Dimanche 3, Lundi, 4 mars.
Avant d’être ici, nous imaginions que passer un mois à Ko Tao serait long. Une fois sur place, rester plus longtemps a été une évidence. Après un mois dans notre grande cabane, nous jonglons entre les bungalows encore disponibles chez Wilai. Cette fois-ci nous restons 4 nuits dans celui attribué à Inès et Mike de retour en Allemagne. Ils y apportent d'année en année des améliorations, peinture des murs, remise en état de la salle de bains, meuble de rangements, miroir… C’est comme ça ici, faire les choses soi même est plus efficace. Il y a deux ans, Christian avait coupé les arbres devant la terrasse pour dégager la vue.
Le « number 6 » Nous surplombons la cabane de Michael et Ingrid plus bas à droite qui leur est réservée d’année en année depuis presque 20 ans !Et reprenons vite nos marques d’un endroit à l’autre 😉Mardi 5 mars : L’homme s’étant agacé au retour de Tanote avec notre taxi driver habituel qui refusait un détour pour acheter du pain au levain, je suggère de faire appel à un autre dorénavant.
Calés à l’arrière du pick up avec nos Brompton, nous dévalons les pentes au petit matin. Michael nous a rappelé de faire remplir le document par Wilai prouvant notre logement chez elle pour notre extension de visa. Nous partons l’imprimer au June 04, petite imprimerie locale proche de Chaiwat. La surprise d’y trouver aussi un bel assortiment de fournitures de beaux arts… mais toujours pas de gouache blanche à part un petit assortiment d’écolier.
Nous filons au bureau d’immigration, à cette heure matinale il y a peu de monde. La préposée finit de remplir nos documents dont certaines cases sont des énigmes. Et nous demande de revenir en début d’après-midi, le système informatique étant en panne ce matin.
S’en suit un moment de shopping. Christian trouve un caleçon de bain bleu vif et un pain au levain, je choisis une petite tortue verte en souvenir. L’homme a faim, nous pédalons vite au French Market, c’est mardi, jour de pizza.
Une femme souriante aperçue au bureau d’immigration s’assied près de nous. Elle me demande si nous vivons ici et lui suggèrons de se joindre à nous. Nous conversons pendant une bonne heure. Eve, la soixantaine, vient chaque année de la région de Bâle passer trois mois à Ko Tao. Passionnée de mer, de plongée, de snorkeling, elle nage plusieurs kilomètres le long des côtes avec son sac étanche derrière elle. Son mari encore en activité viendra la rejoindre dans quelques jours. Seule sur son scooter, elle parcours les recoins de l’île où elle semble connaitre beaucoup de monde.
Nous nous retrouvons ensuite au bureau d’immigration. Une vingtaine de touristes attendent déjà. L’homme, impatient veut faire demi tour. Je ne suis pas d’accord, il faudra s’y coller de toutes façons. Ici nous sommes au frais, il y a moyen de s’occuper en observant l’ambiance…
La télé allumée sur grand écran aurait pour effet de nous faire fuir. Un film débile et sanguinolent aux acteurs surjouant n’en finit pas… le volume sonore ajouté au jacassement des touristes énerve l’employée du bureau d’immigration qui finit par ordonner le silence comme une maîtresse d’école.
L’impatience nous gagne après presque deux heures d’attente, jusqu’à l’appel de « Mrs Caroline » et « Mr Christian » et nos précieux passeports avec les visas tamponnés .
Mercredi 6 mars : Journée relax comme je les aime : peinture, snorkeling, lecture, écriture, nage… dîner avec nos copains. Wilai me prévient, ma commande sur le site Lazada de gouache blanche est arrivée !
Nous dînons presque tous les soirs avec Michael, Ingrid, Eberhart et Sabine. Mon allemand scolaire revient petit à petit en les écoutant. Habituée aux sonorités germaniques dans mon enfance alsacienne, leur compagnie m’est familière.
Ingrid qui vient de prendre sa retraite nous explique qu’elle faisait partie de l’organisation des concerts où Michael était batteur professionnel. La curiosité nous gagne et découvrons grâce à Google l’origine Allemagne de l’Est du groupe KARAT qui existe depuis 1976. Le groupe tournait un peu partout en Europe, Avant la chute du mur, un concert a pû être organisé côté Ouest moyennant des complexités administratives. Michael me raconte sa stupeur de découvrir le monde de l’autre côté du mur. On le reconnaît sur les photos avec sa belle tête d’artiste et ses cheveux longs bruns.
KARAT a été disque d’or en 1982 et 1984 en Allemagne de l’ouest avec l’album « Die Blaue Planet » et « Albatros ».
Michael Schwandt et le groupe rock KARAT Jeudi 7 mars :
L’homme expérimente de partir directement sous le bungalow pour un snorkeling avant son petit déjeuner. Son enfance dans les montagnes vosgiennes lui a donné beaucoup d’aisance pour dévaler sur les rochers. Je l’observe de la terrasse tout en pratiquant ma séance perso de « stretching, qi-gong, pilates »
Expérience matinale Pendant ce temps le petit varan à côté du bungalow sort de son trou comme chaque matin, un premier bateau arrive, les écureuils courent et sautent de branches en branches.
Ambiance du matin Et hop ! Déménagement aujourd’hui ! Cette fois-ci nous partons à une vingtaine de minutes pour Aow Leuk, un endroit à la réputation de jolie baie aux nombreux poissons. Nous avons réservé au Grand Hill, une dizaine de grands bungalows au dessus de la mer. C’est un peu plus cher et moins roots que chez Wilai, la vue est belle, mais on le sent tout de suite, l’ambiance ici n’est pas spontanément conviviale.
Grand Hill à Aow Leuk , toujours à Ko Tao , encore une pente insensée !!!
Vendredi 8 mars : la partie transparente et turquoise de l’eau correspond à un fond sableux, ce qui est le cas ici à part les roches qui bordent la baie. Comme les poissons n’ont rien à manger dans le sable, ils se trouvent essentiellement là où se trouvent les rochers et les coraux. 🪸 A peine entrée dans l’eau, un requin de récif pas dangereux se faufile au bord de mer.
Un peu plus loin le long des rochers, j’aperçois une raie pour la première fois ! La température de l’eau est si bonne qu’on peut y rester longtemps sans jamais avoir froid.
Photos internet des poissons que nous voyons tous les jours .
En remontant après le déjeuner, un gros lézard inattendu à tête orange se faufile sous mes pieds et s’immobilise.
Le restaurant ici ferme à 17 h, et vu le lieu quasi inaccessible et encore plus la nuit, chacun se débrouille comme il peut. Pas très convivial l’endroit ! Mais nous étions prévenus et avons fait un petit stock de soupes de nouilles instantanées, yaourt, pain fromage et beaucoup de fruits, ananas, mangues, fruits du dragon et bananes. Nous sommes arrivés ici un peu bidochons avec notre petite glacière rouge et notre grille pain 😃
Mais festoyons la nuit et le matin sur notre terrasse au son des geckos, des écureuils, des cigales et des vagues …
Aow Leuk
Ah ! Une dernière chose. Il fallait que je vous en parle, parce que ça commence à se voir sérieusement !
Retour en arrière, juste après Noël.
La famille réunie au complet dans le salon après un copieux dîner… chacun vaque à ses distractions, le livre de Sophie Fontanel que l’homme a cherché à la médiathèque traîne sur la table. A 45 ans, notre fille aînée Christelle a décidé sans états d’âmes d’arrêter de teindre ses mèches grises en renonçant à son brun clair chatoyant. Je n’avais pas spontanément approuvé, ça me fichait un coup de vieux, mais que dire… et ça semblait fréquent pour cette génération en quête de naturel.
Je jette un coup d’œil distrait sur le livre et vu la photo de couverture, je lance sans réfléchir « ça me dirait aussi de laisser pousser mes cheveux blancs ! » Christelle, Pierre le plus jeune et sa femme Rieke répondent du tac au tac « mais pourquoi tu ne le fais pas ? » «Mais parce que Christian n’est pas emballé par le blanc et que je ne suis pas prête ! »
Sauf que de manière inattendue, l’homme répond aussi vite «mais si !!! c’est une très bonne idée, ça t’irai bien, fais le si tu en as envie ! » un peu scotchée par la réponse, je commence la lecture du livre que notre grande vient de lire d’une traite la veille.
Sophie Fontanel, reporter pour le magazine Elle, journaliste de mode et écrivaine nous raconte avec humour dans son livre romancé « Une apparition » la mutation de sa chevelure blanche à 53 ans.
J’engloutis la lecture, un mot résonne « Liberté ». Liberté de ne pas avoir peur de prendre de l’âge, liberté de ne pas s’infliger une teinture tous les mois, libérée du regard des autres ? L’idée fait son chemin, je prends une décision rapide, mon rendez-vous chez Fabien mon coiffeur est demain. Il approuve l’idée sans hésiter, nous convenons juste d’éclaircir quelques mèches qui se fondront dans les racines, le soleil de l’Asie fera le reste !
J’ai fait une bonne part du chemin maintenant et ne pense pas revenir en arrière ! Ces quelques mois me confortent dans ma décision, j’ai évité les centaines de grammes de mes kits de teinture dans les bagages et l’homme approuve de jour en jour. L’impression de changer de femme ? Ou les économies de coiffeur en perspective ? 😂🤣
Bref, j’ai pour l’instant un méli mélo de blanc et blond, et clairement, c’est le blanc qui m’intéresse ! Je parie que la tendance n’est qu’un début mais qu’elle gagnera de plus en plus d’adeptes… parce qu’évidemment, les hommes, pour la plupart, se fichent de leur couleur, se sentant même plus craquants avec leurs crinières nacrées !
Plusieurs amies ont déjà franchi le pas avec succès: Merci Christelle, Laurence H, Caroline W, Véronique S, Bernadette L, Annie R, Marie-Helène C, Nathalie V, Sophie B et d’autres sont sur la voie ! Et sans compter les célébrités ! 😉