Birmanie

escapade en Birmanie
Février 2016
12 jours
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J'interromps pour un temps mon séjour hivernal en Thaïlande puisque mes filles et leur père m'ont proposé de les rejoindre pour quelques jours en Birmanie. J'y passerai quelques jours en solitaire et les retrouverai pendant une partie de mon séjour et je profiterai alors de la voiture avec chauffeur-guide louée par Hervé... Ce pays sera pour moi une découverte.

Bordée par le Bengladesh et l'Inde à l'ouest, la Chine au nord, le Laos à l'est et la Thailande à l'est et au sud, la Birmanie compte, pour un peu plus de 675 000 km2, environ 60 millions d'habitants .

Son économie est l’une des moins développées du monde et 1/3 de sa population vit en-dessous du seuil de pauvreté. L’agriculture représente environ la moitié du PIB et la majorité des terres sont consacrées à la culture du riz et de l’opium (deuxième plus grand producteur d'opium). Canne à sucre, maïs, arachide, blé, coton et tabac sont ses autres productions agricoles. Et la Birmanie est également un des plus gros producteur d'amphétamines !

Elle possède des gisements importants de rubis (90 % de la production mondiale), de saphirs et de jade.

En 1962, à la suite d’un coup d’état l’ensemble de l’industrie est nationalisée et aujourd’hui encore l’économie birmane est l’une des plus planifiées et étatiques du monde.

La Birmanie manque d’infrastructures, les voies ferrées sont vieilles et rudimentaires, les routes ne sont généralement pas asphaltées et les marchandises voyagent principalement sur le fleuve Irrawaddy (avec un intense commerce de drogue).

Près de 70 % des habitants sont Birmans et ils tiennent le gouvernement, l'administration et l'armée. Les 30 % restant sont formés de plusieurs minorités (Rohingyas, Arakanais, Karen, Môn, Shan etc) qui, pour la plupart, sont persécutés et n'ont pas droit à des papiers officiels.

90 % des habitants sont bouddhistes et la prise en charge de l'ordre monastique, qui compte près d'un million de Birmans fait partie intégrante de la vie quotidienne. Entre 7 et 20 ans, tous les garçons passent au moins quelques semaines de retraite dans un monastère.

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Arrivée à l'aéroport de Mandalay en toute fin d'après-midi, ma première impression de la Birmanie me laisse un peu perplexe parce que pour moi l'image de la Birmanie ce sont la magnificence des pagodes, les paysages sublimes, la sérénité bouddhiste...

L'aéroport de Mandalay est à environ 1 heure en voiture de la ville... La chaussée n'est pas vraiment entretenue, peu de circulation, des deux roues circulant avec une loupiote à l'avant et pas d'éclairage à l'arrière... Pas de luxueuse pagode à l'horizon... Je pourrais avoir l'impression d'être en Afrique !

Arrivée dans Mandalay... Rues à peine éclairées... presque personne dehors... Je me couche impatiente d'être au lendemain matin pour me promener dans la ville.

Au petit jour je pars explorer à pied les rues de Mandalay. Le plan en damier de la ville et les rues numérotées permettent de se repérer facilement. Je ne crains donc pas de me perdre et je déambule pendant 7 à 8 km pour m'imprégner de l'ambiance de la ville.

Je croise des ramasseurs de poubelles, des marchands de fruits et légumes, des réparateurs de motos, des petits fabricants de meubles, des femmes qui font une pause-cigare en lavant leur linge près du caniveau, des vaches...

77ème rue

Et comme les plus beaux jades proviennent de Birmanie et que la majorité d'entre eux passent par le grand marché de la 77ème rue. J'y vais ...

En fait, le marché de jade de Mandalay n'est pas un marché luxueux mais un enchevêtrement de petites allées, qui rappelle plutôt un marché aux puces. Les acheteurs et vendeurs se retrouvent autour de tréteaux en bois et marchandent après avoir soigneusement examiné, à la loupe et à la lampe électrique, les belles pièces de toutes tailles et de toutes les nuances de vert.

Dans ces allées et aux alentours, des artisans - des enfants parfois - façonnent la matière brute tout en chiquant des feuilles de bétel et en crachant des jets de salive rougeâtre...

le marché Zegyo

Zegyo, le principal marché de Mandalay, occupe les étages de deux immeubles à l'angle de la 25è et de la 83è rue.

Y accéder relève de l'exploit car les embouteillages sont monstres et le nombre des motos garées devant les immeubles est impressionnant.

On trouve de tout au marché Zegyo : des tissus de toutes matières et de toutes couleurs, des tailleurs sur mesure, des sacs, du lahpet (thé fermenté), des bijoux, des produits pharmaceutiques...

La foule se presse, parle fort et se bouscule... ce qui n'empêche pas les enfants de dormir sur les stands.

Dans les rues alentour, au milieu des motos, des étals proposent des produits frais et de la streetfood.

la pagode Kuthodaw

La pagode Kuthodaw est un ensemble de stupas bouddhistes disposés en lignes dans 3 enceintes concentriques qui abritent le plus grand livre du monde (par la taille), le canon pâli. Ce livre, copié à partir de manuscrits sur feuilles de palmier qui étaient conservées dans les bibliothèques royales, est gravé sur 729 stèles de marbre de 1 m de large, 1,5 m de hauteur et 13 cm d'épaisseur.

80 à 100 lignes de texte sont gravées en écriture birmane de chaque côté de chaque stèle et il fallait à chaque scribe 3 jours pour copier le texte sur les deux faces de la stèle.

L'ensemble est vraiment impressionnant.

le temple Mahamuni

Après la pagode Shwedagon de Yangon, le temple Mahamuni est le temple le plus vénéré des bouddhistes birmans car la statue de Bouddha Mahamuni (le grand Sage) qu'il abrite serait l'une des cinq représentations du Bouddha coulées de son vivant (en réalité, la statue en bronze aurait été coulée cinq siècles plus tard).

Les femmes n'ont pas le droit de l'approcher - elles se contentent de s'adresser à lui en contrebas, au pied des escaliers - seuls les hommes peuvent acquérir des mérites en apposant des feuilles d'or sur le corps du Bouddha (le visage doit rester intact).

Chaque matin, à 4 heures, les bonzes polissent le corps du Bouddha sur lequel les feuilles d'or ont formé des amas.

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C'est avec Hervé, Gaëlle et Emmanuelle que je pars vers Kalaw dans la voiture conduite par Zaw-Zaw, super chauffeur et guide.

Zaw Zaw prévoit une première halte à Paleik pour une visite du Buddha snake temple.

Buddha snake temple

Dans la petite ville de Paleik, Buddha est considéré comme le grand ami des serpents. Les villageois en prennent donc grand soin et les laissent vivre en liberté dans le temple. Et chaque jour ils respectent le même rituel : ils lavent les serpents en même temps qu'ils lavent la statue de Bouddha.

A quelques kilomètres de là, nous nous arrêtons dans un marché local où, comme sur tous les marchés, on peut acheter kunja (4ème photo) et thanaka (5ème photo).

Les Birmans mâchonnent le kunja à longueur de journée avant d'en recracher la chique dans un long jet de salive rouge qui colore leurs dents et leurs lèvres en pourpre et macule le trottoir. Les feuilles de poivrier bétel servent à envelopper un mélange de noix d'arek, de chaux et de tabac, agrémenté de cardamone, de clou de girofle ou d'anis (comme le pan indien) .


Les petites bûchettes sont du bois de thanaka dont l'usage remonte à plus de 2000 ans... Le bois est râpé et réduit en poudre puis mélangé avec de l'eau pour devenir ce produit blanchâtre dont les Birmanes (mais aussi parfois les hommes) s'enduisent le visage pour se protéger du soleil, rendre la peau douce et la débarrasser de l'acné. La première couche s'applique très liquide, et elle est souvent laissée en l'état. Avec une pâte plus dense, on créé des effets avec le doigt, une brosse à dents ou un pinceau. Le thanaka sert aussi de parfum car son odeur rappelle celle du santal.

Et en fin d'après-midi nous arrivons à Kalaw. De jolies demeures sont éparpillées dans les pins, les orangeraies et les bambous. Cette ville fut fondée par les Britanniques pour y passer l'été. Nous n'y passons que la nuit et dès le lendemain matin nous partons en direction de Inle.

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La route tout aussi chaotique que la veille et la moyenne horaire d'une quarantaine kilomètres à l'heure (arrêts exclus) mais le paysage est superbe et Zaw-Zaw, nous ménage des arrêts-visites toujours intéressants.

le marché de Pindaya

Le marché de Pindaya a lieu tous les cinq jours et les paysans Shan (nous sommes ici sur le territoire de la minorité Shan) descendent de la montagne avec leurs produits à vendre, de bonne heure le matin.

Comme l'eau est relativement rare dans la montagne, donc précieuse, les paysans profitent de leur venue au village pour, avant de remonter chez eux, prendre une douche dans différents endroits prévus pour cela.

les grottes de Pindaya

Les grottes de Pindaya sont des grandes cavernes naturelles dans lesquelles ont été entreposées, au fil des siècles et des donations, plus de 8 000 statues de Bouddhas en teck, albâtre, marbre, ciment, toutes recouvertes d'or. La profusion de statues crée une atmosphère vraiment très particulière.

Les grottes sont très grandes, pleines de recoins dans lesquels on découvre encore et encore d'autres Bouddhas, jusqu'en haut de la caverne au milieu des stalactites.

On y accède par des escaliers ou par un ascenseur pour les moins courageux.

A l'entrée des cavernes, une gigantesque araignée noire qui fait face à un archer nous "accueille".

Il s'agit là de l'illustration d'une légende : sept princesses qui se baignaient dans le lac voisin, Pone Ta Lote, s'étaient risquées dans la grotte Shwe Umin dans laquelle une araignée géante les emprisonna. Le prince Kummabaya de Nyaungshwe affronta le monstre et le tua d'une seule flèche. Le nom du site, dérive de "pingaya" qui signifie "j'ai tué l'araignée".

Bien sûr le prince épousa l'une des soeurs cadette !

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Situé dans les montagnes de l'Etat de Shan, à 850 mètres d'altitude, le lac Inle, avec ses 20 km de long et une dizaine de kilomètres de large est un endroit magique habité par les Inthas (les fils du lac) qui ont bâti leurs villages sur pilotis, parfois même au beau milieu de l'eau.

Le lac abrite un sanctuaire pour les oiseaux des milieux humides mais l'augmentation de la population, l'affluence touristique, la déforestation, l'extension des jardins flottants (dont je vous parlerai dans ma prochaine page) et l'invasion de la jacinthe d’eau dégradent l’écosystème du lac et mettent en danger sa survie.

les pêcheurs du lac Inle

L'une des originalités du lac Inle est la manière dont les pêcheurs conduisent leur embarcation.

Debout sur leur pirogue, ils manoeuvrent leur rame avec une jambe. Ils peuvent ainsi de toute leur hauteur mieux distinguer le fond de l'eau peu profonde et garder leurs mains libres pour la pêche qu'ils pratiquent avec un filet et un panier conique de bambou. Ils ressemblent ainsi à des danseurs acrobates et c'est une posture unique au monde.

les jardins flottants

La deuxième particularité du lac Inle, ce sont les jardins flottants.

Ce sont des masses de végétaux emmêlées sur une hauteur de plus d'1 mètre qui se sont formées au fil des temps. Sur ces radeaux de végétation naturelle, le cultivateur dispose vase et algues pour réaliser des "planches de culture", bandes de terre dans lesquelles ils enfouissent des graines ou repiquent des plants issus d'une pépinière. Ainsi ces petites îles artificielles accueillent des cultures de tomates, de fleurs... et afin d'éviter que les jardins flottants dérivent, l'eau étant peu profonde à ces endroits, les cultivateurs enfoncent dans le sol de grands piquets de bambou qui maintiennent les jardins.

Le problème de ces jardins est qu'ils s'étendent de plus en plus, réduisant la surface du lac ce qui perturbe l'équilibre écologique.

la pagode Phaung Daw U

La pagode Phaung Daw U est un site bouddhiste qui abrite cinq étonnantes petites statues du Bouddha de 23 à 46 cm qui ont été tellement recouvertes de feuilles d'or qu'elles sont méconnaissables. Selon la tradition, elles auraient été apportées là au XIIè siècle.

Le monastère est ouvert à tous mais seuls les hommes ont le droit de toucher les statues pour y placer des feuilles d'or.

Chaque année, durant le mois de septembre se déroule une célébration de 18 jours au cours de laquelle 4 des statues sont sorties sur une réplique de la barque royale en forme d'oie sacrée brahmanique et elles sont "promenées" sur le lac. La barque richement décorée est tirée par plusieurs pirogues de rameurs ramant avec la jambe et se déplacent de village en village le long des rives du lac et les 4 statues passent la nuit dans le principal monastère de chaque village. Ensuite, la pagode flottante rejoint son hangar et les statues réintègrent le monastère.

Autrefois, les cinq statues étaient promenées sur la barque mais dans les années 1960, les vagues firent chavirer la barque et les statues furent précipitées dans le lac. Seules 4 d'entre elles furent tirées des eaux et les recherches pour retrouver la cinquième furent vaines. Mais... quand les 4 statues furent ramenées dans la pagode Phaung Daw U, la cinquième était là, à sa place, couverte d'algues ce qui confirmait qu'elle était bien tombée dans le lac mais qu'elle avait rejoint seule sa place.

Il en a été conclu qu'elle ne voulait plus bouger de la pagode, c'est pourquoi elle est dispensée de participer à la sortie-procession du mois de septembre !

les artisans du lac Inle

Le lac Inle attire de plus en plus de touristes et, évidemment, dans les villages de pêcheurs les ateliers et les boutiques se multiplient (proposant des articles à des prix 2 à 3 fois supérieurs à ceux pratiqués en ville !) : tissages, ferronneries, travail du bois, tabac, peintures...

les tisserandes

Les tisserandes travaillent le coton et la soie mais aussi - et cela a été pour moi une découverte - les fibres de lotus !

Elles ont une technique très particulière pour extraire des longues tiges de cette fleur des fibres fines et très résistantes qui sont ensuite lavées, séchées et tissées. La texture du tissu obtenu rappelle celle du lin, en un peu moins souple.

les cheroot

Composés de tabac (en plus ou moins grande quantité) de miel, tamarin, sucre brun, banane et anis étoilé les cheroot sont fabriqués à la main, roulés dans une feuille de sébestier et ils se situent entre la cigarette et le cigare.

Ils sont coupés aux extrèmités en cours de fabrication et ont une longueur de 9 à 16 cm.

Cheroot viendrait du mot français cheroute, lui-même issu du tamoul curuttu qui signifie rouleau de tabac. Il serait passé au français au début du XVIè siècle, à l'occasion des premières implantations françaises dans le sud de l'Inde.

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C'est à Inle que j'ai quitté mes filles et leur père pour prendre l'avion pour Bagan.

Dès mon arrivée, j'ai rencontré Koko jeune restaurateur qui m'a servi de guide le premier soir et m'a aidé à trouver un scooter en location pour le lendemain matin. Scooter indispensable parce que Bagan est un vaste site archéologique de près de 50 km carrés dans la plaine centrale de Birmanie, au bord du fleuve Irrawady.

C'est en haut de la pagode Schwe San Daw que le premier soir, dans la promenade avec Koko je suis montée comme beaucoup de touristes. La hauteur des marches est impressionnante mais c'est, paraît-il, le meilleur endroit pour admirer le coucher de soleil.

Du IXè au XIIIè siècle, Bagan était une métropole florissante (de 50 000 à 200 000 habitants) , capitale du premier empire birman, dont Marco Polo dit émerveillé qu’elle lui offrit « un des plus beaux spectacles du monde". L’âge d’or de la construction d’édifices religieux (le dernier inventaire en recense 2834 dont de nombreux en ruines), dura 250 ans pendant lesquels les styles couvrent une évolution spectaculaire. Des moines et des érudits venaient alors de toute l’Asie pour y étudier la philosophie, le droit, la grammaire, l’astrologie et la médecine et la religion marquait le moindre aspect de la vie quotidienne.

Le coeur de la ville médiévale s’étendait dans la courbe du fleuve, une zone aujourd’hui broussailleuse et sablonneuse qui a pris le nom d’Old Bagan. Mais Bagan se trouve dans une zone sismique et a subi de nombreux tremblements de terre qui ont provoqué d’importants dégâts. Et en 1998, le gouvernement a obligé manu militari les villageois à déménager 4 km plus loin, à New Bagan.


Les monuments étaient construits en brique et recouverts d’un enduit blanc (stuc) qui a souvent disparu. Les encadrements des portes sont particulièrement raffinés avec des jambages parfois et de larges volutes parfois ornées de fleurs et d’animaux. Les murs intérieurs étaient recouverts de couches de paille et de boue qui étaient enduites d’une fine couche de chaux sous la peinture.

On trouve sur le site deux types de monuments :

- le stupa qui est un monument de plan circulaire, avec parfois une base carrée et on le vénère en effectuant des circumambulations (généralement au nombre de 3)

- le temple qui peut être construit selon différents plans

* tout en longueur, avec la plupart du temps un porche et un vestibule qui donnent accès au sanctuaire

* de même conception mais avec un noyau carré au centre du sanctuaire ce qui permet des représentations de Bouddha sur les 4 ces et autorise la circumambulation

* en forme de croix avec 4 ailes comportant porche et vestibule (tel le célèbre temple Ananda) dont les 4 images dans les sanctuaires représentent les 4 derniers Bouddhas du passé.

Plusieurs monuments ont été restaurés après le tremblement de terre de 1975, mais dès les années 90, le manque de rigueur dans les restaurations entreprises sous l’égide du gouvernement birman ainsi que la construction d’un hôtel de luxe et d’une tour d’observation sur le terrain archéologique ont empêché l’inscription du site au patrimoine mondial de l’humanité, statut convoité par les militaires.

Dans la plupart des temples, les donations sont déposées dans de grandes tirelires de verre mais dans la pagode Manuha Phaya, il faut grimper à une échelle pour les mettre dans une sorte de grande urne. C'est là que j'ai choisi d'apporter ma participation.

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quelques portraits et paysages en vidéo

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On commençait seulement à parler des Rohingyas lorsque j'ai fait ce voyage il y a deux ans. Aujourd'hui, on ne peut évoquer la Birmanie sans penser à ce génocide que Aung San Suu Kyi, cautionne par son silence, se montrant ainsi indigne du prix Nobel de la Paix qui lui a été remis. Les dernières élections et l'arrivée de Aung San Suu Kyi étaient porteuses d'espoir mais le bilan de la Birmanie reste l'un des pires au monde en matière des droits de l'homme et l'armée détient un contrôle à tous les niveaux. Ni les médias, ni la justice ne disposent d'une réelle liberté et les richesses du pays - grands hôtels, compagnies aériennes domestiques, bénéfices de la drogue... - sont aux mains des militaires et des quelques familles qui leur sont liées. Selon l'organisation Transparency international, elle ferait partie des 5 pays les plus corrompus au monde.

Superbes pagodes dorées, lacs enchanteurs, sites archéologiques impressionnants... la Birmanie se présentait à mes yeux comme un endroit magique.

Mais derrière la beauté des pagodes et la magie de certains sites, derrière les sourires et la gentillesse des habitants se cache une grande pauvreté même si la mendicité est presque inexistante.

Le site de Bagan est grandiose, le lac Inle, le pays Shan, Kalaw, la campagne dans les régions de l'Ouest, les marchés... tout cela m'a enchantée mais je n'ai pas du tout aimé l'ambiance de Mandalay, malgré quelques visites et découvertes intéressantes. Cette ville est chaotique, sale et elle m'a laissé un sentiment de malaise tant elle suinte la drogue et une violence mâle latente.

La non-violence enseignée par le bouddhisme ne semble pas avoir trouvé d'écho en Birmanie. De jeunes moines ont formé l'avant-garde de la contestation contre le pouvoir militaire pendant la "révolution safran" de 2007 ou plus récemment ont été en première ligne des violences infligées aux membres de la minorité musulmane. Les poussées de violence ont particulièrement frappé la minorité des Rohingya qui ont été déplacés par dizaines de milliers ou ont fui les exactions vers le Bengladesh.

La route vers la démocratie sera sans aucun doute bien longue...