parking au bout de la route, se dressent les ruines d’un centre de douaniers. Au sommet on peut voir les vestiges d’une tour de guet utilisée au XIXème siècle comme sémaphore pour signaler aux ports de destination l’arrivée des navires transatlantiques. Les paysages autour de Torr Head, en particulier en direction de Cushendun, sont stupéfiants de beauté. La route se perd dans une succession de bosses et de virages à travers les prairies, les champs et les landes, offrant ici et là des panoramas incroyables sur la côte, un ébahissement permanent !

Nous poursuivons cette route jusqu'à Cushendun.

Les grottes de Cushendun (Cushendun Caves en anglais) se situent dans le comté d’Antrim en Irlande du Nord. Bien que très anciennes, elles ne sont connues du public que depuis la diffusion de la série du “Game of Thrones” (le Trône de Fer), la série ayant tourné quelques scènes emblématiques au sein des grottes. C’est ici que Mélisandre donne naissance à la terrible ombre tueuse. Une scène incontournable pour les fans de la série !

On doit leur état géologique actuel à plus de 400 millions d’années d’érosion naturelle ! Ainsi, ses nombreuses cavités rocheuses, ont toutes été naturellement creusées par l’eau et le temps. Cela donne la possibilité d’accéder à de nombreuses micro-galeries humides et baignées d’ombre.

Le lieu est magnifique, ouvert sur la plage. La grotte est large et plutôt haute. Peu profonde néanmoins. Quoiqu’il en soit, les galeries possèdent un charme sombre et mystérieux : les parois sont fascinantes, creusées naturellement par l’humidité, le sel et la proximité de l’océan. Les parois à l’entrée sont même habitées par quelques moules et autres coques. C’est un plaisir à explorer ! L’occasion de mieux mesurer la force naturelle de l’érosion. Malheureusement, le temps nous manque et nous n'avons pas pu les visiter !

Nous sommes attendus maintenant à Belfast, capitale de l'Irlande du Nord, (à 85 km de là) où nous arrivons aux alentours de midi. Le nom « Belfast » provient de l'irlandais Béal Feirste, qui signifie « l'embouchure de la Farset », la Farset étant un affluent de la Lagan, fleuve qui traverse Belfast.

Il est intéressant de se plonger dans l'histoire de cette ville pour mieux comprendre ses différents aspects.

Le site de Belfast a été occupé depuis l'âge de bronze, et on peut y trouver des ruines de fortifications datant de l'Âge du fer, ainsi que le célèbre anneau du Géant (Giant's Ring).

Au début du XVIIe siècle, Belfast a été occupée par des colons anglais et écossais, selon un schéma d'implantation élaboré par Arthur Chichester, ce qui n'a pas manqué de créer des tensions avec la population autochtone qui s'est rebellée en 1641. Les huguenots français s'y sont également établis pour y faire le commerce du lin.

En 1907, le dirigeant d'un syndicat de dockers, James Larkin, déclenche une grève massive rassemblant catholiques et protestants, qui provoqua la colère jusque dans les rangs policiers.

C'est à Belfast que le Titanic, le plus grand paquebot transatlantique du monde de l’époque, fut construit par les chantiers navals Harland and Wolff entre 1909 et 1911. Belfast possède l'une des plus grandes cales sèches du monde, et les grues géantes (Samson & Goliath) du chantier naval de Harland and Wolff dominent l'horizon. Belfast était historiquement la ville industrielle la plus importante en Irlande

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Belfast a été l'une des plus grandes villes du Royaume Uni à être bombardée par les forces allemandes. À la base, le gouvernement britannique avait estimé que l'Irlande du Nord serait à l'abri des bombardements grâce à sa distance par rapport à l'Allemagne, et donc l'île n'a pas été protégée des bombardements aériens. Peu d'abris ont été construits et les quelques canons que possédait Dublin ont été envoyés en Angleterre pour protéger celle-ci. Belfast a été visée en raison de son importance pour la construction navale et aéronautique, et pour prouver qu'aucune ville britannique n'était à l'abri des bombardements de la Luftwaffe.

C'est deux jours après Pâques, le mardi 15 avril 1941, que deux cents bombardiers de la Luftwaffe allemande ont attaqué la ville, notamment les quartiers ouvriers et les chantiers navals. Ce bombardement a tué environ un millier de personnes et a fait plusieurs milliers de blessés, laissant environ 100 000 personnes sans abri. Ce fut, après Londres, un des plus grands bombardements de l'histoire du Royaume Uni.

Après la guerre d'Indépendance ayant abouti à la partition de l'île en 1922, Belfast est devenue la capitale de l'Irlande du Nord, regroupant les 6 comtés restés au sein du Royaume Uni. Pendant une grande partie de son histoire, la ville a été tiraillée par les divisions politiques entre républicains catholiques et unionistes/loyalistes protestants. Des affrontements violents ont déjà eu lieu lors de la partition de l'Irlande, faisant plus de 500 morts et plus de 10 000 personnes déplacées, pour la plupart catholiques.

Ces divisions ont ensuite abouti à la guerre civile (communément appelée "Troubles") qui s'est produite entre la fin des années 1960 et la fin des années 1990. La ville fut ainsi divisée de facto:

  • en secteurs catholiques républicains, fiefs de l'IRA provisoire : une grande partie de Belfast Ouest notamment Falls Road, ainsi qu'Ardoyne et New Lodge au nord et Short Strand à l'est;
  • en secteurs protestants loyalistes : une grande partie de Belfast Nord et Belfast Est, Shankill Road à l'ouest, ainsi que Sandy Row et Ormeau Road au sud.

Ces différents quartiers étaient séparés par des barricades, depuis consolidées par les Murs de la Paix (Peaces Lines). Belfast a ainsi vécu durant 30 ans entre attentats et émeutes. Les guérillas urbaines étaient quotidiennes dans certains quartiers où les deux communautés s'affrontaient. La ville vivait en outre quadrillée par l'armée britannique avec de nombreux check-points et le centre-ville retranché dans une zone sécurisée. On estime que plus de 1 500 personnes ont été tuées et 20 000 blessées dans toute la ville.

Londres avait chargé dès 1989 la Laganside Corporation, une société publique, de la revitalisation du centre-ville et des abords de la Lagan, la rivière qui traverse la ville, en créant des logements, des bureaux et des infrastructures de commerce et de loisirs. Le processus de paix et la sécurisation (postes de police, caméras de surveillance) aidant, le centre-ville est redevenu un lieu particulièrement animé, où les bars, les restaurants et les clubs se multiplient.

Néanmoins, en dehors du centre-ville, du quartier des affaires et des zones étudiantes à l'Est, les tensions demeurent et des émeutes éclatent de manière sporadique aux abords des interfaces et murs de la paix qui séparent les communautés, émeutes que certains n'hésitent pas à qualifier de "récréatives". De plus, force est de constater que les Accords du Vendredi Saint n'ont pas refréné l'hostilité et le sentiment d'insécurité ressentie par la population dans sa majorité. Ainsi, on recense actuellement 99 cloisons immuables séparant les deux communautés ; dont 48 véritables Murs de la Paix (Peace Lines), contre seulement 18 avant les accords de paix.

Belfast a été un centre important dans l'industrialisation du lin, du tabac, et des chantiers navals — c'est ici qu'a été construit le Titanic. La ville a également été très marquée par l'époque du conflit nord-irlandais, opposant les communautés catholiques républicaines et protestantes loyalistes. Aujourd'hui Belfast est une ville en paix qui se développe et se modernise considérablement.

Après cette petite page d'histoire, revenons à notre séjour belfastois:

Nous décidons de partir en repérage vers notre hébergement du jour. Il se situe dans la partie nord de Belfast. Nous avons été choqués par l'atmosphère lourde et pesante qui règne dans ce quartier ainsi que par l'apparente pauvreté. À Belfast, les épisodes de la guerre civile se lisent sur les murs: les « murals », fresques partisanes recouvrant les façades des maisons ou les murs qui séparent, encore aujourd'hui, protestants et catholiques.

A notre arrivée, notre hôte finissait le ménage des chambres et a accepté de nous donner dès maintenant la clé de notre logement, ce qui nous a permis de déposer nos valises, garer la voiture et partir tranquilles à pieds pour visiter la ville. Malheureusement, cette chambre se situe au bord d'une grande avenue très passante et avec les avions de ligne juste au dessus de la tête ! La nuit s'annonce mal mais pour l'heure, nous traversons ce quartier, pour nous rendre au centre ville.

La proximité des chantiers navals explique sans doute ce paysage de maisons alignées toutes identiques qui me rappellent les logements des mineurs du nord de la France.

Là encore ça rigole pas en Irlande !!

ça rigole pas !!! 

Et pour rire !!! Tout se vend à Belfast, même des maisons en ruines!!

 Même cette maison quasi en ruine s'est vendue !!

Ce paysage plutôt tristounet contraste avec le reste de la ville qui parait plus riche et en tous cas plus animée avec son université, ses parcs, monuments, musées...

La tour de l'horloge qui parait penchée lorsqu'on la regarde de l'arrière du poisson bleu (Big Fish) 

Près de l'Université, se trouvent les jardins botaniques de la ville avec des serres tropicales rassemblant de beaux specimens de plantes.

Les jardins botaniques de Belfast 

A côté de ces jardins, se trouvent l'Ulster Museum qui est l'un des principaux musées de la ville. Ses expositions couvrent les beaux-arts, les arts appliqués, l'archéologie, l'ethnographie, l'histoire locale, la numismatique, l'archéologie industrielle ainsi que l'histoire naturelle avec la botanique, la zoologie et la géologie. Malheureusement, il est fermé le lundi.

Nous nous offrons une boisson chaude et un petit gâteau pour le gouter et un peu plus tard dans la soirée une Guiness au McHugh's Bar, le plus ancien pub de la ville.

Avant de retraverser la ville pour nous rendre dans notre chambre, nous mangeons un vrai repas au restaurant Benedict's.

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Comme prévu, très mauvaise nuit. Entre un lit pas très confortable, une route très passagère, des voisins de chambre très bruyants, le sanibroyeur de la salle d'eau commune, et les avions au dessus de la tête, autant dire que nous n'avons pas bien dormi !! Et je ne parle pas des douches !! Le seul avantage de ce gîte, si l'on peut dire, c'est que nous avons la cuisine à notre disposition. Nous pouvons ainsi déjeuner à l'heure que nous voulons et nous aurions pu, si nous l'avions voulu, nous faire cuire des pâtes ou autres, il y avait tout sur place. Nous nous sommes contentés comme tous les matins de café avec tartines, petit déjeuner continental classique.

Nous reprenons la voiture pour nous rendre au Titanic Museum.

Le Titanic Belfast est un monument touristique et un musée rendant hommage au RMS Titanic qui a sombré, le 15 avril 1912, dans l'Atlantique Nord. Le bâtiment est situé à Belfast en Irlande du Nord sur l'ancien chantier Harland & Wolff où a été construit le Titanic. Il a été inauguré le 31 mars 2012 pour le centenaire du naufrage. Sa façade représente à l'échelle la proue du paquebot.

Le bâtiment est situé en Irlande du Nord sur le Queen Island, à l'entrée de Belfast Lough. Il a été utilisé pendant de nombreuses années par les constructeurs navals Harland & Wolff, qui ont construit d’énormes cales de halage et des quais pour permettre la construction simultanée de l'Olympic et du Titanic. Le déclin de la construction navale à Belfast a laissé une grande partie de la région en ruine. La plupart des structures de l'île ont été démolies. Un certain nombre de caractéristiques patrimoniales ont été classées, y compris les cales de gravure et les quais Olympic et Titanic, ainsi que les emblématiques grues Samson et Goliath.

Nous notons au passage que l'Olympic est identique au Titanic, mais beaucoup moins célèbre. Le terrain abandonné a été rebaptisé "Titanic Quarter" en 2001. Harcourt Developments a ensuite acheté les droits de développement sur 185 demi-hectares (pas 92.5!) pour un coût de 47 millions de £. La construction du musée a coûté 120 millions d'euros. Le musée vise à attirer plus de touristes à Belfast.

The Titanic Experience est le nom donné à la principale partie de la visite, à savoir le musée en lui-même. Organisé en 24 salles, il retrace efficacement la conception, la construction, le lancement, le voyage du Titanic, son naufrage ainsi que les travaux de recherche menés dans l'Atlantique.

Le RMS Titanic est un paquebot transatlantique britannique d'une longueur de 269 mètres qui a fait naufrage dans l'Océan Atlantique Nord en 1912 à la suite d'une collision avec un iceberg, lors de son voyage inaugural de Southampton à New York. Entre 1 490 et 1 520 personnes trouvent la mort, ce qui fait de cet événement l'une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix et la plus grande pour l'époque.

Paquebot de la White Star Line construit à l'initiative de Joseph Bruce Ismay en 1907, il est conçu par les architectes Alexander Montgomery Carlisle et Thomas Andrews des chantiers navals Harland & Wolff. Sa construction débute en 1909 à Belfast et se termine en 1912. Il appartient à la classe Olympic avec ses deux sister-ships , l'Olympic et le Britannic, les plus luxueux et les plus grands paquebots jamais construits jusqu'alors.

Le Titanic peut transporter jusqu'à 2471 passagers et 885 personnels d'équipage. Lors de son voyage inaugural, il est commandé par le capitaine Edward Smith, qui a sombré avec le navire. Le paquebot transportait certains des gens les plus riches de l'époque, ainsi que des centaines d'émigrants de Grande-Bretagne et d'Irlande et d'ailleurs en Europe qui cherchaient une nouvelle vie aux États-Unis. La coque du Titanic était pourvue de seize compartiments étanches servant à protéger le navire en cas de voies d'eau ou d'avaries importantes, ce qui lui donna la réputation de paquebot « insubmersible » et conduit les médias contemporains à le présenter comme l'un des navires les plus sûrs.

Le 14 avril 1912, quatre jours après le commencement de son voyage inaugural, il heurte un iceberg à 23 h 40 (heure locale) et coule le 15 avril 1912 à 2 h 20 au large de Terre-Neuve. Le drame met en évidence l'insuffisance des règles de sécurité de l'époque, notamment le nombre trop faible de canots de sauvetage et les carences dans les procédures d'évacuation d'urgence. Le puissant émetteur TSF à bord a permis d'appeler à l'aide, mais dans des conditions controversées, qui s'ajoutent à une polémique financière. Des conférences internationales seront par la suite organisées, entraînant des changements de réglementation encore en vigueur un siècle après la catastrophe.

L'épave du Titanic est localisée le 1er septembre 1985 par le professeur Robert Ballard . Elle gît à 3 821 m de profondeur, à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. L'histoire de ce paquebot a marqué les mémoires, et suscité la publication de nombreux ouvrages (historiques ou de fiction) et la réalisation de longs métrages dont le film du même nom Titanic de James Cameron, sorti en 1997 et ayant entraîné un important regain d'intérêt pour le paquebot et son histoire. Les médias s'intéressent à nouveau au navire à l'occasion du centenaire de son naufrage , en avril 2012.

En sortant de ce musée, nous avons la possibilité de visiter le SS Nomadic, parfois surnommé le « petit frère du Titanic », un navire à vapeur de la White Star Line mis en service en 1911.

Le SS Nomadic est un transbordeur conçu pour embarquer les passagers des nouveaux paquebots de classe Olympic dans le port de Cherbourg inadapté à leur grande taille. Il fonctionne à cette époque en duo avec le Traffic : le Nomadic se charge de transporter les passagers de première et deuxième classe tandis que le second transporte les passagers de troisième et les bagages. En 1927, la White Star Line le revend à la société cherbourgeoise de transbordement qui l'utilise dans le même but et avec le même nom. En 1934, il est à nouveau vendu, cette fois à la société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage qui le renomme Ingénieur Minard pour honorer le responsable de la mise en eaux profondes du port.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, le navire parvient à fuir en Grande-Bretagne où il est utilisé par la Royal Navy. L’Ingénieur Minard sert alors à évacuer des troupes de France jusqu'au Royaume-Uni en juin 1940. Dès lors, il sert la Royal Navy comme navire d'entreposage (accomodation ship) à la base des chalutiers de Portsmouth (Portsmouth Trawler Base).

Après la guerre, il reprend ses fonctions dans le port de Cherbourg, servant les navires de la Cunard, les prestigieux Queen Mary et Queen Elizabeth. Les deux paquebots, à cause de la forte progression du trafic aérien, sont retirés du service en 1967 et 1968, signant de fait la fin de carrière de l’Ingénieur Minard après 57 ans de service.

Le transbordeur est ainsi vendu à la compagnie de démolition Somairec, au Havre, la même année. Cependant, cette démolition n'a jamais eu lieu. Il est alors racheté par un particulier qui s'en sert quelques mois pour son plaisir personnel puis l'amarre à des bollards du « port militaire » sur l'Oise à Conflans-Sainte-Honorine, juste en aval du viaduc ferroviaire de la ligne Argenteuil - Mantes durant environ 4 années, mais sans aucun gardiennage. Laissé ainsi à l'abandon de 1969 à 1974, « certains » lui rendent visite… en emportant de petits souvenirs.

En 1974, le navire est acheté par un particulier, Yvon Vincent, qui le transforme en restaurant sur la Seine et lui rend son nom d'origine. Le restaurant ouvre le 25 juin 1977, et connaît une longue carrière sous trois noms différents (le Shogun, Le Colonial et Le Transbordeur du « Titanic »). Il est également utilisé comme local de bureaux et comme salle de réceptions. Il sera pendant près de 10 ans le siège de la direction financière du groupe de presse Hatier.

22 ans plus tard, le restaurant est fermé : de nouveaux règlements exigeaient que les bateaux de la Seine soient inspectés périodiquement, et cela est impossible pour le Nomadic. En effet, ses superstructures l'empêchent de passer sous les ponts de Paris. Le Nomadic reste alors dans un état d'abandon sur les quais de Seine.

Alerté par l'Association française du Titanic, le ministère de la culture en France le place en instance de classement aux monuments historiques pendant un an, le temps de trouver un repreneur.

En 1999, il est décidé de faire examiner la coque du Nomadic en cale sèche avant une éventuelle réouverture au public. Le 17 septembre 2002, le port autonome de Paris commence les travaux de découpage des superstructures du Nomadic afin de lui permettre de passer sous les ponts. Le 1er avril 2003, le Nomadic quitte Paris pour Le Havre et y passe en cale sèche entre janvier et février 2004.

Le 26 janvier 2006, le Nomadic est acquis aux enchères par le Department of Social Development d'Irlande du Nord.

Il est prévu que le Nomadic figure sur le British Historic Ship Register (Registre des navires historiques britanniques). Ceci permettra également l'octroi de subsides permettant sa restauration complète.

Le Nomadic a été chargé sur une barge immergeable le 9 juillet 2006 et a quitté Le Havre le 12 juillet 2006 à 7 h. Il arriva à Belfast le samedi 15 juillet 2006 vers midi.

La restauration du Nomadic prend fin en mai 2013. Il ouvre de nouveau ses portes au public le 1er juin 2013.

En avril 2015, le Nomadic Charitable Trust transfère la propriété du navire à Titanic Belfast Ltd.

Le SS Nomadic 

Cette visite fut pour nous un peu décevante car il ne reste pas grand chose de l'original.

Nous reprenons la voiture à présent pour retourner à l'autre bout de la ville visiter l'Ulster Museum, fermé hier.

Le musée est créé en 1821 par la société d'histoire naturelle de Belfast, et est ouvert au public en 1833. La galerie d'art ouvre en 1890. Le musée aménage à son emplacement actuel en 1929 et son nouveau bâtiment est dessiné par James Cumming Wynne. Un agrandissement majeur est effectué entre 1962 et 1964. Ce nouveau bâtiment est un représentant du brutalisme en architecture.

Depuis les années quarante, le musée a rassemblé une intéressante collection d'œuvres d'artistes modernes irlandais.

En 1998, l'Ulster Museum qui comprend déjà l'Armagh County Museum, fusionne avec l'Ulster Folk and Transport Museum et l'Ulster-American Folk Park pour former les « National Museums and Galleries of Northern Ireland » (MAGNI).

Le musée dispose de 8 000 m² de salles où sont exposées des pièces provenant des différentes collections couvrant les beaux-arts, les arts appliqués, l'archéologie, l'ethnographie, l'histoire locale avec le conflit nord irlandais, la numismatique, l'archéologie industrielle mais aussi l'histoire naturelle avec la botanique, la zoologie et la géologie.

Dans le domaine de l'histoire naturelle, le musée conserve d'importantes collections d'oiseaux, de mammifères originaires d'Irlande, d'insectes, de mollusque, d'invertébrés marins, de plantes à fleurs, d'algues et de lichens. Il possède aussi une collection de roches, minéraux et fossiles. Sa bibliothèque comprend des ouvrages et des manuscrits relatifs à l'histoire naturelle de l'Irlande. C'est un musée très complet qui attire de nombreux visiteurs ainsi que des classes scolaires, d'autant plus que l'entrée au musée est gratuite.

L'Ulster Museum 

Comme la veille au soir, nous mangeons au Benedict's.

Le Benedict's et son intérieur majestueux 

Nous quittons Belfast, un peu désappointés par cette ville aux contrastes déstabilisants.

Nous partons pour faire les 95 km qui nous séparent de notre prochain hébergement à Inniskeen, dans le comté de Monaghan. (Nous avons alors repassé la frontière !)

Le Centre Patrick Kavanagh est créé pour commémorer l'un des plus grands poètes irlandais, Patrick Kavanagh, né à Inniskeen en 1904. Le Centre abrite des expositions rendant hommage à sa vie, à ses écrits et à son héritage continu. Il est situé dans l'ancienne église catholique romaine, St Mary’s. Cet édifice, qui date de 1820, a été désacralisé en 1974 lors de la construction d’une nouvelle église paroissiale.

Patrick Kavanagh a été baptisé ici, a assisté à la messe régulière et y a servi comme enfant de chœur dans sa jeunesse. L’église Sainte-Marie figure dans son roman, Tarry Flynn, ainsi que dans le semi-autobiographique, The Green Fool.

Patrick Kavanagh est enterré dans le cimetière voisin, avec sa femme Katherine Moloney Kavanagh, son frère Peter et ses sœurs Anne et Mary.

Les thèmes universels de Kavanagh : l’âme, l’amour, la beauté, la nature et Dieu, sont intemporels et résonneront dans le cœur des lecteurs de tous âges pour de nombreuses générations à venir.

Il est 16h30 lorsque nous arrivons à destination et profitons de cette avance pour faire le tour du village, longeant la rivière qui coule au milieu du golf. Nous essayons d'emprunter un chemin de randonnée mais devant l'absence de balisage correct et l'impression de pénétrer par moment chez les gens, nous décidons de faire demi-tour.

Nous nous rendons chez notre hôte qui nous montre notre chambre. Il nous donne également des prospectus et des cartes de la région pour nous permettre de faire le programme du lendemain pas encore vraiment défini. Nous nous installons et comme le soleil est bien présent, nous sortons pour dîner sur une table de pique-nique aperçue auparavant dans le golf.

Encore une journée qui se termine bien !!

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La nuit fut très bonne, pas difficile de faire mieux que la veille !!

Nous sommes réveillés par un beau soleil, le ciel est bleu et les températures vont monter dans la journée jusqu'à 20°C, nous allons enfin pouvoir nous découvrir un peu. Il ne s'agit que de notre sentiment à nous, français, habitués à des températures beaucoup plus chaudes en été. En effet, la plupart des irlandais que nous avons croisés durant notre séjour n'étaient vêtus que d'un short et d'un tee-shirt même lorsque, nous, nous avions la cape de pluie pour nous protéger du froid.

Sur les conseils de notre charmant hôte, nous partons dans le comté de Louth, à Dundalk dans un premier temps pour y faire quelques courses. Nous trouvons un supermarché, nous garons la voiture sur un parking et ce n'est qu'au retour que nous nous apercevons qu'il était payant !! Il ne nous reste plus qu'à prier que la "Garda" ne soit pas passée et ne nous ait pas mis une contravention.

Direction maintenant Ballagan Point et Omeath, dans le comté de Louth, sur la Péninsule de Cooley, qui nous montrent un des aspects de la côte orientale de l'Irlande.

Nous revenons légèrement sur nos pas tout en restant dans ce comté et faisons une halte à Carlingford, réputée pour ses huîtres vertes, sa principale source d’activité, de pair avec la pêche au hareng. Les huîtres étaient appréciées partout en Grande-Bretagne et en Europe.

La ville conserve un cheminement médiéval aux ruelles étroites. Dans la rue Tholsel se trouvent la dernière porte de la ville fortifiée médiévale, appelée le " Tholsel", qui, apparemment, servait également de prison.

La rue Tholsel abrite encore un « hôtel de ville » du XVIe siècle, connu sous le nom de « The Mint ».

La position stratégique de Carlingford sur la côte est de l'Irlande (avec Carrickfergus et Drogheda) en a fait un port de commerce important.

Notre route nous mène maintenant à la Hill of Slane, colline de 158 mètres de haut situé dans le comté de Meath. Elle est célèbre pour ses ruines et vestiges archéologiques de grand charme. L’abbaye de Slane, ancien monastère franciscain, est de nos jours visitable, même si cette dernière est en ruine. L’architecture est encore magnifique, et le cadre exceptionnel ! Sans oublier le petit cimetière dans lequel on peut y voir des croix celtiques sculptées et des tombes remontant au VIe siècle. Au sommet de ce promontoire nous dominons toute la région, et nous pouvons même distinguer au loin la colline de Tara !

 Hill of Slane

A quinze minutes environ en voiture, se trouve le grand site de Newgrange.

Newgrange est l’un des plus célèbres sites mégalithiques d'Irlande. Il est situé dans le comté de Meath, au nord de Dublin.

C’est un tumulus de 85 mètres de diamètre, structure circulaire de 12 mètres de haut, et composé de plus de 200 000 tonnes de terre et de pierre, à l’intérieur duquel on atteint la chambre funéraire par un long passage couvert. Le mur extérieur du tumulus est flanqué de pierres monumentales sur lesquelles il est possible d'observer des dessins en spirale et quelques triskell. Il fait partie d'un ensemble de sites préhistoriques appelé Brú na Bóinne, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Il s’agit de l’un des sites préhistoriques les plus imposants d’Europe avec Stonehenge en Angleterre.

Le site a gagné son nom actuel lorsque les terres sur lesquelles se trouvent le tumulus ont été données à un grand propriétaire qui se servit de cette parcelle pour installer une grange.

Après son utilisation initiale, Newgrange a été scellé pendant plusieurs millénaires. Il continua néanmoins à figurer dans la mythologie et le folklore irlandais. Selon la tradition, il serait la demeure de plusieurs divinités, comme le Dagda et son fils Aengus.

Les chercheurs ont commencé à l'étudier au XVIIe siècle. Des fouilles archéologiques ont ensuite eu lieu sur le site dans les années qui ont suivi. L'archéologue Michael J. O'Kelly a dirigé la plus vaste d'entre elles et a également reconstruit la façade du site de 1962 à 1975, une reconstruction qui semble controversée et contestée.

Newgrange a été construit autour de 3200 av. J.-C., soit près de 600 ans avant la grande pyramide de Gizeh, en Egypte et près de 1 000 ans avant Stonehenge, en Angleterre.

Chaque année (selon l'observation de sir Norman Lockyer en 1909), le jour du solstice d’hiver (le 21 décembre), à 9 h 17 du matin le soleil pénètre directement dans la chambre centrale pendant à peu près 15 minutes. La précision dans l'orientation de l'édifice est donc spectaculaire.

L'ADN d'un homme d'âge moyen enterré vers 3200 avant notre ère au centre de ce puissant monticule suggère l'existence d'une organisation sociale hiérarchisée. Ses gènes indiquent qu'il avait des parents si étroitement liés qu'ils devaient être frère et sœur ou parent et enfant. Dans toutes les cultures, l'inceste est presque toujours tabou, sauf dans les familles royales consanguines. Ces traces génétiques à Newgrange semblent ainsi indiquer qu'une hiérarchie sociale s'est installée en Irlande dès le Néolithique. Pour les auteurs de l'étude en paléogénétique, le fils d'une union incestueuse enterré dans une tombe aussi importante pointe vers une classe dirigeante héréditaire.

L'ADN supplémentaire de plus de 40 personnes enterrées dans d'autres sites néolithiques, y compris dans trois tombes à couloir, soutient l'existence d'une élite soudée. Les personnes enterrées dans des sites de tombes à couloir étaient plus proches les unes des autres que les personnes enterrées dans d'autres types de tombes, même si les tombes à couloir étaient séparées par des centaines de kilomètres et s'étalaient sur plus de 500 ans. Certaines personnes dans les tombes éloignées pourraient avoir été cousins au deuxième ou au troisième degré ou arrière-arrière-arrière-arrière-grand-parent et enfant.

Les isotopes chimiques dans leurs os montrent que les personnes inhumées dans les sépultures des tombes à couloir mangeaient plus de viande et de produits animaux que leurs contemporains. Les tombes comprennent également des femmes et des enfants, ce qui suggère que le statut social a été hérité plutôt que gagné au cours d'une vie, par exemple au combat.

Aujourd'hui, Newgrange est un site touristique très populaire en Irlande. Selon l'archéologue Colin Renfrew, il est sans hésitation « le grand monument national d'Irlande » et l'une des structures mégalithiques les plus importantes d'Europe.

La construction d'un parking et d'un accueil pour les visiteurs, le tout à une distance raisonnable et desservi par navette, a permis au site de conserver son cadre naturel.

Nous aurions aimé le visiter, malheureusement, impossible sans réservation. Et quelle réservation !! Au moins trois semaines à l'avance !! En effet, seule une douzaine de personnes peuvent pénétrer à la fois à l'intérieur. Nous ignorions cette information donc nous nous sommes contentés de visiter l'exposition permanente comprenant une reproduction de l'intérieur du tumulus. Il est même impossible d'approcher de la structure, tout est sécurisé.

Newgrange 

Nous ne pouvons pas passer dans le comté de Meath sans s'arrêter à Donore où se trouve le musée de la Bataille de la Boyne. Une halte s'impose pour replonger la tête la première dans l'histoire irlandaise. En effet, Le Visitor Centre propose de voyager dans le temps, et de revenir sur les lieux où a éclaté l’une des plus sanglante bataille de l’histoire de l’Irlande. Ainsi, nous pouvons découvrir comment le champ de bataille opposa 2 rois en tout point opposés : Guillaume III (un protestant soutenu par 36 000 hommes), et Jacques II (un catholique appuyé par 25 000 hommes).

Pour les spécialistes, cette bataille fut celle où l’on enregistra un nombre record de troupes déployées ! Les protestants étaient ainsi composés d’anglais, d’écossais, de hollandais, de danois, et de huguenots (français), tandis que les hommes du roi Jacques II étaient essentiellement irlandais et français (ces derniers étant envoyés par le roi Louis XIV).

L’enjeu de la bataille était alors énorme : il consistait à remettre en jeu le trône britannique, et la religion instaurée par le roi en place. Le musée nous fait découvrir la violence de l’affrontement, les tactiques militaires en place, ainsi que le bilan terriblement meurtrier de la bataille (plus de 1500 soldats). La bataille eut lieu le 1er juillet 1690 et aboutit à la défaite de Jacques II et à son exil. Cette défaite met définitivement fin à ses espoirs de reconquérir le trône. Les espoirs de la population irlandaise catholique de s'émanciper de la tutelle anglaise s'éteignent également. Les soldats de Jacques II s'exilent avec lui, pour la plupart en France, mais aussi en Espagne, quelques-uns offrent leurs services comme mercenaires dans d'autres pays européens.

La bataille de la Boyne représente un tournant décisif, à l'avantage des troupes de Guillaume III, puisque Jacques II quitte l'Irlande où il ne reviendra plus, mais elle ne met pas un terme à la guerre.


Notre route nous mène maintenant à Navan.

Navan, située au centre du comté de Meath, est placée au confluent du fleuve Boyne et de la rivière Blackwater, à environ 50 km au nord-ouest de Dublin et 20 km à l'ouest de Drogheda.

Elle est la capitale administrative du comté de Meath, la capitale traditionnelle étant Trim.

À proximité, se trouvent le site historique de Tara et le site archéologique de Brú na Bóinne.

Navan bénéficie de la Mine de Tara, les plus importantes mines de plomb et de zinc d'Europe.

Les activités traditionnelles de Navan, les tapis et les meubles, sont en déclin car cette fabrication se délocalise en Europe de l'est. Cependant, Navan a tout de même réussi à se développer grâce aux retombées de la période de croissance surnommée le Tigre celtique, et devient une vaste ville-dortoir de Dublin.

Nous faisons une pause, mangeons une glace (oui, il fait chaud!).

Surprenant! une ruche au bord du trottoir !! 

Il nous reste maintenant à parcourir les 105 km qui nous séparent de nos hôtes du jour à Fearagh, dans le comté de Roscommon.

Nous avons tout de même fait près de 300 km en voiture aujourd'hui.

Notre chambre se trouve à proximité d'un lac. C'est là, au bord de ce lac que nous décidons de manger. A remarquer que des enfants s'y baignent !!!

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Après une très bonne nuit, nous déjeunons à la table avec nos hôtes pour la première fois. Les produits proposés sont "maisons", cultivés ou confectionnés par la propriétaire des lieux. Dans les autres gites que nous avons fait, il y a toujours une salle à manger en dehors de leurs appartements privés. Ici ils se joignent à nous. Certes ils sont francophones d'origine belge, ça aide. Nous avons discuté longuement. Lui est professeur d'informatique et travaille à Bruxelles. Ils se sont installés en Irlande depuis une quinzaine d'années. Ils répondent à quelques questions que nous nous sommes posées durant notre séjour. Par exemple, pourquoi les moutons ont de la peinture de différentes couleurs sur le dos ou le ventre? Nous pensions que c'était la marque du propriétaire. Pas du tout !! Les ovins circulant en toute liberté, les troupeaux se mélangent. Les mâles étant peints sur le ventre répandent cette peinture sur le dos des femelles lorsqu'ils les couvrent. C'est donc un moyen de savoir qui est le père de l'agneau.

En Irlande, soit les habitants n'ont pas de portail pour fermer leur propriété, soit s'ils en ont un, ils le laissent toujours ouvert. Outre l'absence quasi systématique de volets aux fenêtres, nous avons traversé des quartiers entiers de maisons toutes identiques où seule changeait la couleur de la porte d'entrée. Il n'y a pas cette peur du cambriolage comme en France.

Le gazon anglais n'est pas une légende. Ils sont toujours avec la tondeuse. Mais d'après nos hôtes, ce sont surtout ceux qui sont d'origine anglaise. Les purs irlandais sont moins exigeants.

Nous prenons congé et nous dirigeons maintenant vers la ville de Roscommon. Le ciel est couvert pour le moment et le soleil n'est apparu qu'en fin d'après-midi avec une température de 19°C tout de même.

Le Comté de Roscommon se situe dans la province du Connacht, au centre-ouest de l'Irlande. Le comté est traversé par la rivière Shannon, et abrite de nombreux sites historiques médiévaux. La mythologie irlandaise est également au rendez-vous, avec le site archéologique de Crúachan, lieu où résidaient les souverains du Connaught, comme le roi Ailill Mac Máta et son épouse Medb.

Roscommon (en irlandais : Ros Comáin) en est la capitale . Son nom provient de Saint Coman qui y fonda un monastère au VIIIe siècle.

Roscommon 

Après la visite de la ville, nous arrivons au château.

Ensuite notre route se poursuit jusqu'à Strokestown, grand domaine des Mahon où les écuries ont été transformées en musée de la Grande Famine. Situé dans le magnifique cadre de Strokestown Park, dans le comté de Roscommon, ce musée nous invite à un voyage émotionnel à travers cette période sombre où plus d’un millions d’irlandais ont trouvés la mort dans des conditions dramatiques…

Sa riche collection et son approche éducative offrent aux visiteurs une compréhension profonde de l’impact de la famine sur l’Irlande, un impact qui résonne encore aujourd’hui. Pour comprendre le cœur et l’âme de l’Irlande, une visite au National Famine Museum est incontournable.

À travers une collection impressionnante de documents d’époque, de photographies, de témoignages écrits et d’objets personnels, le musée peint un tableau vivant et souvent bouleversant de la vie pendant la Grande Famine.

L’une des pièces maîtresses de la collection est l’archive de la famille Pakenham-Mahon, qui possédait Strokestown Park pendant la famine. Ces documents donnent un aperçu unique des relations entre les propriétaires terriens et les fermiers de l’époque, ainsi que de l’émigration massive qui a suivi la famine.

A l’aide d’expos particulièrement détaillées, nous savons tout sur la Grande Famine irlandaise : de la misère et de l’appauvrissement dans laquelle a été plongée la population irlandaise jusqu’au silence retentissant de l’Empire britannique, qui a malheureusement préféré laisser faire, plutôt que de secourir l’un de ses territoires, à l’époque sous domination coloniale.

En plus des expositions intérieures, nous avons pu ensuite nous promener dans les jardins de Strokestown Park, qui abritent un mémorial dédié à ceux qui ont péri pendant la famine, ainsi que des arbres majestueux. En parcourant ce jardin, j'avais l'étrange sentiment qu'il était "habité". D'ailleurs des petites portes sont aménagées dans les arbres comme on peut voir sur les photos.

C'est là que nous choisissons de déjeuner.



Nous passons rapidement à Carrick on Shannon (en français, la ville où l'on peut passer la rivière à gué) dans le Comté de Leitrim. Elle est située sur le fleuve Shannon et est internationalement connue pour ses compétitions de pêche. La présence de 41 lacs poissonneux dans un rayon de 10 km autour de la ville lui a même donné le surnom de paradis des pêcheurs. Son patrimoine historique est important. Les ruines du Château de Carrick peuvent être aperçues juste à côté du pont de Carrick sur la Shannon. On y trouve également plusieurs vieilles bâtisses, des manoirs ou des chapelles.

Nous prenons maintenant la direction d'Athlone (en irlandais Baile Átha Luain, c'est-à-dire : « la ville du gué de Luan »).

La ville est à cheval sur deux comtés et deux provinces. Les quartiers ouest de la ville sont situés sur le territoire du comté de Roscommon, dans le Connacht mais la ville est entièrement administrée par le comté de Westmeath, dans le Leinster. Elle se trouve à proximité du centre géographie de l’île d'Irlande.

Au cœur de l’histoire d’Athlone se trouve son château. Son histoire remonte à l’Antiquité. La ville s’est construite à un emplacement hautement stratégique : au sud le Shannon ne peut être traversé avant Clonmacnoise et au nord se trouve le Lough Ree.

En 1001,Brian Boru s’empara de la ville en arrivant par voie fluviale. Un pont fut construit au XIIe siècle approximativement à 100 mètres au sud du pont actuel. Afin de le protéger un fort fut construit sur la rive ouest par Turloch Mor O Conor. Le fort et le pont furent continuellement attaqués au cours du XIIe siècle. À la fin du siècle les Anglo-Normands construisirent une motte castrale dans la ville. La motte était surmontée d’une construction en pierre élevée en 1210 par John Gray. Le donjon actuel date de cette époque là. Le reste du château initial a été totalement détruit pendant de siège puis reconstruit et agrandi.

Les bâtiments actuels ont été construits pour se prévenir d’une attaque d’une flotte française remontant le Shannon. Le château fut ensuite partiellement détruit par la foudre tombée sur le dépôt de munitions.

Athlone 

Il est temps maintenant de nous rendre à notre dernier gite irlandais à Mullingar, centre administratif du comté de Westmeath, renommée pour le bétail de ses marchés, car demain c'est le retour en France. Il s'agit d'une superbe et charmante maison de maître, au bout d'une allée ombragée dans un grand jardin. La maison est meublée d'objets luxueux et désuets. Nous nous imaginons vivre richement il y a ...

Parmi les monuments de Mullingar, on compte le monastère d'Augustine dont la confrérie a disparu, le mur de la Jalousie (Jealousy Wall), long de 55 m, la plus grande fausse ruine d'Irlande, sur les terres de Belvedere House.

Nous mangeons au Oscar's, restaurant typiquement irlandais mais toujours pas de mouton à la carte.

Environ 200 km en voiture pour cette étape.

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Pas très bien dormi pour cette dernière nuit.

Le temps s'annonce maussade, on peut espérer ne pas avoir de pluie au moins ce matin donc nous décidons d'aller au Belvédère de Mullingar.

Le vent bruisse à travers les feuilles, l'eau clapote délicatement sur le rivage et le monde semble à des millions de kilomètres.

Promenez-vous sur les chemins forestiers autour de la Belvedere House, un manoir du XVIIIe siècle situé sur les rives du Lough Ennell, dans le comté de Westmeath. Vous aurez l'impression de flâner dans un petit coin de paradis au cœur de l'Irlande. Mais ne vous fiez pas aux apparences, ce cadre paisible cache un passé scandaleux.

Initialement, la demeure était un pavillon de chasse construit pour Robert Rochfort, le premier comte de Belvedere, dont le mauvais caractère et la cruauté lui valurent le surnom de « Comte diabolique ». Elle se trouve à seulement 8 km de la ville animée de Mullingar, sur une petite colline surplombant le lac et entourée d'espaces verts luxuriants qui abritent un jardin clos victorien restauré et certaines des folies ornementales les plus extravagantes d'Irlande.

Pour construire Belvedere, Rochfort fit appel à Richard Castle, l'architecte qui dessina les manoirs Westport House et Powerscourt House, entre autres. Bien que la demeure soit étonnamment petite, ses vues sublimes sur le lac, ses somptueuses décorations en staff et ses délicats lambris de chêne rivalisent avec certains des plus beaux manoirs palladiens d'Irlande.

Le Belvedere House Gardens & Park peut sembler plutôt austère au demeurant, avec ses briques grises et ses petites fenêtres à carreaux…

Mais l’intérieur est tout aussi resplendissant qu’impressionnant !

C’est en effet dans un style baroque rococo et victorien que vous découvrirez tout le charme et le raffinement dont a fait preuve le premier propriétaire des lieux, Sir Robert Rochfort !

Moulures au plafond, mobilier d’époque en essences de bois rares, lustres en cristal et peintures fascinantes…

Et c’est bien sûr sans parler de ses magnifiques jardins arborés, et de cet étrange mur situé sur le domaine, et qui porte le nom de “Jealous Wall” ! Ce mur en ruine vaut le coup d'oeil et possède un charme certain !

Au cours de sa médiocre vie, Rochfort montra à maintes reprises qu'il méritait amplement son surnom de Comte diabolique. Il accusa à tort son épouse Mary d'avoir une liaison avec son frère Arthur et l'emprisonna dans sa maison de famille pendant plus de 30 ans. Arthur s'en sortit un peu mieux. Rochfort le poursuivit en justice, lui réclamant 20 000 livres sterling, et le fit jeter dans une prison pour endettés, dépossédant par la même occasion les neuf enfants de son frère. Pendant cette période, le Comte diabolique vécut une vie de luxe et d'hédonisme à la Belvedere House, manifestement insouciant du tort qu'il avait causé.

Rochfort consacra beaucoup de son temps et de son argent à la création d'un domaine rural idéal à Belvedere. Mais lorsqu'un autre frère gênant, George, construisit un plus grand manoir visible depuis sa maison, il ne put ignorer cet affront.

Il ordonna donc la construction d'un immense mur dans les jardins, assez haut et large pour cacher l'offensante Tudenham House de sa vue. Surnommée le « Jealous Wall », cette structure sophistiquée fait penser au dernier mur encore debout d'une abbaye en ruines. Il s'agit de l'une des trois folies de Belvedere. En vous promenant sur les sentiers forestiers, vous trouverez les deux autres, à savoir l'Arche gothique et le Belvédère octogonal.

Nous n'avons malheureusement pas pu visiter la maison, fermée temporairement pour travaux, mais en nous promenant dans les bois qui l'entourent, on peut se demander comment un homme aussi diabolique a pu laisser un héritage d'une telle beauté.

Belvedere House and Park 
Première folie: le Belvédère octogonal 
Deuxième folie: l'Arche gothique 
Troisième folie: le Mur de la Jalousie 

À partir de 1912, Belvedere House appartenait à Charles Howard-bury, un explorateur intrépide. Au cours de ses voyages au Kazakhstan, il a sauvé un ourson de 3 semaines en l’achetant à des chasseurs. Il l’a appelé Agu et il est devenu son compagnon constant. Il l’a même ramené à Belvedere House où il luttait avec lui dans les jardins. Agu finit par vivre au zoo de Dublin jusqu’à la fin des années 1950.

 Agu

Nous mangeons dans ce magnifique parc puis devant la météo qui se détériore et l'heure qui avance, nous nous rapprochons de Dublin. En effet nous devons rendre la voiture de location à 17h. En chemin nous passons devant la distillerie de Tullamore où nous espérons acheter du whisky.

Après avoir fait nos emplètes et le plein d'essence, nous nous rendons à l'aéroport de Dublin pour rendre la voiture. Tout se passe bien, nous récupérons notre caution et nous prenons maintenant la navette qui nous emmène au terminal.

Notre avion est sensé décoller à 19h55 pour une arrivée à Orly à 22h50 (heure locale). Je passe tous les détails des divers contrôles douaniers et d'identité. Comme d'habitude, Dominique a droit à la fouille car à cause de sa hanche en métal, il fait sonner tous les détecteurs. Bon! Voilà nous avons embarqué et nous sommes prêts à décoller ainsi que tout l'équipage. C'est alors que le commandant de bord nous annonce que, suite à un mouvement de grève des contrôleurs aériens d'Orly, notre décollage aura vingt minutes de retard !!! Bienvenue en France !!! Bref on finit par partir. Le vol se passe bien et quelques minutes avant notre atterrissage, le commandant de bord nous informe qu'il fait très beau sur Paris. L'avion se pose à l'autre bout de l'aéroport et nous sommes obligés de prendre une navette pour nous rendre au terminal. Et soudain, une averse diluvienne s'abat sur Paris en profitant pour nous mouiller mais surtout nos bagages qui ont dû traverser tout l'aéroport sous la pluie. Nous récupérons donc nos sacs dans un état de dégoulinade avancée, la lessive est faite.

Nous terminons donc notre voyage en apothéose.

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Notre périple irlandais 

Même si j'avais beaucoup d'appréhensions au départ de ce voyage, nous sommes revenus enchantés, fatigués mais enchantés. L'organisation d'un road trip pour la première fois et la barrière de la langue que nous ne maitrisons pas très bien ni un ni l'autre m'ont fait douter de la réussite de ce séjour. Mais nous avons découvert dans ce pays des personnes aimables, courtoises et qui se sont mises à notre niveau sans sourciller, parlant lentement pour nous permettre de les comprendre. C'est un peuple qui mérite d'être connu.

C'est un magnifique pays à l'histoire chargée. Si la France a un passé de conquérants, l'Irlande apparait plutôt comme un pays où ses habitants ont été maltraités et opprimés. Je parle bien sûr des "purs" irlandais et non pas des anglais qui les ont envahis à plusieurs reprises. La population en Irlande se chiffre à un peu plus de 5 millions avec une densité de 76 habitants au kilomètre carré, et pourtant il y a environ 40 millions de passeports irlandais dans le monde, parmi ceux-ci les Kennedy et bien d'autres personnalités plus ou moins connues.

Les paysages sont magnifiques certains même à "couper le souffle". Nous avons parcouru pendant ce séjour 3221 km à travers l'Irlande. Nous n'avons bien sûr pas tout vu, il y a tellement d'endroits dignes d'intérêt. Nous avons eu beaucoup de chance car la météo nous a été favorable durant tout notre voyage et nous avons pu faire le programme prévu, même si nous avons eu un peu froid par moment à cause des vents violents. Nous avons pu vérifier ce que disent les irlandais, à savoir qu'il peut y avoir trois saisons en une journée, c'est bien vrai !!!

Un grand merci à tous nos hôtes qui nous ont accueillis très chaleureusement.

En conclusion, par ce carnet de voyage, j'espère avoir donné envie à beaucoup de partir à la découverte de cette île au beau milieu de l'océan Atlantique. Je n'ai qu'une chose à dire: Si vous en avez l'occasion, allez-y ! Pas les yeux fermés, ce serait dommage. Et comme nous, vous ne serez pas déçus.