Mars 2020 :
Cette petite ville touristique du centre Vietnam, a fait partie de nos coups de cœur en mars 2020. Nous étions venus de Siem Reap au Cambodge à l’aéroport de DA NANG, à 40 km de Hoï An
La « Old Lane homestay » venait d’ouvrir depuis peu, chez THUY ET TUAN. Une sympathie mutuelle s’était crée, mais le Covid arrivait à grands pas. L’ambiance de la ville déclinait de jour en jour, les nombreuses boutiques, restaurants et hôtels fermaient au fur et à mesure… nous y étions restés une dizaine de jours. Les autorités demandaient aux hôtels de fermer, nous étions leurs derniers clients, et en sommes partis le cœur gros. Thuy et Tuan n’ont jamais re ouvert la « Old Lane homestay » et sont restés définitivement à Saïgon. La sœur de Thuy vit seule maintenant dans cette grande maison familiale.
Les 6, 7, 8 mars 2023 :
Changement d’hôtel donc cette fois ci, nous avons choisi le TNT VILLA. Un petit hôtel charmant avec une piscine nichée en plein milieu.
Histoire de HOI AN : Au 16 ème siecle, les lanternes apparaissent à Hoï An avec les immigrés chinois.
XA DUONG, le précurseur, les fabriquait pour des spectacles traditionnels. L’activité a perduré et la technique artisanale se transmet depuis des centaines d’années. C’est devenu la particularité de la ville, il y en a partout, de toutes les tailles et de toutes sortes de tissus. La multitude de lampions est allumée le soir, ç’est féerique !
La rivière THU BON en plein centre de la vieille ville rajoute du charme à l’ensemble avec ses petites barques qui emmènent les touristes la nuit tombée pour y déposer sur l’eau des petite lanternes en papier. Au 15ème sièclé, Hoi An (autrefois appel FAIFO) est un gros carrefour commercial. Des commerçants arrivent de Chine, du Japon, d’Indonésie, des Philippines …c’est à cette époque qu’a été construit le célèbre pont Japonais, reliant le quartier chinois du quartier japonais, devenu l’emblème de la ville.
Hoï an au bord de la rivière Thu Bon Les nombreux bâtiments anciens sont issus de ce mélange de culture, les façades colorées sont principalement jaunes, couleur prisée des vietnamiens, liée pour eux au luxe, à la chance et à la richesse.
Même le moisi sur les façades est esthétique, jaune et vert c’est plutôt harmonieux et ça ajoute un caractère supplémentaire ! 😉
Hoi An : en haut à droite, le vieux pont japonaisHoï An est beaucoup plus animée qu’en 2020 et comme nous l’a expliqué ce matin une commerçante, les touristes sont aussi nombreux qu’avant le Covid mais sont frileux dans leurs dépenses. Les locaux nous expliquent les galères de ces deux dernières années, la plupart ont dépensé leurs économies et ont du se reconvertir pour subvenir à leurs besoins. C’est que nous entendons tout au long de notre voyage, Thaïlande, Cambodge, Vietnam …
Même si Hoï An est très touristique, le charme opère avec autant de couleurs et de beauté. Des femmes portent l’áo dái, cette robe traditionnelle portée surtout lors des cérémonies. Un pantalon long et large, souvent blanc sur lequel est superposé une tunique très près du corps, un col Mao et des manches longues.
Alors Hoï An c’est à la fois le charme de Venise et de Kaysersberg en Alsace !
Nos restaurants favoris sont toujours là, « le Morning Glory » et le « Vy’s Market » .
Le « morning glory, » et le Vy’s Market , plusieurs restaurants du même propriétaire, tous aussi bons ! En 15 mn à vélo par la campagne, nous arrivons sur la grande plage de An Bang. La mer est assez agitée mais bien moins froide qu’en Bretagne.
En partant à la plage , nous croisons de buffles.Les bars de plage et les restaurants se succèdent, nous retrouvons avec plaisir le SOUL KITCHEN à l’ambiance cosy dont les vibrations positives s’échappent au son d’une bonne musique.🎼
Les palmiers ont un peu souffert des typhons de l’hiver. Hoï An an subit tous les ans de fortes pluies et des inondations dans la ville.
Plage de An BangAu Soul Kitchen face à la mer, avec un thé gingembre, citron miel 😋Hoï An est aussi réputée pour ces tailleurs qui cousent des vêtements sur mesure en 1 ou 2 jours. C’est comme les lampions, il y en a partout ! Plus de 400 parait-il …Les habits sont fabriqués dans des petits ateliers à deux pas des boutiques.
En voulant faire réparer un accroc sur un de mes pantalons, j’ai craqué pour la confection d’un ensemble pantalon et top …bleu et rose fleuri, on ne se refait pas !🤣
La vendeuse qui tient la boutique n’était pas insistante mais délicate … une qualité rare ici qui fonctionne !!
Jeudi 9 mars
Christian a réservé une sortie guidée à vélo pour la journée. 25 km dans la campagne pour découvrir les paysages, la vie locale et l’artisanat.
8 h : rendez-vous est donné à l’agence tenue par un français marié à une vietnamienne.
Lola, (le prénom occidental de notre petite guide vietnamienne) nous accueille avec beaucoup d’enthousiasme et un grand sourire. Elle a la carrure d’une enfant, 1,45m et 35 kg, mais une grande force physique et mentale ! 💪
Nous sommes tous les deux avec Loïc, un breton qui vit près d’Aix. Nous troquons nos Brompton pour ceux de l’agence, plus lourds et plus adaptés au terrain de campagne.
Un petit bateau bruyant nous dépose sur la première île. Nous longeons les rizières verdoyantes et les villages tranquilles, passons sur des ponts, et atteignons une autre île sur une barque. Les petites routes calmes sont bordées de cultures : cacahuètes, cornichons vietnamiens, joncs…
Le pneu du vélo de Loïc éclate, il faut dire que les chemins sont caillouteux et chaotiques…mais Lola a tout prévu et a une nouvelle chambre à air dans son sac. Sa technique est efficace, elle répare rapidement le pneu.
En 15 mn c’est réparé ! La culture du riz n’a pas de secret pour Lola. Originaire d’un petit village du nord du Vietnam, elle aidait dès 8 ans ses parents à cultiver le riz.
Un travail fastidieux qui se faisait à l’époque à la main : labourer à l’aide d’un buffle, semer le riz, le récolter, séparer la cosse de la graine… et comme elle nous dit, maintenant le « buffle chinois » (tracteur 😂) a allégé la tâche.
Elle nous explique aussi que selon le climat, les récoltes ne sont pas les mêmes : au nord à Sapa par exemple une seule récolte est possible par an, au centre, deux récoltes, et trois au sud dans le delta du Mekong. Question de climat. Quand le riz atteint la maturité il faut le récolter au plus vite, sinon une bonne partie est mangée par les rats.
Le papa de Lola, paysan et passionné de livres, a encouragé ses deux filles à faire des études. Lola parle bien l’anglais et parfaitement le français. Elle nomme certains chemins caillouteux « Paris-Roubaix » et nous lance des « en voiture Simone » pour la suivre ! Simone, ton prénom est célèbre !!! 🤩
Après un copieux déjeuner chez une famille locale, poisson à l’ananas, riz, liserons d’eau et mangues, nous visitons leur maison traditionnelle.
C’est vite vu : une pièce à l’avant de la maison avec une grande table en bois recouverte d’une natte en bambou pour monsieur, au centre, une pièce réservée pour le culte des ancêtres, à droite une pièce sans fenêtre pour madame, sommaire aussi.
Dans un coin de la pièce se trouve une grosse jarre en verre. Remplie d’alcool de riz et d’un énorme cobra bien conservé, aux vertus aphrodisiaques. En y rajoutant des scorpions, tortues ou autres petites bestioles, l’élixir serai encore plus efficace. Faut y croire !
A gauche, la bombe devenue vase, au centre, un cobra conservé dans de l’acool de riz. L’autel des ancêtres. La table sert pour les offrandes, les repas sont pris dans la cuisine attenante. Finalement ce sont les ancêtres les plus gâtés… une table est prévue pour y déposer les offrandes, des fleurs et des décorations. Ici rien ne se perd, une ancienne bombe de l’armée française est reconvertie en vase…fallait y penser 🧐
La culture des ancêtres est une tradition très ancrée qui continue à se transmettre. On leur donne presque plus d’importance que les vivants, ou du moins plus d’égards. Nombreuses sont les familles dans ces petits villages qui se cotisent pour fabriquer un temple familial.
Il faut d’abord acheter un grand terrain, construire le temple et toutes les décorations qui s’en suivent …. D’année en année, le temple s’améliore. Le fils le plus ancien de la famille élargie organise le rassemblement de tous les membres au moins deux fois par an. Des offrandes généreuses doivent être déposées, fruits, gâteaux … qui seront partagées à la fin du repas.
Mais aussi des offrandes plus étranges : vêtements, voitures de luxe, maison, iPad, iPhone, bijoux, billets, le tout imprimé sur des feuilles de papier. Tout ça est brulé à la fin pour les envoyer aux ancêtres afin qu’ils ne manquent de rien, en ayant pris soin au préalable d’y mettre un nom et une adresse… faudrai pas que ça arrive chez un voisin ! 😏
Un Temple familial dans un petit village Ces temples un peu luxueux contrastent avec les habitations sommaires de la famille. Un choix qui m’échappe !
Un couple voisin vit du tissage traditionnel de nattes en joncs. Les tiges sont teintes et assemblées manuellement avec un métier à tisser. Ces nattes servent essentiellement de « matelas » posés sur les lits en bois, les vietnamiens sont convaincus que plus le couchage est dur, meilleur c’est pour le dos. Les nattes servent aussi de tapis, c’est joli en tous cas.
Nous visitons un petit atelier d’alcool de riz, cette boisson qui fait partie de la culture vietnamienne. Un kg de riz donne un litre d’alcool, c’est à peine plus cher qu’une bouteille d’eau, 25000 dôngs le litre, soit un peu moins d’un euro. La fabrication artisanale et familiale n’est ni autorisée ni interdite…nous y goûtons du bout des lèvres… un vrai tort boyau !
Un spécialiste de la fabrication d’alcool de riz Des cochons font partie du décor, leur bouse sert de combustible pour la fabrication de l’alcool. On leur donne à manger les cosses de riz fermentées dont il reste forcément un peu d’alcool. Ça donne des cochons tout roses et euphoriques et le goût de la viande doit avoir un petit plus ! Ingénieux !
J’ai remarqué le pied en plastique du monsieur fabricant d’alcool de riz. Christian pose la question à Lola : il a sauté sur une mine après la guerre. Il y en a malheureusement beaucoup comme ça !
Un monsieur de 85 ans est un des derniers fabricants de ces « bateaux -paniers » en bambou . Encore un travail qui demande un savoir faire complexe. Une fois de plus la bouse de vache est récupérée pour combler les trous entre les lattes de bambou. Mais heureusement c’est collé à la résine et verni ensuite pour être étanche. Ces bateaux-paniers servent de chaloupes d’appoint et surtout pour des embarcations de sauvetage lors des inondations. Même si tout est prévu au préalable pour monter à l’étage ou sur le toit ce qui est précieux, les gens, les animaux et la nourriture.
Lola nous explique la façon de s’y poser et de ramer et nous propose de tester. Comme je n’ai pas le pied marin, l’homme s’y colle, avec la survoltée « Sexy lady »🤣 de 71 ans.
Les bateaux paniers et sexy lady ! Un stop chez un artisan qui incruste la nacre dans du bois , un travail minutieux qui décore le bois toute en finesse et en nuances. Et pour finir le chantier artisanal d’un bateau en bois.
Outre toutes ces visites, Lola nous a beaucoup parlé de sa vie. Elle est étonnante de lucidité sur le Vietnam, sur les rapports entre hommes et les femmes, sa conception de la vie. Avec une pêche incroyable et un sens de la répartie étonnant !
D’après elle les garçons vietnamiens sont trop couvés par leur mère, ça en fait des hommes peu responsables et plutôt flemmards. Son premier mari était infidèle, elle n’a pas accepté la situation malgré la pression de sa famille et une petite fille en commun et l’a quitté.
Elle s’est remariée depuis, ils ont eu un petit garçon. Sa fille de 9 ans vit chez ses parents près de Hanoï, elle ne la voit que très peu. La distance est trop longue et les quelques jours octroyés de vacances trop rares. C’est une réalité courante ici, les systèmes de garde sont plus rares et la nécessité de travailler pour gagner de l’argent est vitale.
Super Lola !!! Vendredi 10 mars :
En partant en fin d’après-midi faire quelques courses, Christian veut dire bonjour à Nhy, la sœur de Thuy qui vit toujours dans notre Old Lane homestay de 2020. Elle est heureuse de le revoir et nous propose avec l’aide de Tuan en vidéo à Saïgon, de venir dîner avec elle à 19h30. L’invitation est inattendue, d’autant plus que dans nos souvenirs, elle ne parle pas anglais.
Nous sommes à l’heure et un peu émus de retrouver l’endroit qui n’a plus rien d’un homestay, la pièce principale s’est vidée de tout l’agencement de l’hotellerie.
Nhy vient de prendre sa retraite et ne sait pas ce qu’elle va faire, retourner à Saïgon auprès de sa sœur ? ou rester à Hoï An dans un environnement plus calme et un meilleur climat ? Elle vient de perdre sa maman de 90 ans, un autel est installé dans la pièce à côté avec sa photo et des offrandes.
Ayant débuté des cours d’anglais nous arrivons à échanger un peu, mais Google Translate installé à la hâte sur nos iPhone nous sauve, avec la voix c’est magique de passer aussi vite du Français au vietnamien et l’inverse.
Dîner chez Nhy, à l’ancienne homestay de Hoi An Samedi 11 mars
C’est notre dernier jour, ce soir nous partons à Ninh Binh en train de nuit, 15 heures pour un trajet de 700 km environ.
Journée relax, piscine, un dernier tour à Hoï An, un déjeuner au Morning Glory « végétarien », je fais quelques emplettes souvenir…
A gauche, une annexe du Morning Glory Un vélo prêté le temps d’une petite réparation sur le phare de mon BromptonNinh Binh sera complètement différent : autre climat, autres paysages, autres ambiances et sans doute autres rencontres …See You ! 😀