Carnet de voyage

L'appel de l'est. Encore...

37 étapes
52 commentaires
Nous sommes sous le charme de l'Est à chaque voyage. Sans doute l'avons-nous aimé à l'instant même où nous l'avons découvert. Quand et où était cet instant ? Je ne sais plus. Encore l'Est alors...
Du 10 juillet au 20 août 2023
6 semaines
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On ne se rend compte de l'insondable profondeur et de l'infini du ciel qu'en mer, ou alors dans la steppe, la nuit, au clair de lune. Il est terrible, sublime et affectueux, il a un air de langueur et d'invite, sa tendresse donne le vertige.(Anton Tchekhov, Nouvelles)

Comme une envie de plagier Tchekov : on ne se rend compte de l'insondable profondeur et de l'infini du ciel et aussi de notre âme que dans la steppe, ou au bord d'un lac comme le lac Son Kul (Kirghizistan) ou le lac de Plav (Montenegro). Il est terrible, sublime et affectueux. Et bien qu'il donne le vertige, il m'invite ...

L'hiver a été long cette fois : la publication et la diffusion de mon livre m'ont clouée devant un écran. La maladie de Michel a eu elle aussi ses dures contraintes. Il y a les motos et le long voyage de l'année prochaine à préparer. Nous avons même hésité à partir ... Sauf que ... rester à la maison est tout juste impossible. Alors nous partirons vers cet Est que nous aimons tant et que nous n'avons qu'effleuré du bout des roues. Du bout du cœur aussi...

Nous ne sommes pas vraiment prêts. les motos le seront : nous repartons avec les Motoz (merci à Mecastore - https://www.mecastore.fr/ - de nous les avoir fourni si rapidement), une selle confort (merci à la sellerie Briant (https://sellerie-briant.com/) et les plaques de protection des cylindres (merci https://temersit.fr/) sont en cours de placement. Le reste devrait aller. Un petit peu plus de Lonerider: cette année le sac réservoir : Michel n'en pouvait plus que je béquille à chaque passage de frontière pour sortir mes papiers ! Merci Michel <3

Les road books ? Pas faits ! Mais nous avons les cartes (papier et OSM pour le GPS) ! Nous avons aussi beaucoup d'infos dans la tête. Cette année plus que les autres, nous confions notre voyage au vent: celui des rencontres d'abord, celui du cœur. Le vent de l'hospitalité, le vent de l'improvisation, le vent de la chance...

Merci à tous ceux qui vont suivre le vent à nos côtés ...

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Comme à chaque départ, impossible de partir tôt ! Non que nous soyons incapables de nous réveiller : il se passe des tas de petites choses incontrôlables. Nous ne nous dépêchons pas trop car le facteur va peut-être apporter les stickers ! Ben non. Pas de facteur et pas de stickers ! Il nous faut aussi passer chez RAD chercher des plaquettes de frein arrière : j'ai pour l'avant en double mais pas pour l'arrière ! Comment cete chose étrange s'est-elle produite? Et puis voilà que les pneus ont perdu un peu de pression. M'enfin !!!! Hier tout était nickel ! En cours de route, le couvercle de la petite boîte Touratech en métal (une recup dont je me méfie depuis la nuit des temps) se fait la malle. Enfin pas tout à fait puisqu'il y a un câble de sécurité qui le retient. Donc il tape dans le pneu qui n'apprécie pas du tout. Le pneu s'en sort indemne mais le couvercle est tout déformé ! On s'arrête à 28 km de Silly : pression des pneus et remise en forme du couvercle pour pouvoir refermer le coffre traître ! Le crochet chez RAD s'avère inutile : pas de plaquettes en stock! Bref il est au bas mot 13 heures quand on se met vraiment en route. Stuttgart, ça risque de ne pas le faire !

Ceci dit heureusement qu'il y a eu les tracas sinon je n'aurais pas eu grand-chose à raconter : environ 400 km princalement autobeurk, c'est un peu lassant....

L' interrogation du jour:

Il y a le long de l'autoroute allemande régulièrement des champs de dizaines d'éoliennes. Ok Par deux fois une immense surface deboisée au profit de panneaux photovoltaïques : sacré paradoxe écologique !

La dite autoroute est par ailleurs sans limite de vitesse la plupart du temps sauf quand elle l'est subitement à 100 km/heure voire 80 pour cause de tunnel, parking ou parfois sans cause apparente et là tout le monde saute sur les freins. 200 mètres plus loin c'est fini. Et hop gazzzzz! J'ai fait comme ça moi aussi. Michel non: il decelère cool parce qu'il a anticipé le panneau et accélère bien plus fort que moi 😇. Bref y a-t-il une logique écologique qui m'a échappé à freiner/accélérer en ligne droite le long de champs d'éoliennes ?



Motos prêtes
Une soirée romantique et zen
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Environ 400 km, principalement d'autoroutes. Nous sommes à Munich. Aujourd'hui fut la journée des non-transitions. Les températures ont oscillé entre 24° et 40°! La pluie s'est invitée sous la forme de deux très gros orages. Arrêt sous un pont, histoire de fermer nos équipements et les trombes d'eau se sont arrêtées aussi subitement qu'elles étaient arrivées. Nous avons juste eu le temps d'être complètement trempés ! Le reste de la route a été bouchons, travaux et ralentissements divers entre les zéro-limites !

Ce soir nous sommes donc à Munich. Chez Jean, un ami de Michel. L'accueil est hors-normes. Je me régale de la 'meilleure bière de Bavière'. On papote moto et voyage. Un chien alerte de quelque chose un peu plus loin. Tout est calme. Absolument parfait...

L'orage à grondé la nuit sous forme de tornade ! Le ciel ce matin est bouché et la pluie continue de tomber. Nous décidons de rester une nuit de plus. Ça nous permet de trainer, de trouver, chez Louis, mes plaquettes de frein arrière pour la Dolce Avventurra et surtout d'échanger avec Jean et sa sœur, justement en vacances ici. Cela est joyeux dans une sorte de reconnaissance mutuelle : comme nous, les Allemands constatent leur impuissance à influer sur leur quotidien et voient leurs efforts individuels et collectifs réduits à néant, ils ont conscience du déni de démocratie et de l'hiatus profond entre le discours politique et les pratiques nationales et européennes. Ils vivent mal la mutation rapide et violente de la société occidentale qui bouscule fondements culturels et repères identitaires. De ce que nous avons pu entendre, Von der Leyen était considérée comme une ministre fort peu compétente, le vote allemand allait à un autre candidat pour la présidence européenne mais il y aurait eu des compromissions de petite politique politicienne... Bref, comme dans chaque pays, il semble que le fossé entre les aspirations légitimes de la population et leurs édiles soit à la fois insurmontable et surréaliste....

Nous sortons heureux de ce partage : comme lors de chaque voyage, la percepion des autochtones nous donne une vision plus éclectique du monde.



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Après avoir passé une excellente journée/soirée de plus avec Jean et Annoushka pour cause d'orages tout le long de la route, nous quittons Munich relativement tôt. Direction : la Slovénie.

Vu le retard pris, ce sera une bonne partie d'autoroute. Et c'est encore une fois la Dolce Avventurra qui se charge de fournir de quoi raconter. Disons ... 1 kilomètre après avoir quitté une station à essence, voilà qu'elle se met en mode alerte : plus de pression sur le pneu avant ! Bizarre car je ne sens rien ! Je ralentis tout de même pas très à l'aise et nous nous arrêtons au premier parking. Le pneu n'a pas l'air dégonflé ! Et pas d'objet pointu dedans ! Les piles de mon manomètre de secours sont plates! Normal! Tu as forcément besoin du truc que tu omets de vérifier avant de partir ! Quant au compresseur de Michel, il a pris un coup de vieux et n'est plus très précis! Nous nous remettons en route et le tableau de bord arrête de jouer au sapin de Noël ! Mais recommence après l'arrêt vignette slovène. Puis arrête pour de bon. Jusqu'à la prochaine fois ! Les piles du capteur de pression sont garanties 5 ans. Les miennes ont 5 ans et 2 mois!

Dès notre entrée en Slovénie nous quittons enfin l'autobeurk et nous offrons un nouveau manomètre, une plantureuse assiette de calamars frits et une heure et demie de belles routes boisées de montagnes. C'est le vrai début du voyage !

Nous nous arrêtons dans un minuscule village où il n'y a absolument rien sauf quelques maisons, une chapelle, des chiens, des chevaux, de jolies granges anciennes et une guesthouse charmante. Nous prenons ravis d'avoir eu les calamars frits dans l'après-midi. Ce soir, ce sera pistaches et abricots ramassés lors de ma promenade.

On se rattrapera au petit-déjeuner !

Les fleurs glanées

Le repos du motard

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Partis tôt ce matin pour cause se grosse étape.

Délicieux petit-déjeuner dans la salle à manger de la guesthouse qui est typique : il y a du bois partout et des peaux de bêtes au sol. La pièce est centrée autour d'un énorme bloc en carreaux de céramique qui, dans la pièce attenante- la cuisine- donne sur une gigantesque cuisinière à bois à l'ancienne avec deux fours. L'hiver, le bois chauffe et assure la cuisson de tout. A côté de cette antiquité, une plaque vitrocéramique pour l'été !

Notre hôtesse parle le slovène, le français et l'allemand. Elle est 'de ce temps-là' . Maintenant c'est l'anglais que les jeunes apprennent. Autres temps, autre éducation !

Nous roulons une bonne partie de la journée sur des petites routes quelquefois dans les bois. A un moment, nous traversons le parc naturel Jama podium Krenom et la réserve naturelle Ĉrošnijška jelka. Absolument magnifique ! Le bonheur de rouler dans cet environnement ombragé et un peu plus frais est sans pareil !

Nos arrêts sont ponctués par le besoin d'étancher la soif et de mouiller nos gilets et buffs ou d'adapter le gps.La température flirte avec les 38°. Michel se charge du côté cartes, moi du côté photos.


Nous passons la frontière croate,toujours par les petites routes. Ici aussi nous nous régalons le long de la rivière Dobra. A un certain moment, j'aperçois un peu tard une voiture de police avec radar. Je freine et, mince, suis encore à 62 km/heure quand je passe devant. Je préviens Michel qui me suit et -va savoir comment il fait- mais il est au-dessus de 80 km/h ! Ça ne va pas le faire ça ! Quoique.... nous croisons un motard qui nous fait signe qu'une autre voiture de police attend un peu plus loin! Nous n'hésitons pas un instant et prenons le premier chemin qui se présente ! Quand Michel se fait arrêter quand même c'est 30 km plus loin , et juste pour un contrôle des papiers. Hasard ? Communication radio ? Nous ne saurons pas... Moi, je me suis arrêtée par solidarité mais n'ai pas reçu la moindre attention. La maréchaussée sait qui de nous deux est le fou du guidon!


La Dobro

Et puis nous traçons. Vraiment. Histoire de rejoindre l'hôtel où nous nous étions arrêtés l'année dernière et de revoir les gens qui nous avaient accueillis. Mission accomplie 🙂. L'étape totalise environ 580 km.

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Aujourd'hui je ne parlerai pas de notre longue étape jusque là banlieue de Sofia sous le cagnard (près de 40° tout le temps) ni des passages de deux frontières, Croatie-Serbie et Serbie-Bulgarie, dont le deuxième fut un enfer qui nous a pris plus d'une heure (les voitures ont dû rester bloquées plus de 5 heures).

Aujourd'hui je veux raconter mon amie DV. Nous nous sommes rencontrées l'année dernière sur un parking, en faisant le plein. Elle nous avait aidés à trouver un hébergement (le motel Route 80, haut lieu de rencontre pour motards de tous poils et amateurs de bonne musique). Nous y avions passé une soirée excellentissime. Nous sommes restées en contact cette année et c'est chez elle que nous logeons. Nous sommes ravies de nous revoir en vrai. Et malgré la poussière et la sueur de la route, c'est dans une embrassade pleine de chaleur humaine qu'elle nous accueille. Dans la rue, car elle nous attendait.

Nous passons un moment sur sa terasse à nous raconter en sirotant un petit verre de vin blanc.

Sa fille qui étudie aux Pays-Bas, est là elle aussi. DV a peu de moyens (salaire moyen mensuel en Bulgarie : 300 €) mais comme elle le dit si bien, elle "est riche de tant d'amis et de vie vécue" . Où qu'elle aille, elle se fait des amis. Des vrais. Elle adore voyager et dès qu'elle a quelque sou, c'est pour un voyage, sa fille, sa moto ou un concert.

Un peu plus tard, son voisin-ami rentre du boulot. Il s'agit de faire entrer 4 motos dans le petit garage. Pas de problème : ce gentil géant à la force de Tarasboulba ne les manœuvre pas, ils les soulève ! .

Le tétris est gagné !


Avant de quitter la Croatie

Et nous allons manger au Route 80.

Nous parlons de la Serbie toute proche: OGM interdits, agriculture et élevages de qualité donc la nourriture y est meilleure qu'en Bulgarie (où nous la trouvons très bonne). Le tout à des prix plus abordables ; les Bulgares proches de la frontière vont faire leurs courses en Serbie.

Elle nous raconte la pression que que subit la Serbie pour adhérer à l'UE, ce que refusent les Serbes qui se sont clairement prononcés pour un rapprochement avec la Russie. Nous avons vu des tags "Kosovo is Serbian": la rancœur envers l'Europe reste bel et bien présente. Quant à la Bulgarie, le gouvernement souhaite intégrer Shengen, pas les Bulgares qui expriment la plus grande méfiance : ils sont en train de se faire déposséder par de gros groupes industriels européens : avant même que les petites entreprises Bulgares puissent protéger leurs produits d'origine au sein de l'UE, les grosses entreprises européennes font main basse sur toutes les patentes. Le féta Bulgare est passé sous patente grecque, les parfumeurs français, qui se veulent détenteurs de tout savoir-faire en matière de parfumerie, emettent des critères tels que l'huile de rose ou de lavande Bulgares passera sous le giron de la parfumerie française. Au nom de l'Europe, des savoir-faire ancestraux sont-ils donc voués à disparaître ?

Lourd est le tribut à payer pour les subsides européens (dont, faute de contrôle rigoureux, peu atteignent leur objectif corruption oblige) et la liberté de se déplacer. Nos impôts alimentent une fois de plus la mafia!

Elle nous parle de la Vallée des Roses qu'elle appelle Guns 'n Roses car il y a, dans la même vallée, la culture des roses et de la lavande (pour la cosmétique et l'herboristerie) et une usine d'armement ! Cette route est un détour pittoresque vers la Turquie. C'est décidé, nous passerons par là....

Avant de partir, nous laissons notre autocollant, récupéré chez DV


Au matin, DV me raconte encore son pays qu'elle aime tant, sa belle nature et ses richesses mises à mal depuis la chute du mur de Berlin. Elle a connu l'avant et vit maintenant dans l'après. Avant pas de pauvres, pas de mendiants, pas de sans-abri, un frigo plein pour tous, pas de délinquance, vacances pour tous, soins de santé pour tous. Maintenant : inégalités, corruption, délinquance, pas de travail, soins de santé inaccessibles pour certains... Bref, beaucoup de laissés-pour-compte et règne de la débrouille. Bien sûr, on parlait un peu plus bas qu'aujourd'hui et officiellement la musique métal était interdite. Ce qui n'a jamais empêché les Bulgares d'en écouter ! DV l'a découverte il y a 40 ans!

Depuis le balcon de DV
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Vu que nous avons un peu de mal à quitter notre amie, nous partons un peu tard et rejoignons la route de la Vallée des Roses en contournant Sofia. Un belle route pour motards. C'est trop tard pour les roses qui fleurissent en mai mais par endroits c'est la lavande qui parfume le chemin. Cigognes, tournesols, chênes, tilleuls, pins et tuiles rouges réjouissentles yeux et le nez.. La route traverse une jolie forêt sur presque tout son tracé. Difficile de faire des photos dignes de ce nom. Nous arrivons à Kazanlak en milieu d'après-midi et trouvons un palace où loger. Un peu cher pour notre budget (65 €/2 avec petit déj gargantuesque) mais bienvenu car nous sommes épuisés par la chaleur. On ne rajeunit pas !

Le soir nous nous promenons en ville. C'est mignon et des groupes éparses se baladent un peu partout. L'ambiance est très artiste: peintures sur l'un ou l'autre mur, sculptures représentant des orchestres entiers et la rose est omniprésente: son parfum dans les rues, sa beauté dans des sculptures de métal, le kitch dans les vitrines. Nous nous procurons un peu d'huile de rose à un prix dérisoire. Les roses cultivées ici sont les roses de Damas : les meilleures pour la sorcière que je suis parfois...Voilà qui devrait apaiser les jambes de Michel qui souffrent de la combinaison réactions aux traitements/bottes et chaussettes moto/ chaleur !

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Le bon plan est encore une fois pas de plan ! Nous étions en route pour la Turquie. Le plus rapidement possible ! Les orages nous ont retardés à Munich, la Vallée des Roses nous a séduits, on se pose dans une ville que nous croyions plus intéressante qu'elle ne l'est, une rencontre nous suggère un pic et un monastère à aller voir dans les montagnes environnantes. Nous sommes tentés par l'expérience du "Roro de fret" et nous prenons donc les renseignements pour prendre le bateau à Burgas jusqu'en Géorgie. On dirait bien que nous allons pouvoir mettre ça en place. Ce qui nous laisse un peu de temps pour traîner dans le coin !

Nous allons vers Chipka (moins de 60 km - qui dit mieux en matière d'étape courte?). Nous visitons le temple mémorial de la naissance du Christ. C'est une église orthodoxe dédiée à la mémoire des soldats russes tombés pendant la guerre russo-turque de 1877-1878. Sa construction a pris fin en 1902 et à été financée par des dons russes et Bulgares sous la direction d'architectes russes. Les cloches ont été coulées avec les douilles recueillies dans la région et la plus grosse d'entre elles pèse 12 tonnes. Lors de cette guerre 8491 officiers, soldats et volontaires sont morts. Les noms de chacun sont mentionnés sur des plaques de marbre. Depuis 1934 l'église est propriété de la Bulgarie.

Après la minute politique (étape précédente), la minute de culture 😇

La croix orthodoxe que l'on retrouve partout dans ce sanctuaire. Je n'y avais jamais vraiment prêté attention.

La barre supérieure représente l'inscription écrite par Ponce Pilate au-dessus de Jésus :"INRI" (Jésus de Nazareth Roi des Juifs), la barre centrale figure les bras de Jésus et la petite barre en bas montre les pieds de Jésus pas cloués ensemble selon la foi orthodoxe ; l'asymétrie symbolise le ciel et l'enfer

Une minuscule route toute en lacets nous emmène jusqu'à la guesthouse Daskalov. Nous faisons souvent la nique à Booking, histoire d'éviter la commission aux hôteliers. Cette fois, c'est une mauvaise idée : ils nous en coûte 8 € de plus, non négociables et chambre immédiatement retirée du site. Cela reste quand même très abordable et bien situé au cœur d'un parc naturel de montagne.


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Nous avons la journée pour visiter la région. Et nous en profitons!

Shipka Pass

En Français, c'est le mont Chikpka. Altitude : 1329 mètres. Belles routes de montagne boisées qui traversent le parc naturel de Balgarka Pas rapides mais de vrais petits bonheurs moto.

Ce fut le siège des batailles de la guerre contre les Turcs en 1877-1878 à la suite de laquelle la Bulgarie actuelle fut créée. Au sommet de ce petit col, il y a le monument de la Liberté, dédié aux soldats russes et Bulgares morts pendant cette guerre. D'en haut, la vue est superbe et très large.

Pour monter au sommet du monument, 7 volées d'escaliers avec de petites salles-musée à chaque étage. Le tout est témoignage de moments de guerre, de chefs de guerre et se veut une ode un peu propagandiste ( ça c'est ma perception) à la liberté et à l'héroïsme. Ironie de l'histoire : la Bulgarie est passée de la domination ottomane au joug russe avant d'obtenir son indépendance en 1908. Maintenant, il y a, en plus des pressions européennes, des 'groupements tactiques' de l'OTAN. Ce que cela implique reste flou ! Une manière d'isoler la Serbie pro-russe? Un moyen d'endiguer les velléités Bulgares de rapprochement avec la Russie ? (Notamment pour un contrat à long terme avec Gazprom, parti anti-OTAN...).

La Bulgarie est un pays divisé qui se cherche entre contraintes et liberté... En tout cas, il semble y avoir un débat politique plus affirmé que chez nous...

Les tombeaux des Thraces

A la recherche des rois Thraces, nous roulons dans ce qu'on appelle la Vallée des Thraces. Elle est parsemée de tumulus datant du IVème siècle BC. Les tombeaux que nous visitons comportent entre 1 et 3 chambres funéraires et sont recouverts de plusieurs mètres de terre.La première chambre contenait le squelette d'un cheval sacrifié au moment des funérailles afin que le guerrier puisse continuer à chevaucher dans l'au-delà. Le riche contenu en a, la plupart du temps, été pillé.

Ces incroyables architectes ont réussi le pari de construire des structures qui tiennent depuis 24 siècles !


Le musée ethnographique d'Etara

Le petit village d'Etara est un musée à ciel ouvert présentant la culture matérielle et spirituelle Bulgare de la seconde moitié du 18ème siècleau début du 20ème siècle. Les objets sont présentés en fonctionnement tel qu'à l'époque. Les artisans qui y travaillent produisent et vendent toute l'année.

Trois axes:

Une rue artisanale avec plusieurs types de maisons (au rez-de-chaussée : ateliers artisanaux et magasins et à l'étage : des salles d'exposition sur la vie quotidienne à l'époque).

Des bâtiments publics (église, ponts, horloge, fontaines...)

Des équipements techniques à fonctionnement hydraulique

Etara fut créé, dans les années 1960, par un ingénieur passionné de son pays - Lazar Donkov


La machine à dénoyauter les prunes

Absolument tout fonctionne à l'énergie hydraulique (gratuite - aucune redevance pour l'utilisation du réseau. Une leçon pour nos escrolos-pastèques ?) fournie par la rivière qui traverse le village. En hiver, chauffage au bois fourni par les forêts environnantes.


Bon à savoir :

Pas de vignette pour les motos en Bulgarie. Nous voyons un nombre incroyable de 'choses' que nous prenons pour des radars mais qui ne sont peut-être que des contrôles vignette. Mon amie DV ne l'a paie pas "tant que les routes ne sont pas faites'!

Bières Bulgare:


La devinette du jour :

De quoi s'agit-il ?

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Nous nous levons un peu tard et en route vers le port de Burgas par les (toute) petites routes. Environ 350 km. Ce n'est pas de la haute montagne et c'est super joli. Un peu de méfiance toutefois : par endroits, le bitume accroche, à d'autres moins. Surtout quand du sable (d'où vient-il ?) ou des gravillons se matérialisent.... De préférence dans un tournant. C'est l'humour de la route ! Nous nous arrêtons dans un bouiboui de bord de route pour une bonne brochette ; nous laissons séduire par une bande de gamins qui regardent nos motos avec envie et arrivons en fin d'après-midi à Karnobat, à 50 km de Burgas (ben oui, une grande ville c'est assez bof).

Nous logeons dans un hôtel absolument miteux et pas cher. Mais les gens sont très serviables et se coupent en 4 pour nous faire plaisir. Alors nous le trouvons correct !

Un petit mot sur les Bulgares et l'euro

La Bulgarie fait en principe partie de la zone euro. Mais... les Bulgares ne veulent pas de l'euro : les petites gens pour cause d'inflation, les autres pour cause de corruption. Du coup, il est généralement assez facile de payer en euros cash et personne n'arnaque sur le change. Par contre retirer du cash ou payer avec une carte s'avère relativement onéreux : ma banque prend 1,5%, celle de Michel à plus de 3%!


Karnobat

Deux qualificatifs me viennent à l'esprit : pauvre et digne. Cette ville affiche la dignité des pauvres. HLM de l'époque de l'ex-URSS mais certains sont fraîchement repeints Nous voyons de minuscules jardins qui produisent ce qu'ils peuvent. Nous n'avisons aucun mendiant mais tout se vend. L'église est bien entretenue et déborde d'icônes comme la pâtisserie est remplie de gâteaux géants débordant de crème fraîche.

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Nous sommes très relax ce matin : nous devons être au port avec les papiers en ordre pour 17:00. Nous en profitons pour enfin mettre notre nouveau sticker sur les motos. Pensée pleine de gratitude pour Philippe de Triplea qui nous les as imprimés et envoyés en Bulgarie.

Sur la route du port, alors que je suis sagement arrêtée à un feu rouge, me voilà déséquilibrée ! Mais c'est quoi ? Je sors tous mes muscles et toute ma capacité à maintenir l'équilibre. Efforts vains. Je ne vais pas tenir très longtemps. J'appelle Michel et pile à ce moment-là, un petit coup à l'arrière me fait chuter. Une voiture vient de percuter l'arrière de ma moto ! Et au lieu de reculer, le conducteur cale, redémarre, recale, poussant à chaque fois ma moto ! Pour le coup, je suis hyper-fâchée. Je me relève et vois un mec complètement à l'ouest sortir d'une petite auto bleue et .. s'inquiéter pour sa plaque ! Il a des gestes saccadés, un regard qui part dans tous les sens et sait à peine marcher! Comment un mec pareil peut-il se retrouver derrière un volant ? La gendarmerie se matérialise dans les deux minutes. Très gentils et prévenants, ils tentent de s'opposer à l'avancée de la petite auto bleue et au conducteur qui disjoncte. Un embouteillage d'enfer se met en place ! Contrôle des papiers etc .sous le cagnard, dans mon Bulgare nul et l'anglais approximatif de la maréchaussée ! Je décide que vive la 4G et Google translate ! Il s'avère que l'autre conducteur est handicapé à 90 % (Alzheimer et myoclonie dégénérative). Mon alcootest : 0 (ben tiens !) Trois gendarmes poussent la voiture en arrière, luttant contre le gars ne sait que passer la première ! Ensuite ils le sortent et arrachent sa plaque sans ménagement ! Pour le coup, j'éprouve beaucoup de compassion... Non, je ne veux par porter plainte, juste avoir un constat en bonne et due forme pour mon assurance. Au cas où... Les gendarmes ne sont pas habilités. On attend la police de la route. Une brigade pour remplir le constat, une autre pour les photos ! Le tout nous prend 2 bonnes heures ! On saute le lunch et toute une brigade s'est déplacée !

Arrivée au port.

Il nous faut d'abord trouver le bureau pour régler les formalités et obtenir les cartes d'embarquement. Facile : nous avons les coordonnées GPS.

Infos pratiques pour ceux que cela intéresse :

https://goo.gl/maps/zfCDgSLzaAEh15Lf9).

Ferry Service Burgas

Tel. +359 56 871634

Présence obligatoire avant 17:00, heure de fermeture des bureaux. Peu importe l'heure de départ du bateau. Il est vivement conseillé de prévoir une marge de sécurité.

Paiement en liquide (euros ou lev Bulgares- 620 €/moto et 1 pilote avec cabine privative, ce que je recommande).

Le quai d'embarquement se situe à quelques centaines de mètres. Il y a un ou deux petits bars où boire et se restaurer à l'ombre.

Rencontres avec deux jeunes voyageurs Suisses en 4x4 : Stéphane et Dorothea. Tous les deux ont été pris par l'irrésistible besoin d'une pause dans le quotidien métro - boulot - dodo ; ont décidé d'un congé sabbatique, acheté un vieux Discovery 2 (30 ans d'âge), suivi une journée de formation à la conduite off road et en route !

Comme d'habitude, commencent l'attente et les incertitudes quant au moment du départ. Nous entrons en mode patience et en profitons pour voler quelques photos (ce n'est pas vraiment permis mais si on est un peu discret, personne ne semble trop regardant).


Nous embarquons les motos vers 21:30, après quelques aller-retours jusqu'au bar. Un gros (et rare) plus : il y a un espace motos prévu. Moins chanceux, nos nouveaux compagnons doivent attendre jusque 1:30. Le bateau ne quitte le port que vers 2:30 !

Bâtiments sans âme

Furoncles de béton face à la mer

Qui se résigne

Domestiquée

Noire ou bleue selon l'heure

Le temps au ralenti.

Presqu'immobile


A bord

La rencontre est facile à bord d'un bateau où il n'y a rien à faire, tout à être.

Célia et Roméo, deux français à vélo avec qui je n'ai pas grand chose à partager sauf un peu de ce temps immobile ; il arrive que la rencontre recèle autant de chaleur que la conversation de misère ! Michel ne partage pas mon ressenti et les a trouvés en plein questionnement. Plus tard, au détour d'autres conversations, je nuance nettement ma première opinion. Il y a aussi Santi, Espagnol, à pied jusqu'en Azerbaïdjan, Afghanistan... le plus loin qu'il pourra aller. Davit, rugbyman professionnel au niveau international d'origine géorgienne tout juste à la retraite. Il a tout à dire sur son pays qu'il dit pourtant si peu connaître. Je reparlerai de Davit. Stéphane et Théa, encore. Les camionneurs: certains boivent de la vodka dès le matin. Nous nous demandons comment ils font pour boire autant et s'ils conduisent leurs poids lourds dans cet état. Beaucoup sont un peu comme de gentils ours curieux. L'un a amené une pastèque géante qu'il partage avec tous, heureux de son présent. Un autre nous parle de routes à éviter pour cause d'animaux, des ours et des chiens agressifs surtout...

Sourires

Parfois en coin

Parfois entendus

Toujours francs

Sur fond de vagues bleu argenté


Entre chiens et loups ...

L'heure orange

Est aussi

L'heure des dauphins

Venus danser un tango endiablé

Dans l'écume blanche

Que dessine notre route...



Quand le soleil se déguise en soucoupe volante
Quand le soleil se travestit en soucoupe volante...

L'arrivée

Il est environ 9:00 (soit près de 60 heures plus tard) quand Batumi se profile à l'horizon. Embrassades joyeuses et "bon voyage" s'échangent. Chacun s'en va son chemin...


Moments de vie à bord...
Moments de vie à bord...
Moments de vie à bord...
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A la sortie du bateau, arrêts assurance et carte SIM (Magti pour qui est intéressé est un bon opérateur pas cher). En route pour la montagne....

Et bien non! Nous avons à peine quitté Batumi qu'un gros orage nous tombe dessus. Arrêt. Un monsieur bien gentil nous ouvre son porche. Comme cela ne semble pas vouloir diminuer, nous profitons de l'abri pour chercher un logement et retour vers Batumi ! Où nous n'avions pas prévu de nous arrêter! Et nous retrouvons avec ravissement la cuisine géorgienne avant de faire un petit tour en ville.


Georgia's Dubaï

Ce qui frappe dès l'approche, c'est les tours. Les Géorgiens appellent la ville "la petiteDubaï". L'édification en z commencé au début du 21ème siècle. L'une de ces tours est l'Alphabetic Tower (130 mètres de haut) sur laquelle les 33 lettres de l'alphabet géorgien sont représentées. Un peu plus loin, le casino.


Nous longeons le Boulevard Batumi, sorte de promenade des Anglais avec guinguettes, musiciens latinos, cafés d'où sort de la musique moderne, plages avec parasols de paille...

Tout cela est à voir puisque nous y sommes. Une soirée c'est bien ! Plus ? Non !

Et comme souvent, deci-delà les mendiants et les Saoudiennes en vacances...


Nous rendons un petit hommage à Nino et Ali, les Roméo et Juliette Géorgiens. Ali, prince Azerbaïdjanais musulman, s'éprend de Nino, princesse Géorgienne. Quand ils sont enfin réunis, la guerre éclate et Nino meurt en défendant sa ville Baku. La statue créée par les sculpteurs Géorgiens Tamar Kvesidadze et Paata Sanaia fait 8 mètres de haut et représente un homme et une femme qui s'unissent pour ne former qu'un seul être et se séparent à nouveau sans jamais se toucher ! Un chef-d'œuvre d'ingénierie...

Nous logeons dans la vieille ville. Beaucoup de bâtiments historiques datant du 19ème siècle dont la plupart sont restaurés.

Nous admirons les tags omniprésents (comme à Tbilissi). L'art du tag est de rendre beau ce qui serait banal ou laid sans ! Un vent de liberté artistique réinvente la rue.

La vieille ville

L'hôtel que nous avons trouvé est bien situé, peu onéreux et l'hôtelier charmant. Motos en sécurité. C'est là que nous rencontrons un couple de Roumains en T7. L'échange est très gai...


Dressée face à la mer

De métal et de lumière

La ville nouvelle

Joue de ses charmes éphémères,

Un peu kitch

Sa cosmétiquete séduit

Embrase un instant les sens


Secrète

De pierres et de dessins

La ville ancienne

Joue de son histoire

Et de son art

Elle te séduit

T'embrasse un instant le cœur

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Il pleut à nouveau sur Batumi mais nous en avons assez vu et décidons de partir. Nos nouveaux amis Roumains nous ont parlé d'une fabrique de thé et distillerie à une heure de route. Ce n'est pas loin, même sous la pluie. Si des orages pointent le bout du nez, il sera toujours temps de réévaluer le programme ; sinon nous nous dirigerons vers Mestia.

Dès la sortie de Batumi, c'est un soleil tout gentil qui nous accompagne : la température reste au-dessous des 30°. Et comme nous avons le temps, nous prenons de jolies routes et n'hésitons pas à nous arrêter : les paysages sont beaux, les gens curieux et affables.


Au détour du chemin, nous apercevons, dans un champ de mûres, un gars coiffé d'un... parapluie ! Trop drôle ! Je m'arrête, il est tout content que je lui tire le portrait ! Nous pouvons cueillir autant de fruits que nous pourrons en manger ! Les fruits mûrs sont tout au bout du champ. En bottes moto, ça ne va pas le faire : nous nous contentons de ceux qui poussent au bord du chemin. Et nous papotons joyeusement...

Un peu plus loin, c'est un train qui nous arrête. Un vieux train tout déglingué qui passe et puis repasse dans l'autre sens. Incroyable ! L y a un garde-barrière !

Abris-bus décorés, vieux bâtiments, de l'époque soviétique, plus ou moins en ruines, panneaux rigolos sur l'état des routes, cochons en liberté ... Tout nous interpelle !

Toujours à la recherche de la fabrique de thé, nous n'avançons pas mais nous roulons toutes les routes du coin ! Le Garmin XT refuse toute adresse : les cartes sont dedans puisque nous les voyons mais impossible d'avoir un itinéraire ! Problèmes d'orthogaphe sans doute. Mapsme nous emmène où bon lui semble par où il a envie et les gens du cru nous envoient tantôt à gauche, tantôt à droite ! Quant au point GPS de Google Maps, il nous mène dans un cul de sac ! Nous avisons un panneau "Route du the" que nous suivons mais qui ne nous conduit nulle part ! Enfin si: à un village d'une grande pauvreté ! Échanges et photos ! Pas de fabrique de thé !


De guerre las, et vu la météo aléatoire, nous repérons une guesthouse sur Booking : Marta's guesthouse ! Impossible de réserver. J'ai l'impression que Visa + Booking + Géorgie = problème !

Nous prenons l'adresse et décidons de nous y rendre. Le chassé-croisé des routes recommence !

Finalement, deux jeunes en balade nous indiquent un route ! Qui s'avère erronée ! Parfait : nous irons en ville. Demi-tour ! Après quelques kilomètres, nous croisons à nouveau les deux jeunes qui entretemps ont téléphoné à la guesthouse. Ils vont venir nous chercher ! 20 minutes de patience !

Et bien, jamais nous n'aurions trouvé le chemin autrement ! Et si par hasard, nous l'avions quand même trouvé, jamais nous ne serions allés jusqu'au bout de la piste qui traverse des propriétés privées !

L'endroit est magnifique et sauvage en pleine montagne ! L'hôte est très accueillant. Nous goûtons les produits cultivés et cuisinés sur place. Le vin maison en fait partie.


En attendant notre hôte: devant la mini-épicerie
Vue du balcon
Le four à pain
Poires à tcha-tcha 😆
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Avant de partir, j'offre à l'une des petites filles qui habitent là de monter sur ma moto. Ce sourire...

Nous voilà paris vers Mestia. Les routes, pas toujours en très bon état ou alors en chantier sont belles et viroleuses à souhait mais pas encore aussi grandioses que ce que nous avons pu voir par le passé. Sans doute sommes-nous trop proches de la mer...

Le plus surprenant est le climat très tropical : il y a des palmiers partout, beaucoup de rivières dont je ne parviens pas à retenir les noms (sauf la rivière Bhizhu 😘). Dès qu'il y a un bout de terrain plat, il est cultivé. C'est le maïs que nous voyons le plus. Les bords de route sont remplis d'echopes pleines de fruits (majoritairement des oranges) et de maïs grillé à grignoter sur place.

Les animaux sont partout en liberté : les vaches sont les reines de la route et dès qu'il y a un peu d'ombre elles s'y plantent sans envisager un instant de laisser passer qui que ce soit ! Timides et insatiables, les cochons passent leur temps à s'empiffrer de tout ce qu'ils trouvent et ne s'encourent que si un chien les chasse ! Et puis il y a les chiens qui dès notre premier séjour en Géorgie m'avaient séduite. Seuls ou en bandes, ils sont tous gentils et quémandeurs de câlins (éviter quand même de toucher pour cause de maladies de peau), rarement de nourriture. Nourris par tous et n'appartenant à personne, ils n'ont rien à défendre...

Nous voyons un grand nombre de cimetières où toutes les tombes sont à l'abri avec de petits bancs où les vivants viennent s'asseoir. Converser? Le lien entre les vivants et les morts est très physique...

Poti
Cimetière

En chemin, nous passons devant une guesthouse où nous nous arrêtons. C'est le petit paradis d'un Géorgien marié à une Ukrainienne depuis 43 ans. Un mariage de l'époque soviétique où les populations étaient déplacées. L'occasion de cette rencontre ? Va savoir... Je n'ose pas poser la question...

Il y a de petits chalets, des arbres fruitiers et de la vigne partout. Sous les arbres des plantes potagères. Un puits très profond. Des poules, des dindons, quelques vaches, un petit champ de maïs. Tout est fait maison (conserves de légumes, vin et tchatcha, confitures, fromages...) Ces gens vivent en grande autonomie et bien mieux que les citadins.

Bière de Vikings 🤣

De passage, un couple avec 3 enfants: lui Géorgien, elle Ukrainienne. Sa mère est Russe, son père Ukrainien. Elle est originaire de la région de Dnipro, en ruines depuis les bombardements et la destruction du barrage. Il n'y a pas que la région qui soit dévastée, cette femme l'est aussi. Comment pourrait-il en être autrement ?

Les Géorgiens et les Ukrainiens n'aiment pas trop les Russes et la cohabitation avec les réfugiés russes n'est pas toujours facile. L'intergénérationnel se révèle complexe et contradictoire. Histoires semblables, réactions similaires. Avec en toile de fond une perception biaisée de l'Europe qu'ils voient unie, très riche, socialement égalitaire et démocratique.

Ils nous font jouer, par le biais de Google Translate, entre Ukrainien, Géorgien et Russe. La complexité de leurs rapports à leur propre histoire et à leurs racines entremêlées s'exprime là aussi et nous ne décodons pas immédiatement les règles du jeu.

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Il y a des journées moto bénies. Celles où le seul horizon qui compte est la route. Prendre au mieux chaque virage, éviter les trous pour protéger les jantes, un peu de pendule à gauche puis à droite, accélérer dans les lignes droites ... Non que la route soit difficile, c'est juste une piroute un peu déglinguée. Dans un paysage de plus en plus grandiose. Pendant ce temps la chaleur ne se ressent plus, la soif ne compte plus. Soudain une cascade, une rivière, un pont, un reste de neige tout là-haut me sort du mode moto. Vient le mode photos. S'arrêter : flûte la béquille modulable est taquine et je chipote, chercher l'ombre car d'un coup la température se fait sentir, mince le pont tout neuf vacille, je déteste ça ! Oh le buff est tout sec.. trouver de l'eau après avoir cherché le meilleur angle pour la photo... Et repasser en mode moto. Les cascades et la rivière grondent par intermittences, des parfums titillent les sens ... l'oliban par moments (mais ce n'est sans doute que mon imagination). Le bois aussi car la montagne est très boisée et l'homme coupe le bois pour en faire du feu et des charpentes. Les forets et l'humus libèrent 1000 fragrances. Les couleurs changeantes de la rivière tout en bas, les vaches et les chiens sur la route, parfois un rapace dans le ciel...A moto, rien de tout cela ne t'échappe. Chaque instant est parfait, total et tu entres en symbiose avec ce tout. Aujourd'hui était une journée comme ça. Il ne s'agit pas de rouler vite mais de rouler pleinement en savourant le temps...


Ohhh le cœur du paysage !

Le barrage d'Enguri

Construit en 1978, le barrage d'Enguri atteint une hauteur de 271,5 mètres et est un des plus hauts barrages au monde à structure en arc. Cette structure hydroélectrique fournit 46% de l'électricité de la Géorgie. Sa belle intégration à la nature environnante lui vaut, depuis 2015, de faire partie de l'héritage industriel géorgien.


Le bus qui amène les travailleurs
Enduri arch dam

Nous longeons la rivière Enduri pendant pas mal de kilomètres. Tantôt impétueuse, tantôt plus sage, toujours magnifique elle est alimentée par les nombreux torrents qui dévalent de la montagne.

Mestia

Nous entrons dans la ville par sa rue principale. Guesthouses er hôtels à gogo. Nous n'avons, à notre habitude, rien réservé. Je me mets en chasse : au premier abord, pas grand monde de chaleureux. La région développe ses atouts touristiques ! Mais nous avons décidé de rester ce soir et de réserver la journée de demain à Ushguli. Notre problème devient celui de tous et nous débarquons au Family Hotel Kala (Erekle Pharjiani Street, alley 2, #4, Mestia, 3200, Géorgie, Tel: +995 59856259). Très familial, tout le monde est adorable et les repas y sont succulents, le tout à un prix très très abordable. Ce pseudo-hôtel est une vraie guesthouse pour baroudeurs de tous poils. Bons moments et rencontres assurés !

Après un petit tour en ville, nous rencontrons trois marcheurs polonais eux aussi confrontés à la difficulté de trouver un lit pour la nuit.


Vue de notre petit balcon

Ce matin nous sommes réveillés par le tonnerre, les éclairs et la pluie qui tambourine sur les toits de tôle. La météo s'annonce pourrie pour la journée : orages et pluies abondantes ! Retour au lit: journée off ; la piste vers Ushguli est impraticable. Même les 4x4 n'y vont pas !

Va pour un tour en ville à pied ! Pas de chance : les 2 musées qui nous intéressent sont fermés !

Qu'à cela ne tienne ; la pluie fait une pause, nous arpentons les anciennes rues escarpées bien tranquilles. Murs de grosses pierres, toits de tôle souvent rouillés, maisons en bois parfois joliment restaurées, jardinets, potagers, vergers, bouibouis où trouver des souvenirs un peu kitch, sel épicé, tchatcha et vin artisanaux, guimbardes d'un autre âge (qui contrastent avec les gros 4×4 de la rue principale).... Et en toile de fond, les tours de Mestia et la rivière.

Les tours de Mestia(les koshki)

Toute la Haute Svanétie est classée au patrimoine mondial de l'Unesco sous le nom de "pays des mille tours". .

La région est parsemée de tours (il y en a 45 à Mestia) pour la plupart construites il y a 1.000 ans, avec une hauteur moyenne de 20 mètres. Le bas des tours est plus large et servait d’habitation tandis que le sommet, plus étroit, comportait une plate-forme de défense.

A l'origine,  il fallait de la hauteur pour voir approcher les envahisseurs (Mongols, Perses, Turcs, Soviétiques) dans ce paysage sauvage et accidenté. De longs murs étaient difficiles à construire sur ce terrain escarpé. Les Svanes ont donc érigé ces tours fortifiées pour défendre leur bétail et leurs familles en se barricadant à l'intérieur pendant de longues périodes.

Nous aimons imaginer que maintenant elles protègent des trolls des bois et montagnes environnants..

Et quand vient le soir...


Pluie et orages s'étant à nouveau invités dans notre journée, nous rentrons trempés et gelés de notre promenade !

Un feu brûle dans l'énorme poêle à bois, tous attendent une météo plus clémente. Une jeune femme joue de la guitare, quelques uns jouent au backgammon, d'autres écrivent, lisent ou papotent, nous sortons un jeu de cartes...

Passe-temps presqu'oubliés simples et joyeux ...

Pendant ce temps, elles patientent ...


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C'est sous le soleil que nous nous réveillons. En douceur pour lui laisser le temps de sécher la piste. Direction : Ushguli. Les brumes s'évaporent. Les paysages sont immediatement époustouflants. La montagne enneigée se déguise en ange gardien. De nous. De moi surtout : c'est ma première vraie piste en Géorgie depuis Omalo l'année dernière (qui avait été pénible en raison de mon vertige). Celle-ci est courte (10 km - avant c'est une belle piroute de montagne), large, sèche presque partout et n'apporte que du plaisir ! Les longues traces de gadoue s'amusent avec Dolce Avventurra. Ca et là, quelques villages plus ou moins habités, des koshki, une truie et ses petits, un motard qui passe et nous prend en photo .... Et des 4×4 emmenant des touristes de toutes origines

L'arrivée à Ushguli est classique : les vaches placides, que tous contournent, occupent toute la piste et se moquent du brouhaha. .. Nous montons ... Contact et gazzzz. Hors de question qu'un cheval ou un 4x4 te force à t'arrêter ! Le tourisme bat son plein... Nous buvons un café, nous renseignons sur l'état de la piste et go go go....

Fleurs de montagne

Jusque Lentikhi

Les bulldozers ont déjà dégagé des portions de piste, même s’il reste des zones de belles gadoue et éboulis, nous profitons longuement de ces magnifiques paysages, torrents, passages de gués,


Lentikhi

Petite ville de montagne très cosy: une jolie place avec sa statue devant la mairie, maisons en pierres et un café glacé !

Tout à couo un énorme camion se gare. Nous sommes admiratifs. Comme chaque jour, une nouvelle chouette rpencontre avec des voyageurs au long cours : Thomas & Saskia, et leur « nouveau truck » Man 500.000€ , une longueur de 9 m, 35L/100km, des pneus à changer tous les 35.000 km (2.000€/pneu) , … vu le gabarit ils ont déjà arrachés des cables de tel/électriques, eu des détours imposés pour éviter des tunnels, dû renoncer à des pistes/lieux.

Bref ce camion à 3 ans, 46.000km et il envisage déjà la revente pour acheter/créer un autre plus court de 2m et min 0,5 m moins haut de manière à poursuivre leur tour du monde.

Deux heures plus tard, nous rejoignons la guesthouse Konstanta. Comme partout ici, autonomie alimentaire assurée (potager, poules, canards et abeilles). Nous arrivons pile à l'heure où les abeilles ont fini leur journée de travail. Vu qu'elles n'ont rien d'autre à faire, elles nous accueillent en bourdonnant tout autour ! Michel déteste ça et s'enfuit à l'intérieur !


La journée se termine en douceur autour d'un verre de vin "homemade"

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Il y a des jours mi-figue mi-raisin. Aujourd'hui fut une journée comme ça : dans la brume et sous la menace du ciel mais de très belles routes de montagne. De jolis paysages, des lacs et des rivières aux eaux grisâtres chargées de boue en raison des orages et que les torrents clarifient au fil de la route. Une riche nature sauvage s'ouvre soudain sur une région minière très pauvre. Le contraste visuel est radical !

Nous faisons une partie de la route du vin bordée de petits vignobles : aucun n'est désherbé ni ne semble traité : la nature n'a pas besoin de la main chimique de l'homme pour s'épanouir et être généreuse. Savoir ancestral plein de bon sens...

Nous longeons la frontière avec l'Ossétie du sud et les paysages changent. Nous traversons quelques villages où tous sont dehors, en promenade en famille. Et nous nous rappelons qu'aujourd'hui est dimanche...

La balade moto est sublime !

Péripéties

Nous nous arrêtons pour un verre dans la petite ville de Chiatura. Et nous trouvons une guesthouse à 21 kilomètres en pleine nature. Ce sera parfait ! Sauf que... nous en ferons120 ! Nous nous arrêtons un nombre incalculable de fois pour demander notre route. Tout le monde veut absolument nous aider mais personne ne connaît. Un Géorgien d'origine française s'arrête même pour nous demander (en français) : "Vous êtes perdus ?" Il en profite pour nous parler de son pays. C'est super... 20 minutes ! Il nous envoie à 15 bornes ! Plus loin, une petite voiture nous dit que ce n'est pas du tout ici . On roule. Il n'y a rien ! Ensuite une maman surveillant des enfants qui jouent au foot nous informe que nous ne sommes pas sur la bonne route. "C'est par là !" Bien ! Demi-tour et on investigue le cœur d'un village via ses chemins de remembrement entre champs et maisons ! Quelques ados nous renvoient 25 km plus loin ! Nous sommes à environ 200 mètres de la guesthouse mais nous ne le réaliserons que beaucoup plus tard ! Dans les hameaux, les maisons sont perdues entre champs et vergers et les gens ne se connaissent pas nécessairement. Environ 30 minutes de discussion en anglo-géorgien/langue des signes/Google translate ! Nous voilà repartis !

Au passage nous traversons de minuscules villages où tous nous font de grands signes (de bienvenue ?) et de toute évidence nous prennent pour des "saisis" de grande qualité ! Nous ne croisons aucun voyageur !

C'est ainsi que nous finissons, dans la plus parfaite naïveté, à 2 km de l'Ossétie du sud (fermée) juste à côté d'un camp de base de l'EUMM. Michel s'arrête un peu plus loin : ne parlant pas anglais, il me laisse gérer ! Je m'arrête donc juste à côté. A ce moment précis, la béquille modulable de ma moto décide à nouveau de n'en faire qu'à sa tête ! Le temps d'enlever casque, gants et lunettes puis de sortir le précieux petit bout de bois dont je ne me sépare jamais et qui me permet d'arrêter la moto autrement que semi-couchée, les militaires ont eu le temps de se poser la question essentielle : "Mais qu'est-ce que ces "saisis" foutent ici?" Et d'envisager 200 réponses possibles !

Explications. Ouf tout le monde parle parfaitement anglais et géorgien ! Je sors les photos Booking de la guesthouse, l'adresse et Google Maps ! Coup de fil à la guesthouse mais pas de réponse ! Pendant qu'ils se concertent, ils nous filent une bêche de désensabement (pas de marteau disponible) et on "répare" la béquille ! Bien gentils, ils décident de nous accompagner. Pour le coup, nous savons à quoi servent une partie de nos impôts ! 20 bornes à un train d'enfer ! A ce rythme, Michel ne me laissera plus jamais me traîner en mode balade !

Les militaires ont quand même demandé deux fois le chemin... et fait deux fois demi-tour !

Trouver la guesthouse à 21 km nous aura pris 2 heures et demies !


Un brin de géopolitique : voyager pour tenter de mieux comprendre les points de vue (tant que faire se peut)

C'est la première fois que nous voyons un camp de base de l'EUMM : les deux 4x4 garés à côté de nous, un 4x4 médical en amont, en aval, une énorme tente camouflée (20 x 10 mètres), deux véhicules camouflés dont un blindé léger. Nous n'osons pas photographier. L'UEMM est une mission européenne d'observation non armée en Géorgie pour le maintien de la paix suite à l'accord de cessez-le-feu de 2008 signant la fin de la guerre russo-géorgienne. Après cet armistice, les troupes russes, arrivées à quelques kilomètres de Tbilisi se sont repliées sur les zones russophones d'Abkhazie et Ossétie du sud. Il est à noter que toute la côte jusqu'à Sotchi était Géorgienne jusqu'à l'invasion. Les Géorgiens considèrent ces deux régions comme Géorgiennes. La Russie les a reconnues comme états indépendants (avec présence militaire russe). Les petites gens paient le prix fort : pauvreté extrême et villages coupés en deux par des barbelés.

Lors des jeux olympiques de 2014 à Sotchi, les Géorgiens ont choisi de jouer l'apaisement en envoyant des athlètes mais pas de représentants politiques.

Depuis 2012 avec l'élection d'un nouveau président pragmatique et soucieux du développement économique de son pays, les relations commerciales ont été rétablies avec la Russie.

Les gens qui veulent partager leur Géorgie et abordent ces sujets avec nous se montrent favorables à l'UE (avec des nuances suivant les générations). A contrario, tous (peu importe la génération) souhaitent que, en aucun cas, la Géorgie soit membre de l'OTAN, ce qui, pour eux, déboucheraiit inéluctablement sur un nouveau conflit armé. Certains toutefois nuancent ce point de vue : le trauma de l'invasion russe reste dans les mémoires.

On nous explique que, lors de la révolution des Roses, pacifique, le président Eduard Shevardnadze, pro-russe, a été remplacé par Mikheil Saakashvili, nationaliste dont la mise en place a été "grandement favorisée" par la France et les USA. Sa politique anti-russophone impose le Géorgien dans l'ensemble du pays au mépris des spécificités et cultures régionales. Des milices nationalistes s'en sont prises aux populations russophones d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, déclenchant les hostilités de 2008.

Par la suite, soupçonné de corruption, Mikheil Saakashvili a fui en ... Ukraine ! Il y est devenu citoyen ukrainien et gouverneur de l'oblast d'Odessa. Depuis son retour en Géorgie, en 2021, il est en prison pour corruption ! Les Géorgiens le détestent aujourd'hui pour ses traitements inhumains (30.000 prisonniers, tortures etc. sous sa présidence). Suite à ces interpellations, nous allons lire l'impressionnant parcours de ce personnage adoubé par les US et l'Europe.

Les gens d'ici veulent maintenir l'équilibre économique à la fois avec l'Europe et la Russie.


La guesthouseShalvaseuli Marani(région de Imereti)

Pour ceux qui voudraient s'arrêter ici :

Les points GPS :

42°20′30.75″N 43°27′12.69″E

Attention : bien regarder sur les photos qu'ils ont mises sur Booking la route à ne pas prendre et qui est celle indiquée par Google Maps !

Quelques repères : suivre la route vers Chikha. Prendre la rue en face du stade et du car wash (tout petits > ouvrir l'œil)

La route à prendre
A gauche, juste après cette maison
Suivre ce chemin. Un peu plus loin sur la gauche

Nous sommes heureux de partager un moment là vie et l'histoire de cette ancienne maison géorgienne. Notre obstination à y arriver est largement récompensée.

Joliment restaurée, en pleine nature, entourée de vignes et de champs, elle appartient à la famille depuis plusieurs générations. Nous y arrivons bien tard et nos hôtes nous cuisinent un repas digne des meilleurs restaurants. Nous avons droit à la visite de "my own personal cellar" avec le papa :

- la nouvelle presse à raisins (les raisins sont foulés aux pieds, à l'ancienne), creusée dans un tronc d'arbre.

- les vieilles jarres de conservation

- les autres, enterrées et toujours en service

- Le "tone" : four à pain (les pains sont collés sur les côtés pour cuire) et le BBcue juste à côté : c'est là que l'on se réchauffe l'hiver.

Tcha Tcha, cognac, vins blanc et rouge maison
Accessoires pour fouler le raisin
Le cellier et nouvelle presse
C'est par là que coule le jus des raisins foulé aux pieds
Eau de source
La presse de l'arrière-grand-père
Les jarres enterrées, toujours en activité
Les anciennes jarres de conservation
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Nous roulons jusque Tbilisi où nous avons une sorte de rendez-vous avec Davit rencontré sur le bateau. Joueur de rugby professionnel international, il vient de prendre sa retraite (à 36 ans, avant de "décliner" au niveau sportif) et est en projet de reconversion. Il nous avait pas mal parlé de son pays et avait très envie de nous faire goûter la cuisine géorgienne de qualité.

Nous avons arpenté les rues de Tbilisi dans tous les sens lors de nos précédents voyages en Géorgie et c'est donc surtout pour cette retrouvaille que nous faisons cet arrêt. La route n'est pas très intéressante.

Nous nous promenons un peu en attendant Davit. Je ne photographie que les choses changeantes de la ville : les tags si typiques et que j'aime tant. Et l'un ou l'autre visage...

Une soirée spéciale

Davit nous emmène dans un très bon restaurant. Son beau-frère, Calo, est là aussi. Tous deux évoquent longuement différents aspects de leur Géorgie. Calo vit ici, David vit en France mais revient souvent pour voir sa famille et ses parents. Il a des projets immobiliers ici.

Chacun nous donne son ressenti par rapport à l'évolution politique de la Géorgie, notamment au sujet de Mikheil Saakashvili. Lors de son premier mandat, il a tenté, avec succès, de débarrasser le pays de la corruption : révision complète de la police avec purge des corrompus, augmentation des salaires pour permettre aux policiers de vivre décemment sans bakchiches de tous ordres, changement des mentalités pour que les jeunes fréquentent l'école plutôt que la rue (amélioration de l'enseignement pour tous et réfection des bâtiments scolaires), "dé-sclérose" des services publics et développement du tourisme, notamment à Batumi (construction de la nouvelle ville et restauration du centre historique) Ce n'est qu'au cours de son second mandat qu'il a basculé dans l'autoritarisme et un nationalisme exacerbé. Soit dit en passant, la famille de la femme de Davit a des acquaintances avec celle de Mikheil Saakashvili ...

Le sujet de la présence russe est lui aussi abordé : beaucoup de Russes s'installent dans le pays, achetant commerces et immobilier. Les Géorgiens ne voient pas cela forcément d'un bon œil : beaucoup de chômage ici !

Les traumas laissés par la guerre de 2008 et l'amputation d'une partie du territoire géorgien sont bien palpables : "Quand le frère déteste son frère, rien n'est juste. Les peuples ne sont pas faits pour la haine" (Calo). J'en ai les larmes aux yeux...

L'après-midi, à une terasse, une jeune fille nous a tenu un discours comparable.

Comme quoi, les gens, les ressentis, les visions sont toujours multiples. Pas facile pour nous de nous faire une opinion. Nous nous contentons d'être à l'écoute et d'apprendre.

Plus tard, Davit nous parle de son projet de s'installer à Mtskheta. Il nous explique la beauté et la spiritualité de l'ancienne capitale. Nous décidons d'y aller demain.

Et comme rarement, nous rentrons aux petites heures. Nous avons une fois de plus trop mangé. Décidément, ce voyage est bien différent de tous les autres

La question du jour :

Quelle la raison de la différence de robe entre ces deux vins blancs ?

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A une vingtaine de kilomètres de Tbilisi, et au confluent des rivières Aragvi et Mikvari, se trouve Mtskheta que les Géorgiens considèrent comme l'ancienne capitale du pays. En fait, elle fut la capitale du royaume de Kartli entre les 3ème et 5ème siècles, ce qui en fait l'une des plus vieilles villes du pays. C'est à Mtskheta que le christianisme fut, en 337, proclamé religion officielle de la Géorgie, faisant du pays un précurseur du christianisme. La ville abrite plusieurs édifices religieux : le monastère de Djvari, la cathédrale de Svetitskhoveli et le monastère de Samtavro. C'est, encore aujourd'hui, le siège de l'église orthodoxe géorgienne et est un important centre culturel et spirituel. Elle est classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Dès que nous arrivons nous sommes abordés par des bikers saoudiens très sympathiques. Bon, la femme de l'un d'eux est très couverte et se tient un peu en retrait. Je n'aime pas mais sais que c'est ainsi. Et nous voilà invités en Arabie Saoudite, chez les bikers. Nous prenons !


Il fait près de 40°. Nous nous promenons avec une nonchalance toute touristique. Malgré les nombreuses échoppes qui vendent de tout, la ville est très pittoresque. Beaucoup de maisons anciennes sont très joliment restaurées et en toile de fond, la cathédrale de Svetitskhoveli crée le décor.

La cathédrale de Svetitskhoveli

Construite sur le site d'une église du 5ème siècle ( aujourd'hui disparue), la cathédrale date du 11ème siècle.

Nous assistons en même temps à un enterrement, un baptême et au défilé de touristes et croyants venus se recueillir et bénir par l'un ou l'autre pope! C'est dire si l'édifice est énorme ! Il recèle des trésors pour les yeux et le cœur : vestiges de fresques murales, riches décorations et sculptures des prêches. Musique religieuse et parfum d'encens invitent au recueillement et à la méditation. C'est beau !

La question du jour pour les ingénieurs et les magiciens : comment est-ce que tout ceci tient debout depuis si longtemps ?

Notre point de chute à Tbilissi
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Nous faisons notre route quasiment au jour le jour en fonction de la météo, des suggestions qui nous sont faites et grâce au superbe livre de nos amis Victor et Olivia. Aujourd'hui c'est la région de Djavakhetie.

Cette année plus encore que d’autres nous faisons l’éloge savoureuse de la lenteur du voyage nomade où tout est prétexte pour louvoyer dans une improvisation jubilatoire.

Nous traversons le parc naturel d'Algeti.

Très sauvage. Aucune grande ville, mais peut-être que c'est juste nous qui les évitons. À un certain moment nous avisons un panneau vers un monastère. On y va ! Nous ne trouvons pas le monastère mais arrivons dans un village qui nous semble oublié par l'histoire. Rues de terre battue, maisons aux murs branlants et aux vitres brisées, habitées pour la plupart. Plus loin, des bergers veillant sur leurs moutons, une famille entière qui fait les foins, un homme qui fait ses courses à cheval...


Le lac Algeti
Le parc naturel d'Algeti
Au loin les volcans endormis


Nous prenons la piste qui fait le tour du lac Paravani (altitude : 2073 mètres, superficie : 37,5 km2, profondeur : 3,5 mètres). Alentours : volcans endormis, pâturages herbeux et fleurs à n'en plus finir. Nous traversons le village de Tambovka : de chaque côté de la piste une rangée d'habitations traditionnelles aux toits plats couverts de végétation. Les murs sont épais et construits en pierres volcaniques. Certaines sont partiellement enterrées. Le tout assure l'isolation durant l'hiver.

Au-delà des apparences, certaines sont occupées, d'autres abandonnées. Il est parfois difficile de s'y retrouver.

Il y a tant d'autres mondes ! Cela ne cesse de nous éblouir ...


Nées dans le feu

Les pierres chuchotent

Les secrets très anciens

Des maisons-temples de l'Histoire ...


Tambovka
Le lac Paravani, entouré de volcans endormis

Au cœur de la vallée

des géants endormis

L'eau s'irise

Calme et malicieuse

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Après une nuit orageuse, nous nous réveillons tôt. Sous la pluie. Purée ! Nous avions prévu de faire le tour des volcans par les pistes. Sous la pluie et dans la boue, ça ne va pas le faire ! Un coup d'œil aux prévisions météo : cela ne s'annonce pas très glorieux ou il nous faut partir plus loin à travers une région que nous avons déjà vue et n'avions pas trouvée top. OK. On reste et on explorera demain. C'est l'occasion de se promener à pied, entre les gouttes.

Ninotsminda est une petite ville à 20 kilomètres de la frontière arménienne. La population y est majoritairement arménienne (94 %). Changement de langue sur Google translate : les gens d'ici ne comprennent pas le Géorgien ! La nourriture y est aussi légèrement différente (mais reste délicieuse).

Au gré de nos pas : maisons souvent pauvres, décrépites et toujours habitées, l'un ou l'autre immeuble presqu'en ruines dont seuls les étages inférieurs sont occupés, petits magasins où fruits et légumes côtoient vêtements et bassines en plastic !

Vitres brisées, toilettes extérieures, conduites de gaz à l'ancienne

Et la vie de la ville : une balayeuse fait la guerre à la poussière, une "salle de gym" extérieure attend le client, un ballon de boxe de foire te siffle quand tu passes, un petit parc déserté et son monument patientent ...

Nous avons droit à la visite de la caserne de pompiers. Un peu plus loin des travailleurs de pose de câbles nous appellent pour nous montrer la préparation de leur repas et leur mini-potager. Il y a aussi les jeunes filles qui apprennent le Géorgien ainsi que l'histoire et la culture de la Géorgie et l'Arménie (cours du jour pour adultes).


Entrée de l'école pour adultes
Les travailleurs du câble et leurs véhicules "Poutine" (c'est eux qui le disent)
Potager en pneus 😉
Prochain prototype de BMW

Les gens d'ici sont sourires et invitations au partage éphémère. Rires francs parfois aussi. Si une inquiétude s'exprime, elle est de notre bien-être ("Ta nuit a été bonne ? Le repas te plaît ? Je peux t'aider ?") Il nous semble qu'il n'y a nul besoin d'échappatoire ou de confort au sens où nous l'entendons (pas de coquetterie vestimentaire ou de luxe dans les maisons). Ceux avec qui nous communiquons nous disent qu'ils vivent bien.... Matière à réflexion sur nos propres valeurs et aspirations...

Nous surveillons la pluie (il est temps que ces averses cessent) et le vent (pourvu qu'il sèche la piste)...

Le petit resto du coin devient notre QG.

Nous y découvrons cette musique qui nous émeut jusqu'au plus profond de l'âme. C'est arménien :

https://youtube.com/watch?v=5ithcGT32bw&feature=share7

Le patron est tout sourire de nous voir revenir. La bière y est fraîche, généreuse et toute douce. Nous allons "choisir" le plat dans la cuisine. Les guillemets parce qu'en fait, il n'y a qu'un seul plat. Que nous prenons car délicieux, c'est sûr. Échanges émouvants au-delà de n'importe quelle barrière que peut ériger la méconnaissance d'une langue commune.

Le temps pausé par la pluie n'a pas de limites....

Hier les khinkalis version arménienne. Aujourd'hui les frites. Arméniennes 😉

Pierre après pierre après pierre

Les murs s'effondrent

Tandis que les certitudes tombent

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Nous avions prévu de partir pas trop tard. Caramba, encore raté ! Au moment où nous sommes prêts, une grosse averse nous tombe dessus. Nous attendons que ça passe et nous mettons en route en croisant les doigts pour qu'il n'y ait pas trop de boue. Après quelques kilomètres, nous papotons avec un motard croate en mal de compagnie...

Nous nous trompons de chemin et débarquons dans un minuscule village. Toute petite piste pour y arriver mais que des gros cailloux: voilà qui réveille ! L'église est mignonne et aussitôt, un monsieur vient l'ouvrir rien que pour moi. Elle est toute simple. Je fais quelques photos plus pour lui faire plaisir que par intérêt personnel. Pendant ce temps, Michel tourne ma moto : demi-tour dans les cailloux d'un sentier étroit cul de sac: très peu pour moi si je peux l'éviter !

Je crois que le nom du village est Goman

Direction le lac de Tabatskuri dont nous voulons faire le tour par la piste. La petite piroute qui y mène est très belle, entourée de volcans et parsemée de petits cours d'eau.

Quand la piroute se transforme en piste, le lac se dévoile petit à petit. A chaque virage, les paysages sont bluffant de beauté. Ici et là un minuscule village. Et partout des fleurs par centaines : scabieuses du Caucase jaunes pâle, campanules mauves vif, chardons roses et d'autres que je ne reconnais pas. A un certain moment, nous nous arrêtons pour casser la croûte. La piste est assez facile quoique par moments très cassante. Les gros cailloux font valdinguer le guidon dans tous les sens. Heureusement, nous la prenons en descente. La montée eût été difficile avec nos lourds chevaux de trait. Il reste de nombreuses flaques de boue ; aucune ne glisse. J'aime bien mais il faut souvent s'arrêter pour nettoyer les visières ! La balade est vraiment superbe.

Fin de bitume
Pleine de boue!
Le lunch: Michel ne se sépare jamais de ce cadeau de Véro...
Ça n'a pas l'air mais ça descend bien

Nous chipotons un peu à la sortie.. avant de finir dans un hôtel soviet: bâtiments de l'époque en dur, fenêtres de travers, escaliers en pente, contrepente et dévers (jamais deux fois le même - excellent pour pratiquer la souplesse du cerveau 😉). Le personnel semble tout droit sorti d'un kolkhoze ! Cette fois, c'est le russe que je sélectionne sur Google translate ! Le repas y est bon et généreux mais a perdu la finesse de la cuisine géorgienne. En une journée, nous changeons trois fois d'ambiance: géorgienne, arménienne et russe! En y arrivant, je reconnais l'endroit où je m'étais arrêtée l'année dernière. Hasard ?

Il est situé en bordure de lac. Le bref coucher de soleil y est magnifique.

Oh! Le pont s'est effondré !
Les vieilles jeeps Uaz ont toute leur utilité dans la région 🤣
Ancien kolkhoze en ruines aujourd'hui
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Nous continuons notre tour de Géorgie en visitant ce matin le canyon de Dashbashi. Une petite marche sur le pont de verre (240 mètres de long) qui qui le traverse s'impose. Côté vertige, je prends sur moi !

Cette construction futuriste a été réalisée par une entreprise israélo-géorgienne ; cette structure possède en son centre par un gigantesque "diamant" de verre suspendu à 280 mètres au-dessus du canyon.

C'est une attraction touristique qui offre une vue incroyable. Tout y est prévu : restaurant, bar, parking payant, balades en quad dans le parc et "survol" du canyon à vélo (rien qu'à les voir, mon vertige me reprend !).

Après notre bain de tourisme, retour vers la montagne vers Kvemo Kartli et Bolnissi. La route (secondaire) se transforme relativement vite en une belle piste qui traverse bois et sous-bois. Vu la température, voilà qui est bienvenu..

Dispositif anti-incendie à une pompe !

Coup de chaud !

L'eau que nous avons embarquée ce matin est franchement imbuvable ! J'en bois le minimum ! Erreur ! Nous traversons de très beaux endroits absolument vides de présence humaine !

Je n'en peux plus. Gros coup de chaud. Il y a urgence. A un certain moment, une maison qui a l'air vide mais les cloches de quelques vaches résonnent. S'il y a des vaches, il y a forcément un abreuvoir. J'y vais ! Les vaches me conduisent à l'abreuvoir, des poules caquettent, un chat se cache, un chien se tait et surtout de l'eau fraîche coule d'un tuyau ! Un pur bonheur ! Je me mouille toute entière. Et je bois sans me poser de questions. Non seulement cette eau est délicieuse mais en plus si les animaux la boivent, elle doit être OK 😇.

Michel, qu, par expérience, i ne ferait jamais ce que je viens de faire, sort son filtre à charbon actif, antibactérien, antivirus etc. Et nous nous gavons!

Un peu plus tard, nous découvrons que nous sommes à moins de 7 km d'un village ! La situation nous évoque le film "Into thé wild".

Je suis passée entre les barreaux

La fin de la piste est de terre battue, facile. Et la route ensuite est une très belle route moto. Gazzzzz. Elles sont contentes, les motos ! Et les paysages sont fabuleux. Nous nous régalons.. Jusque Bolnisi. La ville est en réfection complète : rues trouées à foison, poussière bien plus dérangeante que celle de la piste. Va comprendre... Cette ville en chantier dégage une poussière grise pire qu'une cité minière dans une challeur suffocante. Nous logeons dans le seul hôtel du coin. Superbe et légèrement hors budget. Nous compensons sur le prix du resto ! Purée, Un peu de luxe, c'est revigorant !

Anecdote du jour :

L'énorme grille est fermée. Je me gare donc (nickel, il faut le souligner!) devant la petite porte ouverte en pensant que je passerai (première erreur : valises trop larges) et sans tenir compte de la forte pente qui va m'empêcher de manœuvrer la moto pour me positionner correctement (deuxième erreur !) C'est bien d'être deux ! Boucanier tombe des nues et ... fait le job comme un champion 😇 ...

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C'est encore une fois la météo qui définit nos errances. Il va faire chaud. Direction les hauteurs de la montagne.

Le projet : parrtir pas trop tard, éviterTbilisi, rouler jusqu'à la frontière de la Tchéchénie en passant par les petites routes et pistes et se poser tranquillement.

La réalité : impossible de se réveiller tôt donc nous partons vers midi dans le cagnard et la poussière. Distraits, nous loupons un way point et bifurquons dans la mauvaise direction (nous n'avons toujours pas compris où). Du coup le gps recalcule et nous fait passer par Tbilisi dans les travaux, les bouchons et le cagnard (40°). Coup de chaud et 40 minutes d'arrêt dans une station à essence pourrie pour faire redescendre la température de nos corps et chercher une échappatoire. Nous refaisons l'itinéraire et décidons de passer par le parc national de Tbilisi. Ça monte et les températures baissent. Ouf! De plus la route est boisée et jolie.

Ça virole. Nous nous régalons et ne prêtons pas trop attention. Le temps passe. Et nous nous retrouvons à près de 100 kilomètres de là où nous voulions aller. De pistes vu que le gps est programmé pour ne pas les éviter. Il est 16:30. Cette fois, nous cochons 'bitume" pour rejoindre rapidement la route militaire vers la Tchéchénie. On redescend de la montagne pour rejoindre celle d'en face. Nous découvrons le lac Zhinvali (en fait un réservoir de barrage). Il est 18:00. C'est bon pour aujourd'hui ! Nous avons cuit en cuisson lente toute la journée...


Pas de terrasse. Juste un "market". Rien d'autre depuis des km
Le lac Zhinvali
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Nous sommes impatients de reprendre la route vers Stephantsminda qui nous mènera à la piste d'Abano. Donc nous nous levons tôt. Caramba ! Pas de petit-déjeuner avant 10:00 ! Bon nous partons tard. Cela devient un incontournable !

Un bref arrêt devant la forteresse d'Ananouri. C'est blindé de touristes et il fait très chaud. Une photo suffira !

70 km sur la route militaire, qui relie la Géorgie à la Russie depuis la fin du 19ème siècle. Elle suit le tracé commercial des Routes de la Soie emprunté par les envahisseurs perses, romains, mongols. Aujourd'hui, c'est une des deux seules portes d'entrée vers l'Est. Elle est remplie de touristes russes, kazakhs etc et surtout de camions de toutes nationalités transportant toutes sortes de marchandises vers la Russie. Nous jouons à saute-moutons. Pas d'arrêt photos sinon ils repassent et tout est à refaire !

On voit que nous approchons de la Tchéchénie (musulmane) aux nombreux restaurants qui affichent halal !


La forteresse d'Ananouri

Nous arrivons à Almasiani où commence la piste. L'idée était de "rouler léger" donc de mettre juste assez de carburant dans ma moto pour la piste. Et bien il n'y a aucune pompe ! Et avant d'arriver non plus, sur 60 kilomètres et malgré le nombre de véhicules circulant sur cette route ! La première station est à Stephantsminda (17 kilomètres). L'aller-retour s'impose : plus assez d'essence ! Quand les gnomes farceurs ont décidé de s'amuser à mes dépens, il s'en donnent à cœur joie....

La très belle et très sauvage, parfois caillouteuse, piste nous emmène d'abord le long du canyon de Kasari avant de suivre la vallée de Trusso, bordée de prairies teintées de blanc et de rouge par l'eau ferrugineuse de la montagne. Ici et là l'un ou l'autre village, parfois un cavalier, un peu plus loin des travertins (sorte de terrasses blanches formées par la précipitation du carbonate de calcium contenu dans l'eau).

Au bout de la piste, le minuscule village d'Abano accueille des moines et des moniales. Celles-ci tiennent un petit restaurant où nous nous arrêtons un moment.

Au loin la forteresse de Zakagori en ruines.

Au-delà c'est la Tchéchénie...



Montagne sacrée,

Tachée de rouge et de blanc ...

Les pierres murmurent

Parfois

Les secrets de volcans endormis


Le restaurant des moniales

La photo surréaliste du jour 🤣
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Une journée comme on ne les aime pas : saute-trucks sur la route militaire, 40° (le mélange est particulièrement nauséeux, fumées noires, poussière grise, vapeurs d'essence ...). Le tout entrecoupé par le slalom de jeunes cowboys en voiture ! Vers 15:30, un arrêt lunch qui dure bien trop longtemps, on discute du temps qu'il nous reste, de l'itinéraire du retour, de la météo... Tant que faire se peut éviter le cagnard et les orages. C'est décidé pas de bateau. Direction les lacs des montagnes et la Turquie ; nous aurons 12 jours zen pour rentrer ! Sans autoroute.

Nous arrêtons à Mtskheta. A la recherche de frais : airco et rivière... Il est 22:00. Il fait encore 37°

Mtskheta by night, ça change....
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Oh là là ! 8:30 et déjà 37°. Pas de possibilité de petit-déjeuner avant 10:00 ! Il est question de se carapater au plus vite un peu plus haut là où il fera un peu plus frais ! Direction Aiazmi vers la Turquie !

Sur plus de 100 kilomètres là route est absolument superbe : revêtement nickel, pas de vaches et une température au-dessous des 30° dans des paysages sublimes de grandeur et de solitude.

Et dans cette immensité, le mémorial de Didgori (dont nous n'avions pas entendu parler).

A Tetritskaro (région de Kvemo Kartli). des sculptures géantes , surtout des épées, sont disséminées à ciel ouvert sur les collines de part et d'autre de la route Des dizaines d'épées sont plantées dans le sol et des sculptures colossales de corps démembrés sont éparpillées dans les prairies alentours. Le monument commémore la bataille de Didgori et la victoire de l'armée géorgienne contre les Seljuk en 1121. Une victoire que les historiens considèrent comme miraculeuse vu l'inferiorité numérique de l'armée géorgienne. Ce fut une étape historique dans les guerres contre l'empire ottoman. Le sculpteur Merab Berdzenishvili et l'architecte Tamaz Gabunia en sont les concepteurs er ont reçu le prix d'État de Géorgie pour leur travail en 1995.


Plus tard, la route redevient une piroute avec ses vaches, ses chiens errants, ses trous, ses chantiers... Nous roulons jusque Stephantsminda puisque nous y avons un "QG" qui ce n'est pas bien loin de la frontière turque...

Sous son chapeau multicolore

Un vieil homme

Traverse la vie

En souriant

Chemin faisant

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Il nous reste une cinquantaine de kilomètres jusqu'à la petite frontière turque de Aktas. L'autre petit poste frontière est à Posof. Nous le connaissons et faisons donc l'autre choix. L'avantage des petits postes frontière est qu'ils sont généralement peu encombrés et cool donc peu chronophages.

Jusque là, la Géorgie est pareille à elle-même : piroutes poussiéreuses, très beaux paysages, paysans aux champs, maisonnettes quasi en ruines et pourtant toujours habitées, la réserve de chauffage pour l'hiver (murets de bouses de vaches) ...

Émouvante Géorgie parcourue dans tous les sens et pourtant nous la quittons avec le sentiment de ne l'avoir qu'effleurée du bout des roues, des yeux et du cœur...Il reste tant à découvrir.

Nous entrons donc en Turquie par une toute petite porte qui se révèle vite grandiose : le lac Çildir d'abord et ensuite les montagnes arc-en-ciel (sur la route qui mène à Oltu) et la vallée de Coruh.

Je ne fais pas beaucoup de photos car nous essayons d'échapper à la pluie qui menace puis finit par tomber ! Le projet "routes de montagnes" est reporté à demain (seconde chance pour les photos). C'est sous une chaleur moite, étouffante et persistante que nous nous réfugions à Oltu. Petite ville de la Turquie profonde, avec sa rivière pleine de plastics, ses rues encombrées, éclatées et poussiéreuses, ses "salons" de thé à même le trottoir. Nous logeons pour 12 €. Sans airco, sans eau chaude (pas grave, il fait torride), sans PQ (pas grave non plus: on en a toujours dans les motos), sans petit-déjeuner. La bière après la journée moto s'achète dans un sac plastic noir et se boit en cachette avec le muezzin en toile de fond...


Pour l'anecdote : c'est toujours moi qui m'occupe du logement. Quand nous avons parqué les motos et tout déchargé des Turcs belges en vacances nous parlent d'un endroit meilleur. J'ai donné ma parole aux petits jeunes bien gentils qui, sans doute pour des clopinettes, travaillent ici. C'est pourri mais il m'est impossible de revenir sur ma parole... A Michel, bien plus pragmatique que moi, cela ne poserait aucun problème ! Nous sommes restés !

Moi dans l'émotionnel, lui dans le commercial. Mars et Vénus....

Tout en 1
C'était vraiment pourri et insalubre !
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Nous prenons la route tôt vers Yusufeli. Celle que nous avons arrêtée la veille pour cause d'orages ! Le but est de longer le canyon le long de la rivière Çoruh long d'environ 150 kilomètres. La Çoruh est considérée comme le fleuve qui coule le plus rapidement au monde. Ses détroits sont étroits et profonds et accueillent une grande biodiversité. Les paysages coupent le souffle à chaque tournant. La nature est foisonnante de fleurs, d'insectes, de papillons et d'oiseaux. Il fait très chaud (38°).

Nous connaissons cette route : elle a bien changé depuis l'année dernière. Des dizaines de tunnels ont été construits et sont ouverts. Ils nous barrent la vue à chaque fois mais nous rafraîchissent (de 12°!).


Les montagnes arc-en-ciel
Arrêt pour se rafraîchir
Et nous ne sommes pas seuls : un camionneur se réveille...
L'eau aux mille nuances de bleu

C'est tout émerveillés que nous arrivons à Ispir. Il est tôt et nous avions prévu 100 km de plus.... mais ... je reconnais m'y être arrêtée l'année dernière dans un très bel endroit isolé en pleine nature. Le retrouver n'est pas une mince affaire. Un peu de ténacité et .... Victoire ! Cela se révèle une excellente idée !

Pour ceux qui voudraient passer par là :

Hôtel- camping Idos près de Ipsir

40°27′24.58″N 40°57′38.84″E

(Cet endroit n'est connu que des Turcs, sans les coordonnées GPS, impossible à trouver : rouler environ 4 km à la sortie d'Ipsir en direction de Madenkōprübaş (D050) et prendre à gauche en face d'une série de petits magasins .C'est évidemment l'inverse quand on va vers le canyon). Ensuite suivre la piste un peu plus loin sur la droite après un petit pont)..

Une soirée mémorable

Il y a un petit resto dans ce camping. Caramba, il est fermé pour cause de mariage ! Tout le village est invité. Qu'à cela ne tienne : nous sommes invités aussi !

Repas, partages de tous ordres, éclats de rire, ... nous nous prenons au jeu et passons une excellente soirée. Sans bière !

Nous sommes époustouflés par les danseurs, principalement des hommes, qui ont une endurance hors normes.

3 commencent, rejoints par d'autres, puis par quelques femmes et des enfants.

Ils se tiennent par la main : symbole d'appartenance et d'entraide (nous explique-t-on). Dans cette région traditionnelle de la Turquie, les femmes se joignent peu car elles n'aiment pas s'exposer au regard des hommes. Il est d'autres lieux où hommes et femmes dansent les mêmes danses traditionnelles qu'ici ensemble.

Détail rigolo pour nous : la danse d'ouverture est la seule où des couples se forment...

Au fil des échanges: les villageois expriment généralement leur satisfaction de la politique d'Erdogan (notamment les tunnels qui leur facilitent la vie) : ils perçoivent la modernisation de la Turquie comme une rupture avec le passé et une affirmation de la place du pays tant sur la scène internationale qu'au niveau national : le désenclavement de régions reculées facilite les échanges commerciaux internes et externes.

Il faut noter que nous sommes en public. Ce point de vue confirme ce que nous avons déjà pu observer : Erdogan est un leader populaire dans les régions rurales.

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La balade continue le long de la rivière Çoruh. D'un côté des paysages de montagne très arides, avec une végétation s'accrochant à la pierre qui se décline dans toutes les nuances d'ocre et de vert. De l'autre, côté rivière, des oasis de verdure, des fruits, des fleurs et une eau tantôt bleue tantôt verte. Il y a très peu de monde. La route est roulante jusqu'à ce qu'elle se transforme en piste ou en chantier. Ou en goudron fondu.

Ça et là un village avec des balançoires toute neuves en plastic coloré à côté de maisons vétustes habitées. Quelquefois un terrain de foot plus ou moins à l'abandon sur lequel des meules de foin patientent ou laissé aux moutons. Chronologie de la vie : une fois les chaleurs de l'été passées le terrain de foot retournera aux joueurs. Il y a toujours une mosquée, pour la relative fraîcheur de son ombre et son eau toujours fraîche et généreuse pour le croyant comme pour le voyageur.

Nous faisons halte dans un de ces villages où jamais personne ne s'arrête. Je m'y étais arrêtée pourtant l'année dernière, un des anciens me reconnaît. En fait c'est sans doute ma moto qu'il reconnaît. Bah ... elle ou moi, c'est égal. On se tape dans les mains. Il allume le samovar, prépare une bâche pour tenir le soleil en respect. Pas de marteau. Une hache fait l'affaire pour clouer. Et nous restons là à attendre le "çai". L'arrêt devait être bref ; nous restons plus d'une heure ! Le soleil en profite pour monter haut dans le ciel, torride...

Nous roulons moins d'une heure. Les buffs sont secs. Et nous nous déshydratons. Arrêt à une pompe. C'est clair on mouille tout et on continue. Ben ... non ! Un escadron de gendarmes est là. Très intéressé par les motos. Va pour un "çai", des photos, une papote. Nous recevons un drapeau turc de l'armée pour mettre sur les valises. Du coup on leur offre notre drapeau belge !

Un des civils fait remarquer aux gendarmes qu'un de nos autocollants mentionne "Kurdistan" ! En fait les autorités et les Turcs ne reconnaissent pas le Kurdistan mais parlent de l'Anatolie du Sud-est. Michel évite toute susceptibilité et mentionne le Kurdistan Irakien.

Pour information : seul l'Irak reconnaît l'autonomie de la région kurde dans ses frontières. Quant à l'Iran, il reconnaît le Kurdistan comme une de ses régions.

Bref, encore un arrêt "court" où nous restons collés !


La gendarmerie militaire (armése de mitraillettes) et la gendarmerie de la route

Nous continuons notre route vers l'ouest à la recherche de beaux endroits, de paysages inspirants, de moments hors quotidien, de rencontres inattendues.

C'est la quatrième fois que nous sommes en Turquie. Passage obligé vers l'Est à l'aller ou au retour. Et pourtant le voyage est à chaque fois autre. C'est l'ouverture du cœur qui le colore avec un peu plus de nuances.

Nous débarquons à nouveau dans une hutte. La vue est superbe. C'est la nuit des perséides. Les étoiles filantes sont au rendez-vous. Nous de même ...


Vue du chalet

Le challenge du jour

Qu'est-ce que c'est et qui a fait ça ?

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Près de 950 kilomètres en deux jours. Température entre 42° et 45° . Un peu de petites routes et beaucoup de roulant. Les arrêts sont pour boire, se mouiller, faire le plein et manger Pas de photos du coup: il fait bien trop chaud pour s'arrêter, descendre de la moto et marcher pour cadrer!

Quand elle ne fond pas le bitume, la chaleur brûle et assèche tout : les ballots de paille, les champs de blé et de tournesols, la route qui devient poussière et s'envole pénétrant jusqu'au fond des gants, des bottes et de la gorge. Il fait soif et bien trop chaud. La réverbération de cette chaleur sur le bitume noir décuple le brûlant sur la peau. C'est épuisant.

Nous nous sommes arrêtés à Amasya, très jolie et très touristique petite ville. On y voit des femmes plus "dénudées" qu'ailleurs et on y trouve des bars et restaurants où boire une bière ou un verre de vin en public.

J'ai décrit Amasya dans mon carnet de l'année dernière. Elle vaut d'y passer un peu de temps que nous n'avons pas cette fois.


Amasya

Nous avalons près de 500 bornes pour rejoindre un hôtel-spa (bien décrit aussi dans le carnet 2022) que nous avions beaucoup aimé l'année dernière.

Nous faisons le choix du roulant de traverse. Peu d'endroits où s'arrêter : la Providence prend soin de nous. Quand nous ne trouvons pas d'eau, nous repérons une mosquée car s' il y a mosquée, il y a toujours de l'eau et elle est fraîche.

Le lunch nous est offert par une famille venue pique-niquer et passer l'après-midi là, au milieu de nulle part à l'ombre de quelques grands arbres. Nulle part en Turquie, on n'est indifférent au passant et toujours on lui propose du "çai" et à manger.

Ce repas partagé est un moment de joie pour tous.

Plus loin, c'est un sac de noix de cajou que nous recevons. Avec cette phrase extraordinaire : "Prends-le. Cela me fait plaisir" !

Nous arrivons épuisés de torpeur au Ayas Spa.

Le personnel nous reconnaît de l'année dernière et l'accueil est sincèrement chaleureux. Au bout de la route, un ami est là d'autant plus heureux de te voir qu'il ne n'attendait pas. Quelquefois c'est une rencontre, parfois des retrouvailles...


La bêtise du jour

Pour ceux qui ne sont pas au fait : nos GS sont équipées de plusieurs options de hauteur d'amortisseurs. En ville, je choisis souvent la position basse qui, en diminuant le jeu des amortisseurs, me permet d'avoir les pieds bien au sol dans les petites rues étroites et trouées (plus facile pour manœuvrer). Une fois sortie de la ville, je change pour le réglage automatique qui rehausse la moto et redonne du confort. Aujourd'hui j'ai complètement oublié ! Et ne me suis posée aucune question au sujet du "flou" bien accentué sur les gravillons et routes en réfection (par exemple). Aucun doute que le confort de la selle est aussi pour beaucoup dans cet oubli ! Résultat : c'est mon corps qui a joué amortisseur toute la journée ! Dès qu'on s'arrête je suis toute endolorie et franchement épuisée ! Il est clair que ça ne m'arrivera plus !

La même distraction sur un beau goudron lisse et avec une moto non chargée n'aurait pas prêté à conséquence.

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Pas grand chose à raconter sur cette étape qui en gros ressemble à la précédente : gros cagnard (les 43° ne nous lâchent pas "la grappe") et kilomètres. Je n'ai à nouveau pas eu l'énergie de m'arrêter pour quelques photos le long de la superbe petite route que nous avons prise le matin. Boisée mais pas rafraîchissante.

La seule anecdote est que je me suis fait gauler par la police pour excès de vitesse. C'est scandaleusement abusif pour des tas de raisons :

Le contexte : je roulais à 111 km/heure sur une voie rapide à quatre bandes.

Les injustices :

- Michel roulait devant à la même vitesse. Il ne s'est arrêté que parce moi j'étais arrêtée. Il ne s'est donc pas fait flashé.

- Il y avait des tas de voitures qui roulaient bien plus vite.

- Aucun panneau de limitation pour les motos. Nous en avons déduit que c'était 120 km/heure. Comme pour les voitures. Logique non ?

J'ai donc contesté quand le policier m'a sorti sur son téléphone une réglementation spéciale pour les motos ! 100 km/heure ! J'aurai le pv à payer sortant de Turquie ! Comme Michel tentait d'argumenter pour me défendre, un des policiers a pris sa moto en photo sous tous les angles. Surtout la plaque ! Purée interdiction d'arguments de simple bon sens !

Intimidation ? Nous verrons à la frontière... Pour le coup, je compte sur l'efficacité de mon ange gardien ! Avec un peu de chance, nous passerons la frontière avant que le pv n'y soit ! Ou alors les policiers nous ont fait une mauvaise blague !

Pour info, j'ai observé tous les panneaux avec attention : je n'en ai vu aucun où les motos sont mentionnées !

Résultat : une heure et 100 km de "perdus" !

Nous nous sommes arrêtés dans un hôtel avec piscine. Il fallait bien décompresser...

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Vu la chaleur et la mauvaise rencontre de hier, nous partons tôt et ne prenons que de jolies petites routes. Celles où il n'y a aucun risque de flics (avis vengeur et subjectif). De plus, il est question de contourner Balikesir qui est une très grosse ville où nous avons cuit la dernière fois que nous y sommes passés !

Excellente idée ; la température ne dépasse plus les 32° ( sauf sur les 40 derniers kilomètres). Pensée émue pour Brigitte qui nous a envoyé "du frais" !

Les paysages sont superbes de grandeur et de solitude. Les villages débordent d'authenticité et d'accueil. La conduite est vraiment gaie. Et comble du bonheur, les rencontres sont de vrais cadeaux : paysans au champ, paysannes au pic-nic, femmes cuisinant le pain, forgerons fiers de leur job.... Tous nous invitent pour un moment ensemble, tous sont désireux de nous montrer leur quotidien. Nous emportons 2 concombres, du pain tout frais et des pêches juste cueillies...

Dernière la porte entrouverte

Cœurs à l'accueil

Vies dévoilées

L'âme du monde



A la croisée des chemins entre Indonésie et Géorgie

L'objectif est Çanakkale où nous attend notre amie Elsa, en road trip solo après un voyage de près de trois mois.en Indonésie. J'aime bien l'insolite des rendez-vous au bout du monde avec un(e) ami(e) que tu ne vois peu même si au final nous n'habitons qu'à quelques centaines de kilomètres. Ils recèlent un merveilleux cadeau ...


Nous sommes souvent passés à Çanakkale mais n'y avons jamais trainé. L'improbable balade à trois est un merveilleux cadeau.


Troie n'est pas loin...
Voiture de Barbie 🤣. Rose fuchsia
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Vu la chaleur et la mauvaise rencontre de hier, nous partons tôt et ne prenons que de jolies petites routes. Celles où il n'y a aucun risque de flics (avis vengeur et subjectif). De plus, il est question de contourner Balikesir qui est une très grosse ville où nous avons cuit la dernière fois que nous y sommes passés !

Excellente idée ; la température ne dépasse plus les 32° ( sauf sur les 40 derniers kilomètres). Pensée émue pour Brigitte qui nous a envoyé "du frais" !

Les paysages sont superbes de grandeur et de solitude. Les villages débordent d'authenticité et d'accueil. La conduite est vraiment gaie. Et comble du bonheur, les rencontres sont de vrais cadeaux : paysans au champ, paysannes au pic-nic, femmes cuisinant le pain, forgerons fiers de leur job.... Tous nous invitent pour un moment ensemble, tous sont désireux de nous montrer leur quotidien. Nous emportons 2 concombres, du pain tout frais et des pêches juste cueillies...

Dernière la porte entrouverte

Cœurs à l'accueil

Vies dévoilées

L'âme du monde



A la croisée des chemins entre Indonésie et Géorgie

L'objectif est Çanakkale où nous attend notre amie Elsa, en road trip solo après un voyage de près de trois mois.en Indonésie. J'aime bien l'insolite des rendez-vous au bout du monde avec un(e) ami(e) que tu ne vois peu même si au final nous n'habitons qu'à quelques centaines de kilomètres. Ils recèlent un merveilleux cadeau ...


Nous sommes souvent passés à Çanakkale mais n'y avons jamais trainé. L'improbable balade à trois est un merveilleux cadeau.


Troie n'est pas loin...
Voiture de Barbie 🤣. Rose fuchsia
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Haskovo (Bulgarie)

Longue étape surtout avec le passage de frontière à Edirne. Comme d'habitude, des files à n'en plus finir. Sauf que:

- d'énormes cônes (1..20 mètre) on été installés pour empêcher les voitures de changer de file. L'interfile est difficile pour les motos Sous le cagnard (39°), c'est loin d'être une partie de plaisir !

- je me suis fait insulter grave par un Allemand. Bon je n'ai pas tout compris mais quand même ! J'ai bien vu qu'il avait une folle envie de me frapper.

- les pv étaient à la frontière. Le douanier était bien gentil et comprenait mes arguments mais : " We understand each other, but that is Turkey" ! Michel n'avait même pas été flashé !

- nous avons reçu de l'eau glacée ! Super !

A part ça, rien à raconter : des kilomètres de liaison voies rapides.

Quoique... ma Dolce Avventurra a franchi le cap des 100.000 km !

100.000 km d'aventures, de découvertes, de rencontres, de jamais-seule, de médiations du guidon ; elle m'ouvre toutes les portes ...Ma thérapeute, mon ressourcement, la poésie de ma vie, une de mes plus belles histoires d'amour... Dans le chaud et dans le froid, la grisaille et le soleil ... je lui offre de voyager , elle me fait cadeau du reste avec bienveillance et gentillesse... Elle m'apprend ... C'est ma Dolce Avventurra 🤩

Juste pour information : Haskovo accueille une base militaire US depuis 2006 ( à vérifier - si elle est juste, ça date de Bush). . Il y en a quatre en Bulgarie. Mais qu'est-ce qu'ils font là ? En quoi cela sert-il les intérêts Bulgares ? Évidemment pas de photos...


Niš (Serbie)

Je pensais n'avoir rien à raconter ou à montrer vu que nous nous dépêchons pour rentrer.Et bien la route s'est présentée autrement.

Nous passons devant le Route 80 (resto- motel - routard) où nous décidons d'un arrêt lunch. Comme notre amie DV habite à un jet de pierres, je lui envoie un message et elle nous rejoint. Encore une belle improvisation ! Elle nous conseille de passer en Serbie par une toute petite frontière très peu fréquentée : Strezimirovci.

Le plan est génial : petites routes de montagne superbes et fraîches ((maximum 28°) et pas un chat au poste frontière. Les douaniers sont super des deux côtés ! Le détour n'excède pas 40 kilomètres. Comme nous gagnons une heure nous poussons jusque Niš.

Le temps passe qui efface le nom de héros
Images de Bulgarie et Serbie

Niš by night


Une adresse sympa et pas chère à Niš :

Guesthouse Golden Coin

Elle est sur Booking, Mapsme et dans le gps Garmin

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Une nuit en Serbie, une autre en Croatie (Bošnjaci). Demain ce sera l'Autriche et puis l'Allemagne. Ce retour à l'arrache n'est plus le voyage. Nous essayons de lui donner de la douceur...

Que de l'autoroute. Ou presque. Rien de passionnant. A l'une ou l'autre station, quelques échanges avec des motards qui eux aussi avalent des kilomètres.

Un Russe installé en Serbie depuis les sanctions pour pouvoir continuer son business. Il nous dit qu'ils sont environ 100.000 dans ce cas. Bien accueillis en Serbie car il y font commerce et y paient des taxes.

C'est un homme modéré qui revendique le droit de vivre sa culture, son histoire ainsi que celui d'offrir une vie à ses enfants. Sans que personne ne lui impose un mode de pensée. Son père est un Ukrainien parti s'installer à Moscou pour y enseigner à l'université. Encore quelqu'un qui nous parle de déchirements fratricides ...

D'autre part, les autres rencontres nous font part d'un avis assez mitigé quant aux pressions économiques US et UE à vouloir mettre le pays sous tutelle alors que la population n'oublie pas que leur pays est, depuis longtemps et comme la Géorgie et l'Ukraine, le théâtre de la stratégie géopolitique US envers la Russie. Envie de préserver indépendance et neutralité.

Contrat honoré : nous sommes à une cinquantaine de kilomètres de Villach (Autriche). Demain ce sera l'Allemagne. Il nous reste environ 1200 km jusque chez nous.

Les noms ont défilé : dans le désordre : Bled, Ljubjana, le parc Krka, Pliviĉe, le parc de Paklenica, Zagreb, le parc Pirode Zumberak, le parc Lonjskopolje ... Slovénie... Noms pour la plupart imprononçables et pourtant pleins de poésie et de souvenirs d'autres voyages. Les méditations du guidon nous emmènent remonter le temps...

Nous sommes bien en Europe : des frontières, il ne reste que des guérites délaissées, le carburant coûte près de 2 €/litre, les pensions sont au prix de l'hôtel et la température de l'eau de la douche y est non seulement réglable mais précise...Les éoliennes gâchent le paysage. La bière coule, la nourriture perd de sa finesse.... Faire pipi te coûte 1€. Le consumérisme est présent jusque dans les arrêts autoroutiers : pas de chaise. Achète et surtout ne t'attarde pas, il n'y a pas de temps pour ça ! Nous avons du mal avec cette violence à l'âme...

L'ironie du jour : à cause d'un gros bouchon, nous terminons la journée sur de jolies routes slovènes pour rejoindre l'Autriche (c'était fermé aux touristes en transit mais le flic motard nous a laissés passer).

Deux heures de jolies petites routes. La Slovénie est bien le paradis des motards...

Je suis tellement lasse de tant d'autoroute que je ne fais aucune photo. Juste envie d'enlever les bottes et le casque.... Demain peut-être....

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Rentrés à la maison

Avec le soleil dans nos valises.

Merci à vous tous qui avez pris le temps de lire ces reflets de voyage, de commenter,. De sourire sans doute à l'une ou l'autre bêtise. Merci d'avoir roulé dans nos roues ...

Cécile et Michel