Vendredi 30 septembre. Nous voilà donc à la porte d'un nouveau mois, dont la moitié devait se dérouler au bord d'un magnifique lac au Kirghizistan, dans une éco-ferme pour laquelle nous allions travailler en échange de la nourriture et du logement chez le fermier. Si voyager est une expérience géniale, elle peut s'avérer aussi être fatigante par moments, à force de bouger sans cesse... Bref, on avait envie et besoin de nous poser et nous rendre utile, et ce workaway tombait à pic.
Sauf que voilà... Quelques heures avant de prendre le bus, Max regarde ses mails un peu par hasard, et quelle ne fût pas notre surprise lorsque nous découvrons un message laissé par le fermier. Une phrase, qui allait tout changer: "Sorry, my plans have changed, I can't host you." Pas d'explications, rien de plus que ces neuf mots qui nous laissent, pardon pour l'expression, sur le cul!
Le bus va démarrer et nous montons dedans, direction Chimkent au Kazakhstan, comme c'était prévu de base. Pour le reste, il faudra bien aviser... Après environ quatre heures de trajet et un passage de frontière assez facile, nous voilà bien arrivés à notre auberge de jeunesse!
Remettons les choses dans leur contexte avant de continuer cet article. Nous sommes dans une période assez compliquée, car Poutine vient de lancer sa mobilisation dans la population russe pour que les hommes partent au combat en Ukraine. Résultat: énormément d'hommes décident de fuir le pays, en quittant tout (famille, enfants, travail, maison, animaux,... impossible à imaginer!) et se dirigent vers les pays de l'Asie Centrale. Par conséquent, tous les logements sont réservés et il ne reste rien, ou alors des logements à 300€ la nuit. Sur Booking, certains jours, il n'y avait tout simplement plus d'offre, ce qui est juste incroyable.
La loi de l'offre et de la demande étant ce qu'elle est, certaines petites auberges ou guest houses en "profitent" pour augmenter drastiquement leur prix, pendant que d'autres hôtes annulent des réservations à la dernière minute, car ils ont trouvé quelqu'un prêt à payer plus... Bref, une vraie crise du logement qui ne nous facilite vraiment pas la tâche.
En parallèle, il règne une ambiance assez particulière et triste. Jusqu'à la fin de notre périple en Asie Centrale, nous avons rencontré beaucoup de Russes qui nous ont raconté leur histoire, toutes aussi difficiles à entendre les unes que les autres. Puis il faut aussi imaginer que nous, nous avons choisi d'être là mais eux, ils n'en ont pas envie. Nous on est deux et heureux, mais eux sont seuls et donneraient beaucoup pour retrouver leur moitié et famille. Bref, ce n'était pas évident.
S'ajoute à cela des tensions entre le Kirghizistan et le Tadjikistan, qui viennent de se bombarder mutuellement à la frontière. On sait que nous n'irons pas séjourner à la ferme, mais quid du reste du pays? N'irons-nous pas du tout au Kirghizistan du coup? Mais si on ne va pas là, on va où? Nous avions réservé notre billet d'avion pour l'Asie du Sud-Est en fonction du workaway que nous devions faire, nous voilà donc avec un bon mois devant nous.
Le Kazakhstan est un pays immense et rempli de parcs nationaux, mais à cause de la crise du logement, impossible de nous rendre à Almaty, où nous aurions aimé y passer quelques jours. Pourquoi ne pas monter à la capitale, à Astana? Bof, même soucis d'hébergement, c'est loin, et il neige déjà! Nous qui étions encore sous le soleil ouzbek il y a quelques heures, c'est difficile à imaginer, puis surtout, nous ne sommes pas équipés. Faire marche arrière et retourner en Ouzbékistan pour visiter Tashkent? A nouveau, il ne reste plus aucun logement abordable.
Voilà donc pourquoi l'article s'intitule ainsi: nous avons été dans un vrai moment de flottement à Chimkent, ne sachant dans quel pays aller ni que faire, et nous sentant un peu bloqués...
Pour la première fois du voyage, nous allions dormir en dortoir. On pensait que ça nous arriverait plus souvent que cela, mais au final, à deux, ça revient souvent au même prix de prendre une chambre privée. Arrivés à la réception, on nous annonce que finalement il n'y a pas de dortoirs mixtes, et que nous allons être chacun dans un dortoir séparé. Très bizarre de se dire bonne nuit le soir et partir chacun de notre côté, mais au final c'était aussi plutôt drôle d'avoir chacun notre petit lit et nos colocataires! On y a d'ailleurs rencontré Akmal, un kazakh qui est amené à voyager plusieurs fois par an en Belgique, à Courtrai, pour son travail. Le monde est petit, c'est ça?
Si nous devions de base passer deux jours à l'auberge, nous y sommes finalement restés cinq. Chaque jour nous faisions face au même problème: on ne sait pas où aller et on est bloqués d'une certaine façon à Chimkent. Malheureusement, et malgré ses grands espaces de travail, l'hostel n'était pas équipé d'une bonne connexion wifi ni d'une cuisine, nous obligeant chaque jours à squatter un café, ce qui nous a fait une note plutôt salée à la fin du séjour! Il y avait également un centre commercial, où un étage entier était dédié à la (mal) bouffe, mais où on y trouvait toujours un petit quelque chose à nous mettre sous la dent.
Côté positif de ces journées de flottement: on avait beaucoup de temps pour avancer dans le blog, essayer de retomber sur nos pattes après la déception du workaway, nous reposer et même se mettre le temps de quelques heures au dessin.
Nous avons également profité du beau ciel bleu et du soleil qui embellissaient ces journées de doute. Chimkent, au style assez soviétique, est une petite ville plutôt perdue et industrielle, avec peu de points d'intérêts d'un point de vue touristique, si ce n'est une maison à l'envers!
Il y a également un monument aux morts de la seconde guerre mondiale, dans le parc Abaya, qui est assez impressionnant. On y trouve des chars, un avion de chasse mais surtout la liste interminable de tous les soldats kazakhs morts au combat.
Le brouillard ne s'est pas encore complètement levé sur nos doutes pour la suite du voyage, mais un petit éclaircissement est tout de même apparu: nous avons trouvé un appartement libre pour un prix raisonnable dans une autre petite ville tout aussi perdue du Kazakhstan, Taraz. Au moins, nous aurons une connexion wifi correcte, une cuisine, une machine à laver et nous ne serons plus obligés de dépenser une fortune à passer nos journées dans un café. Hourra!