Premier jour à Pokhara, deuxième ville touristique du Népal après Katmandou et devant Lumbini. C'est la ville qui marque le début de la plupart des treks vers les plus hauts sommets du monde. C'est la ville des sports à sensation aussi, avec du parapente, du saut à l'élastique, du rafting etc. C'est aussi un lac immense autour duquel la ville s'est construite. Et c'est autour de ce lac que je voulais randonner.
Premier jour donc, levé de bonne heure par les bruits de la circulation alors que je pensais rester un peu au lit pour récupérer de la journée intense à Lumbini. Je fais une lessive, l'étends, il est encore tôt. Allez zou, je fais mon sac, je me prépare et c'est parti pour le tour du lac.
Première direction à prendre, la pagode de la paix, sœur jumelle de celle de Lumbini, située sur un sommet au dessus du lac Phewa. Mais avant ça, il faut déjà bien marcher parce que c'est complètement à l'opposé par rapport à mon hôtel.
Jusqu'à la fin du quartier de Lakeside, rien à dire, il suffit de suivre tantôt le lac, tantôt la route, tout va bien si ce n'est le nombre encore impressionnant de personnes qui mendient, proposent des services en tout genre. J'ai même eu un gamin qui m'a abordé en me demandant si je voulais être son ami. La conversation a coupé court quand au bout de 10 minutes de discussion je lui ai dis qu'il pouvait m'accompagner s'il avait envie d'aller à la pagode mais que je ne lui donnerai rien en échange. La dessus, ma famille est pauvre, j'ai rien à manger, et 10 secondes après il avait disparu. Malheureusement je commence à avoir l'habitude... Je continue donc ma route et, à la sortie d'un parc, une femme me demande si je vais à la pagode. J’acquiesce, sur quoi elle enchaîne en m'expliquant la route.
Première étape donc, franchir les escaliers ci contre situés sur un parking à la sortie de Lakeside. Ensuite on suit le chemin de pierres ou la rivière, les deux arrivent au même endroit, le premier pont suspendu à franchir. Quand il y a moins d'eau, il y a aussi moyen de traverser la rivière par une sorte de petit barrage mais il faut passer devant des habitations.
On recommence à suivre le chemin jusqu'à longer une sorte de caserne de police et arriver devant des bureaux nommés Nepal Tourism Board. On peut soit traverser le petit parc si les bureaux sont ouverts, soit longer sur la droite de la clôture. On suit à nouveau le chemin qui traverse des parcs, qui arrive dans des culs de sacs, demi tour et on reprend le chemin à côté. Plusieurs personnes m'ont indiqué plus ou moins la route, en me disant que ce n'est pas sécurisé, qu'il y a des voleurs etc. Je continue jusqu'à arriver à l'entrée de la forêt. Ici, un gars d'une vingtaine d'années environ commence à marcher avec moi, à discuter, me dire qu'il connait des gens en France, etc etc. Bon, on est dans la forêt, j'ai beau ne pas être un petit gabarit, je ne ferai pas le fier si je tombe sur deux ou trois gars qui parlent dans une langue que je ne comprends pas du tout. Je le laisse donc m'accompagner en me doutant bien qu'il y aura un moment où il va me demander une contrepartie. Vu que je commence à connaitre le truc et que je ne veux pas être trop méchant quand même, je prends les devants en lui demandant ce qu'il attend en échange de son accompagnement. Ce à quoi il me répond, 20 ou 30 dollars ou euros. C'est bien il accepte les deux ^^. Je lui réponds donc que c'est bien trop cher et que je ne peux pas mettre autant, que de toute façon je n'ai pas cette somme sur moi. Je lui dis qu'il me reste simplement 5€ que je n'ai pas dépensé avant de partir, ce qui en plus est vrai. Il a l'air déçu mais continue de m'accompagner. Peu de temps après, il s’arrête en me disant qu'à partir de là le chemin est simple et je peux pas me tromper. Comme promis je lui donne mes 5€ et il repart en sens inverse pendant que je continue ma montée vers la pagode.
Au final je remarque qu'il y a des petits rubans bleus accrochés dans les arbres un peu partout, ce qui devait permettre aux étrangers de ne pas se perdre à la base. Mais beaucoup sont maintenant par terre donc je pense que les locaux ont vu une occasion de gagner un peu de sous en accompagnant des gens méfiants et pas trop sûrs du chemin et qu'ils ont essayé de faire disparaître au moins une partie du "balisage".
La suite du chemin est assez pentue, je vois simplement au loin deux jeunes népalaises qui sont en train de monter par un autre chemin, je préfère rester sur le mien pour ne pas me perdre et me fie à mon GPS pour la direction de la pagode. A part ça je n'ai croisé que des singes. Donc je ne sais pas si ces histoires de voleurs sont fondées ou non, les récits que j'ai lus disent tous qu'ils n'ont croisé personne non plus... Pour ceux qui ne veulent prendre aucun risque, la montée peut aussi se faire entièrement par la route.
Encore un dernier effort et me voilà enfin arrivé en vu de la pagode. Une dernière montée à travers une série de bars et restos qui profitent de l'attraction de ce lieu touristique pour prospérer. C'est bien la sœur jumelle de Lumbini, même type de construction, les statues de Bouddhas sont simplement dans des positions un peu différentes. Le panorama sur le lac et la ville de Pokhara est aussi impressionnant. On prend un peu plus l'ampleur de la grandeur de la ville, malgré les nuages et la pollution.
Je reprends ensuite le chemin en direction de la tour de Pumdi qui est censé être un autre point de vue magnifique sur les environs, et en profite pour faire quelques nouveaux clichés de la pagode et du lac.
Je croises l'arrivée du chemin que ceux qui commencent la montée par la traversée du lac en bateau empruntent. Au passage, une autre porte pour accéder à la pagode, avec les horaires d'ouverture.
Je continue donc mon chemin et tombe sur un embranchement. Le temps de sortir mon téléphone pour regarder sur le GPS, je relève la tête et je vois qu'un homme est assis sur le mur devant chez lui et me regarde (il n'y était pas quand j'ai sorti mon téléphone!). Il me sourit, Namasté, me demande où je vais et me dit que les deux chemins y vont mais celui de droite est plus court et surtout que je n'y croiserai pas de voiture contrairement à l'autre. Je le remercie et il me propose un thé en me disant qu'il est déjà prêt, juste à le faire réchauffer. Etant en plein apprentissage pour être un peu plus méfiant, je décline d'abord la proposition, il insiste en m'assurant qu'il ne demandera rien en échange. Je me laisse donc tenter en me disant que ce sera une expérience de plus, qu'au pire, pour un thé il ne me demandera pas grand chose. Il vit dans une petite maison construite juste avant la falaise et a une vue magnifique sur le lac et Pokhara, et donc sur les neiges éternelles en arrière plan quand le ciel est dégagé. On discute un moment pendant que je bois mon thé, je le remercie et reprends ma route.
Sur le chemin, je croise un papy qui paraissais là pour admirer le paysage. A mon passage, il m'indique que le chemin est toujours le bon, pour le coup il n'y en avait qu'un donc j'avais pas vraiment de doute! Finalement il se lève, semble se coucher sur un tas de feuilles et se redresse avec un sacré paquetage sur le dos. Il m'a suivi pendant un moment, a fini par ralentir, puis j'ai dépassé deux femmes, du même age environ, avec des paquets similaires sur le dos. Vu la pente, c'est pas un mince effort !
Arrivé en haut, la tour est en travaux et donc fermée! Je ne m'attarde pas et continue donc en direction de l'ouest pour finir de faire le tour du lac.
En repartant de la tour, je prends un petit chemin qui descend en contrebas de la route, tombe sur un groupe de femme qui me regardent arriver en rigolant. Il n'y a que la plus jeune qui a l'air de comprendre et parler anglais, et ça a l'air de l'amuser un peu de voir dans quelle galère on est à pas arriver à se comprendre. Je comprends finalement qu'elles me disent que le chemin ne débouche que sur de la jungle et qu'il n'est pas possible de descendre par là. Demi tour encore une fois, je reprends la route normale et traverse quelques villages vraiment isolés. Il y a des avantages et des inconvénients à cela. Certains vont vouloir être gentils, vous proposent un thé à boire, vous indiquent le chemin, il y en a même un qui m'a donné une tige de bambou pour m'en faire un bâton de marche. D'autres vont profiter du riche touriste blanc qui arrive pour exhiber leur pauvreté, sortir les pauvres petits enfants et demander à manger, de l'argent... Bref, je continue mon chemin et tombe sur des paysages différents. Je commences à voir des rizières un peu plus vertes, en cultures.
La descente s'amorce, je croise encore plusieurs personnes à qui je demande mon chemin. Je me trompe encore quelques fois, à nouveau quelques demis tours. Je commence à m'inquiéter un peu parce que l'heure tourne et je voudrais rentrer avant la nuit. Hors pour le moment la descente est amorcée, mais ça descend pas beaucoup pour voir ce que j'ai monté au début et la hauteur que j'ai encore par rapport au lac.
Je croise encore quelqu'un alors que la route ne semble pas prendre la bonne direction, qui m'indique une sorte de chemin en pierre qui semble démarrer en contrebas de la route. Ça me semble être la bonne direction donc je m'y engage et pour le coup, ça descend pour de bon. Par contre, moi qui pensais accélérer un peu dans la descente pour regagner un peu de temps, c'est loupé. Le chemin est fait d'un assemblage de pierres placées sur la tranche. Ça doit être très pratique pour les véhicules en hiver quand il y a de la neige, mais pour les chevilles c'est vraiment pas rassurant. Et les escaliers, on en parle? Ils chaussent du combien les népalais? Parce que je sais que j'ai des grands pieds mais j'étais obligé de viser pour poser ne serait ce que les 2/3 de ma chaussure sur les marches. Du coup, ben je suis allé moins vite en descente qu'en montée....
L'avantage c'est que cette fois ça descend pour de bon, et je finis assez vite par arriver sur des paysages plus plats, presque au niveau du lac et de la rivière qui l'alimente.
J'avais lu sur internet le récit de quelqu'un qui a trouvé une sorte d'embarcation construite sur des tonneaux et attachée à une corde que les habitants ont construit pour traverser la rivière. Soit j'ai pas de chance, soit personne n'est au courant, soit cette embarcation n'existe plus, mais en tout cas je ne l'ai pas trouvée. J'ai quand même essayé de m'aventurer sur le début des marécages car ils paraissaient assez secs, j'y voyais même des vaches en train d'y paître. Finalement pas moyen d'en ressortir sans avoir à traverser la rivière et impossible de voir la profondeur de celle ci. Même si les passages ne font qu'environ deux mètres, je préfère éviter de prendre le risque et fait donc demi tour pour retrouver la terre ferme et un chemin. En continuant sur ce chemin, j'ai fini par arriver à un croisement dans un village et j'ai aperçu des écoliers en train de rentrer à pied et qui venaient de la direction des rizières qui semblaient à sec. En effet, il y a à cet endroit, des chemin qui passent entre les rizières et permettent de rejoindre la route de l'autre côté de la vallée. Après encore quelques kilomètres, je rejoins la route, encore 2 kilomètres et je suis rentré à l'hôtel.
Ce que j'avais prévus comme une bonne petite mise en jambe s'est donc finalement transformée en bonne rando bien costaud. Ci dessous, le tracé et le profil de la rando. La partie manquante n'est que le long du lac, aucune difficulté.
J'en avais plein les jambes en rentrant et une seule envie, m'affaler sur mon lit. J'ai quand même trouvé le courage d'aller manger dans un petit resto qui m'avait interpellé la veille, le Natural Mystic. C'est un hôtel/restaurant tenu par un français, marié avec une népalaise qui fait le service et du coup parle un très bon français et le comprend parfaitement. Ils ont à dispo une petite librairie avec notamment des guides du Népal et des cartes type IGN. Il sont aussi un principe de solidarité qui est de rajouter 150 NPR à sa note pour offrir un Thali ( plat typique népalais avec du riz et toute sorte de légumes) à un sans abri. Le principe m'a bien plus, j'ai donné en espérant qu'ils soient de bonne foi.
La journée suivante s'est passée en deux temps. Le matin à rattraper le retard accumulé sur le récit du voyage. L'après midi une "simple" promenade dans Pokhara, que je pensais tranquille et qui finalement faisait environ 7km. Avec la rando de la veille dans les pattes, ça n'a finalement pas été de tout repos. Une bonne tranche de rigolade quand même avec un népalais qui gérai les passagers d'un mini bus et à voulu m'y faire monter plusieurs fois. Au final je suis arrivé en même temps qu'eux là où je voulais aller donc on a bien rigolé.
Au final, j'en avais encore plein les jambes, demain j'essaye de rester un peu tranquille.