La Terre de Feu en Croisière Ponant et Argentine

Croisière en Terre de Feu à bord de L’Austral dans les canaux de Patagonie ,de Conception jusqu’à Ushuaïa et extension vers Buenos Aeres et les chutes d’Iguazu.
Du 21 octobre au 12 novembre 2022
23 jours
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Après neuf mois de gestation le franchissement d’obstacles divers travail,famille,Covid, nous sommes enfin en salle d’embarquement destination Santiago du Chili via Paris CDG.La moiteur d’été indien qui règne actuellement à Toulouse nous fait espérer au plus tôt ces températures australes qui justifient nos sacs remplis de vêtements chauds, de chaussures de marche, de bonnets, de gants …..

Philippe toujours en conférence  

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14 h de vol …..le plus long d’Air France en une étape ,Paris Santiago sur A 350 peu confortable et turbulent mais, à l’arrivée ,la vision magique des Andes…...Les Andes ….tant d’histoire, de lectures, de contes. Pas de Condor en arrivant à Santiago niché au fond d’une grande cuvette, mais une pollution importante : un tiers des chiliens vit à Santiago .

La chaîne des Andes 

À l’aéroport de Santiago, l’organisation Ponant fait preuve de son efficacité en récupérant, bon Pasteur, toutes ses brebis venant des 4 coins de France, de Belgique de Suisse et du Canada ,d’Israel, des francophones, des anglophones, et même un touriste en fauteuil roulant accompagné de sa femme (sachant que la croisière est qualifiée ‘d’expédition’, nous sommes surpris mais respectueux de sa présence) .Direction un hôtel à la périphérie de Santiago puis nous aurons quelques heures pour visiter la ville .Les présentations des protagonistes du groupe ont été faites à l’aéroport , Annie et Raymond, Isabelle et Christian,Claire et François,Jean François et …..mon Philippe bien sûr.

Ou ai-je bien pu mettre mon passeport ? 

Le soir lors du repas sans esprit servi par le Hilton, nous élaborons ensemble et avec notre tour opérateur privé, Annie, les différentes étapes de notre visite de Santiago le lendemain .

La nuit ,entre les draps blancs , tout le monde rêvera en espagnol….

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Santiago du Chili 

Nous sommes, par la compagnie Ponant logés dans un hôtel Hilton à la périphérie, sans âme, mais dont le roof top nous permet de méditer sur l’uniformisation esthétique de la mondialisation du béton : hormis sa ceinture andine et l’Aconcagua qui veille, rien ne laisserait à penser que cette ville en expansion se situe en Amérique du Sud

Du roof top du Hilton 

Le centre de Santiago est marqué par ses années de dictature post Allende et ses bâtiments officiels froids et lourds.Des gratte-ciel au verre bleuté au milieu d’églises et d’immeubles sans charmes ,mais la ville très polluée de par sa situation dans une cuvette ,possède de grands parcs (le jardin urbain le plus grand au monde !) que nous n’aurons ,hélas, pas le temps de visiter.

Don Pedro de Valdivia, héros local  et une image de la misère 

Le musée des civilisations précolombiennes, que nous attendions tous est fermé par manque de subventions : les années Covid ont laissés des traces dans le secteur du tourisme.

Le palais présidentiel d’Allende  
Annie tour opérateur 

Nous partons vers le Marché, et y retrouvons enfin des couleurs, des odeurs, des images exotiques, sans trop de touristes.

Mercado  
Pisco et Pescos 
Phil le roi du selfie de groupe 

Un petit tour dans une église, dans ce pays toujours très religieux. Incroyables représentations d’un Christ torturé et souffrant.

La Madona très vénérée au Chili , avec ses couleurs nationales, 
Christ douloureux  
Est-ce le curé qui cire son parquet ?
Immeubles clapiers
Santiago 
Reflet 

L’odeur de l’Amérique du Sud est là, l’accent différent de celui d’Espagne , mais que Jean François élevé en Colombie comprend sans problème. CHILE…..nous sommes là

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Vol Santiago—Concepcion 

Journée de transfert vers Concepcion et son port Talcahuano où nous attend notre Ponant.

Chili airport  

Nous quittons SDC en bus vers l’aéroport où Luz ,la guide lumière ,égaie notre voyage de quelques réflexions sur la vie chilienne : de l’hypercentralisation du pays sur Santiago avec 6,5 M d’hab sur les 18 M de chiliens , (et ses embouteillages légendaires car le chilien n’aime pas les transports en commun ),et donc des faibles densités pour les infrastructures de santé, d’éducation dans le reste d’un pays à la géographie compliquée, 4000km de côtes et une Cordillère !

Le Chili alterne depuis l’éviction de Pinochet des gouvernements de gauche et de droite .Mais l’hyperliberalisme est de règle avec 30% des richesses entre les mains de 1% des chiliens, et une privatisation de la plupart des secteurs .Malgré ses richesses minières (cuivre lithium) exploitées dans tous les sens du terme par beaucoup de compagnies étrangères ,1 million de chiliens vit sous le seuil de pauvreté.

Et voilà Concepcion , tournée vers la pêche ,dans les eaux riches du Pacifique où nous attend l’Austral!

L’Austral et son équipage  
Comité d’accueil  

L’accueil à bord est très protocolisé,les officiers, les guides d’expédition, le personnel aimable et disponible, et nous sommes très vite pris en charge , bagages,chambre…et champagne qui coulera à flot toute la croisière, all inclusive.

Bateau de 146m, 196 passagers plus l’équipage, des cabines très confortables et quelques suites pour VIP.

Les 2 remorqueurs patientent sous le soleil  

L’heure du départ approche, et nous larguons enfin les amarres vers 18 h

Patagonia, estamos llegando ! 
L’Austral sous le soleil. 
Cappuccino  

Il fait un temps magnifique,mais Windy nous promet hélas quelques jours agités dans le grand Sud ….des vents entre 40 et 50 nds… des creux de 9 mètres!! Heureusement nous serons à l’abri dans les canaux de Patagonie !

Plus c’est violet , plus Eole s’énerve  

Une pensée pour Magellan découvrant cette Tierra del Fuego sur sa coque de noix dans un univers aussi magnifique qu’hostile.

Aussi à bord la première procédure enseignée aux joyeux touristes est celle de ‘’l’Abandon du Bateau’’ .Protocole très sérieux , millimétré…..stressant…et le Capitaine a un nom de circonstance: Théotime Toussaint ! 🎃

Halloween en lifejacket pour tous  

Première nuit bercée par la houle pacifique, L’ Austral étale la mer ,le jour se lève calmement…..Tout est sous contrôle….

 Notre allure à 13 nds
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Destination Isla Chiloe 

Longue navigation de 36 h environ pour atteindre notre destination de l’île Chiloe où une excursion est prévue .

La journée s’étire tranquillement, rythmée par les activités proposées à bord et la contemplation de l’océan ,des oiseaux et de quelques baleines qui viennent frayer autour du navire,

Un rorqual à tribord  
Un chasseur de rorqual ??
La fine équipe  

Les rorquals (23-27 m, 50 tonnes, 35 km/h) 4500 l d‘’oxygène toutes les 20mn!!) descendent eux aussi dans le sud au printemps (les eaux sont riches en crill ) où les femelles mettront bas après un an de gestation .Espèce menacée, mais sa population remonte. Il y a dans l’équipage un spécialiste de la faune australe qui peut répondre à toutes nos questions.Des conférences journalières sont proposées par 2 experts de National Géographie autour du Chili .

Après la présentation officielle du commandant et de son équipe aura lieu la ‘Soirée du Commandant ‘ avec Dress code de rigueur qui nous aura pris beaucoup de place dans les valises…robes cocktail pour les femmes et costumes pour ces messieurs.

Présentation des officiers  
Repas de gala  

Réveillés tôt le mardi car nous partons à terre sur l’archipel de Chiloe.


Route parcourue en 36 h 


Lever de soleil magique au fond d’un fjord, l’eau comme un lac, le bateau glisse sans bruit vers son point d’amarre dans la baie de Quemchi.

Baie de Quemchi

Expérience d’un débarquement ‘paisible’ dans les canots de sauvetage , les tenders, et du chien renifleur de drogue qui nous attend au port.

Le commandant lui même assiste à l’embarquement de ses passagers.
Cherche Medor la Marijuana, cherche! 

Direction les vasières de l’Isla de Aucar, marée basse, marnage de près de 7 mètres,magnifique réserve ornithologique avec près de 30 espèces d’oiseaux

Canards, cygnes à col noir,ibis, caracara… 
Vasière de l’Isla d’Aucar  sur un champ de Salicorne

Dans le fond de la baie se trouve une pisciculture de saumon couplée à un important élevage de moules, nécessaire pour filtrer les résidus organiques rejetés par les poissons, qui sont mises en conserve sur place et partent alimenter l’Espagne friande de ces Mejillones en boites .

C’est une ambiance douce, aux allures normandes, et nous traversons le pont de la petite île d’Aucar, son église, son cimetière marin noyé de fleurs, ses statues religieuses hautes en couleur.

Cimetière marin  
Saints et Madones vénérés aux Chili 
Vasière 


Le deuxième grand écrivain chilien après Pablo Neruda ,Fernando Coloanes est né sur cette île de Chiloe , aux maisons de toutes les couleurs mais sur pilotis car les tremblements de terre sont nombreux et très violents (1965 :9,5 EDR) ,le Chili étant à la confluence de plusieurs plaques tectoniques.

Maisons de Chiloé 

Dalcahue, son église classée au patrimoine de l’humanité , son marché artisanal alimenté par tous les objets tricotés par les femmes, en laine épaisse. Les bateaux de pêche attendent la marée haute et notre Austral semble bien imposant dans ce paysage liquide et serein .


Église classée  
 Vasière et caracaras

Nous devons appareiller en début d’après-midi car le commandant ,devant le mauvais temps à venir jeudi préfère nous mettre le plus vite à l’abri des canaux.

A bord la vie s’organise autour des repas, des activités , des conférences ; siestes bercées par le doux ronronnement des moteurs, contemplation de cet océan qui se perd dans un ciel changeant.

Au loin, très loin , la Cordillère des Andes et ses neiges éternelles.

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Aujourd’hui, navigation dans le canal de Pulluche, canal maritime à 1400 km de Santiago, le bateau ayant bien diminué sa vitesse à neuf nœuds et demi.

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour tout le monde à bord, une dame ayant dû être évacuée en urgence du bateau hier pour fracture de la cheville et surtout notre Annie nationale victime d’une chute en excursion, sur le nez, heureusement sans fracture mais avec de belles lésions de rapage ….

Mais ce matin, l’Austral fend l’eau du canal de Pulluche et tout devient magique .

Entrée dans le canal de Pulluche  
 Veste Ponant et bonnet de rigueur car à la proue le froid devient …polaire
Le silence de la mer 

Beauté de ce canal étroit, de moins d’un mile de large , un phoque nous salue,Le froid s’est installé progressivement mais aucune de trace de neige hormis sur quelques sommets épars.

 En rouge sous quelques rayons solaires 

Nous croisons un élevage de saumons, le Chili en étant le plus gros exportateur après la Norvège .Mais cette pisciculture pollue beaucoup hélas. (Notre Ponant a des règles anti pollution très strictes et les rejets filtrés ne sont autorisés qu’en pleine mer)

Bateaux autour d’un élevage de saumons 

Le temps change brutalement et la pluie qui cingle nous contraint à l’abandon .Mais le soleil reviendra très vite car le vent annoncé se lève .

Pont supérieur  

À l’amphithéâtre ,une franco-chilienne continue sa présentation du pays commencée la veille, passionnante ,sur la vie politique et économique du pays.Pinochet, bien qu’arrêté à Londres par un mandat d’arrêt international, a été remis aux autorités chiliennes pour ‘‘raisons de santé’’ (comédie d’après la presse) et n’a jamais été inquiété pour tous ses crimes du passé, L’actuel gouvernement de droite , sous la pression de la rue en 2019, grave mouvement social des étudiants, femmes, minorités ‘autochtones’, laissés pour compte, comparé à celui de nos Gilets Jaunes, avait promis une révision complète de la constitution datant de Pinochet (l’eau est un bien privé par exemple) Hélas le processus a mis 2 ans à aboutir et les chiliens, trompés par une opposition agressive ,viennent de voter contre en septembre !!! Grosse déception des réformateurs , qui vont devoir attendre 2 ans pour tenter un nouveau vote.

‘’Mon pays imaginaire’’,sur les manifestations de 2019, primé à Cannes sort au cinéma le 26 octobre  
Changement entre les 2 référendum de 2020 et 2022 

Le Chili restant pourtant stable politiquement , est le premier lieu d’immigration de toute l’Amérique Latine .

Au niveau du tourisme, 34 ieme rang mondial…

Pour nous permettre de refroidir nos méninges échauffés par tant d’informations nouvelles, un buffet de coquillages nous attend dehors !

Buffet pantagruélique de fruits de mer 
Le nez d’Annie va-t-il changer la face du monde ? Non nous dit-elle !!

Est-ce l’odeur des coquillages qui a attiré les albatros qui survolent l’Austral, ballet incroyable d’oiseaux de légende aux 2 mètres d’envergure.

…Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres ...
Notre itinéraire  de l’après midi vers Tortel d’après le Navionic de Philippe 
Présentation très esthétique par un photographe de NG de son dernier reportage dans une station scientifique  internationale au Sp...

Nous y sommes dans ces 40 ièmes rugissants, le vent feule, les vagues écumantes frappent la coque et montent à l’assaut de notre balcon , 4m, 5m, 6m …La photo ne rend pas du tout les creux de l’Ocean qui n’a plus rien de pacifique..

L’Austral continue sa route sans coup férir et étale bien la houle ,se dirigeant vers le canal de Tortel où nous serons à l’abri dans la nuit .

Il y aura certainement des désistements à table ce soir et le Doc du bord va devoir faire une distribution plus large de Scopoderme, car le roulis du bateau s’amplifie progressivement et peut gêner les âmes sensibles.

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Caleta Tortel

Caleta Tortel

Il pleut , une pluie lourde, épaisse , un mur d’eau que nous aimerions envoyer en France qui en a tant besoin ….L’eau du fjord de Tortel aux maisons bariolées se confond avec son ciel plombé.L’étroitesse des fjords pour cette navigation de nuit , le vent et la pluie ont contraint le Captain Toussaint, normalement dispensé de quart, à passer la nuit avec ses seconds sur la passerelle (poste de commandement).

Les autorisations portuaires tardent à arriver car la ville veut se prémunir de tout risque de contamination Covid.Aussi serons nous obligés d’être masqués pour la visite.L’accostage des Tenders se fait le long de quais en bois de cyprès doré, le bois étant la ressource principale de la région,

Baie de Tortel
Ancêtre du Ponant
Bateau de la marine chilienne
Vues de la baie de Tortel 

Tortel doit son nom à un général français Charles Tortel qui s’engagea lors de la guerre d’indépendance du Chili en 1818 auprès du Général O’Higgins et hispanisa son prénom en Juan ….Le plus grand fleuve du Chili , le rio Baker.se jette dans la baie de Tortel et comme il transporte énormément d’alluvions, les eaux de la baie sont peu poissonneuses, mélange d’eau salée et douce .

Vol d’un héron , Agence Raymond M.  

C’est un incroyable village de bûcherons accroché à la falaise, ses maisons reliées par 8 km de passerelles de bois .

Artisan tisseur
Singing in the rain
Phil et Christian
Ancêtre du Ponant  

Un habitant nous explique que cet hiver , le ferry qui approvisionne le village n’a pu accoster pendant un mois , bloqué par la glace ayant figé la baie à cause d’un froid extrême à -18 ,température jusque là jamais atteinte, et l’eau douce est venue à manquer….le changement climatique.

Philippe ne peut résister à l’achat d’un 50 ieme béret photo prise incognito à travers la fenêtre 

L’après midi une sortie en Zodiac avec remonté du Rio Baker et ‘launding’ sur l’isla des Los Muertos, petit île où en 1906 on a retrouvé 120 tombes fraîches, certainement des bûcherons ,ayant été empoisonnés par la compagnie qui les employait, ….à cours de ressource ! Il n’y a pas que le climat qui était rude à l’époque.

Tenue d’expédition  avec poncho pour moi …bonne idée nous dira la suite des événements.

Nous sommes le 1er groupe sur 4 à partir mais hélas au bout de 15 mn, alors que nous sommes déjà bien au large du bateau, le vent est monté brusquement à 50 nds, non annoncés par la météo locale. La sortie est annulée pour les autres groupes mais le notre continue , seul le launding est supprimé.

Le nez d’Annie sera mouillé ! 

Vent, pluie, rodéo sur les vagues, gifles des embruns,les cascades alentours majestueusement indifférentes à notre mésaventure fluviale.

Tout le monde sera trempé mais le poncho s’avèrera être une protection efficace .

C’est rigolo… 
Les conditions sont rudes 
Et on paie pour ça ?? Agence Raymond M.

Nous rentrons sur l’Austral, trempés mais heureux ,après 2 h d’excursion , avec le commandant en comité d’accueil ,un peu crispé de n’avoir pas pu anticiper les conditions Météo.

Trempés ,mouillés, rincés…. 
At home 

Un bon grog accompagné de Pavlova aux fruits nous attendent à l’arrivée, ….et un rhume pour certains .


Une conférence donnée en fin d’ aprés midi nous parle d’une des conséquences de la pollution due à l’aquaculture avec rejet en mer de dérives organiques qui favorisent avec le courant El Nino, le développement d’une algue rouge à la toxine mortelle ayant entraîné la mort en 2015 de 367 rorquals boréals trouvés échoués à différent endroits d’une baie. Les photos de toutes ces baleines empoisonnées sont poignantes et rageantes car cet épisode peut se renouveler, aucune prise de conscience officielle n’étant apparue et les besoins économiques du pays restent importants.

Squelette d’une baleine  
L’algue rouge  

A l’issue du repas du soir, une rencontre inopinée dans les couloirs avec le Capitaine nous permettra d’en connaître un peu plus sur le fonctionnement du bateau - fuel léger et électricité ,les règles anti pollution obligatoires pour les bateaux de croisière ,les limites météorologiques non franchissables avec des touristes à bord. Passionnant….Il nous explique que demain nous allons franchir le canal des Anglais obligatoirement de jour car passe maritime très étroite de 200 m de large ….

Nos avons hâte.

À la vôtre  
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Après la pluie, le froid humide, le vrai ,celui que nous sommes tous venus chercher s’installe en maitre .Il nous transperce jusqu’aux os.Le paysage qui nous entoure évoque ces latitudes basses, isolement de tout, les fjords aux eaux vert-de-gris et le vent qui s’y engouffre , le ciel chargé et changeant, passant du bleu au plomb en un instant, les sommets saupoudrés de blanc ,les nappes de brouillard venant insidieusement noyer le paysage, les rares oiseaux volant par couples , le vert sombre de la forêt sans aucune tache colorée autre que le noir ou le brun.

Et le silence .

L’Austral aujourd’hui emprunte un des principaux canaux de Patagonie, le passage des Anglais, Angustora Inglesia, à l’extrémité du canal de Messier, voie d’eau étroite de 180 m de large vers le glacier Pie XI.

Passage des Anglais  

Nous avons dû patienter une heure pour laisser passer un cargo qui remontait vers le nord, car 2 bateaux ne peuvent se croiser dans ce passage.Quelques oiseaux commentés et photographiés par les naturalistes du bord et les ornithologues amateurs , nombreux à bord , aux zooms agressifs.Chacun guette le grand Condor , solitaire, emblème du pays, encore présent à ces latitudes.

Les spécialistes sont impressionnants pour reconnaître de loin toutes les variétés d’oiseaux  

Un ‘rocher de la Vierge’ où il est d’usage de jeter une piécette en faisant un vœu…

Île de la Vierge  

Le bateau se dirige vers le glacier Pie XI, nom donné en l’honneur d’un pape alpiniste.Avec ses 1200 km2 de superficie, il est le plus grand des glaciers composant le champ de glace sud de la Patagonie et la troisième calotte glaciaire au monde.Il n’y aura pas de dépose sur ce glacier très actif, de 5km de large et 60 m de haut.

Contrairement à beaucoup d’autres, il avance de 150 à 200 m par an car il repose sur des rivières souterraines et glisse sur sa base rocheuse :le surge. De magnifiques crevasses bleues, qui sont les plus anciennes avec un taux d’oxygène faible responsable par la diffraction de la lumière de ce bleu cobalt. A cause de l’humidité ambiante , l’expert géologique nous explique que la glace en Antarctique se forme beaucoup plus vite qu’en Arctique, plus sec avec moins de phénomènes de fusion des flocons de neige entre eux.

Nous allons faire le tour en Zodiac en faisant attention à l’absence de vêlage , chute de growlers dans l’eau accompagnée d’un bruit de tonnerre, aux conséquences fâcheuses !Nous sommes ravis, venus tous un peu pour admirer ces glaces de toute beauté.

Bien couverts mais le froid est traitre  

La ballade doit durer 1h30 mais la marée descendante découvre une immense vasière, remplies de petits passereaux se nourrissant de vers, mais qui va gêner sérieusement la progression des Zodiacs et retarder le retour sur l’Austral…Un des zodiacs embourbé devra d’ailleurs être remorqué .

Cyprès et Nothofagus  au bord d’une vasière

Nous rentrons donc au bout de 2 h ,des étoiles plein les yeux , mais transis de froid, en hypothermie d’ailleurs pour moi,(35,6) et il me faudra longtemps pour récupérer une température corporelle correcte. J’avais pourtant eu l’impression d’avoir mis suffisamment de couches isolantes …

Le soir, pour nous réchauffer, nous fêtons l’anniversaire d’Annie , avec dégustations de bons vins , Vionnay et Nuits-St-Georges …Le Bosco a dessiné un joli message sur une assiette..Le nez semble aller mieux!


Bon anniversaire Madame Annie! 

La nuit sera interrogative sur les conditions climatiques du dépôt sur un glacier prévu le lendemain car l’expérience de ces dernières heures nous montre bien que cette croisière mérite son titre ‘d’expédition’ et que sous ces latitudes,les 50 iemes hurlants même en prenant toutes les précautions d’usage, l’aléa est toujours possible….

Mais ne sommes nous pas venus un peu pour cela, non?

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Notre  navigation 

Plus bas ,toujours plus plus bas, de plus en plus austral est notre bateau, à la rencontre, si la météo nous le permet du Horn légendaire .Le Capitaine nous a bien expliqué qu’avec un vent tempétueux nous passerons par le canal de Beagle et non le passage Pacifique La bibliothèque du bord recèle quelques récits sur des navigateurs de légende, Amundsen et Scott et leur conquête en parallèle du Pôle Sud, lord Shakelton qui n’abandonna pas ses équipiers , John Byron grand-père du poète dont le livre est très prisé des connaisseurs. On nous conseille le Magellan de Stephan Sweig.

Petite conférence matinale sur les ravages du plastique dans le monde et une carte nous interpelle : des quantités importantes de microparticules de plastique ont été mesurées à Tortel , 500 habitants , où nous étions il y a quelques jours .

Courant venant de l’océan aggravé par un mouvement de conduction eau salée/eau douce des glaciers 

L’équivalent d’un ‘garbage -truck’ (terme anglais plus chic que celui de camion-poubelle) plein de plastique se déverse toutes les minutes dans les Océans .🥲

Après le plus fort du Covid, des naturalistes canadiens ont constatés différents accidents dus aux masques attrapés par des oiseaux, becs coincés par le liens, pattes abîmées , et même une incorporation des masques dans les nids!

Après la conférence, le clou du spectacle sera une navigation scénique devant le glacier El Brujo , le Sorcier. C’est un véritable émerveillement pour tous, le bateau s’étant arrêté au fond d’un fjord fermé par le glacier, la mer parsemée par des centaines de petits growlers qui flottent et scintillent . La coque du Ponant est prévue pour ce type de rencontre ….

El Brujo
El Brujo 

Nous sommes bouché bée, silencieux devant une telle magnificence de la nature .

Le Sorcier 🧙‍♂️

Les mots sont inutiles, les photos en dessous de la réalité, les explications géologiques sur la formation et l’évolution du glaciers inaudibles, on regarde, on s’imprègne, on inspire et on boit ce spectacle.

Et derrière nous , l’écume.., 
Un Sorcier derrière nous …, 

Sommes-nous des intrus dans cette nature vierge ou des témoins de ce qu’il faut préserver, de la précarité de ce monde si beau?

Le déjeuner où on échange ses impressions  


Journée très riche avec la dépose sur le glacier Skua l’après-midi et marche de 2 km jusqu’à un site d’observation.

Les Zodiacs  nous débarquent à terre  
Le chemin a été balisé par les guides  

Autre enthousiasme de pouvoir fouler aux pieds le sable gris du fjord parsemé de quelques algues brunes et de coquilles de grandes moules striées de violet, le ramassage de quoique ce soit étant strictement interdit .

2 fieffés ornithologues, Jean-François et le guide Valentin
Annie et Isabelle  

Vision différente d’un glacier, le Skua, quelques oiseaux , des sternes, nichent dans l’île à l’abri des petits prédateurs.

Le filon d’un minerai dans la roche  

L’eau est opalescente, le froid très supportable.Le glacier gronde régulièrement, se délestant d’énormes blocs de glace qui,en tombant ,font onduler la surface qui reflète la glace bleue …comme c’est beau !

L’heure bleue 
Le printemps malgré tout 

D’autres couleurs que le bleu et le blanc, Dame Nature est vaillante ,et comme le printemps est là en cet univers austral, il y a tout de même quelques fleurs, et dans l’herbe un petit oiseau.


Nous rentrons sur l’Austral ,hélas sous une pluie battante, le changement brutal du temps étant une des caractéristiques de ce climat, des images plein les yeux , et toujours en état d’apesanteur….

Nettoyage des bottes obligatoire arrivés sur le bateau pour ne pas contaminer d’autres sols à venir.

Nos Louboutin…. 


L’Austral  à l’ancre  

Le soir ,soirée blanche de rigueur car c’est la soirée des officiers. Les hommes sont en général très élégants mais beaucoup de fautes de style chez les femmes, mais pas chez nous !😆

Christian, Phil,Annie,Jean François,Claire et François 
Avec Isabelle et Raymond  


Et pendant que nous mangeons, buvons et pour certains dansons (clin d’œil à Annie et Raymond ) L’Austral poursuit sa route dans la nuit, malgré le vent hurleur, l’écume qui vole mêlée aux flocons de neige, imperturbable .

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Dimanche, Domingo, Sunday, pas de jour de repos pour notre bel Austral et tout son équipage qui continue sa course vers le Grand Sud , bien à l’abri dans ces fjords hospitaliers de la tempête qui sévit sur la côte pacifique et va contraindre le Capitaine et son chef d’expédition à changer leur plan pour le lundi.


Tous les sommets qui bordent le canal sont blancs et des flocons virevoltent devant nos hublots. Les vents catabatiques, si fréquents en Patagonie font gîter le bateau par moment mais ses stabilisateurs lui permettent de reprendre vite l’équilibre.

Après l’émerveillement général de la journée d’hier, nous traînons un peu dans nos cabines, terrassés pour un grand nombre par quelques virus respiratoires, mais pour l’instant aucun cas de Covid avoué à bord, uniquement quelques gastro-entérites ,nous a confié l’infirmier de bord.A ce qu’il parait, pour le médecin du Ponant le pire serait un AVC parmi les touristes…Les croisières Ponant: ‘’ 20000 vieux sur les mers’’ nous a soufflé François …😂

Entre toux et reniflements nous assistons à une conférence sur les oiseaux chiliens , et d’ailleurs les ornithologues observeront 20 espèces différentes aujourd’hui.

Oiseaux de Patagonie  

Une nouvelle dépose à terre sur un autre glacier , le Zamudio s’organise l’après-midi.Il fait 7 degrés mais toujours des passages de crachin.

Zamudio 

Le launding s’effectue à marée basse et nous accostons devant la plage dans une sorte de piscine naturelle fermée par ce qu’on appelle des roches erratiques, résidus de la moraine glacière .

Roches  erratiques  

En chemin nous croisons des cormorans qui nichent dans un rocher mais il ne faut surtout pas s’approcher pour ne pas les déranger.

Les photographes du National Geographic sont aux anges mais les autres aussi !

Agence Raymond M.

C’est un paysage différent de celui d’hier car nous débarquons à marée basse dans de la vase, en marchant sur un tapis de moules , en essayant d’être le plus léger possible pour ne pas trop les briser.Un moineau des Andes vient s’y nourrir.

Moineau des Andes  

Le glacier nous attend, tapi dans une vallée verticale.Il n’y a aucun growler ( petit iceberg ) dans l’eau cette fois ci et aucun vêlage.Mais la chute d’un corps , Isa qui glisse doucement sur un rocher, et s’étale tranquillement par terre. Dans ces pays, c’est lève- toi et marche …..

Lazarisa  et Philippe  
Glacier  
Les guides sécurisent notre descente des Zodiacs   
Un Martin-Pêcheur ,devant son public  pêche 

Le Martin-pêcheur n’est pas du tout craintif devant ces énergumènes en rouge et a dû rester de longues minutes à se faire admirer, tout en continuant à attraper quelques petits poissons .

Agence Raymond M.   Martin-Pêcheur

Le retour de fera sous la pluie mais nous avons nos poncho….

Rouge et vert ,sous la pluie  
L’Austral dans un abri côtier  🍑

Nous appareillons en fin d’après-midi mais le Capitaine nous annonce une grosse tempête sur la cote Pacifique pour les heures qui viennent.Le programme peut changer mais tout est ,…sous contrôle !

Philippe avec son application Navionics note bien que le vent est passé en 1 h de 12 à 40 noeuds . Cela sent la ‘tormenta’ …

Le calme avant la tempête  

Vent et vagues de Patagonie, nous vous entendrons , douillettement couchés dans nos cabines, confiants dans les choix du Capitaine et de ses seconds, en rêvant aux glaciers et aux beaux albatros blancs .

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Position du jour 

<< Bonjour à tous , c’est votre commandant qui vous parle depuis la Passerelle.Je vous informe que le bateau va effectuer un demi-tour, attention à tous vos effets …>>Il est 7h , ce n’est pas une heure touristique, au contraire nous sommes encore couchés Qué esta pasando ? Il suffit de regarder par nos hublots!

70 noeuds   

La tempête est bien là , Force 12, et pendant la nuit, ‘L’Austral qui était entré dans le passage de Magellan vers 1 h a dû faire demi tour car il naviguait trop vite, poussé par les vagues et un fort vent puis son capitaine l’a mis à la ‘cape’ en attendant de pouvoir virer. …A 7 h il a bien fallu reprendre la route vers le Sud mais le demi tour s’est révélé plus difficile que prévu car le vent avait forci .Le pilote chilien ( Un navire de croisière au Chili dans les fjords doit impérativement avoir un pilote chilien à son bord ) s’est fait prendre au ‘lof’ par le vent dans les cheminées du bateau avec un manque à virer manifeste .

Le vent mugit et la mer fume. C’est très impressionnant. Finalement le Capitaine prend la barre et réussit à repositionner L’Austral vers le Sud en faisant par contre un demi-tour en ‘abattant’,manœuvre difficile dans ces canaux ventés.

Rotation de L’Austral dans le Canal de Magellan . 

La manœuvre réussie nous reprenons la descente , les vagues nous portent et le ciel nous gratifie d’un bel arc en ciel très bas sur la mer .Nous aurons donc vu ce qu’est une tempête australe, expérience intéressante car la sensation de sécurité ne nous aura jamais fait défaut.

Arc-en-ciel  austral 

Toutes les portes du bateau ont été fermées hermétiquement, Et nous comprenons qu’aujourd’hui nous n’allons pas pouvoir quitter le bord comme cela avait été évoqué la veille car nous avions des autorisations pour faire le tour de l’Isla Tucker sans débarquement car l’île est un sanctuaire pour les animaux.

Heureusement une navigation scénique est prévue pour le passage de la pointe Froward, pointe la plus australe du continent, où une croix en l’honneur de Jean-Paul II a été érigée .Darwin y trouva des précieuses amonites nous précise le guide .

Pointe Froward 

Après cette pointe , ce ne sont qu’une succession d’île jusqu’au cap Horn.L’Austral doit rentrer dans un canal très étroit pour atteindre Isla Tucker mais le vent ayant faibli à Force 8,😅la navigation se fait sans encombre….

Des cascades  de toutes parts 

Une conférences retient notre attention:les grands explorateurs de la Patagonie de Magellan à Fitzroy en passant par Bougainville, Darwin, Cook…Beaucoup de courage chez ces marins qui auront laissé leurs noms pour la cartographie des îles, des passages, des cap, mais aussi beaucoup de pertes humaines parmi les équipages et hélas un génocide perpetré sur des dizaines d’années envers les peuplades autochtones indigènes .Nous aurons une session spécifique sur toutes les ethnies primitives de Patagonie dans les jours à venir.La dernière indienne Yagan, ayant reçu le titre de ‘Trésor National’ a disparu il y a quelques années .

Une autre conférence traite des grands glaciers de Patagonie, qui sont tous en retrait sauf le Pie XI (peut être car il est très arrosé mais les scientifiques n’en sont pas sûrs)

Évolution des glaciers  

Nous nous serons donc promenés aujourd’hui par écran interposé, avec un saut temporel qui nous aura donné envie d’en savoir plus sur ce pan de l’histoire des conquêtes maritimes et des rivalités internationales…Et fatigués de toutes ces aventures non vécues ,nous partons nous coucher après un dernier verre car demain Zodiac nous attend dès potron-minet pour nous emporter au royaume insulaire des oíseaux .

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Tracé du trajet de L’Austral entre les îles  

Nuit au mouillage, les 2 pilotes chiliens présents H 24 en navigation ont pu dormir sur leurs 4 oreilles. Immobilité totale , peu de ressac et peu de vent , un rayon de soleil allume la mer.

Le soleil est enfin là mais pour combien de temps? 

Ferdinand, le barman philippin, dans le Grand Salon désert, nous servira à Phil et moi ,cappuccino expresso et viennoiseries avec un grand sourire que l’on devine sous son masque (les 150 membres d’équipage dont 40 philippins, pour 196 passagers sont tous masqués, les touristes sont dispensés du masque) Moment privilégié à 2, rituel matinal que nous réitérons chaque jour,et Ferdinand nous appelle par nos prénoms…


Les Zodiacs nous attendent sur l’eau, déjà partis ,dès le jour levé ,en exploration .

Parés contre le froid 
L’IPhone de Raymond 

Pour les explorations, les 196 touristes sont divisés en groupes de couleur, aux horaires étalés sur des rotations de 2-3h, permettant de ne pas avoir de paysages défigurés par 196 gilets rouges.

Direction l’îlot aux lions de mer et aux cormorans, c’est la période des amours , immense colonie pour les oiseaux, harem pour les lions de mer, les femelles vautrées telles des Odalisques sur les rochers sous la surveillance de quelques gros mâles.


Les Zodiacs restent hors de portée des animaux dans l’eau car ils peuvent être agressifs.Le ciel est couturé de vols de cormorans et quelques oiseaux pêchent près de nous . .La cohabitations entre les 2 espèces se fait sans soucis.

Cormoran pêcheur  

Dans les trous des parois d’un autre îlot nichent des couples de cormorans préparant leur nid.

Cormorans  

L’excitation à bord est maximale….des gosses au cirque !!! La prise de photos devient difficile, pour écarter là une épaule, là un doigt qui se tend, ou là encore une tête entière vous passant devant l’objectif en hurlant < tu l’as vu c’lui la!!>>

Un couple de Labbe, surtout ,oiseaux prédateurs s’attaquant aux œufs et aux oisillons provoque une petite hystérie parmi les passionnés d’oiseaux dans notre embarcation…😅

Labbe brun 
Le Labbe ou Skua  

Nous l’attendions tous, et soudain le voilà, Le fameux Manchot de Magellan, seul spécimen, venu en éclaireur reconnaître les lieux, ses congénères n’arriveront que dans une semaine. Ce manchot pond généralement deux œufs dans nid qu’il a creusé avec ses pattes et son bec pour que ses petits soient abrités du froid, mais le plus souvent seulement un poussin arrive à l’âge adulte.

Bonjour les copains ! 

C’est l’extase à bord …..En haut d’une falaise veille une sorte de vautour , l’Urubu rouge.

Urubu  à bec rouge 

Un huîtrier se noie dans le paysage qui l’entoure mais la guide au regard acéré a tôt fait de le débusquer. Les ornithologues auront, lors de cette sortie comptabilisé 19 espèces d’oiseaux et des yeux exercés ont reconnu un éléphant de mer parmi les lions de mer, …les nôtres non!!

La forêt composée majoritairement de Nothofagus (ou faux hêtre) ,étonne par tous ses troncs pétrifiés, qui font partie du cycle végétal naturel de ces arbres et non dû à un effet délétère d’une nouvelle pollution .

Tous remontés à bord, L’Austral lève l’ancre pour revenir sur ses pas à travers la multitude de petites îles de cette Terre de Feu ,direction le glacier Garibaldi que nous atteindrons demain après une nagivation nocturne et tortueuse dans les fjords mais à l’abri de la tempête qui fait toujours rage sur la côte Pacifique .

L’après midi ,nous sommes avec Philippe et 10 autres passagers, invités à visiter la passerelle, poste de commandement où le commandant Toussaint nous accueille cordialement .

Il répond volontiers à toutes nos questions et revient sur le changement de direction du bateau hier matin. Il a donc été appelé en urgence par le pilote chilien car un coup de vent à 70 nœuds, le bateau naviguant en vent arrière, a fait faire un demi-tour à l’Austral, ….et la manœuvre de repositionnement a été difficile. Nous avons effectivement eu des conditions météo rudes cette semaine

Points  de sondage 

Très intéressante est la manière dont le bateau choisit un site de mouillage mal cartographié dans ces régions sauvages:Un calque est posé sur l’écran radar et un Zodiac avec un sondeur Indiquera point par point les hauteurs d’eau pour permettre le meilleur des mouillages.Il faut deux bonnes heures pour éditer une carte, qui pourra être échangée avec d’autres bateaux Ponant ou les rares bateaux d’autres compagnies de croisière : norvégiens et allemands surtout, pas d’américains ni d’anglais.

Il nous annonce, en bouquet final que nous réussirons dans un créneau météo étroit, à franchir le cap Horn ….Liesse parmi les participants!

Aussi pour fêter cette bonne nouvelle rejoignons-nous sur le pont du restaurant au sixième étage ( il y a 2 restaurants) la Caviar Party donnée par l’équipe du Ponant.

Caviar saumon 
Les affamés  

Le caviar est délicieux, la vodka bien froide et le buffet est dévalisé en un rien de temps.

Nous avions eu dans la journée une conférence sur les indigènes de la Patagonie de la Terre de feu et on nous expliqua que les premiers chasseurs-cueilleurs seraient arrivés vers -10000 ans par le détroit de Béring et qu’en 2000 ans la Patagonie et la Terre de Feu auraient été peuplées.Les Yagans de Terre de Feu vivaient dans des pirogues, entièrement nus mais recouverts de graisse d’otarie, Darwin les a pris pour des cannibales… Alors que la langue Yagan est riche de plus de 35 000 mots.Comme quoi, on peut être un bon évolutionniste et un mauvais ethnologue.Les missionnaires de tous bords ont eu raison d’eux très vite ,les habillant , les sédentarisant, massacrant leurs ressources alimentaires maritimes et les décimant grâce à leurs maladies infectieuses européennes….Ite Missa est …

Ce n’est pas à la conférence qui n’est pas passionnante mais les fauteuils qui sont trop confortables 

Et nous allons nous diriger dans le canal de Beagle , Slalom entre les îles, pour une navigation vers le fjord du glacier Garibaldi, au milieu des growlers et petits icebergs, Situation nouvelle et enthousiasmante pour tout le monde à bord.La houle du Pacifique au début du canal de Beagle nous remuera un peu comme des glaçons qui tintent dans un verre …

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Le commandant nous indiquant la route vers le glacier  

Il ne pleut pas mais le vent de l’Antarctique souffle toujours un peu sur cette contrée qu’on nomme le Pays du Vent.Mais lunettes de soleil et crème solaire pour cet après-midi ,nous promet notre chef d’expédition et nous pourrons enfin la faire cette photo avec les dents qui brillent et le nez qui luit! Au demeurant, il fait gris pour notre navigation scénique, sur une mer étonnement belle .

Cordillère de Darwin  
Philippe en vigie  

Le bateau s’enfonce dans le fjord qui progressivement se parsème de petits icebergs flottants, growler en anglais ou bourguignon en français (bof!) .

Toute la flotte du Ponant possède une coque renforcée sur l’avant contre les growlers mais il y a un navire de haute exploration polaire , le Commandant Charcot qui, lui ,est un brise-glace.

Les growlers deviennent de plus en plus nombreux et compacts et L’Austral ralentit son allure.Nous sommes aux premières loges …

Le bateau continue sa route vers le glacier Garibaldi, nommé ainsi par un alpiniste italien, un dénommé Agostini.

La moraine centrale est dûe à la réunification de deux glaciers


Nous sommes impressionnés par le paysage qui défile sous nos yeux, plus encore que lors de l’arrivée au glacier El Brujo, car la présence des icebergs est nouvelle et incroyable.Devant cette nature si belle , un certain recueillement apparaît parmi les spectateurs, rompu de temps en temps par les rires énervés de quelques touristes se prenant en photo .

L’Austral avance, avance ,imperturbable, se jouant de la glace qui devient nappe, avec des gros morceaux de black-ice, icebergs recèlant des pierres qui flottent.Il mouille enfin dans une pellicule de glace et, au fond de ce cirque profond le bruit de ses 2 ancres et de leurs chaînes est tonitruant .

L’Austral par la Poupe et la Proue 

Une sortie en Zodiac est prévue malgré les nombreux growlers car le caoutchouc des annexes est solide. Le soleil est effectivement au rendez-vous au moment où nous allons embarquer!!

Laissez, laissez, entrer le soleil  🎼🎼

Nous nous approchons à une distance de sécurité du glacier à cause des nombreux vêlages qui se succèdent sous nos yeux et génèrent des vagues pouvant être dangereuses.La marée descendante a finalement nettoyé le fjord de ses growlers et la progression des Zodiacs n’en est que plus aisée.

Garibaldi  

Le contraste est difficile à obtenir sur les photos car le ciel devient gris et la glace est bleu clair .

Soudain notre guide nous annonce une panne du moteur de l’annexe …et devant nos mines déconfites se précipite sur la ‘caisse de secours’ ,l’ouvre et apparaissent tapies au fond ,9 flûtes et une bouteille de Champagne!!! It was a joke! Quel chic ce Ponant , Tudieu !…..

À la vôtre  
Raymond a récupéré un glaçon pour le Cuba libre de ce soir …. 

L’apothéose sera d’assister en direct à 2 avalanches ,telles des cascades ,tombant dans le fjord.

Le retour au bateau se fait dans une atmosphère de franche gaité, bulles de Champagne obligent…..

Philippe entretient sa forme mais la salle de sport et bien vide .

Le soir nous avons un dîner organisé avec Jennyfer, une jeune guide naturaliste Franco canadienne vivant depuis 10 ans au Chili. Elle nous donne un aperçu vivant et passionnant de la vie chilienne, des problèmes sociaux, économiques et politiques, des rapports des chiliens avec les autres pays sud-américains (les frères ennemis argentins) .45 heures de travail par semaine ,2 semaines de vacances par an, mais de nombreux ponts, des petits salaires, une hyper centralisation sur Santiago, mais manifestement elle n’a aucune envie de revenir en France ….


Nous finissons la soirée dans le grand salon, ambiance musicale, où Annie,Raymond et Isa ne peuvent résister aux salsa, bamba, coimbra, macarena et Cuba Libre!

Aïe aïe Caramba ! 

,

Et Raymond entra dans la danse  
Il y a quand même des gens sérieux à bord 

Bon, ce n’est pas tout mais demain c’est le Horn. Hardi Petits , au lit…

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Le Cap Horn, l’île au bout du monde.Ce cap mythique qui fut franchi en 1623 par un hollandais , Jacques Lhermite , qui le nomma en l’honneur de sa ville natale Hoorn. Des noms plus connus comme Bougainville ou La Pérouse l’empruntèrent sans naufrage entre 1767 et 1786. Jusqu’à hier,nous savions que nous allions le doubler mais n’étions absolument pas certains d’un débarquement sur l’île. Mais Eole , fatigué d’avoir tant donné ces derniers jours et s’étant assoupi pour une légère sieste, l’équipage a pû mouiller dans une petite baie devant l’escalier de la plage, qui monte au sommet de l’île du Cap Horn.C’était seulement la quatrième fois en 12 ans que le commandant pouvait descendre sur le Cap Horn, et pour son chef d’expédition , la quatrième fois en 7 ans …Nous pouvons dire ainsi que nous avons eu cette chance de débarquer au Cap Horn, que n’ont pas eu les deux derniers bateaux d’expédition qui ont croisé le Horn récemment.



L’albatros du haut du cap et l’escalier qui y mène 

Autant vous dire que la conférence sur la géologie de la Patagonie du matin fut un peu bâclée tant nous avions hâte de nous préparer pour descendre à terre.Nous avons quand même retenu que la Patagonie au moment de la Pangée était un continent différent de celui de l’Amérique du Sud et s’est collée à lui plus tard , et non un morceau de continent fracturé comme le pensait Jules Verne dans ‘ le Phare du bout du Monde ‘

Pangée 

L’Austral ,grâce à une fourchette météo de quelques heures, peut se positionner très près de la zone de débarquement.

Escalier de 158 marches comptées par François  

Le débarquement est musclé, 4 hommes dans l’eau pour nous aider à franchir une grève de galets moussus ,battue par les vagues.

La consigne à respecter est de ne marcher que sur un chemin balisé en bois car nous sommes dans une réserve naturelle.

Devant le phare, le couple de gardiens du phare nous attend aves leurs 4 enfants qui depuis 4 ans ne vont plus à l’école , entre années Covid et années insulaires.Quelle vie d’isolement, et ce vent qui peut si souvent atteindre des vitesses phénoménales telles que l’Albatros, l’emblème du Cap est tombé récemment.Notre gentil Commandant leur fait livrer 5 caisses de fruits, légumes et laitages et ….quelques bouteilles car leur ravitaillement est aléatoire !

Avec Paolo le photographe talentueux de NG 
Une petite chapelle 

Dans le phare nous achetons un galet du Cap peint par la gardienne du phare et laissons notre signature sur le Grand Livre avant de grimper dans le phare tapissé de dédicaces diverses, de drapeaux bariolés.

Dans le phare du Horn 
Le Livre d’Or  

Nous nous dirigeons ensuite à l’extrémité de l’île, vers cette fameuse sculpture de l’Albatros, battue par les vents , à travers une campagne sans arbres, des falaises plongeant à pic dans le Pacifique, paysage que l’on retrouve sur tous les caps du monde où le Seigneur est le vent et son harem les vagues se fracassant contre les rochers en contre-bas.Un poème à la mémoire de tous les marins noyés est inscrit sur une stèle.


L’intérieur de l’albatros est exposé à Saint -Malo 

Quelques membres d’équipage philippins ont eu quartiers libres , et en profitent.

L’Albatros du Cap Horn 

Finalement, pour laisser arriver d’autres passagers , nous reviendrons à bord , avec pour moi ,les yeux humides devant ce symbole légendaire que l’on quitte pour toujours, au bout du monde, en pensant à tous ces marins au fond de cette eau froide, à leur cris au moment de disparaître dans la mer écumante et rageuse et que l’on croit entendre les soirs de tempête.Il n’y a certes aucun engagement physique de notre part à ‘’passer’’ le Horn ( ce que nous ferons véritablement avec le bateau par la pointe Sud vers 18h ), et même un petit ricanement de condescendance de la part de navigateurs tourdumondistes par rapport aux croisiéristes,mais ,que Diable, nous y sommes quand même allés, notre travail, et un peu de chance ,certes, nous l’ont permis ,alors ne boudons pas notre plaisir! Et mes futures lectures des témoignages historiques n’en seront que d’autant plus vivantes.

L’Austral cap horniais 

Eole vers 17 h se réveille et nous appareillons, tous au balcon pour immortaliser ce moment inoubliable qu’est Le Passage Du Cap Horn!

Pointe nord 
Pointe Sud  

Nous aurons donc le droit de porter un anneau à l’oreille gauche, et recevrons tous un Certificat de Cap Horniais… Ah ce Ponant!

Direction Porto-William !

A 19 h , cocktail d’au revoir sur le pont avec l’équipage qui sera ovationné, tout le monde sur son 31!

Repas de gala avec un guide naturaliste qui nous aura donné le point de vue des argentins sur la guerre des Malouines , très intéressant !!

Ils sont chicos !! 
Les femmes sur leur 31 mais en veste de quart 
Petite entorse au protocole du serveur !! 

Et nos yeux se fermeront sur l’image de cette île granitique, point final d’un continent, tombeau de tant de galions mais fierté de tant d’autres, symbole de l’histoire des hommes et de la Marine.

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Puerto Williams  
Destination finale  

Notre croisière arrive à sa fin après le passage du Horn et nous atteindrons vers 6h Puerto Williams ,la ville la plus au sud du continent, base militaire chilienne, 6000 habitants .La nostalgie nous surprend déjà en regardant nos photos et celles, magnifiques des photographes Ponant .Le temps file de manière vertigineuse et même s’il nous reste une semaine en Argentine, nos étapes chiliennes sont presque toutes à conjuguer au passé.

Petite Madeleine de Proust 

Une gentille attention de la Direction pour notre petit déjeuner ce matin ….La vue d’un glaçon à Toulouse déclenchera-t-elle l’émerveillement ressenti devant El Brujo?

L’Austral qui part après nous avoir débarqués, demain vers une croisière en Antarctique via les Malouines et la Géorgie du Sud, doit faire le plein à Puerto Williams grace à une barge qui accoste sous nos hublots.

Dame Isabelle a sa fenêtre 

Puerto Williams se révèle être une petite ville nichée est au fond d’une baie,base militaire chilienne, aux maisons toutes semblables .Les rares habitant que nous y croisons ont vraiment tous un type indien très marqué.


Route de la Fin du Monde  

C’est la ville la plus australe d’Amérique du Sud sur les cartes, Mais nous apprendrons qu’Ushuaia en Argentine se dispute le même titre .

Un vieux bateau de pêche a été entièrement remis à neuf et est utilisé comme petit Yachting Club pour les quelques marins qui s’aventurent dans ces contrées inhospitalières.



Nous y avons rencontré un couple de français ayant largué les voiles à Cherbourg, 2 chercheurs sans emploi qui se sont délestés de tous leurs biens matériels pour acheter un bateau et qui naviguent depuis quatre ans. Un cluster ayant été découvert à Puerto Williams, certainement dû à un médecin ou un dentiste de Santiago venus au dispensaire , ils ont été confinés deux ans à Puerto Williams. Ils se font un peu d’argent en télétravaillant pour une maison d’édition….Il faut aimer rompre les amarres, ou avoir de bonnes raisons…


C’est le royaume des vaches et des chevaux, qui déambulent en totale liberté.

L’Austral reprend sa route vers sa destination finale, Ushuaia, si médiatisée par les reportages de Nicolas Hulot, lieu lui aussi mythique.Mais avant d’arriver, réunion obligatoire sur les procédures de débarquement et transfert à l’aéroport….au cordeau!!

Et nous voici à quai, à Ushuaia, point final de cette merveilleuse croisière mais nous accostons très tard vers 19 h , retardés par une évacuation sanitaire sur un bateau de l’Hurtigruten qui, à 4h de l’arrivée dans la péninsule Antarctique a fait demi tour, un passager ayant fait un malaise cardiaque…😢

Ushuaia  

Nous décidons de dîner dans un restaurant aux très bonnes critiques, pour goûter ce bœuf argentin si prisé des connaisseurs, contents de s’éloigner pour une soirée des repas gastronomiques Ponant .


Malgré le crachin qui tombe ,nous sommes conquis par cette ville, tournée entièrement vers expéditions maritimes ou trekking, Il y a des bureaux de guides partout ainsi que beaucoup de loueurs de bateaux d’expédition. Effectivement elle se dispute avec sa voisine chilienne Puerto Williams le titre de ville de fin du monde.

 Revendication pour les Malouines 

Le restaurant élu en fonction des témoignages des locaux nous sert un Ceviche pimenté de la Puta Madre, au titre explicite ,du Beef Chorizo de folie, arrosés d’un Malbec argentin parfait.

Du bœuf du vrai ! 

L’espagnol fluent de Jean-François est un bon sésame pour s’attirer les faveurs du patron…Et la cuenta sera éditée en pésos, dollars et euros …..ville du bout du monde oblige.

Raymond a un nouveau copain! 


Le retour sur L’Austral se fera dans la gaité bien que cela sera la dernière fois que nous gravirons ses marches ….

Embarquement  
Débarquement  

Soleil et ciel d’azur pour notre départ d’Ushuaïa, vers Buenos Aires ,15 degrés, conditions exceptionnelles nous dira un guide, qui nous font regretter de ne pas avoir plus de temps pour visiter cet endroit légendaire.

Le survol en avion est somptueux, les crêtes enneigées qui ourlent les baies découpées parsemées d’îles ,sous le bleu du ciel, joli cadeau d’au revoir de cette fascinante Patagonie .

Baie d’Ushuaïa vue d’avion 
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Adiós Tierra del Fuego , Hola Argentina, Buenos días Buenos Aires.


Contente d’atterrir: mon voisin d’avion, un breton ayant passé les 3 h de vol à dormir, totalement comateux , ronflant et faisant des pauses respiratoires impressionnantes, m’a avoué en mangeant la collation du bord souffrir d’apnée du sommeil et de ne pas avoir pris son appareil…….et de se sentir KO depuis quelques jours ….Et voilà comment un bateau transportant 200 athlètes aux confins du monde peut être obligé à une évacuation sanitaire !! Je crois que je lui ai tellement fait peur en lui dressant un tableau apocalyptique de ce qu’il risquait…qu’il ne va pas quitter son masque respiratoire de la journée à Quimper !!!😂

15 jours de prise en charge totale par Ponant vous changent un homme et la reprise avec la vie réelle est brutale, dans une ville qui reçoit le jour de notre arrivée et la plus grande Gay Pride de L’Amerique Du Sud et le tournoi mondial de polo: les chambres de Jean François et de Claire et François ont tout bonnement étaient annulées par l’hôtel qui a préféré les réserver à plus offrant. Ce sont des pratiques courantes à Buenos Aires .Grosse angoisse pour nous devant l’impossibilité de trouver quelque chose et ô miracle, au dernier moment vers 19 heures Jean Francois réussit à trouver une chambre pour Claire et François mais à 500 $ et qui sera le lendemain reproposée à 200 $…

Gay Pride,  agence Raymond M .

Malgré le refus de l’hôtel ,nous décidons d’héberger en douce Jean François dans la chambre d’Annie et Raymond ,avec les moyens du bord …. Le confort est loin d’être celui d’une cabine Ponant mais finalement tout le monde peut s’octroyer un repos bien mérité après tout ce stress ! Les aléas d’un voyage, on en rira les jours suivants …

Recherche active de chambrées  
Une couche royale, il dort déjà !!
En attente  de la viande argentine  

Au restaurant le soir, le patron très sympathique se sera plaint de la corruption régnant dans son pays, si pesante qu’il envisage de partir un jour s’installer en Espagne…


Le lendemain, après un conciliabule documenté par tous les guides et un petit tour sur les toits de l’hôtel ,nous partons en goguette, ‘libré’ et sans gilet de sauvetage !!

Et toujours Évita !! 

Buenos Aires ,aux larges avenues rectilignes, ,aux buildings bleutés étincelants sous le soleil est le royaume de la voiture. On y roule à 70 /h. 9 millions d’habitants sur les 40 M d’argentins , pour une superficie de 5 fois la France .Quel contraste avec ce que nous venons de quitter et pour la température à 25 degrés , nous avions prévu dans nos 23 kg de bagages des tenues légères.

Nous passons Plaza de Mayo au monument commémoratif de l’indépendance de l’Argentine, entourant le palais présidentiel, Casada Rosada ,peint avec un mélange de peinture blanche et de sang de bœuf dit la légende, d’où Evita Perón, fit son mémorable discours en faveur des femmes pour leur droit de vote, et des nécessiteux.Elle était haïe par les caciques de l’État et par l’Eglise,(qui a la chute de Perón organisa l’enlèvement du corps embaumé de sa femme, l’enterrant secrètement au Vatican pour ne le restituer que 25 ans plus tard ) mais adulée par le peuple et il y a toujours et encore des témoignages photos ou picturaux sur Évita , la Madone des pauvres ,comme on la nommait .

Combat contre l’impunité des crimes de la junte des colonels. 


Et c’est sur cette place, que tous les jeudis, les femmes dont les enfants ont été arrêtés et portés disparus lors de la junte des colonels ou les bébés volés pour être placés chez les hauts dignitaires de l’Etat en mal d’enfants ,défilent un foulard sur la tête (les mères de mai ) pour protester contre l’amnistie générale qui règne en Argentine sur tous les crimes du passé.Et n’oublions pas que le droit à l’avortement n’a été officiel en Argentine qu’en 2020.

Après nos paysages fuégiens bicolores blanc-brun , l’explosion de couleurs sous le soleil nous ravit, en déambulant vers notre destination pour la féria de San Telmo, qui a lieu tous les dimanches. Beaucoup de monde, touristes et autochtones mélangés, et des vendeurs de bimbeloterie essayant d’attirer le chaland.Et le bandonéon qui accompagne toujours les chanteurs de rue,

Bandonéon
 Vendeur de plumeaux
Les sacs à dos  toujours devant 

De belles antiquités, témoignages de la richesse de Buenos Aires au 19 ieme, au temps où l’Argentine se voyait comme la Terre Promise,avec une forte immigration, beaucoup de laissés-pour-compte mais aussi beaucoup de réussites…. argenterie, vaisselles, ivoires….


Nos deux pharmaciens devant la plus vieille pharmacie de la ville 

Une autre étape sera la Feria de Matadero.Mention spéciale pour les chauffeurs de taxis avec lesquelles il vaut mieux discuter du prix de la course au préalable car leurs compteurs peuvent être trafiqués…Christian en aura fait la mauvaise expérience !

Imaginez un immense marché aux puces sous le soleil, quelques vendeurs professionnels mais leur grande majorité étant des particuliers, très pauvres et qui tous viennent admirer sur les coups de 15h le défilé des Gauchos, chevaux et charrettes, toute l’histoire de la conquête de l’Argentine. Nous sommes aux premières loges ,emballés par le déploiement de couleur des costumes, la noblesses des chevaux ,l’harnachement clinquant de leurs cavaliers. C’est manifestement une institution à Buenos Aires et nous sommes frappés par le respect qui entoure tous ces hommes à cheval, et la ferveur du public !

BBQ avant le défilé  
Gauchos 

Au coucher du soleil, nous partons dans le quartier de Puerto Madero, très belle réhabilitation des docks de part et d’autres d’un canal, haut lieu de la branchitude ,mais aux qualités esthétiques manifestes. Visite obligatoire d’un ancien navire-école de la marine argentine, amarré face au pont des Mujeres, magnifique !

Bâtiment des Mujeres 


Quartier branché  
Puerto Madero 


Nous trouvons un petit restaurant le soir où nous profiterons encore une fois de la viande argentine, ojo de beef. À la fin du repas ,au moment de la note, le garçon nous fait un comptage de billets digne du meilleur des croupiers, pour le fun : le pesos argentin a subit une dévaluation de 40 % en 2022 et la vie y est beaucoup moins chère pour nous , même si le tas de billets dépensés beaucoup plus gros….

Agence Philippe C. 

Nous avons tous été conquis par cette première journée à Buenos Aires mais avons encore beaucoup de quartiers à découvrir, ce que nous ferons progressivement sur les quelques jours que nous avons encore à passer dans cette belle métropole.

Le Deuxième jour, avant de partir pour les chutes d’Iguazu, nous commençons notre périple par le fameux quartier de la Bocca, aaccessible aux touristes uniquement le jour car la nuit cela devient un véritable coupe gorge.

Le groupe se scinde en 2 car nous avons décidé de faire une matinée ‘quartier libre’. C’est un quartier à l’origine fondé par des migrants italiens, peu étendu ,ayant perdu d’après les guides beaucoup de son authenticité, mais gardant de par les couleurs vives qui recouvrent les maisons de tôles ondulées un attrait extraordinaire sous le soleil, et heureusement nous y arrivons avant les bus de touristes.Cela m’évoque beaucoup, en plus clinquant, la couleur des maisons de la petite île de Burano dans la lagune de Venise.

Agence Annie M . 

Ils sont partout , héros du petit peuple de l’Argentine :Maradona et le Pape François

Dans la Bocca 

Après un passage pour un petit café au musée Eva Péron direction le Malba , musée des arts latino-américains de BA , immense bâtiment moderne n’abritant que des œuvres d’artistes du continent dont les incontournables Kahlo-Rivera

Diego Rivera et Frida Kahlo 

Il y en a pour tous les goûts, aussi bien dans les œuvres que parmi le public.

Par contre une oeuvre très forte évoquant ce traumatisme national qu’a été la disparition de tant de jeunes pendant la junte.

Chaque foulard est brodé du prénom  d’un disparu 

Déjeuner dans le Café de Marco, à la franc-maçonnerie affichée , haut lieu de la révolution argentine au 19 ieme siècle

Traduction faite par JF , non retranscrite!! 
Dîner d’au revoir avec Jean François, Claire et François. 

Demain nous nous envolons avec Annie et Raymond pour Iguazú, et ses chutes légendaires, qu’aura immortalisé le film Mission et sa fin dramatique où De Niro est précipité dans les ‘cataratas’ ‘attaché à une croix .

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IGUAZÚ, grandes eaux en langue Guaraní.Enfin! Depuis le temps que je voulais les voir, depuis un certain film, Mission, comme écrit précédemment .

Photos officielles du site brésilien  

Situées dans une enclave argentine entre Brésil et Paraguay, les chutes se forment par division en bras multiples du fleuve Iguazú , ses eaux avalées par une faille géologique en arc de cercle, supérieures aux chutes du Niagara et aux chutes Victoria par leur puissance. La brume qu’elles génèrent s’élève à 100 m de haut !

Classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et dans la liste des 8 nouvelles merveilles du monde ….

Les 2/3 des cataractes se trouvent en Argentine et le reste au Brésil: on dit que les Argentins ont les chutes et les Brésiliens la vue des chutes . Nous ferons ,nous ,les 2 cotés.

Notre hôtel 
 ‘la Fonte’ (La Source)

Le chauffeur de taxi de l’aéroport (Julio Cesar …si si !) nous propose une prise en charge pendant 2 jours qui se révélera précieuse et très bien alignée financièrement parlant ,dans un pays où le taux de change varie de 150 à 280 en fonction des bureaux.

Direction le site argentin situé dans le parc national d’Igazù,

Nous avons la surprise de constater que l’accès aux chutes est entièrement balisé, et que nous suivrons un circuit pédestre ‘paséo superior y inferior ‘ one way sur des passerelles au dessus de l’eau. Il y a 1 mois, une crue très importante a emporté la passerelle de la chute El Diablo et un touriste s’est noyé …Nous ne devrions pas être mouillés sur ce versant argentin contrairement au brésilien .

Passerelle  

Il fait un temps splendide, le soleil illumine la forêt, et le contraste de toutes ces couleurs ,les eaux brunes du fleuve chargées d’alluvions ,le bleu du ciel, le vert des feuilles, ponctués par tous les ‘mariposas’ bleus et rouges qui volettent autour de nous ,est un enchantement .

Mariposas  

Un iguane et des coakis qu’il est interdit de toucher car très voraces, (peuvent mordre les mains),un toucan et un petit singe ….

Animaux divers  


Elles apparaissent enfin au loin, leur brume les trahit ainsi que le mugissement des cascades .Et là, on oublie son voisin, les cheminements en ferraille, la main de l’homme ,tellement c’est beau .

Plus on s’en approche et plus le bruit est important, irisations magiques au dessus des rochers, bouillonnement de l’écume, tourbillons affolés de l’eau brune avant la chute, vols incessants des martinets …,quels cadeaux somptueux de la Nature !

L’approche  
Cataratas 
Chutes versant argentin  

‘’Qué hermoso ! ‘’ entendu souvent autour de nous .Que dire de plus ? Rien, savourer et s’en ‘mettre’ plein les yeux !

Après cette ballade de 8 km nous rentrons fourbus dans un petit train, mais sur un petit nuage car demain, côté brésilien, les sensations devraient êtres encore plus intenses et …humides ,nous promettent tous les guides .

Tortillard. Agence Raymond M. 

Le lendemain, ponctuel, Jules César vient nous chercher pour nous emmener dans son bureau de change car nous avons besoin de Reals pour le versant brésilien.

Bureau de change, agence Annie.M 

Arrêt pour le fun , non obligatoire pour moins de 48h ,à la frontière Brésilienne pour avoir un tampon sur son passeport ,ce qui n’est pas le cas en Argentine où tout est numérisé.

Arrivés côté brésilien nous sommes surpris par le monde, des bus entiers déversant des touristes locaux ou étrangers sur une grande esplanade. Cela ressemble beaucoup à l’organisation de Disneyland, et grâce à César, nous pouvons couper la queue interminable devant la billetterie.

Aux caisses à l’entrée  

Nous n’avons pas oublié les ponchos et chapeaux de pluie dans nos sacs à dos car entre la dernière passerelle au contact des chutes et le bateau qui va nous emmener tout près des cascades , l’effet T-shirt mouillé est garanti.


Le chemin est long pour arriver juste en face de la plus belle ‘ El Diablo’ mais nous ressentons déjà une légère brume montant dans l’air .Beaucoup de Brésiliens nous accompagnent, des familles, des jeunes, des vieux, des athlètes, des impotents, des minces, des gros, un collège de jeunes élèves ‘indigènos ‘écrit sur leur t shirt , et c’est la foire aux selfies ou aux photos pour Instagram, sourire technicolor ou lèvres en bec de canard .Sur chaque esplanade de vision, il faut un peu jouer des coudes mais l’ambiance est bon enfant et chacun cède rapidement la place à l’autre après avoir admiré le paysage.

Selfies 

Nous nous approchons des chutes et le spectacle devient grandiose.

Iguazú côté brésilien  

Il nous faut mettre nos protection de pluie pour arriver sur la dernière passerelle entièrement arrosée par les projections de la cascade.

Le souffle de l’eau 

Incroyable , époustouflant, merveilleux ….

Le spectacle est partout 
El Diablo 


Nous remontons par un ascenseur pour nous diriger en bus vers le bateau qui nous attend. L’organisation est incroyablement rodée et efficace.

Arrivé à l’embarcadère, tout le monde se met dans la tenue qui lui semble la plus appropriée pour affronter les chutes, Et nous retrouvons Christian et Isabelle qui étaient arrivés à Iguazú 24 après nous .

Igazú plage 
Sans paroles  

Et c’est parti pour le grand show sur un bateau à 2 fois 250 chevaux presque sous la cascade. Waouhhhh

Irisation sous le soleil  

Quelle claque ! Mouillés, trempés mais heureux !!

Photo officielle  post chute!

Et en bouquet final, nous avons droit à une ballet de papillons jaunes de toute beauté .

Nous retrouvons Philippe qui a préféré ,à cause de son dos fragile,faire le parc aux oiseaux et nous gratifie de photos magnifiques

Toucan et ibis rouge  
Perroquets  

Petit restaurant le soir avec Chris et Isa pour un au revoir ,et nous quitterons Igazu le lendemain pour BA encore émerveillés par nos aventures, et ces contrastes magiques que nous avons pu vivre en quelques semaines.

Repas d’au revoir car Isa et Chris partent à Rio  
17
Cataratas vues d’avion 
Adiós Iguazu 
En attendant l’avion 

Un regret? Ma mauvaise maîtrise des langues, ce qui m’aurait permis d’être moins tributaire des bilingues et dans un tel voyage ,d’avoir une vision plus aisée de la culture chilienne et argentine Et ma fille qui depuis 4 ans m’incite régulièrement à apprendre l’espagnol ! Promis, juré je m’y mets dès mon retour en France .

Nous retrouvons la belle Buenos Aeres ,aux jacarondas couverts de fleurs bleues.

BA by night pour notre avant-dernière soirée , dans le quartier Puerto Madero aux illuminations photogéniques.

Admirer la lune gibbeuse 

Nous sommes vraiment tous charmés par cette ville très aérée ,au bord du Río de la Plata ,arborée et fleurie, aux rues se croisant en angle droit :ici on compte en bloc d’immeubles, 100m . Elle a des airs de Madrid car fondée par les conquistadors . Mais ville à deux vitesses ,les quartiers chics et branchés et les ‘Villas miserias ‘ où des milliers de laissés-pour compte s’entassent dans des baraquements en tôles , que nous survolons en arrivant en avion .

Des taxis quelque soit l’heure, en moyenne 3,5 à 4€ la course en journée .Pour un français la vie n’est pas chère du tout , restaurant ,nourriture…Avec la grave crise économique et sociale qui sévit depuis 2018 ,on assiste à une inflation vertigineuse et le peso qui dévisse régulièrement face au dollar.

Nous rencontrons énormément de promeneurs de chiens, activité très répandue en ville…

Promeneurs de chiens ….attention aux déjections sur les trottoirs  

Un incontournable à BA : le musée Évita Perón, et son pèlerinage sur Évita , sa vie, son œuvre .

Autre musée , le Museo des Bellas Artes, riche de beaux tableaux du XVI au XX e siècles et d’artistes argentins contemporains, intéressants.Très belle collection de poteries précolombiennes, que nous n’avions pas pu voir à Santiago.Par contre, parmi toutes les toiles des peintres argentins exposées, très peu font référence aux populations autochtones.

Art européen  
Poteries précolombiennes  
Mise à sac d’un village blanc par les indigenos 


Sin pan y sin trabajo 



Cette bibliothèque, librairie de El Atheneo, a reçu récemment le titre de plus belle librairie du monde, installée dans un ancien théâtre, impressionnante il est vrai. On y trouve tout ce qui peut exister en langue espagnole !


Beaucoup d’auteurs français à l’honneur. Librairie El Athèneo


Et bien sûr , impossible de quitter Buenos Aires sans assister à un spectacle de ce tango argentin, ‘ la pensée triste qui se danse‘, né vers 1880 dans les bas-fonds de Buenos Aires où s’entassaient tous les migrants européens ,espagnols ,italiens et allemands. Il aura fallu que cette danse bénéficie d’un énorme succès à Paris et dans d’autres capitales européennes pour que l’aristocratie locale argentine, qui la méprisait de premier abord, la considère ensuite comme un symbole d’identité nationale.

Une célèbre salle ‘Los Angelitos’ 
All inclusive, beef et tango 
Tenue chic de rigueur  

Ce n’est pas la milonga intimiste réservée aux Portiños, mais un spectacle avec des danseurs professionnels et une mise en scène épatante et, placés très près de la scène ,nous ne perdons pas une miette de tous ces pas particuliers du Tango avec un jeté vers l’arrière et un ‘tricotage ‘des jambes sans heurter le partenaire , impressionnants. On comprend vite pourquoi les robes des danseuses de Tango sont fendues toujours très haut.

Un orchestre incroyable :piano, bandonéon,alto, contrebasse,guitare électrique, jouant du tango traditionnel et contemporain .

Et quelques vues supplémentaires de Buenos Aires

Museo du Jamón  

Le marathon et quelques photos volées

Marathon  


Voilà ,nos 3 semaines de voyage prennent fin aujourd’hui et nous auront laissé des ‘souvenirs inoubliables’ et une envie très forte de revenir explorer encore ce continent envoûtant qu’est l’Amérique du Sud .

Merci à tous mes compagnons de voyages qui auront rendu ce séjour si gai et sympathique et un grand merci à tous mes lecteurs et leurs commentaires bienveillants et chaleureux.Une mention spéciale aux vertèbres de Phil qui auront bien ‘tenu le coup!’

Buenos Aires ,le 12 novembre 2022, jour de l’anniversaire de mon petit mari chéri 💋.