3 h 30 d'avion contre 23 h de bus, j'ai craqué, j'ai pris l'avion ! Tant pis pour mon empreinte carbone pour cette année... le voyage est amusant car, ayant une escale, j'ai pu observer 3 aéroports bien différents ! Le premier à Ilhéus est tout petit, vieux, sans climatisation, on est entassé dans une salle d'attente à plafond bas, bref un peu un aéroport de cambrousse ! Mais il est apparemment en cours de réfection. Le contraste est grand avec l'aéroport hyper moderne de Belo Horizonte, tout est très bien organisé, lumineux, des indications partout, même une projection colorée par terre qui vous indique quand et où attendre dans la file pour l'embarquement...
Lors de ce premier voyage j'ai pu discuter avec ma voisine Carla, qui revenait d'un stage de yoga-surf, partant pour la première fois seule. Elle a été très inspirée par mon voyage en solitaire. On a parlé de tous les bienfaits de ce genre d'aventures. Arrivées à Belo Horizonte, la correspondance étant très courte, elle m'a accompagné à ma porte d'embarquement. Toujours, la gentillesse des brésiliens ! Puis j'atterris à Rio de Janeiro, à l'aéroport Santos Dumont situé au coeur de la ville ! Cet aéroport est l'équilibre des deux précédents... on sent qu'il date un peu mais tout fonctionne bien !
Et oui, a cidade maravilhosa, Rio de Janeiro, n'a pas volé ce titre, j'ai déjà pu m'en rendre compte avec l'arrivée en avion au dessus de la baie. Puis en montant le lendemain au sommet du Pão de Açúcar par le trilha du Morro da Urca.
Rio est lovée dans cette baie, entourée de ces curieuses montagnes à la fois rondes et abruptes, beaucoup de verdure, la mata atlantica, les plages de sable blanc, les eaux turquoises.
Trilha du Morro da Urca, vue sur la praia Vermelha et la baie de GuanabaraLa montée du deuxième tronçon en téléphérique, vues superbes sur Rio
À Rio, je retrouve mon amie Paula, rencontrée à la Vale do Capão. Elle m'invite à loger chez elle et à vivre Rio comme une carioca, quelle chance ! De plus, elle habite un quartier très agréable, proche de l'université, dans un appartement à la vue imprenable !
Variations sur le Cristo Je me délecte chaque jour d'admirer ce Christ Rédempteur qui est parfois semi-caché dans les nuages, parfois illuminé de différentes couleurs, parfois se détachant dans le coucher de soleil, parfois un ange dans le ciel la nuit.
Je m'amuse à le saluer d'en bas, lorsque je marche dans les rues de Rio, car il n'est jamais bien loin et le regard peut toujours tomber dessus ! Il semble protéger et embrasser la ville avec bienveillance.
Je me sens bien ici ! Avec l'expérience accumulée, quelques indications de Paula au niveau de la sécurité, mais aussi une confiance qu'elle me donne, je peux marcher dans les rues de Rio, apprécier la beauté des édifices, mélange de passé et de nouveau. Surtout, j'admire les immenses arbres dans les rues, qui doivent être plusieurs fois centenaires ! Aussi les trottoirs pavés noir et blanc qui me rappellent Lisbonne et Salvador.
Petit marché ambulant en bas de chez Paula, université de pesquisas físicas, Oi Cristo !
Grâce à Paula et ses amis, (Arnaldo, Junior, Magia, Malu, Kenia... ) je peux vivre ce séjour de l'intérieur, du point de vue des cariocas, pas seulement d'une touriste. Je suis très heureuse et reconnaissante de pouvoir vivre cette expérience.
Voici plusieurs moments passés en leur compagnie :
Un dimanche au parc de Flamengo, où le boulevard devient piéton ce jour-ci. Les gens fêtent des anniversaires sous les arbres où tout est installé avec soin, dans la rue les rollers, les promeneurs, les rosalies (avec toujours le phénomène des gens qui crient dedans !) se baladent... je remarque que beaucoup de personnes portent la camisa rouge et noir du club de football Flamengo, normal ils vont jouer la finale aller de la coupe du Brésil le soir même contre les Corinthians de São Paulo !
Nous on est installé dans l'herbe, à prendre l'apéro, se reposer de la fête d'hier et de la bonne marche sur la baie pour arriver au lieu du pique-nique. Les discussions sur tous types de sujets vont bon train. Ça me rappelle les pique-niques genevois entre amis ! Puis nous allons déjeuner/dîner dans un vieil établissement du quartier Lapa, l'un des plus vieux restaurants de Rio, réputé pour sa cuisine simple et savoureuse.
Marche le long de la baie avec vue sur le pão de Açúcar. Plage de Flamengo, la rue rendue aux piétons ! Amigos ! Je parlais de fête plus haut... ah ça ! Rio est une ville très festive et j'étais à la bonne école avec Paula et ses amis qui aiment faire la fête ! De plus, il y a un jour férié lors de la semaine de ma visite, une occasion de plus de sortir !
Au cours de ces soirées, nous allons dans divers endroits de la ville, notamment la plaça São Salvador, qui n'est pas connue des touristes ! Dans le kiosque il y a des musiciens qui jouent du jazz, tous les gens dansent, il y a des bars qui entourent la place, mais la plupart des gens prennent leurs boissons à emporter et boivent dans la rue.
Puis, il y a toujours une roda de samba quelque part, même parfois plusieurs au même endroit. Les musiciens sont amplifiés, la ronde autour est cheia, parfois je n'arrive pas à voir les musiciens tellement il y a de gens ! Tout le monde danse et surtout chante, se donnant à coeur joie dans l'énergie de la samba.
Tiens, à propos de samba... j'ai pu assister à la dispute entre les Baianais et les Cariocas où chacun prêche pour la naissance de la samba dans sa ville ! Moi, de ce que j'ai compris c'est qu'il y a deux styles différents et que les uns et les autres sont tout autant attachés à leur carnaval et la samba qui en découle.
Roda de samba na rua Pour qui voter le 30 octobre ? Lula bien sûr ! Un soir, sur la route d'un lieu de fête, on profite d'aller à l'escalier de Selarón, car Junior n'y est jamais allé... J'aime bien aussi être l'élément déclencheur de visites touristiques que les habitants ne prennent pas toujours le temps de faire !
Escadaria Selarón Une autre expérience festive à la carioca, c'est que le temps d'une soirée, j'ai délaissé le club Vitória pour soutenir les Flamengo ! (À part ça Paula m'a déconseillé de porter ma chemise jaune et verte jusqu'aux élections, on pourrait penser que je suis bolsonariste !)
J'ai assisté dans un bar au match retour de la coupe du Brésil avec les amis de Paula. Quelle ambiance ! Les cris de joies à chaque but (dont 2 refusés), le silence de plomb lors du but de l'adversaire. Ils sont vraiment à fond ! Quelle tension jusqu'aux tirs aux but finaux et... l'explosion, la délivrance, l'euphorie lorsque la victoire est bien pour les Flamengo ! Et bien sûr, la fête s'en suit !
Parabéns Flamengo Autre fête : nous avons célébré le dia dos professores avec les parents de Paula. Son père est professeur de portugais. Célébration sur la place de São Francisco autour de bières bien fraîches !
Paula com sus pais Paulo e Susana, e Wagner um amigo professor da familia e eu, professora também!
Rio c'est aussi les plages bien sûr, avec des noms mythiques tels que Ipanema et Copacabana. J'aime aussi la plage de Leme qui est la plus proche de l'appartement de Paula. D'ailleurs, quand elle et ses amis travaillent en home office, on peut se retrouver un moment là ! C'est la source d'énergie de nombreux cariocas.
L'eau était agitée à Serra Grande, mais ici encore plus ! Du coup, je me contente de recevoir l'eau debout, incapable d'entrer réellement dans l'océan ! Mais c'est vivifiant et agréable tout de même. Sinon sur la plage j'observe les gens, les joueurs d'altinha : sorte de football qui se joue à 4 ou 5 disposés en cercle, le but étant de faire le plus de passes possibles sans que le ballon touche terre et sans utiliser les mains, les vendeurs de plages (nombreux !) qui proposent des boissons fraîches ou des nourritures variées préparées devant vous, j'admire l'ingéniosité des équipements comme par exemple de mini-barbecues portatifs ! Et j'admire aussi leur travail difficile de marcher toute la journée dans le sable, sous la chaleur, à porter des choses lourdes, parfois comme des équilibristes !
Copacabana, Leme Enfin je suis fascinée par l'océan, la puissance de ses vagues, comment elles se déroulent, où elles se cassent... j'observe les baigneurs, ceux qui restent au bord, ceux qui s'aventurent un peu plus loin, ceux qui prennent les vagues comme des surfeurs mais allongés, sans planche !
Le seul bémol de ces magnifiques plages de sable blanc à l'eau bleutée sont les déchets laissés par les gens sur la plage. Tous ne le font pas, mais j'ai tout de même observé plusieurs personnes laissant leur déchets à leur place en partant... du coup c'était toujours un peu difficile de trouver une place sans déchets, ou du moins qui ne m'incommodent pas trop... espérons qu'il y ait de plus en plus de conscience pour profiter de ces endroits magnifiques en les laissant vierges des (mauvaises) traces des hommes...
Ipanema, Arpoador
Rio, c'est la nature omniprésente, avec ses grandes forêts, les arbres dans les rues, les parcs... j'ai passé un long moment dans le magnifique Jardin Botanique. On s'imagine bien à l'époque des colons, un jardin qui allie nature et histoire.
En plus des plantes, j'ai vu des insectes, reptiles et oiseaux. Un arbre à toucans, une procession de fourmis, un iguane traînant
Rio, c'est le quartier de Santa Teresa et son célèbre bondinho, seul tramway historique restant dans la ville. Ferrue de transports ferroviaires je l'ai donc pris avec plaisir, puis j'ai parcouru les ruelles du quartier bohême à la découverte de l'art de rue, en compagnie d'Adriana, touriste uruguayenne rencontrée dans le tram. Puis je continue ma visite vers l'escalier Selarón, cette fois vu de jour. C'est un enchantement d'observer toutes ces faïences et d’y retrouver des lieux et des clins d'oeil à l'Europe.
Dans le bondinho Santa Teresa : verdure, poésie et couleurJe mange dans un restaurant dans une magnifique ancienne maison coloniale. Depuis le bondinho, j'ai pu observer qu'il reste de très belles villas à Santa Teresa. Mon almoço est accompagné par la belle musique populaire brésilienne interprétée avec talent.
Restaurant Casa Nossa, largo do Guimarães Avant de redescendre de la colline, je tombe sur un cinéma d'art et d'essai qui diffuse le film brésilien "Marte um" sélectionné pour concourir pour le meilleur film étranger aux Oscars. Vamo lá !
J'ai beaucoup aimé ce film qui racontait l'histoire, les rêves, les difficultés de chaque membres d'une famille de la classe moyenne basse de Contagem. Et j'ai tout compris ! C'était une belle expérience immersive !
Ambiance rétro En rentrant, au terminus du bondinho, je fais la connaissance de deux cariocas, Lelia et Cassia, avec qui nous discutons bien et nous décidons de continuer nos conversations autour d'un café ou d'un bon suco. Elles sont bibliothécaires, elles me racontent leurs activités et, comme souvent, les lieux que je pourrais visiter. Avec tous les conseils des brésiliens glanés en chemin, il me faudrait une seconde année sabbatique pour visiter uniquement le Brésil ! 😉
Puis elles m'aident à faire des emplettes, trouver du bon café pour Paula et une crème pour moi en pharmacie contre les démangeaisons. Et oui, ce n'est pas toujours facile d'avoir le vocabulaire et d'expliquer en détail les soucis de santé...
Elles ont bien aimé la broche que m’a offert Paula !
Autre visite touristique recommandée par Paula : le musée do Amanhã. À la sortie du métro je me retrouve dans les ruelles envahies par les marchands de babioles, les piles de vêtements (beaucoup de camisetas des Flamengo) posées à même le sol, beaucoup de gens partout, je me faufile dans la foule.
Le contraste est grand arrivée à la place du musée où il y a d'un coup beaucoup d'espace et moins de personnes.
Le musée est passionnant, de plus je tombe sur une exposition de Sebastião Salgado, photographe brésilien, que je connaissais avant en ayant vu le film "Le sel de la terre" de Wim Wenders (je recommande !). Cette exposition sur les paysages d'Amazonie et les peuples indigènes qui y habitent est très touchante. Et très bien conçue, on se sent plonger dans cet univers.
L'exposition permanente du musée est tout aussi intéressante, intéractive, dans une spatialisation originale.
Et bien sûr l'architecture du bâtiment est très étonnante !
Je trouve que tous les musées que j'ai visité apportent des connaissances dans des endroits agréables, souvent de manière ludique, on apprend sans s'ennuyer !
Rio, c'est la musique, un centre important pour la culture brésilienne.
J'ai eu la chance de tomber par hasard sur un festival de musique en traînant les oreilles dans un parc en rentrant d'Ipanema. Le festival Ecoando tient place ici, des musiciens jouent de cours sets, dans des styles de musique très variés, toujours de qualité. Dans la file pour les boissons je rencontre un américain, et un brésilien avec son adorable petite fille, il a habité Paris et il aime parler français, alors on se met à discuter, tantôt en français, tantôt en anglais lorsque Dany l'américain se joint à nous. Nous avons divers points communs qui nous réunissent, c'est amusant.
Avec Bruno et Helena Après un moment ils doivent partir, je reste à écouter encore un peu, puis vient l'interlude. Je m'apprête à partir mais une musique de samba que j'aime bien me retient et je me dis que je vais quand même écouter au moins le début de l'artiste suivant. Comme j'ai bien fait ! Je suis restée scotchée par la qualité de la musique et de la personne qui n'était rien d'autre que Geraldo Azevedo, un des chanteurs les plus connus de MPB. Je suis impressionnée par sa présence, seul sur scène, du haut de ses 77 ans (je l'ai lu plus tard sur Wikipedia !), sa musique magnifique, son jeu, sa voix, son énergie communicative… Et puis aussi le discours vibrant pour rassembler les gens, retrouver, être fiers de la culture brésilienne... ponctué par l'assemblée chantant la chanson "Oleee ole ole olaaaa, Lulaaaa, Lulaaaa !"
Festival Ecoando dans le Parque Garota de Ipanema, Geraldo Azevedo, statue de Tom JobimUn soir, chez les amis de Paula, Junior me dit que je ne peux pas quitter le Brésil sans connaître la musique funk. Alors le voilà à diffuser les clips sur la télé, à me montrer tous les artistes en dansant et en chantant, on a bien rigolé ! J'avoue que je n'ai pas vraiment de penchant pour ce style de musique, mais c'était intéressant de connaître cet art né dans les quartiers populaires. Et pour bouger et s'amuser c'est pas mal ! Et aussi pour sortir son côté rebelle ! 😉
Délire ! Enfin il y a eu la superbe surprise de Paula, qui a réservé des places au Teatro Municipal pour un show de Gilberto Gil.
Le lieu est de toute beauté, pour Paula et la plupart de ses amis c'est la première fois qu'ils s'y rendent. La musique est sublime ! Gilberto Gil accompagné de ses deux nietos a transporté tout le théâtre ! Alternant musiques plus intimes et plus festives. Tout le monde chantait en coeur, c'était vibrant ! Quel grand artiste...
Et puis le public n'a pas manqué de chanter la chanson pro Lula et de scander "ministro, ministro !" Sacrée ambiance !
Et ce concert m'a transporté à Genève, me remémorant le show de Gilberto Gil au parc La Grange que j'ai pu écouter avant de partir. C'était différent mais tout aussi intense !
Et après le show, que fait-on ? La fête bien sûr ! D'autant plus que c'est ma dernière soirée ici... Paula et ses amis m'emmènent dans des lieux typiquement cariocas.
Fête dans la rue, roda de samba. Les habitudes festives des cariocas.Et voilà, je termine cet article par un grand merci à mon amie Paula qui m'a permis de vivre ce séjour à Rio de Janeiro avec beaucoup de joie, de fête, d'amitié, de coutumes cariocas... un séjour très enrichissant, empli de bonne humeur dans cette ville merveilleuse !
Obrigada Paula ! Et vive la Chapada Diamantina et la vallée do Capão qui sont des hauts lieux énergétiques de rencontres !