Carnet de voyage

Vers l'inconnu

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Dernière étape postée il y a 14 jours
Nous sommes de ceux qui tombent et quelquefois se blessent, qui doutent, s'exposent, ne craignent pas la vulnérabilité. C'est vers cet inconnu que nous emmènent nos roues cette année....
Mai 2024
150 jours
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"Tu sais l'effort qu'il t'en a coûté pour armer ton arc, pour adapter ta respiration, pour te concentrer sur ton objectif, pour clarifier ton intention, pour maintenir une posture élégante, pour respecter ta cible. Mais tu dois aussi comprendre que rien en ce monde ne reste longtemps auprès de nous : à un moment donné ta main devra s'ouvrir, et laisser ton intention suivre son destin." (Paulo Coelho - La voie de l'archer)

Ce voyage, nous l'avons en tête depuis des mois. Et nous l'avons préparé comme l'archer se concentre sur son objectif. Nous aimons aller là où nous porte le vent mais quand le but est de passer par l'Irak, l'Iran et l'Afghanistan pour rejoindre l'Inde et le Népal, il est impossible d'être dans l'improvisation totale. En tout cas, cela était le projet de départ. Sur deux ans. Entretemps, le projet a beaucoup évolué.

Car un voyage nomade à moto a pour compagne l’inconnue ; il convient de rester relax : il y a tant de paramètres qui interférent et imposent de s'adapter. Pour ce nouveau périple de boucles autour du monde, les surprises arrivent rapidement.

Une fois encore l’Univers bienveillant nous fait comprendre que les mésaventures sont une invitation à voir les choses sous un autre angle.

La Fontaine n’a-t-il pas dit : « À toute chose malheur est bon » ?

Nous sommes bien loin du malheur : force est de constater, qu’au niveau de la météo, le phénomène EL Nino semble vouloir particulièrement se jouer des saisons.

Nous avons 2 mois de retard sur la prévision du départ et finalement c’est une chance car nombre de nos copains partis plus tôt n’ont pu bénéficier d’un temps clément.

D’autre part, après quatre années difficiles à côtoyer le crabe qui s’était méchamment accroché en stade 4, les derniers traitements médicaux de Michel ont donné des résultats globalement très favorables ; les derniers soucis sont prometteurs de rémission. Si les aléas restent évidemment à gérer, il fait partie des miraculés de la science et des chanceux qui ont pu bénéficier de soins universitaires de pointe.

Les motos :

D’habitude l’administratif et préparation des motos représentent 10% pour l’impulsion du voyage, le reste se découvre à livre ouvert au fil des rencontres, des détours et expériences ; cette année l’élaboration est nettement plus conséquente.

Au vu du choix des pays qui nous enthousiasment, de l’état des infrastructures et des contraintes administratives, il a fallu se repositionner sur le choix de nos montures.

Sur base de quels critères faire nos choix ?

Pour traverser des pays hors Europe, le véhicule doit remplir des critères d’importation provisoire qui garantissent que celui-ci ressortira bien du territoire et sera pas vendu sur place sans payez de taxes (CDP, Carnet de Passage en Douane).

Certains pays ont des accords avec la FIA et exigent le dépôt d’une caution, parfois jusqu’à 250% de la valeur du véhicule, auprès d’un automobile club qui se portera garant de son rapatriement.

Le coût de la caution pour l’obtention de ce carnet de passage en douane est une contrainte que nous avons dû prendre en compte.

Il nous fallait des motos à faible valeur argus, bref un budget raisonnable.

Ensuite, mettre les divers atouts souhaités :

· Pas d’électronique

· Le poids

· Injection vu les hautes altitudes

· Moteur robuste, simple et fiable

· Châssis supportant les charges

L’achat d’anciennes KTM 600, AfricaTwin, BMW 800GS etc. demandaient toutes un budget plus conséquent.

Il nous fallait les deux mêmes motos pour faciliter l’emport pièces de rechange et d’outillage.

Finalement le choix de la BMW f 650 GS est rapidement apparu pour ses nombreuses qualités, un bon monocylindre qui a la réputation d’avoir de l’ardeur au travail, une excellente partie cycle, un outil passe-partout, pas trop grosse ni encombrante, une consommation d'environ 4L/100km, des pièces encore disponibles.

Avec aussi ses petites lacunes comme les vibrations, une boîte 5 vitesses, une hauteur de selle « Enduro » pour nos 1,75m.

Une moto qui a encore une âme est aussi important, les motards passionnés nous comprendront.

Pour Cécile nous trouvons f650GS de 2011 importée du Brésil avec près de 37.000km

Pour Michel, c'est une GS650Dakar de 2004 avec 27.000km

C’est un modèle que nous avons connu il y a longtemps, son excellente réputation de voyageuse fiable nous a convaincus.

Les surprises :

La 650GS de Cécile a été achetée chez une vague connaissance à la retraite depuis quelques années et se disant « grand voyageur ». Selon ses dires la moto était full équipée et prête au voyage pour un tour du monde, l’entretien et le suivi effectués chez un mécanicien indépendant BMW renommé, le contrôle technique réalisé et valable encore un petit moment.

Le gars semblait connaître sa moto. D’apparence, le moteur et la partie cycle étaient nickel.

Pour l’équipement effectivement, il y avait pléthore, de plus ce vendeur fournissait de nombreuses pièces de stock.

Difficile d'être assez vigilant : d’une part, on n’est pas dans le moteur et d’autre part, le bonimenteur ayant su y faire, Michel n’a pas démonté les caches pour voir dessous. En ce qui me concerne, je n'y ai même pas pensé une minute !

Démarche administrative auprès de l’assurance pour un transfert d’immatriculation et un nouveau rendez-vous est pris pour le CT. Les premiers problèmes pointent le bout du nez :

· Batterie en rade, nouvelle batterie

· Problème de démarrage, panne, rdvs CT reporté

· Changement d’un relais … toujours des soucis

· Finalement, un fil fondu juste derrière bouton de starter

Découvertes lors du check-up voyage chez RestartMoto, un capharnaüm électrique digne du plus mauvais bricoleur, des fils brûlés, dénudés, des connexions sur 3 brins de cuivre, des relais totalement oxydés, filtre et boite à air fondus par de l’acide, pompe à eau avec du jeu, uniquement de l’eau comme liquide de refroidissement, etc.

Heureusement, notre docteur en mécanique, Pascal Peree remédie avec patience aux divers soucis, Michel l’accompagne et ils se répartissent le travail sur les deux motos.

Le changement de tous les liquides et le contrôle total est effectué.

Pascal nous place nos pneus longue durée : cette année notre choix se porte sur les Heidenau K60, les Motoz Tractionator GPS sont devenus hors de prix.

Il restera à poser un échappement de 800GS (Merci Ludo pour les soudures d’adaptation), placer une nouvelle boîte à air d’occasion, un filtre à air KN, solutionner le problème persistant des clignotants, placer des phares longue portée, une fixation GPS, des supports valises, refaire une peinture plastifiée pour effacer toutes traces de l’ex-propriétaire.

Pour la F650GS Dakar 2004 de Michel, acquise sans aucune préparation spécifique :

Vérification et fiabilisation des principaux composants :

· Vidange fourche avant et graissage des roulements

· Vidange moteur /filtre à huile

· Plaquettes neuves

· Remplacement roulements Té de fourche

· Contrôle visserie et écrous nylstop, frein filet Loctit

· Chambres à air renforcées

· Contrôle des rayons

· Vérification des passages de câbles, fixations « Colsons » serre-câble

Les principales modifications :

· Augmentation de l’autonomie (Kit TT39 de 2001 avec sa selle Kahedo)

. Cette réserve d’essence permettra de servir de « nourrice » à la moto de Cécile dans les zones où les stations d’essence sont rares.

. Ce montage n’est pas le plus simple : il faut démonter toute la boucle arrière de la moto, insérer le réservoir de 17l avec ses branchements aux deux réservoirs additionnels qui se fixeront sur les flancs avant et d’une capacité de 11 litres chacun.

. Le bec de 2004, gêne et ne permet pas de tourner le guidon à fond ; Michel achète d’occasion un garde de boue et bec de GS DAKAR 2001

. Il faut aussi acheter en occasion la pipe de prise d’air 2001 plus fine que la 2004 sinon le réservoir additionnel droit ne peut se positionner correctement.

. La selle spécifique Kahedo me semble plus haute, l’on verra à l’usage...

Sur les deux motos : remplacement du double échappement par un simple côté gauche, opter pour un pot 800GS en occasion était la moins chère des solutions.

L’espace du 2ème échappement devenu libre côté droit permet d’y placer un tube à outils ( PVC 125mm avec 1 tampon et un bouchon à visser) et de le placer dans la structure découpée de l’ancien pot ce qui permet de garder les fixations d’origine.

Echappement 800GS, tube à outils, filtre à air KN, guide chaîne, protection/carter de chaîne en acier, jauge à T° d’huile, voltmètre, repose-pieds larges, tube de prise d’air modèle 2001, protection souple amortisseur avant, réhausse guidon, prises USB et Allume cigare, support Smartphone, support fixation pour GPS, branchement alimentation GPS, pare-brise haut Wunderlich, barkBuster acier et protège-mains, rétroviseurs articulés, élargisseur de béquille latérale.

Le cumul des soucis aux motos, s’ils nous font échapper quelques sacrés jurons (enfin surtout Michel :-D) , ont eu le bénéfice de mieux lui faire connaître nos motos. Pascal le docteur en mécanique de «RestartMoto» a pu l’accompagner dans une bonne remise à jour de ses connaissances. Cela a permis d’anticiper et de solutionner des problèmes techniques qui auraient pu nous mettre rapidement dans la panade en cours de route.

Nous ne pouvons que conseiller le déplacement chez lui pour toute révision avant voyage. Il y a une excellente chambre d’hôtes au village d’à côté.

https://www.facebook.com/AtelierRestartMoto/?paipv=0&eav=AfZ1Vymp6XEydhufnRcakmYlIHeLMjYQdqCJGPfKut0RE6z4pLSqOBjjuzE3FhLI6BE&_rdr)

Pour nos amis motards, mécaniciens ou tout simplement curieux, illustration dans la vidéo ci-dessous.

https://youtu.be/L0Dwy68XfYc?si=hbBFuZOCxuGhmKzs

Le monde : Une nouvelle période particulièrement trouble bouscule le monde et le cynisme du stratégo géopolitique veut redéfinir d’autres rapports de force. Comme par le passé les réminiscences de déstabilisations politiques nous reviennent au Kosovo/Serbie ou par une «Ukrainisation » de la Géorgie. Les tensions sont nombreuses : Iran/Pakistan, Israël/Iran, Afghanistan/Pakistan, Kyrgyzistan/Tadjikistan, Arménie/Azerbaïdjan, Nouvelle Calédonie, Ukraine/Russie, etc. Les attentats sèment troubles et douleurs peu importe la couleur de peau.

Cela implique des réflexions sur les pays et régions que nous traverserons.


Le sticker de ce voyage, que nous avons voulu multilingue. 

Les formalités : Pour une série de pays, il nous faut un carnet de passage en douane (sorte de passeport pour les véhicules hors UE). L'augmentation des tarifs dès avril 2024 est un souci à régler ! Sauf que les motos ne sont pas prêtes. Donc pas de contrôle technique pour la mienne donc pas de carte grise donc pas d'assurance. Un vrai casse-tête 😕 . Le Royal Automobile Club de Belgique se révèle d'une aide précieuse. A ce jour (fin avril 2024) , le Pakistan augmente drastiquement ses tarifs. Nous ne savons pas encore ce qui sera possible. Le RACB demande une caution impayable pour inscrire le Pakistan sur le CDP ! Zut ! On fait quoi ? Un peu de recherche et nous décidons de faire appel à l'ADAC en Allemagne seul organisme à maintenir des tarifs plus abordables. Dossier à refaire 😦 ! Nous avons obtenu le visa pour l'Iran ( à enlever à Erzurum en Turquie - le meilleur plan pour les Belges) mais ce pays est lui aussi une inconnue à l'heure où la géopolitique gère la vie des voyageurs. Quant à l'Afghanistan, nous prendrons le visa en Iran et il nous faudra des permis partout. La suite ? On verra ... Surtout pour moi : une femme qui pilote sa moto au pays des Talibans... Me mettre en mode "invisible"... J'y travaille depuis un bout de temps !

Les itinéraires : Il y a l'Iran : voir ce que nous n'avons pas vu en 2022, revoir les endroits et surtout les gens qui nous ont touchés, éviter le "trop chaud".... Il y a l'Irak et l'Afghanistan : aller un maximum à la rencontre de ces peuples hors de notre monde, hors de nos médias, aller au-delà de la peur inspirée par ces mêmes médias, découvrir des cultures millénaires. Dont nous n'avons rien appris à l'école.

Il se trouve que nous avons eu un contact avec des Tadjiks vivant en Belgique. Ils nous ont beaucoup parlé de leur pays, de sa culture et de son histoire. Nous avons investigué : du Tadjikistan nous ne connaissons que les montagnes pour avoir traversé le Pamir en 2018 sur le chemin de la Mongolie. Nos découvertes nous ont vraiment donné envie d'aller voir 'un peu plus près, autrement... Et puis le Tadjikistan partage une frontière avec l'Afghanistan. C'est décidé, nous ferons le "crochet".

Entretemps, nous apprenons la difficulté de retraverser la frontière vers l'Afghanistan. Les représentations afghanes au Tadjikistan ne sont pas officielles et suite aux éventuels blocages administratifs des douaniers afghans à l’égard de la gent féminine motarde, rejoindre le Pakistan s’avère très compliqué voire impossible. Nous décidons qu’après une redécouverte plus approfondie du superbe Tadjikistan, de retourner savourer du bonheur sur d’autres pistes au Kirghizistan. Les globetrotters se doivent d’être imaginatifs, nous ferons donc le tour de la Caspienne via l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Russie où nous irons visiter le Daghestan et la Tchétchénie. Ensuite il sera temps de traverser la Géorgie pour aller poser nos montures au Camping 3GS en Arménie. Un lieu idéal pour repartir en 2025 vers le Pakistan, l’Inde, le Népal. Du coup, il nous faut un visa pour la Russie. Dimitri (Travel service visa, 09 88 99 55 96 / 06 79 44 08 33) nous règle ça en un minimum de temps.




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Publié le 12 juin 2024

Voilà quelque temps que j'ai entamé la rédaction de ce voyage qui est décidément bien immobile. La semaine dernière, Michel a dû se faire opérer d'urgence d'une hernie discale d'autant plus insidieuse qu'il a commencé par l'ignorer ! L'opération s'est bien passée. Il est au repos jusque la fin du mois de juin. Ensuite revalidation molo molo. Bref, nous sommes loin d'être en route ! Je reprendrai donc ce carnet au plus tôt fin juillet/début août. Et nous adapterons ce voyage en fonction de l'état de Michel et de la saison qui avance.

En tout cas merci à tous pour vos chouettes commentaires sur l'introduction. Nous les gardons bien au chaud pour le moment du départ.

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Publié le 11 août 2024

6/8: nous nous mettons en route. Au bout du premier kilomètre soit le premier tournant, catastrophe ! Michel n'a pas frein avant ! On fait le tour du bloc, il évite un tout droit et on rentre.... C'est quoi ce binz? Il démonte : un boulon mal serré s'est fait la malle. Aller chercher de l'huile de freins et remplacer le boulon prend un peu de temps. Il trop tard pour se mettre en route...


7/8 : nous nous réveillons sous une pluie battante. Nous attendons donc que ça se calme. Et partons un peu avant midi. Direction Marthemont en Meurthe et Moselle chez Restart Moto pour quelques réglages et mises au point mécaniques.

Constat : la boîte clignotants que m'a vendu BMW n'est pas bonne. Erreur de référence ! Nous passons chez Maxxess Nancy pour deux filtres à huile (de rechange). Bardée de certitudes et malgré l'insistance de Michel, la vendeuse ne contrôle pas et ... se trompe de référence ! Il faudra retourner les échanger ! Les magasiniers ne sont plus ce qu'ils étaient : ils te vendent un filtre à huile comme ils te vendraient un burger ! Gratitude pour Pascal qui s'en rend compte ! Bref les gnomes farceurs ne nous lâchent pas 😒.

Les motos :

Une 650 n'est pas une 1200: : pas d'amortisseur de direction, pas de télélever, ni aucune des aides de la conduitte, vitesse de pointe et autonomie... euhhh.... Mais consommation : 4l/100 km. Bref nous profitons des petites routes belges, de quelques grands routes et des belles routes de France pour ré-apprivoiser les vieilles à l'ancienne.

L'expérience du jour :

Arrêt dans un Burger King pour un lunch rapide: nous n'allons jamais dans ce genre d'endroits et ne sommes pas au courant des nouveautés ! L'expérience informatique est détestable : la commande nous prend un temps bête et nous finissons par nous faire aider par un employé qui s'y reprend à 4 fois ! L'expérience gustative est encore plus détestable. Nous ne nous attendions pas à un 5 étoiles mais là ça dépasse nos pires craintes ! Bref , plus de fast food avant ... En fait, jamais !

Un bonheur du jour : nos retrouvailles avec Pascal


Le cheval de Troie à Marthemont. Un vrai chef-d'œuvre.
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Publié le 11 août 2024

Nous voilà partis vers l'Allemagne ! Les routes sont belles, la météo chaude mais agréable.... Jusqu'à ce que d'un coup, sans prévenir, mon moteur s'arrête. Comme si j'étais en panne de carburant ; sauf que ce n'est pas le cas! Nous sommes dans une banlieue de Strasbourg trèèès ... pittoresque (quelque part entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire), le long d'une avenue hyper-bruyante (circulation dense, klaxons, sirènes, moteurs et musiques en tous genres). Il est environ 15:00 et la chaleur est étouffante. ! Michel tente un diagnostic et plusieurs redémarrages : refus de la moto 🙄. Qui a pourtant été complètement révisée. Sans doute la pompe à essence (la seule pièce qui n'a pas été changée) ou une sonde de température. Difficile de démonter proprement dans ces conditions. Pas grave, je contacte l'assistance (Assudis). Après 20 bonnes minutes d'attente, j'ai quelqu'un en ligne. Vu le bruit, la communication n'est pas aisée. A moi de vérifier que la concession BMW de Strasbourg peut prendre ma moto ! Nouvelle attente. Verdict : niet ! Aucune place pour dépanner des voyageurs. Impossibilité d'accueillir la moto sur leur parking. Et c'est non négociable! Du jamais vu. Ils me renseignent un autre garage (non BMW) Idem. Bon, on va rapatrier la moto en Belgique. A mes frais. Je m'énerve un tout petit peu. Michel téléphone au courtier et tape sur la table. Assudis, qui n'a donc aucune banque de données, fait un appel d'offres pour trouver un transporteur et paiera un plateau à concurrence de ce montant-là. A moi de trouver le plateau ! Pffff. C'est à se moment, que, grâce au réseau, a solidarité motarde se manifeste : Benoît, que nous ne connaissions que via les réseaux sociaux vient me chercher avec tous les bagages entretemps déchargés de la moto, pour m'emmener à un hôtel, il offre le gîte à la moto de Michel et nous renseigne une concession de confiance en Allemagne à 40 km. Entretemps, le dépanneur arrive lui aussi. On charge la moto. Il est 20:30. Nous sommes épuisés physiquement et nerveusement. Demain est un autre jour...

10/8

Samedi matin, contact avec la concession en Allemagne. Ils sont bienvellants et acceptent la moto. Je téléphone ensuite à l'assurance pour accord transport vers l'Allemagne puis avec le transporteur pour éviter que cela ne traîne. Deux petits coups de fil: 10 minutes. Deux temps d'attente : 40 minutes ! Zenattitude de mise.

Très énergivore la zenattitude 🥱.


Promenade

Nous profitons de notre arrêt forcé pour faire un tour en ville. Strasbourg est une ville très conviviale : transports en commun très bien organisés, gentillesse de tous, joli, très propre. Toute en contrastes aussi : vitrines débordantes d'articles relativement luxueux et à tous les coins de rue, mendiants en cyclistes huber en attente d'une mission ; architecture et histoire anciennes côtoient immeubles modernes design. Toutes les couleurs de peau, styles vestimentaires, longueurs de cheveux, âges déambulent nonchalamment. Ici un carrousel coloré d'un autre temps, là une manifestation pour les Kanaks avec sa minute de silence. Une athlète solitaire tente de grimper jusqu'aux étoiles tandis qu'un canal coule mollement jusqu'à... la mer?

Jusqu'à la mer et jusqu'aux étoiles



Regards croisés



Et le soir

Nous partageons un repas, et un excellent moment de convivialité motarde avec notre ami Benoît Le Fresnes, notre bienfaiteur... Benoît est passionné de BMW anciennes, possède une caverne remplie de trésors et est voyageur. Bref, une soirée revigorante comme on les aime.

Les messages fe l'univers du jour

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Publié le 13 août 2024

Dimanche. Nous déambulons à nouveau dans les rues de Strasbourg. Cette fois dans le quartier "La petite France". Très encombré de touristes mais il vaut largement le détour. Les yeux grands ouverts. Pour attraper ces petits instants magiques qui nous interpellent le temps d'un sourire, d'un émerveillement ou d'une interrogation devant une jolie façade, un reflet ou la mémoire d'une autre histoire.... Contrastes et paradoxes non dénués d'humour un peu noir quelquefois sont au rendez-vous. Infiniment présents, infiniment promesses d'avenir, infiniment conteurs d'Histoire..

Le monsieur m'avait dit qu'il n'était pas habillé. Pour nous il était l'Alsace !
Graines d'histoire

Paradoxes


Un coin de rue, une opinion

Le questionnement du jour


Les messages du jour


Le challenge du jour


Boucanier en mode espiègle

Le trait d'humour


Le marchand de sable

Quand le soleil est fatigué d'avoir tant chauffé, brûlé, rayonné et s'en va de l'autre côté de la terre, la ville se tait dans son brouhaha....Nous restons là avec nos rêves d'aventures..


Et les Ukrainiens dans tout ça ?L'envers du décor

La prise en charge par l'assistance nous mène à l'hôtel Ibis Airport de Strasbourg. Les deux derniers étages de l'endroit sont réquisitionnés par la préfecture depuis 2022 pour l'accueil des réfugiés. Il n'y a que des Ukrainiens et nous voyons en effet l'une ou l'autre immatriculation UA sur le parking. J'en profite pour échanger un peu avec la réceptionniste, réfugiée Ukrainienne. Elle parle parfaitement le français et est contente d'avoir ce travail. Elle me décrit les conditions de vie de ces réfugiés, des femmes souvent accompagnées d'enfants, quelques jeunes hommes portants des handicaps de guerre et des personnes âgées : l'hôtel est grand mais les chambres petites, pas de cuisine donc pas de possibilité de se faire à manger. Voilà 2 ans que ces gens vivent dans ces conditions même si repas et cours de français sont offerts. Les jeunes s'adaptent plus facilement. Presque tous viennent de la région de Cardiff. Aucun n'est désireux d'un jour renter au pays: " Impossible de savoir si, quand ou comment cela finira. Il n'y a plus rien là-bas, tout est détruit et ceux qui sont restés sont soit morts soit traumatisés par l'expérience de la guerre." Mon interlocutrice mentionne sans s'attarder "les viols et les vols" . Je n'en saurai pas plus. Contrairement à un autre type d'immigration où la famille est restée au pays et où le lien existe toujours, l'ensemble des repères est réduit à néant, les traumas physiques et psychologiques restent prégnants. La plupart des employés de l'hôtel sont Ukrainiens. Dans cette transition, chacun se reconstruit une vie, de nouvelles références dans une double appropriation culturelle... sans véritable espoir ou désir de retour malgré une certaine nostalgie. La jeune femme avec qui je parle est pacsée (union reconnue en France mais pas en Ukraine) et enceinte. Son enfant sera français....

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Publié le 18 août 2024

Lundi 12/08. Benoît nous emmène à Achern à environ 38 km. En principe. En fait, un pont est fermé ! Pas annoncé : on se croirait en Belgique. Bref, un détour de 80 km !

Le pari du jour : nous réservons un hôtel proche de la concession jusqu'au jeudi 15/8 en espérant que la moto soit arrivée ET dépannée pour cette date.

Elle arrive le mardi. Mi-anglais, mi-français : mon vocabulaire technique n'est pas au point en anglais, le mécano a des soucis de vocabulaire technique en français et Google est nul. On se débrouille et ils vont faire au plus vite malgré un agenda surbooké. J'en profite pour voir pour une boîte clignotante (problème depuis des mois - merci au vendeur de la moto). Impossible ( il y en a une à Strasbourg mais délai de livraison chez Fallert dépuis .... Hambourg trop long ; impossible aussi de la commander ici pour la faire livrer à Munich BMW ne fonctionne pas comme ça). On verra plus tard.... Je ne comprendrai sans doute jamais rien au fonctionnement rigide grosses boîtes !

Mercredi 14/08 - 16:00 : coup de fil de Fallert : moto réparée. Cool. Je vais la chercher. A pied. Ma hanche arthrosée tient le coup. Pensée émue pour mon amie Catherine et l'ozonothérapie... Et pari gagné 😁

De retour à l'hôtel : nous chargeons pour partir demain. Et c'est là que je me rends compte que j'ai oublié le sac avec le matériel de camping à Strasbourg ! Comment cette chose s'est-elle produite ? Un coup des gnomes farceurs sans doute. Ils ont dû la cacher sous une cape d'invisibilité ! Orages en vue à Archen et bien actifs à Strasbourg ! Michel ira le chercher demain avant de partir. Il semble que j'ai pris un abonnement aux chevaliers servants. Merci Boucanier !

Il n'y a pas grand chose à faire ; la chaleur est écrasante ; nous nous reposons et promenons en sirotant des bières du coin. Sans alcool, chaleur oblige. Les gnomes ne sont pas que farceurs, ils sont aussi bienveillants : Archen est une petite ville bien mignonne.... Et les parfums de menthe et de marjolaine y sont omniprésents..


Elle roule 🤞🤞🤞. Lui faire confiance...
La concession Fallert
Le repos du guerrier 😃
Archen

Attente

Les heures coulent

Interminables

Parfois fulgurantes

Les souvenirs de voyages anciens s'egrènent

Comme l'espoir du voyage à venir

Et dans nos divagations

Le temps s'arrête

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Publié le 18 août 2024

Nous avons traversé la Forêt Noire et la Bavière. Au rythme peu soutenu de nos 650 et sous une chape de chaleur. Les paysages sont enchanteurs. Gammes de verts : le vert presque noir des pins élancés, le vert tout tendre des bocages, ici et là le vert vaguement rouge d'un hêtre solitaire. Quelquefois le vert un peu jaune d'herbes hautes le long de la route... Impression de rouler dans un paysage de carte postale où roulent des trains Marklin de notre enfance. Les enfants d'aujourd'hui jouent-ils encore avec des trains électriques et imaginent-ils des paysages ?

Nous nous arrêtons peu : il n'y a pas de bas cotés et comme je n'ai pas de clignotants, je n'aime pas trop. Il va falloir sortir de ma zone de confort pour changer cela.

Après une nuit à Ravensburg, nous arrivons à Munich. Revoir nos amis le temps d'une soirée est toujours un bonheur-cadeau. Je trouve aussi une boîte clignotante. Ravie! Elle saute dès que Michel la branche ! Un court-circuit quelque part ! Zut. Déception ! J'ai bien du mal à rester zen. Un petit vin blanc aide ...

Sur la route de Munich

L'anecdote du jour

Lors d'un plein, je file aux toilettes sans réaliser qu'il n'y a pas de bancontact à la pompe. Et qu'il est impossible de payer avant de faire le plein. Quand je reviens, Michel pense que je suis allée régler l'addition à la caisse. Et nous quittons la station sans nous poser de questions. Et sans payer ! Ce n'est qu'une heure et demie plus tard que nous nous en rendons compte ! On aurait peut-être pu profiter de l'aubaine mais non! C'est juste pas nous! Très embêtés, nous en parlons à la tenancière de la terrasse où nous nous sommes arrêtés : elle fait preuve d'une bienveillance hors normes : coup de fil à la police et à la pompe (en allemand que je suis loin de maîtriser). Elle trouve un arrangement qui convient à tous. Nous lui laissons le montant en liquide. Elle le postera. Solidarité et confiance. Problème réglé. Lueur d'espoir dans un monde part souvent à vau l'eau.


Affairesde motards

Il n'y a pas de modèle unique de motards. Certains roulent en trails, d'autres en roadster, d'autres encore en sportives. Nous partageons tous un certain état d'esprit qui rend l'échange évident la plupart du temps. Il en va de même pour le voyage.

Cette fois, nous restons papoter avec des voyageurs en vélomoteurs Puch ! Admiration...


Un motard de longue date tel que Michel se doit aussi des coups de foudre réguliers. Voici ses deux coups de cœur du jour :


La lenteur en vieilles motos, c'est aussi le temps de vérifier l'huile, la chaîne, la pression des pneus et autres détails que les 1200 et 1250 gèrent pour nous. Celles-ci nous parlent aussi mais autrement. La mienne s'appelle Allegria. Celle de Michel n'a pas encore de nom...

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Publié le 21 août 2024


Ici, la gardienne du lieu pend le temps de mettre une petite nappe à carreaux sur une table avant d'y déposer délicatement un café. Là, un hôte attentif se donne le temps d'allumer un bougie "pour l'ambiance".

Qu'est-ce que le temps ?

Le temps passe, se perd, se gagne, file, stagne...

Au début de ce voyage (Allemagne & Autriche), nous avons restreint les arrêts photos : les paysages sont connus et manquent d'exotisme. L'absence de clignotants était un prétexte. Je m'en rends compte maintenant. Il nous fallait avancer. Le voyage prend un autre tour. Nous avons été forcés de ralentir. Les 650 (monocylindres 4 temps -une valse tourbillonnante ?) suggèrent aussi un autre rythme. Vivre à contretemps en quelque sorte. Ces dernières années, il m'a semblé que le temps s'accélère. Ces derniers jours, il ralentit.

Je n'ai pas écrit chaque jour. J'ai pris le temps autrement. Peut-être même qu'il y a eu du temps perdu...

Voici donc ces derniers jours :

15/08 - 19/08

Traversée de l'Autriche et de la Slovénie. La température est clémente, la météo moins : ciel souvent plombé et trombes d'eau par moments. Le temps météo nous a convaincu de ralentir le temps chrono. Laisser passer l'orage... Nous avions choisi l'autoroute jusque Villach. Le week-end du 15 août, ce n'était pas une bonne idée : ralentissements à tout va. Changement pour les petites routes.


Autriche

Slovénie

En Slovénie, nous sommes arrivés détrempés. Le temps n'est pas au bivouac. Tant qu'à faire.... Nous sommes restés 2 nuits à l'hôtel Houston. En réfection ? Ou alors en impossibilité de réfection ? Impossible de savoir. En tout cas, il est superbe malgré les "mauvaises herbes" qui s'acharnent entre les pavés et la peinture qui s'écaille ça et là. Comme souvent, mieux vaut trouver sur Booking et téléphoner. On économise... Un peu. Et le contact est autre. Beaucoup plus sympa. Pas de resto. Nous prenons une seule moto (et je suis SDS) et allons manger au Moby Dick, à quelques kilomètres. Les pizzas y valent le détour. L'ambiance aussi. Nous assistons à une discussion "chaude" entre copains. Nous n'y comprenons rien mais c'est drôle. Nous rions. Tout le monde rit. De chaude, la discussion devient joyeuse.


Un Lieu : Hôtel Houston
Vérifications : tout va bien 😊
Discussion "chaude"
Le repos du guerrier
Slovénie

Nous nous dirigeons vers la Croatie. Les chemins de traverse. Objectif : Petrova Gora, un lieu que nous avons envie de comprendre et de photographier depuis longtemps. Les routes sont magnifiques et roulantes. À chaque tournant, une rivière et un village flanqué de son église. Blanche. Et du bois. Le bois est omniprésent : forêts, architecture, petites exploitations.

En fin de journée, nous trouvons une guesthouse. Logement chez l'habitant. Le soir, un petit resto "bikers friendly" (10 % de remise). Simple et délicieux. Nous entrons dans le voyage...

Slovénie
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Publié le 23 août 2024

"C'est quoi ou qui Spomenik ?" Non ! Ce n'est pas un juron du capitaine Haddock ! La minute culturelle 🙂

Quelle que soit la langue (serbo-croate, slovène), Spomenik signifie "monument" et fait référence à ceux construits entre 1950 et 1990, durant la Yougoslavie de Tito afin d'honorer la résistance du peuple Yougoslave contre les Alliés pendant la 2ème guerre mondiale.

Les Spomeniks sont des constructions mémorielles, témoins de souffrances passées, d'une époque révolue. Ils sont mythes, symboles, héritage. Il y en a certainement 14.000 et peut-être jusqu'à plus de 40.000 sur les territoires qui formaient l'ex-Yougoslavie. L'architecture est outil politique pour articuler une vision collective l'avenir commun d'une société diverse. Nombre de ces constructions possèdent de grands amphithéâtres qui servaient de salles de classe en plein air pour communiquer l'idéologie de la "Yougoslavie socialiste" (une société multiculturelle égalitaire et libérée de toute forme de nationalisme, d'appartenance religieuse et de luttes de classes) à toute une population.

Un brin d'histoire (succinct et forcément incomplet):

1989 : chute du mur de Berlin, fin du bloc de l'est et affaiblissement de l'URSS.

Années 1990 (10 ans après la mort de Tito): des conflits politico-ethniques ravagent la région et conduisent à la fin de la Yougoslavie.

Tito avait unifié la Yougoslavie sous une même nationalité tout en respectant les identités régionales : on était yougoslave avant d'être serbe, bosniaque, croate etc. Ce choix de double identité s'est révélé favoriser la réémergence des régionalismes. Depuis des décennies, il y avait une forte présence serbe au Kosovo, en Croatie et en Bosnie. Ceux-ci avaient la volonté d'une 'grande Serbie".

La Yougoslavie des Balkans était connue pour être une poudrière, en raison du nombre d'ethnies. Après l'effondrement de l'URSS, la Yougoslavie s'est retrouvée à cheval entre les intérêts des blocs de l'est et de l'ouest .

Le bloc occidental voulait implanter l'Otan dans les pays limitrophes de la Russie. Aujourd'hui un regard sur une carte géopolitique de la région suffit pour savoir qui avait des intérêts géostratégiques. A chacun de se faire son opinion.

Toujours est-il que c'est après la fin de la guerre des Balkans que les sites ont été détruits ou laissés à l'abandon. Ils sont les témoins silencieux d'un avenir avorté.

Dominant le paysage, le spomenik de Petrova Gora :

Paradoxalement, le Petrova Gora, inauguré en 1981, célébre la mémoire des Serbes en territoire croate en 1942. Le monument fait 37 mètres de haut sur 40 mètres de large et des milliers de mètres carrés. Sa forme architecturale ondulante est impressionnante, futuriste et ambitieuse.

A l'origine, le monument abritait un musée sur les luttes de libération des peuples de la région ainsi qu'un espace récréatif à l'extérieur.

Officiellement, l'accès est interdit mais il est facile d'y entrer par une brèche dans la façade décrépite en contournant les portes verrouillées. Sur place, nous n' apprenons rien sur le lieu. Nous y avons déambulé un long moment...

Tags colorés

Tantôt profantaions tantôt chefs-d'œuvre

Escaliers rouillés, délabrés

Herbes folles

Murs ondulants comme un gigantesque escargot de mer

Au sommet d'une montagne

Solitude

Décrépitude

Oubli...

Histoire avortée !


En chemin, ces sculptures... il y avait bien une explication... en serbo-croate 🤔 ...

Les animaux, je ne sais pas.

Le trône et la sculpture au-dessus sont, je crois, un hommage à Petar Krešimir IV Veliki (le Grand), roi de Croatie de 1058 jusqu'à sa mort en 1074. C'est sous son règne que la Croatie médiévale réalisa sa plus grande expansion territoriale.


Avant la pluie qui menace, et après, par inadvertance, un crochet en Bosnie (où Michel se procure une peau de mouton pour sa selle trop dure à son herniediscale), nous nous abritons dans un petit hôtel trouvé par Garmin. Très joli. Et, nous le découvrons plus tard, moins cher que le système Booking., superfétatoire à nos bons plans de routards...

Motos à l'abri de la pluie (Rustic Inn River à Prijeboj)

Comme à chacun de nos passages dans la région, émotion devant les maisons serbes bombardées, désertées, abandonnées. Indifférent, le temps passe et la nature reprend ses droits effaçant la petite histoire des hommes...

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Publié le 24 août 2024

Loin des rivages de l'Adriatique et à quelques 15 kilometres des magnifiques cpascades de Plivice (que nous avons vues en 2017), tout au bout de la Croatie, à la frontière bosniaque, se trouve la base aérienne abandonnée de Željava.

Nichée au cœur du massif montagneux de  Lička Plješivica et entourée de forêts denses et sauvages, protections naturelles, à un jet de pierres des pays membres de l'Otan, cette base fut construite à la fin des annee1950 - en pleine guerre froide- et conçue pour résister à une attaque nucléaire de 20 kg tonnes.. Les infrastructures étaient entièrement souterraines et elles comportaient 5 pistes d'atterrissage extérieures (dont seulement 2 pouvaient servir au décollage). Concu comme une ville souterraine, le lieu pouvait accueillir jusque 1.000 personnes et en assurer l'autonomie pendant 2 mois (eau, électricité, carburant, hôpital, casernements, munitions, etc.) Les 3 galeries souterraines (350 à 500 mètres de long, 8 mètres de haut et 20 mètres de large) étaient fermées par 4 portes en béton d'un mètre d'épaisseur pesant 100 tonnes chacune. La construction en a été commencée en 1958 et achevée en 1965.

Au début de la guerre de Yougoslavie, elle fut utilisée essentiellement par les forces Serbes de l'armée yougoslave mais en mai 1992, elle fut détruite par ces mêmes forces Serbes obligées de se retirer : les pistes furent rendues impraticables et 56 tonnes d'explosifs en brulèrent l'intérieur. Elle valait 6 milliards de dollars !

La base n'a jamais été remise en état de fonctionnement car toujours minée par endroits et encore très polluée suite au sabotage de 1992. Il arrive que l'armée croate s'en serve pour des exercices de détection des mines.

Paradoxe de l'histoire : la base est à cheval entre la Bosnie et la Croatie (accessible depuis la Croatie).



L'avion parqué non loin est un Douglas-DC3 Dakota famélique et complètement déglingué, juste habillé des milliers d'autocollants que les visiteurs du site ont apposés depuis des décennies. Nous nous sommes permis d'aller rouler sur les pistes...

Belle rencontre au bar éphémère : des motards de Valenciennes

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Publié le 26 août 2024

Aujourd'hui, nous sommes entrés en Bosnie. Notre premier passage de frontière. La CI suffit. 5 minutes à chaque poste.

Les églises disparaissent à la minute, remplacées par des mosquées ! Cagnard donc montagnes. Nous crapahutons jusqu'à 1280 mètres !

Premier constat : partout des limitations de vitesse : 30 km/h, 40 km/h, 60 km/h parfois 80 km/h sur quelques centaines de mètres. Tout le monde respecte ! Chacun s'arrête pour laisser passer l'autre. En ville, poids lourds et circulation dense. Nous suivons et nous contentons d'être attentifs aux radars 😉. Franchement nous ne roulons pas vite !

Quand enfin nous sortons de la zone urbaine de Bihać, la route se libère, les paysages deviennent un régal. Nous serpentons dans les bois, admirons de nombreux chalets d'alpage fraîchement construits. Bifurcation : nous suivons le bitume étroit et en pente plutôt raide (le vertige se rappelle à moii 🥶) quand .... surprise : plus de route, plus de chemin, juste ... Le cimetière local ! Demi-tour. Un peu plus loin, à nouveau fin du bitume et ... rien ! Demi-tour ! Une piste se présente (que Garmin identifie comme une route). Va pour la piste ! Pendant une vingtaine de kilomètres, nous ne croisons pas âme qui vive. Subitement, une route nous emmène à Travnik. Nous en reconnaissons la banlieue délabrée où nous étions passés lors d'un autre voyage en 2017. Pour le reste, la ville a bien changé : constructions modernes ou restaurées, nouveaux hôtels ... La ville est bien hétéroclite : un hôtel ultra-moderne côtoie un hlm décrépit d'une autre époque ! Un vieux fort est en pleine restauration.

Il est 20:30. La température flirte avec les 36°. Un petit garçon se régale de la moto de Michel pendant que je négocie un hébergement. Nous sommes assommés. La douche est un vrai bonheur ! Le verre offert un peu plus tard par des bikers locaux aussi !

View from my one-night window

Et le lendemain matin ...

Petit tour à la forteresse de Travnik que les gens d'ici appellent "Old town" mais il s'agit bel et bien d'une forteresse.

La construction fut entamée à la fin du XIVème siècle par des rois chrétiens bosniaques. Les murs que nous voyons aujourd'hui, très bien conservés, sont le résultat des travaux réalisés par les Ottomans.vers 1463. Ceux-ci occupèrentle lieu jusqu'en 1878. A ce moment là Bosnie passe sous domination Austro-Hongroise



L'une des tours abrite un petit musée ethnographique au premier étage et historique au second. Je me régale des photos anciennes en noir et blanc.


L'immanquable boutique. La dame se met à l'œuvre pour que je lui tire le portrait. Et me vendre un petit quelque chose que je n'achète pas. La dernière photo montre un exemple des tapis bosniaques faits main. Les motifs sont anciens

Nous échangeons avec deux jeunes Bosniaques. Le souvenir et les rancœurs de la guerre semblent bien vivants. D'après ce qu'ils me disent, le gouvernement est composé de politiciens serbes et bosniaques. L'entente est difficile. Ils disent que les Serbes ne veulent pas le bien du pays et que la corruption omniprésente. Je n'ai pas vérifié l'information mais le sentiment est bien réel....

Les Bosniaques attendent des Serbes qu'ils reconnaissent le génocide, notamment le massacre de Srebrenica : plus de 8 000 hommes âgés, femmes et enfants musulmans bosniaques dans la région de Srebrenica, en juillet 1995. Pour être totalement claire,  Srebrenica était sous protection de l'ONU depuis mai 1993. Le général français Bernard Janvier, chef des troupes onusiennes a refusé aux casques bleus hollandais les frappes qui auraient permis de défendre l'enclave bosniaque. A la suite de quoi, les troupes hollandaises "se sont barrées" illégalement, jugeant leur mission "Impossible". Elles avaient recueilli des milliers de réfugiés musulmans bosniaques. Ceux-ci ont été massacrés après leur départ Fin de la crédibilité de l'ONU. Quelle que soit la population dans le monde (voir aussi Rwanda et RDC autour des années 1980, plus récemment Ossétie du Sud, Arménie, Abkhazie).

l'ONU paraît ne plus jouer aucun rôle de protection des civils mais semble n'être qu'une agence d'information au service de ses états membres.

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Publié le 26 août 2024

Nous arrivons sous le cagnard à Sarajevo : peu de kilomètres donc nous sommes partis vers 11:30. Pas la meilleure idée 😰.

Nous ignorions que c'était le festival de la musique. Les logements sont surbookés. Nous débarquons dans un hôtel qui nous semble dater de la période communiste. Il reste pas mal d'hôtels de ce type un peu partout dans l'ancien bloc de l'est. C'est grand, froid, laid et basique. Les anciennes grandes salles de réception sont modulables et transformées en salles petit-déjeuner. Et il y a presque toujours un garage, ce qui est précieux en ville. Celui-ci propose une option bon marché sans air-co ! Hors de question. J'ai quelquefois parlé de ce genre d'endroit

Voici à quoi cela ressemble :

Dédale de couloirs immenses
Chambre moche
Salle à manger Pas vraiment intimiste

Quand la chaleur tombe un.peu, nous nous promenons dans les rues de la vieille ville.

Souvenir
Sarajevo

Au matin, nous nous mettons à la recherche de l'ancienne piste de bobsleigh, un peu plus loin dans la montagne.

A la sortie de Sarajevo, il nous faut emprunter une ruelle vertigineuse (80 % de pente, sans exagérer). A mi-chemin, une voiture manœuvre 🥶. Mais c'est quoi ces manières ? S'arrêter est obligatoire ! J'ai cru dans un premier temps que je n'allais jamais pouvoir tenir cette moto qui n'aspirait qu'à redescendre et dans un second temps que le redémarrage dans cette côte abrupte n'allait pas être possible. Finalement, ça s'est fait ! Michel a une fois de plus bien aidé. Il y a des moments où je déteste Garmin : Il y avait un itinéraire plus praticable !

Nous trouvons l'ancienne piste olympique de bobsleigh et luge. En service entre 1982 (pour les jeux olympiques de 1984) et 1992, date à laquelle cette piste fut utilisée par les forces serbes de Bosnie et très endommagée. Un souci : il faut marcher plus de 2 kilomètres aller et autant pour leretour pour la voir de près. En équipement et bottes moto ? Euhhh ... non!

L'endroit est riche, très riche. Et en devenir : nouveau bitume, hôtel et voitures de luxe, excursions nature en tous genres. Cette région de la Serbie est en pleine expansion.

En route pour le village de Mokra Gora.... Cela sera l'histoire suivante...

Tout nouvel hôtel !
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Publié le 28 août 2024

Après les vérifications sur les motos et un énorme petit-déjeuner accompagné de café turc, nous nous dirigeons vers Mokra Gora. Très jolie route peu fréquentée et dans les bois.

Ce village nous avait été renseigné comme valant un crochet. En réalité, il y a bien quelques maisons typiques mais le gros de l'attraction est un village ethnique construit de toutes pièces par le réalisateur Émir Kustirica pour le film. "La vie est un miracle". C'est bondé de touristes. Un peu avant le village, la petite gare d'où part un train, aujourd'hui uniquement touristique. La voie ferrée, Shargan Eight, construite dans les années 1920, reliait autrefois l'Europe à la mer Adriatique.

Ce qui nous frappe, c'est l'étroitesse de la voie. : 76 cm de large. Et la Volga aménagée pour rouler dessus !

Corruption et écocide officiellement dénoncés ?
Au loin le train, dessous : cars de touristes chinois & japonnais

Les repas serbes sont décidément copieux, impossibles à terminer !

Petit-déjeuner !!!!

Après une cinquantaine de kilomètres sur une route à camions et vitesse limitée très désagréable, nous faisons une pause rafraîchissante. Comme notre ami Vincent, de retour en Belgique, n'est pas loin, nous l'attendons. Et au final passons tout l'après-midi à papoter en buvant des jus de citron.


Il se fait tard. Chacun reprend sa direction. Vers un hébergement. Nous trouvons un refuge perdu dans les bois. Une heure de route pour environ 50 km, arrêts photos compris. Cette balade est un régal. Nous retrouvons la Serbie que nous aimons : petites maisons en bois, vieilles granges, abris de séchage pour le maïs et paysages fabuleux. Dans les zones urbaines, l'habitat est très différent : plus grand, moderne, rapproché. Comme si la jeunesse désirait s'éloigner de l'ancestral et avait une réussite matérielle à prouver...

Pause. L'endroit est si paisible que nous y passons deux nuits et profitons de la piscine en mode farniente...

Hotel Etno Domasinstvo Mitrovic
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Publié le 30 août 2024

La route aux monastères

Il y a beaucoup de monastères en Serbie. Ils sont tous nichés au cœur de forêts denses dans les montagnes. Les piroutes qui y mènent sont viroleuses à souhait. Et parfumées ! L'odeur des bords de route fraîchement fauchés, de la forêt et du bois brûlé. Ça et là, des fours en briques transforment le bois en charbon de bois à l'approche de l'hiver....


Nous arrivons au petit monastère de Pridvarica. Esseulé.. La porte est ouverte et de l'eau fraîche y attend le passant même s'il n'est pas pélerin. Adossées à la forêt, des popes morts depuis longtemps veillent encore.... A peine caché, du vin attend une célébration. Des dalles recèlent des messages à qui sait les regarder. Quelques icônes aux couleurs fanées racontent une histoire ancienne. L'instant s'immobilise...


Le temps s'arrête

L'histoire se cache

Dans des dessins

Gravés dans la pierre

Ou écrits sur des murs

Le temps repart

Les virages de la route

Font tourner la roue du temps

A l'envers

La route comme une machine à remonter le temps...



C'est ainsi que nous sommes arrivés au monastère orthodoxe de Studenica, un des plus anciens et le plus grand et le plus riche de Serbie. Construit à la fin du XIIème siècle par Stevan Nemanja, fondateur de l'état serbe médiéval. Il y a 800 ans, ce lieu fut non seulement le berceau de la spiritualité orthodoxe en Serbie mais aussi la première école et le premier hôpital de Serbie.

Les fresques qui ornent murs et plafonds des deux églises (celle de la vierge et celle du roi) sont magnifiques : de vrais musées de l'art byzantin des 13ème et 14ème siècles. Il est interdit de prendre des photos à l'intérieur. (J'en ai quand même négocié une). Le site est classé au patrimoine de l'UNESCO depuis 1986.

Impressionnante façade de marbre blanc

En fin de journée nous arrivons à Brzeće, minuscule village de montagne très pauvre, où il nous semble y avoir un peu de tourisme l'hiver. Un homme qui a visiblement entendu les motos arriver se tient au milieu de la route pour.... nous proposer une chambre dans son hôtel déglingué. Il est jovial et enthousiaste. It rit tout le temps de tout. Pourquoi pas ? Nous garons nos motos dans la prairie attenante.

L'endroit est spartiate et absolument surréaliste : jardin coquet, petite terrasse, salle à manger aux meubles désuets, lit breton (1,20 mètre de large) dans la chambre aux volets cassés, douche glacée, électricité à la Cloclo dans ce qui fait office de salle de bain ( le plafonnier ne fonctionne pas, remplacé par une vieille lampe de bureau) et .... Un jacuzzi (compris dans le prix!). Repas du pauvre servi avec générosité. Voyager c'est aussi partager tout cela. Nous passons une excellente soirée ! Qui débute au schnaps local en attendant que madame fasse le lit! Nous sommes à moitié saouls à l'apéro !

Anecdote :

Il se trouve que ce village est le village natal de Novak Djokovic qui y revient de temps en temps. Notre hôte est tout fier de nous montrer quelques clichés de Djokovic en train de ramasser les pommes de terre avec lui... "A Nice guy" !


Elles attendent...
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Publié le 2 septembre 2024

Propos sur les aléas du voyage

Voici que je n'ai plus de frein arrière ! Ce n'est pas vraiment grave. Je me contente du frein avant. Tant que ça ne glisse pas (trop). Coupelles du maître-cylindre. Nouvelle invitation à ralentir le voyage. Parenthèse de temps.

Nous voulions partir en avril, puis en mai, puis en juin. Nous sommes finalement partis le 10 août ! Les soucis mécaniques, administratifs et de santé se sont enchaînés. Nous avons douté : y avait-il un message à entendre ? Fallait-il annuler le voyage ? Nous avons toujours relativisé : nous allions profiter d'une meilleure météo que d'autres partis plus tôt et ayant été confrontés à de gros orages et éboulements de terrain. Nous verrions bien jusqu'où nous pourrions aller.... Nous nous sommes donc mis en route... Ce fut à nouveau le doute à Strasbourg.puis a Munich. Suivi de l'aide bienveillante de Benoît et ensuite de Jean qui nous ont remis le pied à l'étrier. Les belles routes de Croatie, Bosnie et Serbie, la gentillesse omniprésente dans les Balkans, les merveilleuses rencontres et découvertes ont effacé le doute. Malgré le dos de Michel qui lui fait souvent mal. Malgré aussi la pieuvre qui se rappelle de temps en temps à son souvenir. Et les soucis familiaux (suite au décès de sa maman) à régler à distance. Nous avons envisagé de faire demi-tour, d'aller chercher nos 1200 et de faire autre chose. Ou de rentrer autrement, de faire une croix sur l'Iran, l'Afghanistan et l'Irak. A chaque fois, il y a eu un petit signe qui nous sussurait :"Vas-y. Tout va bien..."

Après chaque doute, nous allons de l'avant.

C'est le challenge et la joie du voyage au long cours... Sans doute...

Ce soir, j'écris ces lignes de Sofia. Mes freins devraient être en ordre dans quelques jours.

Installés au Route 80, nous attendons notre amie DV, rencontrée il y a plusieurs années déjà. Nous nous fixons rendez-vous quand nous passons dans le coin. Ou quand elle est en transit à Charleroi, en route pour un concert rock ou métal dans une capitale européenne. Nos rendez-vous sont toujours honorés et joyeux. Les petits bonheurs du voyage...

A ce moment Prince chante "I know times are changing, it's time we all reach out for something new..." sur fond d'écrans géants : ici des images de Kiss (rigolo d'entendre Prince ou Eros Ramazzotti tout en voyant Kiss), là du foot, ailleurs Simple Minds ... pas de synchronisation entre le son et les images !



Un lieu gardien de mémoires
DV et sa fille il y a 15 ans environ
Retrouvailles
Le Route 80

Bon,... je suis désordonnée : j'ai commencé par la fin de la journée. Petit retour sur nos derniers moments en Serbie.

Nos jolis chemins de traverse nous ont emmenés dans la campagne : minuscules villages plutôt pauvres, petits champs surtout de maïs, une grande zone ravagée par des feu. Les bords de route sont parsemés de détritus en tout genre ; pas étonnant que le feu se déclare !

La météo avait annoncé de gros orages tout le long de la route jusque Sofia. Nous avons hésité mais comme le soleil pointait le bout de son nez à 07:00, nous nous avons pris la route. Nous avons réussi à louvoyer entre les nuages et les gouttes avec un petit coup de pouce des fées tout de même ! Il a fait sec et même très chaud (les fées sont farceuses) ! Pas un seul bouiboui. Juste une échoppe esseulée avec un petit banc et dans un jardin un peu plus loin un robinet. Nous nous sommes assis sur le petit banc avec une limonade et avons reçu l'eau du robinet pour remplir nos gourdes et mouiller nos buffs. Le temps d'un échange éphémère....

A quelques kilomètres de la frontière, nous nous arrêtons pour fixer la GoPro (euhhh interdit ? Nous allons le faire discrètement 😆). J'en profite pour faire quelques clichés du village qui se réveille. Un homme curieux des motos nous propose un café..


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Publié le 3 septembre 2024

Nous restons chez DV quelques jours : jusqu'à ce que mon souci de frein soit solutionné. C'est le week-end, un détail en voyage sauf quand le temps est partagé avec une amie qui n'est ni en vacances ni retraitée !

Nous arpentons les rues de Sofia en compagnie de notre merveilleuse guide. La ballade commence par la face de la ville inconnue du tourisme de masse en quête d'un restaurant : DV nous trouve l'endroit parfait : excellent repas, bonne bière bulgare, décoration du temps passé, affiches qui rappellent une autre vie. Alentour, des bouquineries proposent un regard sur la vie d'avant ici.

Nous nous dirigeons vers le vieux centre et les quartiers plus chics : maisons de l'aristocratie et des ambassades, la basilique Alexandre Nevski (la plus grande église de Sofia) et son immense place, la basilique Sainte-Sophie (la plus ancienne église orthodoxe de la ville), les ruines romaines et l'église de Serdica, la petite église cachée où DV a été baptisée (à l'âge de 12 ans),. Nous nous abritons tantôt de la chaleur tantôt de la pluie dans des parcs (South Parc et le parc du Palais national). Ici des statues, mémoires de l'histoire (qui, d'après DV, n'est plus au programme dans les écoles : ordre de l'Europe !), un peu plus loin une exposition d'une grande photographe bulgare (photos anciennes en noir et blanc).

Pendant la promenade, DV nous transmet une vision de l'histoire partagée par bon nombre de Bulgares. Cette histoire qui rend un peuple non pas nationaliste mais patriote et fier de réalisations qu'il refuse de vouer à l'oubli. Vision peu compatible avec l'idéal des etats unis d'Europe sans spécificités régionales. Le lissage voulu par le mastodonte de Bruxelles à force de normes ne prend pas ici non plus !

La basilique Alexandre Nevski
L'intérieur de la basilique Alexandre Nevki

L'église Sainte-Sophie (anciennement une basilique)

Elle date du VIème siècle et a donné son nom à la ville au XIVème siècle. Architecture austère et symétrique.

Juste à côté : la statue en bronze du lion, à la fois symbole de la pugnacité du peuple bulgare et hommage au soldat inconnu.


Statues

Les parcs de Sofia fourmillent de statues presque toutes en bronze.

Celle de Samuel Ier, un des plus grands souverains (tsars) Bulgares pour avoir défendu l'indépendance du pays lors de la guerre contre le puissant empire byzantin (qui s'étendait sur toute l'Asie mineure, les Balkans et une partie de l'Italie). C'était il y a plus 1.000 àn, en 968. Il régna de 976 à 1014 et fut surnommé "l'invincible" pour sa bravoure et ses qualités de stratège. Encore aujourd'hui les Bulgares lui vouent un vrai culte.

Juste en face : une sculpture qui montre ses guerriers et des souffrances de la guerre.

La statue du général Vladimir Vazov

Héros de la bataille de Doiran pendant la première guerre mondiale, il a vaincu les forces britanniques avec un seul régiment et très peu de perttes malgré la large disproportion des forces. Pertes pour les Alliés près de 70.000 hommes (anglais et grecs). Pertes bulgares : 494 tués et 1208 blessés.

En 1936, le général Vazov, fut officiellement invité à Londres par les vétérans de l'armée anglaise comme l'un de leurs plus valeureux ennemis.

Les infos disponibles en français et anglais sur Internet sont vraiment difficiles à repérer. De même, retrouver le nom du général Vazov à partir de la seule photo de la statue. L'histoire est vraiment écrite par les vainqueurs. Je ne résiste pas à vous partager la photo d'époque de l'hommage rendu par les Britanniques en 1936. D'après les Bulgares, cer épisode peu glorieux pour les anglais, n'est plus enseigné dans les écoles bulgares ("suite à des pressions") Enrichissant de rencontrer les peuples pour apprendre.... Le sens du voyage. Entre autres...

"Bring down the flags, here comes thé winner of Doiran"

Souvenir de la 2ème guerre mondiale : les bombardements arrivent, figeant la peur.

Et au gré de nos pas...


La rotonde Saint-Georges

Au cœur de la ville, cette église paléochrétienne à l'origine construite par les Romains au IVème siècle, est un des bâtiments les plus anciens de Bulgarie.

Églises encore...

La première est une église minuscule cachée dans un bloc de maisons. C'est là que DV a été baptisée. Elle tenait à me partager ce lieu symbolique pour elle. Les suivantes : j'ai tout oublié : le nom et le saint.

Les Bulgares ne sont pas forcément très pratiquants mais la plupart manifestent un grand respect du culte et des traditions. S'ils entrent dans un lieu de saint, ils se signent, se recueillent un instant et allument une bougie : au sol pour les morts, en hauteur à l'intention des vivants....

Je viendrai parfois dans ton sommeil –

Tel un visiteur lointain et inattendu.

Ne me laisse pas dehors, sur ton seuil –

Ne boucle pas les portes, veux-tu?


J’entrerai sans bruit. Je m’assiérai doucement,

Les yeux scrutant les ténèbres pour te voir.

Quand je t’aurai regardée à satiété –

Je te donnerai un baiser et m’en irai.

(Nikola Vaptsarov - Adieu à sa femme - L'âme poétique et prolétaire de la Bulgarie)




La Bulgarie d'antan à travers son théâtre photos: Tatiana Lolova

Le point de vue de DV

- " Tous les pays ont une mafia. Ici, c'est mafia qui possède la Bulgarie."

- "Avant (la chute du mur de Berlin), les gypsies étaient intégrés et travaillaient. Maintenant, ils reçoivent toutes sortes d'aide, so.t organisés en dynasties, sont riches, possèdent de grosses maisons. Et la violence est partout-"

- "Nous avons cru à la démocratie et à la liberté. Mais les frigos sont vides et la plupart ne possèdent pas leur logement. Et il n'y a pas de liberté."

-"L'Europe finance mais ne contrôle pas. Les routes sont en piteux état et le patrimoine n'est pas restauré. Tout est aux mains de quelques oligarques corrompus. En accord avec les pontes de l'Europe à qui une partie des subventions est rétrocédée."

- " il y a une volonté de spolier la Bulgarie de ses ressources au détriment de la population."

- "Ils changent l'histoire. Ils veulent faire disparaître la grandeur de la Bulgarie."

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Publié le 6 septembre 2024

Toujours en attente de nouvelles coupelles pour mon frein arrière, nous décidons de profiter du temps qui s'offre à nous pour explorer un.peu la Bulgarie. Aujourd'hui le monastère de Rila et le petit sanctuaire de Baba Vanga.

Nous sommes en voiture en compagnie de DV et cette fois de son ami Ilian, adorable et fin connaisseur en matière de restauration..

Après un peu d'autoroute, nous empruntons de belles routes de montagne. Avec par-ci, par-là des nains de jardin, des vendeurs de céramique ou de fruits...

Le monastère de Rila

C'est un des sites les plus visités et honorés par les Bulgares et haut lieu de l'identité et de la spiritualité en Bulgarie.

Son histoire est longue et mouvementée : il fut fondé, à quelques kilomètres de son emplacement actuel, au Xème siècle (930) par Ivan de Rila (cannonisé par l'église orthodoxe, le plus respecté des saints bulgares). Le monastère actuel fut construit en 1335.

Superficie : 8.800 m2

Superficie de la cour intérieure : 3.200 m2

2 portes d'entrée

Plus de 300 cellules

4 cloitres

4 parties orientées suivant les 4 points cardinaux construites entre 1817 et 1819 puis ravagées par le feu et reconstruites vers la moitié du 19ème siècle.

Vers les années 1860, les églises protestante et catholique ont tenté de convertir la Bulgarie à grand renfort de livres et écoles dans les villes. Ce sont les moines de Rila qui ont calmé les esprits dubitatifs et préservé la foi bulgare. Ce monument est encore aujourd'hui le symbole de la prise de conscience d'une identité culturelle et artistique après des siècles d'occupation ottomane.

Le monastère est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

Costume des gardes du monastère

Son sous-sol abrite un très joli musée sur la vie des moines. Nous avons été impressionnés par la taille des ustensiles de cuisine : les moines cuisinaient pour la confrérie et les villages alentours.

Pain traditionnel à l'occasion de fêtes
Pain traditionnel à l'occasion de fêtes
Marmite géante
Cuillères pour la marmite géante
Fabrication de produits laitiers

Baba Vanga

Connaissez-vous Baba Vanga, la Nostradamus des Balkans ?

Bulgare d'origine macédonienne, elle née en 1911 et décédée en 1996.

Frappée par la foudre lors d'une tempête, elle perdit la vue ce qui lui donna le don de de médiumnité et de guérison. Elle avait 12 ans.

Quelles que soient les sensibilités de chacun, les guérisons accomplies par Baba Vanga sont pour la plupart avérées. Idem en ce qui concerne bon nombre de ses prédictions. Pendant plus de 55 ans plusieurs centaines de milliers de personnes, y compris de hauts dirigeants, venues du monde entier ont franchi le seuil de sa maison.

Malgré l'athéisme officiel, sa célébrité s'étendait dans tous les pays de l'ancien bloc de l'est, notamment l'ex-URSS et Baba Vanga n'a jamais été condamnée à la clandestinité.

Toujours est-il que, ayant entendu parler de cette mystique, j'avais très envie de voir son lieu, réputé en Bulgarie pour sa puissance énergétique. J'ai été subjuguée comme rarement. Nous nous sommes recueillis dans le petit sanctuaire dédié et avons bu l'eau qui guérit avant de nous promener dans le jardin. La minuscule maison (2 pièces) était fermée. Baba Vanga me touche au cœur : vie de pauvreté, de renoncement et de don. On raconte ici qu'elle ne dormait que quelques minutes par nuit, ses rêves l'emmenant dans des temps et des lieux lointains nuit après nuit.

Michel reste perplexe !




Moi aussi je passe

Le seuil de ta porte

Je goûte à l'eau de la fontaine

Des larmes empliissent mon regard

Mon cœur déborde

Tu es la guérisseuse aveugle

Connue et inconnue

Au-delà du temps


A l'entrée du site quelques vendeurs de produits locaux. On ne parle pas de "bio", juste de "naturel", ce qui est la norme ! Nous avons droit à une dégustation : un régal ...


Les sources d'eau chaude

Les bains de Rupite sont une petite perle gardée secrète par les Bulgares. L'eau qui sort de la terre atteint une température de 74° et est réputée pour ses propriétés guérisseuses. Fument partout une multitude de petits bains et canaux (aménagés avec de vieux tissus) les alimentent). . Certains sont très chauds, d'autres très agréables (37°). Important de "tester" la température de l'eau avant de s'y engager franchement sous peine de brûlure ! Les couleurs sont magnifiques : rouge, rouille, marron, bleu, vert...

Nous y plongeons les pieds et les mollets, nous enduisons d'argile et nous prélassons un moment. Une grenouille croasse. Le soleil se couche doucement. Les couleurs s'enflamment...


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Publié le 7 septembre 2024

A quelques 150 kilomètres de Sofia, 2ème ville de Bulgarie, Plovdiv est une ville chargée d'histoire. Sa devise est " ancienne et éternelle".

On y trouve des traces de la période néolithique (époques de pierres, cuivre et bronze - il y a envron 8.000 ans), occupation par les Thraces (avant le début du IVème siècle avant JC), puis par les Romains et les Byzantins

C'est la plus ancienne ville d'Europe encore habitée : nous déambulons toute une journée entre ruines antiques, façades anciennes, terrasses, rues escarpées ou animées, repères d'artistes etc.


La vieille ville

Il faut grimper pour y arriver ; les rues sont pavées ! Aie l'arthrose et la sciatique ! Mais cela vaut la peine : ruines antiques, maisons traditionnelles à colombages (certaines ont plusieurs centaines d'années) plus ou moins bien entretenues, ateliers d'artistes et vues sur la ville..

Ancienne réserve d'eau- époque romaine

Le théâtre antique

Il date des années 200 et, bien conservé, il accueille des événements culturels toute l'année. Il est fermé quand nous y arrivons ! Et nous avons raté "Roméo et Juliette" ....

Le stade romain : projections de films en 3D

Street art

Pour moi qui adore le Street Art, les rues de la Plovdiv moderne sont un régal ; tout sert de support : les murs, la roche, les volets, les boîtes électriques. Les couleurs explosent à chaque coin de rue...

Ambiance

Plovdiv est pleine de vie : bars, petits restaurants magnifiques façades, vitrines insolites. Tout y est à taille humaine.

Anecdote : Michel est dans une boutique. Avec notre argent bulgare. J'attends dehors. Une mendiante rom m'aborde : elle n'a pas de quoi manger. Je lui offre des raisins ... qu'elle dédaigne. Elle passe son chemin une insulte que je ne comprends pas au bord des lèvres. Plus tard, un gamin, rom aussi, mendie lui aussi. C'est quoi ça ? Tous les roms mendient ou c'est moi ? Comme tu nous déclinons, il trempe ses doigts crasseux dans notre verre ! Non mais .... niquer nos verres !!! Un Bulgare assis à la table à côté le chasse. Décidément, tous les mendiants se ressemblent ! Comme la plupart des Bulgares avec qui nous avons abordé le sujet, je me mets à détester les roms !

Tableau en céramique
Tableau en céramique encore
Restaurant
Quelques façades magnifiques

Et le soir la ville s'illumine...

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Publié le 11 septembre 2024

Encore un peu de monastères

Entre rochers, sources, monastères, arbres centenaires, rien de ce qui a été vécu ici ne s'oublie. Ni dans le cœur des pierres, ni dans la mémoire de l'eau, ni dans les cernes des arbres, ni dans l'âme des hommes. Il est des lieux qui abritent des fées et des gnomes. La Bulgarie est habitée d'anges et de légendes angéliques. Rien ne s'oublie....

Batchkovo est un de ces lieux, monastère géorgien en terre byzantine. Son église principale accueille une icône miraculeuse qui se serait envolée d'un monastère géorgien où elle n'aurait pas été respectée. Lorsqu'elle se posa, non loin du monastère, un feu jaillit qui brûla pendant trois nuits. Des bergers, surpris,. avertirent les moines. Ravis, ceux-ci la transportèrent en grande pompe dans l'église. Nuit après nuit, l'icône disparut pour être retrouvée le jour suivant là où elle avait atterri. Un jour, un moine fit un rêve : Sainte Marie resterait dans l'église si une place de choix lui était faite à l'entrée : elle voulait voir le cœur de tout qui y entre. Il faudrait aussi l'amener chaque année, au second jour de Pâques, là où elle fut trouvée. Ainsi fut fait. Et depuis, l'icône habite l'église. A l'endroit où elle posa le pied pour la première fois, jaillit une source miraculeuse et brûle une veilleuse qui ne s'éteint jamais. Le berger qui l'a découvrit s'appelait Angel.

Il existe une version plus terre à terre peut-être même plusieurs mais celle qui précède est ma préférée ... C'est donc la vraie.... La version prosaïque raconte que l'icône fut apportée de Géorgie par deux voyageurs en 1311 et placée dans l'église. Elle fut sauvée par un moine qui, lors d'un incendie au XVème siècle, la cacha dans les montagnes environnantes. Bien plus tard, alors que tous la croyaient perdue dans l'incendie, elle fut redécouverte par un berger : les rayons du soleil se reflétaient dans son habillage d'or et d'argent.

Les fresques qui ornent murs et plafonds des 4 églises sont somptueuses. Les plus anciennes, moins bien conservées sont d'une grande finesse.


Vu la file pour aller voir l'icône miraculeuse, nous avons passé ! Deux fois plus de monde à l'intérieur qu'à l'extérieur ! Notre foi n'est pas assez profonde...

La vieille dame en bleu

Cabossée par l'Histoire autant que par son histoire, elle apparut soudain, occupant tout l'espace. Armée de sa canne et de son cabas, elle trottait, alerte malgré les ans. Elle avait tant à faire : un petit cierge par-ci pour les morts, un autre par-là pour les vivants. Une petite prière à gauche, une autre à droite. Écouter les voeux du pope (enregistrés et diffusés, dans une chapelle, sur un écran géant - les vœux euhhh le pope aussi). Se signer encore et encore. Vénérer l'icône. Et comme tout cela donne soif, un petit arrêt à la fontaine : l'eau y est fraîche en plus de faire des miracles.

Ce n'est pas qu'elle y croit : aussi ancienne que les pierres, elle sait !

Ainsi passe le dimanche de la petite dame en bleu....A trottiner sur les pavés inégaux de "son" monastère. Elle veille....Elle est l'icône. Qui vénère sans être vénérée, qui voit sans etre vue. Et disparait au soleil couchant.. Cette histoire est vraie puisque mon imagination la raconte !

Cachée dans le tronc d'un arbre centenaire

Après la visite de Batchovo, nous nous trouvons un hébergement où tuer agréablement le temps puisqu'il nous faut attendre. Perdue dans la campagne d'Assenovgrad nous tombons sur une petite perle : bungalow spartiate, nourriture basique familiale (genre croque-monsieur au petit-déjeuner et grillade à tout autre moment) mais accueil très chaleureux, prix défiant toute concurrence et piscine. Il est géré par une famille bulgare ayant travaillé à Anvers. Suite à des soucis de santé, ils sont revenus au pays investissant leur capital dans cette affaire de famille. Tous parlent flamand..La santé s'est beaucoup améliorée. Nous restons trois nuits avant de retourner à Sofia pour mon frein !

Trakiiski Staan - Asenovgrad

Comme le voyage est immobile, nous avons traîné nos roues sur les petites routes bulgares. Il y en eut de jolies, des abruptes, des glissantes bien que sèches, des pourries. Nous avons traversé des forêts ombragées et des banlieues roms encombrées de charrettes tirées par des chevaux, de déchets, de milliers de pneus (qui sont brûlés dans les cimenteries Knauf)..il.y en a donc eu des puantes et des délicatement parfumées.

Nous avons vu la forteresse de Asen. Chouette ! Voilà qui allait nous changer des monastères ! Et bien non ! Les Bulgares ont un véritable don pour transformer n'importe quel tas de pierres en église ! Et celle-là ne vaut pas vraiment le crochet (enfin sauf peut-être lors d'un voyage immobile ou à reculons) ... La belle vue est consolatrice.

La forteresse de Asen

Michel est au régime zéro alcool. Moi,.juste un verre de vin ! La serveuse était tellement contente de me le servir dans un verre ramené de Belgique ! Rempli à ras bord ! Le miracle accompli par un ange farceur ? C'est le lendemain que nous avons été tous les deux malades ! Le repas sans doute...

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Publié le 14 septembre 2024

Lundi : nous sommes de retour à Sofia.

Ce f***g maître-cylindre devrait y être. Et bien non ! Vendredi était férié ; ce sera pour demain ! Déception ! La faute à pas de chance !

Nous commençons à sérieusement en avoir marre. Le nouveau plan (sommes-nous à la lettre Z?) : trouver un hébergement et partir tôt demain ! Encore une fois, non! Le lendemain, nous allons à la concession sous une pluie battante ! Incroyable comme le bitume bulgare se transforme en verglas à la moindre goutte d'eau ! Les voitures ne dépassent pas le 50 km/heure. Nous non plus ! Même à pied ça glisse ! Maître-cylindre réparé avec tous les encouragements du garage : "Notre asphalte n'est pas bon, très glissant... A votre place, je n'irais pas rouler... En montagne ? Non, non. Attendez... Dans deux jours ça ira mieux ! "

Discussion au sommet entre Michel et moi. Et aussi entre moi et moi : De nous deux le casse-cou c'est lui ; la raisonnable c'est moi. En plus une journée voire deux sous la pluie, ce n'est pas fun! Tout cela mérite discussion....

Nous sommes retournés à l'hôtel. Où nous n'avons strictement rien fait. Un peu de lecture, un peu d'informations sur ce qui se passe dans le monde (franchementTrump /Harris : sans intérêt en ce moment), un peu de réseaux sociaux, manger, écrire, grignoter entre les repas (que par ailleurs nous avons tendance à oublier à moto) et écouter la pluie... Être experts dans l'art de ne rien faire s'avère longuet et lassant...

Une décision douloureuse

La question qui se pose à ce stade est : " Est-ce qu'on continue ?"

Depuis notre projet de partir début avril, il y a eu une multitude d'impondérables à assumer.

Nous sommes finalement partis le 7 août,. Nous avons été bloqués à Strasbourg (presqu'une semaine) maintenant à Sofia depuis 2 semaines), ici ou là des orages pendant toute une journée (Bosnie entre autres). Impossible de rouler quotidiennement autant avec nos vieilles 650 qu'avec les 1200 /1250. Sans compter les soucis de santé et de famille... Résultat : le créneau climatique pour l'Afghanistan et le Pakistan est fichu ! Le rythme du voyage est perdu !

Il y a aussi tous ces signes qui depuis des mois sussurent "non"

C'est un renoncement et tout renoncement est un deuil douloureux ; les mots pour l'exprimer s'enfuient. Les événements font l'histoire. Nous entamons la route du retour. Par les chemins de traverse. Sans nous trahir. En profitant au mieux de ce qui sera offert. En nous disant qu'une autre évidence se présentera aux routards que nous sommes pour ces pays qui malgré tout continuent d'habiter notre imaginaire et nos rêves....

Au passage, un gros clin d'œil à nos amis Marianne et André actuellement au Pakistan et dont les images et récits alimentent nos rêves et adoucissent notre deuil...

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Publié le 19 septembre 2024

Nous avons quitté la Bulgarie et ses quelques pépites. Il y en avait d'autres qui nous intéressaient. Mais nous apprenons que des pluies torrentielles inondent l'Autriche et les Balkans. Nous décidons d'aller vers la Macédoine du Nord. D'autres chemins que ceux parcourus en 2017. Et puis changer de pays nous donne l'impression d'avancer...


Dernières images de Bulgarie

Propos sur le nomadisme

Bien sûr nous avons une famille, une maison, un village, des amis, un chien ou un chat. Nous sommes profondément attachés à ces ancrages. Quand vient l'hiver et que racourcissent les jours, nous aimons jeter l'ancre.... Et préparer un nouveau départ !

Puis revient le printemps, inlassablement. Et dans ce retour s'inscrit, pour nous, un vrai besoin de mouvement : celui qui repousse l'espace, laisse.là tout ce qui n'est pas absolument essentiel. Et nous repartons année après année...

Atteindre le puits pour la fraîcheur de son eau, y goûter, parfois s'en gaver dans une infinie présence à l'instant. Puis repartir avec l'absolue certitude d'un autre puits à trouver, d'une autre rencontre à vivre, d'une autre surprise, d'un autre challenge.


Macédoine du Nord

Frontière sans soucis : "Come back to Bulgaria." Suivi de :"Welcome to Macedonia."

Petite enclave entre la Grèce et la Bulgarie. La langue n'y est pas vraiment la même, l'alphabet non plus - je crois, car ici nous sommes analphabètes, hormis l'un ou l'autre signe familier, souvenir de mes lointaines études du grec ancien. La nourriture y est légèrement différente. La gentillesse et l'humanité y sont pareilles..Le paysage change : plus aride. Parsemé d'arbres, des peupliers surtout qui s'étirent vers le ciel. Ça et là un village plus ou moins déserté, des maisons en ruines - certaines habitées. Des enfants jouent, des vieux vaquent. Les jeunes s'enfuient vers la ville : il n'y a pas beaucoup de travail ici. Nous avons roulé toute la journée sans trouver un seul bouiboui où nous poser. C'est un arbre qui nous a offert son ombre.

J'ai toujours eu bien du mal à comprendre les rivalités créées de toutes pièces par des politiciens quand les peuples n'aspirent qu'à la paix, la vie, la joie : pourquoi la Macédoine du Nord a-t-elle dû adapter son nom ?

Le soir, dans ce merveilleux nulle part, nous avons trouvé une petite chambre dans une espèce de ranch : piscine, étangs décorés d'animaux empaillés, musique moderne, un repas, des mots échangés. C'était bon !

Sauf que... Le lendemain matin nous étions fin prêts à l'aube pour partir avant la pluie et personne n'était encore levé pour le petit-déjeuner ! Nous avons patienté et avons levé le camp ... sous la pluie !

Magnifiques routes.

Le GPS de Michel fait grève ! Il est complètement perdu ! Il a tout tenté : rien n'y fait. Le GPS nage et Michel est désormais localisé quelque part au milieu du Pacifique !

Quant à moi : fuite d'huile ! Je dirais même "grosse fuite d'huile" ! Voilà qui tombe très mal dans la course contre le cyclone Boris...

Arrêt impératif : nous repérons un hôtel à 10 bornes avec parking plat.

Langue des signes. Très efficace 😀

Côté pratique : 1. trouver un lit, du dégraissant et une bière : c'est mon job 2. Installer l'atelier de fortune, identifier la panne, trouver une solution : c'est le job de Michel ! Des enduristes de passage nous donnent un coup de main.

Il fait humide. La "pâte réparatrice" ne sèche pas ! Nous verrons demain matin.

Atelier de fortune
Atelier de fortune (étagère 2)
Ça gicle 😭
Intendance de fortune
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Publié le 20 septembre 2024

Fins prêts pour nous diriger vers le nord de la Grèce. Nous vérifions la réparation de la veille : la soudure â froid Epoxy a durci. Génial ! Nous nous mettons en route, ravis. Je roule deux kilomètres quand le GPS nous amène vers une route barrée ! Pas.de souci : la maréchaussée est là. Je leur demande par où passer. J'ai un ange gardien très efficace : à peine garée, la police attire mon attention sur l'énorme flaque d'huile qui s'agrandit de seconde en seconde sous la moto. J'ai très envie de pleurer mais il est plus malin de voir s'ils connaissent un mécano pas trop loin. Deux coups de fil et nous les suivons dans un nuage de fumée bleue ! Et une odeur pestilencielle !

C'est ainsi que nous arrivons chez Petar, enduriste de haut niveau et réparateur motos et tondeuses. Son ami Igor, motard et vendeur de pièces et accessoires moto, est là aussi.

Petar se penche sur le problème, discute un peu avec Michel (il semble que la communication soit simple en langage moto ""shunt - pipe - plumber" : ils se comprennent! ) et sourit : "Pas grave!" Ah bon ???? Je suis perplexe. En moins d'une demi-heure, il déconnecte le radiateur (ajouté par le vendeur de la moto et inadapté donc placé avec un tuyau d'aluminium écrasé pour forcer la fixation du radiateur. Une ineptie de plus !) Il effectue le shunt avec le tuyau flexible du réservoir de sa chasse de WC, qui s'adapte justement parfaitement ! Pendant ce temps je vais chez son pote et me procure un.litre d'huile et deux bombes de dégraissant ! Petar nettoie, fait l'appoint d'huile et vérifie qu'il n'y a plus de fuite ! Tout baigne... euhhh non, plus rien ne baigne justement 🤣 !

La réparation la plus rapide ! Petar refuse de se faire payer ! "Il est comme ça. Ne lui fais pas de la peine", me précise Igor ! La générosité, la disponibilité, la gentillesse continuent de me bluffer. S'impose le mot anglais dont je n'ai pas encore trouvé l'équivalent en français : "Pass it on". Ce que tu reçois de l'un, rends-le à un autre. C'est cela qui crée un monde un peu meilleur, un peu plus juste...

Là-dessus, nous échangeons un moment autour d'un café. Décidément, ce voyage est à mille lieues de notre projet de départ mais d'une richesse humaine incroyable...

Sv. Nektarij Bitolski 162, Bitola - Macédoine du Nord
C'est aussi un petit hôtel : Marjan Bozhinovki 80, Bitola 7000 - Macédoine du N.

Moi : Merci ! Vous êtes tous tellement gentils

Igor : Dieu est partout. Tu le vois. Il se montre à toi. C'est ça l'humanité. C'est pas les églises ...

Moi : Dieu n'est n'est pas dans le cœur de certains...

Igor : Bien sûr que si. C'est juste que Dieu t'envoie quelquefois des épreuves. Juste pour te montrer qu'il est là...

Moi : Euhhhh

Igor : Tu vois bien : sans cette panne, nous ne nous serions pas rencontrés aujourd'hui. Et la rencontre est belle... Tu ne trouves pas ?

Moi: ...

Moi :