Ce matin, réveil aux chants des coqs. Dépaysement garanti !
Nous prenons un petit déjeuner composé d’une crêpe à la farine de riz gluant avec de la confiture de mangue au LOTUS, une charmante gargote découverte la veille au soir. Cette simple paillote agrandie avec une terrasse offre une cuisine goûteuse dans un cadre où l’on se sent bien. Madame cuisine (divinement bien), ses trois enfants assure le service, et Monsieur, compatriote français, toujours jovial discute et prodigue de savants conseils. Convivialité assurée et coup de cœur garanti !
Le petit déjeuner est fameux !
Il nous faut, en effet, des forces : nous avons décidé de nous rendre en vélo à 8 km de là, à l’Est de Vang Vieng aux Kaeng Nyui Waterfalls.
Rassasiés, pleins d’énergie, nous louons 2 vélos d’un autre âge sans encombres et... C’est parti !
Enfin, c’était presque parti... c’était sans compter que Mathieu ne savait pas faire de vélo, et que l’activité n’était pas innée pour lui.
Pendant 2h30, à l’abri de la circulation, sur les berges de la rivière Nam Song, nous tâchons de le faire pédaler , un pied après l’autre, rien n’y fait ! Il loupe les pédales, chavire, tombe, remonte, retombe !
Face à un échec aussi cuisant, nous décidons de nous séparer : Mathieu restera s’entraîner pour le lendemain et j’irai seule découvrir les chutes d’eau.
Cecile : sur mon petit vélo sans vitesses, sans plateaux et aux freins approximatifs, je roule dans ce qui s’avère être la mauvaise direction... Rien n’est indiqué... Les locaux ne savent pas (ou ne veulent pas) parler anglais.
Je m’y reprend à trois fois avant de trouver le bon embranchement et là... La circulation s’estompe, les bruits de la ville s’éloignent, l’asphalte laisse place à de la piste.
En 100 mètres, me voilà au milieu des champs clôturés de bambous. Sur la route, des canards patrouillent près des étangs , les poules traversent la route, vaches et buffles me regardent passer.
Je traverse un village, les habitants me sourient, les enfants font coucou de la main, et je comprends rapidement qu’une étrangère à vélo en pleine campagne laotienne, ce n’est pas courant par ici. Sur le trajet déjà peu fréquenté, les locaux roulent à mobylette, et les locaux en pick up !
Ils n’ont pas la chance de savourer les beautés du paysage, ni de pouvoir s’arrêter à tout moment pour photographier l’instant présent .
Le chemin caillouteux, pentu et en plein soleil, est cependant difficile à parcourir. Bien souvent, vélo à la main, je monte les côtes à pied en me demandant ce que j’ai bien pu faire pour mériter cela !
Finalement après plus d’1h30 de souffrance, mes efforts sont récompensés, le site des chutes d’eau est atteint.
Mais je n’étais pas au bout de mes peines. Le guide du routard annonçait 15 mn de grimpette sur un sentier bien aménager avant d’atteindre les chutes.
Face à moi, je ne vois qu’un bouddha et un sentier qui s’ouvre derrière lui. Je décide de l’emprunter. Effectivement, il monte mais, il est minuscule, et ne semble pas entretenu. En plus, il n’y a vraiment personne. Au bout de 15 mn, aucune chute d’eau mais un sentier sinueux quasi inexistant, une végétation toujours dense, pas un chat mais plein de moustiques qui me dévorent et des bruits suspects partout autour ! Je finis par trébucher et me ramasser lamentablement, avant de décider de rebrousser chemin.
Je pense revenir sur mes pas, je me retrouve au bord d’une falaise. Je comprends que je me suis perdue. Je me vois déjà, la nuit tombant, oubliée de tous, me faire dévorer par quelques bêtes sauvages, mes pleurs et mes appels à l’aide restant vains.
Après un moment à tourner en rond, je retrouve la piste du bouddha trompeur, juste à temps pour m apercevoir qu’une pancarte indiquait très clairement un chemin balisé sur la gauche ...
Quand on est pas douée ... on est pas douée ...
Et effectivement, un quart d’heure plus tard, une belle chute d’eau apparaît entre les arbres.
A ses pieds, une petite crique déserte et ombragée m’accueille. Le seul grondement de la cascade, les gouttes d’eau giclent et me rafraichissent, les pieds nus dans l’eau glacée ... quoi de mieux pour se régénérer ?
Après cette jolie pause enchantée, il fallait bien repartir. Le retour sous le soleil de fin de journée, est nettement plus facile.
Les descentes sont nombreuses sur ce chemin caillouteux à l’extrême. Sans freins, je dévale (en priant vraiment très fort) les pistes à toute allure en tressautant sur la selle toutes les demi secondes. Je me voyais déjà passer par dessus le guidon et terminer aux urgences !
A 17h30, après toutes ces émotions, je finis par déposer mon vélo et retrouver Mathieu dans notre petit bungalow. Celui-ci me relate alors sa journée.
Mathieu : comme prévu, une bonne journée à vélo s’annonce!
Pendant que le membre dynamique de notre duo part à l’aventure, je tente de maîtriser un vélo particulièrement rétif.
Toute la journée, par une chaleur harassante, je monte et remonte, tente de conserver mon équilibre plus de trois mètres sur cet engin de mort !
Les heures s’écoulent, interminables, ponctuées par le passage de quelques camions et motocyclettes locales.
Sur cette voie défoncée longeant la berge, les locaux - particulièrement les enfants- éclatent de rire à la vue de ce grand machin maladroit. Quelques touristes aussi. Alors que je m’acharne encore, deux très jeunes moines me dépassent avec aisance sur leurs propres engins ...
A la fin de la journée, fourbu, rempli de courbatures (aïe les fesses ...), je remets le vélo à la loueuse, elle aussi morte de rire.
Dur pour l’ego, mais agréable de faire rire.
Bilan: équilibre atteint côté droit, toujours précaire côté gauche...
Peut mieux faire !
Conclusion: un vélo, deux expériences donc.
Épilogue : pour nous remettre de toutes ces émotions, après une bonne douche, retour dans le centre ville de Vang Vieng pour y tester le coup de cœur gustatif du routard : le Happy Mango !
Plein à craquer d’occidentaux, il faut faire la queue pour y entrer. Nous nous régalons des plats commandés avec un jus de mangue glacé à tomber par terre (beaucoup de chutes pour Mathieu aujourd’hui...)!
Nous nous régalons d’autant plus avec une salade papaye non commandée, arrivée comme par magie sur notre table et ne figurant pas sur l’addition ! Nous l’avions déjà aux trois quart dévorée, quand nous nous sommes rendus compte de l’erreur. Nous réalisons alors que nous étions en train de manger sans doute l’entrée de notre voisine qui ne cessait de la réclamer aux serveuses à corps et à cris.
Ce petit regain de chance fut particulièrement apprécié !
Petit tour au marché de nuit et petit coup de cœur pour l’artisanat local: jolis tissus chamarrés, petites figurines de bois et autres estampes en tout genre.
Cette éprouvante journée arrivant à son terme, nous nous endormons épuisés, malgré les chants (peu harmonieux) des coréens faisant du karaoké dans un complexe hôtelier à proximité, en contrebas de la rivière.