Carnet de voyage

Noël au Laos

14 étapes
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Petite virée en amoureux au Royaume du million d'éléphants. Rien de mieux pour clore une année bien remplie. Traverser le globe, quitter l'hiver gris pour de verdoyantes contrées ensoleillées.
Décembre 2019
15 jours
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Alors que le premier jour de l'hiver s'annonce, nous décidons de partir découvrir le Nord du Laos durant nos vacances de Noël.

Avant d'atteindre le Royaume au million d'éléphants, de longues heures d'avion nous attendent, avec une escale en Chine.

Nous arriverons dans la capitale du laotienne, Vientiane, où nous séjournerons quelques jours. Puis, la deuxième étape nous mènera plus au nord à Vang Vieng. Enfin, nous clôturerons notre périple par Luang Prabang et sa région, au bord du Mékong, au nord du pays.

Nous n'avons pas encore décollé et nous avons déjà hâte d'arriver !

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Enfin ! Enfin, nous voilà arrivés ! Après douze heures de vol Paris- Kinming. Après trois heures d’escale affreuses à courir de contrôles d’identité en contrôle douaniers avec prises d’empreintes digitales tous les 100 mètres, et officiers locaux aboyant des ordres en chinois dans tous les sens. Après un second vol plus tranquille, nous arrivons à Vientiane, la capitale du Laos.

Il est dix heures. Il fait déjà 33 degrés et un soleil magnifique ( « de plomb » selon Mathieu). Plus qu’un petit trajet en bus, dans un appareil hors d’âge et hors du temps, et nous voilà, dans notre petit bungalow au cœur d’un jardin luxuriant!

Pas le temps de feignasser, une bonne douche froide et c’est reparti !

Pour trouver de quoi nous rassasier, nous optons pour le KHUA DIN MARKET. C’est ici que les paysans viennent vendre leurs produits frais. Sur les étals, le vert des légumes, côtoie le rouge des piments présents en quantité ! L’atmosphère est particulière : en déambulant, on reconnaît des parfums de citronnelle et de coriandre qui se laissent parfois submerger par les relents nauséabonds des étals de viande à proximité.

La montagne de piments ! 

Nous avalons rapidement une soupe (phô) au poulet (officiellement ... « au canard! » tranche Mathieu) dans une des gargotes du marché. Autour de nous, nos voisins de table engloutissent le même plat mais avec des assaisonnements nettement plus relevés ! Une mère de famille, à notre gauche, n’a ainsi, pas hésiter à se verser une bonne rasade de sauce pimentée comme nous le ferions avec une banale bouteille de Ketchup.

Impressionnés et rassasiés, nous décidons de visiter les quelques temples bouddhistes, sur le chemin de notre hôtel.

Nous apprécions particulièrement l’atmosphère calme et reposante du WAT HAYSOK. Ce temple monastère doté d’une impressionnante toiture à cinq pans, très coloré à l’intérieur, possède en effet un grand jardin propice à la méditation, les grands arbres nous offrent une ombre plus que bienvenue. Autour d’un vénérable banian, six statues de Buddha présentent des aspects différents de celui-ci.

Nous achevons cette visite des temples par le WAT INPENG, très intéressant pour sa façade richement parée de bas reliefs en bois sculptés dorés et aux couleurs éclatantes. Les jeunes moines de l’école religieuse attenante au temple vaquent à leurs occupations sans prêter attention aux quelques rares touristes s’y aventurant !

Retour dans nous petit bungalow, nous avons beaucoup de sommeil à rattraper !

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Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà repartis sur les chapeaux de roue pour visiter le plus ancien temple de Vientiane, le Wat Sisaket (« le cheveu sur la tête ») au centre de la ville.

A peine inauguré en 1818 par le roi Anouvong que les Siamois déferlent sur Vientiane et la mettent à sac. La ville est rasée, le roi et sa famille exécutés à Bangkok et la population déportée dans des camps de travail forcé, mais ils épargnent le Wat Sisaket pour son style siamois.

Nous découvrons un joli temple quasiment désert à cette heure de la journée. Des milliers de statuettes de bouddhas sont hébergées dans le temple. Quelques unes ont été brisées lors du pillage de la ville et proviennent des autres temples, tous détruits.

La plupart vont par paires dans des niches spécialement creusées pour elles, disséminées sur tous les murs du cloître et du Sim (sanctuaire). Celles ci sont en bois, en argent ou en bronze.

A l’extérieur, derrière le temple de dans le cloître, sont installés deux hang hod en forme de naga (serpent mythique). Il s’agit de gouttières en bois permettant de recueillir l’eau de pluie pour arroser les statues lors de la fête du Nouvel An.

De style siamois, le sim est entouré de colonnes de bois sculptées surplombées par un toit composé de cinq pans.

A l’intérieur, les niches à statuts cohabitent avec des jolies peintures illustrant la vie du prince Pookkharava, vainqueur de nombreux combats grâce à son éventail magique, qui devint par la suite un bodhisattva.

Ces fresques d’origine semblent abîmées malgré les restaurations entreprises de 2011 à 2014 avec l’aide de l’Allemagne.

Elles sont coiffées par un plafond « à caisse », élément novateur au sein de l’architecture religieuse locale, introduite au début du XIXe siècle. Le style a été importe du Siam où il était très populaire au XVIIIe siècle. Certains y voient un rappel des plafonds des châteaux de la Loire.

En sortant , nous croisons de nombreux moines vêtus de leur tunique orangée et l’ancienne bibliothèque (Ho Tai) du temple qui hébergeait les Sutras manuscrites.

Ensuite, direction le Mékong où une immense statue du roi Anouvong nous attend.

UN PETIT POINT HISTOIRE:

Durant les premiers siècles de notre ère, le sud du Laos est le pays d’origine des khmers qui développèrent une civilisation avancée.

Au IX eme siècle, des thaï venus du sud de la Chine s’installent dans les plaines et peuplent la vallée du Mékong. Thaïs et Khmers ont entretenus des relations tumultueuses depuis cette époque.

Au XIVeme siècle, Fa Ngum, prince local vivant à la cour d’Angkor, épouse une princesse Khmer avant de reprendre Viang Chan (Vientiane) fondant en 1353 le royaume de Lanexang où Royaume du million d’Elephants.

Vingt ans plus tard, ses excès conduisent ses ministres à le déposer au profit de son fils, l’influence siamoise succède alors à l’influence khmère. A la prospérité, succède les guerres de pouvoir et le chaos.

Entre 1480 et 1520, trois rois se succèdent faisant de Vientiane la capitale du pays, annexant le royaume de Chang Mai dans le Nord de la Thaïlande, et construisant de nombreux Wat dans le pays.

Au début du XVIIIeme siècle, s’ensuit une longue période de troubles. L’unité éclate, et trois royaumes se dessinent: Luang Prabang au nord influencée par les chinois et les siamois, Vientiane au centre sous influence vietnamienne, et Chang Pasak au sud, influencée par les siamois et les khmers.

Ces royaumes ne sont que de simples chefferies multiples inféodées aux royaumes étrangers.

En 1778, les siamois dévastent le pays et pillent Vientiane en volant notamment les deux bouddhas sacrés du pays.

Au début du XIXeme siècle, le roi Anouvong attaque le royaume de Siam pour tenter de se soustraire à son influence en essayant de reconquérir le Lanexang.

Bien mal lui en a pris : en 1827, Vientiane est brûlée et rasée, la population déportée en Thaïlande et son roi exécuté.

En 1893, le royaume de Luang Prabang demande la protection de la France pour échapper aux siamois.

Entre 1893 et 1904, le Siam cède à la France tous les territoires formant le Laos moderne. Vientiane est alors reconstruite. La France organise jusqu’en 1953 ( année de l’indépendance) la culture de pavot et le trafic (taxé) des opiacés dans le pays.

Entre les années 50 et les années 70, le pays devenu indépendant cherche sa voie politique.

La charnière des années 60-70 voit l’avènement d’un régime communiste structuré autour du PRPL ( parti révolutionnaire du peuple lao) gouvernant encore aujourd’hui.

En 2010, le régime érige sur les rives du Mékong une statue colossale représentant le roi Anouvong. Elle est orientée vers la Thaïlande, le bras levé dans une posture martiale alors que 4 ponts de l’amitié relient désormais la capitale au voisin thaïlandais.

Le choix de notre lieu pour manger fut un en revanche un cuisant échec. Nous cherchions une sympathique gargote bon marché mentionnée dans notre guide. En nous trompant de nom, nous échouages chez son très chic voisin, un restaurant français haut de gamme.

Ce n’est qu’une fois installés que nous comprenons notre erreur ... trop tard ! Nous partageons tout de même un très bon repas à deux, puis à trois ... il est impossible de résister aux miaulements affamés d’une petite chatte famélique. Repue celle-ci file et nous aussi.

Pour débuter un après midi, quoi de mieux qu’une bonne marche digestive pour visiter un temple un peu excentré? Pour l’atteindre, un parcours du combattant nous attend.

Nous longeons en effet un grand boulevard très fréquenté et les locaux ont la fâcheuse habitude de se garer sur les trottoirs. Nous slalomerons donc entre voitures garées et autres véhicules roulant à tombeaux ouverts pour atteindre notre destination.

Le Wat Simuang, tire son nom du Lak Muang, pilier tutélaire qui aurait été planté en terre en écriant une jeune femme enceinte offerte volontairement en sacrifice. Il s’agirait en réalité d’une ancienne borne khmère.

La présence de ce pilier fait de ce temple l’un des plus vénérés de la ville.

Il est le temple de la chance et de la divination. Les autochtones (et autres très nombreux touristes chinois) viennent y prier ou faire des vœux. S’ils sont exaucés, ils ont vocation à revenir pour faire une offrande en billets de banque, de fruit ou de couronnes de fleurs.

Lorsque nous sommes rentrés dans le SIM, un vieux moine nouait des bracelets en tissus porte bonheur moyennant une prière et un petit billet.

Très coloré, un peu dans le style hindou, la décoration est particulièrement kitch au milieu de cette belle végétation.

Puis, nos pas nous dirigent vers le stûpa noir, très ancien.

Un stûpa ou that dans la langue locale, est un monument symbolique bouddhique servant de reliquaire ou d’édifice commémoratif. Il peut accueillir les cendre de grands bonzes, de rois, et depuis le XXeme siècle de simples dévots fortunés.

Il a été surnommé ainsi à cause des moisissures sombres le recouvrant. D’après la légende, il garderait un dragon à 7 têtes, protecteur de la ville lors des invasions siamoises. Sa couverture de feuilles d’or aurait été dérobé par les siamois.

Après une journee bien remplie, il devenait urgent de prendre soin de nos petits muscles endoloris.

Une solution s’impose alors : recourir au massage traditionnel lao du White Lotus.

Allonges dans une pénombre apaisante, si loin du tapage de la ville, les mains expertes des masseuses appuient (très) fortement sur les points sensibles de nos corps pendant une heure.

Elles réussissent à dénouer les tensions accumulées, si bien que certains s’y sont assoupis ! Fou rire garanti de nos petites masseuses !

Pour clore la journée, et ne pas rester sur un échec, nous finissons par trouver la fameuse gargote. Mathieu y découvre avec délice son premier pad thaï et j’y déguste une super soupe thom yam aux crevettes sacrément épicée (j’avais pourtant commandé le niveau minimum de piment).

L’échec est digéré, allons donc nous coucher !

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Notre journée commence de bonne heure, à la fraîche. Nous prenons le bus n•14 à la gare routière de Vientiane.

Attention : mieux vaut demander son chemin, les numéros des bus ne correspondent pas forcément ceux affichés dessus (!).

Direction le BUDDHA PARK !

Le bus longe le Mékong sur une vingtaine de kilomètres, empruntant la route de Thadeua. Une bonne heure plus tard, nous voilà arrivés au Wat Xieng Khuan, le nom local du Buddha Park.

Jardin public avec une vue sur le Mékong, c’est un lieu de promenade très fréquenté l’es week-end.

Il héberge aussi les œuvres de Luang Pu, équivalent local du Facteur Cheval. Désireux d’unifier bouddhisme et hindouisme, il construisit ici plus de 200 statues en béton armé dans les années 50. Certaines sont gigantesques comme le Bouddha couché.

L’une d’entre elle se visite de l’intérieur. De minuscules et pentus escaliers permettent d’atteindre le sommet avec vue sur le parc : vertige garanti !

Mort en 1996, Luang Pu quitta le Laos en 75 pour continuer son œuvre à Nong Khai, en Thaïlande.

Au déjeuner nous dégustons pour la première fois la douceur de l’eau contenue dans une noix de Coco conservée au frais. Par cette chaleur, un vrai régal !

Après une petite sieste à l’ombre d’un grand arbre avec vue sur le Mékong, dernier tour au milieu de statues, nous voilà sur le bord de la route à attendre, au milieu des locaux, le bus du retour.

Celui-ci ne tarde pas. Le chauffeur s'octroie toutefois sur le trajet une longue pause pour fumer sa cigarette et, sous nos yeux ébahis, descendre une petite bière avant de reprendre la route.

De retour à Vientiane, nous longeons une grande avenue faisant face au palais présidentiel.

Bordée par des frangipaniers aux fleurs odorantes, celle-ci nous mène à l’arc de triomphe local, le Patouxai.

Construit dans les années 60, en béton armé (initialement destiné à la construction d’un aéroport), ce monument massif nous laisse perplexe, d’autant que sur le béton ont été reproduites des scènes de la mythologie laotienne.

Pour clore ce séjour à Vientiane, nous prenons notre repas de Noël ( nouilles sautées et cornets de glace) assis sur l’esplanade surplombant le Mékong.

Joyeux Noel !

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Aujourd’hui, en ce jour de Noël, nous prenons la route direction Vang Vieng à 160 km au nord de Vientiane.

Le minibus nous ramasse aux portes de notre bungalow, va chercher d´autres touristes et, rempli à ras bord, rejoint la route 14 dire « route des français ».

Notre petit bungalow de Vientiane 

La traversée dure quatre heures dans des conditions pas forcément optimales. Nous sommes serrés comme des sardines...Mathieu n’a même pas la place pour mettre ses grandes pattes !

Dans un premier temps, la route traverse des paysages plats mi urbains mi champêtres, entre baraques en tôle et buffles broutant dans les rizières. D’ailleurs, nous nous arrêtons à mi chemin au milieu de nulle part sous un soleil ardent pour une bonne pause.

Petite pause au milieu de nulle part 

Dans un second temps, les lacets et la montagne succèdent à la plaine. Il faut avoir le coeur bien accroché au milieu de ces paysages de forêts verdoyantes !

Durant 4 heures, nous progressons lentement sur une route perpétuellement cabossée. Le mini van n’ayant plus d’amortisseurs, nous passons le trajet à sauter sur la banquette arrière au rythme des nids de poule et autres trous rencontrés.

Mal des transports garanti ... et pourtant nous survivons ... et nous voilà arrivés à Vang Vieng !

Fourbus, un peu désorientés, notre back pack sur le dos, nous traversons la rue principale où s’accumulent de nombreux commerces sans charme, en plein cagnard, avant de bifurquer sur notre droite .

Un autre univers s’offre à nous... au milieu des arbres verts, un petit pont payant nous permet de traverser la calme rivière Nam Song, loin du bruit de la circulation et de la ville.

Nous débarquons dans un hameau, et nous toquons à la porte du Mango, une guest house tenue par Noé, un sympathique français qui vit ici depuis 10 ans. Dieu merci, il lui reste des bungalows libres ! Nous prenons donc nos quartiers dans son établissement. Au milieu des manguiers et des papayers, après une bonne douche, au calme, allongés sur un hamac les yeux fermés, qu’est ce que l’on se sent bien !

Notre charmant petit bungalow  de Vang Vieng

Ce cadre enchanteur peuplé en partie de Hmong, ressemble à une mini baie d’Along terrestre grâce à ses formations karstiques.

Jusqu’en 2012, en l’absence de tout contrôle, le tourisme dans ces paysages magnifiques pris dès lors une drôle d’allure. De jeunes backpackers australiens venaient y faire la fête, à grand coup d’alcool, de drogues et d’overdoses diverses et variées.

En 2012, le gouvernement soucieux de cette image peu reluisante, met en place une nouvelle réglementation beaucoup moins tolérante.

Un nouveau tourisme plus respectueux du mode de vie lao est encouragé par les autorités. Noé nous informe toutefois, que depuis trois ans, les Coréens ont massivement remplacé les australiens. En effet, dans une série télé très populaire en Corée, le héros se baigne dans un lagon à proximité et depuis, tous veulent faire pareil, et les investisseurs de tourisme s’y pressent en masse.

Loin de ces considérations, nous décidons d’aller nous promener le long de la rivière. Nous croisons sur le chemin de terre, de nombreuses vaches rentrant des champs.

Une copine  

Avec le soleil déclinant, la vue est sublime. Les doux rayons caressent la verte et dense végétation qui se reflète dans l’eau de la rivière.

Ce paysage deja magnifique est surplombé par d’imposantes montagnes.

Assis en terrasse, une beerlao à la main, nous contemplons le ciel qui vire au rouge, puis au pourpre, avant qu’il ne s’éteigne et ne devienne tout noir !

Coucher de soleil sur la rivière Nam Song 😻
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Ce matin, réveil aux chants des coqs. Dépaysement garanti !

Nous prenons un petit déjeuner composé d’une crêpe à la farine de riz gluant avec de la confiture de mangue au LOTUS, une charmante gargote découverte la veille au soir. Cette simple paillote agrandie avec une terrasse offre une cuisine goûteuse dans un cadre où l’on se sent bien. Madame cuisine (divinement bien), ses trois enfants assure le service, et Monsieur, compatriote français, toujours jovial discute et prodigue de savants conseils. Convivialité assurée et coup de cœur garanti !

Le Lotus, notre coup de cœur de Vang Vieng  

Le petit déjeuner est fameux !

Il nous faut, en effet, des forces : nous avons décidé de nous rendre en vélo à 8 km de là, à l’Est de Vang Vieng aux Kaeng Nyui Waterfalls.

Rassasiés, pleins d’énergie, nous louons 2 vélos d’un autre âge sans encombres et... C’est parti !

Enfin, c’était presque parti... c’était sans compter que Mathieu ne savait pas faire de vélo, et que l’activité n’était pas innée pour lui.

Pendant 2h30, à l’abri de la circulation, sur les berges de la rivière Nam Song, nous tâchons de le faire pédaler , un pied après l’autre, rien n’y fait ! Il loupe les pédales, chavire, tombe, remonte, retombe !

Mathieu le cascadeur  

Face à un échec aussi cuisant, nous décidons de nous séparer : Mathieu restera s’entraîner pour le lendemain et j’irai seule découvrir les chutes d’eau.

Cecile : sur mon petit vélo sans vitesses, sans plateaux et aux freins approximatifs, je roule dans ce qui s’avère être la mauvaise direction... Rien n’est indiqué... Les locaux ne savent pas (ou ne veulent pas) parler anglais.

Je m’y reprend à trois fois avant de trouver le bon embranchement et là... La circulation s’estompe, les bruits de la ville s’éloignent, l’asphalte laisse place à de la piste.

En 100 mètres, me voilà au milieu des champs clôturés de bambous. Sur la route, des canards patrouillent près des étangs , les poules traversent la route, vaches et buffles me regardent passer.

Je traverse un village, les habitants me sourient, les enfants font coucou de la main, et je comprends rapidement qu’une étrangère à vélo en pleine campagne laotienne, ce n’est pas courant par ici. Sur le trajet déjà peu fréquenté, les locaux roulent à mobylette, et les locaux en pick up !

Ils n’ont pas la chance de savourer les beautés du paysage, ni de pouvoir s’arrêter à tout moment pour photographier l’instant présent .

Le chemin caillouteux, pentu et en plein soleil, est cependant difficile à parcourir. Bien souvent, vélo à la main, je monte les côtes à pied en me demandant ce que j’ai bien pu faire pour mériter cela !

Finalement après plus d’1h30 de souffrance, mes efforts sont récompensés, le site des chutes d’eau est atteint.

Entrée du site des Kaeng Nyui Waterfalls 

Mais je n’étais pas au bout de mes peines. Le guide du routard annonçait 15 mn de grimpette sur un sentier bien aménager avant d’atteindre les chutes.

Face à moi, je ne vois qu’un bouddha et un sentier qui s’ouvre derrière lui. Je décide de l’emprunter. Effectivement, il monte mais, il est minuscule, et ne semble pas entretenu. En plus, il n’y a vraiment personne. Au bout de 15 mn, aucune chute d’eau mais un sentier sinueux quasi inexistant, une végétation toujours dense, pas un chat mais plein de moustiques qui me dévorent et des bruits suspects partout autour ! Je finis par trébucher et me ramasser lamentablement, avant de décider de rebrousser chemin.

Je pense revenir sur mes pas, je me retrouve au bord d’une falaise. Je comprends que je me suis perdue. Je me vois déjà, la nuit tombant, oubliée de tous, me faire dévorer par quelques bêtes sauvages, mes pleurs et mes appels à l’aide restant vains.

Après un moment à tourner en rond, je retrouve la piste du bouddha trompeur, juste à temps pour m apercevoir qu’une pancarte indiquait très clairement un chemin balisé sur la gauche ...

Quand on est pas douée ... on est pas douée ...

Et effectivement, un quart d’heure plus tard, une belle chute d’eau apparaît entre les arbres.

A ses pieds, une petite crique déserte et ombragée m’accueille. Le seul grondement de la cascade, les gouttes d’eau giclent et me rafraichissent, les pieds nus dans l’eau glacée ... quoi de mieux pour se régénérer ?

Après cette jolie pause enchantée, il fallait bien repartir. Le retour sous le soleil de fin de journée, est nettement plus facile.

Les descentes sont nombreuses sur ce chemin caillouteux à l’extrême. Sans freins, je dévale (en priant vraiment très fort) les pistes à toute allure en tressautant sur la selle toutes les demi secondes. Je me voyais déjà passer par dessus le guidon et terminer aux urgences !

A 17h30, après toutes ces émotions, je finis par déposer mon vélo et retrouver Mathieu dans notre petit bungalow. Celui-ci me relate alors sa journée.

Mathieu : comme prévu, une bonne journée à vélo s’annonce!

Pendant que le membre dynamique de notre duo part à l’aventure, je tente de maîtriser un vélo particulièrement rétif.

Toute la journée, par une chaleur harassante, je monte et remonte, tente de conserver mon équilibre plus de trois mètres sur cet engin de mort !

Les heures s’écoulent, interminables, ponctuées par le passage de quelques camions et motocyclettes locales.

Sur cette voie défoncée longeant la berge, les locaux - particulièrement les enfants- éclatent de rire à la vue de ce grand machin maladroit. Quelques touristes aussi. Alors que je m’acharne encore, deux très jeunes moines me dépassent avec aisance sur leurs propres engins ...

A la fin de la journée, fourbu, rempli de courbatures (aïe les fesses ...), je remets le vélo à la loueuse, elle aussi morte de rire.

Dur pour l’ego, mais agréable de faire rire.

Bilan: équilibre atteint côté droit, toujours précaire côté gauche...

Peut mieux faire !

Conclusion: un vélo, deux expériences donc.

Épilogue : pour nous remettre de toutes ces émotions, après une bonne douche, retour dans le centre ville de Vang Vieng pour y tester le coup de cœur gustatif du routard : le Happy Mango !

Plein à craquer d’occidentaux, il faut faire la queue pour y entrer. Nous nous régalons des plats commandés avec un jus de mangue glacé à tomber par terre (beaucoup de chutes pour Mathieu aujourd’hui...)!

Nous nous régalons d’autant plus avec une salade papaye non commandée, arrivée comme par magie sur notre table et ne figurant pas sur l’addition ! Nous l’avions déjà aux trois quart dévorée, quand nous nous sommes rendus compte de l’erreur. Nous réalisons alors que nous étions en train de manger sans doute l’entrée de notre voisine qui ne cessait de la réclamer aux serveuses à corps et à cris.

Ce petit regain de chance fut particulièrement apprécié !

Petit tour au marché de nuit et petit coup de cœur pour l’artisanat local: jolis tissus chamarrés, petites figurines de bois et autres estampes en tout genre.

Cette éprouvante journée arrivant à son terme, nous nous endormons épuisés, malgré les chants (peu harmonieux) des coréens faisant du karaoké dans un complexe hôtelier à proximité, en contrebas de la rivière.

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A défaut de vélo, de scooter ou d’autres objets roulants, la marche s’imposait à nous pour découvrir l’ouest de Vang Vieng.

Nous partons tôt pour profiter de la fraîcheur matinale, et, coup de chance, pour la première fois depuis notre arrivée, le ciel est voilé, et la chaleur modérée.

Après une heure de marche le long de la route, nous atteignons notre première étape : le piton PHA NGEUN.

Il nous faudra grimper durant 45 minutes, tels des Indianas Jones dans la jungle primaire bondissant de rochers et cailloux parfois tranchants.

Indiana Jones version 2019 

Nous sommes récompensés de nos efforts quand, arrivés au sommet, le panorama sur la campagne laotienne s’offre à nous. Il laisse apparaître des champs jaunes et verts encerclés par de verdoyantes et majestueuses montagnes en karste.

Panorama au sommet du piton  

La descente est bien plus éprouvante que la montée. Les quelques touristes présents nous doublent tous allègrement, mais, sans complexes et à notre rythme, nous rejoignons la terre ferme pour reprendre notre route.

Le trajet se poursuit une heure de plus, sur une route asphaltée bordée par des champs ou des petites maisons dont beaucoup sont en construction.

Sur le bas côté, vision insolite d’une femme en train de tisser sur une grande machine artisanale et proposant à la vente les tissus de son labeur.

La route que nous traversons au milieu des champs et des montagnes 

Deuxième étape : le restaurant SAE LAO.

Situé en pleine campagne au bord d’un petit lac, ce petit restaurant s’inscrit dans un projet de développement des populations locales incluant notamment l’apprentissage de l’anglais.

Beau, bon et éthique, en prime !

En arrivant au SAE LONG ! 
Le restaurant et son petit lac 

Mathieu y a rencontré une petite chatte très câline qui est montée sur ses genoux et qui, bien plus maline que lui, s’est jetée sur son assiette de riz au poulet et a gagné ainsi le droit de la finir !

Mathieu essayant d’instaurer des limites 

Rassasiés, nous quittons la route pour un chemin de terre battue pour atteindre notre troisième étape.

Les vaches nous regardent passer, les buffles nous fixent d’un air interrogateurs : nous sommes les seuls humains qui passent à pied. Locaux et touristes préfèrent la moto ou le pickup et les coréens semblent bien stupides dans leurs bruyants bugguys.

Nos copines les vaches  

Chaque véhicule croisé nous envoie un tombereau de poussière dans la figure.

Autour de nous, des paysans s’activent accroupis dans les champs, ils nous font signe de la main.

Nous traversons des villages Hmong et observons, amusés, des tout petits garçons se balançant avec un coq, bien plus gros qu’eux, sous le bras !

Puis nous quittons enfin la route de terre pour un joli chemin à travers champs. Aux pâturages peuplés de vaches, succèdent les plantations de cannes à sucre, puis les bananiers, le tout au milieu d’une végétation luxuriante.

Nous croisons ainsi quatre jeunes garçons jouant de la machette pour faire d’une noix de Coco leur goûter du jour.

Les manguiers et les papayers sont toujours de la partie.

Le petit chemin à travers champs 

C’est dans ce cadre enchanteur que nous atteignons notre troisième et dernière étape : la golden flower cave.

Un petit papi Hmong - qui aurait 72 ans depuis 7 ans et 69 depuis l’année dernière, selon ses propres comptes - nous accueille et nous conduit à l’entrée de la grotte.

Il nous explique tout sourire et dans un anglais approximatif que la caverne abrite plusieurs autres grottes visitables en une heure. Il tente de nous éclairer sur les stalactites et les stalagmites sans que nous ne puissions vraiment saisir le propos.

La visite de la grotte est agréable. Plus nous avançons dans la pénombres, plus nos lampes frontales éclairent de la dentelle de pierre d’une taille impressionnante forgée au cours des siècles.

La golden flower cave et le gros stalagmite ! 

Le jour commence à décliner quand nous réalisons qu’il va falloir marcher à nouveau 11 km pour rentrer chez nous. Aussi, lorsqu’en retraversant le petit village Hmong, un tongsaew - sorte de pickup/camion faisant office de taxi collectif- ralentit à notre hauteur, nous n’hésitons pas et sautons à l’intérieur !

Nous parvenons même à atteindre Vang Vieng avant le coucher du soleil et en profitons pour apprécier un agréable massage des pieds et des mollets plus que mérité !!!

Requinqués, direction notre gargote préférée, le Lotus, pour notre dernier dîner à Vang Vieng. C’est avec un petit pincement au cœur que nous quitterons cette étape demain matin.

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Dernière crêpe à la farine de riz gluant, dernière confiture de mangue, dernier petit dej au Lotus, derniers conseils du maître des lieux pour la suite de notre periple...

Le temps est gris ...

Nous quittons Vang Vieng avec regrets, direction Luang Prabang !

C’est reparti pour un trajet en van, cette fois ci en montagne, sur des routes explosées ... mal au coeur garanti !

Une fois arrivés à bon port, nous gagnons la Villa Merry 2, notre hôtel, et notre petite chambre en bois sombre (et à la salle de bain approximative ...) avec vue sur la montagne.

Vue de notre chambre d’hôtel  

Affalés sur le lit, sous les pales du ventilateur qui tournent tournent et tournent encore, nous nous remettons peu à peu de ce remuant périple.

Nos estomacs à peu près remis en place, nous décidons d’explorer Luang Prabang !

Sur les plans historiques et culturels, il s’agit de la ville la plus riche du Laos.

A l’origine, la ville s’apprête Jawa, cf qui désignait un endroit entouré de jungle ou d’eau, ou d’un endroit indianisé.

En 1491, elle prend son nom actuel : Luang pour « grand » et Prabang pour « statue d’or sacrée », cela en l’honneur du grand bouddha d’or fin arrive dans la ville en 1489.

Elle demeure la capitale du Laos jusqu’en 1563. À cette date, elle est remplacée par Vientiane et ne retrouve sa place qu’au XVIIeme siècle, après l’éclatement du pays en trois royaumes.

Aujourd’hui la ville se tourne vers le tourisme. Classée au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, elle a préservé son architecture locale et coloniale : peu de bâtiments modernes et aucun en hauteur.

Le soleil déclinant, nous décidons d’entamer la petite grimpette du Mont Phousi pour assister au coucher du soleil sur le Mékong et ses environs.

Arrivés au sommet, le panorama est splendide. On y trouve un stupa de 20 mètres de hauteur trônant sur une pyramide à trois gradins datant du XIXeme siècle et restauré sous le protectorat français.

Le stupa doré au sommet du Mont Phousi 
Vue du sommet du Mont Phousi  

Malheureusement, nous ne sommes pas les seuls à vouloir jouir de cette vue privilégiée. Des nuées de touristes, principalement chinois, appareils photos à la main, jouent des coudes pour voir le soleil se coucher, ce qui gâche grandement la magie du moment.

Le coucher de soleil, paysage de carte postale  
L’envers du décor ... 

Une fois le soleil couché, fuyant la foule, nous redescendons par un autre chemin bordé d’un petit temple et de nombreuses statues de bouddha.

Dans le calme du crépuscule, nous entendons les moines chanter. Nous achevons cette journée, une beerlao à la main, face au Mékong. Il est temps de se coucher.

Rue éclairée la nuit  
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Après deux gourmands pancakes à la banane, en guise de petit dej, nous partons explorer le Palais Royal.

Dans l’enceinte en entrant se trouve dans un somptueux petit temple, le fameux bouddha d’or (Prabang), qui donne son nom à la ville. Les mauvaises langues prétendent qu’il s’agit d’une copie pour éviter qu’elle ne soit dérobée de nouveau.

Le temple où se trouve le bouddha d’or  

Nous apprécions tout particulièrement le Palais Royal dont la construction remonte à 1904, pendant le protectorat français.

L’extérieur du Palais Royal ... les photos à l’intérieur sont interdites 

La salle du protocole accueille les visiteurs. A l’avant-plan, le trône du moine suprême est placé devant celui du roi : le chef religieux était le personnage le plus important du royaume.

Surprenant décor que celui de la salle de réception du roi, tout en peintures art déco datant des années 30, de l’artiste française Alex de Fautereau.

Elles représentent notamment une scène de marché rassemblant les différentes minorités du royaume que l’on distingue par leurs habits.

Derrière la salle du protocole, s’ouvre une impressionnante salle du trône aux murs rouges, recouverts dans les années 60 par des motifs en mosaïque de verre représentant l’histoire et la vie quotidienne du royaume.

Un trône en or s’y trouve. Le dernier roi Sisavang Vathana ne s’y serait jamais assis, n’ayant jamais été officiellement couronné.

Cependant, partout dans le palais, on trouve des portraits de lui, de son épouse et de leurs enfants. Certaines salles contiennent d’ailleurs des présents diplomatiques qui leur avaient été offerts : porcelaine de Sèvres par les époux De Gaulle, maquette d’Apollo 11 et pierre de lune par les américains, pins russes ou encore boomerang aborigène.

En 1977, la famille royale est deportee dans un camps de travail au nord du pays par les autorités communistes. Elle y serait morte dans les années 80 à cause des mauvais traitements subis sur place.

Précisons néanmoins que dans le musée, il est indiqué que les enfants du couple royal vivraient actuellement en France !

A quelques rues de là, en longeant de jolies maisons coloniales entourées de verdure, nous atteignons le Wat Sene Soukharam ou le « temple des 100000 trésors ». Il est construit en 1718 avec un toit à trois pans et 100000 pierres issues du Mékong, d’où il tire son nom.

Le temple des 100000 trésors  

Riches de ces belles visites, les yeux remplis mais la panse vide, il nous fallait impérativement reprendre des forces.

Nous optons pour le Ton Khan Wan, un charmant petit resto traditionnel avec vue imprenable sur la rivière Nam Khan. Le ciel, couvert jusqu’alors, s’illumine, et le soleil rehausse magnifiquement les couleurs du paysage de carte postale dont nous nous délectons.

Vue du petit resto où nous déjeunons  

Nous poursuivons notre ballade dans ce paysage enchanteur.

Le paysage enchanteur  

Nous atteignons le Wat Xieng Thong. Construit en 1560 par le roi Setthatirath afin de célébrer la mémoire de Tao Chanthaphanit, un commerçant originaire de Vientiane qui selon la légende aurait été élu roi de Luang Prabang.

Ce temple, très fréquenté (trop fréquenté !) est composé de plusieurs édifices sacrés très bien conservés. Il est le plus riche de Luang Prabang.

Dans l’édifice principal, « chapelle du Bouddha sacré , la statue du même nom est sortie chaque année pour le nouvel an lao.

La Chapelle du Bouddha sacré  

On admire aussi à l’extérieur la façade arrière décorée d’une mosaïque en verre représentant l’arbre de l’illumination ( arbre de la bodhi).

L’arbre de l’illumination 

Un petit pavillon tout en feuilles d’or retient notre attention: c’est La Chapelle du Char funéraire du roi Sisavang Vong décédé en 1959. Nous sommes surpris d’apprendre que cet étudie date de 1960.

La Chapelle du char funéraire  
Petit coucou de La Chapelle rouge 

Sur le chemin du retour une découverte incroyable mérite d’être mentionnée: les coconut pancakes !

Les petites marchandes de rue, proposent pour une poignée de kips de minuscules galettes rebondies fourrés à la noix de Coco!

C’est avec un grand bonheur que nous récidiverons dans le péché de gourmandise le soir même lors du grand et coloré marché nocturne de la ville. Nos coconut pancakes à la main, nous déambulons au milieu des étals de tissus colorés et d’objet en bambous tressés en tout genre.

La petite vendeuse des coconut pancakes 
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Aujourd’hui nous partons visiter les chûtes (Tad) du Kouang Si à 30 km au sud de Luang Prabang.

En nous levant, nous constatons que le ciel est très gris. Nous optons donc pour un départ plus tardif, en pariant que le soleil finirait bien par montrer le bout de son nez.

Pari réussi, lorsqu’à la mi-journée nous atteignons les chûtes, le ciel se dégage et le soleil resplendit.

Nous empruntons un petit sentier menant d’abord à un centre de protection des ours géré par une association « free bear ». Elle recueille les animaux victimes de trafics illégaux notamment capturés, drogués et torturés pour prélever leur bile.

Nous voyons au milieu de la végétation des ours de la lune «moon bear » avec leurs petites oreilles rondes, leur poil bouffant et leur plastron blanc dormir, jouer et manger.

Mignonne rue garantie !

Les ours de la lune  

Puis, en poursuivant sur le sentier nous atteignons les premières piscines naturelles tout en bas des chûtes. L’eau est turquoise.

Au fur et à mesure, les bassins se succèdent tout aussi magnifiques les uns que les autres, jusqu’à arriver à la grande cascade.

Les différentes piscines naturelles 
La grande cascade surplombant le site 

Seul désagrément: les nuées de touristes sauvages prêts à tuer pour un selfie ce qui gâche grandement la quiétude des lieux.

L’enfer du décor  

Nous arrivons toutefois à nous tremper les pieds dans l’eau, avant de rentrer à Luang Prabang.

Mention particulière à notre chauffeur. Installes tout à l’avant du mini van, (la place du mort), nous sommes à même d’apprécier ses facultés exceptionnelles de conduite: le téléphone à l’oreille dans un mail, la bouteille d’eau dans l’autre main, les dépassements dans les côtes ou les virages ne lui font pas peur, et il slalome entre les scooters comme personne ... Certains se sentent tellement en sécurité qu’ils s’assoupissent ...

Nous passons notre soirée au bord de la rivière Nam Song dans notre petit restaurant le Ton Kham Wam, à boire une lao beer et à nous restaurer.

Le pur bonheur 😻

Nous ne sommes pas mécontents de quitter la foule pour partir dans les villages du nord demain.

Dernier coconut pancakes au marché de nuit, dodo, et c’est reparti pour l’aventure !

Le marché de nuit coloré  
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Départ matinal de Luang Prabang sans grands regrets.

Le chauffeur de taxi vient nous chercher à pied, notre hôtel étant situé dans une étroite ruelle. Nous nous rendons donc sur la grande artère à proximité.

Face à nous, deux mini vans modernes. Interrogateurs, nous nous retournons pour demander au chauffeur lequel allait nous conduire pour la suite de notre voyage.

Et là ... surprise ... il nous désigne un troisième véhicule, croisement entre un pickup et une bétaillère.

Mathieu se décompose en se demandant comment survivre dedans durant quatre heures de trajet sur les routes laotiennes ...

Nous nous installons avec un jeune couple de backpackers croates et c’est parti ... pour quelques petits kilomètres.

La bétaillère s’arrête à côté d’un super mini van noir qui prend le relai !

OUF !

Mathieu reprend des couleurs !

Notre chauffeur parle un très bon français et nous explique l’avoir appris enfant, à l’école, jusqu’en 1975. À cette date, les communistes prennent le pouvoir, bannissent les langues étrangères des écoles, et brûlent tous les livres qui ne sont pas en langue lao.

Au fur et à mesure du trajet, nous traversons de nombreux villages où les habitants sont magnifiquement vêtus de costumes traditionnels.

Notre chauffeur nous explique alors que le Laos comptent trois ethnies représentées sur le billet de 1000 kips. Les plus nombreux sont les lao, originaires de Thaïlande. On trouve également, les Kamus, peuple khmer originel, et les Hmong originaires du Népal qui vivent dans les montagnes.

Les trois peuples possèdent leurs propres costumes traditionnels. Ainsi, notre guide nous informe que nous traversons un village ou kamu. Il nous précise qu’en ce moment, et pendant douze jours, se déroule le nouvel an Hmong ( celui des lao, bouddhistes, est en avril).

À cette occasion, les villageois mettent leurs plus beaux costumes avec un chapeau à pompons multicolores propre à leur ethnie. Durant cette longue fête, une certaine liberté règne, des couples se forment et des mariages sont célébrés.

Moins amusant, le long de la route, nous assistons au massacre des vallées par les investisseurs chinois qui font construire d’immenses barrages par des ouvriers exclusivement chinois. Les vallées sont inondées :nous ne voyons que la cime des arbres et apercevons même le haut d’un temple noyé.

Notre chauffeur ajoute qu’aucun villageois laotien n’en profite : ils ne peuvent plus pêcher et la navigation fluviale est devenue impossible.

C’est bien contents que nous arrivons pour déjeuner à Nong Khiaw, notre première étape dans le nord du pays !

Nous trouvons rapidement un petit bungalow avec vue sur la rivière pour nous accueillir une nuit.

Notre petit bungalow et la vue qu’il nous offre 

Le petit village de Nong Khiaw est traversé par la rivière Nam Où et entouré de montagnes verdoyantes.

Le village de Nong Khiaw 

Pour déjeuner, rendez vous chez Mama Alex. Banquette confortable assurée, et plats typiques savoureux à prix modiques.

Tandis que Mathieu tente un pad thaï, je cède a l’appel d’un plat traditionnel : un poisson cuit dans une feuille de bananier, le Mok Paa.

Aussitôt servie, une petite tête poilue et miaulante de chaton rouquin vient réclamer sa part ... avec succès ...

Il est donc très vite rejoint par ses frères - sœurs - cousins - cousines ...

Et je me retrouve à partager mon poisson avec un gang de petit chat!

Le chat pardeur  

Et rassasiés, nous entamons la grimpette du PHADEANJ PEOK.

A l’entrée du site, un obus désamorcé nous conseille de ne pas quitter le sentier.

En effet, page secrète et meconnue de la guerre du Vietnam : le nord du Laos fut grandement bombardé durant cette période. On parle d’une bombe toutes les huit minutes pendant 10 ans.

Nul n’en aurait rien su si au fil des ans, les bombes encore actives n’explosaient pas régulièrement sous les pieds des villageois.

Cet état de fait poussa récemment les États Unis à financer un programme de déminage du nord du Laos.

Mais mieux vaut toutefois ne pas trop s’éloigner.

La grimpette d’1h30 est physique même si des marches sont aménagées pour en faciliter l’ascension. seuls, en pleine forêt, nous admirons des arbres aux racines infinies et aux formes insolites.

Les arbres torsadés  
Promenade en forêt  

Effort récompensé : nous atteignons un splendide point de vue sur la vallée peu de temps avant le dernier coucher de soleil de l’année.

Le soleil devient rouge, nous offre ses derniers rayons, avant de disparaître croqué par la montagne.

Enfin arrivés au sommet ! 

Et là, anticipant la descente dans la nuit noire, au milieu des bêtes féroces de la montagne, nous hâtons notre retour à Nong Kiaw.

Peine perdue, l’obscurité nous rattrape et nous finissons à la lampe torche.

Fidèle à lui même, Mathieu se viande (lamentablement) sur une marche (« mal taillée » selon lui) et se foule la cheville. Une touriste israélienne derrière nous s’est même sentie obligée de le consoler en lui disant qu’il avait fait une chute « très élégante »... qu’est ce qu’il ne faut pas entendre ! 😂

Note artistique : 12/20 !

Clopints, clopants, la dignité (et la cheville) de certains en moins, nous regagnons nôtre bungalow du jour.

Pour achever en beauté cette dernière soirée de l’année, nous dégustons un super repas laotien: salade de papaye et laap !

Salade de papaye et laap 

Beer lao de la partie ( évidement )

Et Bonne Année !🎈

Bonne année !!!! 
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Réveil dans notre petit bungalow de Nong Kiaw en ce premier jour de l’année. Un joli soleil perce déjà à travers les rideaux, et se reflète dans la rivière en contrebas.

Joli soleil sur notre petit bungalow 

Nous réglons notre chambre, et nous nous dirigeons vers l’embarcadère pour prendre le petit bateau de 10h30 : direction Muang Ngoi !

L’embarcadère et les petits bateaux  

Dans un superbe paysage aux montagnes verdoyantes se reflétant dans l’eau, notre petit bateau serpente sur la rivière sous un ciel bleu peint de petits nuages blanc.

Fabuleux trajet en bateau jusqu’à Muang Ngoi 

Après une heure de navigation, nous voilà sur un embarcadère du bout du monde...

Embarcadère du bout du monde  
Arrivée à Muang Ngoi 

Et là... surprise !

Sur les marches de l’embarcadère, des dizaines de tenanciers de guesthouse tentent d’appâter bruyamment le chaland.

En effet, même s’il s’agit d’un village minuscule avec une seule petite rue dans lequel nous avançons sur un chemin au milieu des poules, l’offre touristique pour les logements est impressionnante et disproportionnée au regard du petit nombre de visiteurs sur place.

Cela nous laisse une drôle d’impression.

Nous nous dégotons donc sans mal un joli petit bungalow avec une vue splendide sur la rivière : au Riverview Guesthouse. Cet hôtel est tenu par Gabriel, un sympathique suédois joueur de guitare, et sa femme, une charmante et énergique laotienne qui nous accueille tout sourire.

Celle-ci me désigne Mathieu pour me demander dans quelle langue il s’exprime, elle est d’ailleurs persuadée qu’il est allemand, et ne comprenait pas qu’il s’exprime en français ! Se rendant compte de sa méprise, nous explosons tous les trois de rire.

Notre petit bungalow et la vue du hamac 

À l’issue d’un après midi consacré au repos, nous partons à la découverte de la rue unique du village.

Le village de Muang Ngoi 

A son extrémité, on trouve un tout petit temple dont l’une des sorties mène aux deux petites et isolées plages du village.

Au bord de l’eau, loin de tout et loin de tous, assis sur les rochers, les pieds dans l’eau (ou sur le sable pour les frileux), nous profitons d’un joli coucher de soleil sur les montagnes.

Petites plages isolées et coucher de soleil 

Nous rentrons juste à temps au village pour la partie de pétanque, et pour entendre un groupe de vieilles laotiennes s’égosiller sur un karaoké. Celles-ci ont même pousser le vice en branchant des enceintes pour faire profiter de leur talent l’ensemble de leurs voisins !

Au détour de nos flâneries, nous repérons une vendeuse de coconut pancakes (!!)qui nous fait découvrir ses petits beignets à la banane ... un délice pour les gourmands que nous sommes !

Face à la rivière, sur les marches de l’embarcadère, nous nous léchons les babines, et contemplons loin de toute civilisation un ciel noir étoilé comme jamais !

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Réveil brumeux, petit dej heureux !

Entourés de félins filous, nous avalons crêpes, pancakes et autres beignets pour nous préparer à l’exploration qui nous attend.

Le félin filou ! 

Excellent signe : les nuages se lèvent et laissent le soleil nous accompagner pour notre découverte des villages du nord.

Nous quittons Muang Ngoi en suivant un petit chemin de campagne bordé de jolies fleurs rouges et violettes.

Le petit le petit chemin et les jolies fleurs 

Celui-ci nous mène aux grottes de TAM KANG, dans lesquelles les villageois se réfugiaient durant la guerre du Vietnam pour échapper aux bombardements. Des enfants y seraient même nés !

La grotte de TAM KANG 

Nous continuons notre route avant de bifurquer pour un petit chemin à travers champs pour atteindre le village de BAN NA.

Le sentier menant à Ban na  
Indiana Jones traversant un pont suspendu au dessus du vide 
Indiana Jones traversant des torrents déchaînés  
Arrivée à Ban Na par les champs  

Nous y rencontrons Mama Kham qui tient le seul resto du village. Celle-ci tout sourire, n’est pas peu fière de nous montrer les splendides écharpes qu’elle tisse elle même avec soin !

Mama Kham et ses belles écharpes ! 
Le village de Ban Na 

La panse bien pleine, nous reprenons notre route à travers champs vers une petite rivière. En l’absence de pont, pas d’autre choix que d’enlever les chaussures et de se jeter à l’eau pour traverser. Des petits cochons remuants et leur grosse maman nous accompagnent ! Ils semblent plus à l’aise que nous !

Le petit chemin jusqu’à HUAY BO 

Retour sur un chemin clairement tracé, en bordure de champs jusqu’au village de HUAY BO.

Quelques maisons forment un village paisible et authentique. Les chiots courent après les poules, et jouent avec les cochons au milieu des rues.

Le village de HUAY BO  

Petite pause chez Mama Samsanouk qui tient la petite et seule guesthouse du village. Face à la quiétude des lieux, nous regrettons de ne pouvoir y rester quelques jours de plus.

Mama Samsanouk en plein tissage  

Il nous faut pourtant déjà repartir, le jour déclinant vite. Nous serpentons de nouveau à travers champs. Retour à Muang Ngoi pour notre ultime soirée au bout du monde.

Pour noyer notre chagrin, nous profitons de l’happy hour du Gecko pour avaler de supers cocktails à base d’alcool lao !

Santé !

A la notre !

On voit double ! 
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Pour clore notre voyage, il nous faut repartir à Vientiane pour attraper notre vol retour.

Nous reprenons donc le bateau jusqu’à Nong Kiaw, puis un bus jusqu’à Luang Prabang où nous passons la nuit.

Le lendemain de bonne heure, nous faisons le trajet jusqu’à Vientiane qui dure toute la journée. Nous arrivons dans la capitale à la tombée du jour, épuisés et nauséeux.

Dernière nuit au Laos dans notre bungalow du Sala INPENG, dernière glace sur les bords du Mékong.

Il est maintenant temps de partir, Paris n’attend plus que nous !