Carnet de voyage

Ouzbékistan

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Sur la route de la soie
Septembre 2022
17 jours
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Dimanche 18 septembre. Un long périple en train nous attendait afin de rejoindre un pays qui nous intriguait beaucoup: l'Ouzbékistan. Carrefour stratégique entre l'Orient et l'Occident, ce pays était traversé par la célèbre route de la soie, où s'échangeaient diverses marchandises et caravanes. Des caravanes?! Oui oui, c'est en fait le nom donné aux formations de chameaux qui transportaient sur leur dos les marchandises. Les caravanes étaient en général composées de cent à mille chameaux. Un fameux trafic, donc! Un peu partout dans le pays, des statues et monuments nous rappellent le passé commercial du pays, comme celui-ci à l'entrée de la ville de Khiva.

Notre trajet se coupait en deux étapes, et chacune fut une expérience en soi. La première étape, d'une durée de huit heures, reliait la gare d'Aktau à la petite ville de Beïnéou, toujours au Kazakhstan. A chaque fois que nous avons pris le train dans le pays, nous avons choisi la "dernière" classe, nous assurant une immersion complète avec les locaux qui s'avèrent être très voyageurs. Ils ont tellement la bougeotte que l'Ouzbékistan est le seul pays d'Asie Centrale a avoir installé un réseau TGV (nous n'avons pas testé le TGV car il reste un peu plus cher). Qui dit troisième classe dit des wagons lits d'une cinquantaine de personnes. En d'autre termes, à chaque train pris, c'était la loterie! Allait-on tomber sur des gens sympas ou ronchons? Des pipelettes ou des personnes calmes? Des ronfleurs?! Eh bien la vérité est qu'à chaque fois, on a plutôt eu de la chance! En commençant par ce premier trajet.

 Embarquement imminent!

En rentrant dans le wagon, on s'aperçoit qu'il est majoritairement occupé par des petits jeunes, bien en forme. Rapidement, ils s'intéressent à nous et sont très curieux d'en savoir plus sur notre voyage. De fil en aiguille, on comprend qu'il s'agit en fait de l'équipe d'élites junior de MMA du Kazakhstan, des mini-stars, en fait! Ils revenaient d'un week-end de compétition qu'ils ont bien entendu gagné vu la grande coupe qu'ils affichaient fièrement. La MMA et les sports de combats sont très populaires au Kazakhstan, et au vu des vidéos d'eux-mêmes qui se battent, on préfère ne pas les ennuyer! Certains ont été champions du monde, d'autres le seront certainement bientôt vu leur niveau à leur jeune âge.

 Karaté Kid

Le reste du trajet s'est bien passé, seul bémol est que nous avions réservé les places juste à côté des toilettes... Dont l'odeur épaisse nous donnait l'impression de dormir dedans, si pas d'en avoir une gorgée en bouche par moment... Mais bon, on apprend de ses erreurs! Maintenant chaque place réservée s'est avéré être un vrai choix stratégique. D'ailleurs, la SNCB n'a qu'à bien se tenir: les trains sont toujours pile à l'heure (malgré les passages de frontières!) et, quant au système de réservation des tickets de train; un site internet très pratique et facile d'utilisation nous permet de réserver nos tickets à l'avance, nous laissant notamment le libre choix de réserver des lits supérieurs ou inférieurs. Pour l'astuce, les lits supérieurs offrent plus de tranquillité, pendant que ceux du dessous ne sont transformés en lit qu'en soirée, servant de sièges le reste de la journée.

 Repas 4 étoiles

Le moment qu'on craignait un peu arriva alors: l'arrivée vers minuit à Beïnéou, où nous devions attendre notre prochain train jusqu'à environ 3h du matin. A peine descendus sur les quais qu'un homme se prend une jolie droite par un autre, et qu'un jeune chien essaie de nous mordre sans lâcher l'affaire. Si on ne s'y sentait pas en sécurité les premières minutes, on a vite relativisé en voyant le nombre impressionnant de voyageurs qui, comme nous, attendaient leur correspondance. Le nuit était assez fraiche, on était bien soulagés de voir notre train arriver à bon port!

Ca caille! 

Cette fois-ci, nous avions chacun des lits supérieurs. Ceux du dessous étant déjà occupés par une dame et un homme, qui n'avaient à première vue pas l'air très ravis de se faire réveiller par les deux jeunes qui tentaient tant bien que mal de faire leur lit en hauteur. Pour l'anecdote, il n'y a jamais d'échelles pour monter sur les lits du dessus. Si pour Maxime ça ne posait pas trop de soucis, pour Anne c'était un vrai challenge d'escalade à chaque fois!

Bonne souplesse requise 

Cette nuit-là, nous n'avons dormi que deux petites heures. Nous devions en effet traverser les deux postes frontières (espacés d'une heure de trajet) et ce n'est qu'au petit matin que nous avons officiellement franchi la frontière ouzbek, par le Karakalpakistan, une république autonome dans l'Ouzbékistan, sous un beau ciel rose pétant, d'une couleur fluo que nous avions rarement si pas jamais vue auparavant.

Nous avions lu que l'Ouzbékistan était jadis recouvert au 3/4 de désert, et les paysages qui défilaient ont vite confirmé cette information: des déserts à perte de vue, avec quelques chameaux par endroits. L'agriculture est une des activités principale en Ouzbékistan, particulièrement la culture de coton. Ces étendues de champs de cotons étaient également très impressionnantes!

 Bienvenue en Ouzbékistan!

Nous avons également fait la rencontre des ouzbeks qui partageaient notre petite partie du wagon: deux femmes et deux hommes, qui nous ont bien marqués. Si l'impression qu'ils nous avaient laissée la nuit était plutôt négative, nous avions en fait totalement tort! Ils ont offert le petit-déjeuner à Max (en utilisant tous la même fourchette, olé!), pendant que Anne roupillait comme une marmotte, et étaient très ouverts et si souriants. Malgré la barrière de la langue, on parvenait plus ou moins à se comprendre, tout du moins sur le fait que nous avions bon de partager ce trajet ensemble. Le monsieur avec le T-shirt bleu ci-dessous était le plus comique, depuis son lit il tapait Maxime avec sa canne pour lui montrer le paysage ou demander qu'on prenne des selfies ensemble.

 Une famille le temps d'un trajet

Ils descendaient quelques arrêts avant nous et, bizarrement, les au revoir ont été assez difficile. Les femmes nous ont serrés si fort dans leur bras en nous embrassant avec tellement d'amour et de bienveillance! Elles se sont laissées se faire photographier, et on est reconnaissant aujourd'hui d'avoir capturé ce moment. Leurs dents en or, leurs beaux bijoux, leurs sourires,... Tout ça a laissé place à un grand vide une fois descendus du train.

C'est alors avec une petite larme au coin de l'œil que nous avons achevé ce trajet de 26 heures de train au total, et que nous sommes arrivés à la gare de Nukus!

Destination atteinte 

Nous y avions réservé une nuit dans une maison d'hôtes, juste histoire de faire un petit break. Ce stop nous a donné un avant-goût de ce qui nous attendait pour les semaines à venir: yourtes, tables basses et des beaux tapis partout, que ce soit au sol ou sur les murs. On a également retiré nos premiers sum, monnaie officielle du pays. Il faut dire qu'ici, c'est un peu comme jouer au Monopoly: beaucoup de billets sont échangés et on se retrouve vite avec une grosse liasse qui ne permet même plus de fermer son portefeuille!

Voilà donc pour l'arrivée en Ouzbékistan. C'était important pour nous de lui dédier un article, car ça a été une vraie expérience, riche en rencontres et en découvertes d'une culture complètement différente de la nôtre. On a hâte de continuer notre périple sur la route de la soie et de découvrir ce que ce pays nous réserve!

 Premiers pas en Ouzbékistan
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Mardi 20 septembre. Après cette première nuit passée sur le sol ouzbek, à Nukus, nous avons pris la route au petit matin direction notre première étape: Khiva! Cette ville qui était autrefois un oasis est un véritable musée à ciel ouvert et est unique en son genre comparée aux autres villes que nous avons visitées en Ouzbékistan. Les voitures y sont bannies, et toute la vieille ville d'Itchan Kala est fortifiée. Nous avions réservé une guest house familiale, nommée Gold Khiva, en plein cœur de la vieille ville. Si certains touristes ne consacrent qu'une journée de leur voyage à visiter cette ville, nous avions décidé de prendre notre temps et d'y rester trois nuits.

Petit-déjeuner traditionnel 

Rien que l'entrée de la vieille ville nous impressionne déjà et nous donne un sacré avant goût de la grandiosité des monuments que nous verrons en Ouzbékistan. L'entrée est payante, par chance nous avons réussi à passer par les mailles du filet et n'avons pas du payer. Cela signifie qu'à chaque fois que nous voulions sortir de la vieille ville, il fallait repayer un nouveau ticket, alors qu'on y logeait... Résultat: nous sommes restés enfermés dans nos fortifications les quatre jours, et pour être complètement honnête, on se sentait un peu comme des souris en cage à la fin du séjour. Une journée est en effet suffisante pour visiter la vieille ville, et nous avions le sentiment de tourner en rond par moments... Mais ce fut tout de même un premier séjour très agréable et haut en couleurs!

L'avantage des fortifications est que nous pouvons les gravir et faire le tour de la ville avec un peu de hauteur, nous offrant un beau point de vue sur les diverses madrassas, mausolées et minarets.

Entrée fortifiée de Khiva 
Prenons un peu de hauteur 

Est-ce que vous avez repéré sur une des photos précédente l'espèce de centrale nucléaire? Il s'agit en fait du minaret Kalta-Minar qui, accompagné de la madrassa Moukhammad Amin-khan, ont été construit dans le but de devenir le plus grand ensemble architectural musulman au monde. Si la madrassa est en effet une des plus grande d'Asie Centrale, le minaret n'a cependant jamais été achevé, mesurant (quand même!) 26 mètres au lieu des 89 espérés. La fondation se base tout de même sur un diamètre de 14,2 mètres, ce qui reste plutôt impressionnant et assez joli. Pour l'anecdote, Kalta-Minar signifie "minaret court", ce qui a l'air de bien amuser les deux ouzbeks à ses pieds. Vous pouvez voir ci-dessous que même le plan de la ville est représenté en mosaïques bleues.

 Le minaret Kalta-Minar

Pour le point culture, un minaret est la tour d'une mosquée, au-dessus de laquelle le muezzin fait l'appel à la prière. Un mausolée est un monument funéraire en général très impressionnant de par ses dimensions. Et enfin, une madrassa (ou médersa) est une école coranique, où les élèves apprennent la religion musulmane.

Et des madrassas, il y en a un fameux paquet en Ouzbékistan! En général, on les reconnaît assez facilement par leur espèce de grandes "portes", suivies d'une cour intérieure. Bien quelles semblent toutes se ressembler de loin, elles sont en fait toutes bien différentes, que ce soit au niveau des détails de mosaïques ou l'ambiance qui y règne en général.

 La beauté des madrassas de Khiva

Un monument nous a particulièrement plu de par son architecture assez spéciale: la Djuma mosquée. Elle ne respecte aucune règle de base d'une mosquée en n'ayant ni coupole, ni arcs ou portails d'entrées. A la place, une porte massive en bois datant de plus de sept siècles, rien que ça! A l'intérieur de la mosquée se trouve la pièce la plus impressionnante: la salle de prières. Plus de 200 colonnes en bois, haute de 4 à 5 mètres, soutiennent le plafond. Elles sont toutes sculptées et ornées avec un niveau de détail incroyable. Un vrai plaisir d'y flâner dans cette ambiance calme et reposante.

 La Djuma mosquée

Le minaret Islam Khodja est une des attractions principales de Khiva. Haut de 56,6 mètres, ses ornements de bandes de mosaïques qui l'entourent sont d'une beauté grandiose. Il semble surveiller tout ce qui se passe dans la ville. Parce qu'il y en a des choses qui se passent, à l'intérieur d'Itchan Kala! Il y règne une fameuse énergie et ça bouge beaucoup. Tantôt des petits étals vendant de la magnifique vaisselle ou figurines, tantôt des vendeurs de tapis ou de pains traditionnels, cuits en étant collés aux parois des fours d'argile. Le tout couronné par des statues en bronze, toujours pleine de sourires et de vies.

Le majestueux minaret Islam Khodja 
Best of de Khiva 

Terminons en beauté ce tour virtuel de la vieille ville par le Palais Tach-Hawli. Une chose est sûre, Allakouli-khan, qui ordonna la construction de son magnifique palais, avait un petit penchant pour la couleur bleue. Ce palais est tellement grandiose qu'il a fallu 8 ans pour finaliser sa construction. La chambre du khan (dirigeant) est la pièce la plus décorée et grande, ainsi que les quatre chambres de ses épouses. Quatre n'étant pas assez, il y avait également deux étages destinés à ses concubines et relatives.

 Le Palais Tach-Hawli

Si Khiva est si charmante, c'est notamment grâce à ses nombreux restaurants, tous aussi beaux que bons. La nourriture est savoureuse en Ouzbékistan, et en général ce sont des plats à partager, comme en Géorgie. Parfait pour gouter un peu de tout: samsas, mantys, gummas, ... Autant de noms qui ne nous parlaient absolument pas avant d'y goûter, maintenant impossible de les oublier... On a aussi essayé la bière ouzbek, servie dans un verre à whisky, mais c'était quand même pas mal.

A table!  

Le dernier soir, nous sommes allé manger au Terrassa Cafe, qui portait bien son nom. La terrasse se trouve sur le toit de l'établissement et offre une vue imprenable sur la vieille ville, orangée par les magnifiques couleurs du coucher de soleil. La vue allait de paire avec la qualité de la nourriture qui était délicieuse. Une belle façon de clôturer ce séjour rempli de visites et découvertes! On est contents de partir tout de même car, comme expliqué en début d'article, au bout de quatre jours on a largement eu le temps de voir et revoir les magnifiques monuments de Khiva. L'aventure continue pour nous, direction à présent un autre paradis bleu: Boukhara!

 Finir le séjour en beauté
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Vendredi 23 septembre. Si nous avions été contraints de prendre un taxi entre Nukus et Khiva, nous avons vite retrouvé notre vieil ami le train pour nous rendre à Boukhara. Huit heures de trajet séparent ces deux villes, et cette fois-ci nous nous sommes retrouvés dans un train tout confort. Dans chaque train, il y a toujours une personne responsable par wagon qui est aux petits soins pour ses passagers: elle nous indique où sont les toilettes, l'eau chaude, le wagon-restaurant et vient même nous réveiller quand nous sommes arrivés à notre arrêt! La beauté des gares en Ouzbékistan, tant intérieure qu'extérieure, est également à souligner.

Bukhara, here we come 

Comptant plus de 350 mosquées et 80 madrassas à l'époque moyenâgeuse, Boukhara est toujours à l'heure actuelle un des centres de l'Islam les plus importants dans le monde musulman.

La ville s'organise autour d'un très charmant point central: l'ensemble Labi-Khawz, signifiant "au bord du bassin". Long de 42 mètres et large de 36 mètres, le bassin artificiel, d'une magnifique couleur verte émeraude, est entouré de terrasses et de maisons de thé, les tchaykhanas. On a clairement envie de s'y poser et de profiter du calme des lieux.

 Petit paradis au coeur de la ville

C'est un peu difficile à expliquer mais en Ouzbékistan, tout ce qui nous entoure est en général grandiose et d'une beauté renversante. La vue à 360° est toujours spectaculaire et quand il n'y en a plus, il y en a encore! La preuve en est avec les beautés qui entourent le bassin. D'un côté se trouve l'ensemble de Nadir Dévan-Bégui, constitué notamment d'une madrassa, au portail incroyablement joli avec la représentation de deux oiseaux de bonheur Sémourgh qui s'élancent vers les rayons du soleil, transportant dans leurs griffes des pauvres daims prêts à se faire dorer la couenne.

 La majestueuse madrassa

Beaucoup de madrassas ont laissé leur fonction d'école coranique de côté et les lieux sont alors utilisés, la plupart du temps, par des petites boutiques d'artisans. Dans ce cas-ci, et c'est d'ailleurs la seule fois que nous avons vu ça en Ouzbékistan, la cour intérieure était remplie de terrasses. On y trouve une belle énergie et même les arbres sont ornés de tissus pour embellir encore plus les lieux!

 Cour intérieure de la madrassa

De l'autre côté du bassin, faisant face à la madrassa, se trouve l'imposante khanqah Nadir Dévan-Bégui, qui a été pendant plusieurs années le point central de la vie religieuse de la ville de Boukhara. Une khanqah est un endroit abritant les savants et spécialistes religieux musulmans, équivalent au couvent chez les chrétiens.

khanqah Nadir Dévan-Bégui 

Un peu plus loin dans la ville se trouve l'ensemble Poï-Kalan, composé de la mosquée Lakan, de l'impressionnant minaret Jalan et de la madrassa Miri Arab. Parlons tout d'abord du minaret, âgé de neuf siècles (il n'a jamais connu de restauration!), il est le symbole de Boukhara. Fondé sur une base de 9 mètres de diamètres, il est haut de 46,5 mètres. Imposant ce petit!

La Tour Eiffel n'a qu'à bien se tenir 

Le minaret est relié par un petit pont au toit de la belle mosquée Kalan. Seconde plus grande d'Ouzbékistan, cette mosquée est embellie par deux magnifiques coupoles bleues turquoises. Et enfin, en face de la mosquée se trouve la madrassa Miri Arab.

 Coup de cœur pour cet endroit

Une "petite" dernière madrassa pour la route, représentant bien le style architectural unique qu'on trouve à Boukhara: la madrassa d'Abdoulaziz-Khan. Construite en 1652, elle se distingue notamment par son portail très coloré et orné d'une façon remarquable.

 Portail haut de gamme

Si les imposants monuments sont clairement les stars des villes ouzbeks, les divers artisans et leurs talents font également le renom du pays: forgerons, artisans-brodeurs, peintres minimalistes, photographes, sculpteurs, menuisiers,... C'est fascinant de les regarder travailler, le plus souvent dehors, dans les cours intérieures des madrassas.

 L'Ouzbékistan a un (des) incroyable(s) talent(s)

L'art de la fabrication des tapis à la main fait également la renommée de Boukhara, et nous avons eu la chance de tomber sur une petite échoppe qui dessinait et tissait des tapis devant nous. C'était encore plus surprenant de voir les nombreux vers à soie vivre leur petite vie pépère, tout en filant des cocons qui serviront ensuite à la fabrication de la soie.

 Le paradis du tapis!

Si vous n'êtes pas trop tapis, ne vous inquiétez pas, vous trouverez bien un petit quelque chose qui vous ferra craquer! Un jeu d'échec, des œufs, des carafes, des sacs, le tout fait à la main bien sûr? Ou encore, l'incontournable vaisselle en céramique ouzbek?

 Pas cher pas cher!

Nous en tout cas, à force de la voir partout cette magnifique vaisselle, on a fini par craquer! Si de base notre idée était d'en ramener pour toute la famille et les amis, on est vite retombés les pieds sur terre lorsqu'on a pris connaissance des prix et, surtout, des coûts d'envois jusqu'en Belgique qui ont presque doublé depuis la guerre en Russie. On s'est alors résignés à ne prendre qu'une assiette et deux mini-bols, ainsi qu'un porte-savon. Inutile de vous dire que le choix a été difficile, surtout que nous sommes tombés sur LE marchand de vaisselle, qui nous a emmené dans son arrière-boutique remplie de trésors!

Une vraie caverne d'Ali Baba 

Va savoir pourquoi, à un moment donné, nous nous sommes laissé flâner un peu dans les extérieurs de la ville, avec en tête l'idée d'aller visiter deux belles madrassas, complètement délaissées des touristes. Une fois un bref tour fait, nous décidons de repartir mais un homme nous appelle au loin. Il insiste, et nous finissons par le rejoindre, un peu méfiant. Qu'est-ce qu'il nous veut?

Il se trouve qu'en fait, c'est un guide touristique qui s'ennuie, et qui a bien envie de faire profiter ces deux jeunes touristes perdus d'une expérience unique! Car oui, il nous a fait vivre un moment incroyable: après nous avoir fait rentrer à l'intérieur de la madrassa et montré (avec les explications à la clé, bien sûr!) là où les élèves et les professeurs dormaient, ainsi que les échoppes des divers artisans, il nous a emmenés… Sur le toit de la madrassa! Oui oui! S'en est suivi un shooting photo, il faut dire qu'il connaît les angles parfait de l'endroit. Merci la vie de nous avoir mis ce monsieur sur notre chemin ce jour-là, on est pas prêt d'oublier cette visite tels de vrais VIP! C'était gratuit, par pure envie de partager sa passion, tout simplement.

Moment suspendu  

Nous avons terminé le séjour par une dernière visite: la madrassa Tchor-Minor, qui signifie "quatre minarets" qui représentent les quatre directions du monde. Son architecture est bien différente des madrassas que nous avons l'habitude de voir, mais elle reste tout autant impressionnante. Son petit plus? Un beau jardin bien fleuri, avec roses et arbres fruitiers pleins à craquer.

La belle madrassa Tchor-Minor 

Voilà qui clôture ce superbe séjour à Boukhara, qui nous en aura définitivement mis plein les yeux! Cette ville est grandiose, majestueuse, pleine de surprises… Les adjectifs manquent pour la définir. Merci ou plutôt, rahmat Boukhara pour ta beauté renversante et ton énergie pleine de vie! On te quitte pour aller rendre visite à ta grande sœur Samarcande, qui promet d'être également haute en couleur!

Rahmat Boukhara!
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Mardi 27 septembre. Qui dit nouvelle destination dit nouveau train, de jour cette fois-ci. Environ quatre heures de trajet nous attendaient pour rejoindre Samarcande, une des plus vieilles villes du monde (7ème siècle av. J-C!). De nouveau, le train était d'un confort remarquable, et pour la première fois en Ouzbékistan, nous avions réservé des places dans les wagons avec des sièges, et non des couchettes. Il y avait beaucoup d'espace entre les sièges, des télévisions, des vendeurs de cafés,... Bref nous étions une nouvelle fois bien loin de nos idées reçues sur les trains en Asie Centrale.

Arrivée à Samarcande 

Nous avions réservé, sans trop le savoir, une petite guest house familiale située à seulement quelques mètres de la célèbre place du Régistan. Cette place est si belle qu'elle a valu à la ville sa place dans la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2001. Régistan signifie en ouzbek "un endroit de sable", car cette place était totalement recouverte de sable dans l'Antiquité. Si sa fonction a évolué au fil des années, passant de la place des exécutions publiques, au départ de l'armée pour la guerre ou encore de place où les artisans et agriculteurs venaient faire leur commerce, elle a toujours été le point central de la vie sociale de la ville. C'est la raison pour laquelle toutes les routes principales de Samarcande menaient autrefois, non pas à Rome, mais au Régistan. Aujourd'hui, elle est entourée de trois magnifiques madrassas, qui se distinguent les unes des autres par un style différent.

Nous sommes donc arrivés le soir, face au splendide spectacle illuminé que nous offrait cette place. Attention âmes sensibles à trop de beauté, s'abstenir!

 La place Régistan de nuit

Si de nuit la place est déjà magnifique, nous étions toujours autant ébloui par sa grandiosité de jour. La première madrassa a avoir été construite sur cette place, en 1417, est la madrassa Oulougbek. Située à gauche de la place, son portail, orné d'étoiles à dix branches, symbole du ciel et de l'astronomie, est entouré de deux élégants minarets.

La seconde, la madrassa Cherdor, a été construite entre 1612 et 1636 (24 ans de travaux!) et est, de notre avis, la plus particulière et impressionnante. Son nom signifie littéralement "orné de lions", et on comprend vite la raison lorsqu'on inspecte les mosaïques du portail: deux beaux grands lions qui se dirigent vers des daims blancs, tout en portant un soleil sur leur dos au visage humain.

Dix ans plus tard, la construction de la madrassa Tilla-Kori, qui est au centre, débute. Elle est tout aussi jolie et ce qui nous a le plus plu est la tour de la mosquée qui est une coupole d'une couleur bleue turquoise incroyable. Tilla Kori signifie "doré" et la madrassa se distingue en effet de ses deux voisines de par sa décoration au ton doré.

Le Régistan de jour 

Non loin du Régistan se trouve un autre monument grandiose: Gur-Emir et sa célèbre mausolée d'Amir Timur, figure historique de l'Ouzbékistan et de l'Asie Centrale. C'est à lui que Samarcande doit son expansion, et il a lui-même construit ce monument funéraire en 1404, de base pour son petit-fils mort dans une bataille. Timur est décédé l'année suivante et y a également été enterré, puis rejoint au fil des années par ses fils et petits-fils.

 Gur-Emir

Gur-Emir signifie en perse "la tombe du roi", et on peut dire qu'elle est fameuse, cette tombe! C'est en fait tout un complexe architectural, à la traditionnelle décoration bleue turquoise. Le pièce la plus spectaculaire est l'intérieur doré du dôme, où se trouvent en son centre des pierres tombales, indiquant l'emplacement des tombes qui se situent en dessous de cette pièce.

 "We go gold"

Continuons la visite de Samarcande avec, cette fois-ci, une mosquée. Construite en 1404 en l'honneur de l'épouse favorite de Timur, la mosquée Bibi-Khanum se distingue par son superbe et grandiose dôme en mosaïques, encore et toujours bleu turquoise (on ne s'en lasse pas!). On ne sait pas ce qu'elle avait en particulier, cette femme, mais en tout cas Timur semblait beaucoup l'aimer, car il voulait faire de ce monument la mosquée la plus belle du monde islamique. Il a malheureusement été un peu vite en besogne, et la mosquée, qui avait été construite bien trop vite et dans des dimensions un peu trop ambitieuses, a du subir de nombreuses restaurations jusqu'en 1897, où un tremblement de terre l'a réduite en ruines. Malgré les travaux qui sont toujours en cours, la mosquée Bibi-Khanum reste un des monuments principaux de la ville et impressionne par sa grandeur.

On lui a rendu hommage en faisant un petit shooting photo improvisé au pied de son dôme qui semblait être garni de petits cheveux. Le soleil avait sans doute encore bien tapé ce jour-là...

Belle preuve d'amour, non? 

Juste à côté se trouvait l'énorme bazaar Siyob, où on y trouve, comme dans tous les bazaars, absolument de tout! Nous nous y sommes rendus en fin de journée, et après avoir acheté quelques confiseries aux noix et du nougat, nous avons pu profiter d'un magnifique coucher de soleil donnant sur la mosquée Bibi-Khanum. De quoi finir la journée en beauté!

Bienvenue dans le Siyob bazaar 
Le ciel en feu 

A Samarcande, nous avons également fait de belles rencontres. Notamment celle de Elena, une russe au rire le plus communicatif jamais entendu! Nous partagions le même logement et nous sommes rapidement liés d'amitié. Un soir, alors que nous étions occupés à peaufiner notre colis que nous voulions envoyer en Belgique avec la vaisselle et quelques cartes et souvenirs pour nos familles, nous avons tellement ri que les hôtes sont venus nous remonter les bretelles. On se sentait un peu comme des enfants qui venaient de se faire gronder car ils faisaient chambard, ce qui nous a donné encore plus envie de rire... Bref, nous avons eu vraiment bon avec Elena!

Le lendemain, notre colis était fin prêt à être envoyé. C'était assez amusant et surprenant de voir comment ils emballent les colis ici: dans un carton tout d'abord, bien sûr, et ensuite dans un grand tissus que les dames de la poste cousent devant nos yeux. Le tout cacheté de beaux tampons de cire, tout chauds!

 Arrivera-t-il à destination?!

Nous avons terminé ce beau séjour par la visite du complexe Shahi Zinda, qui nous a encore une fois émerveillé. Ce site se distingue de tout ce qu'on a vu auparavant car il s'agit d'une nécropole (un grand cimetière composé de monuments funéraires), où se trouvent pas moins de onze mausolées et plusieurs tombes, construites entre le 14ème et le 15ème siècle. Le complexe doit son nom au cousin du prophète Muhammad, enterré ici (d'après la légende) et qui signifie "roi vivant" en perse. Il fait partie des personnes importantes qui ont prêché l'islam dans la région et c'est pour cette raison que ce site est un célèbre lieu de pèlerinage pour les croyants.

Dès le passage de l'entrée, on est ébloui par ces nombreux monuments colorés et dômes d'une couleur turquoise juste splendide. Il y règne également une ambiance assez particulière et plutôt agréable. Ici, on a juste envie d'admirer la grandeur des mausolées et de respecter le silence de ce lieu sacré.

 Difficile de ne choisir que quelques photos...

Après ces quatre journées remplies de découvertes et de visites, il est déjà temps pour nous de "larguer les amarres" et monter dans notre prochain train, direction la capitale Tachkent où nous resterons seulement quelques heures. Nous avions réservé à nouveau des places dans les wagons sièges, et ici c'était plutôt différent du trajet précédent: chaque wagon était composé de cabines de six sièges, qu'on a partagé avec deux ouzbeks qui avaient bien bon de regarder leur show télé.

 Les gares, toujours aussi grandioses

Quatre heures de trajet plus tard, nous voilà bien arrivés à Tachkent, où nous tombons rapidement sous le charme de la beauté des stations de métros, en dépit de la foule présente dedans!

Métros hauts de gamme 

Le but était de prendre un bus de nuit directement le jour-même, direction le Kazakhstan où nous restions normalement deux jours pour ensuite partir à l'aventure au Kirghizistan: travailler dans une ferme! Sauf que le destin en a voulu autrement, et que rien ne s'est finalement passé comme on l'avait prévu... S'en est suivi un moment de petite crise existentielle, où on était un peu dépités et surtout perdus. Mais ça, ce sera pour le prochain article! Petit spoil: nous reviendrons à Tachkent plus tard pour y passer cinq jours et profiter de la capitale qui nous a réservé, elle aussi, son petit lot de surprises!

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Dimanche 30 octobre. L'eau a coulé sous les ponts depuis le dernier article publié concernant Samarcande, et c'est en y voyant beaucoup plus clair que nous revenons en Ouzbékistan un mois plus tard pour y passer, déjà!, nos derniers moments en Asie Centrale.

Pourquoi revenir à Tachkent? Pour la même raison que lorsque nous sommes retournés à Tbilissi mi-septembre: nous sommes bloqués et ne pouvons malheureusement pas continuer notre périple par les terres.

Nous avions plusieurs options qui s'offraient à nous, mais aucune n'était réalisable pour des raisons indépendantes de notre volonté:

  • Traverser la Chine? Le pays a toujours ses frontières fermées à cause du COVID, impossible.
  • Remonter le Kazakhstan, passer par la Russie pour atteindre la Mongolie? Même si la Mongolie est un pays qui nous fait rêver, il n'est pas conseillé de traverser les frontières russes au vu de la situation actuelle (bien que ce soit possible), et nous nous retrouverions à nouveau bloqués par la Chine.
  • Descendre et tenter le coup par le sud? Cela voudrait dire traverser le Tadjikistan, une partie de l'Afghanistan (vivement déconseillé au vu de la situation actuelle), le Pakistan, l'Inde, le Bangladesh, la Birmanie (frontières fermées),… Bref option très compliquée si pas irréalisable, nous demandant bien plus de temps et nous faisant passer par des pays qui nous attirent moins (pour le moment!).

Pas d'autre choix donc que de prendre un avion pour la seconde fois depuis que nous avons quitté la Belgique. Cela reste tout de même une fierté pour nous d'avoir eu recours, jusqu'ici, à un seul avion d'une petite heure pour traverser la mer Caspienne à cause de l'Azerbaïdjan qui garde ses frontières fermées (update janvier 2023: les frontières sont toujours fermées).

• • •

Nous avions prévu de passer cinq jours à Tachkent, qui, comme sa capitale voisine Bichkek, est une ville remplie de beaux endroits à découvrir. Nous y sommes arrivés aux alentours de midi (en emmenant avec nous la grosse pluie) après une nuit passée dans le train. Il faut dire qu'on était en luxe pour ce dernier trajet, car nous avions une cabine uniquement pour nous deux! Quelle chance et quelle expérience, c'était complètement différent des trains couchettes où nous étions une cinquantaine, et on se sentait vraiment comme des VIP. Nous avions déjà eu une cabine pour deux, mais uniquement pour un trajet de jour.

 Captain Max pour vous servir 

La crise du logement étant toujours d'actualité, nous nous sommes retrouvés dans une auberge de jeunesse très chère et complètement décevante. L'ambiance était bizarre, les personnes y logeant semblant être des hommes plus âgés qui y séjournaient à long terme, du coup c'était un peu comme si on était chez eux et qu'on gênait. La connexion internet était quasi inexistante, alors que c'était indispensable pour nous qui devions préparer la suite du voyage. Le petit déjeuner n'était pas bon, le personnel pas sympathique, bref tout un ensemble de choses qui font que, pour le prix, on était franchement dégoutés. Point positif, sans internet, nous nous sommes remis à jouer aux cartes! Et nous avons tout de même eu droit à un joli coucher de soleil un soir pour nous consoler.

 Moments à l'auberge

Après avoir passé beaucoup d'heures dans des cafés à préparer la suite de notre voyage, il était temps pour nous de visiter cette capitale, à l'architecture à la fois soviétique et moderne. La première visite fut celle de la Minor Mosquée, sous un beau ciel bleu s'accordant parfaitement aux couleurs du bâtiment. Se distinguant, par sa finition en marbre blanc, des autres mosquées traditionnelles en briques, elle a été ouverte en 2014 et peut accueillir pas moins de 2.400 fidèles. Depuis notre logement, nous avions une magnifique vue sur cet édifice, située sur la rive opposée de la rivière Tchirtchik qui arrose la capitale et sur laquelle déambulent de nombreux kayakistes. Comme toujours en Ouzbékistan, les extérieurs et intérieurs des mosquées et autres bâtiments sont grandioses et impressionnants.

Extérieur de la Minor Mosquée
 L'intérieur et son magnifique dôme

Nous avons continué la visite en nous dirigeant vers le complexe Khast Imam, cœur spirituel de la capitale depuis des siècles. Au sein du complexe se trouve la mosquée Hazrat Imam, reconnaissable par ses deux minarets hauts de 50 mètres. Fun fact: ce complexe a été construit en un temps record de 4 mois. Il est composé notamment de colonnes en bois provenant d'Inde, de carreaux bleus d'Iran et de magnifique marbre vert de Turquie.

En plein cœur de la place principale se trouve une petite bibliothèque, appelée Muyi Mubarak, célèbre car elle abrite le Coran d'Uthman, à savoir le plus ancien Coran du monde. Pour la petite histoire, le troisième calife Uthman a été assassiné alors qu'il le lisait en 655, tachant ainsi ce célèbre Coran de son sang, qui est toujours visible sur ce livre sacré.

Cependant, tout cela est à mettre au conditionnel car des chercheurs ont déclaré qu'il ne s'agirait apparemment pas du Coran le plus ancien du monde, ni même celui d'Uthman. Ce qui est sûr, c'est qu'il date du XVIIIe siècle, ce qui reste fameusement ancien!

"Muyi Mubarak" signifie "le cheveu sacré", cette bibliothèque-musée abritant également en son sein un cheveu qui aurait appartenu au prophète Mahomet.

Le complexe Khast Imam 

Juste à côté se trouve la mosquée Tellya Sheikh, à l'intérieur majestueux et magnifique avec ses plafonds peints avec un détail impressionnant. Construite en 1856, il s'agit de l'ancien lieu de culte principal de Tachkent.

La belle mosquée Tellya Sheikh et sa cour intérieure

Incontournable de la capitale, le bazaar de Tchorsou figurait évidemment sur notre itinéraire de visites de la journée. Situé sur l'ancienne place du marché où les caravaniers se retrouvaient lors de leurs périples sur la Route de la Soie, ce bazaar est le plus grand marché de Tachkent, et également le plus ancien de toute l'Asie Centrale, son existence remontant à plus de 2.000 ans.

"Cho-su" signifie "route" en ouzbek, et le marché se compose de quatre entrées principales, représentant le carrefour de la Route de la Soie et les quatre points cardinaux. Idéalement situé en plein centre de la ville, au croisement des principaux axes routiers et à côté d'une station de métro, ce bazaar est un lieu de rendez-vous pour tous les habitants.

Le marché est reconnaissable de par ses sept dômes, datant des années 80, dont un qui est le principal et immense, qu'on peut apercevoir de loin dans la ville. Il est tellement gigantesque, qu'il est séparé en deux étages, le rez-de-chaussée étant dédié aux viandes, salades, épices, et l'étage aux fruits secs et confiseries. Comme le Osh bazaar à Bichkek, le marché est organisé en fonction des types de produits vendus, et y déambuler sans même rien n'y acheter est un vrai plaisir!

 Le bazaar de Tchorsou de l'extérieur
 L'impressionnant intérieur du dôme principal 

C'est pas tout ça, mais voir toute cette nourriture nous aura bien creusé l'estomac. Le moment idéal pour aller déguster un autre incontournable du pays et même de l'Asie Centrale en général: le plov! Ce plat typique est cuisiné à base de riz, de viandes (bœuf, agneau et cheval), d'œufs de cailles bouillis avec des pois chiches et raisins secs et de légumes (principalement des carottes, oignons et poivrons hachés).

Un des plus célèbres restaurants de l'Ouzbékistan où on peut y goûter se trouve justement à Tachkent: le Central Asian Plov Center. C'est donc naturellement que nous nous y sommes rendus, en pleine heure de pointe. Le restaurant, pourtant immense, était tellement plein à craquer qu'un homme et un jeune Russe qui déjeunaient ensemble nous ont invités à leur table.

Ils étaient vraiment sympas, surtout l'homme à la cinquantaine d'années, qui nous a offert du bon jus de grenade frais et du thé. Il était assez amusé de voir Anne galérer à manger ce plat rempli de saveurs auxquelles on n'était pas habitués. Si Max s'est régalé, pour Anne qui n'est pas très viande de base, c'était plus compliqué mais on a vraiment eu bon quand même. C'était un moment de partage très agréable et, pour le coup, une vraie découverte culinaire.

Il y régnait une énergie dingue, surtout dans le hall où se cuisinent des tonnes de plov dans d'immenses chaudrons, appelés kazans, la photo ci-bas parlant d'elle-même. Les chefs plov ont également un nom: les osphaz, qui peuvent cuisiner un repas pour 1.000 personne avec un seul kazan. Il y avait également de nombreux fours à pains, cuits traditionnellement directement sur la paroi chaude de l'intérieur du four.

 Expérience unique!

C'est donc avec l'estomac plus que rempli que nous terminons cette belle journée ensoleillée par un passage dans le plus grand parc de Tachkent: le parc national Alisher Navoi. D'une superficie de 65 hectares, ce gigantesque espace vert est un lieu paisible, qui semble bien loin de l'agitation de la capitale. Le parc a été construit dans les années 30 et porte le nom du poète et penseur turc.

On y trouve notamment un lac, des fontaines, des monuments, des prairies, de nombreuses fleurs colorées et également... Des plages de sable le long d'un étang. Un vrai plaisir de s'y promener au calme, nous laissant le temps de digérer mais également d'être reconnaissants pour tous ces moments magnifiques que l'Asie Centrale nous a offerts. Car oui, toutes les bonnes choses ont une fin comme on dit, et c'est ici que s'achève pour nous ce grand chapitre de notre périple qu'est l'Asie Centrale.

Le parc national d'Alisher Navoi 

On ne peut qu'être émus en écrivant ces lignes, ces pays nous ayant appris tellement de choses. La célèbre phrase "Le voyage est la seule chose qu'on achète qui nous rend plus riche" prenant alors tout son sens. Nous étions loin de nous imaginer que ces pays, si méconnus, nous plairaient autant et nous offriraient un tel accueil. Il y règne une hospitalité et bienveillance naturelle, une générosité à laquelle nous ne sommes clairement pas habitués. Ici, tout le monde semble vivre à l'extérieur, tout le monde socialise et partage avec les autres.

C'est le cœur rempli et l'esprit bien plus ouvert que nous allons ouvrir le prochain chapitre de notre Tour du Monde: l'Asie du Sud Est. Pour être complètement honnêtes, on se sent si bien ici, qu'on a pas envie de partir. Ou du moins, pas tout de suite.

Chère Asie Centrale, merci pour tout. Tu nous as séduits au premier coup d'œil et nous as remplis le cœur et la tête de souvenirs uniques. Ce n'est définitivement qu'un au revoir!