Carnet de voyage

La longue route...

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"Quand rien n'est prévu, tout est possible!!..." Antoine De Maximy
Juillet 2017
1000 jours
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Ça y est, c'est donc vraiment parti... j'ai mon visa pour la Russie en poche depuis lundi, dernières journées avec Marine et Nya depuis, adieux douloureux ce matin... et me voilà tout seul avec moi-même...

Parce que j'avais un peu le cafard et pas vraiment envie de parler, je n'ai pas voulu faire de stop aujourd'hui, j'ai donc marché, pas grand-chose, peut-être 10 bornes -de Meudon à Neuilly par les bois de Meudon et Boulogne -mais le manque d'entraînement et le sac m'ont cassé en 2... Je suis mort... Pour arrêter de faire du sur-place et préparer le VRAI départ, demain, j'ai pris l'option de traverser Paris par le métro et une heure après j'étais au bois de Vincennes. C'est là que je dormirai ce soir, pour la première nuit de ce long voyage...

Pour ceux qui n'ont pas suivi, je pars pour un "tour du monde" en sac à dos, entre-guillemets car rien n'est encore défini. L'idée c'est de faire durer la caisse de bord pour faire durer le voyage, à pied, en stop, en train... mais si possible pas en avion... Donc pas de durée limitée et pas de destination, peut-être même pas de retour... Seules les dates d'entrée et de sortie de la Russie sont connues car le visa était obligatoire pour sortir de l'Europe et la demande se faisait en France... et comme je m'y suis pris un peu tard, je n'ai plus que deux semaines et demie pour traverser l'Europe, date d'entrée en Russie : 15 août, sortie : 13 septembre... vers la Mongolie, la Chine, le Népal, l'Inde, ... Mais ça c'est plus tard...

Il va déjà falloir sortir de Paris...

Pour l'instant je me sens un peu péteux... c'était tellement plus facile d'en rêver et d'en parler... maintenant il faut le vivre... apprendre à vivre avec 20 kilos sur le dos, apprendre à faire du stop, à se nourrir, à se déplacer sans GPS, à vivre sans téléphone, à ne pas se faire avoir comme un touriste,... apprendre à vivre en nomade, en vagabond.

Encore une fois, toutes mes excuses à ceux que je n'ai pas eu le temps de voir avant de partir, je vous embrasse fort et vous dis à très bientôt, ici où ailleurs...

Merci à ceux qui m'ont aidés à préparer ce trip, merci à ceux qui étaient là pour dire au-revoir, merci pour vos encouragements, ils seront importants dans les moments durs...

Aloha les zamis !!!

Amour, Paix et Aventure !!


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Après une nuit dans le parc de Vincennes, j'ai repris la marche car il me semblait trop compliqué de quitter l'Ile de France en stop.

Je croyais être en forme avant de partir, mais le poids du sac, toute la journée sur le dos, est un effort qui me fatigue plus que je ne le pensais... Et je lutte, pas après pas... Il faut habituer le corps et l'esprit à cette charge qui sera désormais quotidienne. En marchant, je repasse dans ma tête tout le contenu de ce que je transporte et j'essaie d'éliminer le superflu de ce qui me paraissait essentiel avant le grand départ.

J'ai donc marché sous une météo maussade jusqu'à Bussy St Georges, petit bled au sud de Marne la Vallée. Alors surpris par une averse plus violente que les précédentes, je me suis réfugié dans une auberge locale qui me proposait le café, la wi-Fi et l'électricité : un Mcdo...

J'en profitais pour fignoler le premier report du blog et recharger ma batterie externe... grossière erreur, dix secondes d'inattention et la batterie avait disparu... AAARRGGGH!!!!!!!!!!

J'en suis reparti fou de rage! En colère contre Mcdo, contre les parisiens, contre la France, contre les jeunes, contre les vieux,contre Mickey, contre le monde entier... mais finalement, surtout contre moi-même...

C'était un avertissement.

Réveilles toi Bisounours!!!

Je doit être sur le qui-vive, méfiant, vigilant, affûté!!

Ça ne doit pas se reproduire.

Le sac est le prolongement de moi-même, je doit en connaître chaque objet, leur place à l'intérieur, je dois pouvoir remballer rapidement et ne pas avoir à tout sortir pour atteindre ce que je veux... Ne pas s'étaler, rester discret et surtout, surtout, ne jamais perdre le passeport !...

C'est donc très en colère que j'installais mon bivouac dans une petite clairière, au milieu d'un bois, à la sortie du village.

Le lendemain, je fut tiré du sommeil par une maman chevreuil et son petit qui mangeaient les feuilles d'un arbuste à une dizaine de mètres de ma tente et un peu plus tard, un autre qui venait vers moi sans m'avoir vu, a stoppé à trois mètres du bivouac, surpris de me voir, mais pas plus apeuré que ça, il est resté quelques secondes figé, s'est sauvé, a fait le tour d'un arbre et est revenu !! Pas agressif, juste curieux... Moment magique, cadeau de la nature, joli présage pour cette nouvelle journée!!...

Et en effet la journée fut bonne, vers midi un businessman pas très causant me déposait à Reims où j'eus à patienter une petite heure, puis un autre gars, guère plus loquace, à Metz où je m'installais pour la nuit dans un petit bois au milieu d'une cité.

Le lendemain, en quittant Metz, alors que j'etais en train d'estimer le temps que cela me prendrai de traverser l'Allemagne, je croise un bus Eurolines... Idée, recherche Internet : pour moins de 50€ je peux être à Berlin le lendemain matin... C'est un peu plus cher que ce que me coûteraient deux ou trois jours sur la route mais cela m'assure du temps pour le reste de l'Europe que je ne connais pas du tout. Ça me permets aussi de mettre de la distance entre la France et moi, car au fond de moi j'ai peur de partir et la tentation est grande de s'arrêter voir la famille à Stasbourg ou les amis en Suisse...

Réflexion...prise de décision, c'est parti!!...

J'ère dans la ville en attendant le bus, départ à 16h15.

Petite remarque concernant Metz : les gens disent bonjour!!! Les jeunes, les vieux, en ville, dans les cités, même un qui quitte sa conversation téléphonique pour dire bonjour!!!... Dédicace spéciale à la dame d'un certain âge qui à insisté pour me payer mon café à la machine de Lidl, je n'avais pas le droit de refuser parce qu' " on ne dit pas non à une dame qui, en plus, est fan de Bob Marley "!!

Départ du bus, contrôle des papiers musclé à la frontière par des flics fatigués et hargneux, puis c'est parti pour la traversée de l'Allemagne. La météo est très clémente et le coucher de soleil est magnifique sur les immenses forêts germaniques.

Arrivée à Berlin au petit matin, après 15h de bus, peu dormi car escale toutes les deux heures et brassage de passagers : heureux d'arriver!

Je vais profiter de cette grande ville pour revoir un peu le matos qui fait défaut et faire repartir par colis ce que j'ai en trop, mais aujourd'hui c'est dimanche!...J'avais déjà perdu le compte et je m'en aperçois en arrivant... ce sera l'occasion de faire un peu de tourisme!

Je suis déjà venu quelques jours à Berlin pour un premier de l'an, sous la neige, je la redécouvre par 29°C aujourd'hui, grand soleil et brise rafraîchissante...

Berlin, ville chargée d'Histoire, ville pluri-culturelle, ville de culture mais surtout de contre-culture.

Berlin, ville aux millions de tags et graffitis.

Il y a quinze ans de ça j'ai voulu repasser un BAC STI pour entrer en École d'Architecture, j'ai tout foiré à cause de l'Histoire/Géo : je ne savais pas ce qu'était la Guerre Froide!...

Je repense à ça en longeant Le Mur...

Je suis une b...te en Histoire et c'est bien dommage; je profite de mes derniers jours de forfait téléphonique pour m'instruire un peu sur Wikipedia...

Je continue à marcher plutôt qu'utiliser les transports publics, toujours dans un esprit d'entraînement, et je me perds et me re-perds dans Berlin... cette ville est fantastique, différente, les gens se respectent, je croise autant de BCBGs que de punks, de hippies, de transgenres, de gays et autres communautés, c'est ZADesque !! J'écris ce report allongé sur la pelouse de Görlitzer Park, c'est la fin d'après midi, des centaines de gens autour de moi, des familles, des étudiants, des gens qui cuvent, des clochards, des enfants, des dealers, des punks, encore des enfants, des hippies, des gens de toutes les couleurs, en train de jouer, de pioncer, de faire des barbec', de la musique, de fumer des sticks, de faire un foot, jouer au frisbee... tout le monde est là!! C'est woodstock!!...

Je viens d'enlever mes chaussures et de m'apercevoir que j'avais avec moi un passager clandestin à l'intérieur depuis Metz!!... Il m'a fallu du temps pour déterminer que c'est une grosse limace qui est intégrée à ma chaussette... C'est le deuxième avertissement, ça aurait pu être une veuve noire!!!

Mais il va être temps de repartir car le jour s'en va et mes barrettes de batterie aussi!!!

Merci mille fois à tous pour les messages de soutient et encouragement, certains n'ont pas été facile à lire sans verser une petite larme...

À très bientôt pour un prochain report!!

Aloha les zamis!



"East Side Gallery" ou ce qu' il reste du Mur



"Checkpoint Charlie"


Street art


Berlin


Un des nombreux squat de Berlin victime de la gentrification
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Apres vous avoir envoyé le report lundi soir, j'ai passé une première nuit à la belle étoile dans Görlitzer Park. Je m'étais renseigné au préalable des éventuels risques auprès de mes potes rastas qui squattent le coin 24h/24 : je pouvais dormir tranquille, sous leur protection.

Je n'étais pas seul d'ailleurs, quelques sdf et autres junkies me tenaient compagnie.

Plus tôt dans la journée, durant les derniers kilomètres, je commençais à souffrir du tendon d'Achille droit et j'espérais que la nuit serait réparatrice...

Le lendemain, petit café avec les rastamans et en route pour un peu de shopping : j'ai besoin de shoes, d'une protection anti-pluie pour le sac à dos et d'un short.

Je me mets en route mais au bout de 200 mètres, plus moyen de poser le pied par terre, le mal est revenu....

Cela me casse le moral pour la journée : me voilà surchargé et boiteux...

Je m'en veux de ce manque de préparation et d'entraînement...

À contre-coeur, je prends un ticket de bus pour la journée et je me rends dans un shop de randonnée. J'y trouve ce que je cherche, mis à part les shoes...

Je suis parti avec des chaussures très montantes, étanches, chaudes, géniales... pour traverser l'Everest l'hiver... mais pas du tout adaptées à mon trajet. C'est mon erreur, je me suis équipé pour l'extrême, mais je ne traverserai que rarement des climats extrêmes... et en attendant je morffle...

Il me faut donc des pompes de marche plus légères, je suis déjà fixé sur un modèle que je connais bien et qui, je le sais, seront très vite confortables sans période d'adaptation... en plus, ce modèle est fabriqué à Berlin!!

Sur le web, je ne les trouve que dans un seul magasin, en périphérie de la ville. Je les contacte afin de m'assurer qu'ils ont bien ce modèle pour ne pas faire la route inutilement... en effet ils l'ont... mais ils sont en inventaire pour 4 jours et m'invitent à venir vendredi... mais 4 jours c'est trop pour moi... j'insiste un peu et explique ma situation, le gars cède et me fixe rendez-vous le lendemain, au shop, à dix heures pétantes... Yes!!!

Je passe le reste de la journée à parcourir Berlin en bus, en tram, en métro...

Et je retrouve mes potes rasta le soir venu.

Ce soir là, beaucoup de monde à Görlitzer Park, il fait chaud, presque lourd.

Des jeunes ont allumé des bougies un peu partout, dans un groupe un gars a une cythare et il chante accompagné par une nana... C'est concert jusqu'à 3 heures du matin, ambiance Katmandou années 60's... magique!!!

Je suis réveillé par une petite pluie fine vers 5h et je rejoins les rastamans pour le café.

Malgré le repos et des frictions au baume du tigre, mon tendon me fais souffrir dès les premiers pas... Je rage et reprends un ticket de bus...

Je trouve la boutique et achète les fameuses pompes à Richie, qui aura ouvert le shop juste pour moi aujourd'hui... vraiment merci à toi man!

Je repars satisfait mais encore plus chargé que je ne l'étais déjà!

Aujourd'hui le temps est maussade, je dois reposer mon pied, je pue, je n'ai pas pris de douche depuis près d'une semaine, je dois revoir mon sac, faire sécher mon duvet ... après reflexion je fais le choix de prendre une chambre d'hôtel pour une dernière nuit sur Berlin.

En cherchant sur le net, je suis surpris par le prix de certains logements à Berlin : on peut trouver un lit pour 5€ en plein centre ville dans des sortes d'auberges de jeunesse... mais je ne connais pas encore cette formule et j'ignore si on peut mettre son sac sous verrou... en plus j'ai besoin d'étaler mon matos pour le trier et donc de place... un dortoir ne fera pas l'affaire ce soir... Je trouve une chambre dans un hôtel un peu excentré, pour 26€, petit déjeuner inclus!

Je prends possession des lieux dans l'après-midi, je repense et refais mon sac pour la énième fois et m'endors jusqu'au lendemain matin.

Réveillé tôt, reposé, lavé et rassasié, je me mets en quête d'un bureau de poste afin de renvoyer mon excédent de matos vers la France.

J'ai fais un vide drastique cette fois, j'en ai marre de souffrir des épaules, du pied, et je me déleste de plus de 6 kilos (chaussures comprises).

Le poids du sac doit être aujourd'hui entre 15 et 20 kilos ce qui me paraît beaucoup plus supportable, les premiers jours il devait en fait frôler les 30kg!...

J'aime penser que ce délestage est une étape du chemin vers l'Essentiel...

Seulement maintenant c'est vraiment le strict minimum que je transporte et j'espère au fond de moi que je ne le regretterai pas...

Cela me prends la matinée de trouver le bon bureau de poste, sac sur le dos et bras chargés... dans ces quartiers peu de gens parlent anglais et personne ne semble savoir comment on envoie un colis... enfin, vers midi, je trouve... adieu surpoids!!!

Sur le GPS je répère la direction qu'il me faut prendre pour approcher l'autoroute qui file vers l'est et prends un bus qui m'emmène en périphérie de Berlin... Je me rends compte sur place que j'ai fait erreur : il n'y a pas d'échangeur sur cette portion d'autoroute!!!

Je me tape donc une quinzaine de bornes pour rejoindre le prochain échangeur... Je répère un petit chemin qui semble longer l'autoroute à travers une forêt et décide de l'emprunter... encore une erreur : au bout de quelques kilomètres le chemin disparaît et c'est Mosquito Land ici !!! Je suis attaqué de partout, des milliers de moustiques, partout partout!!! Je pense m'arrêter pour me couvrir et me badigeonner de répulsif, mais impossible, ils sont trop nombreux, ils m'auraient tout pompé avant même d'avoir ouvert le sac!!!.... Je traverse donc cette forêt en courant, en ouvrant mon chemin à coups de bâton de marche et en me repérant au bruit de l'autoroute.

Je quitte enfin cet enfer (pourtant très joli) en fin d'après-midi, les nerfs à vif. Je trouve l'échangeur tant attendu et me pose dans une station service en bord d'autoroute.

Je pense charger les batteries ce soir, dormir sur place et chercher un véhicule pour la Pologne le lendemain matin.

Je traverse le parking poids lourds, à la recherche d'un spot pour la tente quand un groupe de routiers qui picolent devant leur camion me fait signe de venir les voir.

Je les avaient bien repérés plus tôt, mais leur aspect patibulaire m'avait un peu intimidé et je n'avais pas osé les aborder...

Pour mon plus grand bonheur, ils étaient beaucoup moins timides que moi.

Je rencontre donc Daniel, Piotr et Khristopher, 3 routiers polonais qui roulent en convoi. On se parle en germano-polo-english et ça marche pas trop mal. J'apprends qu'ils remontent d'Espagne vers la Pologne, ils se séparent le lendemain, Daniel se rendant dans le sud du Pays alors que ses compères roulent vers l'Est.

On me propose à manger, je décline, on m'offre quand même une pomme, des clopes...

Ils me demandent si je vais à Woodstock...

- Woodstock?....

- yes mi frend, tomorrow Woodstock!! You mouss!!!! You mouss!!!

- I mouss?...

Je comprends enfin que demain, en Pologne, juste apres la frontiere allemande, commence un des plus gros festival d'Europe de l'Est, gratuit!!!....

La 23ème édition de ce festival créé dans l'esprit de l'Original, tous styles musicaux, prônant l'amour, le respect, le partage....

"You mouss!" Ça veut dire "I MUST go there!!!" en fait...

Alors ok, demain je mouss!!!

Ils me sortent une carte et me désignent l'endroit, c'est à une quarantaine de kilomètres au nord de Francfort, la ville frontière. Je leur demande s'ils pourraient me déposer à Francfort ce que bien sûr ils acceptent... cool!!!! Mais ça ne semble pas leur suffire... alors commence une longue discussion entre eux et dont je ne comprends rien... ça parle, ça parle... l'un prends son téléphone et passe des coups de fil... Je demande à Daniel ce qu'il se passe : Piotr est en train de se démener pour me trouver un autre camion qui m'emmènera de Francfort jusqu'au festival!!!...

J'essaie de lui dire que ce n'est pas nécessaire, que je me débrouillerai, que c'est déjà énorme ce qu'ils me proposent... rien n'y fait, Piotr m'appelle "Julius my hero" et il a bien l'intention de m'aider!!!

Mais ça ne marche pas, les contacts de mon nouvel ami ne roulent pas dans cette direction...

" - kein problem mi amigo, es ist zuper!!!" Lui dis-je...

Mais non, pour Piotr c'est pas assez zuper!!...

Et ça rediscute en Polonais...

Enfin ça s'arrête... et Daniel traduit :

"Tomorrow, Kristopher and Piotr (dont les surnoms sont Killer I et Killer II) drive you Woodstock mi frend!!!!"

Ils vont faire un détour de 40 bornes mais surtout, après, se taper 250km de nationale à la place de l'autoroute pour me déposer sur place!!!!!!!

Encore une fois, mes paroles ne serviront à rien, Piotr est bien décidé à m'aider!!...

"- and your boss??!...."

"- Fuck the boss!!!!...."

Je tente un moment de leur expliquer que, à deux camions pour moi tout seul, le bilan carbone de cette opération sera catastrophique, mais mon germano-polo-english est trop pauvre et je ne crois pas qu'ils connaissent la notion "bilan carbone"...

Le rendez-vous est fixé à "ziwo ziwo"(=00h00 =minuit), il est alors 20h00.

Je salue et remercie Daniel qui repartira lui, à 6h, de son côté et je vais patienter dans la station service avec des étoiles plein la tête...


Cette nuit je détourne un convoi de poids lourds qui va m'emmener à Woodstock!!!!!!!!.... C'est complètement guedin!!!!!!!


À ziwo ziwo je retrouve mes compères qui sentent encore bien fort l'alcool, mais je connais ce genre de gars, jamais à jeun et pourtant toujours debout... j'ai confiance... j'étais le même avec mon herbe...


P'tit caf' et je monte avec Killer II, pour 2h30 de trajet. On passe la douane sans contrôle et une heure plus tard mes amis me déposent à Kostrzyn Nad Odrą où va se dérouler le 23ème Woodstock Festival Poland 2017!!!!!

Les adieux sont touchants, ces gars que je connais si peu me traitent comme un frère... grandes accolades, longues poignées de mains... Piotr m'offre deux boîtes de rations militaires et ses dernières dosette de café soluble... et là encore, je n'ai pas le droit de refuser...

Ces gars savaient qu'ils allaient m'aider avant même que je leur adresse la parole... ils sont venus vers moi, m'ont tendu la main, alors que je n'avais encore rien demandé, ils n'ont pas grand chose mais ils me l'offrent et risquent leur taf pour me rendre service....

Dziękuję serdecnym przyjacielem!!!!

= Merci du fond du coeur les amis!!!!


Il était donc environ 4h du matin quand j'ai planté ma tente sous un pont à l'entrée de Kostrzyn, quelques heures de sommeil et me voilà à la terrasse d'un café en train de taper ce report pendant que le monde arrive de toute l'Europe, en bécane, en voiture et à pied.

Ma première fois en Pologne commence très très très fort!!...

Au programme : House of Pain, Archive, Dub Incorporation, et plein d'autres !...

Je vous raconte tout cela dans le prochain report, en attendant beaucoup de bonheur à vous et merci encore pour vos messages, je vous répondrai personnellement dès que je trouverai un peu de temps, c'est promis!!


Aloha vous tous, paix amour respect et partage!!!!

À ma gauche, en rouge, Killer I, à ma droite, en rouge, KillerII


23ème Woodstock Festival Poland 2017
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Avant de rejoindre le site du festival, il m'a fallu chercher un "wi-Fi spot" pour poster le report mais je n'ai jamais trouvé en ville, je suis donc revenu sur mes pas vers... le Mcdo!... et en 5 minutes sur le parking, connexion, envoi...

C'est parti, Woodstock me voilà !!!...

Je prends ma place dans la foule compacte pour parcourir les quelques kilomètres qui nous séparent du site... et c'est en boitant que j'arrive sur place.... foutu tendon!!!!....

Avant de décrire ce qui m'attend, rappelons ce qu'a été le festival Woodstock original :


Ce rassemblement qui se tint du 15 au 18 août 1969 devait rassembler environ 50 000 personnes. C'était une idée du jeune hippie Michaël Lang qui profitait d'une grosse somme dont il venait d'hériter.

Obligé de changer de site au dernier moment pour cause de problèmes avec la population locale, c'est dans la commune de White Lake que se déroulera finalement le festival, à une centaine de kilomètres au Sud-ouest de Woodstock, dans l'État de New York.

Mais ce changement de dernière minute perturbe tout et à quelques jours du lancement il faut se rendre à l'évidence et choisir entre la scène ou les grilles de palissade... on ne fait pas un festival sans scène, on laisse donc tomber les grilles... le festival sera gratuit!!!....

La nouvelle se répand vite sur le continent et c'est 500 000 personnes qui tentent de se rendre sur place, créant ainsi le plus gros embouteillage de l'histoire des États-Unis.

Dès le 2ème jour, le Gouverneur de l'État déclare la zone sinistrée, on réquisitionne des hélicoptères de l'US Army pour apporter de l'eau à la foule, mais aussi pour aller chercher les artistes bloqués dans les embouteillages!!

Et la pluie est de la partie...

La communauté hippie Horg Farm assurera seule la restauration, l'animation, les secours et la sécurité... une belle leçon d'autogestion...

32 groupes et solistes se produiront sur scène dont beaucoup de grandes stars et futures grandes stars.

Malgré les soucis d'organisation et leurs conséquences, très peu de réels problèmes furent à déplorer. (3 décès : 1overdose, 1 accident de tracteur et 1 appendicite non-soignée - 2 naissances!!)

Cet événement deviendra une légende dans l'Histoire de la musique et de la contre-culture.


Le Woodstock Festival Poland fut créé en 1995 par le journaliste et animateur de radio Jerzy Owsiak, président de l'association "Le Grand Orchestre de Charité de Noël", l'équivalent polonais de nos" Restos du Coeur".

Ce personnage est détesté des personnalités politiques polonaises de tous bords, car contestataire et grandement soutenu par le peuple. Et, chaque année, c'est un nouveau combat pour que se tienne le festival...

Et pourtant...

Le Woodstock Festival Poland c'est 3 scènes principales et 4 scènes plus petites...

Ce sont des centaines d'artistes qui se produisent gratuitement pendant 4 jours.

C'est le "Krishna Village" avec cours de yoga, de danse indienne, de méditation, nourriture vegan, conférences...

Ce sont des jeux géants, des matchs de foot et concours en tous genre...

Un village pour les enfants...

Des Free Hugs (=câlins gratuits) et des "Give me five" partout...

Des bains de boue...

Des douches et sanitaires par centaines...

Des wi-Fi spots avec libre accès et prises électriques...

C'est Grande Roue et saut à l'élastique 24/24h...

C'est un Lidl, sous tente, ouvert 24/24h...

C'est le "Jésus Camp" avec messe sous chapiteau le matin et conférences l'apres-midi...

Et ce sont des dizaines d'autres lieux de discussions, conférences politiques, échange et partage...

Le Woodstock Festival Poland c'est entre 500 000 et 800 000 personnes !!! ( Hellfest : ~ 200 000 / Vieilles Charrues : ~ 300 000). Les artistes viennent tous bénévolement, Prodigy, Manu Chao s'y sont produit pour ne citer qu'eux.

Le Woodstock Festival Poland c'est aussi beaucoup d'alcool et très peu de drogues...

4 jours d'amour, de respect, de partage, de sourires et de fête.

Et c'était vraiment ça!!!

Une chose m'a tout de même beaucoup dérangé : ici on ne connaît pas les Ecocups (=verres réutilisables et consignés) mais surtout, il n'y avait que deux bennes à ordures pour tout le site!!! La poubelle c'était par-terre!!!.... On m'a assuré que les bénévoles étaient nombreux et que chaque année tout était nettoyé... ok, n'empêche qu'ils économiseraient du temps et des efforts en mettant suffisamment de bennes à disposition... et surtout on "éduquerait" la foule... mais bon....


Le premier jour, j'ai fais le tour du site (en boitant) et cherché un endroit où poser ma tente. J'ai trouvé un p'tit spot au milieu des bois et des autres festivaliers. Je me sentais tout petit, tout seul dans la foule immense, pas trop à ma place... la pluie s'est mise à tomber, j'avais mal au pied, peur de laisser mon sac, le soir tombait et je ne connaissais aucun des groupes qui allaient jouer ce soir là... je me suis donc couché tôt.

Le jour suivant j'ai enfin osé laisser mon sac à dos et j'ai erré longtemps dans les nombreux hectares du site, des dizaines de personnes m'ont pris dans leur bras, des gros, des maigres, petits, grands, suants ou non, alcoolisés ou non, même une bonne soeur!!! Ce n'était pas toujours très ragoutant mais c'était vraiment cool de sentir autant d'amour et de joie d'être ensemble.

Les concerts s'enchaînaient de scènes en scènes et bien souvent, du très très bon son.

À la fin de chaque concert, la foule entière chante le "Joyeux anniversaire" polonais pour remercier le groupe, ce sont là de grands moments de communion public/artistes comme je n'en avais jamais vécu auparavant.

Dans l'après-midi, House of Pain a foutu le feu, la foule était déchaînée, un concert mémorable!

Dans la nuit, c'est Archive qui a mis le public en transe... pareil, un concert fantastique !!

Ce soir là je me couchais pleins d'étoiles dans la tête mais un peu malheureux d'être si seul parmis un demi-milion de mes congénères... foutue timidité !!!

Le lendemain, douche collective au réveil, messe le matin, courses chez Lidl et errance en attendant Dub Inc. qui jouait en fin d'après-midi.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Dub Incorporation est un groupe de reggae de St Étienne, très pêchu. Ils tournent depuis quelques années à l'international.

Un concert comme j'en avais jamais vu, ces mecs sont des enflammeurs de public. Du son génial, une ambiance de ouf!!! Pendant le concert, un immense drapeau européen se balade de mains en mains au dessus du public... pour la dernière chanson, ils font asseoir la foule entière puis nous font re-danser de plus belle!!! ÉNORME!!!

Dès le début je remarque un petit groupe avec des drapeaux français au premier rang... des collègues!!... je joue des coudes pour essayer de les rejoindre, je ne vais pas laisser passer cette occasion de rompre ma solitude... timidité casse-toi!!!

Mais je ne les rejoindrai jamais... on m'arrête dans mon élan.. je viens de rencontrer Michal, super rastaman bodybuildeur de dix ans mon cadet et son pote David. Nous sympathisons tout de suite et dansons ensemble tout le reste du concert. Il est de Cracovie, est venu avec son "crew", comme il dit, à qui il s'empresse de me présenter. Tous parlent anglais. On m'invite à planter ma tente dans "leur camp", on m'offre à boire, à manger, on parle et on rêve de mon voyage, on va voir d'autres concerts, on parle encore et encore... jusqu'au petit matin...

C'est déjà la fin du Festival...

Le jour est levé et tout le monde commence à plier bagage... l'ambiance est très nostalgique, c'est déjà fini, rdv l'année prochaine... au loin un gars hurle son désespoir... et peu à peu il est suivi par d'autres ... et c'est un cri de centaines de milliers de personnes qui est lancé pendant de longues minutes!!! Magique!!!

Michal et son crew doivent repartir vers Cracovie, dans le sud du pays et c'est aussi la direction que j'espère suivre, malheureusement ils n'ont pas de place. On échange nos coordonnées, de grandes accolades et on se sépare, en espérant se recroiser là-bas.



Woodstock Festival Poland 2017


Adieux à Michal et son Crew


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Publié le 8 août 2017

Je quitte le site, sac sur le dos, ardoise a la main et remonte la longue file de véhicules des festivaliers qui s'en vont.

Je marche un petit quart d'heure et déjà une voiture s'arrête... c'est Kamil et Clara, lui est polonais, elle est roumaine, ils parlent anglais, on a le même âge et on sympathise très vite. Leur destination, Opole, est sur la route de Cracovie, une fois là-bas il ne me restera plus que 200km à parcourir. C'est parfait!!

On apprend à se connaître au fil des kilomètres, dans la voiture devant nous il y a le frère et la belle-soeur de Kamil, tous roulent en convoi jusqu'à Opole où ils iront passer la soirée chez leurs parents.

Nous roulons en empruntant majoritairement l'autoroute A4, Kamil m'apprend qu'elle a été tracée par Hitler, elle était censée rejoindre l'Azerbaïdjan où l'Allemagne espérait se fournir en pétrole.

Le réseau routier secondaire polonais est dans un état catastrophique, avec des nids de poule grands et profonds comme des lavabos et encore beaucoup de routes pavées.

En chemin nous croisons la deuxième plus grande statue de Jésus au monde (> 50m de haut, plus grande encore que celle de Rio de Janeiro!). On est tous d'accord sur le fait qu'elle est très kitch cette statue en béton...


Jésus

Alors que nous approchons d'Opole, Kamil m'invite à passer la soirée avec eux, ce que j'accepte avec un immense plaisir. Ce couple est formidable.

Nous retrouvons le reste de la famille dans un petit restaurant d'un village voisin, où nous mangeons un plat typique de la région et là encore, on m'interdit de payer...

Puis on va boire le thé chez les parents de Kamil, une très jolie maison dans la campagne où je suis accueilli comme un ami de longue date...

Ce moment me comble de joie... loin des miens, c'est tellement bon de partager l'intimité d'un cocon familial, ces gens sont si bons avec moi, si attentionnés... ce moment me touche vraiment, au fond du coeur...

Puis, la soirée avançant, il nous faut repartir chez Kamil et Clara. Accolades et poignées de mains chaleureuses, on me souhaite le meilleur pour la suite de mon voyage et on se promet de se revoir...

Dziękuję bardzo za chwilę przyjaciòł !!!

Merci beaucoup pour ce moment les amis !!!

Nous arrivons maintenant chez Kamil et Clara, un chaleureux appartement dans un immeuble d'avant-guerre et là encore on me traite comme un roi...

Pour laisser Clara bosser un peu, Kamil m'invite à visiter le centre ville. C'est dimanche soir, les rues sont calmes dans cette petite ville, nous déambulons un moment et Kamil me parle de la vie en Pologne, de politique, de la guerre, du communisme, il est passionnant.

Il m'emmène dans un fameux petit bar de la ville où nous sommes seuls avec le patron. Il me présente et encore une fois mon voyage passionne. L'ancien ne parle pas anglais alors Kamil traduit... tous ces compliments, ces voeux de bonheur et de réussite me touchent tant. Ça donne tellement de sens à ce que je suis en train de faire... Dès qu'on parle de ce voyage, les gens ont les yeux qui brillent, et dans ces yeux je lis l'espoir, le rêve et ça me rend confiant et plus fort pour la suite...

Le patron me fait promettre de revenir un jour pour parler de mon voyage, ce que je fais et il me demande une photo avec lui pour la metre au mur, derrière le comptoir... tous ces gens sont si bons...

Nous rentrons finalement et rejoignons Clara pour terminer la soirée.

Je m'endors dans leur canapé heureux et comblé, si riche de nouveaux amis, et quels amis!!!

Nous prenons le petit-déjeuner ensemble le lendemain et l'heure des adieux approche...

Nous déposons Clara à son taf et Kamil me conduit jusqu'à l'autoroute où nos chemins se séparent... j'ai le coeur gros de les quitter, me sentant si bien à leur côté mais il le faut...

Accolades très chaleureuses, nous nous promettons de nous revoir, un jour, ici où ailleurs.... et je le quitte en sachant que nous nous retrouverons.

Dziękuję Kamil, Mulțumesc Clara!!!!!

Et la route continue pour moi, le coeur léger et riche de tant d'amitié...


Merci vous tous pour les commentaires et SMS tous plus sympas les uns que les autres, merci les cousines, les cousins, les parents, les frères et soeurs, les grands-parents, les collègues, la famille... Je vous promets de prendre le temps de vous répondre mais en attendant merci sincèrement, chacuns de vos mots me réchauffe le coeur et je suis riche de vous avoir avec moi, MERCI !!!!!!!!!!


Petit appel à bonne volonté aussi : Donnant de plus en plus l'adresse du blog à des personnes non-francophones, si l'un/e ou plusieurs d'entre-vous se sent le temps et le niveau pour faire une version anglaise de ce blog, contactez moi!!

Je vous embrasse fort les amis!!!

PEACE LOVE HAPPINESS


Pologne
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J'attends un peu plus d'une heure à l'entrée de l'autoroute avant qu'un poids-lourd ne s'arrête. Iwan revient d'Allemagne et rentre à son dépôt. Mais Ywan ne parle pas anglais et on peine à communiquer, il pige quand-même l'idée de mon voyage... Encore une fois il me propose à boire, à manger... Comme dans le camion de Piotr (Killer II) qui m'avait emmené à Woodstock, j'ai en face de moi un désodorisant automatique et, toutes les demies-heure,, je prends un "Psshhiittt" fraîcheur chiotte dans la tronche...

Les kilomètres défilent et je profite du paysage, mais je somnole un peu, les nuits ont été courtes depuis Woodstock... on s'arrête dans une station service, Iwan me fait comprendre qu'il me laisse là car son trajet se termine au prochain échangeur. Adieux chaleureux, photo souvenir et il repart.


Ywan

Je me pose dans la station, ptit café avant de repartir, coup d'oeil au GPS.... M...RDE!!! On a passé Cracovie depuis plus de 100 bornes!!.... Qu'est ce qui s'est passé, pas osé me reveiller? Il a cru bien faire en m'amenant plus loin?...

Troisième avertissement, on ne dort pas en stop, même en confiance...

Surtout que maintenant ça va pas être simple, sur l'autoroute au milieu de nulle-part, prochain échangeur à 20 bornes et vers l'Est c'est l'Ukraine !

Je rage de ma connerie...

Soit je zappe Cracovie et je fais route au Nord et ne reverrai pas Michal...

Soit je rebrousse chemin...

Le réseau routier dans cette région est très pauvre et remonter vers Varsovie d'ici paraît bien difficile...

... demi tour...

L'après-midi déjà bien avancée, moral en baisse, j'me re-pose dans la station, re-caf', branche les batteries et tape mon report...

20h je rebrousse chemin mais y'a bien 15 bornes à se taper jusqu'au prochain pont...

6 heures de marche dont beaucoup à travers champs... chuis mort... je saute le portail qui me sépare de la nouvelle station service... re-caf' et je demande au pompiste si je peux faire un somme sur place.., il accepte en me regardant d'un drôle d'air...

Il me réveille 3 heures plus tard car le patron va pas tarder... Ouch!!...courte nuit!...il m'offre un sandwich et un café!!!...

6h je repars, une petite heure d'attente, une voiture s'arrête et ce sont deux gars du bâtiment, pas très causants, qui me déposent enfin à Cracovie.

Je marche 2 heures dans la périphérie de Cracovie pour rejoindre l'adresse de Michal mais il est encore tôt, je le préviens de mon arrivée par SMS et pars faire un tour...

Michal habite juste à côté de ce qui a été le camp de Kraków-Plaszów...

Un peu d'Histoire :

Le camp de travail forcé, puis de concentration, de Kraków-Plaszów fut créé par les SS en 1942. Construit sur deux cimetières juifs, près du Tumulus de Krakus datant de 500 av JC, on y trouvait une carrière ainsi qu'une usine d'armement.

Ce camp était dirigé par Amon Göth, surnommé "le boucher de Cracovie". C'est lui dans "La liste de Schindler" qui tire au hasard depuis le balcon de sa chambre sur les Juifs qui travaillent au camp...

Dans ce camp, la "Voie Royale", chemin qui menait les Juifs dans les zones de travail, est pavée des pierres tombales des anciens cimetières profanés pour construire le camp...

Aujourd'hui il ne reste que très peu de traces de ce camp de la mort, c'est un grand parc peu entretenu où les derniers vestiges de cette époque sont peu à peu recouverts par la végétation. Seul un mémorial à la mémoire des victimes à été érigé.

Je me promène une bonne partie de la journée dans les 80 hectares du site et je retrouve les dernières traces du camp.

Petite parenthèse :

Je n'ai pas voulu faire le détour par le camp d'Auschwitz, situé à 60km au sud-ouest de Cracovie. L'idée de suivre une foule de touristes là-dedans me dérange...

Je suis choqué en découvrant les "Grey Villa" (maison de la Gestapo où on torturait les Juifs) et "Red Villa" (résidence d'Amon Göth). Ces deux bâtiments sont aujourd'hui habités, et la "Red Villa"est en phase de devenir une luxueuse maison...

Comment peut-on habiter des lieux où tant de gens ont souffert...

Je ne sais plus quoi penser après ça, faut-il conserver ces lieux et en faire des balades pour touristes ou doit-on au contraire oublier..



Camp de Plazsów

15h30, réponse de Michal. On passe la journée chez lui et le soir c'est pizzas-maisons et spécialité polonaise, les Pierogi Ruskie, gros raviolis fourrés aux pommes de terre, oignons et lardons.

Il est aux petits soins, il devait rejoindre ses parents en vacances dans le sud et a décalé son départ de 3 jours...

Thanks bro!!



9h, matinée tranquille chez lui, il prépare le programme de la journée : sa mère travaille dans la gestion du budget des musées de Cracovie, elle a contacté ses collègues sur place.

Dans les musées de la ville on attend un rasta français avec un gros sac à dos... Michal m'indique les bus que je doit emprunter, les arrêts où je dois descendre et nous nous séparons..

L'après-midi est très chaude (tous les jours + 30°C), la ville magnifique. Cracovie est l'ancienne capitale de la Pologne et fut un grand carrefour des routes marchandes au Moyen-âge. Je passe devant le château de Wawel et beaucoup d'églises catholiques ou orthodoxes.

Je traverse l'ancien guettho juif de Kazimierz. En 1941, les SS ont vidé ce quartier pour y loger leurs victimes (3000 Polonais non-juifs évacués, remplacés par 17000 Juifs)...

Et je rejoins Rynek Glówny w Krakowie, la plus grande place de marché médiévale européenne. L'endroit est fantastique. Je mitraille de photos et suis les indications de Michal pour trouver l'entrée de Pdziemi Rynku, le musée de l'histoire de Cracovie.

comme prévu, j'y suis attendu, on m'accueille très gentiment en me tendant mon billet et le plan de la visite.

Ce musée se trouve sous la place du marché : quand les fouilles archéologiques du site ont été effectuées, des centaines d'objets ont été mis à jour mais aussi toute l'évolution des fondations de ce qu'a été cette place au travers du temps. Le musée, moderne, interactif et multilingue, abrite une très belle collection d'objets anciens de la vie de tous les jours et on apprend beaucoup sur l'évolution de Cracovie et la vie du 12ème siècle à nos jours.

Quand j'en sors, l'après-midi est bien avancée.

Je speed pour le second musée au programme : Fabryka Schindlera Emalia, l'usine d'objets émaillés d'Oskar Schindler. Ce dernier sauva les 1500 Juifs qui travaillaient dans l'usine.

Mais quand j'arrive, il est 18h30 passé et on ne vend plus de ticket... Je tente quand même le coup... ils sont un peu moins contents de me voir débarquer si tard... mais on m'ouvre quand même les portes en me demandant de faire vite!!

Musée passionnant, bien que beaucoup plus tragique. On y apprend l'histoire de l'usine, de celle de la création du guettho, de celle du camp de Plazsów et des conditions de vie inhumaines des quelques 50 000 victimes juives de Cracovie...

La nuit tombe maintenant et il est temps pour moi de préparer la journée de demain, je prends direction Nord-Est et gagne la sortie de la ville pour reprendre le stop dès demain matin, direction Varsovie.

Je trouve une station service à la sortie de la ville et plante ma tente vers minuit.



Cracovie
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Le pompiste de la station service me réveille à 6h le lendemain, pas content du tout que j'ai squatté son carré de pelouse, il est plutôt agressif malgré mes excuses en polonais et me faire réveiller comme ça me met de très mauvaise humeur. Je lève donc le camp et me poste en bord de route pour continuer le trajet mais ça roule vite par ici et 2h plus tard toujours aucune touche. En recherchant sur internet j'apprends que ça me coûterait un peu moins de 10€ pour rejoindre Varsovie en bus, je ne suis pas fan de l'idée mais les heures passent, on est déjà jeudi et il ne me reste que 6 jours pour regagner la Russie... Je pèse le pour et le contre... il est 10h.... fais ch...er mais va pour le bus...je repars vers le centre ville, trouve la gare routière et en avant pour Varsovie.

Le trajet est long (5h), mon siège défoncé, les routes polonaises sont toutes en travaux, le voyage est un peu pénible. Je sympathise quand même avec Pontus, un suédois qui rentre au pays après 1 mois en Pologne.

Nous arrivons à Varsovie vers 16h30 et mon nouveau pote se sauve car il a un avion à prendre. Je me retrouve seul, un peu blasé d'avoir fais le trajet en bus. Mon pied qui m'avait laissé tranquille depuis Woodstock me lance plus que jamais malgré le bandage que je me fais tous les jours sur les conseils de ma Médic-team (=ma môman), la ville est très grande alors j'espère pouvoir en faire le tour avec un bus à touriste mais il est trop tard. Là où je suis, en plein centre-ville, il y a beaucoup de SDF et en à peine 10min je suis assailli de personnes qui me demande des thunes... Je passe pour le riche touriste et ça je déteste....

Ça fini de me casser le moral, tant pis pour Varsovie, je me casse...

Je trouve un petit magasin où j'achète des pommes et me pose par-terre, dans la rue, le moral dans les chaussettes... 10 min plus tard une dame d'un certain âge s'approche de moi, elle essaie de me parler mais forcément je ne comprends pas... elle rentre dans le magasin, ressort... et m'offre une tablette de chocolat!!!.... Ce geste me comble de bonheur, je la remercie en anglais, en allemand, en polonais, par geste... lui porte son sac jusqu'à sa voiture et lui demande une photo en souvenir.

une de mes ange gardien

Quand finalement elle s'en va je suis regonflé à bloc, plus moyen de partir sans avoir vu un peu plus Varsovie, elle m'a réconcilié avec cette capitale. Je prends la direction de la vieille ville où je marche quelques heures, là encore c'est magnifique, malheureusement il fait nuit et les photos ne rendront rien. Mais tant pis, j'aurai vu Varsovie et je ne le regrette pas.

Mais la nuit avance et il va être temps de trouver un endroit où dormir. Je check le GPS, répère le tram qui m'emmène vers le Nord-Est et c'est reparti.

À peine monté dans ledit tram, je cherche où acheter un ticket et je retrouve Ania. On s'était rencontré à Woodstock alors qu'elle chantait à la gloire de Jésus avec un groupe d'ami et m'avait invité à se joindre à eux. Ils avaient kiffé mon projet et avaient pris l'adresse du blog.

On parle un peu, je lui demande où acheter un ticket de tram et un gars qui nous écoutait à côté m'en offre un!!

On arrive à sa destination, elle me dit que le coin où je pensais me rendre n'est pas très sûr et m'invite donc à planter ma tente au pied de son immeuble. Zyva!!

Il est 1h passé quand nous nous souhaitons une bonne nuit et je plante ma tente.

C'est les keufs qui me réveillent le lendemain à 6h... Une voisine les a appelés, mais ils sont plutôt cools, ils vérifient juste que je ne suis pas sur le fichier Interpol puis me lâchent me souhaitent bonne chance pour mon voyage.

Ania m'invite à prendre une douche et un café, petite photo souvenir et nos routes se séparent.

Dziękuję bardzo Ania!!!!

Varsovie


8

Je sors de la ville et refais du stop, une petite heure d'attente et c'est Filip qui s'arrête. Il part en week-end pour bosser avec son père dans sa maison de vacances, sa femme a longtemps voyagé en stop et elle lui a fait promettre de prendre chaque autostoppeur qu'il croise en chemin. Il fait un détour pour me déposer dans un coin idéal et me demande une photo pour preuve, yeah man! Je fais de même et nous nous séparons.

Dziękuję bardzo Filip!!!!

Filip

Je re-tends le pouce et une petite demie-heure plus tard une nouvelle voiture s'arrête.

C'est Joana et Bogdan, un couple excellent avec qui je sympathise très vite. Ils m'informent que la direction que j'avais l'intention de suivre n'est pas la meilleure et que je ferais mieux de partir vers Bialystok, leur destination.

Nous roulons quelques heures et apprenons à se connaître. En fin de trajet ils me proposent de rester manger avec eux dans une cantine de l'époque soviétique. Bogdan est originaire de Bialystok et ils me font visiter la ville.

Ils sont vraiment très sympas, ce moment avec eux est encore un moment magique et eux aussi feront un détour pour me déposer dans la bonne direction...

Dziękuję bardzo Viktoria, dziękuję bardzo Bogdan !!!!

Une heure et demie passe et une nouvelle voiture s'arrête, cette fois c'est Maciek, chirurgien, qui monte à Augustow voir sa maman, nos discussions sont intéressantes. Quand nous nous séparons ce sont encore de grandes accolades...

Dziękuję Maciek !!

Cette région de Pologne est la plus belle que j'aurai traversé, partout de grands lacs au millieu de la forêt.

Il me faut recharger les batteries et faire ma lessive, je prends donc un emplacement dans un camping pour la nuit.

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Je reste à Augustow toute la matinée, mes fringues sèchent et j'en profite pour rattraper le retard de mes reports mais un bug de l'application me fait perdre tous mes textes!!.....

Aaaaaaaaaaarrrrrrhggghhhhh!!!!!!

Quatre heures à pianoter sur mon téléphone pour rien!!!..... Je rage, envoie un mail assassin à l'hébergeur du blog et reprends la route dépité...

À la sortie du bled, je me retrouve à faire du stop avec 2 scouts allemands mais la voiture qui s'arrête quelques minutes plus tard est chargée et ne peux prendre qu'une personne. Je monte donc avec Wiktoria et Paul, jeunes mariés de ma génération, avocate et chirurgien, ils partent pour le week-end vers la mer baltique. Avec eux encore ça se passe si bien qu'ils m'invitent à dîner chez les grands-parents de Viktoria. Ils habitent une superbe maison dans la campagne et sont adorables. J'y apprends que je suis sur les traces exactes de Napoléon et on me conseille d'aller, comme lui, à Vilnius, capitale de la Lituanie. Le repas se termine et on reprends la route, Paul et Wiktoria vont passer la nuit à quelques kilomètres de la frontière et ils feront un détour pour m'y déposer... et ce sont encore de nouveaux amis à qui je dis au-revoir.

Le soir tombe et je plante ma tente près du resto routier de la frontière. Je suis seul, heureux et, la musique dans les écouteurs, je danse sur le parking.

Entre-temps, une partie de mes textes à été retrouvée par les gars du blog... Je m'en veux de l'agressivité du mail envoyé plus tôt... j'envoie un autre mail plein d'excuses en leur souhaitant d'avoir un jour, eux aussi, la chance de réaliser leur rêves.

J'écris aussi à tous mes nouveaux amis de Pologne pour les remercier à nouveau de tout ce qu'ils ont partagé avec moi, je me doutais en partant de France que ce voyage serait intéressant mais jamais je n'aurai pu l'imaginer aussi fantastique, aussi humainement riche...

Dziękuję bardzo !!!!


Magic Poland
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Je me réveille à 7h le lendemain. Le parking, vide la veille, s'est rempli de poids-lourds dans la nuit. Quand ils m'apercoivent, deux chauffeurs polonais, Jarek et Mirek, m'invitent à boire un café à la turque et, sans que je ne demande rien, Mirek me prépare des saucisses et du pain beurré!!! Ils sont vraiment cool mais ils repartent vers la Pologne, alors à 8h, après les photos souvenirs, chacun part de son côté.


Jarek & Mirek

Je passe l'ancien poste frontière, y change mes derniers zlottis (la monnaie polonaise) contre des €uros et c'est reparti pour le stop.

Mais les heures passent... les regards ne sont plus du tout les mêmes... Je change de spot à plusieurs reprises, mais plus j'avance, plus ça roule vite et moins j'ai de chance que quelqu'un ne s'arrête...

À midi, toujours rien...

12h30, à la station que j'ai quittée un peu plus tôt un gros poids-lourd 4x4 s'arrête. Je rebrousse chemin, pas grand-chose à perdre...

C'est des français!!!!!

Je fais le connaissance de Maëlle, Adrien et leur chien Tcharlie.

Malheureusement ils n'ont que 2 places mais me proposent quand même de m'emmener un peu plus loin pour sortir de cette zone où le stop ne marche décidément pas.

Maëlle me laisse sa place et se cale entre les 2 sièges avec Tcharlie.

Je kiffe les camions, mais le leur c'est LE camion!! Je nage en plein bonheur!!! Et en plus ils sont trop cools!!!

Ils sont partis d'Alsace il y a une semaine et eux aussi font route vers la Mongolie. Après ils pensent revenir par le Kirghistan, Kazakhstan, Turquie... mais rien n'est encore planifié...

De mon côté, je n'ai plus le temps de faire de détour par Vilnius, mon visa pour la Russie commence dans 36 heures, il faut tracer.

Ils devaient m'avancer de quelques bornes mais ça se passe tellement bien que nous traversons ensemble toute la Lituanie et la Lettonie et, pendant ces 2 jours, on apprend à se connaître, on partage des infos sur la préparation du voyage, sur ce qui nous attend, sur le passage de la frontière russe...

Sur beaucoup de points leur voyage est similaire au mien, mais un surtout: à l'arrache. Seulement eux doivent passer du côté russe avec un poids-lourd, une moto et un chien et ça promet d'être compliqué. Nous lisons tout et n'importe quoi sur internet mais une chose revient toujours: la frontière russe est un calvaire, cela prend au moins 8 heures, les douaniers russes sont très chiants, désagréables et froids...

Les paysages sont fantastiques, ça ressemble à la dernière partie de la Pologne, des lacs, des forêts, des cigognes, des routes pourries et même beaucoup de pistes... leur camtar est donc idéal.

On s'arrête plusieurs fois pour ramasser des giroles dans les bois et j'en mange pour la première fois, en chips, à la crème... Maëlle est un vrai cordon-bleu, c'est carrément bon!!!

J'apprends beaucoup avec eux, ils m'épatent.

Il y a quelques mois j'ai rêvé d'une vie en poids-lourd, mais j'ai vite laissé tomber, ça me paraissait inaccessible... eux me prouvent que non.

Ils n'ont pas plus de moyens que moi, même peut-être moins, mais ils se fixent moins de barrières, ils osent plus, ils se laissent moins enfermer dans des fausses peurs...

Avec eux, plus que jamais, j'apprends que les seules barrières qui nous empêchent de réaliser nos rêves sont trop souvent dans nos têtes...

Rien n'est impossible si on le veut vraiment...

À méditer...

Le premier soir on s'enfonce dans la forêt où seul un véhicule comme celui-là peut nous amener.

Le deuxième jour, on passe en Lettonie en longeant la frontière biélorusse et le soir on s'arrête à quelques centaines de mètres de la Russie à Zilupe.

Dans ce bled, comme dans tous ceux croisés depuis la Pologne, les gens sont vraiment froids, ils nous dévisagent et pas moyen de leur arracher un sourire... entre ça et toutes les mises en garde sur les Russes entendues depuis mon départ, je me sens un peu péteux de les lâcher, alors quand Adrien me propose de m'amener jusqu'à Moscou, je prends le temps de réfléchir...

Il me reste 600km d'ici Moscou, ça se passe super bien avec eux, ils peuvent me faire gagner quelques jours qui peuvent être précieux car je risque d'avoir un délai pour trouver une place dans le Transibérien et pour dire vrai, je flippe de ce que je vais trouver de l'autre côté de cette frontière...

Je continue avec eux.


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On se lève tôt, il faut finir de préparer le cam's pour le passage de la douane. Adrien et Maëlle ont quelques inquiétudes concernant la moto et Tcharlie. De mon côté je flippe aussi car, quand j'ai pris mon visa à l'ambassade russe de Paris, on m'a dit que je risquais de me faire refouler à la frontière à cause de l'état de mon passeport (il est quasi neuf, mais la couverture se dédouble)

11h30, en route...

Le poste frontière où nous nous présentons est le plus sud de la Lettonie, juste au-dessus de la Biélorussie. Internet nous avait preparé à des kilomètres de queue mais devant nous seulement 3 voitures.

Les 3 check-points côté Lettonie sont passés comme une lettre à la poste, mais ça on s'en doutait.

Nous voilà côté russe...

1er barrage : contrôle des passeports, je serre les fesses surtout que le gars n'a vraiment pas l'air baisant... ok pour Adrien... ok pour Maëlle.... et ok pour moi!!!!

J'ai mon tampon, on me laisse entrer en Russie!!!!

2ème barrage : là c'est les formalités administratives d'assurance des véhicules, des animaux, d'importation provisoire de véhicules... et c'est au tour de Maëlle et Adrien de serrer les fesses...

Les méchants douaniers russes sont en fait très cools et souriants! Ils nous aident à remplir les papiers, nous conseillent de ne pas déclarer plus d'un bagage chacun, de ne pas donner la valeur exacte du camtar, regardent à peine la moto, sourient en voyant le chien qui est resté dans la cabine et, si ils montent dans le camion c'est juste par curiosité, aucun placard n'est ouvert!!!!

On nous souhaite bonne chance pour la suite du voyage et la barrière s'ouvre....

Le 3ème et dernier barrage est gardé par une jolie petite douanière russe toute souriante qui vérifie juste que tous les papiers sont bien remplis...

Nous voilà admis en Russie et ce en moins de 3 heures!!!!

Pfffff.... Internet et ses légendes urbaines...

On roule quelques heures après ça et on cherche un coin peinard pour notre première nuit en Russie.

On s'arrête à Velikié Louki où on va retirer nos premiers roubles (=monnaie russe), forcément on comprend pas grand-chose devant le distributeur en alphabet cyrillique mais la banquière et un vigile nous viennent en aide très gentiment....

J'ai alors l'impression que tout ce que j'ai entendu sur les Russes jusque là est un grand fantasme européen...

On sort du village pour s'écarter de la civilisation et on trouve un spot retiré dans la campagne... grosse erreur, ici aussi c'est Moustique Land!!! On s'enferme à l'arrière et il nous faudra plusieurs heures pour tuer les centaines de moustiques qui ont réussi à entrer dans le cam's... à 4 enfermés toutes fenêtres fermées, la température grimpe vite et la nuit est pénible pour tout le monde.


Russia !!!!!!
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Réveillés tôt, on quitte cet enfer vert au plus vite.

Premier stop dans une petite ville que l'on traverse pour prendre un café, tenter de trouver de la moustiquaire, acheter des cartes SIM russes et de l'eau potable.

Depuis la Pologne, il est déconseillé de boire l'eau du robinet, c'est la même en Russie.

À part la moustiquaire, on trouve ce que l'on cherche et on reprend la route.

Souvent, sur les aires de repos, des reliques de chars de l'Armée Rouge sont exposés...

À plusieurs reprises on sert les fesses, les Russes conduisent n'importe comment, voitures et poids-lourd doublent au dernier moment, sans visibilité et parfois plusieurs en même temps, on se retrouve alors à trois ou quatre sur 2 voies...

On s'arrête un peu plus tard dans un autre bled, il fait très chaud (tous les jours >30° depuis la Pologne), tout le monde est crevé... Moscou attendra.

Hors de question de revivre la même soirée que la veille, on est tous d'accord sur ce point, il nous faut nous préparer à une seconde invasion.

Mais on n'arrive pas à se faire comprendre... à défaut de moustiquaire, on trouve des pare-soleils qui feront très bien l'affaire, on se pose tôt dans la campagne à moins de 100 bornes de Moscou et on prend le temps de bricoler... mais ce soir là, pas de moustique...

Maëlle est une artiste, elle a un méchant coup de crayon et débute en tatouage, je veux garder une trace de ce moment, de ce voyage un peu plus extraordinaire chaque jour...

Alors, le lendemain, avant de partir pour Moscou, c'est atelier tatouage en pleine campagne russe. Elle tatoue d'abord Adrien d'un de ses dessins que je trouve très beau puis vient mon tour... et je repars de cet endroit, marqué à vie d'un signe qui veut dire beaucoup pour moi et qui, je le sais, me portera chance pour la suite de La longue route...


Atelier tatouage

On arrive enfin dans la périphérie de Moscou. Sur internet on a repéré un parking gardé, pas trop loin du centre, où on va pouvoir poser le cam's pendant 24h et faire un tour en ville. Demain Maëlle et Adrien repartiront de leur côté et je reprendrai mon aventure en solo.

L'approche d'une grande ville inconnue en véhicule c'est toujours un peu de stress, mais entrer dans la plus grande ville du continent européen en poids-lourd c'est un méchant challenge... on se fait peur 2 ou 3 fois, il faut repérer les panneaux de hauteur, de limite de poids... Adrien reste méchamment calme et assure grave et, après plusieurs heures de détours, bouchons et autres demi-tours on parvient enfin à destination dans la soirée. Là, le gardien veut nous faire payer 1500 roubles (1€ =70 roubles, 1500 roubles = 21€), c'était annoncé à 1000rbls sur internet... Je suis prêt à payer la différence mais, pour Adrien, pas question... il négocie en russo-franco-anglais.... et ça marche!!!!... J'ai beaucoup à apprendre de lui : le moindre euro économisé c'est du temps en plus pour moi sur La longue route...

On est garé sur le parking de l'Izmaïlovo Hotel, qui a été le plus grand hotel du monde jusqu'en 1993 (franchement moche) et on va se dégourdir les jambes en suivant des hordes de touristes asiatiques dans le Kremlin d'Izmaïlovo (reconstitution de bâtiments de l'époque du Tsar Alexis Mikhaïlovitch), juste en face de l'hôtel.

À plusieurs reprises, on nous propose d'acheter Tcharlie!!...

Le soir on achète de la bouffe pour moins de 3€/personne dans des petites échoppes et on se pose en bord de voie ferrée pour une dernière soirée ensemble.

Première soirée à Moscou
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On se lève tôt pour pouvoir visiter Moscou avant que Maëlle et Adrien ne repartent.

On chope le métro, direction "Place Rouge"... dans chaque station, des statues de soldats, partout...

Station de métro

Malheureusement pour nous, ce n'est pas le meilleur moment pour voir ce lieu mythique, on y prépare une commémoration de je ne sais quelle victoire de l'Armée Rouge et la place est occupée par d'immenses gradins... le peu d'espace restant est noir de touriste, ou plutôt jaune car ils sont tous asiatiques et débarquent par cars entiers... je ne suis ni raciste ni xénophobe mais là, y'a choc culturel...ils nous bousculent, sont impolis, sans gêne... vraiment désagréables... Adrien qui n'aime pas la foule monte vite en pression et je ne suis pas loin derrière... un p'tit tour sur la Place Rouge, 2 ou 3 photos de l'incroyable Cathédrale Basile le Bienheureux ( la "maison chamallow" comme l'appelle Maëlle) et on se casse vite de cet endroit de fous.

Re-métro, on s'arrête 2 stations plus loin pour manger un morceau, mais pas moyen de trouver de la bouffe locale : Moscou est envahit de Subways, KFCs, Burger Kings et autres Mc Dos!!!!!!.... Partout des enseignes américaines!!!

Un peu blasé par la bouffe et les prix on mange un burger malgré nous...

Mondialisation tu n'épargnes personne, pas même les Russes...

On passe l'après-midi à chercher, et trouver, une pompe à eau pour les "Chapkas", un couple français parti eux aussi en poids-lourd, ils sont déjà en Mongolie, coincés à Ulan Bator.

Pour le retour au camtar, Adrien me donne encore une belle leçon de négociation en gagnant quelques centimes sur le prix du taxi clandestin qui me paraissait pourtant dérisoire.... sacré Adrien!!

L'heure du départ sonne pour eux... dur pour moi de les lâcher, on s'entendait vraiment bien... Moscou m'a paru aussi froide que les Russes et je flippe à l'idée de me retrouver tout seul là-dedans...

Coup de cafard en les regardant partir...

Me revoilà tout seul avec mon sac à dos...

Re-re-métro direction le centre, j'y ai trouvé ce que je crois être une auberge de jeunesse, à 2 pas de la Place Rouge et à 9€ la nuit.

Les regards croisés sur le chemin sont froids, je suis un extraterrestre qu'on dévisage sans sourire...

Je trouve facilement la rue mais galère à localiser l'immeuble puis l'appart', c'est pas simple de se faire aider, personne ne parle anglais...

J'arrive enfin dans mon nouveau "chez moi", le gars de l'accueil est plutôt sympa et maîtrise un peu la langue de Shakespeare, petit tour des lieux et il me laisse.

C'est un appart' avec 3 chambres de 8 personnes, une pour hommes, une pour femmes et une mixte.

C'est quasi-plein...


Mes nouveaux colocataires n'ont pas un regard, pas un sourire pour moi... super l'ambiance!... M..rde!! moi qui pensais rencontrer des voyageurs, ça s'annonce mal...

Ce soir là, je me couche avec une boule au ventre, premier vrai coup de cafard depuis bientôt un mois de voyage...

Le lendemain je passe une grande partie de la journée à chercher une office Megafon chez qui j'ai acheté la carte SIM en arrivant en Russie, cette dernière ne marche pas, un message de réseau verrouillé apparaît à l'écran, pas moyen de choper le Net...

Sur place on me dit que j'ai acheté une mauvaise carte... j'en rachète donc une bonne...mais toujours pas moyen!!!... maintenant ça viendrait du téléphone!!!....

Avant le grand départ, j'ai acheté un téléphone Samsung car la mémoire de mon Iphone était pleine.

Ceux qui me connaissent bien doivent sourire car j'ai longtemps dénigré Samsung et vanté la qualité des appareils Apple... Mais ces histoires de mémoire limitée impossibles à gérer en voyage m'ont fait acheter un Samsung... no comment...

Moscou est immense, il fait très chaud, je misère à trouver une boutique Samsung...

Et là-bas on m'annonce que mon téléphone est bloqué (alors qu'acheté hors opérateur), que ça prendrait une semaine et coûterait 170€ (= la moitié de la valeur du téléphone!!) pour le débloquer!!!!!....

Aaaaaaaaaarrrrrrrhhhhhhhhh!!!!!!!!!!......

Je suis blasé, dépité, fatigué...... je hais Samsung, je peste sur les asiatiques, je déteste Moscou!!!!

Fuck Moscou!!!!!

Fuck Samsung!!!!

L'après-midi est déjà bien avancée, j'en ai marre de marcher et d'être dévisagé, je réprends la route de l'appart', là-bas y'a la wi-Fi, je vais pouvoir m'occuper de mon billet de train et fuir Moscou... mais je croise un Apple Store.... allons voir, y'a plus grand-chose a perdre... et ça marche!!!!!!

Yiiiiiiiiiiihhhaaaaaaaaaaa!!!!!!!!!!!

Je sors de l'Apple Store en dansant, Spaciba les mecs!!

Vive Apple, vive Steve Job, vive les Americains!!!!

Je rentre à l'appart' pour taper mes reports et voir cette histoire de billet de train.

Je sais qu'à la gare, qui est à l'autre bout de la ville, personne ne parlera anglais, il me faut donc traduire ma demande en alphabet cyrillique.

J'avais anticiper le coup en demandant à des amis russophones de France mais ils m'ont laissé la phrase sésame par message audio sur le téléphone et, depuis le changement de carte SIM, tout à disparu...

Je croise un coloc' dans la cuisine, j'ai de la chance il parle anglais et lui demande la traduction sur papier. Il fait beaucoup mieux que ça, sort son ordi et me commande le billet sur le site de la SNCF russe!!!!

Avant, il me met en garde : selon lui, le transsibérien en 3ème classe c'est dangereux et inconfortable, c'est un voyage réservé aux pauvres, c'est pas un endroit pour les Européens. Il me conseille l'avion, pas beaucoup plus cher et beaucoup plus rapide (5h en avion/ 4 jours 3 nuits en train).

Pourtant j'insiste, il me prend pour un dingue...

Le billet est réservé, je pars dans 3 jours.

Cet épisode m'a permis d'ouvrir le dialogue avec ce coloc' qui s'appelle Artem.

Et nos discussions attirent d'autres colocs.... ce que je prenais pour de l'indifférence et du mépris n'était en fait que de l'extrême timidité.

Je fais la connaissance d'Anthon, de Salva et Ekaterina, tous ont entre 20 et 25 ans. J'apprends que cet appart' est majoritairement occupé par des Russes, rares sont les touristes qui osent venir dans ces lieux partagés. Tous sont là pour bosser ou à la recherche d'un taf... il me faudra du temps pour comprendre dans quelle détresse ils sont tous, loin des leurs, à vivre avec des gens qu'ils n'ont pas choisis. Tous ont en eux l'espoir de quitter la Russie... À la poursuite du rêve américain ou européen...

Le niveau de vie, à Moscou, n'est pourtant pas très différent ce que l'on vit en France, ici les salaires sont plus bas mais la vie est aussi moins chère... la différence, c'est mon passeport. Je prends conscience que ce carnet que je garde précieusement dans mon portefeuille et dont la couverture se dédouble, c'est La Liberté.

Malgré mon style et mon mode de vie de beatnik, les frontières s'ouvrent à la présentation de mon passeport français...

Aucun de mes nouveaux amis ne pourra jamais vivre La longue route...


Colocs &co

Ekaterina me propose d'aller fumer dehors et cette promenade qui ne devait durer que quelques minutes se prolonge toute la nuit. Elle me parle d''Histoire et de culture, elle me fait réaliser que je n'ai rien vu de Moscou et, comme Michal à Cracovie, elle me prépare un programme détaillé de tous les endroits que je ne dois pas louper.

Quand l'aube se pointe, elle va se coucher car elle bosse dans quelques heures. De mon côté, pas question d'aller dormir, mon programme est chargé, j'ai des centaines de choses à voir.

Je prends un caf' à l'appart' et me mets en route en suivant les indications d'Ekaterina.

Mon guide ne s'appelle pas Nathalie, je visite seul Moscou, la Place Rouge n'est pas blanche, il fait bien trop chaud pour prendre un chocolat au Café Pouchkin, nos phrases restent sobres et c'est seulement de l'amitié que l'on partage mais écouter la chanson de Bécaud cette journée là me fait bien sourire...


Nuit blanche à Moscou

Je marche des kilomètres et je redécouvre Moscou. J'ai failli passer à côté de ça, je voulais partir sans avoir rien vu, chuis vraiment trop c..n!!!

Toute la journée je m'en mets plein les yeux, le Kremlin, les Cathédrales du Christ Saint Sauveur et Basile le Bienheureux, la statue de Pierre Le Grand, la Place Rouge... Moscou est incroyable, je ne peux plus m'arrêter de prendre des photos; dommage seulement qu'on y prépare la Coupe de Monde de Football 2018, la ville est en travaux partout et les multiples grues pourrissent un peu les photos...

Vive Moscou!!! Vive la Russie!!!! Fais ch...er le foot!!!

Blagodarü Ekaterina!!! Merci Ekaterina!!!




MOSCOU

Je rentre dormir quelques heures dans l'après-midi et passe la soirée avec Artem et Salva, mais, pour leur sécurité, je ne peux pas parler ici de nos conversations... Big Brother is watching you...

Quand ils vont se coucher, je ressorts dans Moscou pour refaire le trajet de la journée, m'en remettre plein les yeux et reprendre les mêmes photos de nuit, plus aucun touriste, la ville est à moi!!!

J'adore Moscou, c'est une ville immense et incroyable.


MOSCOU by night

Le lendemain, mon dernier jour à Moscou, il me reste à visiter le Kremlin et Moscow City, le centre d'affaire de Moscou.

Encore de nombreux kilomètres à marcher et des centaines de photos prises.


MOSCOU

Le soir j'essaie de prendre les coordonnées de mes amis russes mais ce n'est pas simple, on ne donne pas son adresse e-mail si facilement en Russie... méfiance...il n'y aura même jamais moyen de prendre de photo avec Artem, lui qui m'a pourtant tant aidé... par-contre Facebook no souçaï ! (???!!!...) bon, chuis pas fan de l'idée mais depuis le début du voyage on me le demande très souvent... alors ok, je crée mon compte...les Russes m'auront converti à FB!!...

Ce que je retiendrai de nos conversations (et dont je peux parler ici...), c'est que la grosse majorité du peuple Russe vit dans une frustration dont il n'a même pas conscience. Au quotiden, dans les médias, dans la rue, dans le métro on leur rappelle les heures glorieuses de la Russie, l'Histoire, l'Histoire et l'Histoire encore. Ils DOIVENT en être fiers... fiers de leur passé, fiers d'être issus de ce passé, fiers d'être Russes... se rappeler du passé, se contenter de la situation présente, être fier au présent, mais surtout ne pas penser à l'avenir, ne pas rêver d'avenir... A la télé on leur parle de guerre, de guerre et de guerre encore, l'Europe s'effondre, l'Amérique s'effondre mais la Russie tient bon... peut importe que tu en chies dans ton quotidien, t'es Russe alors soit fier...


Russian Pride
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7h, je me lève, dans quelques heures j'ai rendez-vous avec le mythique Transsibérien.

J'ai pris un billet en 3ème classe (Platzkartny en Russe), la "classe des pauvres".

En 1ère, des compartiments de 2 lits, très luxueux; en 2ème, des compartiments de 4 lits; en 3ème, pas de compartiments...

Sur internet, j'ai lu tout et n'importe-quoi sur ce qui m'attend, la froideur des Russes, le manque de confort, les odeurs, les vols et j'en passe.

J'avoue qu'après ce que m'a dit Artem, je me demande comment ça va réellement se passer...

Je fais quelques courses, 4 jours de bouffe à prévoir. L'avantage c'est que mon menu à bord ne va pas beaucoup changer de mon quotidien en solo : nouilles chinoises, pommes, café soluble et graines en tout genre constituent l'essentiel de ma nourriture depuis le départ de France.

Je prévois aussi quelques bonbons, gâteaux et barres chocolatées que je pourrai partager si l'ambiance s'y prête.

En sortant du shop je rencontre 2 jeunes avec des gros sacs à dos, Waléry et Dimitri qui remontent de la Mer Noire à St Pétersbourg en stop, dommage de ne pas avoir plus de temps... petite photo et chacun reprend sa route.


Waléry, Dimitri et leur chat

Sur les conseils d'Artem, je me rends dans une boutique Mégafon afin de m'assurer que ma carte SIM va fonctionner dans le reste de la Russie. "Da!!! Da! Niet problem! Works in mal Russia!!"

Ok, c'est bon, c'est parti!!

11h30, la ligne de métro n°1 m'emmène vers la Gare de Laroslav.

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Gare de Laroslav

C'est un beau bordel sur place et je suis content d'avoir pu réserver mon billet par Internet. Ça aurait été compliqué ici, même avec une demande traduite en cyrillique. Le personnel ne parle pas anglais et face à un étranger on vous renvoie vers des agences de voyages qui doublent le prix du billet. Pour info, 5300km en classe platzkartny m'ont coutés à peine 120€.

Je répère le train sur le tableau d'affichage, le quai de départ s'affichera 40min avant le départ.

Une jolie petite hôtesse Russe m'aide à faire imprimer mon billet.

13h30, quai n°4, il est temps d'embarquer, départ dans 20 minutes...

Wagon n°10, couchette 32, c'est parti!!!

La classe platzkartny c'est 54 couchettes superposées, pas de siège. J'ai pris mon billet dans un délai court, il ne restait donc que des couchettes supérieures. Quand tout le monde est couché, soit je reste debout, soit je suis allongé. Les lits font 60cm de large, 1m60 de long, les pieds dépassent dans le couloir qui, lui aussi, est large de 60cm, quand on traverse le wagon, on a des pieds à hauteur de tête et de genoux. On a la hauteur pour s'asseoir sur les lits/banquettes inférieurs, mais à l'étage c'est encore 60cm, donc, dans mon lit c'est allongé ou allongé.


Platzkartny class

Je partage l'espace avec 1 gars, 2 femmes d'un certain âge et une troisième plus jeune, ils pigent vite que je ne suis pas du coin et, comme d'habitude, premiers regards fuyants, visages fermés. Le train démarre, on nous distribue les draps et chacun fait son lit. Quelques minutes passent, je demande où je peux trouver la zone fumeur... on me répond en Russe et je crois comprendre qu'il n'y en a pas... j'avais pourtant lu sur Internet que...

Pas convaincu, je vais voir les 2 p'tits jeunes provodnitsas qui sont les responsables du wagon. L'un d'eux maîtrise, un peu, l'anglais et me répond en souriant que c'est interdit mais si je lui achète de la nourriture il veux bien me dire où je peux clopper...

Les provodnitsas sont chargés de l'enregistrement des passagers, de la gestion des draps, du ménage quotidien, des poubelles, ils logent dans une micro-cabine, ils achètent de la nourriture à leur frais et la revendent en se faisant une petite marge.

Je lui achète un paquet de nouilles chinoises et il me dit que je peux fumer dans l'espace entre les wagons mais qu'il faut faire gaffe aux keufs qui montent et patrouillent régulièrement entre certaines gares. Sinon, toutes les 4 ou 5 heures le train s'arrête dans une ville pendant un petite 1/2 heure et c'est alors le moment de prendre l'air et de fumer.

Quand le train s'arrête pour sa première pause l'une des femmes me fait signe que je peux aller fumer. Elle me rejoint sur le quai, engage la conversation et en anglo-russo-gestes ont arrive à peu près à se comprendre.

Dans tous les pays que je traverse, je fais l'effort d'apprendre le vocabulaire de politesse, c'est le minimum que je puisse faire et mon accent fait souvent sourire.

Elle comprend que je suis "franssouski", que je vais à Irkouskt voir le lac Baïkal, puis en Mongolie...

Quand je retourne à ma place, elle a dû parler autour d'elle parce que certains visages se dérident...

Les présentations se font, je voyage en compagnie de Jania, le mec, Galina et Alia, ces 3 là descendront à Perm, Helenia, la plus jeune à Ekaterinburg.


Cette fois encore, ces gens qui semblaient froids et durs sont en fait adorables, on m'offre des légumes, des fruits, des saucisses et pas moyen de refuser...

Par moments je me demande presque si je ne fais pas pitié, mais non, ces gens ont un coeur grand comme leur pays, ils n'ont rien et offre tout. Galina, toujours en anglo-russo-gestes, me fait comprendre que les Russes sont généreux... comme leur Président... Elle en est convaincue et ce n'est pas la première fois que j'entends ça, Ekaterina avait eu le même discours à Moscou...

À l'extrémité du wagon, près de la cabine des 2 jeunes provodnitsas, il y a le mythique samovar, genre de grosse bouilloire, chauffée au charbon 24h/24, où on se sert en eau chaude pour les nouilles chinoises et autres nourritures liophilisées.


Le Samovar

Les toilettes sont à l'autre bout du wagon, on y trouve un minuscule lavabo qui sert de salle de bain aux 53 voyageurs qui m'accompagnent.

Les premiers jours, la température dans le wagon est de 32°, alors à 54 là-dedans, avec un lavabo comme unique douche, ça sent vite la ménagerie... J'hésitais au début à enlever mes shoes, mais je me rends vite compte que ça ne ne changera pas grand chose et, moi aussi, comme les autres, je me mets à l'aise.

Malgré tout ça, j'apprécie vraiment ce voyage.

Comme je l'ai lu à plusieurs reprises, dans le transsibérien le temps s'arrête. On mange et on dort à toute heure. On va traverser 5 fuseaux horaires jusqu'à Irkouskt et s'arrêter dans plus de 90 gares pour des pauses de 2 à 82 minutes. Pendant les arrêts les plus longs, on est autorisé à descendre, on assiste alors aux retrouvailles émouvantes de familles séparées depuis longtemps ou, au contraire, aux déchirants départs de frères, soeurs, parents ou fiancé(e)s... Sur le quai, des vendeurs ambulants proposent alimentations industrielles, chips, glaces... mais aussi pâtisseries maisons, légumes du jardin, baies sauvages, poissons séchés...

Pendant ce temps, 2 agents de le SNCF locale équipés d'un marteau au long manche, chacun son côté du train, sonde au bruit chaque roues et amortisseurs.

Toute la grande famille éphémère de ce trajet profite de quelques minutes d'air frais et de soleil et, à l'appel de notre provodnista, on ré-embarque.


Quand Galina et Alia s'en vont, elles me demandent mon adresse mail mais toujours pas moyen d'avoir la-leur...

Une jolie petite fille accompagnée de sa grand-mère prennent leur place.

Les premières heures c'est toujours regards fuyants et visages froids, mais je ne m'en étonne plus..., ça m'amuse même, je sais que ça ne va pas durer.

En effet, les heures passent et l'ambiance se détend. La gamine est de plus en plus curieuse, elle me cherche du regard et ça énerve sa grand-mère... j'arrive finalement à lui demander son prénom et son âge, c'est Bélina, elle a 8 ans... et quand sa grand-mère s'absente pour aller aux toilettes ou chercher de l'eau elle vient carrément me faire des câlins!!!!

J'aimerai que ce voyage ne s'arrête jamais, je kiffe grave le transsibérien en platzkartny!!!

Parfois je pense à ce que j'ai pu lire de négatif sur le sujet et je plains les personnes qui croiront ça. La plupart de ces auteurs ne l'ont pas même pas vécu, ils ont voyagé en 2nde ou 1ere classe et ont seulement traversé les wagons platzkartny pour rejoindre le wagon resto... se faire une idée avec ça, si ils veulent... mais raconter tout et n'importe quoi, c'est vraiment nul... Internet est une mine d'informations fantastique... mais c'est aussi une mine de désinformation navrante.

Pendant la deuxième nuit j'arrive à entrer en contact avec mes 2 jeunes provonistas. Grigory et Bogdan ont 21 ans, ils sont étudiants, futurs ingénieurs dans le BTP (si j'ai bien compris), provonista est pour eux un job d'été qui paye 500€/mois...Ils font le trajet entre Moscou/ Chita et vice-versa en se partageant les tâches.

Le troisième jour, ça a dû parler de moi la veille ou pendant la nuit parce que, lors de la première halte de la journée, alors que j'essayais de discuter avec Bogdan, beaucoup de ces gens dont je croise les regards depuis 3 jours, viennent vers moi, veulent me prendre en photo, me parlent en Russes... je suis l'attraction du matin... me voilà totalement intégré!!

Encore une fois on me met en garde, je devrais avoir peur, ma route est dangereuse... "Kriminal, kriminal !!!...." me dit-on.

Je ne sais plus trop comment prendre ces avertissements, j'en entends tellement depuis mon départ... Tout le monde m'avait fait peur au sujet de Moscou... j'y ai passé 2 nuits à errer dont une en total-solo...

Salva, qui est originaire d'Irkouskt, m'avait prévenu et il avait raison, ce soir là la température passe de 29° à 10°, elle ne grimpera pas plus le lendemain et le soleil qui ne m'a pas quitté depuis Woodstock laisse place à une nuit zèbrée d'éclairs et une petite pluie fine et glaciale nous accueille en Sibérie.... Wow!...Je vais peut-être commencer à regretter d'avoir fait autant de vide dans mon sac...

La journée suivante, dernière journée complète dans le train, Bélina ne me lâche plus, elle vient chercher l'eau du café avec moi, vient se brosser les dents en même temps que moi... c'est trop mignon. Mais sa grand-mère, bien que très gentille, apprécie moyen, alors je m'éclipse discrètement et vais taper mes reports près des toilettes.

En souvenir de notre amitié j'offre à Bélina une peluche achetée à bord.

Le paysage change, ce sont toujours des forêts de sapins et boulots mais les collines sont plus hautes. Les villages sont plutôt jolis contrairement aux villes.

Le soir, Bogdan et Grigory m'invitent à prendre un café dans leur mini-cellule, me font écouter du rap russe et on parle football... sujet que je maîtrise très peu...

Encore une fois, eux aussi me mettent en garde, "Kriminal, kriminal!!!..."...Ils me disent que les villes russes sont sûres, le danger est dans la campagne... et vu les paysages qu'on a traversés, c'est vrai que ça doit pas être bien dur de faire disparaître un corps dans le coin...

Mais je dois oublier ce genre de pensée, ou au moins les ranger dans un coin de ma tête, je viens de pénétrer dans une partie beaucoup plus sauvage du Monde.

Au-revoir Occident!!

L' aventure, la Vraie Aventure commence.

Et même si, comme je l'ai lu récemment, "La peur est mère de sûreté", c'est maintenant qu'il va falloir être solide et en avoir dans le calcif...


Spaciba les amis !! Do svidania !! Udachi!
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Publié le 5 septembre 2017

10°C et une petite pluie glacée m'accueillent à la sortie du Transsibérien en ce début d'après midi du 26 août, 1 mois tout juste s'est écoulé depuis mon départ de Paris. Dernier adieu à mes amis et je me réfugie dans la gare.

Il me faut réserver un hôtel pour la nuit, c'est ici, à Irkoustk, que je dois obtenir le Visa de ma prochaine destination, la Mongolie.

Mais sur le téléphone : pas de connection!!!....

Rrrrrraaaaaaahhhh!!!... Ils m'avaient pourtant assuré à Moscou.....

La wi-Fi est disponible dans la gare, la première chose à faire est donc de retrouver une p...tain d'office Mégafon... Y'en a une juste devant... comme si ils avaient prévu le coup... sur place, même discours que précédemment, ce n'est pas la bonne carte, faut en racheter une, mais celle-ci marchera dans toute la Russie, c'est sûr et blablabla et blablabla...

3ème carte SIM donc....

Connection... recherche d'hôtel... je réserve en fonction du prix sans me préoccuper de la localisation... j'entre l'adresse dans le GPS... Ouch!!!... 17km de ma position...

En chemin, je traverse puis longe la rivière Angara (la seule émissaire du lac Baïkal, 70km au sud), croise un meeting de tuning et prends en photo la statue d'Alexandre III, le "père" du Transsibérien.

J'arrive dans la soirée dans un quartier très glauque, ambiance ère soviétique.

Comme à Moscou, je galère à trouver le bon bâtiment, puis la bonne porte.

Malgré l'aspect extérieur, l'accueil dans cette auberge de jeunesse est très chaleureux et les locaux sont flambant neufs.

Arrivée à Irkoustk

Je partage les lieux avec Timofey, jeune Kazakh de 22 ans qui termine ses études de topographe par un stage à Irkoustk. On discute une bonne partie de la soirée, il me fait rêver en me parlant d'un Russe dont il suit la chaîne Youtube. Ce denier voyage aux États-Unis en grimpant dans les trains de marchandises... en voilà un moyen de bouger à pas cher!!!...

Je passe une grande partie de la nuit suivante à me documenter sur le sujet mais il semble qu'en Asie cette façon de voyager soit lourdement sanctionnée... je garde quand-même cette idée dans un coin de ma tête...

Timofey

Le lendemain, dimanche, la météo n'étant pas meilleure, je squatte l'hôtel et sa wi-Fi, je tape et envoie mes derniers reports, il me faut aussi repérer l'adresse du Consulat de Mongolie et choper des infos pour préparer la suite du voyage.

Et là.... grand moment de solitude.... il semble que depuis septembre 2016 il ne soit plus possible d'obtenir le Visa pour la Chine depuis la Mongolie!!!!....

Tous les blogs les plus récents racontent tous la même chose, tous les voyageurs aussi peu préparés que moi ce sont tous confrontés au même refus du Consulat de Chine à Oulan Bator, leur Visa mongol arrivant à expiration, il leur à fallu quitter le territoire en avion.....

Gloups....

Cette option ne m'est matériellement pas impossible, mais ce serait une grosse entorse à mon budget et surtout un gros coup au moral, j'avais dis pas d'avion...

C'est une grosse claque que je prends à ce moment précis...

De suite j'écris à l'ambassade de France d'Oulan Bator pour leur demander des précisions.

À ce stade du récit je dois donner des précisions à ceux qui, comme moi il y a peu, n'y pigent que dalle à ces histoires de Visa.

Un Visa c'est une autorisation de pénétrer sur un territoire étranger. Tous les pays ne nécessitent pas forcément de Visa pour être visités, ça, ça dépend des relations entre votre pays d'origine et le pays dans lequel vous comptez vous rendre. Par exemple, si j'étais américain je n'aurais pas besoin de Visa pour aller en Mongolie... mais je ne suis pas américain.

Certain Visas sont plus compliqués que d'autres à obtenir.

Pour le Visa chinois par exemple, on vous demande :

▪un (gros) minimum d'argent sur votre compte en banque

▪de justifier votre programme jour par jour sur la durée du Visa

▪les billets d'avion aller/retour (même si vous arrivez par la route!!)

▪la réservation de vos nuits d'hôtel.

▪une invitation à vous rendre sur le territoire ou "voucher"

▪et, bien sûr, passeport, assurance, photo...

Rajoutez à ça le prix du Visa (entre 60 et 100€).

Alors quand vous êtes un riche touriste qui va en avion à Pékin par l'intermédiaire d'une agence de voyage, y'a pas trop de soucis, ladite agence va vous faire le gros du boulot et fournir billets d'avion, voucher et réservation d'hôtel. Mais vous rajouterez le prix de leur service au prix du Visa.

La durée d'un Visa est variable selon le pays, en général de 1 à 3 mois, certains sont renouvelables, d'autres "à entrées multiples" vous permettent de sortir du pays et d'y re-rentrer plus tard. Il existe aussi des Visas business pour les personnes qui vont travailler à l'étranger, en général ceux là permettent de rester plus longtemps.

Autre exemple, un français se rendant en vacances aux USA n'a pas besoin de faire de demande de Visa, il lui suffit de prévenir de son arrivée par internet (ceci, appelé ESTA, est faisable juste avant de monter dans l'avion), en arrivant à destination on lui donnera droit à 3 mois sur le territoire américain.

Avant de partir j'avais appris que les Visas pour la Russie et le Pakistan étaient impossibles à obtenir depuis l'étranger, si je désirais me rendre dans un de ces pays il me fallait en faire la demande dans mon pays de résidence, d'où l'obtention de mon Visa russe à Paris qui a décidé de la date de mon départ.

On ne peut pas faire de demande de Visa plus de 3 mois avant la date d'entrée sur le territoire, c'est pour ca que j'ai seulement mon Visa Russe en partant... pour ça et aussi parce que j'ai envie d'être libre et de ne pas planifier ce voyage...

Toutes ces règles peuvent changer du jour au lendemain, pour raisons politiques ou autres et ça, je l'apprend ce fameux dimanche...

Je chope l'adresse du Consulat de Chine à Irkoustk histoire de voir si y'a moyen de faire la demande de Visa d'ici ou, au moins, de choper des renseignements...

Les Consulats mongol et chinois ne sont ouverts que le matin et fermés les mercredi, samedi et dimanche.

À 9h, le lendemain, j'arpente donc la rue de Lénine à la recherche de ce foutu Consulat chinois mais cette rue est immense et mes 2 GPS me donnent 2 lieux différents à l'opposé l'un de l'autre!!...

Les personnes, y compris commerçants, à qui je demandent des renseignements ne veulent pas m'aider, à plusieurs reprises on m'aboie dessus en russe ou, au mieux, on m'ignore...

À 10h30 toujours pas de Consulat chinois, je laisse tomber celui-là et me concentre sur celui de Mongolie qui est, lui, beaucoup plus simple à trouver... mais il est fermé!!... Une flic russe me fait comprendre de revenir demain... pas plus d'explications...

Ma journée est perdue... dépité je vais faire quelques courses au supermarché du coin. J'aurais pu en faire au pied de l'hôtel qui est à l'autre bout de la ville, mais à ce moment là, j'ai la dalle et pas toute ma tête.

Je ressors avec un sac plastique trop chargé... et 300 mètres plus loin il s'éventre!!!..... Tout s'étale sur le sol, ce qui fait bien marrer tout le monde autour...

C'est une goutte d'eau de plus dans un vase déjà bien plein... je me pose sur un banc et, la tête entre les mains, je chiale comme un gosse....

Ah, il est beau l'aventurier!!...Une petite couille et je m'effondre!!...

J'arrive pas à m'arrêter, une vraie madeleine...

Ça dure un bon moment jusqu'à la réception d'un message de Maëlle, mes potes avec qui je suis arrivé à Moscou. Ils sont à 1000 bornes d'Irkoustk et pensent arriver dans quelques jours. Ses messages sont plein d'énergie et me réchauffent le coeur... merci Maëlle!...

J'essaie de positiver et, surtout, de prendre du recul. Je ne peux pas me foutre dans un état pareil au moindre problème, surtout que, pour l'instant, y'a pas vraiment de problème!!

Allez bordel!! Sois fort, serre les dents!! Des obstacles t'en aura tout au long du parcours!!

T'es un guerrier ou quoi??!!...

Je me fous du reggae pleine balle dans les oreilles, il me faut préparer la journée de demain pour pas merder cette fois!

Je chope l'adresse de l'office de tourisme, eux pourront me renseigner sur l'adresse du Consulat de Chine.

Là-bas personne ne parle anglais et ça a l'air de bien les faire ch...er de renseigner les touristes mais j'obtiens quand-même ce que je cherche.

J'erre le reste de la journée dans Irkoustk. La ville n'est pas que belle, mais son histoire l'est. C'est la capitale de la Sibérie, carrefour de routes marchandes, on y a exilé les Décembristes. C'est aussi le lieu de naissance d'une de mes idole de jeunesse : Rudolf Noureev.

Dans la ville de nombreux bâtiments en pierre, anciennes maisons des riches marchands mais surtout de vieilles isbas, ces maisons traditionnelles en bois dont certaines sont de vrais chefs d'oeuvre.

En rentrant à l'hôtel dans la soirée, checkage de mai, réponse de l'ambassade!!! :

"Monsieur,

La politique de délivrance de visas suivie par la consulat de la République populaire de Chine à Oulan-Bator varie fréquemment. Il semblerait que des visas soient actuellement délivrés, à condition que le passeport ne comporte pas de visas de certains pays (liste exacte non connue, mais dont la Turquie ferait partie) et que le demandeur présente son ancien passeport si celui qu'il détient est nouveau : ceci n'est évidemment pas possible pour les citoyens de la plupart des pays européens puisque les anciens passeports doivent être restitués quand un nouveau est demandé.

En outre, le consulat de Chine peut décider à tout moment, et sans information préalable, de ne plus octroyer de visa aux étrangers de passage, comme il l'a fait par deux fois dans les derniers mois. Aucun recours n'est alors possible.

Par conséquent, nous vous encourageons à demander votre visa chinois avant votre départ en voyage pour garantir que vous pourrez vous rendre en Chine depuis la Mongolie, ou du moins d'envisager la possibilité de continuer votre voyage dans un autre pays que la Chine dans l'hypothèse où vous ne pourriez obtenir de visa sur place des autorités chinoises.

Cordialement,

AMBASSADE DE FRANCE EN MONGOLIE "


Y'a moyen!!!!!!

Yyiiiiiiiiihhhaaaaaaaaa!!!!!!!!...

Irkoustk

Le lendemain j'arrive à 9h pétantes devant le Consulat de Mongolie. Ce Visa est censé etre simple à obtenir, pas besoin de "voucher", une simple réservation d'hôtel sur Booking.com (que j'annulerai après l'obtention du Visa) me permet d'avoir une adresse là-bas.

Devant le bâtiment, un couple attend déjà, à côté d'eux un tandem avec remorque, sur la remorque un pavillon.... français!!!

Le consulat ne daignera ouvrir qu'à 9h30 ce qui nous laisse le temps de faire les présentations.

Je fais la connaissance de Mathilde et Victor.

Plus jeunes que moi de quelques années, ils sont partis à vélo de Poitiers, en juin, quelques jours seulement après leur mariage, et se dirigent vers Nouméa pour s'y installer!!

Nous entrons dans le Consulat à l'ouverture de celui-ci, accueil froid, mais on s'en fout, on vient pas pour faire la fête. On remplit tous les trois le formulaire, Victor et Mathilde copient l'adresse de ma réservation d'hôtel qu'ils n'ont pas. Et on ressors 10 min plus tard notre Visa en poche!!!




Mathilde et Victor, eux non-plus, n'ont pas leur visa pour la Chine, je leur propose d'aller à la pêche aux renseignement auprès du Consulat chinois dont je connais désormais la localisation. En chemin on apprend à se connaître un peu plus, ils ont parcouru 4000km à travers l'Europe, ont obtenu des visas russes business en Pologne (!!!...) en faisant croire à un voyage à but humanitaire (!!!!....), puis on pris le Transsibérien de St Pétersbourg jusqu'à Irkoustk où ils ont débarqué le matin même.

Comme moi, Victor a vécu quelques années en Nouvelle Calédonie où il est arrivé par bateau (= bateau FROGGY) en 1999... on a donc habité dans le même port, les mêmes années et sommes allés dans le même lycée avec quelques années d'écart!!!!!!....

On trouve finalement le fameux Consulat chinois... d'où on se fait jeter.... réservé aux citoyens Russes...

Mathilde et Victor devant le p...tain de Consulat de Chine

Je les accompagne jusqu'à leur hôtel où il iront se reposer et on se donne rendez-vous pour dîner.

En repartant je rencontre Andrey, jeune SDF de 22 ans qui me demande de quoi manger...

Je me suis interdit de faire l'aumône, car vu les pays que je vais traverser mon budget n'est malheureusement pas adapté... mais je ne peux pas envoyer ballader quelqu'un qui me dit avoir faim, moi le riche européen en vacances... On va donc faire quelques courses et on passe un moment ensemble à parler politique.

Udachi Andrey!!

Andrey

Et je passe le reste de la journée à me ballader dans Irkoustk.

Irkoustk

Le soir je retrouve mes nouveaux potes et on va manger local. Nous goûtons le poisson "omoule" qui est endémique au Baïkal. La soirée est vraiment sympa, leur sourire me fait beaucoup de bien...

Moment irréel où, au beau milieu de la Sibérie, nous essayons de retrouver des profs ou potes que l'on peut avoir eu en commun...

Nous nous séparons après un petite photo souvenir, on a de grandes chances de se retrouver plus loin, sur la route, et, si ce n'est pas le cas, rendez-vous en Calédonie!!!

À bientôt les amis, merci pour vos sourires et bonne route!!

Victor et Mathilde, à suivre sur www.poitiersnoumea.wordpress.com
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Mon visa pour la Mongolie en poche, je peux enfin aller me promener sur les rives du mythique Baïkal !!!

En quelques chiffres, le lac Baïkal c'est :

▪la plus grosse réserve d'eau douce liquide au monde =

23 600 km cube

▪le lac le plus profond de la planète =

1637 mètres

▪le plus vieux lac de la planète =

20/25 millions d'années

▪ une eau si pure qu'on voit le fond jusqu'à

40 mètres

▪ les dimensions du Baïkal sont de =

500 km de long par 70 km de large soit quasi les mêmes que la Nouvelle Calédonie.

▪...

Ici, le lac est surnommé "La Perle de Siberie".

La légende veut que si l'on trempe les mains dans le Baïkal, on gagne 1 année de vie...

Si on trempe les pieds, 5 années...

Si on se baigne, c'est 25 années en plus!!!...

Température de l'eau en septembre : 8°C...

On ne peut pas passer par le Baïkal sans faire le détour par l'île d'Olkhon, considérée comme le Centre sacré du Monde par les chamans.

Le terrible Khan Hoto Babai y vivrait dans une grotte du "Rocher des Chamans" sous l'aspect d'un aigle royal.

Je quitte donc mon auberge d'Irkoustk en disant au-revoir à Julia qui m'y avait accueilli et a dépensé beaucoup de temps et d'énergie à chercher des solutions à mes problèmes de Visa chinois. Sur Facebook elle a trouvé 2 backpackers Russes, l'un déjà en Mongolie, l'autre encore dans le Transsibérien et m'a mis en contact avec eux. Ils n'ont pas de réponses pour moi pour l'instant, mais nous nous croiserons sûrement en Mongolie.





Spaciba Julia!!

7h30 je grimpe dans le bus, direction Olkhon Island.

La route, comme toutes les routes en Russie, est dans un état lamentable mais les paysages sont fantastiques. On traverse de grandes forêts puis des steppes... déjà un petit air de Mongolie...

Des troupeaux de vaches et chevaux sauvages traversent la route obligeant le chauffeur à piler à plusieurs reprises. Pas inquiet pour autant, il fonce à plus de 120km/h. Je ne suis pas sujet au mal des transports mais chope quand-même un méchant mal de crâne.


Route vers le lac Baïkal

Un bac nous fait passer sur l'île. Là, je fais la connaissance d' Ivan qui revient d'un voyage en Thaïlande. Lui et des potes ont souvent voyagé en stop, on échange des infos et, comme je m'y attendais, il me dit qu'il sera compliqué de passer de Chine en Inde, puis d'Inde en Thaïlande...

Arrivée sur l'île d'Olkon

On remonte dans le bus.

Sur l'île, pas de route, seulement des pistes, mais c'est pas ça qui va ralentir notre chauffeur/ pilote.

15h30, je descends du bus à Khoujir, le principale village d'Olkhon, à deux doigts de rendre mon p'tit dèj'.

Khoujir est un joli bordel, des meutes de chiens sauvages partout (c'était ça aussi à Irkoustk), des maisons en bois, des meutes de vaches... mais surtout, des meutes de touristes... M...rde!! J'avais pas prévu ça...

Je reçois à ce moment là un message de Maëlle qui me prévient de leur arrivée a Irkoustk. Je lui réponds en lui donnant un max d'infos pour le visa mongol, adresse du consulat, adresse de l'hôtel à Oulan Bator, horaires... On est mercredi, ils devront donc attendre demain.

Je marche en direction du Rocher des Chamans.

L'endroit est magnifique. Sur la pointe, devant le rocher, des poteaux sculptés sont décorés de milliers de rubans multicolores, se sont des offrandes aux esprits du Baïkal.


Khoujir et le Rocher des Chamans

J'ai la chance d'y être seul pendant un petit quart d'heure, mais derrière moi une cohue de touristes débarque...

Alors qu'un panneau demande de respecter les lieux, ça escalade le Rocher, ça parle fort, ça jette des ordures, ça bouscule...

Aaaahhh!!!!.... Vite, je m'arrache!!...

Je me replie dans un petit bar du village mais le prix du café y est le même qu'à Moscou et c'est la même dans tous les stops que je croise... Je commande quand-même un caf' pour pouvoir profiter des chiottes.

On m'indique, toujours avec la même amabilité des commerçants russe, qu'elles sont situées derrière le bâtiment...

En effet j'y trouve un cabanon, un côté homme, un autre femme. Dedans 3 trous dans le plancher, séparés par une faillie tôle, pas de porte, pas même de rideau, une odeur pestilentielle... Je suis content d'y être seul et de ne venir que pour la petite com'...

J'imagine que c'est ce qui m'attend en Mongolie...

No comment...

Le moral en baisse, je commence à me demander ce que je fous ici, dans ce piège à touristes...

Alors que je pense partir en excursion loin de la foule, un autre message de Maëlle m'informe que, si ils obtiennent rapidement leurs visas, ils ont l'intention de repartir direct...

Je suis assailli par le doute... que faire..

Ça me plombe un peu plus le moral...la nuit va tomber...

Je descends sur une plage à la sortie de Khoujir.

Je ne l'ai pas encore précisé jusqu'à maintenant, mais si les paysages sont magnifiques, ils sont en revanche pourris de détritus. Des déchets jonchent le sol partout, des poubelles éventrées par les chiens dégueulent leur contenu que le vent éparpille...

La plage sur laquelle je me pose est un cimetière de bateau, j'aime l'ambiance, mais là aussi, partout des déchets...

Je plante ma tente, le moral dans les chaussettes...

Le soleil se couche, magnifique paysage.

Je trempe les mains dans l'eau du Baïkal (=1 année de gagnée...) mais c'est vraiment glacé.

Alors que la température descend (3°C à ma montre) et que je me couvre pour la nuit, un groupe de 4 gosses arrive en courant en maillots de bain et à plusieurs reprises ils se baignent!!!!!.....

Ouaaaaaaahhh!!!!

Ces gamins finiront centenaires!!!!!

Ma nuit sur l'île d'Olkhon
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Publié le 5 septembre 2017

6h, je me lève, j'ai pris ma décision dans la nuit, j'me casse de cet endroit.

Même si, au fond de moi, je sais que je regretterai ce choix...

Mais je ne sais pas ce que donne le stop en Russie et la peur de louper l'opportunité de continuer avec Maëlle et Adrien m'influence lourdement.

2h à attendre un bus qui ne vient pas, alors quand passe le premier fourgon je tends le pouce... et ça marche direct!!

Ça ne parle pas anglais mais je leur montre le bac sur ma carte et on me fait signe de monter à l'arrière.

2 gars devant, pas un mot, pas un regard. Derrière une femme et 2 enfants, pareil.

On refait le trajet de la veille en sens inverse, de la même manière : pleine balle!!...

Tout le monde s'accroche mais ils ont l'air bien habitués, le gosse dans le siège bébé finira même par s'endormir!!....


On arrive au bac où on me fait signe de descendre, je tente un "Irkoustk?" mais c'est "Niet"...

Je remercie fort le chauffeur, toujours pas de réaction...

Sur l'autre rive, y'a plusieurs mini-bus pour touristes, j'essuie plusieurs refus avant de trouver une place payante que j'arrive à négocier légèrement.

Et c'est reparti, retour à Irkoustk...

Je retrouve Maëlle, Adrien et Tcharlie dans l'après-midi, ils doivent choper de l'eau avant de reprendre la route. Y'a une fontaine à disposition près de l'endroit où ils sont posés, on bricole un peu pour adapter leur tuyau à la sortie de la pompe, ça marche mais ça fuit un peu et en quelques minutes on crée une grosse flaque sur la route... résultat : dès qu'un véhicule passe, on se fait asperger... re-bricolage et voilà la pompe autonome.

La traversée de la Russie de les amis fut belle mais longue, 6000km non-stop à raison de 500km par jour. Ils pensaient arriver à Irkoustk dans un petit village de pêcheurs au bord du Baïkal, ce qui n'est pas vraiment le cas. Ayant obtenu leurs visas pour la Mongolie le matin même, ils ont maintenant besoin de repos, on se dépêche donc de parcourir la centaine de kilomètres qui nous sépare du Sud du lac pour y arriver avant la nuit.

Les dernières lueurs du jour nous accueillent sur les rives du Baïkal, dans le village de Koultouk.

Paysages majestueux, irréels, l'horizon se perd dans la brume au loin.

On se dépêche de se poser pour mitrailler de photos.

Pendant que Tcharlie gagne ses 25 ans de vie supplémentaire, je plante ma tente afin de laisser à mes amis le repos qu'ils ont bien mérité.

Ma deuxieme rencontre avec le Baïkal
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Si les couchers de soleil sont fantastiques sur le lac, l'aube l'est d'autant plus et ce matin là, j'en prends encore plein les yeux.

Magique Baïkal...

Magic Baïkal

P'tit dèj' silencieux, mysthique, lumière dingue, bouffée d'énergie...

On se réveille tranquille et on se remet en route pour trouver un coin un peu plus loin, à l'écart de toute civilisation, Maëlle et Adrien veulent profiter d'un jour ou deux près du Baikal.

Aujourd'hui, 1er septembre, c'est "la Journée de la Connaissance" en Russie. C'est une journée fériée, la vente d'alcool est interdite. Tous les écoliers, garçons en costards et filles en robe, chaussettes blanches et dentelles dans les cheveux vont fêter la rentrée ensemble. On en croise beaucoup dans tous les villages qu'on traverse.

Pour la première fois j'ai pris la place du milieu avec Tcharlie, il n'y a pas de siège, juste un coussin et là je comprends ce que Maëlle a enduré de la Pologne à Moscou... le camion n'est vraiment pas adapté à 3 adultes et un croisé dogue argentin!!!...

Ce n'est pas simple de trouver un accès aux berges, entre la route et le lac passe la voie de chemin de fer du Transsibérien qui va vers Oulan Oudé puis La Mongolie ou Vladivostok.

Y'a peu de possibilités de la traverser et, quand y'a moyen soit le spot est habité, soit c'est limité en hauteur et le cam's ne passe pas...

On finit quand-même par trouver un coin qui à l'air idéal sur le GPS, la plage de Lesnaya... il faut longer un cours d'eau et passer sous la voie ferrée, hauteur limite indiquée : 3m80... ça doit le faire tout juste...

Je grimpe sur la cabine pour guider Adrien, Maëlle part devant en reconnaissance.

On avance doucement sous le pont... ça passe à 20cm près!!...


Une centaine de mètres plus loin, un petit coin de paradis nous attend...

Une plage de galet, le cours d'eau qui se jette dans le Baïkal, pas un nuage...

Une fois le camion posé à plat, on sort la table, les chaises et on prépare un feu en vue d'un barbec'.

Pour le menu de ce midi, mes hôtes ont prévu rougets et aubergines grillées au barbecue!!


Il fait bon et je sens que c'est le moment pour moi de gagner mon bonus de vie...

Surfant l'hiver en Bretagne, je connais l'eau à 10/12°C, en combinaison 5mm... et je sais que c'est pas toujours facile...alors l'eau à 8°C en slibard...

Je ne sais pas si vraiment j'ai gagné 25 ans de vie, mais quand j'en sors j'ai de nouveau 20 ans et la grosse patate!!

Et comme ça m'a paru beacoup plus facile que ce que je pensais, j'y retourne!!...

Par là-dessus, repas délicieux, re-moment magique, tout va pour le mieux!!

J'ai pourtant toujours le regret de ne pas avoir fait de rando sur l'île d'Olkhon et ça me travaille... ça serait tellement bête de partir du Baïkal avec ce remord...

De leur côté, Maëlle et Adrien ne savent pas s'ils sont posés pour 1 ou 2 jours, s'ils envisagent de se poser ailleurs ou si ils continueront pour la Mongolie dès demain...

Alors je leur propose de les laisser se reposer tranquille et de partir en avant le long du Baïkal. Quand ils en sauront plus sur leur planning, ils me préviendront, je rejoindrai alors la route et les attendrai là. Y'a évidemment le risque de ne pas avoir de réseau et de se louper... mais qui ne risque rien n'a rien...

Il est 16h quand je me mets en route, dans les montagnes plus au sud le temps se couvre et l'orage gronde.

Pour passer la rivière, j'emprunte la voie ferrée... petite montée d'adrénaline quand, au milieu de la traversée, arrive un train... mais des refuges tous les 30m me permettent de me mettre à l'abri... grosse sensass' d'avoir les wagons à moins de 70cm de la tronche...faut pas laisser une sangle de sac dépasser!!...

Je regagne la berge et au bout d'1/2 heure je regrette vite le choix de cette rando.... la marche, chargé, sur une plage de galet est un calvaire que je n'avais pas imaginé!!!...

Ça dure des heures et j'avance à rien... quel bonheur quand, parfois, une piste de pêcheurs longe la rive!!

Justement la nuit va tomber quand je croise un rassemblement de pêchous. On me déshabille du regard en fronçant les sourcils mais je commence à avoir l'habitude. Je traverse leur campement quand un p'tit chien bien vénère fonce vers moi et chope une jambe de mon pantalon... pas moyen de le faire lâcher et ça, ça fait marrer les pêcheurs!!...

Enc...lé de clébard!!! Mon seul falzard!!! Autour ça continue de rigoler mais pas de réactions... alors, quand j'entends les premiers craquements du tissus, mon agresseur se prend un coup de mon pied libre et part en hurlant... et là, les pêcheurs commencent à m'engueuler!!!..

J'me dépêche de quitter cette bande de branquignoles en les maudissant.

Je sais qu'en Mongolie je risque de tomber sur des meutes de gros molosses qui peuvent être dangereux pour le voyageur isolé et, pour m'en prévenir, je suis équipé d'un bâton de marche, censé les maintenir à distance, mais il est accroché au sac et je viens d'avoir la preuve que ça me prendrait trop de temps pour le sortir... je médite sur le sujet quand la providence met sur mon chemin les restes d'une jolie canne à pêche cassée en deux.... je la bricole un peu et me voilà desormais équipé d'une matraque télescopique carbone que je peux garder à portée de main!!...

Ma nouvelle arme anti-agression

La nuit est maintenant tombée, mais je continue parce que mon avancée sur la carte est vraiment ridicule!!!... je passe 2 autres ponts sur la voie ferrée et, dans le noir, c'est encore plus flippant...

Un peu avant minuit, je suis mort, j'arrive près du bled nommé Baïkalsk et je me dirige vers la route espérant trouver un lieu où je puisse prendre un café.

J'ai eu le nez fin, un "resto routier" est encore ouvert. Comme partout en Russie, le café est soluble et noyé mais bien sucré et ça, ça me va.

À une table, un gars, typé mongol, a répondu à mon sourire et c'est tellement rare que j'engage la conversation. Mais mon costaud ne parle pas anglais... malgré tout, à coup de gestes, de sourires et de Google Translate on arrive à partager un peu.

Tuumuu (se prononce Tomo et non pas Toumou) a 32 ans, Mongol, il est chauffeur routier et rentre de Irkoustk à Oulan Bator/ Mongolie.

Quand il me propose de m'emmener je suis face à un dilemme dont j'ai du mal à lui faire part, de par la barrière du language.

Il a bien compris que je faisais mon voyage en auto-stop, mais lui faire comprendre que des français me prendront, peut-être, le lendemain, ça, pas moyen...

La perspective de continuer en stop, dans un gros camtar Volvo, avec un Mongol trop sympa est quand-même très tentante... J'accepte...

La cabine suspendue et le siège réglable dans tous les sens sont un méchant confort, surtout que la route est vraiment pourrie.

Dans la nuit, alors que ça grimpe dur, j'ai une grosse pensée pour Mathilde et Victor sur leur tandem. Je dois les dépasser, là, quelque part dans la nuit noire...

Je décide de ne pas continuer jusqu'en Mongolie avec Tuumuu, mais de m'arrêter à Oulan Oudé, dernière grande ville de Russie avant la frontière.

En effet il me reste encore 12 jours sur mon visa russe, ma rando rêvée était bien ridicule et j'ai une boule dans le ventre d'avoir quitté le Baïkal sans lui avoir dis adieu.... je suis très heureux de rouler avec Tuumuu mais complètement perdu dans ma tête sur la façon dont les choses tournent...

Après être devenu potes, on devient "amis Facebook" et Tuumuu me dépose en périphérie de la ville, tard dans la nuit.

баярлалаа Tuumuu!!!

Je pose ma tente dans un terrain vague au bord de la route.

Cette rencontre m'a fait du bien...

Mais tout va très vite et j'ai l'impression d'avoir perdu le contrôle...

D'après ce que j'ai lu, Oulan Oudé n'a que peu d'intérêt et je suis maintenant loin de mon cher Baïkal...

Dur de trouver le sommeil assailli par tous ces doutes...

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A mon réveil, je préviens Adrien et Maëlle de mon avancée. Je leur dis que cette expérience m'a redonné confiance en l'auto-stop en Russie et que, vu la misère que c'est de rouler à 3 + Tcharlie dans la cabine, je me sens de continuer en solo. Je leur demande quand-même de me prévenir de leur arrivée dans les environs d'Oulan Oudé afin de se crocher et de pouvoir se dire au-revoir pour de vrai...

Ils me répondent qu'ils vont rester encore une journée sur les bords du Baïkal... mais ajoutent que "si on doit se recroiser, on se recroisera"...

Je ne suis pas sûr de bien comprendre cette phrase et je reste un peu sur ma fin...

Je prends la direction de la ville ne sachant plus trop quoi penser... où est-ce que j'ai merdé?... ai-je été un boulet à ce point là?... mon indécision les a-t-ils saoulés?... j'ai pourtant essayé d'être serviable, j'arrêtais pas de les remercier... est-ce que j'en ai pas trop fait?...

J'ai la dalle, je m'arrête dans une station à l'entrée de la ville et j'achète 4 ou 5 hot-dog locaux, sorte de petit-pain fourrés à la saucisse à 15 centimes, et un café (un vrai!). Je me pose sur le trottoir pour bouffer.

Un gosse arrive à vélo, habillé de guenilles et le visage sale, et me fait comprendre qu'il a faim. Encore une fois, si on me demande à manger je ne me sens pas de refuser, surtout à un gosse. Il repart, l'air satisfait, mais revient avec 2 de ses copains. Je leur laisse les sandwichs... ils repartent.... et reviennent à 7 ou 8!!... je n'ai plus rien à leur refiler et je me refuse à donner de l'argent... mais ils restent et maintenant me demandent des clopes!!... ils n'ont pas 10 ans alors c'est hors de question!!... mais ils insistent, encore et encore... je suis redevenu le touriste blanc et riche.... je me sauve, blasé...

J'entre dans la ville, gros cafard...

Arrivée à Oulan Oudé

J'ai réservé un lit dans une auberge de jeunesse, le Travellers House Hostel. Vu le nom j'espère y faire des rencontres sympas. Il est situé au coeur de la ville, en haut de la place centrale où trône la célèbre statue représentant la tête de Lénine.

C'est la "plus grosse tête du monde", inscrite dans le Guiness des Records, 17 tonnes de bronze.

Oulan Oudé est la capitale de la République de Bouriatie. Région, peuple et coutume depuis longtemps sous domination russe. Les Bouriates sont très typés mongols. Comme eux c'était, avant, un peuple de nomades.

Je fais un tour en ville mais n'ai pas le coeur à faire du tourisme, j'ai encore l'impression d'être dévisagé et tous ces regards me pèsent.

Je me réfugie dans l'hôtel, le coeur gros. J'y suis seul. Je squatte là une bonne partie de la journée espérant rattraper le retard du blog... mais le coeur n'y est pas non-plus, je n'arrive pas à me concentrer...

J'essaie de choper des infos sur la Mongolie mais aussi sur la Chine pour anticiper les difficultés à venir...

J'espère pouvoir aller en Chine, puis au Népal en passant par le Tibet et je sais déjà que ce ne sera pas chose simple, mais ce que je lis cette après-midi fini de me tuer le moral. Le passage par le Tibet coûte les yeux de la tête et parait très, très compliqué à organiser...

Dépité, je ressors pour aller me changer les idées. Je marche au hasard, le moral dans les chaussettes, marre des regards, marre des villes, marre de la Russie...

La fin de journée est pourtant belle et je sais combien j'ai de la chance de vivre ce voyage... mais cela ne suffit pas... je me demande ce que je fous ici, j'ai l'impression d'avoir foiré ma traversée de la Russie et de regretter tous mes choix des derniers jours...

Je me rappelle mon coup de déprime à Irkoustk et essaie de relativiser... mais pas facile quand-même...

Je passe devant l'usine qui fabrique les locomotives du Transsibérien, photo.... devant mon premier temple bouddhiste, photo...

Mais non, ça ne vient pas... je marche encore au hasard et, quand la nuit tombe je fais demi-tour et rentre à l'hôtel.


2 couples y sont arrivés, je n'aurais quasi pas de contact avec le premier qui sont de Pologne, mais ceux avec qui je partage ma chambre sont très sympas. Anna et Ellery sont respectivement d'Australie et de Nouvelle Zélande mais ils arrivent de Londres où ils bossaient et se rendent en Australie en train. Ils sont vraiment cools et souriants mais, dans l'état d'esprit dans lequel je suis, leur complicité me mine... je souffre pour la première fois de ma condition de voyageur solo... ma copine me manque.... je voudrais moi aussi partager ce que je vis...

Le lendemain ça ne va toujours pas fort, je reste dans l'hôtel toute la matinée, le blog n'avance a rien, j'ai aussi des tas de gens à qui je dois écrire mais toujours pas de motiv'... je descend de temps en temps griller un clope et marcher un peu, mais n'arrive pas à retrouver la pêche. J'en ai vraiment marre qu'on me devisage sans partager le moindre sourire. Je réserve une deuxième nuit à l'hôtel en me disant que je vais me casser le lendemain matin mais l'hôtel sera plein ce soir, on me propose le canap' à moitié prix...ok, vendu...

Dans la journée, je suis avachi dans ce qui sera donc mon lit le soir venu, quand on sonne à la porte de l'hôtel...

D'où je suis, je ne vois pas le gars qui vient d'arriver. Il n'a pas réservé, on lui propose le salon à lui aussi... il hésite, demande à voir les lieux... je n'ai pas reconnu son accent, son anglais est plutôt bon... mais en visitant je l'entends se parler à lui-même... un français...

Je descends fumer une clope, me doutant qu'il ne restera pas, dans l'espoir de le crocher en bas et communiquer un peu avec lui...

Et j'ai vu juste, il redescend.

On parle quelques minutes, il change d'avis, on remonte, on squattera tous les 2 le canap' et le tapis du salon.

Il s'appelle Guillaume, il est sur le retour d'un voyage d'un an et quatre mois, seul, en sac à dos. Parti de France, il est passé par le sud de l'Europe, la Turquie, la Géorgie, l'Iran, a pris l'avion jusqu'au Népal pour éviter le Pakistan, puis l'Inde, re-avion pour la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, la Chine, la Mongolie et le voilà sur le retour par la Russie.

Il a prévu son retour au pays avant noël prochain.

Il est de presque 10 ans mon cadet et pourtant, pendant les 3 jours qui vont suivre il va être mon professeur, je vais boire ses paroles...

Il rallume l'étincelle qui était en train de s'éteindre en moi et c'est même un véritable feu de joie qu'il va laisser...

On parle des doutes, des difficultés, des joies... de liberté, de partage, d'amour, de rêves, de destinations, d'avenir,...

Je ne suis pas croyant, mais je ne peux pas croire que c'est seulement le hasard qui l'a mis sur ma route...

Ce truc qui revient à chaque coup de mou...

Ces solutions qui se présentent chaque fois qu'un problème se pose...

Ces chemins de traverse qui contournent chaque obstacle qui me paraît insurmontable...

Durant ces 3 jours je retrouve aussi Mathilde et Victor qui arrivent tout juste à Oulan Oudé. On boit un verre le soir de l'anniversaire de Victor, ils ont encore une méchante pêche, trouvent leur rythme dans ce parcours immense et ce malgré les premiers vrais dénivelés. Là encore leur sourire me réchauffe l'âme, ils sont mes frères et soeurs de la route, nos chemins se recroiseront encore de nombreuses fois, dans ce voyage et longtemps après, j'en suis certain. On se quitte en se donnant rendez-vous à Oulan Bator pour passer ensemble l'épreuve du Visa Chinois...

Courage les copains!!

Guillaume vient de repartir, il prenait le Transsibérien il y a quelques heures.

Après son départ, j'ai refais un tour en ville. Ces regards qui m'agressaient il y a quelques jours ont changés... ou du moins ma perception de ces regards à changé...

c'est juste de la curiosité face à mon style et ma coiffure bizarre...

...simple perception des choses qui change après un changement d'état d'esprit...

Y'aura encore beaucoup de hauts et de bas dans la suite de mon parcours, Guillaume me l'a confirmé, mais après cette rencontre les choses ne seront plus jamais les mêmes...

J'espère que, moi aussi, un jour, je pourrai rassurer par mon experience le voyageur débutant qui doute....

Merci à toi frangin, tes conseils m'ont fait un bien fou, on se retrouve au pays, ou n'importe où ailleurs. Bon retour, joyeuses retrouvailles avec les tiens, encore bravo pour ton périple et ton courage et merci merci merci pour ton énergie contagieuse.

Merci aussi à celui, quel que soit son nom, Bouddha, Jéhovah, Dieu, Jah, Gaïa, Allah... qui a mis et continuera à mettre ces gens formidables sur ma route... qui que tu sois, tu es grand et bon, Aloha à toi man!!!

Merci à vous Maëlle et Adrien, vous avez su me laisser quand il le fallait, malgré mes trouilles... et vous aviez raison, on se recroisera si on doit se recroiser, peut-être pas sur ce voyage, mais on se recroisera, c'est sûr! Merci encore pour le tatouage et les kilomètres. Bonne route à vous pour la suite, on se revoit au pays!!

Et merci à vous tous qui, par vos commentaires et votre suivi de l'aventure, me rappelez que, malgré tout, je ne suis jamais seul.... Aloha les amis, la famille...

Plus que jamais PAIX et AMOUR à vous tous..

L'aventure continue de plus belle!!!....


ONE HEART ONE LOVE ONE WORLD


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Je sors d'Oulan Oudé dans la matinée après avoir quelques galère pour envoyer du courrier.

Tuumuu, le routier mongol qui m'avait amené jusqu'ici, m'a contacté hier soir, il repasse par là en direction de la Mongolie et me propose de faire un bout de route ensemble.

Vers 16h on double Victor et Mathilde sur leur tandem à une centaine de kilomètres de la frontière... bon courage à vous les copains, la suite de la route n'est qu'un enchaînement de cols et pistes défoncées et je pense fort à vous en la parcourant.

18h, on arrive à la frontière. Je ne suis pas autorisé à la franchir en poids-lourd et encore moins à pied. La population locale, bien au fait de cette interdiction, en a pris son parti et c'est devenu un vrai business de faire passer les backpackers moyennant quelques roubles... mais mon pote Tuumuu se débrouille pour me trouver un taxi gratos.

J'embarque donc dans le fourgon de Losenrelo qui doit être un livreur habitué à franchir la frontière car il est connu comme le loup blanc par les douaniers des 2 bords et ces derniers regardent à peine le contenu du coffre contrairement à certains véhicules qui sont entièrement dépouillés.

Au moment du contrôle des visas, la grosse dondon russe derrière le bureau fait des histoires sur l'état de mon passeport et il lui faudra 15min pour admettre que c'est bien moi sur la photo...

Le passage côté mongol se fait beaucoup plus simplement et, 3h après mon arrivée au poste frontière, j'entre enfin en Mongolie!!...

Mon chauffeur, passablement énervé par le temps perdu, s'empresse de me déposer une fois le dernier portail franchi.

Un gars attend là avec un sac à dos, c'est Vitalii, un Ukrainien de 19 ans. Il revient d'Oulan Bator où il s'est vu refuser le Visa chinois car il est passé par la Turquie en quittant l'Europe et les autorités chinoises refusent toute entrée à qui présente un passeport sur lequel apparaît un tampon pakistanais ou turque.

Mais Vitalii prend ça avec philosophie et il repart vers la Russie où il espère bosser un peu et prendre un avion pour le Japon mais la nuit tombe et il ne trouve personne pour lui faire franchir la frontière gratuitement.

Alors qu'on parle, un autre backpacker arrive de Russie. Max est allemand, il a 20 ans et rejoint, en stop, sa copine qui étudie à Djakarta. On décide de passer la soirée ensemble et on trouve un garage abandonné pour monter le camp... la nuit va être fraîche.

Soirée très cool, un Ukrainien, un Allemand et un Français qui communiquent en anglais et partagent leurs infos, expériences et rêves.

J'envie leur insouciance et leur jeunesse et je me dis que j'aurai dû entreprendre ce voyage depuis bien longtemps... les seules barrières qui me retenaient étaient dans ma tête... Vitali a moins de 200$ en poche...



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En plusieurs points, l'arrivée en Mongolie marque de grands changements dans la dimension de ce voyage : ici on quitte vraiment l'occident, les us et coutumes ne sont plus du tout les mêmes, les habitudes de consommation, la politesse, l'intimité mais avant tout, la barrière de la langue qui va tout compliquer, à partir de maintenant y'aura plus grand-monde pour comprendre mon anglais so-frenchie...

On quitte Vitalii le lendemain en lui souhaitant bonne route et on continue ensemble, Max et moi, vu que nos programmes des prochains jours sont les mêmes : rejoindre Oulan Bator, trouver l'ambassade de Chine et obtenir ce foutu Visa...

La Mongolie est immense et en dehors de l'axe nord/sud Russie - Oulan Bator - Chine, le reste du territoire est très mal desservi. Il y circule bien quelques bus mis ils sont souvent pourris et bondés.

De fait, le stop est très pratiqué par les locaux mais il est... payant... Les véhicules s'arrêtent donc sans problème à la vue de 2 Européens... mais repartent direct quand ils comprennent qu'on veut bouger gratos...

Pas simple pour ma part de demander à des gens qui n'ont quasi-rien de profiter gratuitement de leur moyen de transport, moi le "riche touriste blanc en vacances"...

Mais il le faut pourtant si on veut préserver nos caisses de bord et, finalement, ça ne s'avère pas impossible, à condition d'être patient, souriant et de prendre les nombreux refus avec philosophie.

A force de persévérance et après 3 changements de chauffeurs on nous dépose à Darhan, à 200km de la capitale, on y change nos Roubles contre des Tugrics, on se ravitaille et on se remet en route.

La 6ème voiture qui s'arrête à la sortie de la ville est la bonne. Beeguun et Asha, 20ans tous les 2, en dernière année d'étude d'ingénieur, parlent couramment anglais et roulent jusqu'à Oulan Bator. Ils vont être super attentionnés avec nous, à tel point qu'on se demandera plusieurs fois si ils n'attendent pas quelque chose en retour... Mais non, ils ont une certaine habitude des touristes et ils cherchent seulement à laisser une bonne impression des Mongols.

On roule ensemble jusqu'à la capitale qu'ils nous font visiter et nous aident à acheter des cartes SIM. Quand le soir tombe, on quitte la ville pour un spot calme où passer la nuit.

Sur la route de Darhan à Oulan Bator on a récolté du chanvre sauvage qui pousse un peu partout depuis la Sibérie. Ce soir là, à la lueur des phares de la Prius, ils nous apprennent la méthode locale pour extraire l'huile de cette plante magique, à l'aide de butane et d'une bouteille plastique puis nous la fumons jusqu'au bout de la nuit...

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On se lève tard le lendemain et on squatte le bord de la rivière une bonne partie de la journée.

Max est inscrit sur Couchsurfing (= site internet qui met en contact les voyageurs et les personnes voulant héberger gratuitement lesdits voyageurs) et a une possibilité de logement sur Oulan Bator. La personne en question n'est pas à son domicile, mais elle nous propose son logement dans lequel son père garde son fils.

Encore une fois, Beeguun et Asha contactent le grand-père qui ne parle pas anglais, fixent le rendez-vous et nous amènent à bon port.

Il est 18h quand nous rencontrons notre hôte, on se sépare de nos nouveaux amis et on suit le grand-père et son petit-fils dans notre nouveau logement.

L'ancien à l'air un peu inquiet d'héberger 2 inconnus sous son toit et nous fait les même recommandations que sa fille par internet : "No alcohol, no narcotic!!!"

Pas de soucis pour nous, on l'entendait bien comme ça et on comprend bien les inquiétudes du vieil homme face à nos styles de babas-voyageurs.

L'ambiance se détend dans la soirée malgré qu'il soit difficile de communiquer, les seuls mots d'anglais que connaît l'ancien étant : "Come on baby"...

Il doit quand-même se dire qu'on est digne de confiance car il s'absente une bonne demie-heure en nous laissant Ériché, le môme de 2 ans.

Grosse surprise au moment de se coucher, l'appartement n'a que 2 pièces, une cuisine/ salon et une salle de bain et nous allons dormir tous les 4 par-terre, sur le même tapis...

Ériché joue une partie de la nuit avec mes dreads avant de s'endormir.

6h, grand-père se réveille et repart encore pour une bonne demie-heure, sûrement pour fumer une clope...

On se lève et prépare un café, pépé revient.

Il est de plus en plus à l'aise et nous autorise à fumer sur le balcon si on promet de ne rien dire à sa fille... ok pour nous, ça nous arrange un peu car on est au 9ème étage...

9h30 il demande à Max de l'accompagner pour quelques courses, je reste seul avec le troll.

10h, ils reviennent avec des gâteaux pour le môme.... et une bouteille de vodka...

10h10, pépé a goûter à la vodka, il s'effondre dans le canap'...

D'abord on comprend pas bien ce qui se passe, il ne nous a pas paru plus émèché que ça... mais, en même temps on ne connaît pas encore le bonhomme... On se dit qu'il doit être crevé et doit profiter de notre présence pour veiller sur le gosse, c'est dimanche... pourquoi pas...

Mais le deuxième jour, alors qu'il ne se lève que pour aller acheter des bouteilles, se recouche aussitôt et ne laisse que des foutus gâteaux en guise de nourriture pour son drôle, on commence à se demander dans quel plan on est tombé...

De notre côté on a pris le relai, Max s'occupe de cuisiner pour le kid, moi je l'emmène 2 fois par jour jouer en bas avec les mômes du quartier...

Concernant notre Visa pour la Chine, le consulat n'ouvre que les lundis, mercredis et vendredis matins de 9h30 à midi. Vitalii nous a conseillé de s'y rendre très tôt car 15 tickets seulement sont distribués aux étrangers, le reste des places étant réservé aux Mongols. Parmis tous les papiers habituels, l'obtention du Visa nécessite de présenter un programme très précis (mais complètement bidon) du séjour, avec réservations d'hotels correspondantes (ne surtout pas préciser que j'ai l'intention de passer par le Tibet!!..), ainsi que les billets d'avion d'entrée et de sortie du territoire, ce même si vous vous y rendez par voie terrestre!!... Heureusement, un plan bien connu des backpackers consiste à se rendre dans une agence de voyage AIRMARKET qui vous fournit gratuitement des faux-billets dans l'espoir que vous reveniez une fois le Visa obtenu...

Ce lundi là, c'est mort pour nous, on n'a pas encore de billets. On profite d'un réveil du grand-père pour le prévenir qu'on part en ville en lui laissant la garde de son petit-fils.

On chope nos faux-billets, répère l'ambassade de Chine, l'entrée du Consulat, on fait un tour sur la place Chengis-khaan et on rentre en passant par la banlieue d'Oulan Bator... en chemin on se demande si on a bien fait de laisser pépé seul avec le troll... est-ce que cette situation est normale ici?... la mère est-elle au courant?... depuis combien de temps est-il seul avec le môme?...

Quand on rentre, Ériché et son grand-père pioncent dans le canap'...

Apres concertation, on décide de prévenir la mère. Elle a l'air inquiète mais pas plus étonnée que ça. Elle ne pense pas pouvoir rentrer avant la fin de la semaine et nous demande de veiller sur le môme... nous les inconnus qu'elle n'a jamais rencontré...



Le troisième jour, après avoir nourrit et joué avec Ériché, alors qu'on pense aller imprimer les différents papiers qu'il nous manque pour les dossiers des Visas, l'ancien se lève pour fumer son clope sur le balcon. Il rentre, boit un coup et retourne se coucher à sa place fétiche... 15min plus tard une odeur suspecte nous interpelle : y'a un truc qui crâme!!!... Pépé a écrasé sa clope dans un des nombreux cartons qui encombrent le balcon et le feu se propage!!!... Quelques casseroles d'eau et il est maîtrisé...

Waaaaahhhh!!!! Et si c'était arrivé pendant notre absence??!!!....

Cet événement nous décide à rappeler la mère. Normale ou pas, on ne veut pas être responsable de cette situation.

Elle dit à Max qu'elle sera de retour dans la nuit et nous demande de vraiment veiller sur le troll... pas de soucis pour ça, mais plus vite elle sera rentrée et mieux ça sera pour tout le monde.

Je vais imprimer les documents manquants dans un cyber-café pendant que Max veille sur les 2 monstres.

3h du mat', Moon, la maman, arrive avec la grande soeur d'Ériché. Pépé se prend une méchante soufflante. Puis l'ambiance se détend et nous finissons la nuit tous les 6 sur la moquette.

Nous nous levons tôt le lendemain, mercredi, on laisse Moon s'expliquer avec son père et on se rend à l'ambassade. Il est 7h quand on y arrive mais déjà un groupe attend devant le portail, parmis eux beaucoup de Mongols et ...11 occidentaux!!!... ça devrait le faire...

On attend dans le froid en discutant entre voyageurs...

9h45, la porte blindée s'ouvre, un keuf mongol sort pour maîtriser les éventuels débordements, un keuf chinois sort avec les fameux tickets...1, 2, 3,... j'ai le numéro 12, Max le 13... il n'y aura que 14 tickets pour cette session... Yiiiiiihhaaaaa!!!!!!! On a gagné le droit d'entrer dans le Saint Consulat!!!!

Nos dossiers bien préparés sont acceptés, ça devrait vraiment le faire... réponse lundi prochain à partir de 16h...

On va fêter ça en se prenant un p'tit dèj' à l'européenne dans un café pour touristes, on fait un tour en ville et on rentre chez Moon.

En discutant avec elle, on apprend qu'elle est guide pour touristes et nous propose de joindre les groupes qu'elle accompagne dans les prochaines semaines, mais les prix sont hors-budget et l'idée de suivre des occidentaux dans des endroits où tout est préparé à leur intention ne nous plaît qu'à moitié... place à l'aventure!!...

Elle nous apprend comment se comporter dans une ger (se prononce "guèr"...et oui, on ne dit pas yourte en Mongolie, yourte étant l'appellation turque), ne pas rester devant la porte, se diriger du côté gauche, le côté droit étant celui des femmes, ne pas toucher aux poteaux centraux, pour les toilettes : creuser un trou pour y faire ses p'tites affaires, y déposer le P-Q, reboucher et déposer une grosse pierre pour que les chiens ne s'empressent pas de tout déterrer...

Entre-temps, on a contacté Asha, un des 2 jeunes qui nous avaient déposés à Oulan Bator, il nous avait dit qu'il partait aider son oncle à la campagne et on lui propose de le rejoindre pour les aider, c'est une bonne occasion pour nous de rencontrer des nomades et il nous tarde de fuir Oulan Bator.

On passe une dernière nuit en compagnie de Moon et sa famille, son père nous présente des excuses pour son comportement et nous conseille pour la suite du périple.

Il est touchant et je ne lui en veux pas... mais j'en veux à ce putain de poison qu'est l'alcool, qui transforme les meilleurs d'entre-nous en malades incapables, qui tue partout et particulièrement en Mongolie...

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Publié le 20 septembre 2017

Nous partons de chez Moon en fin de matinée et mettons quelques heures à sortir de la ville. Le village près duquel vit la famille de Asha est en direction de la Russie, cap plein nord soit demi- tour pour nous.

Arrivés en périphérie de la ville, on commence à tendre le pouce... en quelques minutes des dizaines de voitures s'arrêtent... et repartent quand elles comprennent qu'on ne paiera pas. Certains veulent nous amener à la gare routière pour qu'on y prenne un bus mais non, pas moyen. Un jeune qui nous regarde depuis un moment nous propose même 40000 Tugrics (=12€, une somme non-négligeable ici) pour qu'on paye les voitures et c'est dur de lui faire comprendre qu'on ne veut pas de ses sous et que ça va finir par marcher...

Et en effet, ça va marcher!

D'abord des jeunes qui nous sortent de la ville puis un chauffeur routier super cool nous amènent à une centaine de kilomètres de notre destination.

Il est 18h, la nuit approche, on décide de se poser là pour la nuit et de continuer le lendemain.

Je profite de cette courte étape pour parler des choses qui me frappent depuis l'arrivée en Mongolie.

Tout d'abord le parc de véhicules du pays est majoritairement issu du marché d'occasion.

Beaucoup viennent du Japon et ont donc le volant à droite.1 voiture sur 2 est une Prius, on pourrait se dire que c'est une bonne chose car ce sont des voitures hybrides mais pour beaucoup d'entre-elles le système électrique ne fonctionne plus et quand il faudra recycler ces millions de batteries...

Il semble aussi que le contrôle technique soit une notion inconnue des Mongols, pas de pare-chocs, les pare-brises sont explosés, les ceintures de sécurité ne fonctionnent plus, le klaxon remplace les clignotants... On fonce à plus de 100kh/h sur des routes (quand il y a des routes) défoncées qui sont sans arrêt traversées par des troupeaux de moutons, chevaux ou vaches...

Rouler en Mongolie c'est jouer à la roulette russe...

Les déchets... Le ramassage des poubelles est, là aussi, une notion vague. On regroupe les poubelles en tas que le vent et les chiens errants se chargent de disperser... Dans la campagne comme en ville c'est la même, partout du plastique, des bouteilles, des filtres à huile, des pneus... Mais, pour l'instant, je ne me suis pas vraiment éloigné de l'axe Russie/ Chine qui est la route principale du pays et j'espère être heureusement surpris par la suite...

La mondialisation, comme partout ailleurs, fait ici aussi son sale boulot et le peuple de nomades de Mongolie se sédentarise tous les ans un peu plus. C'est très curieux de voir que ces enfants des espaces infinis, quand ils se posent et accèdent à la propriété, se murent derrières de grandes palissades hautes de plus de 2m, faites de bric et de broc...

La notion d'intimité est ici très vague ou en tout cas bien différente de la nôtre. Ce soir là, des hommes s'arrêtent alors qu'on boit un café, on leur propose une tasse, ils finissent le café, les gâteaux et nos clopes. Ils ouvrent nos sacs, fouillent... Ils ne cherchent pas à voler, juste à regarder mais c'est un peu dérangeant quand on n'a pas l'habitude... je ne dois pas me formaliser, ce doit être commun à l'Asie et je sais que l'Inde sera particulièrement éprouvante pour ça...

La politesse n'existe quasiment pas en Mongolie, on dit à peine bonjour, on ne dit pas au-revoir, on ne remercie pas et on ne s'excuse pas non-plus...seulement quand on est intime... c'est une habitude à laquelle j'ai beaucoup de mal à me faire, comme si il manquait quelque chose dans les relations, cela me laisse un goût de superficiel... On me dira pourtant souvent que c'est moi qui suis superficiel à remercier constamment.

Mais, si la politesse fait un peu défaut, je dois quand même préciser que, régulièrement, en ville, des gens s'arrêtent pour me souhaiter un bon séjour dans le pays.

Quand j'arrive en Mongolie j'ai envie de tout voir. Après mes passages un peu ratés autour du Baïkal, qui me laissent encore un goût amer, j'ai peur de louper quelque chose de ce pays immense. Mais je m'aperçois vite que, si je veux visiter tout les sites que je vois en photos dans les prospectus et sites internet, il va falloir payer des tour-guides, suivre des légions de touristes et se retrouver entre occidentaux, accueillis par des locaux qui en ont fait un business... cette ambiance là ne m'intéresse pas, j'ai besoin d'authentique... alors, quite à ne pas voir grand-chose de la Mongolie, on va décider, avec Max, de suivre un itinéraire qu'on a mûrement réfléchi... il est risqué sur bien des points car ne pas suivre les autres sur ce territoire, c'est vite se retrouver seul et l'hiver arrive à grands pas... mais on a tout les 2 très soif d'aventure et de sentiers non-balisés...

Enfin dernière petite chose parmis tant d'autres qui nous choque fortement, la croix gammée est partout. Elle est ici symbole de pouvoir, de paix, de chance, d'éternité. On la porte sur les costumes traditionnels, en coliers, en tatouages... quand la folie d'un seul homme a transformé un symbole de vie et de paix en symbole de haine, de mort et d'horreur...



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Publié le 23 septembre 2017

On se lève tôt, la nuit à été glaciale.

Pour moi ça va encore mais Max n'est équipé que d'un hamac avec bâche anti-pluie et, sans arbre, c'est pas le top...

Le chanvre, là-encore, est partout, on en récolte pour nos amis qu'on va retrouver.

On lève le camp et on rejoint la route.

La première voiture qui passe est la bonne, à peine 2min d'attente!!!

Le gars est bien rigolo mais il fait plusieurs pauses en route pour piquer un roupillon de 2 ou 3 minutes...

On arrive enfin à Darkhan où Beeguun vient nous chercher. Avant de rejoindre Asha et sa famille, petite pause extraction d'huile chez la grand-mère de Beeguun...

...et on rejoint Asha en fin d'après-midi, à une quarantaine de kilomètres de là où nous sommes accueillis dans la ger (=yourte) de son oncle Oshi, sa tante Zotlo et leurs 2 filles de 4mois et 5ans.

Les nomades ne bougent en fait que 2 fois par an, lors des changements des saisons froides et chaudes et ne bougent que de quelques kilomètres, en fonction des pâturages.

Leur quotidien, d'ordinaire chargé entre les chèvres, les moutons, les vaches, l'eau, la bouffe, les enfants et le bricolage, l'est d'autant plus à l'arrivée de l'hiver. C'est pourquoi Asha est venu prêter main-forte et on espère bien, nous aussi, nous rendre utiles...

A peine arrivés, Zotlo nous invite à nous assoir à l'intérieur et nous sert le suutei tsaï ...

Ce thé, salé, bouillant, qu'on boit à toute heure en Mongolie, est composé de très peu d'eau et beaucoup de lait dans lequel on laisse infuser un peu de thé noir et du sel...

Petite aparté pour ceux qui ne me connaissent pas bien : je suis de la génération "junk-food", enfant de la mal-bouffe et ce depuis toujours. Ces 15 dernières années je me suis essentiellement nourris de pain-Nutella... je n'en suis pas fier et cherche à changer ça depuis quelques temps... mais j'ai une profonde horreur du lait et du fromage, le seul produit laitier que je consomme c'est du Yop... et je savais depuis longtemps que, pour moi, la Mongolie serait une lourde épreuve...

Alors pour ce premier bol, je serre les dents... et me dépêche d'avaler cul-sec le breuvage...

Grossière erreur!!... on me ressert de suite!!... Ouch!!!... dur moment pour moi, quel c...n!!! On ne m'y reprendra plus, j'vais bien le laisser traîner celui-là.

Un plateau tourne... du fromage.... comme tout le monde je prends mon morceau et fait tourner... je goûte du bout des lèvres ce bout de truc dur qui me retourne l'estomac rien que d'y penser... et quand personne ne me regarde, je me dépêche de planquer le reste dans ma poche et fait semblant de machouiller.

Plus tard, elle nous sert un bouillon de pâtes maison avec viande et gras de mouton (plus y'a de gras et mieux c'est ici...).

Deuxième aparté : je ne suis pas non-plus un grand fan de viande. J'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, de bosser dans des abattoirs et j'ai été marqué par ces expériences. Avant tout par la façon dont on traite la vie animale aujourd'hui, ces usines-holocaustes, cachées du consommateur, où la vie se transforme en kilos de bidoche sous cellophane... mais aussi marqué à vie par les odeurs...

La viande de mouton, très forte en goût, est aussi très très très odorante... et, comme on en consomme tous les jours ici, l'odeur est constante dans la ger...

Pas facile à passer non-plus le bouillon de pâtes...

Zotlo dort dans un lit avec le bébé, Oshi dans un autre avec sa fille et Asha dans le troisième et dernier lit. Nous dormons, Max et moi, par-terre au pied du lit de la maîtresse des lieux.

La nuit est glaciale et je suis réveillé très tôt le lendemain.

Zotlo est déjà debout et, quand elle voit que j'ouvre les yeux, elle me propose de l'aider à aller traire les vaches.

C'est elle qui s'occupe de la traite. Je suis chargé, avec la petite qui nous suit, de faire sortir les veaux 2 par 2 (ils sont 10), de les laisser téter quelques minutes pour "appeler le lait", puis de les arracher à leur maman et de les attacher très court à un piquet le temps que Zotlo finisse de traire la vache.

Tous se passe bien jusqu'au sixième veau. Celui-là, récalcitrant n'a pas aimé que je le coupe en plein petit dèj'. Il veut fuir... je cherche à le retenir... il se débat de plus belle... je tient bon par le collier... il commence à courrir... je fini par lâcher... et m'étale de tout mon long dans de la bouse bien fraîche!!... ça fait bien marrer Zotlo et sa fille.


Asha et Max se lèvent à notre retour à la ger, Zotlo prépare le suutei tsaï et, après un premier bol (que j'arrive à sucrer à mort quand personne ne me regarde), on demande à faire aussi un peu de café.

Notre boulot des jours à venir c'est, matin et soir, aide à la traite des vaches et la journée, berger!

Avec Asha, on part vers 9h guider les moutons et chèvres vers de verts pâturages et on les ramène à bon port en fin d'après-midi.

D'habitude ils font ça à cheval mais, 2 nuits avant notre arrivée, des loups ont effrayé les chevaux (!!!!...) et ceux là se sont enfuit dans les montagnes... Oshi pense qu'ils ont rejoint les leurs et il a envoyé des chasseurs pour les ramener.

Ces journées sont chaudes et magnifiques, on crapahute toute la journée dans des montagnes trop belle et odorantes, on apprend sur la vie des bêtes et des nomades... Je kiffe grave!!!...


Mais chaque retour à la ger est une épreuve pour Max et moi.

En plus de l'odeur du mouton, il y a celle de la bouse séchée qui sert de combustible et une ger, c'est MoucheLand... elles occupent l'espace par millier... La nuit, le froid les rend amorphes mais dès que le poêle réchauffe l'atmosphère le matin, elles sont partout, partout, partout... tu poses 30 secondes ta tasse de café et t'en as 6 qui nagent à l'intérieur, sur le pain, le sucre, le lait, la viande... je ne sais pas combien j'en ai avalé mais dès le premier jour je me demande comment mon estomac va vivre tout ça...


En revenant des montagnes le 2ème jour, on va aider la grand-mère d'Asha à mettre une tonne de grain en sac (une sorte de melange de blé et autres graines destinées a la bouffe des animaux) et à le stocker pour l'hiver.

Les réserves de viandes sont vides à la ger, le soir du troisième jour nous allons donc tuer un mouton...

Oshi a sélectionné la femelle la plus âgée du troupeau.

Dans la tradition, les femmes ne peuvent pas assister à la mise à mort de l'animal, elle sont par-contre chargée du nettoyage de l'estomac et des viscères.

La bête est couchée sur le dos, Asha et Max lui tiennent les pattes. Oshi rase une petite zone sur le ventre où il va pratiquer une incision d'une dizaine de centimètres. Il entre la main puis tout l'avant-bras à l'intérieur de l'animal vivant et, si j'ai bien tout compris, il chope l'artère principale située le long de la colonne vertébrale et la sectionne du doigt... le mouton est censé mourir très rapidement et sans douleur (??!!!...). En tout cas la scène est très silencieuse, par un cri de la pauvre bête, pas un bruit...

Oshi ouvre alors la panse de l'animal et, un par un, en sort les organes...

Quand il sort le coeur celui-ci bat toujours...

Mes connaissances en anatomie ovine et la scène éclairée à la lampe de poche ne me permettent pas de comprendre ce qui n'est pas gardé, mais il n'y a aucune perte, ce qui n'est pas consommé par les humains le sera par chiens.

Tandis que j'aide Zotlo au nettoyage des viscères, Oshi vide le sang.

Max ne se sentait pas très bien dans la journée, la scène finit de le mettre KO, rapidement il s'excuse, s'écarte du groupe pour dégobiller et part se coucher.

Personnellement la vue de la scène ne me dérange pas plus que ça, mais les odeurs par-contre... watchaaaaa!!!....

Zotlo part avec le sang, les viscères et organes pour commencer à les cuisiner, je reste à tenir la lampe pendant que Oshi fini de dépecer la carcasse.

J'admire la dextérité de cet homme, chaque geste est parfaitement maitrisé, j'admire le savoir-faire, j'admire le fait de savoir tuer avec respect et de ne prendre à la vie que ce qui est nécessaire à la subsistance.

Trop peu d'entre nous méritent la viande que nous mangeons.



Attention, les photos qui suivent sont susceptibles de heurter les plus sensibles!!





On rejoint Zotlo dans la ger, Oshi l'aide à transvaser le sang dans les intestins nettoyés et le tout rejoint l'estomac et le reste dans la marmite sur le feu.

L'odeur est alors particulièrement horrible, au point que Max se réveille et court vomir à l'extérieur.

J'en suis pas très loin non-plus...

Une petite heure de cuisson et la dégustation de l'estomac peut commencer... mais c'est trop pour moi, je refuse poliment ma part.

Quand la cuisson des boudins est terminée, nous nous couchons enfin dans cette ambiance infernale.

Nous allons partir le lendemain, mardi, car mercredi après-midi nous devons récupérer nos passeports et, je l'espère, nos visas pour la Chine.

Je l'espère car j'ai reçu la veille des nouvelles de Victor, Mathilde et leur tandem. Ils sont arrivés à Oulan Bator le jour où nous avons, Max et moi, fait notre demande de Visa. Ils se sont présentés 4h avant l'ouverture, le vendredi suivant à l'ambassade de Chine, ont patienté dans le froid... et ont fini par apprendre que le consulat ne délivrait plus de Visa pour les étrangers et, ce, pour une période indéterminée!!!...

Ils devront donc prendre un avion pour Honk Kong où ils espèrent avoir plus de chance...

Je suis blasé pour eux, même si ils ont l'air de prendre la chose plutôt bien, et je suis très inquiet pour nous...

Le lendemain on dit adieu à Asha qui nous a permis de vivre cette expérience incroyable et on le regarde partir dans la montagne avec chèvres et moutons.

Au-revoir ami, que tes rêves se réalisent, on espère pouvoir t'accueillir un jour dans notre vieille Europe.

Puis on remercie et salue Oshi et Zotlo pour nous avoir accueillis et admis au sein de leur foyer.

Max est encore malade à crever.

On mesure la chance qu'on a d'avoir vécu ces quelques jours avec des nomades, sans qu'ils attendent de nous une contre-partie financière (on a quand-même fait attention à payer de la bouffe), sans être passé par un guide-tour.

Mais c'est avec un énorme soulagement que l'on quitte la ger, mon recit ne reflètera jamais assez combien l'odeur et la bouffe ont été de lourdes, très lourdes épreuves pour nous deux.

Je pensais, après avoir vécu 6 mois sur la ZAD, être paré pour vivre une telle expérience, mais la ZAD c'était l'hôtel en comparaison...

Merci Asha, merci Zotlo et merci Oshi d'avoir partagé votre quotidien très éprouvant pour nos petits estomacs occidentaux.

баярлалаа !!!!


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Alors qu'on avait anticipé 2 jours pour le retour sur Oulan Bator, on va mettre à peine 4h!!!

Tout d'abord avec un riche fermier du Nord qui nous dépose à Darhan et nous fait cadeau de 2 pastèques puis un fou du volant qui mettra moins de 2 heures pour faire les 250km qui nous séparent de la capitale... autant dire que sur ces routes défoncées et traversées par les troupeaux, c'était suicidaire.

On arrive donc en ville dans l'après-midi de ce mardi.

Max est plus mal que jamais, on a besoin d'une douche et de calme. Les enfants, qui nous adorent, nous ont aussi pris beaucoup d'énergie ces dernières semaines.

On opte donc pour trouver un petit appart' tranquille par l'intermédiaire de Airbnb (= site internet qui met en contact les particuliers qui veulent louer leur logement avec d'éventuels locataires). On va manquer de chance, par 2 fois, on trouve un logement, réserve et paie et, à chaque fois, pas moyen de joindre le proprio...

Gros Big Up au service Assistance de Airbnb qui vous rappelle dans la minute, vous trouve des solutions dans la demie-heure, vous rembourse et vous offre un coupon cadeau pour le désagrément.

L'affaire nous prend quand-même tout le reste de la journée, nous marchons des kilomètres pour rien et il est 22h quand on entre enfin dans notre nouveau logement...

Le lendemain, Max est de plus en plus mal et de mon côté je me sens aussi super fiévreux.

Je profite quand-même de cette belle journée pour acheter du matos (=couverture polaire, gants et chaussettes) en prévision du froid qui arrive.

On projette, mon collègue et moi, de s'écarter des circuits touristiques et, pour cela, on veux faire route vers l'Ouest de la Mongolie pour en sortir par un poste-frontière en pleine montagne. Là-bas, en s'écartant de la ligne du Transmongolien et de l'axe Russie/ Chine, on est à peu près sûr de ne pas suivre les troupeaux d'occidentaux.

Ce choix est couillu car, là-bas, les véhicules ne seront pas nombreux et le froid plus intense encore...

En fin d'après-midi, lui complètement HS et moi de plus en plus faible, on se rend à l'ambassade de Chine...

... où nous attendent nos Visas!!!!

On a obtenu les 2 derniers Visas de la saison, délivrés par le Consulat aux étrangers !!!!!....

Yyyyyiiiiiiiiiihaaaaaaaa!!!!!!!!!!!.......



Malgré la joie et le soulagement, c'est en piteux état qu'on rentre à l'appart'.

Vu notre forme, on choisi de négocier le prix d'une deuxième nuit et de garder le logement 24h de plus.

Alors que la veille il faisait 23°C, ce matin il neige!!!

Max se rétablit peu à peu et ma fièvre est passée.

On glande toute la journée dans l'appart' et, en bricolant la baignoire, on arrive même à prendre un bon bain chaud aux huiles essentielles!!!...

La journée passe, on trouve une Guest-house à petit prix pour passer la nuit suivante.

Mais cet épisode à fait réfléchir Max...

Comme dit précédemment, le but de son voyage est de rejoindre sa copine en Indonésie.

Et, si il était tenté de découvrir un peu plus la Mongolie, l'épisode de la vie en ger et les conséquences sur son système gastrique lui font changer d'avis... il partira demain vers le sud...

Cette nouvelle est une douche froide pour moi, on formait une bonne équipe.

Je comprends complètement sa decision, mais je ne veux pas baisser ma culotte et revivre les regrets du Baïkal...

Je ferai donc cap à l'Ouest en solo...

Pas facile de lui au-revoir le lendemain et j'ai le coeur gros en le regardant s'éloigner...


Auf Wiedersehen mein freund!!! Merci beaucoup pour ces 2 semaines intenses partagées, tu étais un compagnon de route formidable et j'espère vraiment que nos routes se recroiseront... Bon voyage à toi, bonne chance et merci encore pour tout !!!...


Je suis resté 24h de plus dans la Guest-house... je tenais à mettre à jour ce récit avant de prendre la route... et, pour dire vrai, je me chie dessus à l'idée de repartir en solo... pourtant je sais que je vais le faire et ça fait naître une drôle d'excitation à l'intérieur, je commence à aimer cette peur...

Il me reste encore à poster le courrier de Max, publier ces 2 derniers reports et en avant Guingamp!!...

Il va être temps de partir si je veux sortir de la ville avant la tombée de la nuit...

J'ai les mains qui tremblent.... mais je kiffe..

Je risque de passer quelques jours ou semaine sans connection internet, les prochains reports seront donc probablement publiés de Chine...

Merci à tous de m'accompagner par vos lectures et commentaires, vous me donnez la force et le courage de faire La longue route, je vous aime fort et vous dis à très bientôt...

ONE LOVE

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Mes derniers reports publiés, je mets encore du temps à quitter la Guest-house...

J'ai les jetons de me mettre en route vers l'ouest...

Mon idée c'est de me diriger vers Ölgii, la ville la plus ouest de la Mongolie, où va se dérouler, du 30 sept au 1er oct, le "Golden Eagle Festival 2017", en français : Le festival de l'aigle doré, dont j'ai entendu parler a plusieurs reprises depuis mon arrivée en Mongolie.

Mais y'a 1500 bornes à parcourir d'ici Ölgii...

Et mon visa mongol expire dans 12 jours...

Vais-je avoir le temps d'aller jusque là-bas?

Vais-je trouver des véhicules dans cette partie du pays?

Les questions sont les mêmes pour rejoindre la frontière chinoise depuis Ölgii (environ 600 bornes).

Mon matos va-t-il suffire pour dormir dehors par des températures négatives?...

Ne suis-je pas en train de me foutre tout seul dans la m...rde juste pour pas faire comme tout le monde?...

C'est donc assailli par le doute que je prends la route... bien tard, la nuit tombe et je me retrouve à traverser des quartiers où j'ai pas trop envie de traîner un samedi soir.... Je marche 18km pour atteindre la sortie d'Oulan Bator et galère, dans le noir, à trouver un endroit où planter ma tente.

Je me lève tôt le lendemain et pour le p'tit dèj, j'me bouffe les 5km qui me mènent sur la route de l'ouest.

10h, c'est parti, je tends le pouce, 5min d'attente, une voiture s'arrête, "munk barkoé?" (= la formule pour dire que je fais du stop non-payant)... "munk barkoé ok!!".

Let's go, mon premier chauffeur, très sympa, mais dont je n'ai rien compris au prénom, me fais parcourir les 300 premiers kilomètres du trajet en me chantant des chansons traditionnelles mongoles à la gloire de Chengis-kan.

Il me dépose quelques heures plus tard et en sortant de sa caisse le doute me reprend, je me retrouve au milieu de nulle-part et je me demande combien de temps je vais attendre mon prochain chauffeur.


Pas de voiture en vue, je commence à marcher... un petit quart-d'heure plus tard, le bruit d'un moteur au loin, un poids-lourd.

Il s'approche, je tends le pouce, il s'arrête!!

IlS s'arrêteNT en fait, car il est suivi par un fourgon-caisse.

Je pointe ma destination sur ma carte, "Munk barkoé ok?"... "Ok!"

Et c'est reparti!! Je monte dans le poids-lourd où le passager me laisse sa place et passe sur le lit à l'arrière.

Seul Herte, le chauffeur du fourgon et chef d'équipe, parle quelques mots d'anglais. Ils font route vers Khovd... 900km plus loin dans ma direction et sont ok pour m'emmener jusque là!!!!!

Il m'annonce 2 jours et demi de route. (Ça va en prendre 4 en fait...).

Au bout de quelIes dizaines de bornes on s'arrête à hauteur d'une ger en bord de route où mes costauds achètent plusieurs litres d'airag, la fameuse boisson mongole à base de lait de jument fermenté... et j'ai droit à mon litre perso!!!....

Ce breuvage, vendu dans des bouteilles plastiques de récup', légèrement alcoolisé (environ 5°) est vraiment spécial... en décrire le goût est compliqué, c'est comme un yaourt nature très acide et très liquide, dont la date limite de consommation serait dépassée depuis plusieurs années... et jours après jours ça fait des grumeaux...

C'est dur pour moi mais ça leur fait tellement plaisir de me faire découvrir ça que j'accepte le cadeau...


On roule jusqu'à ce que la nuit tombe. Vers 21h on quitte la route principale et emprunte une piste qui nous mène au village de Khairkhandulaan où vit la soeur d'Herte.

Elle va nous héberger pour la nuit.

Bol de süütei tsaï (= le fameux thé au lait salé) pour nous souhaiter la bienvenue puis assiette de guriltaï shol (= les fameuses pâtes au mouton) et on passe tous la nuit sur le tapis du salon.

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Publié le 13 octobre 2017

Le lendemain matin je m'attends à ce qu'on prenne la route tôt, comme tout routier qui aurait un planning à respecter... mais c'est oublier qu'on est en Mongolie et que la notion de temps est différente ici...

Ils n'ont pas l'air pressés de se lever alors je pars faire un tour dans les environs.

Quand je reviens toule monde est enfin levé, petit dèj de guriltaï shol et tsuutaï tsaï (Ouah!!! Le goût et l'odeur du mouton dès le matin...). Puis on attend quelque chose que les quelques mots d'anglais d'Herte ne m'ont pas permis de comprendre...

J'ai la réponse un peu plus tard, un couple de p'tits vieux arrive à moto avec un mouton ficelé sur le porte-bagage...

M...rde, rebelote!!! La même scène que la semaine dernière mais de jour cette fois!!

Et, petite variante, il y avait aussi une marmotte morte dans un sac plastique à l'arrière du fourgon...

Ce matin c'est donc atelier boucherie dans la cour de la soeur d'Herte.

Pendant que Daavaa et Daavaa entaille le ventre, plongent la main à l'intérieur, découpent l'artère d'un coup d'index, vident et découpent le pauvre mouton, Ziggi et ... brûlent le pelage et cuisent la marmotte au chalumeau à gaz.

Watchaa!!! Ça ne s'arrête jamais!! Dur spectacle juste après un p'tit dèj déjà pas facile à avaler!!!

Une fois que les pauvres bêtes ont eu leur compte, Ziggi sort une bouteille de gaz, un réchaud, des ustensiles de cuisine du fourgon et plonge la tête du mouton avec les morceaux de marmotte dans une marmite.

Pendant que le tout mijote, le reste du mouton est découpé, quelques pièces sont destinées à la soeur d'Herte pour la remercier de son hospitalité, les autres sont stockées dans un carton à l'arrière du fourgon...

Puis c'est l'heure de passer à table.

Assis par-terre, dans la cour, je goûte pour la première fois de ma vie à de la marmotte, de la gencive de mouton et Daavaa m'offre même un oeil poché....

J'avale ce dernier d'un coup, impossible de dire si ça avait du goût, la gencive elle, est comme le reste du mouton, forte et l'odeur me dérange vraiment...

La marmotte comparée au reste est, bien que pleine de gras, comparable à du boeuf et c'est un grand soulagement pour moi de retrouver quelque chose de "presque" agréable à manger.

J'apprendrai plus tard qu'il est fortement déconseillé de manger de la marmotte, nombre de ces petites bestioles étant porteuses de la peste.

Une fois ce "festin de roi" avalé il est enfin question de se mettre en route!!

On roule jusqu'au milieu de la nuit et traverse des paysages de dingue. Malheureusement, le pauvre objectif de mon téléphone portable, à travers les vitres sales du poids-lourd, est incapable d'en retranscrire la dimension.

La route que l'on emprunte est devenue une piste sur laquelle les camions foncent à 70km. On passe au nord du désert de Gobi et les steppes font places à des paysages lunaires.

On s'arrête vers minuit à quelques kilomètres du village de Bumbugur, en plein désert. Les gars vident une partie du fourgon pour y dormir pendant que je plante ma tente.

On continue la soirée entassés tous les 6 dans la cabine du poids-lourd, un litre de vodka et 2 de bières sont vidés, malgré que je ne comprenne pas grand-chose on rigole bien, mon habitude de remercier pour tout et n'importe quoi les fait marrer et ils font de même maintenant.

Si les températures en journée sont encore clémentes (entre 5 et 10°), cette nuit on frôlera les -10°C....

Je suis réveillé à plusieurs reprises par le froid, j'ai les pieds, le front et les genoux qui gèlent...

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Publié le 13 octobre 2017

Réveillé aux aurores par le froid, je tente de faire chauffer de l'eau pour un café... peine perdue, par ces températures le butane est inefficace...

Mes copains se réveillent à leur tour et remettent ça : pâtes et gras de mouton pour le p'tit dèj... j'accepte poliment ma part mais m'empresse de faire chauffer de l'eau sur leur réchaud.... Après le goût du mouton au réveil, même une sous-marque de café soluble devient le meilleur café du monde!!

On lève le camp, je plie ma tente pendant que les gars rechargent le fourgon et c'est reparti.

On s'arrête quelques bornes plus loin pour faire un coup de toilette dans une rivière.

Puis encore quelques bornes plus tard pour une crevaison. On en profite pour sortir de la bouffe du fourgon, au menu viande de mouton froide...

Et c'est re-reparti pour une traversée du désert.

Depuis le départ, on croise de multiples troupeaux de moutons et chèvres en liberté, mais aussi chevaux et chameaux sauvages.

Plus tard, on longe les sommets enneigés de la partie sud de la chaîne de l'Altaï qui s'étend de la Sibérie à travers le Kazakhstan et se termine dans le désert de Gobi.

J'en prends plein les yeux toute la journée et même si certaines photos sont belles, elles sont loin de refléter l'immensité et la beauté des paysages...


On arrive dans la soirée dans la ville d'Altai où mes collègues de la route vont prendre une chambre d'hôtel que nous partageons.

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Publié le 13 octobre 2017

Puisqu'apparement c'est la tradition chez les routiers mongols, on traîne au plumard le lendemain et, pour le p'tit dèj, mes collègues nous font livrer... du thé au lait salé et des pâtes au mouton...

Je ne m'y ferai jamais... y'a des moments où mon pot de Nutella me manque terriblement...

Vers 12h30, en avant toutes!!!


Re-paysages merveilleux, re-chevaux, re-chameaux...

La piste est redevenue un beau ruban d'asphalte tout neuf, ça permet d'avancer un peu plus vite et quel confort!!...

Alors que l'après-midi est déjà bien avancée on quitte l'asphalte pour s'arrêter au beau milieu de nulle-part.

Mes collègues ont décidé que c'était l'heure de casser la croûte. Les réserves de viande cuite étant terminées, on ressort bouteille de gaz, marmite et réchaud, au menu ce midi... mouton et pâtes...

Pendant que le repas mijote (et empeste), Herte arrive à me faire comprendre qu'ils vont me laisser là, ils ne vont pas jusqu'à Khovd en fait, mais descendent vers Altai au sud (un autre Altai que la veille, y'a plein de villes qui portent le même nom en Mongolie...).

La route qu'ils vont suivre est celle que je suis censé prendre pour me rendre à la frontière chinoise.

C'est une douche froide pour moi, j'aurai bien aimé apprendre ça un peu plus tôt histoire de me préparer psychologiquement...

Déjà que le mouton n'était pas facile à avaler, là, ça me coupe carrément l'appétit...

Surtout que, pendant les 2 heures que dure la pause, pas un seul véhicule ne passe...

Qu'est ce que je fais... ne serait-il pas plus sage de zapper le festival et faire route avec eux vers la frontière...

Non... je ne baisserai pas ma culotte maintenant, j'ai eu du bol d'arriver jusque là, ça va peut-être continuer...

On finit (difficilement pour moi) le repas et c'est donc l'heure des adieux.

Adieux chaleureux, échange de contact Facebook, photos souvenirs...

Bahïtla les gars, merci à vous de m'avoir fait une place dans vos véhicules et d'avoir partagé culture, bouffe et boisson, c'était bien rigolo la traversée de la Mongolie à vos côtés.

Et les voilà qui s'en vont vers le sud, me laissant seul en plein désert avec le doute qui me tord le bide...

Mais, alors que je prends en photo les camtars qui s'en vont....

...un gros 4×4 arrive... tendage de pouce... il s'arrête!!!!!

Même pas 2 minutes d'attente!!!!

A l'intérieur, 3 mecs qui sentent fort la bibine...

Je fais pas le difficile, surtout qu'ils sont ok pour "Munk barkoé" et qu'ils se rendent à Khovd, 200 bornes vers l'ouest...

Ils sont quand-même dans un sale état, surtout celui sur le siège passager...

Il se trouve que c'est un keuf qui me montre fièrement et à maintes reprises sa carte et son insigne...

C'est la deuxième fois depuis mon arrivée en Mongolie que le pire des mecs bourrés se trouve être un condé... ça doit être international, c'est sûrement une condition pour obtenir l'insigne....

Le gars finit par tomber dans le coma et manquera de dégobiller à plusieurs reprises pendant les 2h30 du trajet. Ses potes, eux, cherchent, avec difficultés, à communiquer avec moi, fouillent mon sac, mon portable... mais à la finale ils sont pas bien méchants... sauf à notre arrivée à Khovd, alors que la nuit est tombée, ils aperçoivent ma montre et là, ça dégénére, ils s'excitent et me font comprendre qu'ils la veulent et vont me casser la gueule... on est arrêté sur le parking d'un hôtel, je chope mon sac et sors de la voiture en leur criant "Peace and love brothers!!" et cours me réfugier dans l'hôtel...

J'y reste le temps que les 3 excités dégagent, l'hôtel est hors de prix pour moi, je sors de la ville et plante ma tente, dans le noir, au bord d'une rivière.

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Publié le 13 octobre 2017

La nuit à été encore bien froide et je me réveille avec un méchant onglée au pied, mais le soleil se lève et réchauffe l'atmosphère glaciale de la tente...

Je pointe le nez dehors et découvre que je suis installé dans un petit coin de paradis, la rivière est bordée d'arbres et de gazon ce qui est bien rare depuis mon départ d'Oulan Bator.

Je profite du moment et de l'endroit et j'y glande une bonne partie de la matinée.

P...tain, je kiffe la Mongolie!!!

Coup d'oeil sur la carte et je me mets en route, mais au bout de quelques kilomètres, checkage de GPS.... m...rde c'est pas la bonne direction... dans un sens tant-mieux car jusque là je n'ai croisé personne...

Demi-tour, traversée de Khovd et 10 bornes dans l'autre sens....

Je suis proche du Kasakhstan maintenant et en passant en ville je croise ma première mosquée.

Alors que je pense être enfin sur le bon axe, sur une piste désertique, un véhicule arrive dans l'autre sens et s'arrête. Le gars parle anglais et me demande ce que je fous là tout seul, je lui réponds que je vais à Ölgii... c'est pas la bonne route!!! Il repart.

Je suis pas trop sûr du coup, j'attends le prochain véhicule qui arrive 20min plus tard... même réponse, c'est pas la bonne direction!!!... y'a bien une piste qui rejoint la route d'Ölgii mais ils ont tous l'air de dire que c'est pas vraiment le meilleur chemin... p...tain de GPS!!....

3h de perdues, re-traversée de Khovd et retour sur la piste que j'avais suivi en partant dans la matinée...


Si je tenais le gars qui a dessiné les cartes de ce GPS de m...rde....

La journée est bien avancée du coup quand je commence l'ascension du col qui m'éloigne du bled... et pas de véhicule depuis 2 bonnes heures...

Alors que j'avance péniblement, un 4x4 arrive enfin au loin, mais il suit une piste parallèle et je suis obligé de faire de grands signes pour qu'il m'aperçoive dans cette immensité de terre et cailloux.

Le gars est guide et il se rend à Ölgii pour récupérer un groupe de touristes qu'il emmènera au festival de l'aigle.

Mais, avec lui, pas moyen de faire la route gratos...

Je négocie le prix, ça me fait mal de déroger à ma règle mais vu que c'est le seul véhicule que j'ai croisé sur cet axe depuis le début de la journée je n'ose pas trop faire le malin.

Il me reste 250km d'ici Ölgii et à 5€ la course je m'en sors quand-même pas si mal...

On commence alors une longue traversée du désert.

La piste grimpe dans la chaîne de l'Altaï et, là-haut un méchant blizzard nous attend.

On arrive finalement de nuit à Ölgii où mon chauffeur me dépose. Ça caille et j'ai besoin de recharger mes batteries, je trouve donc une chambre d'hôtel minable, sans douche avec toilettes sur le palier.

Le festival ne commencera qu'après demain ce qui va me laisser le temps de repérer et de me rendre sur le spot à pied.

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Publié le 13 octobre 2017

Je profite de la chaleur de la chambre, à défaut de pouvoir parler de confort, toute la matinée.

J'en profite pour faire quelques recherches sur le net pour essayer de piger où va se dérouler le festival. Je ne parviens pas à avoir d'infos sur le lieu, par contre j'apprends que l'entrée, gratuite pour les locaux, est facturée 30$ aux étrangers!!!!....

Bande d'...culés, qu'ils se fassent du blé sur le dos des touristes ok, mais 30 balles les 2 jours je trouve ça un peu abusé!!! (Pour info, la traversée de la Mongolie, soit 1500km, en bus coûte moins de 20€)

J'apprends aussi que l'année précédente y'avait plusieurs centaines de touristes...

M...rde!! Moi qui étais venu dans l'ouest pour échapper à l'affluence d'occidentaux, me voilà en plein dedans...

Ça m'apprendra à me renseigner à la dernière minute... enfin, maintenant que je suis arrivé jusqu'ici, je ne vais pas faire demi-tour.

Je quitte la piaule et pars à la recherche d'infos dans le centre-ville.

J'ère une petite heure quand je tombe sur 2 frangins australiens que j'avais rencontré dans la Guest-house à Oulan Bator.

Ils sont arrivés en avion tôt le matin et n'en savent pas beaucoup plus que moi.

On traîne quelques heures ensemble puis les gars rentrent à leur hôtel.

Au fur à mesure que la journée passe, la ville se remplie de touristes, alors je croche un guide qui accompagne un groupe et lui demande des infos.

Le festival se tiendra à 10 bornes d'ici, vers l'est, ça commence demain et l'entrée sera bien de 30 balles pour les riches blancs.

Je fais quelques provisions pour le week-end et me mets donc en route vers le site pour dormir sur place.

A la moitié du parcours, alors que j'avais bien l'intention de m'y rendre à pince, un 4x4 s'arrête à ma hauteur. Le gars au volant me propose de m'emmener sur place... Je précise bien que ce sera gratos ce qui le fait bien marrer.

On se présente le temps de faire les derniers kilomètres, Gabi bosse pour une agence de guide-tour. Ils attendent tout un groupe de touristes qui arrivera le lendemain matin et aujourd'hui ils vont monter une ger (=yourte) qui servira de cuisine et d'abri contre le froid pour leurs clients. Il me demande où je vais loger et quand je lui montre la tente accrochée au sac à dos, il hallucine.

Il me propose alors d'aider au montage de la ger et, en échange, je pourrai y passer la nuit car elle ne servira qu'à partir de demain.

Wouaaaahhhh!!!!! Monter une ger pour y dormir.

The Mongolian Dream!!!!

Vendu!!!

On arrive donc sur place où souffle un vent glacial. Peu de temps après arrive un fourgon benne chargée de la ger en pièces détachées, puis l'équipe de montage : un vieux, un moins vieux et trois gosses.

Gabi repars en me faisant promettre de mentionner le nom de sa boîte sur mon blog.

No problem man!!! Merci encore!!

C'est parti, vidage de fourgon, montage de ger.

Plusieurs sont déjà montées, d'autres en cours, certaines pour les touristes, d'autres pour les compétiteurs venus de loin.

2 poids-lourds 4x4 allemands sont aussi déjà sur place et Sonia, une équipière de l'un d'entre eux vient nous aider.

Le montage d'une ger est plutôt simple mais par ce vent c'est assez sport. D'abord la porte, sur laquelle ont vient fixer les parois, la charpente, les parts-vent en osier puis une succession de couvertures en laine pour l'isolation et une dernière couche de tissus semi-étanche genre voile de bateau. Tout ça cerclé par des cordes en crin... et voilà le travail!!!

Ensuite on étale des tapis à l'intérieur. Au moment de rentrer le canapé... m...rde!! Ça ne passe pas... il aurait fallu monter la ger autour... on le désosse en partie et il fini par rentrer.

Hassan et l'ancien vont s'acheter de la bière pour fêter ça pendant que je suis chargé de la déco avec les mômes.

Ils me montrent comment accrocher les tentures, cherchent à m'apprendre quelques mots (et gros-mots) de Mongol, il veulent tout voir du contenu de mon sac, je les laisse jouer avec mon portable, ma frontale, je leur paye des Snickers... Ils sont très envahissants et à un moment j'ai un peu peur qu'il essaient de me piquer des trucs mais ils sont très sympas et respectueux et me rendront tout ce qu'ils ont sorti du sac.

Hassan revient finalement bien tard, il a déjà commencé à fêter ça au village et finit son litre de bière avant de repartir avec les momes.

On se revoit pour le festival les amis, merci pour la ger, j'en serai le digne gardien cette nuit.

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Encore une nuit glaciale, pas mécontent d'avoir pu dormir à l'abri car même dans la ger il a pas fait chaud...

Je me réveille tôt car Gabi m'a demandé de quitter les lieux vers 7h et je veux avoir le temps de faire chauffer un café.

Mais j'ai oublié qu'ici, dans l'ouest de la Mongolie, on est décalé d'une heure par rapport à Oulan Bator, je pense me lever à 6h alors qu'il est 5h en fait... je m'en doute un peu voyant qu'il fait encore nuit, mais pas moyen de s'en assurer... tant pis ça sera l'occasion de voir le jour se lever...

Café avalé je quitte les lieux et me promène sur le site pour l'instant désert.


Le festival ne commencera qu'à 9h, j'ai le temps de me faire une petite ascension matinale.

Je reste quelques heures sur mon perchoir et observent festivaliers et compétiteurs qui arrivent peu à peu.

Le Golden Eagle Festival est une compétition de chasse à l'aigle.

Cette discipline millénaire est une tradition chez les Kazakhs de l'Altaï, pendant 2 jours les aigliers, dont certains viennent de loin, vont mesurer leur talent de dresseur, c'est l'occasion de faire revivre et montrer au public le folklore de la région.

Il est temps de redescendre, ça va bientôt commencé.

Je me promène parmis la foule dont la grosse grosse majorité est occidentale. C'est la conséquence de l'apparition de guides genre "Lonely Planet", si ces bouquins sont très pratiques pour le voyageur, ils ont tendances à créer des "caravanes de touristes" : tous les endroits et événements mentionnés par le Lonely Planet deviennent des rendez-vous d'occidentaux en voyage... ça fait perdre beaucoup d'authenticité à ce genre de festival.

Il y aura en tout plus de 300 touristes pour quelques dizaines de mongols dans le public...

Un allemand d'un certain âge vient à ma rencontre, Bernard est accompagné de sa femme, avec leur guide ils trippent depuis déjà 2 semaines à travers la Mongolie. Ils me proposent de laisser mon sac dans leur van pour la journée et j'accepte la proposition avec plaisir. Il m'informe qu'un peu plus tôt une voiture du comité d'organisation est passée parmis les occidentaux déjà présent sur le site pour leur faire payer l'entrée... sans le vouloir j'ai donc échappé au tarif pour hommes blancs, le festival sera gratuit pour moi!!! Je jure que ce n était pas intentionnel!!

Je retourne parmis la foule. De nombreux aigliers sont déjà présents et sont pris d'assaut pas des touristes avec des objectifs dont certains sont plus longs que le bras ils se bousculeraient presque pour obtenir le plus beau cliché.... ça en est pitoyable...

Parmis ces guignols, je retrouve Manon que j'avais rencontrée au consulat de Chine, elle vient de passer 4 mois à sillonner la Mongolie seule à cheval. Elle est seule elle aussi alors on continue le festival ensemble.

Après la course de chameaux et la parade, alors que les chasseurs vont se mettre en place pour la compétition, je vois arriver 2 camtars dont un que je connais bien... Maëlle et Adrien sont là aussi!!!!... Ils sont accompagnés de Marineka et Romain avec qui ils font route depuis leur arrivée en Mongolie.

Trop fort de les retrouver là!!

On va continuer le week-end entre français et c'est trop bon de retrouver un peu du pays en plein milieu de l'Asie centrale.

La compétition se déroule toute la journée, on fait des allers-retours entre le spectacle et les cam's dans lesquels ont va se réchauffer.

Le concours consiste à chronomètrer le temps que met l'aigle, qui se lance de la main de son dresseur au sommet de la montagne, à attraper la peau de bête que traîne un collègue à cheval dans la plaine. D'autres démonstrations de jeux locaux ont lieu comme du tir à l'arc mais aussi un autre consistant à se disputer le corps d'un mouton entre 2 joueurs à cheval.

Le soir du premier jour un concert de musique locale est donné en ville, n'ayant pas de ticket, je n'y ai normalement pas accès... mais un joli tour de passe-passe de Maëlle me permet d'y assister... concert assez kitch avec son trop fort qui sature... y sont marrants ces Mongols/ Kazakhs!!.

Nuit glaciale dans la tente, l'eau des gourdes est complètement gelée à mon réveil....

Pour le deuxième jour de la compétition le temps est plus gris et très venteux et le spectacle à beau être très joli, il est quand-même un peu rengaine, on passe donc plus de temps aux camtars. Le groupe s'est agrandi, on est maintenant accompagnés de Juan l'argentin, Tobi l'allemand et de Ima l'espagnol. Ce dernier, après avoir travaillé plusieurs années en Thaïlande, repart en Espagne à vélo mais il est conscient qu'il n'a pas choisi la meilleure saison pour traverser le Kazakhstan, il verra en route si c'est faisable ou non.

Encore une fois, c'est moi l'ancien dans tout ce groupe.


La compétition touche à sa fin, C'est maintenant l'heure de la remise des prix... qui se finit en eau de boudin : la jalousie de certains participants (et l'alcool aidant) amènent ces derniers à contester les résultats, baston générale dans laquelle le keufs s'en mêle, coups de tazer et tout le monde au poste... Triste fin de festival...

J'assiste à la débâcle en compagnie de Sonia, l'allemande qui nous avait aidé au montage de la ger mais nous nous faisons chassé par un flic qui nous menace de son tazer.

On s'en va, elle m'invite à boire un thé dans le camion. Elle et son mari ont créé l'entreprise qui aménage des véhicules de tourisme dont le leur.... attention le boulot, deutsche kalität, ça fait rêver. Ils repartent vers l'Europe après un trip de 9 mois.

Le week-end se termine dans le cam's de Maëlle et Adrien où nous passons une soirée bien marrante à parler anglais entre français, allemand, espagnol et argentin.

Merci à Maëlle pour les photos qui suivent!!!

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Publié le 18 octobre 2017

Je passe la nuit en tente sur le site du festival au milieu des camtars et profite que Maëlle et Adrien passent par Ölgii pour partir avec eux, on y retrouve Manon par hasard.

Adrien, Maëlle, Marineka et Romain repartent vers la Russie puis le Kazakhstan et c'est l'heure de se dire au-revoir... nos routes se séparent vraiment maintenant...

Rendez-vous au pays les copains, amusez-vous bien, profitez de la suite de votre voyage, merci encore, c'était vraiment cool de vous revoir, vous resterez une grande rencontre dans mon périple.

Je reste avec Manon à regarder s'éloigner le convoi des Renaults Trucks 4x4.

Elle a prévu de passer une dernière nuit sur Ölgii, son hotel est réservé, puis de rentrer vers Oulan Bator. Elle rêve de tester le stop mais a quelques appréhensions... je connais bien ce sentiment et de mon côté j'aurai besoin de laver quelques fringues et de recharger mes batteries de secours avant de faire route vers la Chine.

Je lui propose donc de partir avec elle le lendemain. On se donne rendez-vous à 9h du mat' et je pars de mon côté trouver une guest-house. Le hasard faisant bien les choses, j'y retrouve Tobi et Ima. On passe le reste de la journée ensemble et je me prépare pour mon départ vers la Chine.

Je retrouve Manon le lendemain, nous sortons d'Ölgii à pied.

Il me reste 3 jours pour atteindre la frontière chinoise, soit près de 600 bornes dont 400 dans des zones où il risque de ne pas avoir beaucoup de passage...

Quelques dizaines de minutes d'attente et voilà notre premier chauffeur qui va nous avancer de quelques bornes... attente dans le froid... un vieux camion citerne s'arrête avec 2 vieux comme équipage... y'a que trois place à l'avant mais ça a pas l'air de les inquiéter. On se tasse à 4 avec nos gros sacs sur les genoux... heureusement ça ne va pas durer trop longtemps car j'y aurai perdu l'usage de mes jambes... le gars qui partage la banquette est bien cool de supporter ça.

Ils nous déposent au beau milieu de nulle-part où souffle un vent de dingue qui nous congèle sur place...

On y attend un moment sans voir un seul véhicule et c'est un peu flippant parce qu'on ne vivra pas longtemps en restant là. Mais un groupe de berger nous a repérer de loin et l'un d'entre-eux vient à notre rencontre. Manon parle un peu le mongol, le type nous dit qu'il ne pense pas que l'on se fera prendre ici et nous propose de nous avancer en haut du prochain col où, à défaut d'avoir plus de chance de choper un véhicule, au moins on devrait être à l'abri du vent.

Il laisse 2 gars sur place, on monte à l'arrière du van.

On roule quelques bornes et au détour d'un virage on croise... les 2 frangins australiens de la guest-house d'Oulan Bator qui se les pèlent... montez les gars!!

On se tasse à quatre à l'arrière et c'est reparti pour l'ascension du col.

Encore quelques bornes et, alors qu'on longe un cours d'eau, on croise un aigle qui ne bouge pas sur son rocher, il a une corde accrochée à une patte arrière : c'est l'aigle d'un dresseur qui s'est fait la malle... et il doit avoir bien bouffer dans sa promenade car il arrive à peine à bouger quand notre chauffeur tente de le capturer.

C'est chose faite, il est enroulé dans une couverture et nous voilà 2 français, 2 australiens, 2 mongols et un aigle dans le fourgon.

L'ascension dure encore un peu et nos potes mongols nous lâchent dans un endroit, certes plus abrité, mais pas des masses plus chaud.

On attend là un moment et il semble que personne n'a décidé de se rendre à Khovd aujourd'hui.... les Mongols ont prévu le coup et ils nous ont laissés près d'une guer, si vraiment personne ne passe aujourd'hui on pourra toujours allez demander l'hospitalité pour la nuit.

L'attente se prolonge encore alors on sort les fringues chaudes et chacun partage la bouffe qu'il a dans son sac. On discute de tout et de rien et, mon anglais à beau ne pas être trop mauvais, j'ai décidément vraiment du mal à piger quelque chose de l'accent australien.

Apres être venus en bus sur Ölgii, ils tentent de se rendre vers le nord en stop, ils étaient arrivés la veille au soir dans le spot où on les a embarqués et n'ont vu personne passé depuis le matin... tout ça m'inquiète un peu car je suis censé revenir sur mes pas jusqu'à Khovd qui est l'axe principal est-ouest, puis biffurquer vers le sud en traversant la chaîne de l'Altaï sur un axe secondaire.... c'est pas gagné...

Enfin une caisse se pointe, mais c'est un modèle genre Clio et y'a déjà 3 gars à l'intérieur.

Malgré qu'ils attendent depuis plus longtemps que nous, les frangins sont conscients que mon délai pour atteindre la frontière est tendu et nous laissent la place... Thanks a lot guys, hope to see you in Melbourne, take care, have fun and enjoy your journey in Mongolia!!!...

C'est parti pour 4h de traversée de montagnes et de désert. Tassés dans la clio, c'est encore un trajet éprouvant, surtout que le gars avec qui on partage la banquette arrière est tombé amoureux de Manon... mais elle a l 'habitude de se faire draguer par la gente masculine mongole et sait très bien le rembarrer.

On essaie aussi de lui faire comprendre que c'est pas bien de jeter les petits morceaux de l'étiquette plastique qu'il décolle de sa bouteille d'eau par la fenêtre et, même si je ne suis pas sûr qu'il comprenne pourquoi, il s'arrête.

Peu de temps avant la tombée de la nuit, alors qu'il nous reste une soixantaine de bornes à parcourir, on fait une pause. Le passager sort un truc de sous nos sacs dans le coffre... une kalachnikov!!!... quelques secondes de doutes...

P...tain, ils vont nous finir là en plein désert!!!....

Non, ça ne nous est pas destiné, Manon me traduit : il y a 3 jours, des loups ont attaqué une vache sur la route de Khovd et ils ont été aperçus la veille. Notre gars se voit bien ramener la dépouille de la bête au village... Wouah!!! Nous voilà en pleine chasse au loup à la kalachnikov!!!!

On se remet en route.

Je fais part de mes doutes à Manon : si on arrive, lancé à 60km/h sur une piste, à la lumière des phares de la Clio, à descendre un loup, c'est que celui-là est très provocateur ou suicidaire...

J'ai raison, on ne verra jamais le loup et c'est tant mieux... de toutes façons y'a plus de place dans la Clio...

On arrive de nuit à Khovd, le chauffeur veut qu'on le paye... c'est vrai qu'on avait pas abordé le sujet... mais le gars nous a bien avancé, il nous a fait vivre une "chasse au loup" et, en plus j'ai des thunes que je ne pourrai pas échanger en Chine (comme certaines autres monnaies, le Tugric n'est repris dans aucune banque en dehors de la Mongolie), je négocie un peu pour le plaisir et je paie le type.

Manon n'a pas de tente et la mienne est une mono-place dans laquelle je suis déjà bien à l'étroit avec mon sac, on trouve donc un hôtel et on partage une chambre.

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Publié le 20 octobre 2017

Je me réveille tôt, le compte à rebours est lancé, je dois avoir quitté la Mongolie dans 2 jours.

Manon m'accompagne à la sortie de l'hôtel, nos routes se séparent.

Aloha systa!! Je sais pas si j'ai été d'une grande aide pour ta première expérience de stop en Mongolie mais je pense que tu n'auras pas trop de mal à continuer. Tu maîtrises la langue, t'es une nana et tu t'es déjà tapé 4 mois dans les steppes en solo, je pense que t'en as au moins autant que moi dans le slibard pour continuer seule.

Bonne route Manon, bonne chance, toi aussi je te revois au pays, dans ta yourte à Redon ou ailleurs, merci pour ta compagnie, c'était cool de faire ce bout de chemin ensemble!!...

Petite photo souvenir et en avant pour la frontière.

Je quitte Khovd à pince et tends le pouce.


Un p'tit camion benne avec un couple sympa s'arrête au bout d'un quart-d'heure. C'est cool, ça commence bien.

On fait un bout de route, on voit quelques chameaux et on croise une p'tite gamine et son grand père sur le bord de la route qui nous font signe de nous arrêter.


Ils vivent dans la ger un peu plus loin et, apparemment, la nana doit se rendre quelque-part plus loin dans l'ouest.

Ils s'apprêtent à la faire monter dans la benne mais, galanterie française oblige, j'insiste pour lui céder ma place.

Moi ça me fait tripper, ça j'ai pas encore fait.

Je rejoins donc mon sac et les cacas de mouton à l'arrière.

Route dans la benne jusqu'à Mankhan, le bled où je vais quitter la route principale et tracer vers le sud pour traverser l'Altaï...

J'imagine qu'y'a pas grand-monde qui passe ici, alors au lieu d'attendre bêtement en me les pelant, je marche...

... pas longtemps, quelques 20min plus tard une voiture arrive... et s'arrête!! Je monte avec 4 p'tits vieux avec qui je vais faire une centaine de bornes.

Je les aide à décharger les sacs de farine à l'arrivée à leur ger et rejoins la route en courant : un camion citerne arrive!!!


Même pas à attendre!!

Le gars a l'air tout content de me trimbaler, il me paye des clopes (dans son camtar plein d'essence!!...) et me fais comprendre qu'il faut garder la fenêtre fermée, sinon : "Boum!!..."

On croise encore des chameaux et mes premiers yaks!! La route qui traverse l'Altaï est magnifique, mes derniers paysages de Mongolie...

Magic Mongolia...

Je fais route avec lui jusqu'à Altai (deuxième du nom). Là, je descend et je me dis que ça va aller pour aujourd'hui, la nuit approche, je ne suis plus qu'à 100 bornes de la frontière et je ne pensais pas arriver si facilement jusqu'ici.


Je marche pour m'éloigner du bled et m'enfoncer un peu dans le désert pour planter ma tente... une voiture me dépasse... et s'arrête!!!... même plus besoin de demander!!!... Je ne vais pas refuser, je ne sais pas ce que sera la journée de demain, il faut en profiter, tant-pis pour la soirée peinard, ça sera pour demain.

Deux femmes et un homme avec qui j'arriverai de nuit à Bulgan, à 30km de la frontière.

Dans la journée j'ai parcouru ce que je pensais difficile à faire en 2 jours, sans jamais attendre, sur une route pourtant déserte et ce sans jamais parler d'argent...

J'vais finir par être croyant moi...

Si y'a un Dieu de l'auto-stoppeur, il veille carrément sur moi.

Je m'écarte du bled, grimpe une petite falaise histoire d'avoir une jolie vue au réveil... plantage de tente.

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C'était pas forcément la meilleure des idées que de planter la tente là haut cette nuit là...

À peine installé, une tempête de sable se lève et ça me prend 3/4 d'heure de faire chauffer un peu d'eau pour ma soupe chinoise...

Ma tente c'est du super matos, mais c'est une 3 saisons, c'est à dire une "chambre" en moustiquaire et un double-toit. J'en suis vraiment satisfait, c'est limite pour le froid mais maintenant je vais faire route vers le sud et donc le chaud... par-contre, la 3 saisons, c'est pas pensé pour les tempêtes de sables... et le lendemain, dans la tente, c'est la plage!!!.... y'en a partout, sable et poussière recouvrent le sac, le matelas, le sac de couchage, tout... et j'en ai plein les cheveux...

Mais le vent est tombé et la vue est plutôt sympa.


Dépoussiérage... prenage de café... pliage de camp... et passage au bled pour faire le plein de provisions avant la Chine.

Dans le village, les gamins n'ont pas du voir souvent d'occidentaux, une bonne vingtaine me suit de l'entrée du village jusque dans le shop... j'achète quelques paquets de bonbecs et gâteaux que je leur refile en partant mais ils n'ont tellement pas l'habitude qu'y a pas un merci, rien... ils se sauvent avec comme des voleurs...

Bon...

Ciao Bulgan, ciao la Mongolie, c'était le dernier bled avant la Chine.

Il me reste 30km à parcourir avant la Chine, j'ai le temps d'y aller à pied et de profiter du paysage.

C'est trop beau...



Mais, si c'est comme les autres frontières déjà franchies, il va me falloir un véhicule pour traverser, aussi, après une bonne vingtaine de bornes, quand j'entends enfin le bruit d'un moteur, je tends le pouce.

En fait y'aura pas besoin, pour les passagers la frontière se passe à pied.

J'ai lu et entendu beaucoup de choses sur le passage en Chine... et, pour une fois, tout s'avère vrai :

Checkage des photos de téléphone portable, fouille corporelle, scanner corporel, scanner et fouille complète du sac.

Ils oublient quand même de fouiller ma veste que j'ai posée à côté et dans laquelle j'ai mon deuxième téléphone... bande de branques!!!.. ça tombe bien, j'ai toutes mes photos du taf et je voudrais pas qu'ils croient que je fais dans l'espionnage industriel.

Confiscation des bouteilles de gaz que je viens d'acheter, motif : interdit en Chine... Enf...irés!!! C'est fabriqué chez vous!!!

Checkage de passeport, le gars essaie de m'impressionner, alors qu'il a fait passer les Mongols en 2min, moi ça en prends 20...

Il regarde et regarde encore les mêmes pages, va à la fin, revient au début, encore et encore... mais ses mains tremblent!!... grillé mec, j' parie que tu ne sais même pas le lire!!.. Pauv' bille!!!...

Enfin le dernier gars est plus fin que ses collègues et au moins il parle 2 ou 3 mots d'anglais, il me previent qu'en Chine (comme en Russie et Mongolie dailleurs) il est interdit de photographier la police ou l'armee et finit en me souhaitant la bienvenue en Chine.

Je suis tout heureux, me voilà dans l'Empire du Milieu et tout le monde ne m'en à dit que du bien depuis mon départ....

Je suis loin de me douter de tout ce qui m'attends...

Contrairement aux autres voyageurs croisés, je suis entré en Chine par la province du Xinjiang et je n'ai quasi aucune info sur cette région...

La frontière est passée, je fais mes premiers pas en Chine.

Le stop est réputé pour être inconnu des chinois, ceux qui ont tenté l'expérience en disent tous la même chose, c'est très dur de leur faire comprendre le principe, si ils vous prennent, y'a 95% de chances qu'ils vous amènent à une gare, routière ou ferroviaire...

Pourtant, je marche quelques centaines de mètres et une voiture s'arrête. Le gars, sympa, me propose de m'emmener à Tarkshken, le premier bled à 6km d'ici.

Arrivé là, première chose à faire, retirer des thunes. Je rentre dans le bled et passe devant un commissariat avec un gros keuf en tenue de GIGN devant, pas le temps de lui demander quelque chose, contrôle de passeport... ça se comprends, on est juste derrière la frontière.

Il me rend mon bien... et me demande une photo!!... si c'est lui qui demande, ok, mais alors moi aussi??!!...

Bon, si les keufs sont comme ça, ça va être rigolo!!...

Il m'indique la banque, 200m plus loin devant... un deuxième commissariat!!... Ouah!! C'est un bled où y'a que des flics en fait??!!...

Mais la banque ne prend pas la Mastercard, j'ai plus qu'à partir d'ici.

Je marche donc vers la sortie de ce village plutôt moche, au loin, un péage...

... ah non, c'est un security-checkpoint avec d'autre GIGNs...

Je m'apprête à passer à pied... mais non, contrôle de passeport. Ils sont 5 et se battent presque pour savoir qui va le contrôler... Hey!! Faites gaffe les gars, c'est fragile!!

On me fait signe de venir dans le bureau, 4 viennent avec moi, laissant la surveillance de la route à un seul gus.

A l'intérieur :

Euh...non garçon, là c'est le visa russe que tu checkes, la page qui t'intéresse c'est celle là.

Mais le gars n'arrive pas à lire mon nom, alors je lui propose de remplir moi-même sont papelard... Il me demande où je vais, je lui montre la prochaine grande ville sur le GPS, Urumqi qui est aussi la capitale de la province, elle est annoncée à 400km sur l'écran mais eux me disent que c'est plus 600km...

A pied? mime t-il, bah oui, j'ai les poches vides, mime-je a mon tour.

Sympa, il insiste pour que je parte avec son biscuit militaire.

On sort tous les 5 et je m'apprête à partir à pied mais il me retient et dit un truc à gus (celui qui est resté à la surveillance et qui, justement contrôle le coffre d'une caisse) et gus dit un truc au chauffeur... puis ils me font signe de monter...

M...erde!!! Du stop forcé!!! Le gars est obligé de se taper l'occidental sans thune dans sa caisse!!... ça a pas l'air de l'emballer terrible, mais il n'a pas le choix...

Je suis désolé pour lui, mais j'obéis aux ordres.

On a fait une dizaine de bornes quand le chauffeur tourne à droite et quitte l'axe qu'on suivait... ça me paraît bizarre, je checke le GPS, en effet, c'est pas la bonne direction. Oh!! Mister!! Not good!! Laisse moi là, je vais vers Urumqi moi!!

Mais il me fais signe que oui, que pas de problème... bon, il a peut-être un truc à faire et fera demi-tour après... j'arrête de l'emmerder.

Y'a un bled au fond de la vallée, c'est la qu'on s'arrête... devant la gare routière!!!...

Mais non!! J'ai pas de thunes!!! J'avais juste besoin que tu me laisses sur la route d'Urumqi!!...

Il a l'air bien embêté... il passe un coup de fil... Entretemps les gens du coin s'agglutinent autour de nous... 10min plus tard, des sirènes, le GIGN arrive...

Enc...lé, il a appelé les keufs!!...

Je recommence mon explication de la situation, pas de thunes, Urumqi, autostop...

Je dois les suivre... je monte dans la voiture du GIGN, à l'arrière avec 3 gars, cagoules, gilets pare-balles, casque lourd, fusils à pompe et, sirènes hurlantes, on m'emmène au commissariat.

Là on me demande de m'asseoir et de patienter.

Une demie-heure plus tard, un gars se pointe et se présente, enfin un qui parle anglais.

J'explique ma situation, voyage, tourisme, autostop, petit budget, Mastercard qui passe pas, nuit en tente, Urumqi...

Houla non, pas possible ici me dit-il, situation politique compliquée, zone très dangereuse, faut que je trouve un hôtel et que je prenne un bus. Pour l'argent il m'indique une banque dans laquelle je vais pouvoir utiliser ma carte.

Enfin un renseignement intéressant. Le gars est plutôt cool, il prend des photos de mon passeport et me demande une photo ensemble...

P...tain les gars, vous me dites que c'est la guerre et maintenant vous me demandez des selfies!!... c'est pas sérieux!!...



On m'indique l'adresse de la banque et de l'hôtel et on me laisse partir.

Je vais à la banque, en effet ça marche, je prends mes thunes au guichet et quand je me retourne... 3 GIGNs femmes derrière moi... contrôle de passeport... Ouah!! Mais j'en sors!!! Servez-vous de vos talkies!!!... je présente mon passeport... check... et photo!!! Et re-photo!!!... Et il faudrait que je retourne au commissariat!!...

Là, ça commence à bien faire, c'est la guerre mais tous les keufs de la ville veulent un selfies avec ma gueule dans leur téléphone perso... et moi il faudrait que j'aille à l'hôtel... où vous reviendrez me chercher pour faire des selfies... j'en à marre, je me casse!!!

Je fais donc semblant de prendre le chemin du commissariat et change de direction dès qu'elles ont le dos tourné. Je passe un autre checkpoint à la sortie de la ville en serrant les fesses, mais les flics sont occupés à contrôler des véhicules et ne me voient pas... vite, il faut s'éloigner d'ici!!!

Après quelques bornes, je passe une rivière, je quitte la route et m'enfonce un peu dans la montagne pour passer la nuit à l'abri du regard de ces malades.

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Publié le 20 octobre 2017

Il neige quand je me lève ce matin.

Je plie les goals et me mets en route. Je marche plusieurs kilomètres avant que quelqu'un ne s'arrête... mais la voiture est pleine, ils me regardent en rigolant et finissent par me filer une bouteille d'eau avant de repartir. Ok, sympa les boys, merci à vous et bonne route!

Je continue mon avancée et c'est un tracteur qui arrive en sens inverse qui s'arrête. Le vieux descend et me dis des trucs que, forcément, je ne comprends pas. Il arrête un autre vieux qui arrive à moto... et lui demande de le prendre en photo avec moi...

Ils repartent, je continue...

Un gars s'arrête enfin, c'est le livreur du journal local. Y'a pas de place dans la voiture mais il insiste pour que je monte quand-même. Je m'installe donc sur les piles de journaux et en route.

Il me dépose à la bifurcation que l'on a pris la veille. Me voilà enfin de retour sur la route d'Urumqi.

Je franchis un checkpoint où j'ai le droit à mon premier contrôle de passeport de la journée.

Pas de photo cette fois, les gars ont l'air plus à cran, l'armée est là aussi.

Je marche en direction d'Urumqi, il se passe 2 bonnes heures avant qu'un fourgon ne s'arrête. Le couple de petits vieux me fait avancer d'une bonne cinquantaine de bornes, on passe plusieurs portiques de radars et caméras à reconnaissance de plaques minéralogiques. Ils me déposent à un croisement, eux s'en vont vers le nord, moi, le sud.

Encore une heure de marche avant que mon prochain chauffeur ne stoppe.

Coup de chance, le gars descend aussi à Urumqi!!! Il 'appelle Lee, est avocat et parle un peu anglais. C'est la première fois qu'il rencontre un occidental. En chemin on s'arrête dans un petit resto de bord de route où il tient à me payer à bouffer!! Le premier repas de ma vie avec des baguettes!!! Je galère et mets des plombe à finir mon assiette, ça le fait bien marrer.

Plus on se rapproche d'Urumqi plus c'est moche, le ciel se couvre et on croise des mines et des centrales à charbon. Sur la route, on passe 4 check-points avec contrôles de passeport et multiples portiques de radars et caméras.

On arrive enfin à la périphérie de la ville où on passe plusieurs heures dans les bouchons. On en profite pour faire la traditionnelle photo souvenir, Lee me dit qu'il est vraiment fier d'avoir un ami d'Europe.

Ce que je vois de la ville est vraiment laid et c'est immense, plus on se rapproche du centre-ville plus je me demande comment je vais ressortir de cet enfer de béton.



La nuit est tombée, je ne sais pas où habite Lee mais je dois lui faire perdre un temps dingue alors je chope l'adresse de l'hôtel le plus proche.

On galère à se garer et Les m'accompagne à la réception... pas de bol, interdit aux étrangers... Super!! Sympa l'accueil!!!

On nous donne quand-même l'adresse d'un autre hotel où Lee m'amène. Je suis accepté cette fois, mais à 24€ la nuit!!...

Ça fait du bien de dormir au chaud dans un lit 2 places mais la nuit est courte car je passe un temps fou à essayer de choper des infos, il me faut trouver une carte SIM, un autre hotel et des infos sur la région. En Chine tout Google est censuré et je galère à trouver un autre moteur de recherche performant. Tous les services Google sont impossibles à utiliser, donc je n'ai plus accès à mes mails non-plus, Facebook, Messenger, YouTube, pareil. Internet sans Google, c'est comme repartir de zéro pour moi.

Manon m'avait judicieusement conseillé de télécharger un VPN, qui est un brouilleur de piste et permet l'accès à ces sites censurés, mais la version gratuite galère un peu et ça n'arrête pas de couper...

Je télécharge WeChat qui est le Messenger local, d'ailleurs, si ça intéresse quelqu'un de communiquer avec moi, vous pouvez me trouver sous le nom Babylon Traveller.

J'apprends dans mes recherches que la province du Xinjiang (autrefois la Kashgarie ou Turkistan ), très riche en minerais et pétrole, a été autonome jusqu'en 1949, elle est alors passée sous domination chinoise.

A plusieurs reprises, les Ouigours, peuple historique de la Kashgarie, se sont soulevés et, de 2008 a 2014 une série d'attentats a été perpétrée dans des gares et postes de police. En réponse à cela, les autorités chinoises ont pris des mesures drastiques, allant jusqu'à faire feu sur les foules de manifestants.

Il est très difficile d'avoir des détails sur ces d'événements, la Chine essayant de tout garder sous silence.

J'apprendrai par la suite qu'en 1950, les Hans (=les "vrais" chinois) représentaient moins de 10% de la population, ils sont, aujourd'hui, plus de 50%, ce grâce une immigration massive influencée par des exonérations d'impôts pour les volontaires.

Je profite aussi de la chambre pour faire sécher la tente.

Le lendemain, go!! Il me faut une auberge de jeunesse pour ce soir, je peux pas me permettre de lâcher 25€/nuit. J'arpente des rues compliquées pendant des heures, le sac sur le dos.

Ne me demandez pas pourquoi, la Chine fausse les GPS, les distances indiquées sont fausses, peu de commerces et hôtels sont répertoriés ou les adresses sont erronées... certains quartiers sont enfermés derrière des clôtures de fil barbelés et il faut y entrer par des check-points avec scanner du sac et vérification de passeport.

Je passe 4h à chercher, je trouve 5 hôtels... Tous interdits aux étrangers!!!... je rage, j'ai la haine, je commence à tous les détester ces chinois, on est plus du tout dans l'ambiance selfies.

Je laisse tomber, fatigué par les kilomètres et les refus.

Il me faut une carte SIM pour pouvoir être autonome en connection internet.

Je parviens, après avoir démarché nombre de boutiques, à en trouver une où on parle anglais (quel soulagement de trouver un gars qui me comprend) et j'en ressors avec ma carte SIM... au moins un objectif atteint...

Je suis crevé par le manque de sommeil, la haine et les kilomètres vains, c'est déjà la fin d'après-midi, je retourne piteusement à mon hotel pour me poser.

En ville, le nombre de drapeaux chinois est impressionnant, limite abrutissant. Aux États-Unis c'est par fierté, ici c'est juste un moyen d'imposer un peu plus la domination des Ouigours par les Hans... ou comment anéantir un peuple par le formatage et la dilution culturelle...

Par les drapeaux et la domination policière, les Ouigours sont condamnés à peu à peu disparaître, leur culture à s'éteindre, la Kashgarie laisse place au Xinjiang.

Je rentre donc m'enfermer dans ma chambre d'hôtel pour blancs à 25 balles la nuit. Je suis blasé, on m'avait dit tellement de bien de la Chine... qu'est ce que je suis venu f...utre ici?!...

Je pense fuir au plus vite ce coin du pays où la population vit à genoux, vite tracer vers l'est, quitte à retrouver l'autoroute à touristes.

J'en informe ma"Logistic Team", mais cette dernière s'est équipée du "Lonely Planet Chine" et, dans ce guide, on parle de certains coins de la régions comme étant incontournables.

En effet, au sud de la Kashgarie passait la mythique Route de la Soie Méridionale et Kashgar, ville de l'extrême ouest de la Chine fut un grand carrefour de cette route.

Allez, je ne vais pas partir d'ici sans avoir vu un truc qui en vaut la peine, changement de programme, demain je file à Kashgar.

Mais cette cité de légendes est à 1500km au sud-ouest, pas le temps de faire le trajet en stop si je veux avoir du temps là-bas, je répère l'adresse de la gare routière et enfin, je peux me coucher.

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Publié le 20 octobre 2017

Je pars donc de l'hôtel direction la gare routière. 7km à travers la ville, l'occasion de visiter un peu plus cette jungle de béton. Tous les 100m des mini-commissariats, partout des keufs-GIGN qui patrouillent, au dessus de chaques rues des caméras à reconnaissance faciale, à côté de chaques poste de police un véhicule blindé anti-émeute... et des drapeaux, des drapeaux, des drapeaux partout...

Le temps est meilleur aujourd'hui et je découvre que Urumqi est une ville au milieu des montagnes.

J'arrive à la gare routière où j'achète mon ticket, départ prévu 19h... je continue donc mon errance dans cette ville moche.

19h départ vers Kashgar en bus couchette, c'est le moyen le plus économique pour voyager en Chine, c'est aussi le moins rapide. Méchante odeur de panards dès le début du trajet, entre 20 et 24h de route prévues, ça va être long...

Le Lonely Planet parle d'une route aux paysage merveilleux, pas de bol pour moi, après avoir roulé toute la nuit, le jour se lève sur une journée maussade, le brouillard ne se lèvera pas du trajet.

On longe pourtant le désert de Taklamakan qui est le deuxième plus grand désert du Monde (dixit Lonely Planet)... j'ai un peu les boules...

Ce que ne mentionne pas le Lonely Planet, c'est les check-points tous les 200 bornes...

Toutes les deux heures, hurlements du chauffeur, tout le monde doit sortir pour un controle d'identité, passage devant la caméra à reconnaissance faciale et dans le portique ou le scanner.

La plupart des keufs qui vont prendre mon passeport sont incapables de le lire, bien souvent ils s'arrêtent sur le visa russe sur lequel il y a ma photo...

Après 27h d'un trajet plutôt chiant, on arrive enfin à Kashgar. Il est 21h et il fait nuit.

Pris d'assaut par les chauffeurs de taxi je négocie le prix de la course et je pars avec le moins gourmand. J'ai l'adresse d'une auberge de jeunesse en centre-ville.

Mais on a pas fait 300m que...contrôle de flics!.. on me prend mon passeport, me demande de sortir du véhicule et de suivre l'un d'eux jusqu'au commissariat le plus proche (qui n'est jamais bien loin dans ce coin). Comme d'hab', asseyez-vous le temps que je fasse semblant de lire, comme d'hab' ils veulent tous tenir le passeport de l'étranger, et on me passe un gars au téléphone qui est censé parler anglais... il le parle peut être, mais avec son accent moi je pige pas grand- chose... d'où je viens? où je vais? qu'est ce que je fais là?... si au moins ils étaient agréables, ça pourraient passer, mais ils se prennent au sérieux alors qu'ils n'ont rien de crédible et moi ça commence à me chauffer... en plus j'ai laissé mon sac dans la taxi et je flippe que celui-ci se soit fait la malle...

Mais non, quand enfin on me laisse partir, moi le dangereux touriste, le taxi est toujours là.

On continue à rouler un moment... moi qui m'attendait à une vieille cité façon Compte des Milles et Une Nuits, je suis bien déçu... c'est Las Vegas!! Des lumières multicolores partout, ça clignote, ça brille, des grattes-ciel, des écrans géants... tout sauf ce à quoi je m'attendais...

Le taxi fini par s'arrêter, sur le GPS on est encore loin de l'auberge que je lui ai indiqué... mais le gars ne veut rien savoir, il me fait signe de descendre... pas moyen de protester, de toutes façons on ne se comprend pas. Je le paye et le laisse partir. Y'a pas d'hôtel ici, plus qu'à marcher...

Des sirènes de flics hurlent, partout...

J'ai pas fais 50m que j'entends des cris derrière moi, un groupe de GIGN cagoulé m'encercle, l'un deux me met en joue!!!... contrôle de passeport.

Ils repartent, j'en chiale presque... Qu'est ce que fous là? C'est quoi cette ambiance?

Je regrette amèrement d'être venu jusqu'ici, ça va me coûter 60 balles aller/retour, je n'ai rien vu mais je veux déjà repartir.

Je marche les 3km qui me séparent de l'auberge que je trouve enfin, je rentre dans le dortoir où tout le monde ronfle et m'effondre sur mon pieu.. P...tain, vivement demain!!...

Dehors, toujours les hurlements des sirènes.

Je me réveille déprimé, je ne sais pas quoi faire... je n'ose pas repartir... les prix des billets, la route inintéressante, la perspective de me retrouver de nouveau à Urumqi... je suis perdu, j'me sens bien seul... j'ai énormément de retard sur le blog alors autant rester planqué dans l'auberge et avancer là-dessus... il se passera peut-être quelques chose d'ici là...

Hurlements des sirènes.

Je fais un tour dans la vieille ville dans la journée.

Ça pourrait avoir du charme...

... si je n'en connaissais pas l'histoire :

Les autorités chinoises ont rasé la quasi-totalité de la vieille ville originale pour reconstruire un décor façon "Disneyland des Mille et unes nuits". On y a installé des artisans locaux qui continuent à marteler le cuivre, faire du pain ou vendre des épices dans la rue, mais tout cela sent le fake, la majorité des étages des bâtiments ne sont que des façades, il n'y a rien derrière... un vrai décor de cinéma...

Plusieurs fois par semaine les rues principales sont bouclées pour des défilés de l'armée et de la police qu'il est interdit de photographier.

Quand ce n'est pas l'heure des défilés, à 100m d'intervalle, des véhicules de police patrouillent au ralenti, sirènes hurlantes, toute la journée, tous les jours, partout... sur les trottoirs, tous les 50m, des GIGNs surveillent à trois, dos à dos, d'autres patrouillent, constamment...

Plusieurs fois par jour, les commerçants sont rassemblés par petit groupes pour des entraînements de self-défense ridicules : Équipés de grands bâtons, ils doivent mimer leur réactions face au terroriste... et que j'te mets un coup sur la tête, et que j'te mets un coup dans le bide... tout ça en poussant des grands cris... pitoyable... ou comment lutter contre le terrorisme... par la terreur.

C'est impossible de s'imaginer ça, je ne peux évidemment pas prendre de vrais photos et mes écrits ne reflèteront jamais la réalité, il faut le vivre pour le croire...


Alors que les sirènes hurlent toujours en bruit de fond, je regagne l'auberge. Dur de se concentrer mais il faut vraiment que j'avance sur ce foutu blog...

Ce que je n'attendais plus arrive enfin... 2 français viennent d'arriver à l'auberge.

Arnaud et Guillaume bossent à Honk kong, l'un pour Airbus, l'autre pour la Société Générale et profitent de 15 jours de vacances pour visiter cette partie du Xinjiang. Ils viennent de se taper la traversée nord/ sud du désert à vélo en une semaine et arrivent à Kashgar pour visiter les environs, sur les conseils du Lonely Planet. Ils logent dans un autre hotel et font le tour des auberges pour organiser leurs prochaines excursions.

On parle de nos impressions sur la région, ils me racontent que, le matin même, alors qu'ils se promenaient en ville avec les vélos, ils ont croisé un des fameux défilé militaire. Après ça, à peine arrivés à leur hôtel, on toque à la porte... des keufs!!... Jérôme avait une Go-pro sur son vélo, les flics les soupçonnent d'espionnage, ils devront montrer patte blanche et faire visionner toutes leurs photos et vidéos pour qu'on leur foute enfin la paix...

Les gars sont bien marrants, quelques minutes avec eux et déjà j'ai l'impression d'être avec des potes de longue date, je leur demande si je peux les suivre dans leur prochaines visites, ils m'acceptent avec eux.

On passe la fin de journée ensemble et on bouffe dans un petit resto en ville. Le moral est bon maintenant que je ne suis plus seul et enfin je peux goûter la nourriture chinoise : en solo, ne comprenant rien aux cartes et de peur de tomber sur un truc immangeable ou trop épicé, je n'ose pas entrer dans un resto.

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Publié le 3 décembre 2017

J'ai finalement fui la Chine pour le Népal... mais, même si ce pays a un goût de paradis, mon passage raté dans l'Empire du Milieu me laisse un goût amer et, depuis, je suis hanté par tout un tas de doutes et de questions...

J'en ai perdu le fil du blog et presque le goût de l'aventure...

N'arrivant pas à faire le point, je me retire pour une dizaine de jours dans un centre de méditation Vipassana.

10 jours dans le silence, 10 jours sans confort, 10 jours sans clope ni joint, 10 jours sans contact, 10 jours de méditation de 4h à 21h, 10 jours seul avec moi-même...

Un genre de stage en "Q.H.S.", en espérant y trouver mes réponses...

Sincèrement désolé de mon silence, je vous promets de rattraper le retard une fois sorti.


Aloha les copains, ONE LOVE

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Publié le 3 mars 2018

Aujourd'hui c'était Holy en Inde, un grand jour de fête, la Fête des couleurs, le Festival de l'Amour Universel, où l'on jette de la poudre multicolore en l'air ou sur son voisin...

Aujourd'hui tu es partie...

Il y a quelques semaines, tu m'écrivais très gentiment, "sans vouloir me mettre de pression", que tu espérais pouvoir bientôt lire la suite de la Longue Route.

De mon côté, j'avais un peu perdu le goût du truc, mais l'idée de laisser le blog sans suite me hantait. Je savais qu'il faudrait, tôt ou tard me remettre dessus et que le plus tôt serait le mieux, certains souvenirs me paraissant déjà si loin...

Ton message m'a fait trouver la motivation.

Alors, depuis une semaine, je me suis posé et j'ai essayé de poser sur papier le résumé de ces derniers mois.

C'était laborieux, fallait essayer d'en oublier le moins possible, fallait trouver les mots, fallait revenir sur des moments chiants et accepter de voir que j'avais peut-être merdé dans d'autres moments...

Ça m'a pris une semaine, je suis pas satisfait de tout mais, aujourd'hui j'espérais quand même pouvoir publier les premières étapes après quelques bricolages de mise en page photo...

Mais ce matin tu es partie.

Tu as eu de nombreuses fois l'occasion d'être bien plus qu'une tata dans ma vie, tu m'as appris à m'émerveiller des choses simples, tu avais toujours les mots sages et apaisants,...

Merde... tu nous laisses tous orphelins...

Y'a des fois c'est vraiment dur de trouver un sens à tout ça...

Pardon, je m'en veux tellement d'avoir mis tant de temps, elle était pour toi cette foutue suite... je perds ma meilleure lectrice, tes commentaires me manqueront tant...

Merci Véro, pour ta sagesse, pour tes fous rires contagieux, merci pour avoir été là dans tant de bons moments mais aussi dans les moments moins bons, merci pour ton soutien et merci surtout pour ton Amour de la Vie.

Je t'aime, tu me manques, tu nous manques.


Life is a bitch.


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Publié le 3 mars 2018

Namaste les copains,

7 mois se sont écoulés depuis mon depart de France.

4 mois depuis que j'ai arrêté la narration de mon parcours.

Depuis le début, je cherche à alléger mon sac a dos, qui me fatigue et m'esquinte le physique et le moral... sans y parvenir...

...

J'ai fini par trouver ce qui pesait tant sur mes épaules...

...

La fierté...

...

La fierté de vouloir faire un voyage qui ne ressemblerait pas aux autres,

La fierté de croire qu'on fera mieux que les autres...

Je rêvais d'une aventure où, moi l'Aventurier solitaire intrépide, je traversais des contrées étrangères plus ou moins hostiles, seul au milieu des populations indigènes qui m'accueillaient dans leurs modestes habitats...

...

Mais le Monde, c'est plus ca...

Les lointaines contrées exotiques sont devenues le Tiers Monde et le colonialisme a fait place au Tourisme de Masse.

En arrivant en Asie, je deviens donc un touriste errant parmis des milliers d'autres touristes...

Mon statut d'Aventurier en prend un coup...

En arrivant en Asie, je crois aussi que rien ne pourra me stopper dans mon "Tour du Monde sans avion" et que je franchirai Mers et Montagnes contre Vents et Tempêtes...

J'avais zappé le paramètre Homme et Lois débiles...

Il m'a fallu donc 4 mois pour accepter d'oublier mon statut d'Aventurier,

4 mois pour redescendre de mon nuage, ravaler ma fierté et essayer de retrouver un sens à cette Longue Route...

Aujourd'hui la "caisse de bord" du voyage ne pèse plus bien lourd et d'ici quelques mois il faudra déjà penser à la remplir...

J'ai un projet plutôt sympa pour occuper ces quelques mois... et, de surcroit, renouer avec l'aventure... mais il me tenait à coeur de mettre à jour la Longue Route avant de repartir.

Je fais donc une pause dans les contreforts de l'Himalaya, sur les rives du Gange, à Rishikesh pour reprendre le clavier.

Pour des raisons évidentes de temps le récit change de format : résumé de ces 4 derniers mois en photos et textes courts.


Aloha les copains, désolé pour le silence