au loin se dessine le poste frontière mauritanien, comme celui du Maroc, tout en élégance 😉
j'ai mon visa pour ce pays, pris à Rabat (il m'a couté 350 dh en 2014, il en coûte maintenant 1200 ... et se prend à la frontière)
je passe à pied la ligne, rejointe après une grosse 1/2 heure par mon taxi.
la route est belle maintenant et nous filons sur Nouaddhibou
changement d'uniformes : de magnifiques "guerriers" maures, en tenue de camouflage et en chèche kaki qui ne laisse montrer que les yeux nous contrôlent aussi fréquemment que du côté marocain.
la route est belle, mais l'environnement est souvent assez "pouilleux", malgré tout c'est le désert et le dépaysement joue à fond.
le vent se lève, le sable pénètre dans la voiture : mes co-voyageurs mettent ilico un chèche noir sur la tête et le visage ... vision étrange d'une femme au milieu de 4 hommes en chèches noirs .... si je prenais une photo et l'envoyais en France, ça ferait presque peur (vu l'ambiance en France à ce moment là)... mais je n'ai aucun souci de sécurité et suis tout à fait sereine.
c'est ça les voyages : ça aide aussi à dépasser les apparences.
de dromadaires en dunes et de dunes en dromadaires, nous arrivons à Nouadhibou.
au bout du bout du sable, une ville un peu surréaliste.
on dirait des blocs d'un jeu de construction jetés là d'en haut, genre je vide le sac de légos sur un tapis.
le tapis, c'est le sable, les légos, ce sont les maisons.
des routes qui finissent en piste
des quartiers qui n'ont de nom que l'ordre dans lesquels on a construit le robinet du point d'eau accessible à la population.
"au 3° robinet, à droite, vous trouvez ....." .. ou vous ne trouvez pas, d'ailleurs, j'ai beaucoup tourné dans Nouadhibou.
une ville à un étage, aux maisons ou boutiques couleurs pastel : bleu, vert, rose, jaune layette.
j'avais depuis Tan Tan vu ces couleurs dans les rues, mais jamais autant.
des boutiques sont sans panneaux d'indications de quoi que ce soit, il faut ouvrir le battant de fer qui protège la boutique du soleil pour savoir ce qui se vend ici.
le CAP BLANC
le cap blanc, ses phoques moines, ses vautours fauves, ses falaises, ses pêcheurs et le thé sur le sable
Nouadhibou : c'est aussi un port minéralier qui ravitaille les bateaux avec le minerai de fer venue de Zouérate par le train.
un train de 2km de long
si vous avez l'âme voyageuse et la bourse vide, vous pouvez emprunter ce train gratuitement :
- à l'aller, à vide, assis au fond des wagons;
- au retour, plein de minerai de fer, assis sur le minerai, bientôt enfoui jusqu'à la taille et bouffant de l'escarbille en veux tu en voila. Apporter ses lunettes de ski ou son masque de plongée, les escarbilles adorent vos yeux !
A Nouadhibou, je prendrais un petit bus pour me rendre à Nouakchott. Aucune femme dans ce bus. Ma pomme. je suscite la curiosité, on ne me parle pas, mais les yeux sont parlants, eux, et je me sens vite assez mal à l'aise. C'est la première fois que je sens autant de réprobation mêlée à l'étonnement.
L’étonnement je suis habituée, je le pense légitime, la réprobation, beaucoup moins.
Jamais ni au Maroc, plus "haut" ni "plus bas" en Afrique noire, au Bénin et Togo, que je connais, je n'ai senti ces regards sur moi. La femme, je le verrais plus tard lors du petit séjour que je ferais à Nouakchott et dans les villes mauritaniennes le long du fleuve Sénégal, n'a pas vraiment droit de cité dans l'espace public. Et l'opinion que l'on porte ici aux femmes occidentales n'est pas vraiment bonne .... "Tout ça tout ça" dans ces regards qui vrillent et vous dénudent. Du nouveau pour moi.