Me voilà donc arrivé à Probolinggo sur les coups de minuit. Mon hôte est encore debout comme prévu et m’accueille après une ultime chevauchée sur une moto taxi locale négociée à 15 000 IDR au lieu des 20 000 demandés au départ. Je prends juste le temps d'une douche et me couche tout de suite pour pouvoir partir directement le lendemain pour Cemorolawang, aux portes de la caldeira du Mont Bromo.
Réveillé au petit matin, je pars faire un tour en ville pour quelques courses et voir si je ne peux pas trouver un tarif plus intéressant que les 100 000 IDR proposés par mon hôtel pour la location du scooter. Après avoir demandé à plusieurs endroits et n'ayant pas vraiment d'adresse où chercher, il semblerait qu'il y ai finalement peu de loueurs de deux roues dans ce quartier. Je décide donc de me rabattre sur la solution de mon hôte et demande un départ un peu plus tôt et la possibilité de revenir un peu plus tard que prévu, ce qui me permettra de passer plus de temps au Bromo.
Je prépare mon paquetage pour cette expédition avec en tête la mésaventure du Prambanan et prévois quelques affaires de rechange en cas de lavage intensif intempestif. Une fois prèt, me voilà donc sur la route en direction du petit village de Cemorolawang, où j'ai réservé une chambre dans la Bromo Otix Guesthouse qui est une des mieux notées du village puisqu'à priori, les habitants connaissant l’attrait touristique du volcan, ne font pas beaucoup d'effort pour améliorer la qualité de l'offre hôtelière.
Ici encore, la route se passe sans accroc, même si quelques gouttes me forcent à m’arrêter le temps de mettre mon imperméable mais rien de comparable à l'orage de Yogyakarta. Je ne verrai même pas le barrage qui, à priori, demande un droit d'entrée dans le village. Je ne sais pas s'ils étaient à l'abri, de peur de la pluie, en pause déjeuner, ou simplement si je n'y suis pas passé. En effet, à deux endroits la route contourne deux petits villages, à priori mis en sens unique, mais j'ai suivi une moto et une voiture conduites par des indonésiens qui passaient par ce sens interdit, tout droit dans ces villages. Si le péage se situe sur un de ces deux contournements je ne suis donc juste pas passé devant.
Arrivé à la guesthouse en même temps que la pluie, je dépose mon scooter dans l'arrière cour et prend possession de ma chambre pour la nuit. Je m'attendais à quelque chose de très sommaire mais la chambre est agréable, propre, le lit confortable et les couvertures en nombre suffisant pour palier aux différents courants d'air passant à travers les fenêtres ou la porte d'entrée. Je prépare un sac avec quelques affaires et pars en quette d'un endroit pour manger un morceau. Je finis au Cemara Indah, qui surplombe la caldeira du Bromo et offre ainsi une magnifique vue sur ce dernier. Je passe le repas à scruter le ciel, en quette de signe pour savoir si les nuages arrivent ou repartent, si l'orage guette ou si le temps va rester un peu dégagé comme à présent. Je décide finalement après manger de faire l'ascension cet après midi, comme prévu au départ, afin d'avoir un peu plus de temps au petit matin pour profiter des premières lueurs du jour plutôt que de devoir enchainer les deux.
Ayant trouvé pas mal de renseignements sur internet sur l'existence d'un chemin permettant de contourner le passage payant dans la caldeira, je me mets en route pour trouver le chemin dit "des poireaux". Il est très bien indiqué sur Maps.me et je finis par le trouver sans difficulté. La descente vers la caldeira est un peu ravineuse et glissante mais sans réelle difficulté.
Arrivé dans la caldeira, le volcan est toujours aussi loin, mais il parait bien plus trapu, plus impressionnant que vu d'en haut. Un nuage blanc s'échappe régulièrement du cratère, comme pour nous rappeler que lui est bien toujours éveillé, contrairement aux volcans que j'ai l'habitude de gravir dans la chaine des puys.
Le temps est toujours nuageux et menaçant, mais toujours pas de pluie à l'horizon. Je m'élance donc dans cette étendue de sable noire qui paraît interminable jusqu'au pied du Bromo. L'avantage d'être en saison des pluies, s'il doit y en avoir un, c'est que le mélange de cendres, sable et poussières, qui compose le sol, et qui d'habitude reflète énormément la chaleur et est très volatile, est beaucoup plus lourd et humide. La traversé se fait donc dans des conditions moins difficiles que ce que j'ai pu lire en ligne.
Arrivé au pied du volcan, le spectacle continue. Entre les sillons creusés par les différentes éruptions puis par les pluies, et les sculptures faites par les locaux, l'atmosphère est particulière.
La deuxième partie de l'approche se fait sans aucune difficulté si ce n'est de gravir le nombre impressionnant de marches jusqu'au sommet.
Arrivé en haut, le spectacle est saisissant. Ce trou béant au fond du cratère, d'où s'échappent des nuages blancs aux odeurs soufrées d’œuf pourri, qui laissent entrevoir de temps en temps l'eau bouillonnante où ils se forment. La plupart des touristes s'arrêtent ici, prennent quelques photos, et redescendent directement.
Mais comme je ne suis pas la plupart, je décide d'entamer un tour du cratère, comme on le ferait sur nos bons vieux volcans à la maison. La première moitié me permet d'apprécier le spectacle encore plus grandiose de ce côté. Non seulement par la vue, avec le Batok en toile de fond, mais aussi parce qu'on s'éloigne du bruit de la civilisation et des innombrables motos et jeeps qui viennent déposer les nombreuses personnes ayant opté pour des tours organisés juste au pied du volcan. De ce fait, on peut entendre le bouillonnement de l'eau au fond du cratère. Cette sensation est sans pareil.
Comme je le disais, la première partie, jusqu'à environ la moitié du tour, se passe sans difficulté, le chemin est bien tracé, il peut y avoir un peu de dénivelé mais rien de bien difficile, et un des meilleurs points de vue que j'ai trouvé est celui qui est exactement à l'opposé des escaliers, sur un des points les plus hauts du cratère.
C'est à ce moment là que les nuages ont décidés qu'il était temps de rompre le silence et de déverser leur contenu. Me voilà donc, avançant sur un chemin au sommet d'un volcan, au dessus d'un cratère, et sous une pluie battante et de plus en plus forte.
Le tiers suivant du chemin est un peu plus raviné, mais reste assez visible et praticable. La progression se fait sur les anciennes coulées de lave encore bien distinctes, ravinées par les eaux. Au bout d'un moment, environ un tiers du tour plus loin, au niveau d'un autel dressé sur le bord du cratère, le chemin devient moins lisible, et fini même par s'effacer. Pensant que ce n'est que temporaire, et étant déjà bien avancé dans le tour, je préfère continuer dans la même direction. Après de multiples passages pas très conventionnels, je finis par rejoindre les escaliers pour redescendre alors que la pluie commence à diminuer.
On a pas vraiment l'habitude d'entamer une randonnée ou d'aller profiter d'un paysage quand il pleut, mais je ne regrette en rien d'avoir passé une partie du temps sur le cratère avec la pluie battante. En effet, une fois arrivé aux escaliers, quand j'ai pu me concentrer sur autre chose que mes pieds, j'ai été saisi par la vue et le son des innombrables torrents formés par la pluie et qui vont se déverser dans le cratère. La sensation est difficilement descriptible. Il faut imaginer une énorme rivière qui s'engouffre dans une galerie souterraine.
La descente par les escaliers se fera sans aucune difficulté, il suffit de faire attention à ne pas glisser et aux nombreuses marches manquantes. Une fois en bas c'est une autre histoire. En effet, le chemin passe normalement au travers d'un ancien couloir de lave, qui s'est aujourd'hui transformé en un joli torrent bien déchainé.
Je suis rapidement rejoint par deux jeunes indonésiens qui se sont fait surprendre par la pluie eux aussi. Étant donné que la pluie diminue et que de toute façon on ne peut pas être plus trempés, on rigole de la situation en se demandant comment on va bien pouvoir traverser.
Un homme employé par le parc du Bromo nous voit depuis l'autre côté, et après avoir rigolé avec nous de la situation se met en quette d'un moyen de nous faire traverser. On regarde un peu en amont mais le torrent est encore plus fort et parfois des pans de sable se détachent à la manière des icebergs dans les pôles.
Finalement, on trouve un passage en aval, un peu moins profond et où le torrent diminue un peu en force. On traverse donc tous les quatre, main dans la main en formant une chaine au cas ou l'un de nous tomberait.
Arrivés de l'autre côté, on en rigole encore un bon coup avant de vider le contenu de nos chaussures et reprendre le chemin vers la caldeira. Les deux jeunes montent sur le scooter avec lequel ils sont venus, je prends la direction du chemin qui ressort à côté de l'hôtel pour être directement dans le village plutôt que de ressortir un peu loin avec le chemin des poireaux.
Une fois rentré à l'hôtel, je prends une douche tiède qui parait être chaude, je ressortirai un peu après pour manger un morceau au Warung Pondok dont j'avais trouvé l'adresse sur de nombreux blogs. Je ne serai pas déçu puisque le repas est très bon et ne me coutera que 15 000 IDR.
Retour à l'hôtel, réglage du réveil à 2h30 pour démarrer à 3h afin d'avoir une place aux premières loges pour le lever de soleil.