Pour le seconde fois, nous décidons de longer la côte Corse en canoë. Cette année ce sera de Calvi à Ajaccio. Beaucoup plus sauvage et exposée au vents mais tout aussi belle. C'est parti!
Du 6 au 16 juin 2018
11 jours
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Mercredi nous prenons le TGV en direction de Marseille encore bien chargés du matériel qui nous sera nécessaire. Nous embarquons sur notre ferrie vers 18h pour une nuit de traversée (la dernière sur un vrai matelas avant un bon moment. La traversée sera calme et c'est bercés par une très légère houle que nous nous réveillons au petit matin... la Corse en vue. Nous débarquons à l'Ile Rousse. Il nous faudra ensuite prendre un train (de 2 wagons) pour rejoindre Calvi ou nous attend notre Canoë.

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Une fois tout l'équipement chargé dans le canoë, vers 12h, nous mettons nos premiers coups de pagaie en direction de Galeria à environ 25 km plus au Sud. Pour le moment, la météo que nous suivons de très près depuis plusieurs jours, est plus clémente. Nos muscles se chauffent, les sensations reviennent et rapidement nous avons le sentiment de ne jamais avoir quitté notre bateau. Le rythme est bon... mais le ciel se couvre très vite. Puis sans prévenir, c'est le déluge alors que nous sommes en plein milieu d'une anse, à environ 3 km des côtes. Côtes qui ne sont que des rochers. La pluie passe encore, mais quand le tonnerre se met à gronder la décision est prise en une fraction de seconde.... On fonce vers la côte pour débarquer. Tout le monde voit Obélix en train de tirer les bateaux de Cléopâtre sur le Nil? Et bien ça a du donner à peu près ça. Notre seul point de chute possible sera une crique de rochers servant de squat aux goélands. Mais pas le choix, on restera ici jusqu'à demain. Nous installons donc la tente en urgence. A côté de nous un filet d'eau coule... Pendant presque 2h, ça tombe sans discontinuer et le tonnerre gronde. Au bout d'un moment un bruit (autre que celui des gouttes sur la toile de tente) nous interpelle. Effectivement, le ruisseau c'est transformé en rivière qui passe à 1 mètre de la tente. Quand le temps se calme enfin nous en profitons pour grimper dans les falaise qui nous entourent pour profiter de la vue. Le soir venu, nouilles chinoises, café bien chaud et au lit. Pendant la nuit la pluie tombe toujours et à 4h du matin nous voilà de nouveau réveillés par le bruit de la rivière. Mais tout va bien.

Camp de fortune 
Premières heures de navigation 
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Au petit matin le ciel est bleu et le soleil est revenu. Le temps de déjeuner et de tout replier, nous repartons vers 9h30 en direction de Galéria (là ou nous aurions du dormir hier soir). Il reste environ 18 km à parcourir. La mer est calme. 2h plus tard, nous faisons un pause sur une première plage. Plage de cailloux d'un peu toutes les couleurs mais surtout très en pente par rapport à la mer. Et les vagues tjrs bien présentes nous balancent dessus comme un vieux sac. On se fait un peu remuer. Le plus dure reste encore de hisser le bateau de 250 kg hors de porté des vagues. Bref, on se repose un peu au soleil en se goinfrant de barres de céréales, abricots secs et autres sucreries. Puis nous reprenons notre "route". Je réserve une surprise à ma femme. Arrivés dans le golfe de Galéria, nous passons directement de la mer à une rivière ,qui est une réserve naturelle, sans même avoir besoin de descendre du bateau. Nous sommes obligés de troquer notre super canoë par un autre pour visiter cette réserve peuplée de grenouilles, libellules et... tortues. La raison est que le rouge ferait peur aux tortues... mais ok. Nous voilà d'un seul coup au milieu des roseaux, des oiseaux et le calme est juste apaisant en comparaison au vent et à la houle de la mer. Après cette pause "bucolique", nous montons au village faire quelques course pour le soir. Nous décidons de passer la nuit entre les arbres qui bordent la plage. C'est au couché de soleil qu'une vache nous rend visite. Des vaches sur la plage? Ca c'est bien la Corse!

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Au réveil, encore un beau ciel bleu mais déjà on sent une légère brise. Une autre vache est devant notre campement et se réchauffe au soleil. Au départ c'est une mer d'huile (voir vidéo) Nous avons 28 km à parcourir aujourd'hui pour rattraper le retard pris le premier jour. Déjà, au bout de 20 minutes nous affrontons de bonnes rafales de vent. Puis ça commence à se compliquer. La côté est de plus en plus découpée et à chaque passage de pointe nous avons droit à un brushing . Pourtant en 1h30 nous avons parcouru 14 km jusqu'à la plage ou nous aurions du passer la dernière nuit. Nous en choisissons une bien plus petite juste à côté pour la pause déjeuner. Le retard est donc rattrapé car ils ne nous reste que 14 km pour atteindre Scandola. Autant dire que ce sera facile. Facile? On en reparle! Pour le moment, seuls sur notre "micro plage", nous bronzons et profitons du paysage. Je décide d'aller explorer les fonds. Ça grouille de beaux poissons. Je reviens vers ma femme sure de moi et lui dis "poisson ce midi?". Oh oui chérie! Je prends le harpon et elle m'accompagne à la chasse. Et plus moyen d'en voir un de suffisamment près pour le harponner! Je me sens bien con. Ce sera pâté... Bien repus, nous repartons. Là ça commence à bien se gâter. Passé la première pointe, le vent pleine face nous donne beaucoup de mal. Nous le sentons même dans les pagaie qui deviennent plus difficiles à manœuvrer. On se fait comme ça une ligne droite de 8 km. 1h30! Ce matin nous avions presque fait le double dans le même laps de temps. Et ce n'est pas fini. La houle gonfle sérieusement. Les bateaux de touriste qui passent à côté de nous font chauffer les appareils photos en nous voyant. Ils se demandent certainement ce que ces deux fous font ici avec leur coquille de noix. Vient le moment ou nous passons entre les falaises et une île. Il est important de comprendre que nul part nous ne pouvons mettre pied à terre. A part la mer, tout est verticale. Les vagues arrivent de la droite, nous bousculent, frappent les falaises puis reviennent par la gauche. D'autre arrivent de face et de derrière. Et ce vent... On avance pas et le bateau commence à ce remplir. Pour la première fois je nous sens en danger. Ma femme? Bin elle s'éclate. Allez comprendre. Je n'ai pas pu filmer la partie la plus mouvementée mais les photos donne une petite idée du mouvement du bateau. Quoi qu'il en soit, nous finissons par trouver un endroit à l'abris. Pour autant cette crique n'est qu'un amas de rochers gros comme des voitures empilées les unes sur les autres. Ce sera impossible de rester pour la nuit. Nous étudions soigneusement les cartes pour décider si nous devons repartir ou pas. Nous ne sommes qu'à 2 Km de notre objectif. Pourtant nous hésitons. Mais cet endroit n'est pas sure non plus. Ces rochers viennent bien de quelque-part... Au dessus de nos tête. Je vide le bateau avec la pompe à main (voir photo) et nous repartons. Ça remue toujours mais nous tenons bons. Puis enfin notre plage est en vue. Nous sommes dans une réserve naturelle et un panneau indique qu'il est interdit de... Camper, faire du feu, fumer, boire, manger, regarder, respirer, marcher, mettre une casquette, être barbu... bref tout! Nous resterons quand même! La prochaine plage est à 12 km! Autant dire impossible dans ces conditions. Nous faisons le tour des lieux et tombons sur une jardin d'Eden. Petit ruisseau, fleurs de toutes les couleur, juste le bruit des oiseaux. Nous y restons un moment avant de redescendre installer le camp qui se résume à une bâche. Impossible de planter la tente sur ces galets. Nous passerons notre soirée bien à l'abris en dessous et filialement la nuit sera bonne.

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Bien remis, nous faisons machine arrière pour retourner voir ce que nous avons raté la veille, trop focalisés à tenir le bateau à flot. La réserves de Scandola est sauvage... vraiment. Ca grouille de vie. Dans chaque falaise nichent des hirondelles, des goélands et même le Balbuzard (un rapace qui pêche le poisson) et leur cries résonnent partout autour de nous. En ce matin, les touristes "motorisés" ne sont pas encore arrivés sur leurs gros bateaux et nous pouvons profiter de tout complètement seul. Le contraste entre hier ou les vagues frappaient les rochers et ce matin ou tout est calme est saisissant. Nous pouvons longer la côte de très près sans la moindre inquiétude. Nous n'avons que 9 km pour rejoindre Girolatta... Autant que nous avons les temps et que nous le prendrons. Nous finissons par nous arrêter sur une ...plage? Jugez vous même Il s'agit d'un fissure dans la roche donnant naissance à une bande de sable de 5 mètres de large (suffisant pour nous). Alors que nous nous sommes équipés de nos combinaisons, masque et palmes pour voir un petit peu les fonds et les poissons qui peuvent s'y cacher, nous sommes stoppés par les méduses. Nous reprenons donc le bateau et passons dans un endroit elles sont en masse (voir vidéo). Le calme et le silence nous accompagne jusqu'au bout. Enfin nous arrivons à Girolatta dont j'ai beaucoup parlé à ma femme car j'ai déjà eu la chance d'y aller par le passé. Pour résumer c'est une crique avec quelques maisons et cabanons, 2 pontons en bois uniquement accessible par la mer ou après 2h de marche depuis la route la plus proche. Bien-sûre ce genre d'endroit a fini par être connu des touristes, mais faute d'hôtel, ils ne font que passer. Nous y passerons la nuit dans un petit camping. L'occasion de prendre notre première douche depuis le départ. Une autre particularité du lieux ce sont les vaches sur la plage qui se laissent même caresser. Ce soir, maintenant que notre odeur ne couvre plus celles des vaches, nous allons nous offrir une plancha charcuteries et fromages Corses qui nous réservera bien des surprises. Brossage de dents obligatoire! Bref... pas assez de mot pour décrire ce petit bout de paradis.

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Ce matin il pleut. Nous avons discuté avec pas mal de monde et la météo ces prochains jours s'annonce très mauvaise. L'étape du jour est Porto. Le soleil est absent mais il faut partir avec que le vent se lève. Cette étape se passera plutôt bien car une fois dans le golfe de Porto, même si le port est à 10 km devant nous, le vent est dans notre dos. Un peu de vagues mais nous sommes bien rodés maintenant. Encore une fois, on se retrouve malgré tout à plusieurs kilomètre des côtes. Si nous avions choisi de la longer la côte ça prendrait beaucoup plus de temps... alors nous coupons tout droit. Malgré les conditions nous parcourons les 20 km en 2h! C'est notre record (ok le vent nous aide un peu... pour une fois!). Arrivés au port, très mignon également, nous nous renseignons sur la météo auprès de la capitainerie. Les nouvelles sont mauvaises. Ce sera de pire en pire les prochains jours avec une houle jusqu'à 2 mètres et des vents force 4 ou 5. La décision est prise. Fin du parcours. Ça nous fend un peu le coeur mais le but n'est pas de se noyer. Nous nous ferons récupérer demain par la société de location de canoë. En attendant il faut décharger le bateau et marcher 20 minutes avec tout sur le dos jusqu'au camping. Le temps de monter la tente et de nous doucher puis nous sortons le soir visiter la ville.

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On se réveil, il ne pleut pas. On se prépare, il ne pleut pas. On va faire un tour e ville, non plus. On revient au camping pour plier les affaire... il tombe des cordes! Nous remballons malgré tout tant bien que mal, nous marchons les 2 km chargés comme des mules jusqu’au de rendez-vous sous des trombes d'eau puis, quand le camions arrive, la pluie cesse. Je ne décrirai pas mon humeur. Trop violent. Nous avons du mal à nous faire à l'idée d'abandonner. d'autant que pour le moment la mer à l'air très calme. On nous aurait dit des conneries?! Peu importe il faut partir. Nous passons par les calanques et le village de Piana avec une vue de fou sur ce que nous aurions du faire en mer. Le mec qui conduit le camion? On ne lui a rien d'y d'autre que bonjour... pourtant il y a 2h de route. Moi j'en profite pour dormir. Nous arrivons sur Porticcio en fin d'après midi et on nous dépose dans un autre camping... J'en peux plus des campings! Ah il est beau! Mais vous savez quoi? Il pleut! Je me dévoue pour aller faire quelques courses pendant que Chouchou monte la tente. La ville n'est vraiment pas à côté. Je décide de faire du stop et une gentille dame m'emmène. Au retour je recommence. 5 minutes à peine et une 206 défoncée monte sur le trottoir au point que j'ai entendu les pneus pleurer. Un papi accepte de me prendre. Il est au téléphone et parke Corse.. et là je vois la soutane! C'est un curé! La première image qui me viens c'est la bonne soeur dans sa 2 CV avec De Funes. Il me dépose au camping et... il pleur Bref cette journée est chiante. Les photos parles d'elles même.A demain.

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Le 2ème jour au camping autant ne pas en parler. Nous avons essuyée 6 orages dans la journée au point que même la tente a déclaré forfait et c'est déchirée. Les jours suivants le beau temps est revenu. Nous profitons donc des piscines, on bouffe, on boit, et on bouffe. Ah si... nous avons visité Ajaccio et fait une partie de tennis. Mais décidément, nous sommes des baroudeurs. Rester ici ne nous convient pas du tout. Nous décidons de partir un jour plus tôt que prévu, d'autant que notre train de dimanche risque de ne pas circuler à cause des grèves. Nous gardons un bon souvenir de ce séjour même si la météo n'était pas de notre côté et qu'il nous manqueras quelques belles choses à vivre. Découvrir une région, peu importe laquelle, par la force des bras ou des jambes, à une allure ne pouvant pas dépasser 10 km/h vous plonge dans l'environnement. Vous avez le temps de voir, de sentir. Chaque pause se mérite et dormir sous une bâche sur des galets devient aussi agréable que votre propre lit. Seul l'instant présent compte. La concentration pour ne pas chavirer ne permet pas de penser à autre chose. Votre amour devient aussi votre partenaire de galère et sans lui... le bateau n'avancerait pas. C'est certain, il y aura d'autres treck à venir.