Carnet de voyage

le maroc à 6 ans

C
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15 étapes
14 commentaires
Par cayu
J'ai 6 ans depuis quelques jours. Le bel âge pour commencer à découvrir le monde, a dit mami qui m'a prise par la main, destination: le Maroc.
Avril 2017
30 jours
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Ce soir, quand on s'est couchées mami a dit

"le voyage, c'est comme ça, avant de partir on essaie de penser à tout, on imagine des tonnes de situation, bref on se prépare à toute éventualité ..... sauf bien sûr à ce qui va arriver."

Et ce qui nous est arrivé ce sont des trombes d'eau à l'horizontale à la sortie de la gare de Barcelone, notre première étape en Espagne .

Impossible d'éviter les flaques, la rue est une seule et grande flaque.

Ce soir tout est mouillé, non seulement ce qu'on avait sur nous mais tout ce que contenaient nos sacs ! Ça va de l'humide au trempé suivant la position dans le sac...les cahiers pour dessiner les jeux... tout .

à la gare de Veynes devant un vieux piano
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Vendredi nous avons pris 3 trains pour arriver jusqu'à Barcelone. Aujourd'hui samedi après les inondations d'hier il fait grand beau. Mami voulait m'emmener prendre le téléphérique pour voir toute la ville et la mer et le port d'en haut. Mais là d'où part le téléphérique c'est un grand jardin magnifique et moi je voulais cueillir toutes les pâquerettes de la pelouse. Alors j'ai cueilli cueilli cueilli et à la fin on est arrivées tout en haut. Sans téléphérique ! Mami me disait :regarde ce château regarde les gros bateaux qui arrivent au port, et tu vois là-bas cette construction avec des tours pointues très hautes. . mais moi j'avais repéré d' autres fleurs, des jaunes. Et je voulais sauter un mur pour aller les chercher. Mami a pas voulu, elle a dit celles-là elles sont plantées par un jardinier, faut pas y toucher !

Ensuite on est redescendues et sur le chemin on a croisé un énorme toboggan qui fait un virage. J'ai joué super longtemps. Trop bien le togoban ! Mami elle voulait aller voir Miro. Moi ça m'amusait plus de glisser à toute allure. Et puis j'sais pas qui c'est Miro. Mami elle essayait de me donner envie en me parlant de sculptures ! J'sais même pas c'que c'est des sculptures... On a quand même fini par y arriver chez Miro ! Dehors il y avait une sculpture. Ah ! c'est ça une sculpture ! Elle était un peu rigolote avec son drôle de zizi mais surtout tout autour par terre il y avait du sable. J'ai fait des routes et des dessins dans le sable mais quand même à la fin j'ai bien dû suivre mami. Dedans il y avait plein de drôles de dessins Des fois on aurait dit des dessins de 2 ans !avec des bonhommes avec juste une tête et des jambes. On a vu aussi un truc gigantesque fait avec de la laine. C'est une tapisserie, a dit mami ! Et moi j'ai répondu : je préférerais une pâtisserie ! alors on a été au bar du Musée. J'ai voulu un gâteau au chocolat mais je ne l'ai pas mangé. C'est pas pareil que les gâteaux de maman ! beurkkk !

un énorme olivier, une sculpture et une tapisserie de Miro
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Après Barcelone nous avons refait une journée de train. J'aime bien le train. Ça change tout le temps par la fenêtre et on peut bouger, courir, aller au bar.... c'est mieux que la voiture On a été jusqu'à la pointe tout en bas de l'Espagne. À Tarifa on voit le Maroc. On pourrait presque y aller à la nage. Sauf qu'il y a un très fort courant a dit mami.

Aujourd'hui je commence le jeu des 5 sens .Peut-être même des 6 ou 7 si je n'ai pas assez avec 5.

À Tarifa

j'ai vu un château de Raiponce.

j'ai entendu parler espagnol. Pour dire bonjour on dit hola. Facile !

j'ai senti des fleurs qui sentent pas comme les fleurs du Champsaur

j'ai goûté les frites espagnoles. C'est pareil qu'en France sauf qu'elles s'appellent patatas fritas.

j'ai touché l'eau de la mer Méditerranée et cinq minutes après celle de l'atlantique.

Demain mardi on prend le bateau !

une rue de Tarifa, le château de Raiponce, la méditerranée et l'Atlantique, un joli patio et une autre rue
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À travers les hublots du bateau j'ai cherché les dauphins, mais je n'ai rien vu J'ai seulement vu des énormes bateaux plus gros que des gros immeubles.

Après le bateau on a pris un taxi pour aller à la gare des bus Et par la fenêtre du bus je voyais plein de palmiers, très grands. C'était un peu long mais je regardais le Maroc...

Quand on est arrivées à Tetouan j'ai eu une envie très pressante.Y avait urgence ! Impossible d'attendre une minute de plus. Mami m'a dit :tu attendras bien jusqu'à l'hôtel, c'est pas loin ! non non et non ! je ne voulais pas attendre ! Alors je me suis arrêtée sur le grand escalier qu'il fallait monter pour aller à l'hôtel, j'ai sorti de mon sac un cahier et des feutres et j'ai dessiné un palmier.. Ça m'a pas pris très longtemps, juste une demie heure. Et je crois que mami était contente de se reposer au milieu de l'escalier parce que les sacs, i'sont très très lourds et dans les escaliers on ne peut pas les faire rouler

une envie pressante
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j'ai vu des dames avec plein de robes et des chapeaux rigolos et aussi des messieurs avec des robes...

j'ai senti le poisson dans la rue des marchands de poissons de la médina. La médina, mami m'a dit c'est la vieille ville avec les marchands et aussi ceux qui fabriquent. Avec des rues très étroites où les voitures ne passent pas.

j'ai entendu parler l'arabe ; c'est exactement pareil que quand maman elle imite l'arabe ! j'ai aussi entendu chanter l'arabe....

j'ai goûté les frites marocaines et le ketchup marocain parce que avec le tajine on nous a donné des frites et du ketchup . Mami, elle a dit pfffff ! j'sais pas pourquoi !?

et j'ai touché le carrelage froid de la chambre en tombant de mon lit au milieu de la nuit parce que le matelas il était tout rond dessus.

(et aussi j'ai vu des montagnes et des montagnes de trucs qui brillent, des barrettes, des bracelets, des bagues, des serre-tête. Mami elle voulait bien que j'en achète un mais que avec mes sous. Alors j'avais peur de pas bien acheté, que ça ne plaise pas à maman qui me dirait que c'est mal fabriqué, du plastique tout moche, ou plein d'autres choses comme ça, comme d'habitude quand elle veut pas m'acheter un truc. J'essayais de trouver quelque chose qui plaise un peu à maman, un petit peu à mami et beaucoup à moi. Pas facile ! j'vous dis ! j'ai choisi un serre-tête qui brille un peu mais pas trop. Je crois que maman elle aimera parce que c'est le bleu qu'elle adoooore !)

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À Tetouan il y a beaucoup de bruit. Même dans la médina où les voitures ne rentrent pas. Alors on a pris nos sacs et un taxi collectif pour aller à la mer. Martil c'est une ville pas très belle mais moi, ça m'est égal si y a la mer. Et puis au milieu de tous les immeubles pas beaux tout carrés on en a vu un avec des fenêtres de princesse


A la plage les enfants se baignaient tout habillés. Peut-être parce qu'il faisait froid mais quand même c'est pas malin parce-que après avec tous ses habits mouillés il fait froid aussi. Je n'avais pas de seau et pas de pelle mais j'ai quand même bien joué à faire des trous et à ramasser les coquillages. Et sur la plage j'ai vu deux chameaux qui passaient.

Dans la rue où on habitait, il y avait souvent des enfants qui jouaient alors je me suis assise dehors et ils sont venus me parler. En arabe. Mais ils connaissaient quelques mots en français Bonjour, ça va ? merci. Ils m'ont appris à le dire en arabe. Ça va, on dit lébès. Et merci choukran en roulant le r. Ils disaient souvent abdoulila ou quelque chose comme ça. On a joué à trappe-trappe jusqu'à la nuit. On a joué à la corde à sauter avec un gros câble électrique. J'te dis ça fait mal, t'as pas envie de rater ! Les deux filles m'ont appris une comptine. Mais j'ai rien compris C'était de l'arabe !

Le lendemain matin je me suis installée dans la rue pour dessiner. Ils sont tous venus et on a tous dessiné ensemble. Avant de partir ils ont tout rangé, les petits feutres avec les petits, les gros avec les gros. J'étais un peu inquiète pour mon stylo Reine des neiges mais il était aussi bien rangé à sa place. Et ils m'ont tous offert leur dessin (ils ont écrit Yona au lieu de Yuna mais quand même ils ont écrit en français ! c'est bien !) Il y avait Daha une grande fille de neuf ans. Elle savait lire en arabe et en français. Elle lisait en partant de la droite pour lire l'arabe et de la gauche pour le français Zacharia, elle savait juste un tout petit peu lire mais elle disait plein de mots en français . Et Mohamed il a fait une tête de lapin en collage de coquillages que j'avais ramenés de la plage. Ils étaient tous très gentils.

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j'ai vu bleu

j'ai senti bleu

j'ai entendu bleu

j'ai touché du bleu

et goûté bleu......

je vous en dirai plus à la prochaine étape de ce carnet....

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Quand on arrive à Chefchaouen la ville est blanche et un peu grise mais quand on est dedans c'est tout bleu. Les murs les portes, les fontaines, et même des fois par terre J'ai même vu un chat avec le nez bleu !

Ah je vais essayer de refaire un peu le jeu des 5 sens.

A Chefchaouen

j'ai vu la grande mosquée. Une mosquée c'est comme l'église en France. C'est l'endroit pour prier quand on croit en dieu. Sauf que le Dieu d'ici il s'appelle Allah. Et quand c'était l'heure de la prière .....

j'ai entendu le muezzin crier dans les 4 haut- parleurs qui sont en haut de la tour de la mosquée. Ça casse un peu les oreilles surtout quand c'est dans la nuit . Je n'ai pas pu voir la mosquée à l'intérieur parce que je ne crois pas en Allah.

j'ai senti les fleurs dans le jardin de la Kasbah. La Kasbah c'est comme un château fort. Et à l'intérieur il y a un jardin avec des orangers, des grands palmiers, des géraniums et d'autres fleurs que j'ai déjà vu en France et d'autres que je ne connais pas

j'ai touché les anneaux pour attacher les prisonniers dans la prison de la Kasbah. La prison elle était toute sombre et toute froide. Après on est monté en haut de la tour et j'ai regardé la ville à travers les meurtrières

et j'ai goûté l'eau de la cascade qui coule à côté de la médina. Mami m'avait dit qu'on allait picniquer au bord d'une rivière, alors on a emporter tout ce qu'il faut pour manger et boire mais en fait c'est un endroit où il y a un monde fou. C'est pas vraiment la campagne ! Pas grave, du moment qu'il y a de l'eau.




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c'est un vrai festival de chapeaux ici,

Il y a des chapeaux pointus, des ronds et des plats

des petits bonnets ou des grands chapeaux de paille pointus avec des pompons

des foulards sur les cheveux ou des fois même sur la figure avec juste les yeux pas couverts

les foulards des dames et les foulards des messieurs qu'on appelle des cheich

des noirs, des roses, des bleus, des blancs

il y a aussi des casquettes à l'endroit ou à l'envers

et puis il y a des foulards avec une casquette dessus

ou des foulards avec un chapeau de paille dessus

y en a des jolis, des pas beaux et des rigolos

alors moi aussi j'ai trouvé ma coiffure ! coiffure ordinaire et coiffure de fête !

mais je ne crois pas que vous allez me reconnaître ! surtout avec ma coiffe berbère !

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nous avons commencé la journée par le marché. Beaucoup de marchandes s'installent sur un petit bout de trottoir pour vendre leurs légumes. Il y a beaucoup de fèves, des blettes, de la salade verte, du persil et de la menthe. Souvent elles ont aussi des œufs, du lait dans des bouteilles d'eau et de l'huile d'olive aussi dans des petites bouteilles d'eau ou de coca

En rentrant du marché je me suis acheté un bracelet qui brille. On verra bien ce qu'elle dira maman ! de toute façon ici c'est la caverne d'Ali Baba avant que les 40 voleurs ne soient passés ! Y a des trucs de princesses partout. Des bijoux qui brillent, des tissus qui brillent, des décos au plafond qui brillent, des chaussures qui brillent.... je ne sais plus où donner de la tête ! En plus les marchands ils m'appellent : hé la ptite gazelle viens voir c'est jouli ! Et même maintenant ils savent mon prénom: hé Yuna, ça va, lebès ?

On est passé par la cascade parce que c'est le départ d'une balade. Et il y a une dame qui m'a habillée avec des beaux habits. C'est le costume traditionnel berbère. Il faut mettre d'abord un foulard sur les épaules, avec la pointe devant. Puis un grand tissu rayé pour faire la robe. Après on met un autre foulard sur la tête. Sur le haut de la tête il y a des brillants et devant les yeux c'est des petites perles qui pendent. À la fin il faut mettre le chapeau avec des pompons. Mami, avant que la dame m'habille elle disait non, non ! merci ! et la dame, elle disait pas de dirham, juste pour le plaisir des yeux. Et après quand on voulait partir la dame elle disait: 5 dirhams le plaisir des yeux !

À la cascade je jouais bien et je ne voulais pas partir. J'ai fait traîner mais quand même c'est pas toujours moi qui a le dernier mot. A la fin je me suis rhabillée et on a marché sur un chemin qui monte. J'ai cueilli plein de fleurs. Des pâquerettes marocaines, des pissenlits marocains et des soucis marocains.

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ça devait arriver, il y a un jour je n'ai plus trouvé d'arguments pour ne pas aller en balade !

C'est surtout que depuis lundi maman nous a rejoint à Chefchaouen. Alors deux contre un c'est pas du jeu ! j'ai pas eu le dernier mot !

Bah en fait c'est pas très grave parce que, c'est vrai, j'ai un peu la flemme de me mettre en marche mais après je suis contente.

Alors mercredi on est parties sur le chemin qui commence à la cascade. Ça monte tout le temps. On passe à côté de la mosquée espagnole, qui est perchée là je ne sais pas pourquoi... Mami avait déjà essayé de me faire faire cette balade mais il y avait tellement de fleurs sur ce chemin qu'on n'avait pas dépassé la mosquée ! Cette fois-ci il a bien fallu que j'avance. J'ai essayé le coup des cailloux qui brillent. La première fois, trop occupée à ramasser les fleurs je ne les avais pas vus, les cailloux. C'est aussi que le jour d'avant avec maman on est entrées dans la boutique du marchand de beaux cailloux et il m'a offert un quartz. Il m'a montré des cailloux qui brillent et il m'a dit que c'est possible d'en trouver, qu'il faut ouvrir l'œil. Et il a dit vrai, j'en voyais plein et je voulais tous les prendre. Mais pas toute seule ! c'est trop lourd. J'ai essayé de les donner à mami mais elle n'était pas d'accord du tout ! Elle a essayé de négocier : celui-là OK, celui-là non, celui-ci t'es sure ? mais moi je voulais en abandonner aucun. J'ai épuisé mami... Maman a pris le relais , ça devenait dur pour moi. C'est maman qui a eu le dernier mot !. J'ai fini par accepter de les cacher pour les reprendre en descendant. C'est vrai que c'était un peu plus facile de marcher sans les cailloux !

On a marché longtemps. Chefchaouen rapetissait de plus en plus mais à l'heure du muezzin on aurait cru qu'il était encore juste à côté. Et en plus il y avait le muezzin du petit village où on arrivait qui essayait aussi de se faire entendre.

Sur le chemin on a croisé une énorme meule pour faire de l'huile d'olive peut-être..

Au village il y avait un bar. Fabuleux le jus de fruit après une telle grimpette.

Et puis on est réparties et on a encore monté... longtemps... longtemps!

Tout en haut il y avait une source. L'eau passait dans un petit canal pour arriver normalement dans un grand bassin en pierre. Ce jour-là l'eau était détournée pour que des grands garçons nettoient le bassin. J'ai joué les pieds dans l'eau glacée de la source et la tête au soleil. Résultat c'est mon ventre qui a un peu dérapé le soir...

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Après la balade de la source les grands ont décidé d'en faire une plus longue, vers une grande cascade. Et les grands, ce jour-là ils étaient quatre ! Impossible de lutter, je n'ai même pas essayé ! Il y avait aussi Milo. Ça m'a donnée du courage de ne pas être la seule enfant. Mais ce que je n'avais pas compris c'est que Milo il ferait la ballade dans le dos de sa maman ! Trop petit pour marcher, on m'a dit.

Sur le chemin on a croisé plein d'endroits où je pouvais mettre les pieds dans l'eau. Mais il y avait toujours un grand pour me dire : non, non, pas là. Tu vas voir ça sera mieux plus haut !

On a marché marché marché... D'accord c'était beau beau beau mais c'était aussi long long long ! Heureusement il y avait des marchands d'oranges pressées tout le long. D'ailleurs ça m'a bien fait rigoler, parce que les grands, la veille ils m'avaient vendu la balade en me disant qu'on partait pour l'aventure. À la recherche de la Grande Cascade ! En fait déjà quand on est arrivés à Akchour le parking il était archi plein ! Il y avait plein de vendeurs de babioles, de chapeaux berbères à pompons et de jus d'oranges. Les babioles c'était que en bas Mais après tout le long, jusqu'à la cascade à 3 heures de marche il y avait un restau tous les quarts d'heure, avec des tables les pieds dans l'eau. Bien sûr faut pas imaginer un restau avec des beaux couverts et une nappe à carreaux ! Mais ça sentait le tajine qui mijote au feu de bois tout le long. Et un tajine les pieds dans l'eau c'est la grande classe ! Sauf qu'on y a pas goûté. ..vu qu'on était partis pour LA grande aventure, on avait pas prévu la possibilité du tajine dans la cascade ! On s'est vengés sur les jus d'orange. Délicieux et tout frais parce que les oranges elles sont rafraîchies par l'eau glacée du torrent. Au Maroc les grands ils boivent aussi des jus d'oranges, la bière ça n'existe pas !

À un moment on a quand même eu un petit goût d'aventure. On traversait la rivière sur des gros blocs pour la dixième fois au moins et tout à coup on a entendu des cris dans les arbres. Des singes ! Vite on a couru dans la forêt ! Et il y avait toute une famille dans les arbres, affolée par un chien qui aurait bien voulu les croquer. On a regardé un peu mais quand le chien est parti, découragé parce qu'il ne sait pas grimper aux arbres, ben nous aussi on est partis, des fois ces singes ils sont méchants.

Quand on est arrivés en haut, à la cascade c'était pas terrible. Mais le pire c'est qu'il était 5 heures. Plus un brin de soleil dans les gorges et donc je n'avais pas trop envie de patauger. De toute façon maman elle m'a tout de suite prévenue : il fait froid et il n'y a plus rien pour te changer, alors tu ne te mouilles pas. Et puis il est tard, faut vite redescendre sinon on va rater le dernier taxi.

ah ben d'accord ! coooool la ballade !!

J'ai quand même exigé de ramasser des feuilles qui font un éventail comme un palmier et des immortelles. Là on pouvait plus me dire que ça sert à rien de ramasser des fleurs, qu'elles vont faner, celles-là, elles sont immortelles !!

On a beaucoup couru dans la descente et on a eu le tout dernier taxi ! ouf !

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Après le bleu de Chefchaouen c'est le bleu de la mer. Mais il ne fait pas plus chaud que la première fois et c'est un peu dur de se baigner. Dommage parce qu'on habite sur la plage ! Nos voisins, dans la maison c'est une famille avec deux garçons. Younes et Idriss. Idriss il a 6 ans et demi et on joue beaucoup tous les deux. Il veut toujours venir chez nous et manger avec nous.

Younes il a 9 ans et sa passion c'est la pêche. Il vient juste d'avoir sa canne à pêche et il ne sait pas très bien mettre l'hameçon. Mais il trouve toujours un pêcheur pour l'aider. Après il peut rester très longtemps à attendre et des fois il se met à crier parce qu il a eu un poisson. Alors on court, avec Idriss pour voir le poisson.

Younes et Idriss ils habitaient en France avant mais leur maman elle a expliqué qu'elle ne voulait plus vivre dans un pays où on n aime pas les arabes et où ses enfants auraient du mal à trouver du travail. Alors ils sont revenus vivre au Maroc et Idriss et Younes maintenant ils parlent très bien en arabe et en français.

A Oued Laou il y a beaucoup de pêcheurs à la ligne et aussi beaucoup de pêcheurs avec des barques à moteur. Quand un bateau arrive plein de monde court pour l'aider à sortir de l'eau. Après on met des cales en bois sur le sable et on pousse le bateau. Un jour il risquait d'y avoir une tempête, alors tous les pêcheurs ont remonté les bateaux le plus haut possible sur le sable. C'était beaucoup de travail, il y avait un tracteur pour les aider.

Quand le bateau arrive de la mer il rapporte une grande caisse pleine de poissons et les pêcheurs les vendent tout de suite.

Ils pêchent aussi la nuit avec une grosse lampe qui éclaire l'eau et qui attire les poissons. C'est la pêche au lamparo.


Comme il ne faisait pas très chaud on a fait une très grande promenade sur la plage. C'est épuisant de marcher dans le sable surtout quand y a pas trop de coquillages à ramasser ! Alors j'ai ramassé des bouts de bois et je voulais faire un feu comme j'ai vu dans un dessin animé avec deux branches en Y plantées debout et une autre qui tient couchée posée dans les deux Y. Je ne trouvais pas de beaux et grands Y et de toute façon je n'avais pas de sanglier à faire cuire alors j'ai piqué les bouts de pain de mon goûter et je les ai mis à griller.

J'étais bien à côté de mon petit feu et je n'avais surtout pas envie de faire tout le chemin pour rentrer. J'essayais de gagner du temps Mami a fini par trouver un truc pour me faire bouger, elle m'a promis qu'on ferait un feu sur la plage quand il ferait nuit.

Quand on est arrivées j'ai cherché du bois à la lampe de poche. Il faisait déjà nuit. Et là tout de suite il y a un policier qui est arrivé avec une énorme lampe de poche ! Il nous a éclairé de loin et il est reparti sans rien dire. La voisine nous a dit que c'est pas interdit de faire du feu. Mais chaque fois qu'on bougeait un peu le policier nous éclairait. Les grands ont dit que c'est sûrement pour surveiller les migrants. Je ne sais pas qui c'est les migrants. Maman m'a un peu expliqué mais c'est compliqué. Nous on a le droit de venir au Maroc mais les africains n'ont pas le droit de venir chez nous. Ou alors il faut des papiers mais souvent on ne veut pas leur donner. Alors les africains ils arrivent au Maroc et après ils essaient de traverser la mer pour arriver en Espagne en cachette. C'est pour ça, peut-être que les policiers surveillent les plages. Sur la plage il y avait des policiers tout le long. Je ne comprends pas pourquoi on ne leur donne pas de papier aux migrants. Si j'en vois un je lui donnerai mon cahier de dessin, il reste plein de pages ! et je lui dis bienvenue en France parce qu'ici tout le monde nous dit toujours bienvenue au Maroc !

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Au Maroc le chef c'est le Roi. C'est lui qui dit tout ce qu'il faut faire. C'est lui qui décide. Il s'appelle Mohamed VI.

On voit souvent sa photo dans les maisons. Et aussi sur tous les billets de banque.

À propos de billets, ici pour l'argent c'est pas des euros, c'est des dirhams. Et avec 1 euro on a 10 dirhams.

Mon bracelet je l'ai payé 10 dirhams.

Un grand verre de jus d'oranges pressées avec au moins 6 oranges ça coûte des fois 6 dirhams, des fois 10 .

Le tatouage au henné ça coûte aussi 10 dirhams.

Le drapeau du Maroc est rouge foncé avec une étoile verte.

L'écriture arabe, c'est pas du tout pareil. En plus on écrit en sens inverse, de droite à gauche. Ça doit être pratique pour les gauchers !

Les livres commencent à l'envers aussi.

les panneaux en arabe et espagnol, les danettes en arabe et français , et la culture en arabe, français et amazigh

Ce que j'ai un peu compris aussi c'est qu'ici les gens croient en Allah. Leur religion c'est l'islam. Ils prient à la mosquée quand le muezzin appelle à la prière. J'en ai déjà parlé mais ce que je sais maintenant c'est que je ne dois pas dire du mal de Allah . Même si le muezzin me casse les oreilles.( Et pas dire du mal du roi, non plus, d'ailleurs . Jamais !)

Les femmes arabes portent presque toujours un foulard sur la tête. Et les femmes berbères un chapeau de paille avec des pompons par dessus le foulard.

Des fois, mais pas souvent, elles sont complètement cachées, on ne voit que les yeux. Même pour aller se baigner.

Les hommes portent aussi un genre de grande robe, ça s'appelle une djellaba. Des fois ils ont une grande capuche pointue.Des fois un petit bonnet rond.

Quand on est musulman on ne boit pas d'alcool et on ne mange pas de cochon. Et comme c'est la religion du pays on ne peut pas acheter d'alcool dans les boutiques. Sauf un peu des fois en cachette....

Un jour à la mer j'avais ramassé plein de coquillages et on voulait fabriquer des petites poupées avec ; on avait donc besoin de colle. On demande dans une boutique :

- est-ce que vous avez de la colle s'il vous plaît ?

Le monsieur nous répond :

- oooh nooon !

- vous savez où on peut trouver ça ?

- oooh nooon ! vous trouverez pas ! c'est interdit....

- interdit !? ah bon !... mais pourquoi!?

- y en a qui boive ça, répond-il l'air très très très désolé.

Comme je comprends rien mami m'explique que des fois des gens qui vivent dans la rue ils respirent la colle parce qu'ils ont faim. Je ne comprends toujours rien, alors elle me dit '' je t'expliquerai plus tard ! Mais pendant qu'on discutait le monsieur a appelé un autre qui a fait signe à un autre qui est parti en courant.

Et tout à coup mami, elle a eu une petite lumière qui s'est allumée dans ses yeux et elle a dit

- ah mais non, pas de l' alcool ! de LA colle !

- ah ! de LA colle !

Et vite le monsieur de la boutique a rappelé le deuxième monsieur qui en a appelé un quatrième pour rattraper le troisième qui était parti en courant chercher de l'alcool !


Au bar les marocains boivent beaucoup de thé à la menthe hyper sucré. Un jour on a acheté un kilo de sucre à l'épicerie, les morceaux sont énormes. Un morceau marocain vaut au moins 6 ou 7 morceaux français.


Les gens ici sont très très gentils. Ils me font plein de sourires et ils me passent la main dans les cheveux en me demandant comment ti t'appelle ? Des fois ils me font des bisous. Et même si j'aime pas trop les bisous d'habitude, je me suis habituée. Ils me font souvent des cadeaux aussi. Ça je n'ai pas eu de mal à m'habituer, c'est venu tout seul! Même des fois je fais des grands sourires pour mettre toutes les chances de mon côté !

A Chefchaouen c'est la région des marocains qui s'appellent des berbères. Il y en a qui ont des cheveux clairs et des yeux bleus alors que les marocains ils ont la peau foncée et les yeux aussi. L'écriture berbère elle est encore différente de l'écriture arabe. La langue berbère c'est le amazigh.

Mais c'est aussi une région où il y a eu des espagnols, alors les gens savent parler un petit peu en espagnol.


Au Maroc j'ai vu aussi plein d'objets fabriqués. Je veux dire que ça n'arrive pas tout fait à la boutique. C'est quelqu'un qui fabrique dans sa boutique . Par exemple, le tisserand il tisse les couvertures, le marchand de cages pour les oiseaux il fait plein de petits morceaux en fil de fer et après il les attache pour faire des cages. Le menuisier il fait des tables. Le cordonnier il fabrique des chaussures. Et par exemple on a trouvé un cordonnier qui a bien voulu me faire des ballerines en cuir. La classe ! depuis le temps que je voulais des ballerines ! C'est pas super pratique dans les chemins mais, pas grave ! je ne les quitte plus. Des fois quand même heureusement que maman met mes sandales dans son sac, au cas où. Et le cas où, il arrive assez souvent. je dois bien l'avouer...


J'ai vu aussi des minuscules ateliers où quelqu'un travaille. Des couturières ou des couturiers. Et celui qui m'a bien plu c'est celui qui répare les théières et les casseroles. Son atelier c'est comme une fenêtre qui déborde d'objets et en me penchant j'ai vu le monsieur qui travaillait derrière la montagne de casseroles.


Mais celle que j'ai le plus aimé de toutes et tous c'est celle qui fait les tatouages au henné. Elle m'a fait le bras. La semaine d'après la jambe et après on l'a croisée dans la rue et elle m'a dit ( en arabe, mais j'ai deviné !) Viens je te refais le bras, c'est cadeau pour toi ! J'étais super contente parce que la première fois elle m'a fait le bras avec du henné rouge qui dure moins longtemps que le noir.


Dans la ville de Chefchaouen c'est un âne qui fait la livraison des boissons parce qu'il est capable de porter beaucoup de bouteilles et qu'il peut monter les escaliers et à Chefchaouen les rues c'est surtout des escaliers. Quand c'est pas l'âne c'est la brouette qui fait les livraisons mais la brouette elle ne sait pas monter les escaliers.

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Après Oued laou on est retournées à Tanger, en re-passant par Tétouan.

Et puis à Tanger, quand on a voulu aller acheter des billets pour le bateau on nous a dit qu'il allait y avoir une grosse tempête et qu'il n'y aurait aucun bateau ni mercredi, ni jeudi. Et comme on doit prendre le train jeudi on a décidé de partir tout de suite. Juste le temps de remonter à l'hotel, de faire les sacs, de trainer un peu dans la médina, de boire un coup au Petit Socco et hop hop hop on est redescendu au port.

On a donc repassé une journée à Tarifa. J'avais très envie d'aller à la mer et on a essayé. Impossible de rester , c'était le début de la tempête et le sable nous fouettait le visage.

Alors on a été voir le chateau fort de Tarifa. Le chateau il a été construit il y a longtemps pour ne pas se faire attaquer par les arabes. Décidément ça dure depuis longtemps qu'on ne veut pas qu'ils viennent chez nous ! J'ai vu une armure de chevalier. C'est super lourd. Avec mami on a essayé de soulever celle qui est dans un gros filet , c'était hyper lourd. A deux on a eu du mal. J'ai vu aussi des vieux canons en bois. Et même une catapulte qui servait avant l'invention du canon.

Après Tarifa on a encore passé une journée à Barcelone.On a été au Park Guëll mais il a fallu beaucoup de temps pour y arriver. Le parc est très grand, faut toujours marcher, faut pas cueillir les fleurs, il n'y a rien pour manger. Ça ne m'a pas trop plu. Il y a des belles mosaïques à un endroit, mais bon... le toboggan c'est un toboggan, la balançoire elle balance comme toutes les balançoires!

Ce qui m'a quand même plu c'est le monsieur qui faisait des bulles de savon géantes.

Après on a voulu retourner dans la ville mais le métro était loin, les bus c'était jamais le bon... bref on a encore marché, marché, marché! On a fini par trouver une super bonne glace qui m'a réconciliée avec la vie.

Après la glace, il a été question d'aller voir la maison du dragon. Mais j'étais épuisée, j'aurais voulu dormir là tout de suite, sur un banc. D'ailleurs maman aussi, elle était fatiguée parce qu'on a attrapé une maladie de la gorge dans la tempête de Tarifa. Alors j'ai dit : pas question! j'ai trop peur des dragons! On est passé devant la maison et y avait une queue qui serpentait sur le trottoir. C'était pas la queue du dragon, c'était les gens qui voulaient rentrer dans la maison.

Heureusement maman a été raisonnable; elle a dit on va manger et rentrer ! on est allées manger des tapas dans le vieux vieux quartier. C'était pas terrible pour moi. Il y avait plein de plats différents mais tout piquait ! Il a fallu commander une assiette de patatas fritas!


                                              Voilà, mon voyage se termine.


                 Je rentre avec plein d'images dans la tête.


                 J'ai vu que tout le monde n'a pas les mêmes habitudes que moi mais partout il y  a plein de gens gentils qui étaient contents que je vienne chez eux.


                                          J'ai appris aussi qu'il y a beaucoup de langues différentes mais qu'il suffit d'un grand sourire pour se comprendre.


ciao, à la prochaine !