Lundi 25 juillet. Spoiler alert: on ne sait par où commencer tellement cette ville, qui a la particularité d'être située à la fois sur la continent Européen et Asiatique, nous en a mis plein les yeux!
Commençons par le commencement, notre logement. Nous avions réservé un petit hôtel via Booking. Ah Booking, si utile! Mais... interdit en Turquie depuis 2017 : impossible de réserver un logement pour la Turquie, depuis la Turquie. Nous ne le savions pas, et ferons donc sans pour les semaines à venir.
Dès la sortie du bus, la différence culturelle nous frappe. Le simple trajet à pied entre le bus et l'hôtel nous semble tout droit sorti d'un film: des vieilles mopettes qui klaxonnent, avec dessus de jeunes garçons d'une quinzaine d'années à tout cassé, cigarette en bouche, des chiens errants, des ramasseurs de poubelles à pied portant de gros bacs et ruisselant de transpiration, sans oublier l'appel à la prière qui résonne dans tout le quartier... Bref, très différent de notre petite Belgique et, une chose est claire, tous nos sens sont en éveil !
Différent donc, mais on s'y sent plutôt bien. Les Stambouliotes (habitants d'Istanbul) sont des personnes très ouvertes, toujours prêtes à aider (même quand on n'a rien demandé). Tout le monde est dehors, sirotant un çay (thé), frappant les cartes ou jouant au Rummikub. Le temps semble ne pas compter ici. Tout fonctionne un peu "au ralenti", personne ne court après un bus, ne regarde sa montre angoissé d'arriver 30 secondes trop tard à un rendez-vous quelconque... Non, ici c'est clair, c'est la slow attitude. On comprend vite qu'on a beaucoup à apprendre de leur façon de vivre.
Enfin, slow attitude, oui et non! Ça court et ça crie dans tous les sens quand même, le traffic est juste incroyable, les conducteurs conduisent la main directement sur le klaxon qu'ils utilisent à foison. Feu rouge, sens interdit,... Rien ne semble les arrêter. Ça va être un peu cru de le dire de cette façon, mais c'est notre ressenti: un bordel bien organisé. Car oui, ça part dans tous les sens, mais ça roule plutôt bien et malgré les coups de klaxon, personne ne semble énervé.
Nous voilà donc arrivés à notre hôtel plutôt sympa, malgré la connexion wifi quasi inexistante dans notre chambre. Situé quelques rues en dessous du quartier de Sultanahmet, le quartier historique d'Istanbul, nous étions bien placés pour découvrir la ville.
Afin de ne louper aucun coin sympa et en vue d'obtenir quelques conseils et astuces concernant la ville, nous avons fait une visite guidée avec un super guide, Yunus. Après nous avoir appris quelques mots de base en Turc, les choses sérieuses commençaient. Voilà les beautés que nous avons pu découvrir:
1. La Fontaine allemande, Alman Çeşmesi, cadeau de l'Allemagne pour célébrer le deuxième anniversaire de la visite de l'empereur allemande Guillaume II à Istanbul en 1898.
2. La célèbre Mosquée Bleue, de son vrai nom la Mosquée Sultanahmet. Seconde mosquée au monde à posséder six minarets, après celle de la Mecque (qui en a érigé un supplémentaire pour rester l'unique à avoir le plus de minarets). Grosse déception pour nous, car elle était en rénovation ce qui ne nous offrait pas la possibilité d'en voir grand chose... Voici quand même quelques photos de loin ainsi qu'un aperçu de son magnifique plafond.
3. Déception très vite oubliée face à la beauté de la grandiose Sainte-Sophie, Ayasofya. Si son extérieur est déjà magnifique, alors comment décrire son intérieur? Des lustres à la lumière chaude, un épais tapis vert sapin sous les pieds (car oui il faut enlever ses chaussures!), un plafond à faire tourner la tête bref, époustouflant. Nous y sommes même retourné une seconde fois tellement les lieux sont uniques. Un vrai coup de coeur.
Pour la petite histoire, ce site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO fut d'abord une église pendant des siècles puis une mosquée jusqu'en 1934, elle fut ensuite transformée en musée jusqu'en 2020 où le président actuel a exigé qu'elle redevienne une mosquée.
4. Pour clôturer cette visite de 2h30, nous nous sommes dirigés vers le fameux Grand Bazaar. A notre étonnement il n'est en fait pas en plein air, mais à l'intérieur, constitué d'un nombre incalculable de petites échoppes. Comme l'a expliqué le guide, c'est simple, si on ne trouve pas quelque chose dans le Grand Bazaar, on ne le trouvera nulle part ailleurs. Et en effet, il y a vraiment de tout là dedans.
C'est bien beau tout ça, mais on commence à avoir faim ici. Très cliché et pourtant vrai, il est difficile de trouver autre chose que des kebab à se mettre sous la dent. Au début c'est amusant et bon, mais au bout de cinq jours, autant vous dire qu'on rêve d'un petit plat sain et light. On a alors eu l'occasion de goûter à plusieurs spécialités: pide, gözleme, kebab, épis de maïs grillés, simit, baklava, durum, mercimek çorbasi (soupe de lentilles), ...
Nous avons également eu la chance de déguster un vrai kahvalti (petit-déjeuner) avec une vue imprenable sur le Bosphore.
Parmi les aventures qui nous sont arrivées durant ce séjour, une a particulièrement fait peur à Anne dans un premier temps et nous a ensuite bien faite rire par la suite, celle de la rencontre avec un VRAI marchand de tapis. Nous nous promenions dans une rue qu'Anne jugeait déjà peu commode de par le peu de passage et la nuit tombante n'arrangeait rien au décor. On se fait alors accoster par un homme qui ressemble tout bonnement à Simplet de Blanche-Neige version enrobé. "Where are you from?! Where are you from?!" Jusque là rien de nouveau car c'est habituel de se faire harponner pour rentrer dans tel restaurant ou telle boutique. On répond alors sans s'arrêter "Belgica", et lui nous répond dans un néerlandais bancal "Goeiedag!". On rigole car surpris de sa réponse et continuons notre chemin lorsqu'un homme en costume, bien assis fumant son cigare le trottoir en face nous appelle de façon insistante. De fil en aiguille (après avoir parlé de son fameux cousin belge - que chaque marchand a d'ailleurs -, après avoir lu dans les mains de Max qu'il n'épouse pas Anne parce qu'il a trois femmes dans sa vie - en plus il essaie de mettre la zizanie -...), on se retrouve on ne sait comment assis dans son magasin comme deux imbéciles. De là, il essaie de nous vendre ses tapis et, voyant qu'on n'est pas intéressés, finit par nous montrer une vidéo YouTube assez gênante de lui qui chante dans la nature. Il invite alors Anne à danser ce qui fait beaucoup rire Max, jusqu'à ce qu'il se fasse inviter à son tour. Voyant que, malgré ses efforts, nous ne repartirons pas avec un tapis, Simplet rentre alors en jeu en disant que Anne a de bien belles boucles d'oreilles... Anne, lisant trop de Stephen King, s'est alors imaginée qu'ils allaient refermer la porte et lui couper le lobe pour récupérer ce qu'ils pensaient être de l'or, et s'est levée toute tremblante pour sortir au plus vite. Frayeur ridicule à raconter par après peut-être, mais bien stressante en réalité pour notre Nanette.
Sinon, en plus de voir que le travail manuel et épuisant est omniprésent autour de nous, deux choses nous on particulièrement interpellées:
- Les enfants travaillent. Au magasin de Baklava, en cuisine au kebab du coin, mais également pour ramasser les poubelles (et porter des charges impressionnantes) ou mendier. Assez difficile et lourd en émotion pour nous d'être témoin de tout ça. L'image de ce petit garçon seul dans le métro, 7 ans à tout cassé, pieds nus et noirs, occupé à passer de wagon de métro à un autre en jouant comme il peut le même air de quelques notes sur sa flute en plastique restera gravé dans nos têtes.
- Les (gros) chiens et chats errants. Tout simplement: partout ! La taille des chiens nous impressionne directement, normal, on est en Anatolie et l'héritage des fameux bergers de cette région est bien présente dans le pédigré de tous ces toutous. La majorité ont une espèce de grosse puce à l'oreille, les chiens méchants ou qui dérangent sont "mis de côté par le gouvernement" nous expliquera un de nos hôtes turc. Ce même Turc nous explique que concernant les chats, leur reproduction est juste ingérable. En parallèle, beaucoup de petites infrastructures existent en ville pour les aider (gamelles, niches, distributeurs de croquettes,...) et la population est plus que bienveillante envers eux. Certains panneaux rappellent d'ailleurs que la maltraitance animale est punie par la loi.
Les jours suivants nous avons également eu l'occasion de découvrir d'autres coins d'Istanbul, comme:
- La partie Asiatique (!!on a franchi le continent wouhouh!!), Kadıköy, où le street art est partout dans ces rues fleuries, remplies de petits cafés chill et cozy où on s'y sent franchement bien.
- Galata avec sa tour de 66 mètres qui surplombe le quartier et son pont. Nous y avons également découvert un nouveau dessert turque: l'helvaci. Une sorte de glace couverte par une pâte tiède de noisettes et caramel. Plutôt bon mais un peu écoeurant à trop forte dose!
Petite anecdote comique à vous partager concernant ce quartier. Nous étions tranquillement en train d'arpenter une jolie rue avec comme but d'atteindre la Galata Tower. Soudain, un homme laissa tomber une brosse à côté de Max qui, poliment, la ramassa et lui rendit. "Oh you gentleman! Gentleman!". Le monsieur était plus que content. Quelques mètres plus loin... Il nous court après en nous proposant de nous laver nos chaussures en remerciement, car il s'agit en fait d'un cireur de chaussures. Naïvement nous acceptons, même plutôt gênés, mais en réalité ce petit renard fûté qu'était ce cireur avait bien compris que nous étions deux beaux pigeons. Après nous avoir énuméré tous ses malheurs qui sont certainement aussi vrai que Pinocchio est un vrai petit garçon, il nous demande 90 livres par chaussures (environs 5€, soit complètement abusé par rapport au coût de la vie à Istanbul). Pris comme des souris dans un piège, pas le choix de lui laisser un petit billet de 20 livres (de toute façon on avait pas plus!). On vous l'avait dit, on a beaucoup à apprendre d'Istanbul, nous voilà plus aguerris pour la suite, merci Mister le Cireur!
- Et plusieurs autres rues et quartiers de la ville. Un Stambouliote d'une soixantaine d'années qui nous avait accosté dans le métro, nous avait expliqué qu'il avait toujours vécu à Istanbul et qu'il avait passé sa vie à marcher dans la ville. Au bout de toutes ces années, il n'en avait toujours pas fait le tour. Tout ça pour dire, Istanbul est énorme et inépuisable en lieux à découvrir. Nous y sommes restés cinq jours, insuffisant pour tout visiter donc, mais assez que pour avoir vécu des expériences tellement différentes de ce qu'on connait. Nous avons sincèrement adoré cette ville et ce premier stop en Turquie est annonciateur d'une suite riche en couleurs!