Carnet de voyage

Le Puy - Santiago

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Dernière étape postée il y a 1698 jours
Un pélerinage à pied du Puy-en-Velay à Santiago de Compostela avec en bonus Fisterra,Muxia et Padron.
Du 12 juin au 11 août 2019
61 jours
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Publié le 28 septembre 2019

On est le mercredi 12 juin 2019 à 7h00. La messe commence suivie de la bénédiction des pèlerins par l'évêque du Puy. Je sors par le ventre de la cathédrale et commence ma pérégrination vers Santiago de Compostela. J'ai choisi de ne pas emmener de carte sim ni d'internet dans mon portable (il me servira uniquement pour prendre qq photos en chemin), car je souhaite me couper du monde durant un long moment, seul moyen pour retrouver mon âme. Je chemine donc en suivant le tracé du GR65 qui me conduira jusqu'à St Jean-Pied-de-Port à la frontière espagnole avant de récupérer le tracé espagnol fait de flèches jaunes peintes n'importe où à la croisée des chemins (poteaux, route, mur); ils se prennent moins la tête en Espagne!!! Avant cela, laissez-moi vous raconter mon arrivée au Puy:

Le 10 juin, je pars de St Pierre de Colombier où j'ai passé la Pentecôte avec la Famille Missionnaire Notre Dame, une communauté chrétienne en Ardèche. Sur la route, il pleut et c'est glissant; la jeune fille qui conduit porte un A au cul et je vois bien qu'elle ne se rend pas compte du danger! Du coup, pas manqué; on dérape dans un virage mais elle redresse la voiture, une 306 il me semble, instinctivement. Je me dis c'est bon, elle a compris, il ne faut pas rentrer trop fort dans les virages mais non! 5min plus tard gros virage, gros dérapage, on se prends le mur de sécurité puis on rebondit sur la voie de gauche! Heureusement qu'il n'y avait personne à ce moment là! Du coup on s'arrête pour aller voir les dégats mais là miracle! la voiture n'a rien! Une passagère s'écrit: "c'est un miracle!" et effectivement après avoir entendu le choc et tapé contre le mur, je suis étonné qu'il n'y ait pas une rayure sur la carosserie! Protégés par les anges après cette Pentecôte! Du coup on reprends la route puis elle me dépose au Puy. Je m'installe dans un séminaire qui fait gîte pour les pèlerins et vais chercher ma créanciale à la cathédrale + visite de la ville et courses. Je pense que je vais rester 2 nuits içi car ils prévoient mauvais temps le 11 juin et je ne veux pas marcher sous la pluie. Ma devise: la pluie n'est pas dans mon programme! Petit détail intéressant pendant que j'y pense: je pèse 77 kg à mon départ; je me demande combien de kg je vais perdre durant ce voyage! Autre chose, je sens une gène au genou droit (comme par hasard la veille du départ). Je pense 2 secondes à abandonner car j'ai mal, puis je me dit que non car c'est un piège du malin qui ne veut pas que je parte pour la plus belle aventure de ma vie! Tant pis je marcherai quand même si j'ai mal; de toute façon je n'ai pas vraiment de date d'arrivée, je suis libre...Je me suis donné un objectif malgré tout; ce serait bien d'arriver le 15 août à Santiago pour la grande fête chrétienne de l'Assomption, ce qui me laisse un peu + de 2 mois mais il ne faudra pas trop traîner en chemin. Aussi, pour les non-initiés, la créanciale ou crédenciale est le passeport délivré par l'Eglise pour dire que je suis un pèlerin vers Compostelle et je dois la faire tamponner à toutes les étapes pour prouver que je fais le chemin à pied et obtenir mon diplôme à Santiago (j'aurai le temps d'en reparler là-bas).

Le lendemain, je visite Notre-Dame de France, la plus grande statue du monde avant qu'ils fassent la statue de la liberté. On peux monter à l'intérieur de la statue jusque dans la tête, ce que je m'empresse de faire pour marquer le coup! L'aprem, je visite la chapelle St Michel sur un pic. La guide a dit que les pèlerins du moyen-âge se consacraient içi à St Michel car ils n'étaient pas sûr de revenir quand ils partaient en pèlerinage. Je me suis donc consacré à St Michel archange dans la chapelle qui date du Xème siècle (c'est dingue, 1000 ans et c'est toujours là)! Fin prêt pour partir demain. Crainte pour mon sac trop chargé et trop lourd. Je réfléchis déjà à ce que je vais pouvoir laisser en cours de route...


Notre-Dame du Puy  - Chapelle St Michel Archange  -  Ventre de la Cathédrale = Départ historique de la Via Podiensis.
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Publié le 28 septembre 2019

Après être sorti de la cathédrale, je descends les escaliers et croise le panneau Santiago 1522 kms. C'est long! Je discute avec des femmes de Besac (dédicace Myriam), Martine et Chantal et leur dit qu'elle ont un bon rythme, c-à-d pas trop vite! En effet, quand on commence, il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir trop en faire car le corps n'est pas habitué. Un tonton à moi, qui a fait le Camino il y a une dizaine d'années m'avait prévenu de commencer doucement, du piège de la première semaine...En plus je pars sans entrainement donc j'y vais doucement.

Je mange à midi avec Candido qui me partage son repas puis rencontre Brigitte et Rachel. Tous ont la soixantaine (pardon Martine); qq jeunes mais très peu. Candido me dit que j'ai choisi la bonne période. Avril-Mai et Sept. sont les mois les plus fréquentés. Juin- Juillet et Août un peu moins à cause de la chaleur. Ouf le chemin ne sera pas full! heureusement que je suis parti en retard finalement; j'avais prévu de parti fin mai pour arriver le 25 juillet, jour de la St Jacques.

Je traverse des paysages magnifiques de collines d'arbres conifères et arrive à St Privas d'Allier (environ 25 km), la première étape. J'installe le bivouac dans un chemin creux. Hamac + gaz avec repas pâtes. C'est assez excitant ce bivouac mais je me rends compte que le problème majeur est l'approvisionnement en eau. J'ai avec moi 1.5L dans une poche et 50 cL en bouteille mais j'utilise tout pour ma popotte, tisane, laver dents et thé le lendemain matin, donc heureusement j'ai repéré un abreuvoir à vaches où j'irai demain matin faire le plein. L'église sonne l'angélus, il est 19h.

Nuit trop froide. L'air froid passe en-dessous du hamac, faudra que je l'isole! Cette nuit j'ai maudit Decathlon avec leur duvet 0°confort -5°limit à 150$. Il veulent ma mort ou quoi? Obligé de me lever mettre tous les vêtements que je possède puis me rouler en boule dans mon sleeping bag en attendant le matin! La rosée était gelée donc il a fait 0° ou - ,c'est bien ce que j'ai senti durant la nuit. Les autres dormeurs dehors ont aussi eut très froid! J'avais oublié qu'on était à 1200m d'altitude, dans le massif central...

Je continue le chemin mais ce deuxième jour est le plus dur à cause du dénivelé. J'arrive au bout de ma vie à Saugues, la ville de la bête du Gévaudan, me prends un gîte (hors de question de me refaire une nuit de douleur) et pense que je suis allé trop loin et que je suis à 2 doigts de l'abandon à cause des douleurs aux jambes. La honte si j'abandonne le 2ème jour après les conseils donnés par mon tonton que je viens de transgresser: la cause première, c'est que j'ai suivi un groupe et du coup je n'ai pas marché à mon rythme. Je m'en veux car je le savais, mais c'est un peu l'histoire de ma vie: je sais ce qu'il ne faut pas faire mais je le fais quand même...

Débuts du chemin de Santiago  -  première nuit en hamac  -  vieille chapelle et pigeonnier au sommet de la colline 
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Publié le 29 septembre 2019

Je suis allé à la poste renvoyer 1.2 kg de matos. Mon sac est trop lourd, c'est le plus difficile, ça me fait mal au dos.

Je passe par des endroits paumés que j'aimerais bien habiter, c'est pour ça que je les note: alors un beau patelin est La Clauze et aussi Le Falzet. A revoir...

Des petits vieux viennent de s'arrêter pour discuter (Martine rassures-toi ce n'est pas toi et Chantal!), ils me conseillent un médoc, la sportéine, contre les crampes, courbatures, et caetera... J'aime bien ces petits vieux là... Mais je préfère Martine et Chantal..!

A noter également que j'ai sorti le poncho ce matin pour ma première étape sous la pluie; c'est la merde, heureusement que ça ne dure pas...

J'arrive au Sauvage, une vieille ferme rénovée en gîte, me ravitaille en eau, et continue vers un refuge que j'ai vu dans le miam-miam dodo, le guide le plus populaire sur le chemin en France. Personnellement je ne l'ai pas acheté à cause de son prix: 16$ la moitié de la France, 16$ l'autre moitié, et 8$ la variante Rocamadour; c'est trop abusé le business qu'il y a derrière ce chemin, et mec je suis pas un pigeon, compte pas sur moi pour t'engraisser...Du coup je m'étais rabattu sur le guide michelin à 7$ qui fait très bien l'affaire et sachant que tout le monde a le miam-miam dodo ( nom que je trouve ridicule au passage mais qui montre bien l'état dans lequel la société française est arrivée, l'infantilisation...), je le feuillette durant les pauses avec d'autres pèlerins. Enfin bref, avant d'arriver au refuge il y a une fontaine St Roch; je ne connais pas ce saint mais je devine qu'il soigne les blessures puisqu'il est représenté avec une plaie à la jambe; je mets de l'eau de la fontaine sur le genou droit qui me fait mal et repart. J'arrive au refuge et là je ne suis pas seul: il y a une famille qui fait un bout du chemin en cheval et en chien; le cheval porte les affaires et le chien ses croquettes! C'est cool de voir ça; du coup je passe la soirée avec eux et 2 filles d'Angers qui dorment en tente à côté...

Biographie de St Jacques  -  Le Sauvage  -  le cheval
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Je me prends une averse dans la matinée; j'ai bien fait de ne pas renvoyer le poncho! J'arrive dans une ville d'étape intermédiaire où je visite une exposition sur le chemin de Compostelle puis je me retrouve dans un bar-restaurant pour déjeuner; là surprise, Martine et Chantal. Du coup je mange avec elles et pendant le repas, énorme averse. Je décide donc de m'arrêter là pour aujourd'hui car souvenez-vous: "la pluie ne fait pas partie de mon programme!"

Donc en sortant dans la rue pour chercher un gîte, Allan, un jeune de 18 ans me dit que selon sa météo sur internet, la pluie est finie et qu'on peut continuer. Ok, allons-y. En cours de route, ce petit jeune m'explique comment marcher avec des bâtons alors que lui-même n'a pas de bâtons! C'est assez cocasse comme situation; puis il m'explique, avec son expérience de 2 mois chez Leclerc, qu'en France, dans le monde du travail on peut évoluer si on en veut! Alors là, lol ! Mon pauv' petit, tu vas au devant de grandes désillusions! Bref il me tarde de voir ce qu'il va encore me sortir...

Lors d'une pause, on est rejoint par Arthur, un parisien installé comme osthéopathe à Montréal depuis 10 ans. Très sympathique comme garçon mais quelle goule; un vrai parigot! Et moi je..., et patati, et patata...Je vois qu'il marche vite, du coup je le laisse continuer avec Allan et me dit qu'Allan est idiot de suivre son rythme...mais avec toute sa science, il sait ce qu'il fait! (Je donne tous ces détails pour la suite).

Autre détail pendant que j'y pense, je n'ai plus mal à mon genou droit, j'ai du mal à y croire mais la fontaine de St Roch m'a guérie. Ce sont les petits miracles du chemin qui continuent après l'accident de voiture sans dégâts...

Bref, arrivés à Aumont-Aubrac avec Arthur, que j'ai rejoint après, (Allan dort en hamac à l'entrée de la ville), on fait le tour des gîtes: tout est complet; ils n'ont plus de places! Dans le dernier hôtel (complet également) que l'on tente, un paysan nous dit qu'il a une grange. Excellent! Nous voilà comme Jésus à Bethléem il y a 2000 ans à dormir dans la paille parce qu'il n'y a plus de place! Merci Didier, j'ai bien dormi, j'étais heureux. Dieu te le rendra...La générosité est toujours récompensée.

Didier notre bienfaiteur                                                                        Le matin au réveil 
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Publié le 8 octobre 2019

Messe à 11h. Dieu premier servi. Petite journée. Je traverse des paysages qui commencent à me plaire, disons magnifiques: les plateaux de l'Aubrac. Il y a beaucoup de vaches à viande de cette même ci-dessus dîte, race. Je fais seuleument 16 kms et me pose dans un village du nom de Finieyrol où il y a un espace public avec wc, eau et tables: l'endroit idéal. Et puis... j'ai la flemme; c'est dimanche, le jour du Seigneur, le jour du repos, çà suffira pour aujourd'hui.

Je monte le hamac et Allan me rejoint et monte le sien à côté. Je ne pensais pas le revoir croyant qu'il était devant moi avec Arthur mais il m'a dit qu'il a pris le temps. Il a fait une sieste de 4h cet après-midi... Et oui à faire le malin hier avec Arthur... On mange et on se couche en attendant la nuit...Je l'entends parler au téléphone avec son papa; il dit que le matin il à des idées d'abandonner mais qu'à partir de midi il n'y pense plus parce que c'est trop cool ce périple! Je me dis en moi-même qu'il abandonnera bientôt s'il y pense tous les matins; en plus, il fait le chemin sans bâtons, avec des vieilles baskets, un sac de 70 litres trop lourd, en dormant dehors toutes les nuits avec le froid; c'est déjà beau d'avoir tenu jusque là! Châpeau à toi Allan...

Allan 
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Publié le 8 octobre 2019

Nuit froide encore une fois (8°) mais un peu plus supportable que la première. Vivement le sud que je puisse mettre mon hamac sans me les cailler! Le problème du hamac c'est qu'on a froid dans le dos et les jambes avec l'air qui passe en-dessous. Le souci c'est l'humidité: les duvets étant testés par froid sec, donc la prochaine fois je me prends un duvet -10° confort pour être tranquille!

Aujourd'hui étape orange selon mon guide; je rencontre Clémence et Ingrid, très sympathiques jeunes filles. Elles sont moins chargées et font de longues étapes pendant une semaine: je les laisse donc partir devant à leur rythme. A Nasbinal, je prends ma pause déjeuner et qui je vois? Arthur en train de boîter dans la rue! Je me marre! (intérieurement). C'est fini pour lui, même s'il ne veut pas me l'avouer: c'est la fameuse tendinite!!! Et oui mec, à marcher comme un bourin 30 kms par jour dès le début, voilà le résultat. A 35 ans c'est plus la même! Allez, retour Québec: ça t'apprendra l'humilité... Plus tard, j'apprendrai par une pèlerine qu'Allan a aussi abandonné à Nasbinal après une insolation, une ampoule arrachée et une indigestion! Eh beh, que d'émotions! Eux ils n'ont pas eu un tonton qui les a bien prévenus avant de partir que tout se jouait la première semaine! Du coup je me remémore la fable de La Fontaine du lièvre et de la tortue...

Après Nasbinal, je traverse les plateaux de l'Aubrac avec ses fameuses vaches! D'ailleurs un troupeau me barre la route. J'hésite...j'y vais ou j'y vais pas? Merde j'aurais pas dû penser, maintenant j'ai des doutes (c'est encore l'histoire de ma vie, je pense trop)...Voilà je n'ai plus le courage de traverser, je vois un taureau énorme au milieu avec ses cornes et toutes les vaches ont des cornes. S'ils me chargent je suis foutu...! Je fais donc un petit détour par le haut, escalade la clôture et reprend ma route. Juste après un couple arrive et traverse le troupeau tout droit. Pas de charge du taureau. Je suis dégoûté...(de m'être embêté pour rien)...

Il fait chaud, j'en peux plus, mon sac est trop lourd, j'ai mal aux épaules; je m'arrête au premier gîte malgré le prix élevé 30$ la nuit+petit-déj (en général 17 à 20$ la prestation). On est au Royal-Aubrac! Comme diront plus tard mes copines Chantal et Martine: ...du hamac au Royal-Aubrac...! Elles, elles ont passé la nuit à la tour des anglais pour 10$ la nuit; je suis dégoûté...C'était pas cher et en plus historique! Pourquoi je ne les ai pas attendues? Pour la peine, 30 min sous la douche les lumières allumées (il faut bien justifier les 30$) puis lessive à la main et lancer de balle au chien de garde avant d'aller manger. Tata bisous...

                           Plateaux de l'Aubrac (juste après le troupeau)            -             Lever de lune au Royal-Aubrac 
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Publié le 14 octobre 2019

Ca y est! Après 1 semaine de marche, je descends dans la vallée. Le fond de l'air est chaud. On va pouvoir dormir à la belle sans se les cailler! Un panneau indiquait: "la fin de l'enfer" quand les pèlerins voyaient la vallée du Lot s'étendre devant eux; et c'est bien vrai! L'atmosphère est meilleure ici, on retrouve des chênes et des frênes, des vignes... Finie une semaine dans des lieux rudes et inhospitaliers que sont les monts du Gévaudan, de Margeride et de l'Aubrac (Notons au passage l'histoire de la "bête du Gévaudan" un loup? qui a tué 100 personnes sous Louis XV).

A St Côme je m'arrête au couvent de Malet qui fait gîte et je fais marcher le business de la famille! Pour répondre à mon cousin, effectivement le chemin me donne ce dont j'ai besoin: en arrivant je trouve posé sur une pierre un guide rother (le meilleur) qui me permet de lire l'histoire médiévale de cette ville et avant, durant la journée, j'avais trouvé sur la route un paquet de mouchoirs tout neuf et de la crème solaire! Impeccable, tout ce dont j'avais besoin...

Durant ces prochains jours en Aveyron, je ne vais pas dormir souvent dehors car à toutes les étapes il y a des accueils chrétiens dits donativo (don en espagnol) où l'on donne ce que l'on veut, et des monastères comme le plus connu l'Abbaye Ste Foy de Conques.

J'ai donc traversé la Haute-Loire, la Lozère et l'Aveyron. Le compère qui a dormi avec moi dans la paille, je l'ai recroisé à Nasbinal où j'ai compris qu'il abandonnait (même s'il n'a pas voulu me le dire), je l'ai su par un autre pèlerin (Radio Camino!). Eh oui môssieur a voulu jouer au malin, il a perdu! (tendinite + mal au genou). Par contre, aujourd'hui je me suis fait dépasser par un jeune de 20 ans qui a commencé 2 jours après moi! Et il a l'air en forme; là je suis épaté, il est dans les 35 km par jour! Peut-être que je le recroiserai demain avec une tendinite...? Je voulais dire aussi que je ne peux pas tout noter; le chemin est une expérience personnelle...

Sinon, j'ai mal aux épaules; il faut vraiment que je diminue le poids du sac... Aujourd'hui j'ai mis 0.5L d'eau dans ma poche, ça fait 1.5kg de gagné et ça se sent. Du coup je bois aux fontaines dès qu'il y en a, ce qui me permet de ne pas transporter trop d'eau avec moi parce que ça pèse l'eau! Mais un pèlerin m'a dit qu'en Espagne il faudra faire attention, il n'y a pas de point d'eau partout: on verra ça...

La fin de l'Aubrac, descente dans la vallée  - Café mis à disposition sur le chemin ds un four à pain - Couvent de Malet 
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Précédemment j'ai oublié de parler du livre d'or laissé dans le four à pain avec le café, qui permet de remercier celui qui offre mais aussi aux pèlerins de s'écrire des mots; c'est comme cela que j'ai su que Martine et Chantal étaient devant moi en lisant leur bonjour...

19 juin, dure journée. Je commence le matin par la visite de l'église de St Côme avec son clocher tors et sa porte classée monument historique avec ses 365 clous. Quand je rentre dans l'église, je met ma casquette à sécher à l'envers et je visite. Des gens rentrent, visitent et repartent. Je m'attarde un peu devant la collection de reliques et lorsque je retourne prendre mes affaires, je vois 2 pièces de 20 cents dans ma casquette. Ils m'ont pris pour un clochard! Lol.

Ensuite dure montée vers Espalion, pourtant mon guide indique vert (bande d'idiots), visite de l'église de Perse (style roman conservé, époque de Charlemagne) magnifique. Je m'arrête dans un bar à 14h, il fait trop chaud, c'est la canicule. Je me restaure et repart pour arriver à Estaing (dédicace Valéry Giscard), l'un des plus beau village de France. Vraiment chouette, on se croirait au moyen-âge. Hospitalité St Jacques-donativo- le 1er que je fais. J'en avais loupé un en Hte-Loire. Je recroise Marguerite qui avait dormi dans le même gîte que moi hier. Je me dis qu'il faudrait peut-être faire connaissance: on n'est pas des sauvages! Donc je discute avec elle mais comme je ne sais pas faire 2 choses en même temps je perds totalement mon temps pendant qu'elle a le temps de faire sa lessive, ranger, etc etc...Puis le dîner sonne. Mince! Faudra que je fasse gaffe à ça la prochaine fois!

Du coup riche journée, passage par un tronçon certifié moyen-âge, cimetière où fut tourné St Jacques La mecque puis dîner avec les hospitaliers (ceux qui accueillent) où petit Jean lance à table: "Celui qui passe l'Aubrac va à St Jacques!" Fou rire...

Eglise de Perse 1200 ans - St Jacques pèlerin - église sur le chemin - Village d'Estaing 
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Durant cette étape, je pousse un peu plus loin que ce que le guide prévoit car je souhaite faire une petite étape le lendemain, arriver tôt et profiter de Conques. Je retrouve Martine et Chantal que j'avais perdues depuis plusieurs jours, leur redonne le guide que j'avais trouvé au bord d'une croix (j'ai compris en le feuilletant qu'il appartenait à Chantal) et la crème solaire trouvée lors d'une pause à Lestrade (le four à pain...) où elles m'avaient laissé un mot! Elles me partagent leur pique-nique car je n'avais presque rien à manger et pas de boutiques ouvertes dans ce trou perdu, puis je continue seul à travers l'Aveyron, département qui me plaît plutôt bien... Je repère quelques lieux où j'aimerais vivre, traverse Espeyrac, visite l'église de Sénergues (époque carolingienne!) et continue jusqu'à un abri pèlerin que j'ai repéré sur le miam miam dodo pipi caca...😀

J'y rencontre Sébastien, 33 ans comme moi, la barbe comme moi, et qui dort dehors comme moi! L'abri pèlerin est juste un toit avec une table de pique-nique mais comble du luxe: des toilettes! On mange, on dort, lui par terre, moi en hamac. Heureusement que nous avions un toit ce soir là car il s'est mis à pleuvoir durant la nuit...

Pas beaucoup de photos car je n'ai plus de batterie ou plus de place sur mon téléphone.

Espeyrac 
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Notons que l'église de Sénergues mentionnée ci-dessus, a été léguée par Louis le Pieux, fils de Charlemagne, à l'abbaye de Conques en 819, il y a 1200 ans! Une plaque commémorative le rappelle avec une photocopie du document: incroyable, l'époque carolingienne! Au fait, hier en passant par Sénergues et Espeyrac, je me suis dit qu'il fallait noter ces deux communes car elles sont belles: des collines, des champs, des arbres, du soleil, du blé, etc: ça c'est la France!

Aujourd'hui, petite étape, mais content car il pleut donc vivement l'arrivée. Je suis rejoint par 3 pèlerins dont Marguerite et nous continuons jusqu'à Conques. Quand je vois la ville, wouah, on se croirait au Moyen-âge il y a 1000 ans: exceptionnel; toute la ville est conservée comme au Moyen-âge, pas de voitures, routes pavées, un vrai décor du film Les Visiteurs! Je me présente à l'abbaye pour le gîte et vais à la prière du midi dans la magnifique église romane exceptionnellement haute et grande pour du roman. J'apprendrai plus tard par un moine guide, que c'est la plus grande église romane d'Europe (donc du monde je suppose...). Là aussi avec la prière des moines en grégorien, on se croirait au Moyen-âge.

Le soir, il y a une animation à l'église: vêpres puis concert d'orgue par un moine organiste et enfin présentation du tympan de l'église: là aussi, incroyable conservation du tympan et mise en couleur de ce dernier par la technique moderne. Au dîner, nous avons chanté pour la première fois le chant des pèlerins de Compostelle: Ultreia! Ultreia! E sus eja, Deus adjuva nos.... (me contacter pour la mélodie). Belle journée somme toute...

Tympan de l'église romane Ste Foy de Conques 
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Publié le 24 octobre 2019

Départ de Conques... Je laisse là tous mes petits vieux et mes petites dames (Martine et Chantal) qui ont fini leur pèlerinage. Je passe devant une affiche qui dénonce la pose du compteur linky. Pour ceux qui veulent se battre je vous mets l'affiche en bas.

A la sortie de Conques, il y a une grande montée classée rouge sur mon livret. Dans la montée, je sonne la cloche dans une chapelle comme c'est la tradition... Puis je rencontre Bruno qui fait une pause. Bruno est un ancien militaire pas équipé; pas de bâtons, sac de sport rectangulaire à bandoulière, vieilles tennis... En fait il accompagne sa copine Julienne quelques jours et ne voulait pas investir dans du matériel. On fait un bout de chemin ensemble jusqu'au prochain ravitaillement dans un petit village français. Là devant l'épicerie je vois Ludwig, un allemand avec qui j'avais marché le deuxième jour. Excellent! Je le retrouve après 8 jours sans se voir! On mange ensemble et je repart. Je suis toujours le dernier. Dernier à partir le matin, dernier à partir le midi et dernier arrivé! Mais en attendant je suis toujours vivant, pas comme Arthur 😀!

Première étape à 30 km. Mon corps me fait un petit signe à 25 km avec un point dans la cuisse pour me dire d'arrêter. Je trouve un calvaire à la frontière du Lot et m'y installe. Ils appellent ce lieu "la croix des 3 évêques". Je suis en lisière de forêt, et à la tombée de la nuit j'entends dans les champs des chevreuils qui font des bruits bizarres. Je ne savais pas que les chevreuils avaient ce cri là...

Conques depuis la chapelle -  La Vendée? - Croix des 3 évêques - Hamac
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Publié le 25 octobre 2019

Ce matin je me lève à 4h du mat. J'avais calculé qu'il me fallait 6h pour rejoindre la gde ville Figeac où il y aurait la messe du dimanche: fête du St-Sacrement, pardon, solennité, j'avais complètement oublié. Je commence à marcher de nuit avec ma frontale à 4h30, l'aurore, puis l'aube, puis le lever du soleil... je passe par des hameaux super sympas; à revoir... J'aime le Lot! J'enchaîne les kilomètres et me rends compte que je marche plus vite sans forcer le matin. Avant d'arriver à Figeac, je tombe sur une branche remplie de cerises au milieu du chemin! Merci Seigneur, mon petit-dèj est servi. Je dépouille la branche et me régale de cerises. C'est super, ça vient compléter mes 3 barres de céréales et 4 carreaux de chocolat qui me restaient. Et oui, pas de ravitaillement aux heures où je passe dans les bleds. Du coup, je profite de la Providence.

J'arrive à la messe à l'heure; belle messe avec la procession du St-Sacrement, puis fête de la paroisse! Je m'invite au pique-nique, pétanque, apéro, accordéon... Trop bon dimanche. Alléluia...! Puis je rejoins le donativo du Carmel (endroit chez les soeurs où on dort et mange en donnant ce que l'on veut). J'y retrouve toute la chambre de Conques. Trop drôle, on s'est tous donné le mot! Du coup Jean-Charles fait remarquer que ça fait trop Koh-Lanta, le repos avec bon lit, douche, manger, quand on gagne l'épreuve de confort! C'est pas faux! A noter qu'on est accueillis par Régane qui nous en fait voir de toutes les couleurs: heureusement que j'ai accepté l'humiliation sinon je n'aurais pas supporté; d'ailleurs mes futurs copains Chloé et Marceau sont partis au camping après s'être fait rembarrés et Stéphanie a continué après s'être fait jetée! Super le contre-témoignage de cette laïque sensée nous accueillir...! Heureusement que je regarde à Dieu et pas à ceux sensés le représenter...

Champ de coquelicots avant Figeac - Branche de cerises tombée au milieu du chemin pour moi tout seul!
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Publié le 25 octobre 2019

Bon, il fait presque noir, je vois mal, je raconterai demain!

Le lendemain:

Aujourd'hui c'était la journée rencontres; le matin avec Marguerite, grosse discussion sur la vie, les gens, etc, au moins une heure, puis après rencontre avec Alain, un sdf qui m'offre une bouteille d'eau et qui me dit: "ce que l'on donne, on le reçoit". Je lui réponds: "la générosité est toujours récompensée"! Ensuite étape difficile sous la chaleur jusqu'à Cardhaillac, un des plus beau village de France: un fort du Moyen-âge. Puis je rencontre Eden et Patricia, des quarantenaires qui en font trente! Soit ils sont restés jeunes, soit c'est moi qui vieilli...on va dire les deux. Des gens excellents. Eden a fait le Camino francès il y a 20 ans et me donne des conseils contre les ampoules et sur les réchauds gaz tout en me prévenant qu'il y a un mort tous les ans sur le Camino et aussi un amputé si on ne fait pas attention à bien se désinfecter les ampoules...Ouah! Je vais faire attention à moi... D'ailleurs j'ai eu mal aux dents hier car j'ai une gencive qui a déchaussée faute de vitamines; je vais mieux manger à partir de maintenant, je ne veux pas revenir abîmé de Santiago! J'ai perdu mon ventre à bière, donc je n'ai plus de réserves... Il me donne aussi une adresse à Cahors: le gîte du papillon vert: "le monde des fées et des papillons colorés!" Rien que ça! Pour ce titre original j'irai là-bas! Puis je rencontre Stéphanie en quittant la commune. Elle vient de se faire jetée par Régane à Figeac et donc a poussé jusqu'ici. Stéphanie est une teufeuse convertie très sociable! Je la laisse et continue ma route car j'ai pris du retard. Je fais 5 km et tombe sur une grange avec un panneau: "amis pèlerins, cette grange est à votre disposition". Ok, c'est un signe, je décide donc de m'y arrêter pour la nuit. Je pends le hamac entre 2 poutres, fais ma popote avec le réchaud, devient copain avec le chien du voisin qui a senti le bon fillon et me couche...

Nota Bene: j'ai pris la variante Rocamadour à Figeac. Possibilité de rejoindre Cahors par GR 65 au sud, vallée du Célé au centre ou Rocamadour au nord...

Ma future maison avec piscine dans le Lot  -  Fort de Cardhaillac
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Publié le 25 octobre 2019

Cette journée a été une épreuve. D'abord dans cette variante Rocamadour, il y a très peu de points d'eau. Et l'eau c'est vital en bivouac! Donc étant à sec, je repart le matin sans avoir bu mon thé! Je fais 200m et là miracle! Un habitant a mis une table à disposition au bord du chemin avec du thé et boissons fraîches, sirop, eau. Je m'arrête, fais le plein de ma poche, me gave de sirop de menthe et repart jusqu'à Lacapelle et son magnifique château du XIIème. Là, petit-dèj et qui vois-je arriver? Stéphanie! Je lui paye un pain choc, discute avec des petits vieux qui me suivent depuis Le Puy et on reprends la route.

Ce jour là, la chaleur monte et avec Steph on commence à galérer; le chemin est interminable! En fait, ils ont un problème avec les kms dans ce pays! plus on avance, plus les panneaux annoncent de kms! Avec Steph à 15h, on tombe sur un panneau Grammat 9km et là, catastrophe psychologique! On a tellement marché sous ce soleil de plomb (canicule en France) qu'on pensait qu'il restait 4km. Donc mauvaise nouvelle... On a mis 3h pour faire 9km; on se trainait; je pense que c'eût été trop comique à voir pour l'inconnu au bord du chemin: Steph qui marchait les bâtons écartés, genre on a lancé les chevaux, à cause de ses ampoules qui lui faisaient trop mal, et moi 100m avant, écroulé par terre en train de faire une sieste et de lutter pour faire 5m rejoindre mon sac pour boire de l'eau. Bon tout est bien qui fini bien, on a réussi à arriver à l'hospitalité de la paroisse de Grammat avec Catherine une supermamie qui nous accueille chaleureusement: big up à toi Catherine; après une journée pareille, quelle joie d'être accueilli avec le sourire et du sirop de menthe!

Château de Lacapelle  -  église fortifiée  -  Born to be alive... 
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Petite étape tranquille mais bien méritée après la journée de la veille! A noter: superbe impression quand on sort de la forêt et que l'on aperçoit Rocamadour. Quelle beauté! On décide de faire un tour de la ville avec Steph. Là on croise un autre pèlerin qui nous dit que c'est Disneyland ici (à cause de la foule des touristes) et qu'il va s'éloigner de la ville et dormir dans un champ! Son surnom est tout trouvé lorsqu'on parlera de lui: Disneyland... Il nous a bien fait rire ce Yvan. Nous on décide de dormir aux portes de la ville sur un bon spot tranquille avec les toilettes publiques en-dessous (toilettes + eau). Superbe nuit étoilée, chaleur, mais beaucoup de vent qui nous empêche de dormir profondément...

Rocamadour en sortant de la forêt  -  Chapelle Notre-Dame de Rocamadour  -  Bon spot 
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Sortis du sommeil par des bruits inconnus????????

Des montgolfières sont en train d'être gonflées... beau spectacle dès le réveil...

Matinée pèlerinage à Rocamadour. Laudes-Oraison, petit tour à la poste pour jeter 1,2kg de matériel inutile: baskets, livre, polaire! puis messe et bénédictions des pèlerins: on est 4 à s'avancer (seuls les pèlerins ayant rejoint Roca à pieds peuvent s'avancer). Le prêtre nous donne une Sportelle (médaille de ND de Rocamadour). Trop cool, en plus elle est belle, en forme d'amande.

L'aprem, visite guidée du sanctuaire: je commence avec un groupe puis la guide ayant compris, par ma jeunesse et mon allure, que je ne faisais pas parti du groupe me laisse au parvis ou je rejoint mon vrai guide! Super visite, intéressante, ce nouveau guide est un passionné et parle beaucoup d'histoire: Durandal, l'épée de Roland plantée dans le roc au-dessus de la chapelle ND, toujours visible. Egalement les rois de France venus en pèlerinage ici dont St Louis en 1244 qui a prit l'habit de pèlerin et gravit les 238 marches à genoux en récitant un Ave Maria à chaque marche (il faut environ 3h pour monter) et bien sûr les miracles de ND de R. spécialement envers les marins, d'où le nombre important d'ex-voto et de maquettes de bâteaux accrochés dans la chapelle. Là, en discutant avec Marguerite, (oui la même Marguerite de Figeac; ayant marché trop vite, sa cheville a gonflée, et elle a donc fini son pèlerinage en voiture puis comme bénévole des sanctuaires), je la taquine quand le guide parle de Marguerite de Provence, femme de St Louis. Je lui dit que c'est sa sainte patronne et elle me réponds que c'est son arrière-arrière-arrière²² grand-mère. Plus exactement qu'elle est une descendante de St Louis...! Alors là, je reste bouche bée... Je parle avec la toute p'tite p'tite p'tite²² fillotte de St Louis. Truc de fou! Elle me dit qu'ils sont plein à être des descendants de St Louis; je lui réponds qu'elle est la première que je rencontre et demande un autographe. Sacrée Marguerite! Pour un passionné d'histoire comme moi (pour ne pas dire plus, comprennes qui pourra...) elle ne se rends pas compte du cadeau qu'elle vient de me faire...

Sur ce, on se sépare de tout le groupe des bénévoles et je reprends la route avec Steph à 17h. Marguerite de son balcon nous fait tata (au-revoir en calédonien). Nous lui faisons signe au son des comtesse...comtesse! Avec Steph on marche 3h de souffrance, beaucoup trop chaud (c'est la journée à 41°). On trouve une fontaine, on se lave, on explique à la vieille gueularde du village qu'on n'est pas des gosses et qu'on ne va pas gaspiller l'eau, on mange et on repart en marchant jusqu'à un abri pèlerin vu sur un panneau. On arrive de nuit avec la frontale et là, on se dit qu'il faut arriver plus tôt la prochaine fois! Steph dort sur la table, je pends mon hamac et bonne nuit tout le monde!

Montgolfières à Rocamadour... 
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Publié le 28 octobre 2019

On se lève tôt, on croise quelques chevreuils, on démarre jusqu'à Montfaucon où on s'arrête à l'épicerie prendre le petit-dèj. Là, courses puis manger sur la terrasse. Je prends 2 pains choc, j'attends au comptoir pour payer; le mec passe derrière moi, il fait ses affaires, rien à foutre du client, donc je ne vais pas courir après toi pour te donner mes petits sous; vas te faire bourrer (expression calédonienne) mec et merci pour les pains choc! De toute façon vu la marge que tu fais sur tes produits, les pains choc sont payés, t'es plus à ça près! On continue la route et arrivons à Labastide. Gros big up à ce village de France où les gens sont accueillants. Dans la rue d'abord, puis au magasin; que des sourires et des bonjours (on est en France ici)? Je discute beaucoup avec Steph cet après-midi là, puis on se sépare après le thé. Elle barre (autre expression caldoche) en stop rejoindre sa manman qui arrive à Cahors pour marcher avec elle. C'est trop mignon...! Salut à toi Steph, merci pour ces 4 jours passés ensemble et j'espère qu'on se recroisera sur le chemin...

Stéphanie

Je continue seul et voulant prendre un raccourci, je me perds, fais environ 5km en plus que prévu, sur le bitume qui plus est, puis je toc à une maison où l'on me donne à boire; puis le garçon de 15ans me raccompagne à l'endroit où se trouve le GR6. Drôle de région que celle-ci, où la variante de Rocamadour est déserte, sans point d'eau et où il ne fait pas bon sortir des clous... Faisant presque noir, je cherche un endroit pour bivouaquer mais n'en trouve pas. La forêt est impénétrable, glauque, pas terrible...je dors pas là-dedans moi... Je prie mon ange gardien de me trouver un spot pour dormir et là je tombe sur une maison avec de la musique et des coquilles St Jacques un peu partout. Je rentre, tombe sur une femme bourée (expression française), Catherine-Frédérique, qui m'accueille les bras ouverts: Oh un pèlerin, wouahahahahahahahahah.... (Vraiment les Catherines sont des femmes accueillantes...) Je demande si je peux dormir dans son jardin; elle me dit que je peux dormir dans une pièce spéciale à côté de la maison, avec lit 2 places, silencieuse, trop bien. Je prends vite mon bain dans la rivière (la pompe à eau a lâchée), et essaye de me séparer de cette dame un peu collante. Ca c'est l'alcool, j'ai connu ça aussi, mais c'est vraiment pénible pour celui qui n'est pas saoul. Heureusement, un mec arrive (son amant sûrement), il s'assied, reste là, l'occupe... J'en profite pour démarrer et rentrer dans ma chambre où je passe une nuit excellente. Merci mon ange gardien!

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Publié le 30 octobre 2019

Journée de marche vers Cahors. Je me suis levé à 7h et suis parti dans la foulée, en ayant pris soin de laisser un mot de remerciements à Catherine. Je longe le Lot et me dit que j'aime vraiment ce coin-là du Lot. Douceur de vivre, beaux paysages... Arrivé à Cahors à 14h sous une chaleur insupportable voire dangereuse, je file à la cathédrale faire tamponner ma créanciale puis me rends au gîte du papillon vert en espérant qu'il reste une place. Car oui, je ne réserve pas à l'avance, ce n'est pas dans l'esprit du Chemin... Au gîte, le mec me dit que c'est chaud mais qu'il reste un lit dans un couloir si je l'accepte. Alléluia! Evidemment que je l'accepte...J'ai un toit au frais, une vraie douche après 4 jours de débrouille, quelle question? Je paye les 14$ la nuit puis retourne à la cathédrale vénérer la relique de la Sainte-Coiffe (linge ayant servi à entourer la tête de Jésus lors de sa sépulture). Cette relique est exceptionnellement exposée au public pour fêter les 900 ans de la cathédrale. Je tombe bien...! Je passe dessous, sens une légère onction, puis rentre au gîte où je discute avec un allemand qui fait le chemin en vélo et qui est choqué des prix pratiqués en France dans les hôtels. Il me demande comment font les gens, et je lui explique que de plus en plus de personnes s'emménagent des camions pour dormir dedans (ce qui est mon projet au retour). Buen camino amigo...

PS: On parlait anglais avec cet allemand car je ne connais que guten tag, danke cheun, chaise et ich lebe dich en allemand...

Entre Vers et Cahors  -  Sainte Coiffe dans la cathédrale de Cahors 
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Publié le 1er novembre 2019

Après la messe, je quitte Cahors par un itinéraire que je regretterai car je ne suis pas passé sur le pont Valentré du Moyen-âge... Je prends la grande montée classée rouge et me dirige vers Lascabane où j'ai réservé un gîte en yourte mongole en demi-pension pour 36$. Je me lâche...

Sur la route, Carlos offre des boissons fraîches et chaudes! Grand merci à toi et à ceux qui mettent à disposition le long du chemin de quoi se désaltérer! Puis je marche avec Richard, un jeune retraité de 60 ans qui va jusqu'à Santiago en bivouac. Il me donne les bons plans pour s'acheter une tente comme la sienne 50$ les 840g et un réchaud 4$. Je suis deg... Puis je marche avec une famille dont la mère est musulmane. On parle un peu du chapelet qu'elle a vu sur mon sac puis on se sépare; ils arrivent à leur gîte. Plus tard, j'arrive aux yourtes et je m'installe. Je suis agréablement surpris par le confort de cette habitation et me renseigne pour le futur... (5000$ la yourte importée de Mongolie - 3000$ en France)! Belle discussion également avec la personne qui m'a accueilli...

Pont Valentré à Cahors - Boissons au bord du chemin - Vue hôtel 5* de Lascabane - Yourte mongole - Chien noir  
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Hourra! Stéphanie me retrouve sur la route durant ma pause. Elle est avec sa mère. Trop cool de se revoir... Elle a réussi à réparer ses ampoules grâce à un pharmacien rencontré au donativo où elles ont dormi. Le matin, j'étais de mauvaise humeur car je me suis retrouvé avec le flot des randonneurs alors que je voulais être seul, ce qui m'a considérablement énervé... Je marche avec les 2, puis continue jusqu'à la chapelle St Sernin qui est isolée et où j'ai la petite idée de dormir gratis. quand j'arrive, je vois Julienne qui a planté sa tente. Trop cool de te revoir aussi Julienne; je ne t'ai même pas reconnue après 8 jours! Elle me prête son matelas gonflable et je m'installe dans la chapelle. Trop bien...!

Pigeonnier de l'époque  -  Chapelle St Sernin où j'ai passé la nuit 
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Publié le 1er novembre 2019

Arrivé à Moissac après une longue étape inintéressante et pénible, je visite le fameux cloître du XIème siècle. Vraiment beau! Vous vous rendez compte: 1000 ans! Je découvre aussi des reliques de St Jacques (c'est bien la peine d'aller jusqu'à Santiago s'il y a ses reliques ici...)

Puis je sors de la ville avec Julienne pour trouver un bivouac. On fait 4 km et on se pose au bord d'un chemin avant la forêt, dans de l'herbe juste coupée. Pareil, elle me prête son matelas pendant qu'elle monte sa tente. Je vais dormir à la belle étoile. Je suis en mode machine car souvent j'arrive tard et il faut manger, se préparer, avant la nuit...! Ce soir là, en parlant des pèlerins que nous avons croisés, Julienne m'apprends qu'Allan avait abandonné à Nasbinal... Wouah, c'est génial cette radio Camino, je ne l'aurais jamais su sinon...

Le matin, je dis au-revoir à Julienne et je trace par la variante des collines, car je ne veux pas faire demi-tour pour rejoindre la variante plate le long du canal, ce que je regrette instantanément; mais trop tard maintenant, je continue...

Julienne 
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Publié le 1er novembre 2019

Je marche seul... Je laisse des mots dans les églises où je passe pour Stéphanie qui est derrière. Méthode à l'ancienne mais très efficace; je l'apprendrai par la suite! J'ai rdv ce soir en donativo dans une famille. Je passe la frontière du Gers et un campagnard m'offre un verre de menthe dans sa maison au frais avec son gros chien. Il est jeune retraité et me fait penser à mon père... Puis il me fait visiter l'église du village qui abrite un trésor: les reliques de St Antoine le Grand, le premier des moines, dans le désert d'Egypte, qui a vécu 105 ans (251-356 ap JC). Il m'explique aussi que ce village est une ancienne fondation des Templiers... Sans lui, je serais passé devant tout ça sans y prendre garde...Merci l'ami...

J'arrive à Flamarens vers 18h, épuisé par la longue journée et la chaleur. Au loin j'aperçois Richard qui continue...Pas grave, je le rattraperai bien le lendemain... Xavier m'accueille et sa femme Isabelle soigne mon ampoule énorme sous le pied gauche à base d'une éponge plate avec un trou à l'emplacement de l'ampoule pour la décharger. Bonne technique... Le lendemain, je ne la sens plus. C'est trop agréable de marcher sans avoir mal...

Avant la tombée du jour, Xavier rentre les oies qu'il a dressé. Excellent ce petit spectacle, je ne savais pas qu'on pouvait dresser des oies... Elles rentrent chacune à leur tour en fonction de leur taille... On chante Ultreia avant de se coucher... Deuxième fois que j'entends ce chant des pèlerins...

église St Antoine le Grand avec ses reliques en bas à droite dans la lumière 
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Publié le 2 novembre 2019

Je marche seul. Plus un pèlerin en vue! Ce qui me permet de réfléchir... Et je me dit que je vais arrêter les donativos car malgré la gentillesse des gens, je ne me sens pas libre, il y a des horaires à respecter! Donc maintenant: hamac!

A 9h, j'arrive dans un petit village français et des petits vieux m'invitent à boire café (expression calédonienne) avec gâteaux et tout et tout... Ils parlent fort et ils m'agacent! Au bout de 3 semaines de marche, je me suis apaisé et je suis sensible au bruit, car plus à l'écoute de moi-même et de mon instinct (Dieu en moi). Et je me rends compte que les gens de notre société française sont énervés et énervants...

Le soir, au bout de ma vie, en train de chercher un endroit tranquille dehors où passer la nuit, je tourne la tête à gauche et je vois une personne en bivouac. Je m'approche, c'est Clotilde, une pèlerine qui a repris le chemin à Moissac cette année. A ma grande surprise, elle est en hamac! Trop cool... Quand je lui dit que moi aussi je suis en hamac, elle est étonnée et trouve ça trop bien. Je monte le hamac pendant que Clo se propose de me préparer la soupe, étant donné qu'il est déjà 21h et que la nuit va vite tomber le temps de monter le camp.

Après on discute, ça fait trop du bien de parler avec qqun après une journée de solitude. En plus la fille est drôle. On rigole bien, elle me vanne sur ma soixantaine car je prends des sucrettes dans ma tisane, mais par contre elle admire mon sens de me mettre bien en bivouac: hamac avec moustiquaire, petit tapis pour les fesses, sucrettes (car plus léger que des morceaux de sucre), alcool de menthe ricqlès pour me remonter!

La nuit tombe, on allume les frontales, on se donne les bonnes infos refuges, donativo, communautés, pour la suite et on se couche.

Compostelle 999 km soit disant?-fleurs et champ de blé-ville de Lectoure-hamacs au lever du jour (Clotilde's hammock at the back)
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Magnifique collégiale de La Romieu classée au patrimoine mondial. Passage à Condom puis arrêt dans la cité médiévale de Larressingle. J'ai fait un petit détour mais je ne regrette pas! Une ville du Moyen-âge conservée avec ses tours à créneaux, ses douves, son pont-levis; incroyable cette conservation. Je bivouac dans un espace public et me couche par terre dans l'herbe, caché dans un coin. J'ai très bien dormi!

Larressingle 
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Ce jour là, je pars à 6h15 du matin dans le but de faire une longue étape car c'est ce qui est prévu dans le guide et il y a un donativo qq km + loin que la fin de l'étape. Je rencontre sur un banc derrière l'église de Montréal (du Gers, pas du Canada) Chloé et Marceau, un jeune couple d'environ la vingtaine qui fait le chemin complet Le Puy-Santiago, comme moi. Depuis Moissac, le peu de gens que je rencontrent veulent aller jusqu'au bout; ça fait plaisir..! On sympathise (en fait ça fait plusieurs fois que je les croise en disant bonjour tout simplement; cette fois je vais plus loin). Ils me racontent qu'ils ont passé la borne des 1000 km avant Santiago. Je suis deg, je ne l'ai pas vu c'te borne mais discussion appronfondie, zéro regret (un peu qd même) puisque j'ai pris le détour qui m'a ramené après la borne.

Du coup, je marche avec eux et prends leur rythme. De vraies machines! On avale les kms comme des mm's. On est des oufs! Soit-dit-en passant, ça m'arrange bien de les suivre car je prends leur rythme et ils font le lièvre (sans eux, je ne crois pas que j'aurai été au bout de l'étape) merci à eux!

Après Eauze, je fuis la féria et continue pour trouver le chalet du bonheur, mais je me perds, fais demi-tour puis revient et repart: le gros bordel... Je m'en veux car après 40 km de marche, c'est pas le moment de se louper. Je gueule tout seul et me pose à une table mise à dispo sur le bord du chemin. Les gens me donnent un jus d'ananas bien frais. Alléluia... Je me calme, demande mon gîte, et le petit vieux me réponds que c'est un peu plus loin à 1 km. Meeerde (avec l'intonation de papa Jean). C'était bien la peine de m'exciter, j'avais juste à demander!

J'arrive au gîte (de son petit nom: le chalet du bonheur), me pose, vais prendre ma douche dans la maison laissée ouverte pour moi (les proprios sont partis à la fête d'Eauze), monte le hamac dans le jardin et me couche. Je passe une super nuit, les gens rentrent dans la nuit mais je ne les vois pas. Donc je laisse un petit mot le matin pour les remercier et je démarre. Merci à vous les gens pour l'accueil, la maison ouverte et la soirée pépère tout seul que j'ai passé chez vous! Je ne connais pas vos visages, mais vous avez un grand coeur...

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Comme tous les dimanches, messe à 10h30. Je me lève au chant du coq et pars à 7h du chalet du bonheur. Je suis un peu juste sur l'horaire alors j'essaye d'avancer. Le petit-déjeuner s'impose sous le porche d'une chapelle. Je propose un thé à une allemande qui fait le chemin avec son chien en autonomie (elle dort en tente). Pendant qu' elle visite la chapelle elle dit à son chien de ne pas bouger. Le chien s'allonge et attends sa maîtresse: ils sont forts ces allemands avec les chiens! Je constate qu'il porte un chausson; et oui! sur le chemin, même les chiens ont des ampoules!

J'arrive à 10h35 à la messe à Nogaro mais ils étaient en retard, seulement au chant d'entrée: Alléluia! A Nouméa, si t'arrives 5 min en retard, tu te retrouves à l'homélie..! (la seule fois où je suis arrivé en retard, ils avaient commencé en avance). Je vois qu'il y a des wallisiens dans l'église, je les reconnais à leur genre de pagne et à leurs tongs! Ils sont partout ces wallisiens!

Bref, après la messe je sors, et qui est-ce que je rencontre sur le banc derrière l'église? Chloé et Marceau! Alors ça, trop bonne surprise. Je mange le repas dominical en leur compagnie; ils sont crevés de l'étape de la veille, du coup, ça m'arrange parce que je veux marcher doucement aujourd'hui. Je poursuis avec eux et on se retrouve à la sortie d'un bois devant un gîte trop beau. Du coup, la flemme de continuer, on décide de s'arrêter là; ils prennent le gîte, je donne 5$ pour dormir à la belle chez eux et profiter des sanitaires, et on se repose... On s'occupe des ampoules, manger, lessive, la base quoi...

Pauv'e bête... 
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Il y a des jours où il ne se passe rien. C'est un peu ça aujourd'hui. A part une gd-mère qui nous donne des abricots, la piscine d'Aire qui reste fermée, une bière avec Marceau puis vêpres et repas avec la communauté du chemin neuf. Rien d'exceptionnel... C'est aussi ça le Camino, des jours normaux...

Ah si! Aujourd'hui j'ai rencontré Lucie, une fille qui est partie de Moissac et qui veut aller à Santiago. Radio Camino m'en a parlé toute la semaine, ce qui m'a considérablement gavé, donc bien content de mettre un visage sur ton prénom, Lucie... En effet, je n'aime pas quand on me force à rencontrer qq'un, aussi super soit-il... Pour moi, les rencontres sur le chemin doivent se faire sur le chemin, sans les prévoir à l'avance; c'est la Providence!

Aujourd'hui, je souffre physiquement avec un gros coup de pompe. Je deviens blanc, obligé de m'assoir; mon collègue de chambre me dit de manger du sucre... Je subis les 45 km d' il y a 2 jours, maintenant. Je savais bien que je ne sortirai pas indemne de cette journée et c'est pour ça que je m'étais énervé...

A part ça, à noter qu'on vient de rentrer dans les Landes après avoir traversé la Haute-Loire, la Lozère, l'Aveyron, le Lot, le Tarn et Garonne, le Gers, soit 6 départements, nous voilà au 7ème puis au 8ème demain avec les Pyrénées-Atlantique (Béarn et pays Basque). Donc côté français, j'aurai traversé 8 départements au total.

Avec Marceau et Chloé, on se dit que ce serait trop cool d'être à St Jean-pied-de-port pour le 14 juillet (feu d'artifice + fête). On met tout en oeuvre pour ça. Ca tomberait bien; on fêterait la fin du chemin, partie française, avec un beau feu d'artifice!

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Je marche seul. Ce matin, je suis allé visiter l'église Ste Quitterie avec la visite guidée. J'ai bien aimé. La guide m'a raconté l'histoire de Ste Quitterie (princesse wisigothe décapitée à cause de sa foi et qui aurait ramassé sa tête pour aller dans son tombeau). Puis je prends la route vers 11h après les courses et la fontaine Ste Quitterie. A signaler: les gens des Landes ne sont pas trop aimables; j'ai eu une altercation avec le caissier qui m'a pris pour un clochard débile à cause de ma grosse barbe (déli de faciès).. C'est comme dans le Lot avec une gd-mère gueularde... et dans l'Aveyron où un paysan a totalement ignoré mon bonjour en tirant la gueule... E****** d' zoreilles... Dur, dur le retour au pays...

Ensuite je marche le long de champs immenses de maïs et m'arrête à la chapelle de Sensacq pour passer la nuit en renouvelant l'expérience de la chapelle St-Sernin. Je l'avais repérée sur un guide. Heureusement pour moi, elle est ouverte et attenante au cimetière, ce qui veut dire: point d'eau! C'est tout c' qui faut... Un toit et de l'eau pour la popotte... J'installe mon lit en prenant 3 bancs que je mets côte-à-côte puis je bois ma tisane et me couche en écoutant un drôle d'animal qui se cache dans la chapelle; impossible de deviner quel est ce bruit. Mystère...


Tombeau (Sarcophage) de Ste Quitterie - Chapelle de Sensacq 
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Jour seul... Je passe par un pont qui était censé être fermé. J'avais eu une discussion la veille avec des pèlerins et c'était un peu prise de tête car les gens du coin disaient que personne ne pouvait passer par ce pont, ce qui obligeait de faire un détour de 16 kms, soit environ 4h de marche si on est en forme. Pour éviter le stress inutile, je suis parti de cette discussion en me disant que je verrai demain (à chaque jour suffit sa peine...) et que s'il le fallait, je piquerai un sprint à travers le pont (selon mon raisonnement, les mecs du chantier ne s'y attendraient pas et n'auraient pas le temps de réagir et de me courser...) Cela dit, il n'y a pas eu besoin d'utiliser ce stratagème car le pont était ouvert aujourd'hui aux piétons (c'était bien la peine de se prendre la tête! Ah les gens pfffff..... ils parlent trop pour rien dire, ils se créent les problèmes tout seuls...) En attendant, merci la Providence, je passe entre les mailles du filet...

A noter que des jeunes sur un chantier un peu plus loin me demandent si j'ai pas trop chaud à marcher. Je leur réponds que si, mais que eux aussi doivent avoir chaud à travailler... Je suis touché par cette petite attention (en France, c'est rare de nos jours...)

Le soir en arrivant, je prends bien soin de désinfecter mes ampoules; la discussion avec Eden sur la route de Rocamadour a porté ses fruits... Je prépare ma popotte avec mon gaz, je m'installe sur une table de pique-nique à côté de la chapelle, je nettoie mes pieds à l'eau froide au robinet du cimetière (il y a toujours de l'eau potable dans les cimetières en France 😉), puis je décide de dormir dehors sur la pelouse derrière la chapelle; cette dernière me semble un peu lugubre et je ne le sens pas... Du coup, je m'endors avec les étoiles et les bruits de la nature...

Sur le chemin dans le 64... avant Sauvelade
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Publié le 4 décembre 2019

Ce matin, je me fais surprendre par Jacques l'ancien, un papy de 69 ans, que je croise tous les matins quasiment depuis Moissac. En effet, lui s'arrête tôt et commence tôt et moi tard et commence tard😀. Du coup l'un dans l'autre, on a le même rythme! Un peu plus loin, je m'arrête chez un anglais tombé en amour du chemin et qui a acheté une maison dessus et qui propose une halte spirituelle: prière, café, photo du pèlerin pour agrémenter sa collection, blabla... Pas mal cet arrêt... Puis je continue...

Trop de chaleur, plus les jambes; je stoppe à l'abbaye de Sauvelade, prends une douche en cachette mais me fait balancer par les jeunes du village qui préparent une fête: tout se sait dans le village... Je paye donc 5€ de frais de douche et de droit de bivouac (on est revenu au temps des seigneurs où il faut payer un droit de dormir dehors 😦). Je mange avec les pèlerins au gîte puis vais au bord de la rivière monter le camp.

Soit-dit en passant, on est encore passé entre les mailles du filet aujourd'hui: le pont était ouvert aux piétons mais pas hier et la fête au village à Sauvelade est demain et pas aujourd'hui! Ouf!

Abbaye de Sauvelade  -  Hamac au bord de la rivière 
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Aujourd'hui je pars à 5h30 du matin après m'être réveillé naturellement à 4h40. J'ai très bien dormi en hamac! Au point que je ne savais plus où j'étais le temps d'une seconde lorsque je me suis réveillé. Sur la route, au soleil levant, je m'arrête dans un garage mis à disposition pour boire un café. J'arrive ensuite à Navarrenx, visite l'église avec une scoute qui sert de guide, trouve 10€ dans un étui à lunette oublié, puis prends du ravitaillement. Là, un mec me tombe dessus et me parle de sa communauté! Cela me touche, je passerai voir ça à mon retour! Son nom est Azriel. Puis je poursuis la marche avec un chien du village qui me suis quelques temps.

4ème jour seul, ça devient long... Vers 13h, je me pose sur une aire de pique-nique ombragée et là un pèlerin hirsute me rejoint. C'est vrai qu'au premier abord cette barbe de 3 mois me repousse un peu. Le paradoxe c'est que je suis comme lui! Il s'appelle Tobias et est allemand. Il est parti le 1er avril de chez lui à Berlin. C'est un ouf! 3 mois et demi de route déjà! Après la sieste, je continue à marcher avec lui, je vois qu'il en a envie lui aussi... On passe l'aprem ensemble à discuter en anglais et on prends un bain mémorable dans une rivière à côté d'un pont; avec cette chaleur c'est trop bon... Ensuite à Aroue, on se fait offrir une bière chez l'habitant, devant le chemin, étant donné que le seul ravitaillement est fermé pour cause vacances! Merci Angèle pour la bière, ça fait vraiment du bien en pleine canicule. Avec Tobias on se dit au-revoir, lui, il fait du 40 km/jour. On se reverra à St Jean-pied-de-port ou à Santiago le 15 août!

Remparts de Navarrenx - Baignade avec Tobias - Tobias au moment de se quitter 
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Publié le 20 janvier 2020

Lever 5h05 / Départ 6h. La mise en route est longue, je souffre un peu aujourd'hui. J'apprendrai plus tard que ce tronçon est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO comme certitude du passage des pèlerins du Moyen-âge. lls devaient bien galérer les pèlerins du Moyen-âge sans notre équipement et sûrement moins bien nourris. En parlant de ça, je n'ai pas pu me ravitailler la veille car la seule épicerie était fermée donc il ne me reste plus qu'un crouton de pain (au sens réel du terme!) Jacques l'ancien me rejoint, je lui expose mon problème; il me propose de partager sa salade. A 9h on s'arrête sur une table de pique-nique et on partage nos victuailles: pain, salade, thé! Je sors mon réchaud pour faire le thé et Jacques apprécie le thé chaud du matin et moi j'apprécie vraiment sa salade de thon! Le peloton des pèlerins nous rejoint et je fais connaissance avec les nouveaux! Un papy du village, curieux de tout ce monde, s'approche avec sa fourche et se met à discuter avec un allemand assis derrière moi; il lui parle d'Hitler (car il a connu la guerre), ce que, je le vois, agace l'allemand, mais, il reste fair-play et prends sur lui, pour continuer la discussion...

Après, je continue avec Lucie, on passe par la stèle de Gibraltar (lieu où les 3 chemins du Puy, du Vézelay et de Tours se rejoignent). Puis on se repose à la chapelle en haut d'un mont avec une vue à 360° sur les Pyrénées: trop beau. Le coup de fatigue du matin est parti..! L'après-midi, je croise des moutons, avec le berger en quad devant (c'est beau la technologie 😉) et le border collie derrière le troupeau, à faire son travail de va-et-vient pour rassembler les bêtes! Je le regarde amusé, tellement il fait bien son travail cet animal... Tout-à-coup!, une brebis s'arrête sur le bas-côté pour brouter un peu d'herbe. Mal lui en prends! Le chien, voyant cet affront, se met derrière elle et lui assène un aboiement de sommation. La brebis se remet direct dans le troupeau, sans essayer de gratter encore un peu d'herbe: à mon avis, elle sait qu'il n'y a pas deux sommations avant la morsure à la patte arrière!!! Je reste un peu scotché par cette scène cocasse en les regardant s'éloigner, puis reprends mon chemin.

Le soir, j'arrive au refuge rudimentaire pour pèlerins, portant leurs sacs uniquement. Wouah! çà rudimentaire? Mais c'est 4 étoiles! Un toit, propre, 4 lits, une table, un point d'eau… C'est tout c'qui faut! Je mange avec Jacques l'ancien et Christophe, écris ces quelques lignes, puis vais profiter un peu du paysage, avant de partir tôt demain matin, pour finir la partie française du chemin par la messe du dimanche à St-Jean-pied-de-port, puis le soir fireworks: feux d'artifices!

Séance photos devant la stèle de Gibraltar - Refuge rudimentaire pour pèlerins 
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Je démarre le premier à 6h10 à la frontale. Je croise un basque, rentrant ses vaches à l'étable, qui me dit d'aller bivouaquer un peu plus loin de ce que je pensais, sur la prochaine étape dans les Pyrénées; parce que c'est trop magnifique le paysage. Je le remercie! Les conseils d'un autochtone sont toujours les bienvenus. J'arrive à St Jean-P-d-P pour la messe de 11h en basque: pas mal… Puis je pique-nique et trouve mon gîte, où je retrouve Lucie et la bande: Jacques l'ancien, Christophe, etc...

Le soir on va à la fête au village du 14 juillet. Avant çà, les basques ont chanté un chant local dans le gîte et les passants s'arrêtaient dans la rue pour écouter l'animation impromptue. C'était bien.

On se pose en terrasse, on commande des bières et le DJ lance la sono… Sur des grands classiques, on danse le madison, puis le rock et enfin sur Coton Eyed Joe, la chenille avec les jeunes de la colonie de vacances... Qu'est-ce que j'm'éclate! J'aime trop cette fête au village!!! A 23h feu d'artifice, puis on rentre se coucher; demain, y en a qui commencent tôt...

Croix prise à 6h30 du mat.-Plus de batterie, donc si vous voulez des photos de St Jean-Pd-P, veuillez vous orienter vers internet.