reflets dans l'eau, à HanoiLundi 22 décembre... L'avion atterrit à l'aéroport de Hanoi à 6h30 du matin et il nous faut bien 3/4 d'heure avant de franchir la barrière des douaniers hyper-consciencieux et peu amènes.
Mais dans le hall de l'aéroport, Thu notre guide et Duc Bao le chauffeur nous attendent avec le sourire. Il est tôt alors avant de rejoindre l'hôtel, et bien que nous nous sentions un peu zombies, Thu nous entraîne sur la terrasse d'un petit bistrot en étage. La ville, en contrebas, est incroyablement animée et les klaxons fusent de toutes parts.
Nous "dégustons" un café vietnamien qui nous tordra l'estomac une grande partie de la matinée et nous apprendra qu'il faut demander un "café spécial" plus proche de nos goûts.
Duc Bao nous conduit ensuite dans le quartier de Ba Dinh où le programme prévoit notre première visite : le mausolée Ho Chi Minh. Cela ne nous enthousiasme pas particulièrement mais il semble que cette proposition est incontournable et nous sacrifions à la politesse.
C'est sur cette place Ba Dinh que l'oncle Ho proclama l'indépendance en 1945 et nous nous retrouvons devant un bâtiment de type stalinien : le mausolée. Apparemment c'est un lieu de pèlerinage important pour les Vietnamiens et la file d'attente est impressionnante. Elle avance en silence et les soldats, postés tout le long du parcours, veillent avec autorité à ce que les règles soient respectées : sacs et appareils photos doivent être déposés à l'entrée, la tenue doit être correcte (casquettes, shorts et mains dans les poches sont interdits) et les gardes veillent à ce que nous avancions en silence...
Nous passons, au milieu d'une foule respectueuse, devant le corps embaumé de l'oncle Ho qui repose dans un sarcophage de verre (il avait pourtant exprimé le souhait d'être incinéré et que ses cendres soient éparpillées sur la terre de son pays ! )
Nous avons vraiment l'impression d'avoir atterri sur une autre planète et c'est avec plaisir que nous quittons ce mausolée glacial pour nous retrouver dans le parce qui abrite, au bord de l'étang, la maison sur pilotis que Ho Chi Minh s'était fait construire, la préférant au palais présidentiel voisin.
Après cette première prise de contact, surprenante, avec le Vietnam, fatigués, étourdis par le bruit et l'agitation nous prenons un temps de repos à l'hôtel, convaincus que nous serions tout à fait incapables de conduire dans les rues fourmillantes de cette ville au milieu de la marée des deux-roues qui surgissent en permanence de toutes parts dans le désordre le plus complet.
Mais nous découvrons rapidement que, malgré tous les coups de klaxon, il n'y a jamais d'altercation entre les conducteurs et Duc Bao s'amuse beaucoup des frayeurs de mon compagnon et de ses "putain... putain..." lorsqu'une mobylette fait un écart ou ne respecte pas la priorité.
Pour traverser une rue il faut s'engager d'une allure décidée mais lentement" nous apprend Thu. "Si vous vous précipitez, c'est dangereux parce qu'ils ne comprendront pas". Nous retenons la leçon !
Nous découvrons avec émerveillement un monde tout à fait étrange et lorsque nos accompagnateurs nous laissent quartier libre, nous continuons de déambuler dans les rues, emportés par les odeurs, les bruits et l'agitation, les pagodes et les temples.
la demeure de Ho Chi Minh La pagode Môt Côt (pagode au pilier unique)
A proximité de la place Ba Dinh, construite au XIème siècle, la pagode Môt Côt (la pagode au pilier unique) , placée au milieu d’un plan d’eau lui-même entouré de jardins, a été plusieurs fois détruite et restaurée mais elle a gardé son architecture originale unique, même si le pilier en bois a été remplacé par un pilier en béton.
Sous les tuiles recourbées de son magnifique toit surmonté de dragons, la pagode est tout en symboles : la fleur de lotus qui symbolise l’illumination et la beauté dans le bouddhisme, le pilier par lequel transite l’énergie vitale entre terre et eaux et illustre la fécondité, l’arbre bodhi sous lequel Bouddha aurait atteint l’illumination, le pavillon rouge de la parfaite félicité…
"Dans un rêve, installée sur une fleur, de lotus la déesse Quan Am se présente à à l’empereur Ly Thai Tong. Elle tient un nourrisson dans ses bras et lui annonce la naissance prochaine d’un fils.
Quelque temps après, l’empereur épouse une jeune paysanne qui lui donne un héritier. Reconnaissant, il fait construire la pagode Môt Côt au milieu d’un étang de lotus"
la pagode Mot Cot Van Mieu - le temple de la littérature
Dans le quartier Dong Da, situé au sud-ouest de la ville, le temple de la littérature, construit au milieu du XIème siècle en l'honneur de Confucius est un superbe ensemble architectural au milieu d'un vaste jardin.
Dédié au culte de Confucius, il a également abrité la première université nationale fondée en 1076 dans laquelle les futurs mandarins étudiaient la littérature, la philosophie et l'histoire.
Nous prenons plaisir à nous attarder dans le dernier bâtiment où un groupe de jeunes femmes donnent un mini concert de musique traditionnelle.
le palais de la littérature
Le lac Hoan Kiem
Au hasard des rues nous faisons une halte au bord du lac Hoan Kiem (le lac de l'épée restituée) aux abords duquel nous croisons des personnes qui font leur tai chi matinal, des lycéennes vêtues de leur ao dai blanc, des femmes qui transportent des marchandises dans des paniers fixés aux extrémités d'un bâton fixé sur l'épaule... et nous nous laissons séduire par les reflets de la ville dans les eaux du fleuve rouge.
"Un pêcheur nommé Le Loi reçut d'une tortue géante, génie du lac, une épée magique pour combattre les Ming, envahisseurs chinois. Après dix ans de lutte il réussit à libérer le pays et se rendit sur la rive du lac pour restituer l'épée. La tortue d'or s'empara de l'épée et retourna dans les profondeurs. On prétend qu'elle vit toujours au fond du lac."
au bord du lac Hoan Kiem Et près de là, le pont du soleil levant permet d'accéder au temple de Ngoc Son (le temple de la montagne de jade) construit au XIXème siècle.
le temple de Ngonc Son A proximité du lac, Thu nous entraîne jusqu'à la cathédrale Saint Joseph, la plus vieille église de la ville terminée en 1886. Les murs sont un peu lépreux mais à l'intérieur des femmes composent de superbes bouquets pour décorer l'hôtel et aux abords immédiats, des fidèles peignent une grande fresque.
aux abords de la cathédrale Saint Joseph 36 Phuo Phong
Au nord du lac Hoan Kiem se situe le vieux quartier, 36 Phuo Phong et c'est en cyclopousse que nous nous y rendons en fin d'après-midi.
Ce quartier aux rues étroites, sans doute le plus populaire de Hanoi, date de plus de six siècles et les commerçants sont regroupés par activité dans chacune de ses 36 rues. Chaque rue est traditionnellement le siège d'une corporation et porte le nom des marchandises qui y sont vendues.
Nous circulons au milieu de centaines d'échoppes et la densité de population est impressionnante. Installées sur le bord des trottoirs des femmes avec leur traditionnels chapeaux coniques proposent des plats cuisinés de toutes sortes et les gens mangent là, accroupis sur le sol... et nous avançons au milieu des odeurs de gingembre, de curry, de clous de girofle, de badiane... et de poussière.
36 Phuo Phong Thag Long - le théâtre municipal des marionnettes aquatiques
Si Hanoi nous a déroutés les premières heures, nous nous sommes peu à peu laissés prendre à son charme et emporter dans un tourbillon de brume, de chapeaux coniques, de pagodes, de pourpre et de dorures, de parcs, de sourires... de klaxons et de cyclomoteurs.
Pour notre dernière soirée, nous assistons à un spectacle de marionnettes sur l'eau et le spectacle est magique.
Un orchestre accompagne le spectacle qui se compose d'une douzaine de petites scènes de quelques minutes chacune et décrivent l'organisation de la vie dans la campagne vietnamienne : le rythme des saisons, la récolte du riz, les fêtes de la moisson, les fêtes religieuses... Le spectacle est magique.
Les manipulateurs sont cachés derrière la scène, immergés dans l'eau jusqu'aux hanches et ils actionnent des marionnettes d'une cinquantaine de centimètres qui sont tellement articulées qu'il faut parfois jusqu'à quatre marionnettistes pour faire évoluer une seule d'entre elles.
Le clou du spectacle est sans doute l'apparition du dragon qui crache des feux d'artifice.
le théâtre des marionnettes aquatiques