Carnet de voyage

A l'est, avec les fées ...

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Il y a un an environ, des gnomes bien farceurs décidaient que notre voyage ne serait en rien ce que nous avions prévu. Nous avons donc mis l'hiver à profit pour faire un pacte avec des fées.
Avril 2025
150 jours
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Publié le 11 avril 2025

Le voyage est un compagnon à la fois exaltant et intransigeant. Qui aime te mener par le bout du nez ! Là où il veut, peut-être, en quelque sorte, là où est ton destin à ce moment précis de ta vie. L'année dernière, des gnomes farceurs se sont glissés dans nos motos (la mienne surtout) refusant de nous emmener jusqu'en Irak, Afghanistan et au-delà. Nous avons donc profité de l'hiver pour faire un pacte avec les fées et remettre le couvert cette année. Comme les fées aiment que nous montrions notre motivation, Michel a enlevé toute la bagagerie et démonté complètement ma F650GS pour changer l'ensemble du faisceau électrique. Un nouveau disque de frein arrière a été placé. Le double radiateur d'huile, qui fuitait et n'était d'aucune utilité, a été retiré. Le gros check up complet des deux motos a été fait.

J'invite ceux qui ont de l'intérêt pour la préparation des motos à lire la première étape du carnet de l'année dernière "Vers l'inconnu" : https://www.myatlas.com/ceciliamarit/vers-l-inconnu

En images, c'est ici : https://youtu.be/L0Dwy68XfYc

Et en images plus récentes (l'électricité - avec une pensée pas très pieuse pour le roublard qui m'a vendu cette moto sans rien me vouloir me dire)

En ce qui me concerne, un vrai casse-tête
En ce qui me concerne, un vrai casse-tête


Côté administratif, nous avons renouvelé notre carnet de passage auprès de l'ADAC en Allemagne, demandé les visas pour la Russie ( (Travel service visa, 09 88 99 55 96 / 06 79 44 08 33) et l'Iran (via Aram, https://www.facebook.com/profile.php?id=100076237013200), investigué toutes des assurances qui couvrent plus de trois mois hors Europe et ... sommes retournés chez Assudis qui reste la meilleure option (en tout cas pour les Belges). Nous nous sommes procuré des dollars (nouveaux billets : les anciens n'ont apparemment pas la cote dans certains pays, dont le Pakistan et l'Afghanistan 😉). Et pour le visa indien, des photos de 5cm x 5cm. Bon à savoir...

Côté santé : outre les traitements de Michel, nous emportons des antibiotiques à large spectre, du paracétamol, du désinfectant, du collyre, des pansements divers. Et mes immanquables : argile, argent colloïdal, chlorure de magnésium, gélules d'artemisia, capsules de canneberge (souveraine en cas de cystite) et quelques huiles essentielles (lavande aspic en cas de piqure d'insecte, gaulthérie couchée (tendinite et soucis musculaires), ravinsara (booste l'immunité), origan (antibiotique et antivirale), giroflier( maux de dents).

Côté binz : (de dernière minute, sinon ce ne serait pas des binz) : une vis défectueuse qui casse au moment du montage du disque de frein arrière. Et bien entendu nous n'avons pas l'outil pour enlever le petit morceau de vis coincé ! Coût : 3 jours ! Le visa iraquien qui est devenu e-visa avec un site pas encore au point (des onglets identiques mais il faut choisir celui du bas de page et pas celui du haut sinon ça ne marche pas, des problèmes de langue (je crois) : la case à cocher est "visa on arrival" alors qu'avec l'e-visa il n'y a plus de "visa on arrival". Coût : plusieurs jours d'essai, de lectures de forums … En un mot, nous nous sommes bien amusés !

Quant à notre projet, il reste semblable à celui de l'année dernière.

La minute méditative

A l'heure où j'écris ces lignes, le compte à rebours a commencé. Nous revoyons pour la Xème fois les buts, les itinéraires, le timing, les saisons, les visas, les permis, les documents, la liste de ce qui doit être fait, celle des choses à emporter (les facultatives et les impératives). L'envie d'ailleurs, celle d'enfourcher les motos se fait un peu plus pressante chaque jour. Au fil des soirées nous disons "au revoir" à nos amis, à nos enfants, à tous ceux qu'on aime. A certains, nous ne dirons "au revoir" qu'en partageant le lien vers ce carnet. Car le temps file toujours plus vite… Au fil des petits-matins printaniers, je dis "au revoir" à la glycine et au lilas qui, pour me retenir un peu sans doute, laissent pointer le bout de leurs fleurs ; je dis "au revoir" à la clématite des montagnes qui, elle aussi, fait ce qu'elle peut pour vite m'offrir quelques fleurs sous le regard narquois du camélia rouge qui lui susurre : "Moi, j'ai offert" ! Besoin d'ancrage et tout autant besoin de nomadisme : s'éloigner de notre vie, de vivre avec moins, de quitter le connu confortable, d'improviser, d'immobiliser le temps en accélérant l'espace …

Au fil des jours, nous tissons des liens avec d'autres voyageurs qui feront un voyage semblable au nôtre. Ils ont pour noms Nadine ou Didier ou encore ... Peut-être nous croiserons-nous, peut-être y aura-t-il l'un ou l'autre jour de "retard", l'un ou l'autre changement d'itinéraire. Cela est sans importance : rendez-vous est pris sans date, sans heure, sans lieu. L'ancrage sans obligation : chacun suit son vent. Et cela est joyeux. Et prometteur.

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La météo était frisquette mais sèche et presque lumineuse. Nous nous sommes mis en route, par de joyeux chemins de traverse. Notre objectif était Langres, afin de contourner au mieux la pluie et la neige le lendemain.

Oh surprise : c'est raté !

A environ 150 km, de la maison, je veux fermer (ou ouvrir, je ne sais plus) ma visière, un gros "clac" se fait entendre, le vent s'engouffre et la visière ballotte. Arrêt d'urgence.

Une camionnette s'arrête et s'inquiète : il ne peut pas aider. Un monsieur du coin a vu nos feux de détresse et propose lui aussi son aide.

Diagnostic : deux petites vis d'attache de l'articulation ont cassé net en même temps ! Incroyable ! Réparation d'urgence : on colle la visière et on cherche un magasin de casques . Dans la campagne française, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue. Nous décidons d'aller à Chaumont- en-Champagne . J'ai 100 km pour me faire à l'idée d'entamer sérieusement le budget voyage 😭.

Nous arrivons chez Dafy. Pas de casque aventure avec une penne bien pratique en toutes circonstances. Mais ils vendent Shoei. ils se mettent en quatre pour une solution : les bouts de vis sont sortis de leur gangue, des vis de secours ainsi que la bonne clé pour les fixer apparaissent comme par miracle et Michel refixe le tout.

- "Qu'est-ce que je vous dois ?

-" Rien du tout, c'est notre participation à l'aventure !"

Nous les remercions chaleureusement et, dans le fond de mon cœur, j'ai une belle pensée pour les fées qui viennent de sauver ma fidélité à Shoei et le budget !

Les gnomes espiègles - ceux qui nous jouent des tours dans leur guerre avec les fées - se sont eux aussi glissés dans le voyage : la première chambre d'hôtes que nous trouvons est desertée par ses propriétaires depuis plusieurs décennies ; les gérants de la seconde sont aux abonnés absents. La plupart des hôtels de Vitry le François sont éteints ou n'ont pas de parking. Et nous nous retrouvons au Tambourin. Bien trop cher et petit-déjeuner industriel !

La route fut surtout éclairée par des dizaines de champs de colza et leur envoûtant parfum, à la fois floral et fruité, printanier, doux, furtif et un peu enivrant. Le genre de parfum qui inscrit des souvenirs dans la mémoire du corps. Les champs de colza sont une promesse qui vibre et bourdonne. Si je devais décrire le jaune à un aveugle, il me semble que je l'emmènerais dans un champ de colza...

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Publié le 4 mai 2025

Petites motos, petites étapes.

Nos chemins de traverse sont beaux, malgré la pluie qui nous accompagne tout l'après-midi. Une petite pluie fine et presque constante...

Aujourd'hui encore, le colza fait de son mieux pour capter un maximum de lumière.

Les villages souvent en vieilles pierres dorées (comme le champagne) sont romantiques à souhait quoique désertés (pas de commerces, pas de banques, pas de bistrots...)

A la sortie d'un virage, un bâtiment décrépit : moi qui aime l'urbex, je m'arrête : peut-être est-il possible d'entrer... C'est la carrière de Moissey. Impossible d'aller voir de près : ce qui de prime abord semble abandonné est exploité encore. Je ne trouve aucun renseignement fiable.

Nous nous demandons de quoi vivent les gens d'ici et comment ils vivent. Questions sans réponse.

La balade est jolie.


Visière réparée
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Quand les fées sont du voyage et que tu as une amie qui habite à côté de la grotte des fées, l'évidence te guide : tu honores l'amitié et les fées ! Nous avions donc rendez-vous avec notre amie Céline. Elle nous a fait découvrir quelques belles routes peu connues de Savoie. Ses routes, ses chemins, sa cascade fétiche, le joli village de Chanaz ... Un pur moment de bonheur et une magnifique balade....Sous un soleil radieux et avec des températures plus que clémentes. Pendant ce temps, à un jet de pierres, la neige tombait dru et les cols se fermaient les uns après les autres.

Nous pensions connaître la France puisque nous y avons souvent laissé traîner nos roues. Et bien non ! Découvrir une région avec et à travers l'amour de ses habitants réserve toujours de charmantes découvertes.

La cascade de Cerveyrieu

Il y eut d'abord des eaux vaguement énervées, légèrement impétueuses qui s'éclataient sur les rochers. Nous avons suivi le chemin. La rivière courait de plus en plus vite, de plus en plus haletante.. Ah l'impatience de l'eau ... Plus loin, il y eut une arche. Vestige d'un pont disparu depuis longtemps ? Nous sommes arrivés à un petit balcon en fer qui n'était pas forgé, juste content d'être là. Le petit balcon était une invitation. Une invitation au spectacle, à l'enchantement.. Des tonnes d'eau s'engouffraiient dans un trou de la roche qui, de loin, semblait minuscule et se laissaient tomber avec fracas une cinquantaine de mètres plus bas, irisées des couleurs douces d'un arc-en-ciel. Celui-ci sussurait : "Apaise-toi" ... Inlassable, l'arc-en-ciel murmure vainement jusqu'à ce que meurt le jour ...

Chanaz

Niché au creux des montagnes, Chanaz est un petit village d'ocre et de lumière. Très touristique en été, nous n'y avons pas vu grand monde en avril. Ici un vieux four, là un ancien pigeonnier, plus loin une brocante... Avec nos bottes moto, nous n'avons pas grimpé les ruelles en pente abrupte. Juste bu un verre le long du petit canal, heureux de vivre ça comme ça.

Les routes secrètes de Céline
Chanaz 

Le lac de Nantua

C'est là qu'était notre rendez-vous avec Céline.

Les cols sont fermés, la neige est tombée et fond peut-être, certaines routes sont inondées et fermées elles aussi. Nous nous sommes perdus dans les vignes... Nous nous sommes laissés absorber par la beauté de ces routes.

Le lac de Nantua 

L'heure bleue

En fin de journée, Céline nous emmène voir ce que nous pensons être la plus belle histoire d'amour de toute sa famille depuis des générations : le lac du Bourget au pied des montagnes enneigées.

Attachement intemporel à un pays et un paysage immuables malgré les saisons, les couleurs et les temps qui changent.

Nonchalant, le lac s'étale, la montagne s'assoupit, un rayon de soleil se mire, le jour se traîne, l'âme erre, un songe vagabonde. C'est un instant de légèreté. C'est l'heure bleue...

 Le lac du Bourget 
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Publié le 5 mai 2025

La pluie s'installe. C'est une excellente raison pour partir tôt. Nous quittons Céline et son papa dès potron minet avec la promesse de se revoir bientôt.

La météo ne nous promet rien de bon, les cols sont fermés ; nous prenons l'autoroute, le tunnel de Fréjus, et entrons en Italie. A l'une ou l'autre averse près, nous parvenons à rester au sec et abattons 450 km ! Une belle réussite d'endurance avec nos petits monocylindres vibrant de partout au-dessus de 110 km/heure ! Nous sommes à Parme en fin d'après-midi.

Envers et contre la brume et la grisaille, le soleil tente des percées avec acharnement et finit par gagner la partie. C'est toute la douceur de l'Italie qui s'offre à nos cœurs et à nos regards.

Rencontre improbable avec le serveur du restaurant : Italien d'origine marocaine ayant vécu en Belgique, il parle l'arabe classique, le marocain, l'italien, le français et un peu d'anglais ! Les parcours de vie des uns et des autres ont toujours quelque chose qui sort de l'ordinaire. Celui-ci est fondamentalement lié à un nomadisme nourricier : un nomade du travail prêt à sortir de sa zone de confort. Chapeau bas !

Le lendemain, nous rallions Ancone et nous embarquons pour Ingoumenitsa. Le prix défie toute concurrence. Sauf que les repas ne sont pas compris dedans ! La compagnie se rattrape sur cet aspect !

Propos sur les traversées en bateau

Nous avons traversé quelques mers ces dernières années. La mer Adriatique est celle sur laquelle nous nous retrouvons le plus souvent ; les ferries sont touristiques, ce qui n'est pas le cas des roros peuplés de routiers et de baroudeurs. Au port d'Ancone, nous passons un bon moment sympathique avec des motards qui, comme nous, attendent. Nous parlons voyages. Ils nous photographient etc. Une fois sur lz bateau, chacun reprend le cours de son voyage, de sa vie. C'est à peine si un petit salut poli est de mise. Est-ce la destination qui fait cela ? Le mode de voyage ? Ou le temps de la traversée ?

Côtés albanaises
Le long de la côte albanaise
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Publié le 6 mai 2025

Nous avons donc débarqué à Igoumenitsa. Nous avons envie de dépaysement et de rouler un peu. Nous longeons la mer dans les collines vers Syvota.

Quelle route magnifique ! Avec en cadeau un joli coucher de soleil.

Le village est vraiment joli, la saison touristique n'a pas encore commencé. Tout est fermé ! Retour jusqu'à Igoumenitsa ! Chouette le soleil qui n'a pas fini de tomber dans la mer, continue de nous offrir un joli spectacle

Ioannina

Michel a besoin d'un nouveau pneu avant que nous trouverons en Bulgarie. Voilà qui définit notre route. Direction Ioannina. Parce qu'il y a un lac ... Et que les lacs proposent toujours une petite dose de romantisme. Même touristiques...

La route est sauvage et nous enivre de liberté...

Metsovo

A 1160 mètres d'altitude sur les pentes du massif de Pinde, Metsovo a vu naître des personnalités qui ont largement contribué à la création de l'état grec moderne après la guerre d'indépendance.

Son nom viendrait d'un mot bulgare signifiant "ours". Et en effet, l'ours semble être le symbole de la ville. Dans ses panneaux, ses œuvres d'art et ses randonnées.

Metsovo fut sous domination ottomane entre le milieu du XVème siècle et 1912. Depuis le milieu du XIXème siècle, l'économie locale est florissante et repose sur le commerce, l'élevage et l'artisanat. Les marchands locaux, enrichis en Europe et en Russie, construisirent des bâtiments publics, des écoles, des ponts et des églises.

Nos pas errant dans cette petite ville nous laissent entrevoir un peu de ce riche passé.

Metsovo est aussi un petit paradis pour les papilles : vins, fromages et truffes. Le long de la route, nous avons en effet aperçu des centaines de petits hêtres et chênes truffiers. Je me contente d'un petit vin local délicieux... Et nous goûtons aux fromages locaux et artisanaux.. Un régal....

J'erre dans les ruelles pavées en pente abrupte, l'œil ouvert aux maisons, aux portes entrouvertes, à la vie qui s'expand à chaque coin de rue.

Des enfants jouent dans le parc aux arbres centenaires, un pope se ravitaille en eau à la source, une fleuriste prépare son étal de demain, une grand-mère arose consciencieusement ses plantes. Assis sur un banc, des anciens refont le monde ; à moins qu'ils n'évoquent le passé. Des petites fleurs de toutes sortes exhalent parfums et couleurs. Au loin, la montagne enneigée veille. Les toits de tuiles rouges scintillent dans le couchant. Je sirote un petit verre de vin blanc. Une musique d'ailleurs chante à nos cœurs nomades. Nous sommes à notre place. Nous entrons pleinement dans le voyage. Tout est empreint d'une joie profonde.

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Ciel laiteux,

Comme un écrin

Lumière de perle sur le lac

Légèreté

Stries d'éclairs dans la montagne

Roulis de tonnerre au loin

Les hirondelles volent bas

Menace

La vie tremble

Michel avait consulté Ventusky : nous allions rouler dans la pluie et les orages toute la journée ! J'ai donc consulté les fées : nous avons roulé dans le soleil et sous des températures très clémentes !

La route des ponts

La magnifique route de montagne est émaillée de nombreux ponts plus ou moins anciens et plus ou moins restaurés, plus ou moins écroulés. Tous sont charmants. Nous nous arrêtons souvent et je leur tire le portrait !

Les pavés et pierres de ces ponts préservent silencieusement la mémoire d'une époque révolue : un réseau routier bien développé garant d'une économie florissante (XVIIIÈME et XIXÈME siècles).

Ici, l'homme recule abandonnant les lieux aux fées et le merveilleux est au rendez-vous : une petite soif ? Une fontaine apparaît !


Tout cela était parfait jusqu'à ce que le petit voyant rouge, indiquant la température de ma moto, s'allume. Vu que presque tout a été changé ou refait sur cette moto, cela ne saurait être grave. Je m'inquiète quand même. Arrêt à la première station avec un parking plat et ombragé. On enlève tous les sacs, Michel ouvre, achète du liquide de refroidissement ( plus dun demi litre) et un peu d'eau déminéralisée : où est passée cette eau ? Aucune perte ! On referme, on remet les bagages et nous voilà repartis... Je me découvre un toc : œil au taquet pour vérifier la température de l'huile moteur à intervalles très réguliers...

Pendant ce temps, un pope lave sa voiture...

Nous sommes arrivés à Kilkis en fin de journée : au loin, de drôles d'éclairs en arc de cercle striaient le ciel. Pas d'hébergement à un prix abordable. Nous ne sommes qu'à un jet de pierres de la Macédoine du Nord (25 km). Michel est sceptique, moi confiante. Petit passage de frontière : 20 minutes tout de même, ce qui devient longuet quand le ciel se fait menaçant. Et trouvons un petit logement le long du lac de Doïran. Nous avons même le temps de décharger et de protéger., avant la pluie, la précieuse peau de mouton qui couvre la selle de Michel ! Quand les fées acceptent d'être à tes côtés, elles ne lésinent jamais sur la générosité !

Nous mangeons un petit repas délicieux sur une terrasse couverte à côté du lac. Alentours, des dizaines d'hirondelles rasent la terre et l'eau, se courtisent, se chamaillent tout en construisant leurs nids.

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Publié le 8 mai 2025

Nous étions à Doiran en Macédoine du Nord. Il nous faut rallier le jour-même (fin de semaine) Pazardzhik en Bulgarie où Michel a repéré de quoi résoudre son problème de pneu présentant une usure étonnamment plus prématurée que le mien.

Cette fois, les orages s'annoncent vraiment ; nous avons le choix : soit passer par la montagne (100 km plus court mais plus lent), soit prendre l'autoroute. Connaissant le côté hyper-glissant de la plupart des routes bulgares, nous faisons le choix raisonnable de l'autoroute ! Les fées font de leur mieux : deux très grosses averses et une chute de grêle (même à travers les tenues moto, ça pique !)

Encore une fois, nous sommes arrivés sous le soleil !

Les motos sont garées dans la vieille ville, estimant qu'il est l'heure d'un apéro bien mérité. Nous sommes moulus !

En quête d'un endroit où manger, nous déambulons un peu dans les rues : nous y croisons Picatchou qui lui aussi roule à moto ! Certaines maisons sont cossues, beaucoup auraient besoin d'un petit coup de neuf, d'autres sont en ruines. J'éprouve toujours un peu de tristesse à la vue de beaux bâtiments envahis par la végétation et détruits par le temps qui passe. Ici, des couples se sont aimés, des enfants ont joué, des anciens sont morts. Les murs gardent encore le souvenir de joies et de peines, une vitre brisée s'entrouvre sur des vies vécues...

Et au retour, l'église...

Au matin, nous allons jusqu'au magasin de pneus. Ils ont les les Mitas E07 réservés mais ne peuvent pas les monter. Nos pneus sont des K60 et le pneu avant peut encore faire environ 5000 km. Si nous prenons les Mitas, il faut les transporter tous les deux. Michel décide de partir sans. Les fées me confirment leur intervention le moment venu. Tout ça pour ça !

Nous sommes à 300 km de Bourgas et si nous voulons prendre le bateau pour la Géorgie, c'est aujourd'hui : il n'y en a qu'un par semaine. Si nous n'y arrivons pas, il nous faudra traverser la Turquie. La partie jusqu'à Ancara, est un peu lassante....

Re-autoroute !

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Publié le 9 mai 2025

Nous sommes donc arrivés à Bourgas bien à temps. Avec le voyant rouge de température à nouveau scintillant sur ma moto. Nous verrons en Géorgie. Je m'occupe des tickets et papiers divers. Mauvaise surprise : le prix a grimpé de près de 150 €/moto ! Nouvelle taxe carbone imposée par l'UE depuis avril 2025 incluse. Le supplément pour ne pas partager la cabine aussi. Il pleut en Turquie ; nous prendrons quand même le roro.

Départ vers minuit ; nous avons du temps à tuer. Il fait soleil. Nous nous attablons à la terrasse de l'unique bouiboui du port. En guise d'enseigne : un requin edenté et tout décrépit. Le bouiboui semble boîteux. Le requin regarde la mer d'un œil torve.

Le vieux barman, le même qu'il y a trois ans, doit avoir autour de 80 ans et est retraité depuis longtemps après plus de cinquante ans de travail dur comme docker. Nous ne voyons sa femme nulle part. Décédée ? Nous n'osons pas poser la question. Sa petite retraite est de 200 €/mois. Pour survivre, il continue la guinguette sept jours sur sept. La vodka, les quelques échanges avec les routiers habitués et les rencontres de passage l'aident sans doute à se tenir droit. A aucun moment nous n'osons mentionner le prix du bateau, c'est lui qui évoque "la mafia planquée dans les bureaux à dormir toute la journée".

C'est l'heure d'embarquer. Il est tôt encore. Je passe d'abord. Mon passeport est estampillé. Je ne suis plus en Bulgarie. Ce n'est pas le cas de Michel. Qui a déjà donné son passeport. Il manque un papier de douane pour les motos. Je ne peux pas retourner le chercher ! Un douanier arrive en voiture. Explications. Il va se charger de régler le problème. Dix minutes plus tard, il revient avec le fameux papier qu'il transmet au guichet.

J'en ai profité pour photographier deux remorqueurs à la manœuvre. Impressionnant !

Les routiers

Outre nous, les seuls passagers à bord sont un couple d'Allemands en Toyota 4x4 avec cellule et une maman ukrainienne seule avec sa petite fille. Tous les autres sont des routiers originaires de toutes sortes de pays et voyageant partout dans le monde.

J'admire ces forçats de la route, champions de la conduite de mastodontes, la plupart écorchés par la rudesse de la vie.

Ils roulent seuls pendant de longs jours, loin de leurs familles et amis. Ce soir, ils sont tous dans le même bateau, certains en route vers chez eux, d'autres au travail vers ailleurs. Il me semble saisir ces instants de solitude : vite un petit coup de fil pendant qu'il y a du réseau, un message tant que le WiFi fonctionne. ... Une chemise sèche au vent marin : la certitude de retrouvailles heureuses ?

Le T-shirt d'un marin affiche : "Freedom is just one anchor away" . C'est étrange, cette idée de liberté à l'ancre, mais pas ici ni maintenant. Juste un peu plus loin ! Toujours un peu plus loin. Nous sommes semblables...

A certaines tables, la vodka coule dès le matin, à midi les voix se font un peu outrancières et l'après-midi tout est silence : récupérer avant le soir ! Car le soir, la vodka coule à nouveau ! Nous voyons cela à chaque traversée mais ce n'est jamais la majorité.

Les routiers sont des hommes d'une gentillesse et d'une prévenance extraordinaires : nous sommes tois femmes à bord, ils nous cèdent toujours le passage dans les couloirs étroits, insistent pour que nos repas soient servis avant les leurs, n'hésitent pas à offrir un café ou à appeler le responsable si le jeton défaille. A table, ils nous racontent leurs voyages, leur vision du monde, leurs pays, leurs trucs et astuces. Le tout dans un joyeux mélange de langues et de signes.

Alexander, le Géorgien

Alexander est Géorgien. Son quotidien : 21 jours sur la route suivis de 7 jours de congé. Il roule dans les pays d'Asie centrale, Iran, Iraq, Turquie, Turkménistan, Europe de l'ouest. Depuis 10 ans, il transporte de tout, du vin géorgien souvent. Avant (2008), il était dans l'armée.

Il évoque les manifestations en Géorgie, les manipulations politiques, l'excellence de la cuisine géorgienne, les espoirs des jeunes qui ont le regard tourné vers l'Europe, ceux des aînés qui eux, regardent plutôt vers la Russie. Nous échangeons sur l'Iran où il va souvent, l'Irak que nous ne connaissions pas encore... Alexander n'aime ni Poutine ni la Russie qui lui font un peu peur. Il rêve d'un monde meilleur, plus juste, plus libre.

Il nous offre une bouteille de vin géorgien : bio (la norme en Géorgie) et excellent ! Il conduit dans deux jours. Il n'y touche pas !

L'Azerbaïdjanais

Un peu plus tard, c'est avec un routier azerbaïdjanais que nous passons un moment. Il ne nous dit pas son nom. Il transporte régulièrement des véhicules, motos, voitures ou vans dans son camion et demande moins cher que ce que nous avons payé. Les routiers ont l'habitude de faire ça, dit-il. Apparemment pas de souci de douane puisqu'il possède les autorisations. Je ne sais pas trop comment ça se passe pour les papiers du véhicule. Par contre, il y a des rampes à Bourgas et à Batumi pour ce genre de combine ! Légal ? Aucune idée mais ça se fait. C'est surprenant et à investiguer...

Autre combine dont il nous parle : possible de mettre un véhicule sur un camion depuis Bougas ou Batumi jusqu'au port de Baku en Azerbaïdjan (frontières terrestres fermées depuis 2020 sauf pour le fret) et de prendre un avion pour rejoindre le véhicule (frontières aériennes ok). Ensuite rejoindre le Kazakhstan par bateau. Aucune idée du coût en argent et en temps. Avis aux voyageurs avides de surprises et bons plans à tester ...

Encore une histoire de vie hors normes : le père de ce routier était dans l'armée rouge. C'est ainsi que, quand il était môme, la famille est venue habiter dans l'ex-Allemagne de l'est où il est allé à l'école : il parle parfaitement l'allemand. Après la fin du pacte de Varsovie, ils sont retournés en Azerbaïdjan. J'aimerais bien avoir son point de vue sur la guerre d'Ukraine mais mon allemand est trop mauvais.... Je n'apprends qu'une seule chose : toute guerre est vaine. Les peuples ne demandent qu'à vivre en paix.

L'ukrainienne

Elle, Victoria, voyage seule avec sa petite fille de sept ans, Iliana. Elle est jeune. Sa gamine est adorable. On ne les voit pas beaucoup : elles viennent aux repas et s'éclipsent directement jusqu'au prochain repas. La petite fille rit à tout. La petite fille est heureuse.

J'ai réussi à parler à Victoria un peu dans la file repas. Elles ne sont ni en voyage, ni en vacances. Elles ne rejoignent pas une famille. Elles ont fui la guerre il y a trois ans et se sont installées à Bourgas. Elle aime bien la ville mais pas trop la Bulgarie. Elle a pas mal d'amis Ukrainiens en Géorgie où cette communauté semble tres soudée et tres solidaire. Depuis longtemps, ils l'hexhortent a les rejoindre. Sa petite fille vient d'avoir 7 ans et doit aller à l'école. Elle parle à peine le bulgare et ne pourra pas suivre l'école en Bulgarie. Sa maman sait qu'il y a une école ukrainienne à Batumi. Le moment est venu de partir. Elle a quitté son petit salon d'esthéticienne. Ses amis lui ont loué une petite maison C'est là qu'elles vont. Elles sont à pied ! Tant de courage et de détermination me laissent sans voix.

Le Hongrois

Au port, nous avons suivi un camion de vaches ! Des vaches sur un camion qui embarque pour trois jours sur un bateau ? Pétrie de discours écolos, je me suis posée des questions sur le bonheur ou à tout le moins le confort des vaches ! C'était faire preuve de bien peu d'esprit critique et de discernement... Le routier hongrois ne transporte que des animaux, moutons, cochons, vaches etc.,. Il m'explique que les vaches hongroises produisent plus de lait que les vaches géorgiennes. Celles-ci émigrent vers une vie meilleure. En attendant, il se rend plusieurs fois par jour à son camion pour les nourrir, les abreuver, leur parler. Il prend soin d'elles. Il en parle avec respect et une sorte d'amour. A quatre heures de route de Batumi, les vaches trouveront lrur nouveau lieu de vie, libres et sans doute heureuses. Le fait est que, à aucun moment, nous n'entendons les vaches pleurer.

Plus tard, il me parle de l'école où il n'était pas assidu, de profs qui n'aimaient pas les gamins, de l'argent qui ne fait pas le bonheur, de ce monde à un seul rail (diplôme = bonne vie), de cette société où chacun devrait avoir une place selon ses envies et ce qui le rend heureux. Il me raconte sa vie de routier : plusieurs mois sur les routes du monde, loin de sa famille, de ses amis, de ... sa moto ! Il se souvient des mots de son père : "Si tu ne travailles pas dur à l'école, tu travailleras dur dans la vie!" ...

Le port de Batumi

Les lumières du port

Se mirent dans l'eau noire

Le progrès, le bruit, la vanité de l'actualité

Dessinent un arc-en-mer

Aux couleurs frémissantes

La terre s'éloigne ...

28 avril- 7:30

Batumi est proche. L'orage à grondé toute la nuit. La houle s'en donne à cœur joie. Le bateau tangue. On marche comme si on avait ingurgité trop de vodka. Le port de Batumi est proche mais fermé jusqu'à ce que la tempête se calme ! Il y en a pour plusieurs heures.

Paradoxe des rades qui protègent la terre des foudres du temps et coincent en mer les marins avides d'ancre et les voyageurs avides de découvertes.

14:30

En mer, le voyageur n'a rien à faire si ce n'est dormir, manger, marcher d'un pont à un autre. Et contempler. Il n'y a pas à chercher la présence des fées : elle surgit d'un regard bienveillant au détour d'un couloir, elle se révèle dans des bribes de conversation, jaillit du ciel ou de l'eau. Des dizaines de dauphins espiègles s'amusent autour du bateau à l'arrêt ... Ils sautent, nagent, dansent inlassablement durant les heures de cette longue attente. Imperturbés par les vagues de 4 ou 5 mètres qui s'agitent tout autour. Les dauphins, comme les fées, s'offrent à notre regard et nous offrent de ne plus être aveugles à l'instant.

La rade attend

Immobile et tendue.

Fermée

La houle attaque

Obstinément et sans relâche

Les hommes patientent,

Résignés

Le mastodonte tangue,

Imperturbable

Le soleil tente une percée :

Rude combat .

Temps figé

10

Nous avons passé toute la journée et le début de la nuit sur le bateau. Ennui. Écriture. Rencontres. Attente. Suspense.

Le port fermé pour cause d'intempéries allait rouvrir, puis non, puis peut-être, puis oui, puis non ... Bref, il était 03:00 quand nous avons débarqué ! A cette heure, le bureau pour l'assurance était fermé de même que presque tous les hôtels ! Nous avons fini par trouver dans la vieille ville. Il était 4:30 quand nous avons enfin rejoint Morphée. Je n'ai clairement plus l'âge pour ça ! Comme à chaque galère, sa joie : l'arrivée de nuit dans le port de Batumi est féerique !

Nous sortons tard des plumes. Après un copieux repas et une bonne dose de délicieux café, nous nous mettons à la recherche du matériel nécessaire à réparer le souci de température de ma moto ! A l'autre bout de la ville. Puisque nous sommes là, autant mettre le temps à profit pour prendre la température (aïe, mauvais jeu de mots) de la ville.

Circulation incroyable : il y a des dizaines de véhicules de luxe avec des tas de cylindres (6 à 8 - impayables chez nous) qui se font la course mais s'arrêtent pour les piétons, des bouchons à n'en plus finir et de temps en temps de vieilles guimbardes. Il y a aussi des véhicules patchwork : les grosses autos de chez nous rapiécées de partout et dans toutes les couleurs !

Les immeubles sont à cette même image : HLM, maisons récentes ou restaurées cossues et ça et là une vieille rescapée d'un autre temps, comme un îlot de tranquillité et de bonhommie. Voué à disparaître ?

Je ne sais pas si aujourd'hui est justement le jour de la lessive pour tous ou si c'est toujours comme ça : partout pend du linge à sécher par-dessus les rues, les cours, les parkings ; à chaque poteau, il y a des poulies pour tirer les fils à linge. Ici un glacier, là un bistrot ou une taverne, des jeunes attablés refont le monde, des aînés papotent ou promènent des nourrissons, des hommes et des femmes pressés courent... Nous glissons un regard un peu voyeur derrière l'une ou l'autre porte entrouverte. Nous demandons notre chemin ; tous prennent du temps pour nous ...

Havre de paix et au loin les HLM
Couture et mécanique

Patience et longueur de temps valent mieux que force et rage

Michel s'attelle à la résolution du problème de surchauffe. Désossage de la moto, la rue se transforme en atelier, l'appui de fenêtre de notre petit hôtel en établi, et moi en petite main. Michel aime à penser "apprentie" mais c'est faux : je peux enregistrer des informations mais je n'entends rien à la logique mécanique !

Le radiateur est démonté et complètement nettoyé, le ventilateur vérifié, le thermostat changé, la pompe à eau tourne, toutes sortes de boulons, écrous et vis sont dévissés puis revissés, les liquides divers, vidés,.récupérés et reversés là où ils doivent l'être... Cela nous prend deux jours ! Il y a toujours une petite fuite ! Purée ! Quand ça ne veut pas... Nous entrons en contact avec plusieurs amis. Suggestions.... Il se fait tard. Nous verrons demain.

La petite rue dans laquelle nous sommes installés, se transforme en quartier : tous s'inquiètent de la moto, proposent de l'aide et nous dépannent : un carton pour mémoriser l'emplacement des vis de carter (de différentes longueurs), une bouteille vide pour récupérer l'huile, un nouveau thermostat (amené en taxi pour moins de 20 € course comprise), l'eau déminéralisée, le vinaigre (de cidre) pour nettoyer le radiateur...

A côté, il y a un chantier bien bruyant : les ouvriers sont charmants , le chef de chantier vient souvent voir si tout va bien et passe de nombreux coups de fil pour que nous trouvions ce qu'il nous faut. A 20 mètres, nous avons une gargote où manger de succulents repas et boire de petits cafés délicieux. Comble de bonheur : la pluie annoncée reste à l'écart ! Bref, les gnomes espiègles nous font une bien mauvaise blague mais les fées bienveillantes veillent...

Se documenter
Et au boulot
Astuce pour nettoyer le radiateur dans la douche
Boucanier en plein taf 
L'atelier
Très aidant, le chef du chantier d'à côté
Astuce pour retrouver la place des vis
Tout le quartier se préoccupe de notre sort.
Mécanique de rue
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Le verdict est tombé ! Il faut remplacer le joint de carter, impossible à trouver ici. Nous le commandons en Belgique et allons le faire envoyer. Cela va prendre plusieurs jours. Autant nous installer et en profiter pour découvrir la ville.

Batumi semble vouloir nous retenir : il y a deux ans, de grosses pluies s'en étaient chargées, cette fois, c'est la moto !

Et la ville murmure, nous invite à la découverte de sa vie secrète.... Petits mots aimables et tables accueillantes apparaissent à chaque coin de rue...

L'art se glisse partout

La notion "d'art" est bien subjective. J'ai une petite tendance à le dénicher, à chaque coin de rue, dans toute forme de créativité qui me touche, m'étonne ou me fait sourire. Quelquefois j'aime, d'autres non. Cet art-là ne se retrouve dans aucun musée mais est omniprésent dans la ville. Changeant, de bric et de broc, il est éphémère et joyeux. Jamais signé, toujours offert. Nos déambulations à la recherche d'huile, nos lentes promenades, la longue attente du joint carter nous laissent le temps d'ouvrir les yeux et le cœur, le temps de recevoir...

Il y a ces minuscules fleurs séchées épinglées sur les murs d'un WC, plus loin, une vieille vitrine rouillée accueille des chaussures d'un âge révolu,.. Les dessins sur la nappe d'un restaurant, un tag sur la grille d'un magasin d'articles pour bébés, l'accueil laiteux sur un cappuccino, un pratiquant de Tai Chi...

Nonchalance du temps pausé... Les gens d'ici savent faire cela...

La vitrine d'un petit restaurant
Et le porte-serviettes
Comme un écran de télé

L'architecture

"Perle de la mer Noire", "Las Vegas du Caucase", "Petite Dubaï" ... Les surnoms donnés à Batumi sont nombreux. C'est la deuxième ville de Géorgie après Tbilisi.

Gratte-ciels clinquants ainsi qu'hôtels et casinos de luxe côtoient des HLM sinistrés datant de l'ère soviétique, de petites maisons anciennes souvent décrépites, parfois restaurées et des bâtiments Belle Époque. La ville est longée par un boulevard long de 7 km et planté de dizaines de palmiers au bord de la mer.. Labyrinthes et cacophonie... Dans cette architecture hétéroclite et harmonieuse se reflète l'histoire de la région d'Achara : développement au XIXème siècle grâce au pétrole de l'Azerbaïdjan qui y transitait, opération "peau neuve" à partir de 2004 avec le gouvernement de Mikheil Saakachvili visant non seulement à effacer toute trace de l'empire soviétique mais aussi à envoyer un signal aux deux territoires sécessionnistes (l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud) pour leur montrer que rester dans le giron du pouvoir géorgien permettrait l’investissement et l’amélioration de leurs capitales, Soukhoumi et Tskhinvali.. Le pari de la relance économique au service de l'image politique !

Nous sommes début mai, il y a peu de touristes, les tractopelles et tondeuses sont à l'œuvre pour lisser les trottoirs et l'herbe des jardins publics, les manèges de foire grincent, les bars de plage semblent désaffectés, les piscines sont vides, la plage desertée à l'exception de quelques pêcheurs de sardines. Nous trouvons cependant beaucoup de quiétude, de charme et de joie à nos promenades. De même qu'un sentiment de sécurité, de jour comme de nuit, absent de nos villes d'Europe de l'ouest.

La police est bien présente.
Batumi Boulevard- 7 km de long
Une rue très chic
Petits balcons- terrasses partou6
Architecture hétéroclite, pleine de vie 
L'antre du cordonnier
Une construction un peu Art Nouveau, à mon avis

Dans le ventre de la nuit

Fleurit la lumière

Chuchotent les pierres

Un secret ?

Le vent marin soupire

Une voix vibre

Libre ?

Une petite place que nous découvrons par hasard 

Les gens

Batumi est une ville cosmopolite : nous y rencontrons des Turcs, des Azerbaïdjanais, beaucoup d'Ukrainiens et de Russes. Certains installés depuis longtemps. D'autres faisant commerce, donc régulièrement de passage.

Malgré la circulation dense et les multiples chantiers de tous ordres, l'ambiance est sereine et semble défier le chaos et l'agitation urbaine. Les bancs et jardins du boulevard Batumi sont occupés à toute heure, les terrasses aussi par des amoureux de tous âges, des solitaires en recherche de plus de solitude, des grands-parents ou de jeunes parents qui jouent avec leurs (petits-) enfants. Il y a toujours le temps pour un café, une glace, un échange ou un renseignement. Le temps reçoit l'espace...

Nous voyons peu de mendiants. Il y a des pauvres, des vendeuses de fleurs ou de bondieuseries, des balayeurs de rue, un nombre incroyable de mini-boutiques de téléphonie et de petites épiceries... A aucun moment, nous ne voyons de jeunes désœuvrés prêts à la bagarre... Juste de temps en temps, dans les lieux touristiques, l'un ou l'autre rom un peu collant.

Encore un pays où bénéficier de l'aide sociale implique une participation active à la vie en collectivité (sauf handicap ou incapacité de travail). Pas d'état Providence. Peut-être un peu à l'extrême mais sans aucune de ses dérives... Pour info : l'âge de la retraite est à 65 ans, des facilités sont accordées à la création d'entreprises et la fiscalité est avantageuse pour les expatriés. Le salaire moyen mensuel est d'environ 450 €. 1litre d'essence coûte 1€, un paquet de cigarettes moins de 2.50, un verre à une terrasse maximum autour de 2,50, un repas dans un restaurant tres correct est autour de 13€ parfois 15 €, boissons comprises. Ces chiffres indiquent les prix en.ville. Le coût de la vie y est bien moindre que chez nous.

3 petites gorgées puis s'en va...
Le cordonnier, à l'ancienne
Chemins qui se croisent : rencontre improvisée
Les roms un peu collants

Le temps est à la rêverie

L'heure s'étire et s'enroule

L'espace s'immobilise

Les pas se perdent

L'esprit vagabonde

Ombres et lumières

Milevskii

Milevskii, c'est un lieu : un petit bar, coffee shop, tenu par une Ukrainienne installée à Batumi depuis une dizaine d'années. Diplômée en architecture de l'université de Kiev, elle n'a pas aimé être architecte. Elle a tout quitté, est partie travailler aux Émirats puis au Qatar, histoire d'économiser pour s'offrir un bar et une résidence ici. Son business est ouvert 7 jours sur 7 de 10:00 à 22:00. Ces longues heures de travail ne lui pèsent pas : elle adore! C'est chez elle que nous prenons de copieux petits-déjeuners le matin. Elle m'offre toujours le premier café que je sirote en attendant Michel. Elle fut une des premières à nous aider : elle parle Ukrainien, Russe et Géorgien. Entretemps, nous sommes devenus voisins. Si d'aventure, tu passes par ici, prends un moment, ami, et arrête-toi chez Milevskii... Peut-être y rencontreras-tu son chat...

L'Azerbaïdjanais

Un autre lieu que nous aimons est un bouiboui aux "durums" délicieux à prix plancher. La plupart des clients sont musulmans, les tenanciers viennent viennent d'Azerbaïdjan. Un soir, nous y avons rencontré un riche homme d'affaires, ingénieur dont la société a créé un système d'extinction d'incendies à base d'une sorte de gel très efficace. Il est heureux de nous montrer ses vidéos...

A goûter : une boisson non alcoolisée qu'ils appellent "Kompot" : eau et fruits, beaucoup moins sucrée qu'une limonade, sans OGM et très naturelle puisque presque partout faite maison.

Le Wine Bar

Nous nous sommes dégotté un bar à vins tout proche : plaisir d'un petit apéro de temps en temps, de savourer un vin géorgien dans le parc attenant, de regarder les habitants du quartier qui y achètent à la cuve et s'installent avec un repas venu d'ailleurs.

Le genre de bar qui ravirait pas mal de nos amis (pensée émue pour chacun) : vins naturels, certains vinifiés de manière traditionnelle. Le goût de la Géorgie titille le palais bien plus élégamment que moulte bordeaux et autres vins trafiqués et "additionnés" de chez nous... Ma sévérité n'est que le reflet d'un bonheur...

A un autre moment, nous tombons sur un tout petit Wine Bar : 3 tables dans une cave. Dégustation gratuite de vins naturels faits maison, rouges et blancs, secs, doux et demi-secs. Tous mettent l'âme et les papilles en joie. Aucun ne rend Michel malade alors que sa gorge réagit à n'importe quel vin français! Les mystères de la chimie ! Une adresse à retenir !

34 Rustaveli Avé - Batumi 

Pierre

Pierre était un "ami FB" de passage à Batumi et bloqué en attente du bateau vers la Bulgarie pour cause de mauvais temps. Nous avions tous du temps que nous avons passé autour d'un café. Improbable rencontre.

Pierre est de notre génération. Il rêvait de voyages autrement. Avant, il voyageait en avion comme steward. Suite au décès d'une amie est un électrochoc, il saute le pas : permis moto A2, donc limité en puissance. Il achète une 750 gs, la fait brider à 35 kw et part voir le monde. 10 mois de voyage. Quand nous le rencontrons, il est sur la route du retour. Nous parlons errances, motos, frontières, équipements, pays ... Admiration !

La petite femme de ménage russe

Elle est Russe, mariée à un Turc rencontré via Facebook. Pour l'instant, elle vit et travaille ici, à Batumi. Elle me raconte sa vie, en russe, avec Google translate. Elle ne parle pas géorgien. Un premier mari mort dans une guerre, un frère et un fils dans une autre. Sa fille décédée il y a deux ans, de maladie. Elle efface furtivement une larme. Elle me dit avoir été tireur d'élite dans l'armée russe. Elle est usée, ravagée ; elle a les yeux détruits, l'un plus que l'autre. Ses lunettes sont rafistolées avec du papier collant. Elle nettoie le sol, les chambres, la petite terasse où je fume... Elle raconte sans se plaindre ... Je ne peux que lui offrir un peu de temps...

Robert Nadiradze

Nous avisons sur un poteau une petite pancarte écrite à la main pour le musée de l'indépendance de la Géorgie. Pourquoi pas ? Minuscule maison au bout d'une ruelle impasse. Des femmes mettent du linge à sécher, un homme sans âge apparaît et ouvre une porte. La première chose qu'il nous dit : "Money no. Chacha ?" Vu l'heure, nous déclinons la Chacha. Le musée est son petit antre aménagé avec ses souvenirs de journaliste, d'écrivain, de militant lors de la sission avec l'URSS entre le 18 novembre 1989 et le 9 avril 1991, date à laquelle la Géorgie est devenue un état souverain.

Il est fier de nous montrer les photos, un livre qu'il a écrit, le premier exemplaire d'une revue militante publiée à l'époque avec les moyens du bord, le vieux haut-parleur ... Nous écoutons et faisons de notre mieux pour capter. Fier de son combat, il a de la rancœur envers la Russie et pourtant il ne parle que russe. Enfin... peut-être parle-t- il géorgien mais il ne le lit pas. Aucune reconnaissance de l'état géorgien... Je ne trouve aucune information sur la toile. Quand nous le quittons, il nous offre quelques pommes...

Les animaux

Nous retrouvons nos amis les chiens et chats errants. Symbiose : ils font partie de la vie géorgienne. Tous sont adorables et avides de caresses et d'attention. Peu semblent malades ou mal nourris. Nous avons cru comprendre que le gouvernement veille au grain (ils sont pucés).et la population à la gamelle.

Pas de doute : la minorité règne en maître

Un brin d'urbex

Ici ou ailleurs, j'aime passer sans toucher. Juste effleurer du bout des yeux, de l'objectif pour tenter d'immortaliser ce qui un jour ne sera plus. L'humain fait, la nature défait. L'homme prend, la nature reprend. L'imagination s'envole, questionne, embellit...

Herbes folles et murs craquelés

Le tourniquet trébuche

L'eau glauque mousse

Fantômes ? Fantaisies?

Le temps suspendu

Ne tient qu'à un fil ...

Où sont les milliers de manifestants que BFM nous montre ? 

Et les manifs ?

La presse européenne nous "informe" que des milliers de manifestants pro-Europe envahissent, chaque vendredi, la place principale des deux grandes villes de Géorgie, Tbilisi et Batumi. Depuis deux semaines, nous traînons à Batumi et nous n'en avons vu qu'une seule : moins d'une quarantaine de manifestants, avec des drapeaux européens et géorgiens assemblés, et une photographe qui semble choisir ses angles de vue pour en "gonfler" l'ampleur ! Nous ne résistons pas à l'envie d'aller discuter avec un des organisateurs : dès le début du dialogue, il nous renvoie un discours très idéaliste et stéréotypé de sa perception de l'Europe. Au fil de la discussion, nous apprenons que la plupart des manifestants travaillent pour des ONG implantées en Géorgie et financées par ... l'ONU !

N'y a-t-il pas un paradoxe entre d'une part, nos médias (BFMTV, LCI, FRANCE24, RTBF,...) qui nous parlent sans cesse de l'influence russe (certes une part de réalité) dans ces divers pays de l'ex-URSS et, de l'autre, nos constats (lors de nos voyages dans ces nombreux pays) de la présence d'ONG financées par l'ONU ? Le cynisme géopolitique et ses instrumentalisations ne fonctionne-t-il pas de manière identique dans chaque "camp" ?

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Batumi - Milevskii

Le petit tour du touriste

Publié le 17 mai 2025

Dimanche. Il a beaucoup plu cette nuit. Des chats ont hurlé à l'amour du crépuscule au petit matin. Café turc, ce carnet, les voix qui réveillent notre petite impasse. Tout est enfin calme. Une idée du bonheur ?

Les sculptures

Le front de mer et le centre-ville sont parsemés de sculptures. Beaucoup ont pour thème la romance. La plus célèbre est Ali et Nino, créée en 2010 par l’artiste géorgienne Tamara Kvesitadze. Les deux personnages, entièrement de métal, se mettent en mouvement tous les soirs vers 19:00, glissant l'un vers l'autre, fusionnent un instant et se séparent sans jamais se toucher... Une merveille d'ingénierie !

Allégorie de l'amour impossible 

L'octopus fut construit en 1975 par l’architecte George Chakhava et le mosaïste Zurab Kapana. C'est une gigantesque sculpture tridimensionnelle en mosaïque récemment restaurée. Les habitants l’appellent «Octopus» pour des raisons évidentes. Le petit truc pour la trouver : sur le boulevard Batumi en face de l’hôtel Hilton.

Statues classiques - Poseïdon, Neptune, Medée - côtoient mendiants, vieillards, artistes, amoureux, musiciens, fées, dauphins. De fer ou de pierre, d'or ou de bronze, sur la plage ou les places, à la porte des églises, au sommet de fontaines, les statues sont absolument partout et enchantent les errances....

Les photos ont ceci en commun avec les statues :

Elles sont là, à t'attendre...

Les gratte-ciel

Batumi tower, Sheraton, Palace, Mariott ou Hilton hotels, alphabetical tower, university tower ... Où que tu sois dans la ville, les gratte-ciels ultra-modernes hérissent le paysage de jour, l'illuminent la nuit.

Les photos ont ceci en commun avec les gratte-ciels :

Ils t'attendent et te défient

La grande roue
Alphabetical tower
Sheraton (je crois)
Hilton (je crois)
Tour de l'université technologique (roue incrustée dans la façade)

Entre le ciel et la mer

Un écran géant, une rive

Envol de la toison d'or

Dans les méandres du temps

La roue tourne, telle une voile...

Le phare

Au milieu de ces gratte-ciel impressionnants de modernité, se dresse depuis 1882 le phare de Batumi. Pied-de-nez à l'histoire, il est la réplique du phare de Sokhumi, en Abkhazie.

Le port

Au loin, les montagnes, certaines encore enneigées, encerclent le port comme un couronne. Hormis cela, c'est un port banal accueillant des navires commerciaux et des bateaux de plaisance.

Central pour les routes commerciales maritimes et terrestres entre la Russie, l'Ukraine, la Turquie et l'Asie centrale, il joue un rôle majeur pour le transport de marchandises dans la région. Les gens d'ici nous disent que, avec les casinos, il fait la richesse de la ville (financement des nombreux chantiers).

Le port de plaisance attire de nombreux touristes (dont nous). Et les arnaques aux touristes y pullulent : s'asseoir à une terrasse est agréable mais hors de prix, les magasins de souvenirs made in China fourmillent, toutes sortes d'excursions en mer sont proposées en musique tonitruante et cacophonique. Nous passons ce "must"...

Entre Porshes,
hors-bords ultra-rapides...
et bateaux de pirates, il y en a pour tous les goûts !
Au loin, les montagnes...

Les églises

La Géorgie est de confession orthodoxe. Chaque culte possède cependant son lieu à Batumi : une église arménienne, une église catholique et une mosquée. Nous avons poussé la porte de l'un ou l'autre de ces lieux au gré de nos pas et suivant les heures d'ouverture plus que par conviction.

Carhedral of Mother God (orthodoxe)
L'église arménienne (je crois)
Dans la rue. Les Géorgiens passent, se signent et repartent 

Deci, delà

L'horloge astronomique indique l'heure réelle, la position du soleil, de la lune, des constellations du zodiaque et des planètes, le méridien, l'horizon, le lever et le coucher du soleil en fonction. L'horloge astronomique a été créée en Allemagne en 2010, pour un coût de 1 700 000 GEL (georgian lari) soit environ 600.000 €.

C'est, non pour une quelconque originalité gustative ou d'éventuelles qualités nutritionnelles mais pour son excellence architecturale que le McDonald's de Batumi a reçu un prix !

Ouvert depuis octobre 2012, il a été imaginé par l'architecte Giorgi Khmaladze.

Je pense que ça vaudrait la peine d'y retourner de nuit. Pour les photos !

Les mosaïques : dans les quartiers plus pauvres ou plus anciens, ce sont des tags, dans les quartiers chics, ce sont des mosaïques. Lever le bout du nez réserve de jolies surprises...

Le bazar : après 12 jours, voilà qu'enfin arrive le joint de carter ! Première constatation : je n'aurais jamais imaginé une telle joie à la vue d'une camionnette DHL !

Deuxième constatation : une petite goupille (essentielle: elle a quelque chose à voir avec l'embrayage) refuse de se remettre en place et nous n'avons pas la pince adéquate ! C'est ainsi que, accompagnée du routier turc, époux de la madame russe qui fait le ménage et convoyeur de la pâte à joints qui elle aussi nous manquait, je me suis retrouvée au bazar à l'autre bout de la ville !

Le bazar est partout : les l'avenue, dans toutes les rues et ruelles adjacentes, certaines couvertes. On y vend de tout à des prix défiant toute concurrence, le tout réparti en "quartiers" : le quartier tabac & cigarettes, la rue des fleurs, l'avenue chaussures & fringues, un peu plus loin les fruits et légumes, les ruelles outils & mécanique.... C'est là que j'ai chiné à la recherche d'une pince. Je l'ai trouvée pour la modique somme de six euros. Michel a détesté la chinoiserie (qui a fini par faire le job et que nous emporterons (on ne sait jamais).

Fleurs et mécanique. A chacun son rêve.
De quoi remplir le frigo.
Tabac et cigarettes à la pièce .
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Publié le 20 mai 2025

Chapitre 1: Émotions

Nous avons donc fini par quitter notre petite impasse, à la fois heureux et un peu nostalgiques. Ils étaient tous là pour nous dire "Au revoir" et nous faire une accolade pleine de chaleur.

Évidemment au dernier moment, un binz : la première ne passe pas ! Le sélecteur de vitesses cale contre le repose-pied ! Pas grave, juste un réglage. Ressortir les outils est le plus long ! Bref, nous sommes partis début d'après-midi.

La frontière est à une vingtaine de kilomètres. La route qui y mène est assez jolie ... Il faut quand même avoir quitté la banlieue de Batumi, très industrielle et camions à gogo.

Passage de frontière : plus d'une heure et Michel se fait gauler pour non paiement d'assurance. La petite douanière, toute jeune et apparemment nouvellement en poste, ne lui cherchait pas noise, elle a juste tout vérifié !

Pour info aux candidats : prendre l'assurance par Internet est rapide, le contrat arrive directement dans la boîte mail et suffit. Michel ne l'avait pas car il n'avait pas sa carte grise sous la main quand je l'ai fait. Comme entretemps nous avions rencontré un bourlingueur en 4x4 au courant de toutes sortes de combines (dont éviter un maximum de frais, les assurances par exemple) il n'a plus prêté attention à ce détail ! Conclusion : 30€ d'amende et éviter les gros postes frontière !

Petites astuces pour la Géorgie :

Carte SIM : Magti, rapide, et pas cher (3€/semaine - internet illimité)

Pour l'assurance en ligne : https://tpl.ge/en

Enfin on roule !

Le binz !

Chapitre 2: Késako ?

Nous voilà tout heureux en Turquie. Montagnes, beaux paysages, bienvenue, tu viens d'où... Le tout entrecoupé de trois contrôles de police sur moins de 200 km ! Impossible que ce soit pour excès de vitesse avec nos 650. Juste des photos des plaques. 🤔.

Entre deux contrôles, nous trouvons un bouiboui comme on les aime : çai, maïs et conversation motarde. Nous nous sommes attardés...

Chapitre 3 : Le suspense

Bref, nous nous sommes arrêtés à 80 km d'Erzurum, arrêt obligatoire pour récupérer notre visa pour l'Iran. Petit bled plutôt mignon. Des pluies très abondantes donnent, au coucher du jour une ambiance... particulière. Et c'est là que trois hommes charmants nous proposent leur aide : traduction et bagagerie. Un Turc et deux Russes, tous trois sont entomologistes et voyagent partout. Gros 4x4 Uaz. Pour l'anecdote, la compagnie russe Uaz a lancé un pick up et un SUV Patriot équipés de moteurs et transmissions automatiques produits en partenariat avec l'americain General Motors. Un business assez paradoxal... L'un des Russes vit à Copenhague. Nous recevons une chambre qui jouxte celle du professeur Turc "in case you need help" ... La pluie continue de battre le carreau, à un jet de pierres, un torrent gronde. Nous reviennent des souvenirs de livres et de films d'une autre époque. Nous passons la soirée à inventer des histoires d'espionnage, à nous faire des films à suspense. Passionnant !

C'est ainsi que nous sommes entrés dans un roman...

Erzurum, nous revoilà !

Nous reprenons la route jusqu'à Erzurum. Sous le soleil : Ventusky avait prévu des orages, Michel y croyait dur comme fer, nous avons parié, j'ai fait appel aux fées. J'ai donc bien entendu gagné le pari !

Trouver une carte SIM à été un vrai parcours du combattant : Turkcell (qui, avant, était un très bon opérateur), demande une fortune (carte touriste + package = 50 € pour 50 ga et 28 jours) - Vodafone : même genre, en pire. Du coup Turktelecom : 40 € = 50 ga + 3 mois de validité (renouvelable). Bref, c'est hors de prix !

D'ailleurs, tout en Turquie, en tout cas en ville, a énormément augmenté pour les étrangers !

Erzurum a aussi bien changé en trois ans : un périphérique, des tas de quartiers tout neufs, des buildings à appartements largement occupés, des parcs avec des plaines de jeux pour enfants... Le tout bien propret ! Heureusement, les ruelles, vieux quartiers, boutiques de style "souk", multiples terrasses où boire un çai à toute heure sont encore bien vivantes.

Nous sommes bien sur une des anciennes routes de la soie
Photos glanées le long de la route vers Erzurum 
Le toit d'un vieux hammam, sans doute hors service

Venelles et passages obscurs

Échoppes de tailleurs,

Boutiques de frippes venues de Chine ou du passé

Bouibouis au parfum de thé ou de kebabs

Portes ouvertes

Lanternes à la lumière tamisée

Tendent des bras ouverts, parfois avides

Quelque part, le rire d'un enfant.

Nous passons

Emportant le souvenir de vies

Fourmillantes, désordonnées, simples

Le souvenir de la vie d'autrefois...

Il est souvent un peu décevant de revenir en des endroits aimés : nous avons été enchantés par Erzurum il y a trois ans seulement. La magie n'est pas absente, elle est fanée. Ce qui ne m'empêche pas de retourner à la Madrasa, de toucher du regard les vieilles pierres de lave, d'effleurer du bout du cœur les histoires silencieuses enfermées dans les anciennes salles de classe devenues musées ... Les entrées sont si basses que tous courbent la tête pour y entrer. Jadis, c'était en signe de respect. Aujourd'hui ?

La mosquée quo jouxte la Madrasa 
La Madrasa 
Pensée pour mes amies et ma prof du cours de calligraphie.
Outils de calligraphie 
Un robinet rebelle, devant un petite mosquée
Au gré des ruelles 

Dans la lave des pierres,

La mémoire d'une ville jadis fortifiée,

De guerres fratricides

De conquêtes et de redditions ...

Pour quelles illusions ?

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Publié le 22 mai 2025

Villes, bruits, cacophonies comme un trop-plein... Le départ comme une hantise...

Nous passons un moment avec Julio, voyageur venu d'Espagne à la recherche d'un taureau noir jusqu'au... Japon. Échanges de bons plans, de belles routes, de rêves surtout. Puis chacun suit son chemin, un peu plus riche de l'aventure et des rêves d'un autre ...

Nous avons vaguement hésité : soit rouler vers les belles villes de Mardin et Diyarbakir que nous connaissons, soit aller vers un ailleurs dont nous ne savons rien. Nous choisissons l'inconnu pour nous emmener vers la frontière irakienne.

200 kilomètres de pur bonheur dans une nature enchanteresse. Symphonie de couleurs: vert tendre de l'herbe nouvelle, vert bouteille des ombres que la montagne projette sur la vallée, vert de gris des saules et des peupliers, vert un peu jaunâtre quand les fleurs épousent les bocages, vert d'eau des ruisseaux et rivières qui déboulent ... Gammes de beiges, bruns, ocres de la roche qui scintille au soleil. Le blanc grisâtre de la neige au bord du chemin ; le blanc laiteux des nuages qui tranche sur le bleu azur du ciel

Nous avons flirté avec les 2000 - 3000 mètres d'altitude. Température frisquette là-haut. Nous nous sommes beaucoup arrêtés pour savourer. Pas de ville ici, juste l'un ou l'autre hameau ça et là. Et si d'aventure la mosquée se trouve de lautre côté du chemin, il y a un pont pour traverser une route où ne passe personne. Sauf de temps en temps un Kangal, une vache ou quelque chèvre... Nous avons même croisé un fennec fort peu farouche ... Immensité de la Turquie. Magnificence de ses paysages. Solitude infinie... Nous nous sommes régalés...

Un minuscule resto: repas délicieux pour 5€ !

Plus que 60 kilomètres avant l'objectif du jour. Allez, un petit çai... Nous avisons un terrasse. Parfait ! Tellement parfait que nous nous sommes attardés. Encore une limonade, puis un thé... Bref, nous n'avons pas fait les 60 kilomètres ! Juste le graissage de la chaîne !

Varto est un petit bourg loin du tourisme. Contacts chaleureux avec les gens du coin qui tous nous assurent de leur aide si nécessaire. Sans nous laisser aucune coordonnée ! L'accueil c'est aussi cela : les mots et les intentions suffisent. Ça nous va.

Nous logeons dans une petite chambre que son occupant a vidée pour nous !

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