Carnet de voyage

Canards sans frontières 🦆

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Voici le blog qui vous permettra de suivre le voyage de Cécile et Dylan à travers l'Europe. Trajet en cours : Grèce ---> Sicile
Janvier 2018
28 semaines
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Publié le 2 janvier 2018

Dernière douche, dernier pipi, les clefs d'un hôtel bien trop confortable rendues, les voilà, sac sur le dos, passés de vacanciers à vagabonds.

Lui avait hâte de reprendre la route, enfilant avec joie ses chaussures déjà usées par 4 mois de périple.

Elle se demandait s'il était encore temps de prendre un billet retour vers la France, son dernier café lui faisant réaliser que son confort était déjà de l'histoire ancienne.

Dans ce mélange d'empressement, de doute et d'excitation, ils avaient décidé que la première étape de leur voyage à travers l'Europe serait le Sud de l'Italie et, si la mer voulait bien les y conduire, la Sicile.


L'Acropole d'Athènes vue de la colline Philopappou
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Publié le 7 janvier 2018

5 jours après notre départ d'Athènes, nous voilà hébergés en couchsurfing à Rododafni, jolie petite ville au pied des montagnes et en bordure de mer.


Les débuts furent compliqués, surtout pour Cécile qui ne s'habitue pas encore aux conditions rudimentaires des vagabonds. Nous avons beau être dans le sud, les nuits restent froides et le sol bien dur, que ce soit sous la tente comme dans les différents bâtiments abandonnés investis.


Nos trois premières nuits...

À cela s'ajoutent les déceptions liées à une culture de l'auto-stop quasi inexistante en Grèce. Nous avons donc un peu marché, un peu triché en prenant deux bus, et, avec un peu de honte il faut bien l'avouer, en s'octroyant le droit, la quatrième nuit, à une douche et une nuit au chaud dans un hôtel surplombant le Golfe de Mégara (on ne fait jamais les choses à moitié)

Pas dégueu la vue... Ni le dessert offert à l'hôtel ( καταϊφι)

C'est cependant à partir de là que les choses se sont améliorées. Philippe, français s'étant installé en Grèce 17 ans auparavant, nous a emmené aux portes de Corinthe en nous faisant profiter de ses talents de guide touristique, au volant de sa camionnette aménagée. Un conducteur Grec à la joie communicative nous dépose au centre ville, que nous quittons en longeant la plage pour nous loger dans une maison visiblement abandonnée.

Dylan profite du coucher du soleil pour sortir son harmonica en attendant de rentrer discrètement dans notre logement de fortune

Debout avant le lever du soleil ce matin, nous avons tendu le pouce en espérant atteindre Rododafni, à 90km de Corinthe. Motivés plus que jamais par l'appât de l'hébergement et de la rencontre, nous sommes arrivés, trois stop et 7 heures plus tard, chez Beate, charmante Allemande expatriée, qui nous a offert gîte, couvert, douche et, élément presque inespéré des backpackers, une lessive !

Au programme ce soir : pizza et jeux de société avec notre hôte et sa fille.


Nous repartirons demain vers Patras où nous ferons la rencontre d'un autre hôte.

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Publié le 24 janvier 2018


Plus de deux semaines se sont écoulées depuis notre premier couchsurfing, et nous n'avons malheureusement pas pris le temps de raconter notre périple...


Après Beate, c'est Panagiotis qui nous a accueillis pour deux nuits, à Patras, au nord du Péloponnèse. Nous avons passé notre dernière soirée avec lui et deux nouveaux amis. Dimitra est une hôte qui n'avait pas pu nous accueillir puisqu'elle recevait Théa, une Allemande elle aussi en voyage à travers l'Europe. Nous avons mangé et bu dans un bar tous les cinq, et c'est ainsi que, grâce à Théa, nous avons découvert le Workaway.


Dylan, Cécile, Théa, Dimitra et Panagiotis

Le workaway, un peu à la manière du woofing, est une manière de travailler, environ 5 heures par jour, sans rémunération mais en échange d'un toit et de nourriture. Les températures ne cessant de baisser, cela nous semblait une bonne option. Nous ressentions également le besoin de donner un autre sens à notre voyage. Nous savions qu'ainsi, nous rencontrerions plus de monde, nous apprendrions de nouvelles choses, et nous nous rendrions utiles.

Nous nous sommes donc inscrit sur le site, et moyennant 42 € pour obtenir un profil vérifié, nous sommes parti à la recherche de notre première mission de volontaire.

Nous avons eu rapidement la réponse de Claas, Allemand expatrié en Albanie, et avons donc quitté la Grèce pour nous rendre à Tirana, dans son auberge de jeunesse.


Voyage en Ferry pour quitter le Péloponnèse !

Nous voilà donc, dans la capitale, en pleine période creuse, en train de rénover, décorer et nettoyer ce petit hôtel. Nous prenons bien évidemment aussi le temps de profiter de notre voyage et de goûter aux bonnes choses. Claas nous a fait découvrir le Raki (qu'il fait macérer lui-même).

Nous sommes ici depuis le lundi 15 janvier et notre départ est prévu pour la fin de la semaine et nous avons d'ores et déjà trouvé notre prochaine mission, dans un autre hôtel, au Monténégro cette fois.

Photos prises sur le toit de l'hôtel, qui sert de "camping" pendant l'été.
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Publié le 17 février 2018

Faute de wifi et de temps, nous n'avons (encore une fois) pas mis à jour ce blog depuis un moment. Nous avons cependant réalisé que son contenu ne nous convenait, ou correspondait finalement pas. Il n'est qu'un maigre reflet bien superficiel et peu révélateur de ce que nous avons vécu et vivons jusque là. Alors bien sûr, oui, nous voyons de belles choses dont nous vous faisons profiter à travers quelques photos, mais le voyage ne consiste pas à seulement s'émerveiller devant les jolies plages et couchers de soleil. (Ceci-dit, nous continuerons à les partager. Parce que bon, quand même hein... C'est pas dégueu).


Première chose : nous n'avons jamais précisé ici, pour ceux qui suivaient les aventures de Dylan, que nous n'avons finalement pas tenté le voyage sans argent. Nous avons toujours payé notre nourriture et parfois les chambres où nous avons dormi au chaud. À cela plusieurs raisons, plusieurs questions éthiques et morales, différentes dans mon esprit (Cécile) et dans celui de Dylan, mais qui finalement se rejoignent. Dylan, qui avait commencé son périple sans argent, s'est rendu compte que c'est une façon de voyager sympa sur un court trajet, dans une idée de challenge, quand le départ et l'arrivée sont bien précis. Quand, finalement, il pouvait parler de son but aux commerçants qui lui offraient à manger. Aujourd'hui, nous n'avons pas de plans, pas de but précis, seulement une idée chaque jour un peu floue de notre prochaine destination. Là où le vent, nos jambes, l'auto-stop (et parfois les bus ! ) nous porteront.

Deuxième raison, nous avons commencé notre voyage par des pays relativement pauvres. Le salaire minimum en Grèce est d'environ 400 euros, 150 pour l'Albanie. Un mois de chômage en France représente déjà bien plus du double. Je pense que je n'ai pas besoin d'expliquer ce que ma morale m'a murmuré, vous aurez compris.


Dylan, déjà passé par ces pays, même rapidement, avait muri certaines réflexions. Pour ma part, alors qu'elles commençaient à germer en Grèce, c'est en Albanie qu'elles ont explosées. Notamment grâce à Ylber, que Dylan avait rencontré quand qu'il voyageait seul. Ylber est l'Albanais "typique". Celui qui, avec le peu qu'il a, tient quand même à nous offrir un café. Celui qui réfléchit chaque jour à un moyen d'améliorer ses conditions de vie, et celles de sa famille. Celui qui serait prêt à les quitter plusieurs mois, voire années, pour partir à l'étranger et obtenir un meilleur salaire. Celui qui, pourtant, ne peut pas y parvenir si facilement, faute de passeport Européen. Plus tard, j'ai regardé le mien. Je ne m'étais pas vraiment rendue compte qu'au delà d'être Européen, il portait deux lettres qui m'offraient une chance inouïe. "RF". Avec ces deux lettres, j'ai accès à une multitude de pays sans avoir à payer un Visa. Et alors qu'Ylber s'en servirait pour travailler, je m'offre, sans trop me soucier de rien, de bonnes vacances à l'étranger. Bref... Après trois semaines dans un pays radicalement différent du mien, et dans un léger sentiment de culpabilité, j'ai réalisé la chance que nous avions d'être nés en France.


Et puis... Nous avons rejoint le Monténégro pour un nouveau Workaway, pensant n'y trouver qu'un petit travail, un toit et des repas chauds. C'était sans compter sur Anil et Mustafa. Mais ça, on vous en parlera plus tard...

Petit avant goût du Monténégro. Comme ça. Non, il n'y a pas grand chose à comprendre...
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Publié le 28 février 2018

Il avait noué ses dreadlocks en un chignon flou. Sur son épaule se balançait, au rythme de ses pas, un paquet de croquettes entamé. Avant d'emprunter le raccourci qui nous conduirait chez lui, il s'est arrêté nourrir les chiens errants du quartier, visiblement habitués. C'est ainsi que nous avons fait la connaissance d'Anil...

Dans un anglais rapide et ponctué de "You know guys", il nous a assuré que nous nous plairions ici et qu'il n'y avait pas de plus bel endroit dans tout le Monténégro.

Notre vue en allant travailler tous les matins (ensoleillés...)

Quelques minutes plus tard, nous étions assis sur son canapé, attendant un café dont la préparation semblait demander plusieurs années de pratique. C'est à ce moment là qu'est entré Mustafa. La vingtaine, sourire charmeur, yeux clairs encadrés de lunettes à la mode rétro. Il s'est assis pour les présentations et quelques banalités, se rappelant de temps à autre à lui-même (mais à voix haute) qu'il fallait absolument qu'il fasse du pain.

Le café est arrivé. Son goût et sa texture étaient presque aussi indéfinissables que la coupe de cheveux de Mustafa. Ce fut notre premier café turc. Les autres reveilleront plus tard nos matins embrumés, réchaufferont nos discussions autour de la table d'une cuisine rustique, ou prédiront dans son marc un avenir plus ou moins radieux (et sérieux).

Nous avons travaillé ici pour participer à la construction d'une auberge de jeunesse aux allures psychédéliques. 5 heures réglementaires par jour, pour deux repas quotidiens et une chambre mal isolée. Ça ne fait pas forcément rêver comme ça. Surtout quand on s'imagine les tempêtes propres aux régions côtières. Et pourtant...


Je ne saurai dire exactement ce qu'il s'est passé dans cette maison. Je pense d'ailleurs qu'il serait bien trop difficile de l'expliquer. Quelque chose de simple. Peut-être trop simple pour que je ne le comprenne, finalement.

Nous avons appris à apprivoiser et à nous laisser apprivoiser par ces deux expatriés Turcs. Nous sommes parfois restés silencieux face à leurs expériences de vie, si riches pour un si jeune âge. Nous avons ri aussi, même quand les histoires racontées ne s'y prêtaient pas. Nous avons noué une forte et sincère amitié, particulièrement avec Mustafa, pourtant si méfiant à notre égard au début. Il avait ce truc, indescriptible, touchant, presque poignardant quelques fois. Un mélange permanent de franchise et de naïveté, de douceur et de colère, d'excentricité et de pudeur. Je crois que c'est l'une des plus belles rencontres que j'ai faite jusque-là...

Nous sommes restés deux semaines dans ce petit coin de Turquie perdu en plein Monténégro. Pour la première fois du voyage, j'ai l'impression d'y avoir laissé un petit bout de moi. Bizarrement, aussi contradictoire que ne l'est Mustafa, c'est agréable et douloureux à la fois...