la pirogue marchande mettra 10 heures à arriver à Karimama, débarquant ses marchandises tantôt côté Niger, tantôt côté Bénin.
cette balade nous a plongé comme dans un rêve. enfin un truc que l'on traverse un peu comme dans un brouillard.
la nuit tombant le fleuve, nous voyons peu à peu s'allumer les feux dans les villages au long des berges, les fumées monter au dessus des cases, les gens vaquer à leurs dernières occupations de la journée. rentrer les bêtes, preparer le repas ..... tout est calme, quasiment sans bruit depuis le fleuve. Irréel.
la pirogue continue dans la nuit. Ici et là, elle se dirige vers le rivage, on voit les hautes herbes s'ouvrir (pas de chemin ni trace visible de quoi que ce soit). les herbes s'ouvrent, et apparaissent des habitants, avec une carriole à bras, ou une charrette tirée par des bœufs. On décharge. tout le monde participe à la manoeuvre, les hommes aident les villageois. des colis semblent manquer ? tout le monde cherche, tout le monde y apporte son grain de sel. C'est joyeux.
Puis les charrettes disparaissent dans la nuit, les herbes se referment, et la pirogue repart.
C est de nouveau le silence sous les etoiles.
Comment le batelier s'y retrouve t-il ? comment sait-il que c'est à ce point précis qu'il faut s'arrêter ? aucun signe, du moins pour nous.
nous finissons par arriver à Karimama, en pleine nuit : aucune lumière, aucun signal, pas de ponton, juste la rive herbeuse.
depuis notre "fond de cale", on s'inquiète bien un peu 😉 :
pas de maison, pas de bruit ...
nous demandons au batelier : Karimma est à 30 minutes de marche... il nous confie à deux vieilles mama. débarquement et .... les deux mamas filent à un train d'enfer. On a peine à suivre. Elles marchent à pas rapides, sans lampe, juste la lueur de la lune. On a envie de laisser tomber la course et de nous effondrer là, au pied d'un cocotier.
nous continuons malgré tout, cavalant derrière les anciennes, et nous finissons par arriver au village. Les deux vieilles dames vont réveiller un homme qui possède une mobylette, il doit nous conduire à l'auberge communautaire. Une chance qu'elle existe, car nous ne connaissons aucun hébergement et aurions du dormir à la belle etoile. Rien sur les guides papier, rien sur le net ... inch Allah avions nous dit, on trouvera bien quelque chose. Allah nous a entendues.
la mobylette nous charge toutes les deux (plus le chauffeur bien sur). Elle n'a pas d'éclairage et je tiens une grosse lampe électrique au dessus de la tête du conducteur , pour éclairer le chemin.
On se sent vraiment sur une autre planète.
arrivée à l'auberge, le jeune gars reveille (encore un que nous dérangeons) le gardien !
Auberge communautaire plutôt sympa, propre, lits faits avec draps nickel, mais sans eau ni électricité : qu'à cela ne tienne, on nous apporte à chacune une grosse lampe à piles, un bidon de 25 litres d'eau pour la toilette, et une grande bouteille d'eau minérale pour boire. Que demander de plus ?
la douche est la bienvenue (au seau, il s'entend), et on sombre dans un sommeil réparateur.
le lendemain nous trouvera toutes les deux en forme, .... mais il est où le village ? 😀
nous arrivons à trouver le chemin et nous retrouvons au centre de la petite localite. Nous payons nos nuitées au chef de village.
Karimama est un gros bourg situe dans un environnement de type sahélien. Isolé. pas de touristes dans ce coin. L'auberge sert essentiellement aux voyageurs béninois et nigériens.
Nous passerons une petite journée et rentrerons le soir sur la plateforme d'un camion à Malanville.
ce qui nous a frappé à karimama :la présence des talibés. C'est la seule fois que nous en verrons au Bénin, où cette pratique est interdite. Ce sont, nous dit on, des enfants qui viennent du Niger :ils vont et viennent des deux cotés de la frontière pour effectuer de petits travaux agricoles. Ils sont en loques, ils mendient toute la journée leur nourriture. Ils sont incroyablement gentils, doux , c'est une pitié que de voir cela (j'en ai rencontré déjà en Mauritanie, le pire de ce que j'ai vu étant le Sénégal, une honte).
nous attendrons l'après midi pour qu'un camion parte vers Karimama : une plateforme en plein air sert de taxi brousse.