un "raid" au nord du Bénin : Parakou-Malanville-Karimama : en bus, en pirogue marchande, en camion.
Février 2012
8 jours
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Bénin, Cotonou, c'est mon second séjour.

6 mois de prévu dans ce pays qui m'a tant plu lors d'un premier séjour, l'année dernière.

Agnes vient me rejoindre en février, pour quelques semaines. Une fois visités les sites du sud du pays, il nous prend des envies d'ailleurs.

je ne connais pas encore le nord-est du pays.

Nous décidons alors de nous rendre à Malanville, et si possible à Karimama, tout au nord de l'Alibori, à la frontière nigérienne.

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nous partons de Cotonou, par un bus ATT : place de l'étoile, 7 heures du matin, (7000 FCFA).

la place se remplit peu à peu. dans l'air frais du matin, nous respirons d'aise dans nos tee-shirts, mais beaucoup de béninois sont habillés comme pour un depart pour les pistes enneigées : doudounes, bonnets, des gants parfois. Les bébés disparaissent dans leurs lainages tricotés et les couvertures.

tout au long du trajet nous jouissons du spectacle de la rue, des commerces, des villages et des maquis, des beaux paysages.

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la ville de Parakou, porte du Nord de l'Alibori, vit doucettement sous le soleil. Pas de touristes, et ambiance paisible.

nous y avons passé deux nuits et une grande journée, dormant au centre GUY RIOBE. les hébergements des congrégations catholiques sont souvent des bons plans en Afrique : propres, sécurisés et peu chèrs. Guy Riobé ne fait pas exception.

la rue de Parakou me parait marquée par l'espace. Larges avenues, places immenses. Nous aurons de grands plaisirs tout simples dans cette ville belle au bois dormant.

une anecdote : nous sommes allées faire une halte"petite bibine" dans un café. celui ci avait un beau jardin, joli décor végétalisé en retrait de la poussière de la voie. on a fait s'éterniser ce moment. Puis la nuit est tombée, vite comme partout en Afrique, et nous avons eu envie de diner.

Dans le coin, on avait rien vu. Nous demandons un conseil à la jeune patronne de ce café, et nous disons qu'on aurait eu plaisir à diner chez elle, car c'était bien sympa son havre. Ni une ni deux, elle nous propose d'aller nous chercher des plats.

OK ! c'est parti pour deux "poulets frites" venant de je ne sais pas où, dégustés avec les doigts dans un charmant jardin. Evidement arrosés de "béninoises" bien fraiches.

voila comme j'entends le commerce : elle et nous gagnantes.

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Malanville est une ville "étape pour les transports de farines et de grains de provenance du Niger vers le Bénin, de matériaux divers montant du Bénin ("état entrepot" de la région, du Benin vers les pays au Nord).

la seule route passe par Malanville, et selon la rapidité des opérations en douane, les files de camion stationnent des heures, mais plus souvent des jours, le long de cette route.


nous arrivons à Malanville un soir à la nuit, et nous nous en remettons à un zem pour nous trouver un hotel "pas cher". La notion du pas cher étant variable selon les niveaux de vie de chacun, nous sommes arrivées dans un hôtel .... on va dire curieux. Certes pas cher, encore que le lendemain nous avons payé je pense beaucoup plus cher que les locaux.

notre home d'un soir

le lendemain nous quittons cet endroit quelque peu insalubre, pour gagner un sympathique point de chute, confortable et charmant.

le relai du soleil


vraiment un très bon plan, trouvé au débotté.

relai du soleil

à l'entré de Malanville - hyper clean - joli (bien decoré beau jardin avec piscine)

pour

12000 F la double. avec le petit dejeuner.

229 93 28 10 17

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le but ultime

nous allons rôder sur le fleuve, aux alentours de la zone d'embarquement des pirogues, et nous nous renseignons pour savoir s'il est possible de rejoindre Karimama.

les gendarmes sont présents, très vigilants. ils sont une sorte de bonasse police des frontières, l'aspect bonasse pouvant cacher beaucoup d'efficacité. Nous allons partager les trois planches qui leur servent de bureau, Nous nous en ouvrons à eux de notre projet. Ils sont bien étonnés mais : "oui, c'est possible".

néanmoins nous hésitons .... de retour à l'hotel, on se dit qu'on est un peu peureuse, qu'il faut se lancer. s'il y a du trafic marchand avec karimama, c'est qu'il n'y pas de soucis particuliers.

du coup on retourne au "port", on débusque une pirogue, on marchande le prix du passage ! re-passage chez les gendarmes.

ils nous adresse au propriétaire d'une grande pirogue. On négocie le prix du passage. ce sera 5000 par tête de pipe.

c'est parti ! 😀


La premiere des choses est de s assurer du ravitaillement. Nous nous achetons , comme les femmes qui vont embarquer, une sorte de seau en plastique, avec couvercle, que nous remplissons de pain, d'oeufs durs, de quelques tomates, de petits gateaux et bonbons.

(photo du web). de toutes les tailles de toutes les couleurs.

Lors de nos arrêts-déchargement nous achèterons, qui rive beninoise des beignets, qui rive nigerienne des morceaux de canne a sucre. bon ap'.


Ainsi lestées, ce sera le depart.


le bateau, le fleuve Niger

a

tout au debut du trajet, nous voyageons perchées sur des sacs de grains, confortablement installées.

au milieu de multiples marchandises, tuyaux, plaques de taule, sacs divers et variés. moteur de bateaux, ....

Puis, au fur et à mesure des déchargements, sur une rive ou l'autre, nous nous enfoncerons dans les profondeurs de la pirogue, pour finir en fond de cale en arrivant à Karimama.

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la pirogue marchande mettra 10 heures à arriver à Karimama, débarquant ses marchandises tantôt côté Niger, tantôt côté Bénin.

cette balade nous a plongé comme dans un rêve. enfin un truc que l'on traverse un peu comme dans un brouillard.

la nuit tombant le fleuve, nous voyons peu à peu s'allumer les feux dans les villages au long des berges, les fumées monter au dessus des cases, les gens vaquer à leurs dernières occupations de la journée. rentrer les bêtes, preparer le repas ..... tout est calme, quasiment sans bruit depuis le fleuve. Irréel.

la pirogue continue dans la nuit. Ici et là, elle se dirige vers le rivage, on voit les hautes herbes s'ouvrir (pas de chemin ni trace visible de quoi que ce soit). les herbes s'ouvrent, et apparaissent des habitants, avec une carriole à bras, ou une charrette tirée par des bœufs. On décharge. tout le monde participe à la manoeuvre, les hommes aident les villageois. des colis semblent manquer ? tout le monde cherche, tout le monde y apporte son grain de sel. C'est joyeux.

Puis les charrettes disparaissent dans la nuit, les herbes se referment, et la pirogue repart.

C est de nouveau le silence sous les etoiles.

Comment le batelier s'y retrouve t-il ? comment sait-il que c'est à ce point précis qu'il faut s'arrêter ? aucun signe, du moins pour nous.

nous finissons par arriver à Karimama, en pleine nuit : aucune lumière, aucun signal, pas de ponton, juste la rive herbeuse.

depuis notre "fond de cale", on s'inquiète bien un peu 😉 :

pas de maison, pas de bruit ...

nous demandons au batelier : Karimma est à 30 minutes de marche... il nous confie à deux vieilles mama. débarquement et .... les deux mamas filent à un train d'enfer. On a peine à suivre. Elles marchent à pas rapides, sans lampe, juste la lueur de la lune. On a envie de laisser tomber la course et de nous effondrer là, au pied d'un cocotier.

nous continuons malgré tout, cavalant derrière les anciennes, et nous finissons par arriver au village. Les deux vieilles dames vont réveiller un homme qui possède une mobylette, il doit nous conduire à l'auberge communautaire. Une chance qu'elle existe, car nous ne connaissons aucun hébergement et aurions du dormir à la belle etoile. Rien sur les guides papier, rien sur le net ... inch Allah avions nous dit, on trouvera bien quelque chose. Allah nous a entendues.

la mobylette nous charge toutes les deux (plus le chauffeur bien sur). Elle n'a pas d'éclairage et je tiens une grosse lampe électrique au dessus de la tête du conducteur , pour éclairer le chemin.

On se sent vraiment sur une autre planète.

arrivée à l'auberge, le jeune gars reveille (encore un que nous dérangeons) le gardien !

Auberge communautaire plutôt sympa, propre, lits faits avec draps nickel, mais sans eau ni électricité : qu'à cela ne tienne, on nous apporte à chacune une grosse lampe à piles, un bidon de 25 litres d'eau pour la toilette, et une grande bouteille d'eau minérale pour boire. Que demander de plus ?

la douche est la bienvenue (au seau, il s'entend), et on sombre dans un sommeil réparateur.

le lendemain nous trouvera toutes les deux en forme, .... mais il est où le village ? 😀

nous arrivons à trouver le chemin et nous retrouvons au centre de la petite localite. Nous payons nos nuitées au chef de village.

Karimama est un gros bourg situe dans un environnement de type sahélien. Isolé. pas de touristes dans ce coin. L'auberge sert essentiellement aux voyageurs béninois et nigériens.

Nous passerons une petite journée et rentrerons le soir sur la plateforme d'un camion à Malanville.


ce qui nous a frappé à karimama :la présence des talibés. C'est la seule fois que nous en verrons au Bénin, où cette pratique est interdite. Ce sont, nous dit on, des enfants qui viennent du Niger :ils vont et viennent des deux cotés de la frontière pour effectuer de petits travaux agricoles. Ils sont en loques, ils mendient toute la journée leur nourriture. Ils sont incroyablement gentils, doux , c'est une pitié que de voir cela (j'en ai rencontré déjà en Mauritanie, le pire de ce que j'ai vu étant le Sénégal, une honte).

nous attendrons l'après midi pour qu'un camion parte vers Karimama : une plateforme en plein air sert de taxi brousse.


l'attente du camion .... le voila
sur le camion, Agnes