Vendredi 26 août. On ne le sait pas encore, mais une incroyable aventure nous attend pour la semaine qui est devant nous. Impossible de passer en Géorgie sans profiter de ses belles montagnes vertes! C'est donc naturellement que nous avons décidé de nous rendre à Mestia et d'arpenter le célèbre trek de quatre jours jusqu'au village d'Ushguli, uniquement accessible par la marche ou une "route".
C'est à ce moment que nous avons fait la connaissance des marchroutkas, une sorte de mini bus aux chauffeurs bien excités, qui nous auront été au final bien utile tout au long de ce mois dans le pays. Sept heures de marchroutka séparent Batoumi de Mestia, et une chose est sûre: on n'était pas certain d'arriver entier jusqu'à destination!
Tout d'abord, les animaux sur la route: vaches, cochons, ânes, chèvres,... Tout y passe, et les chauffeurs se transforment alors en pro de slaloms, au plus grand plaisir pour nos estomacs qui heureusement sont +- bien attachés (pas le cas pour tous les occupants du bus, dont un petit et sa maman qui ont rendu leur petit-déjeuner...). Ensuite, les routes sinueuses de montagnes. Se laisser conduire sur ces routes (qui à partir d'un moment n'en sont même plus d'après Google Maps) qui sont à flan de montagne, nous permettent de tester notre niveau de tolérance au vertige.
Nous craignions également pour nos sacs à dos, pour qui le sort était encore plus sensationnel que le nôtre: ils étaient sanglés sur le toit du marchroutka. La petite montgolfière souvenir de Cappadoce en a d'ailleurs profité pour reprendre ses fonctions et s'est piquée un envol. On espère qu'elle se porte bien là où elle a atterrit. Bref, un trajet qui s'avère être en fait une attraction forte mais qui nous permet tout de même d'arriver (entier!!) dans la charmante petite ville de Mestia.
Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Mestia est située au pied de magnifiques montagnes enneigées, à quelques kilomètres seulement de l'Elbrouz, point culminant de l'Europe avec ses 5.643 mètres d'altitude. Mestia est au cœur de la Svanétie, qui est localisée dans le versant sud des montagnes du Grand Caucase, et qui s'avère être la région la plus élevée d'Europe. Particularité qui attise vite notre curiosité: les tours de guet qui se trouvent partout dans la ville et aux alentours. Tout au long de notre trek, dans chaque village que nous avons traversé, il y avait également plusieurs tours défensives, qui servaient dans le passé à protéger le village en cas d'attaques.
Nous avions réservé deux nuits dans une maison d'hôte tenue par deux sœurs, Inga & Irma, toutes les deux de vraies mamans aux petits soins pour nous. Un réel plaisir d'y séjourner, on s'y sent comme à la maison! Un petit déjeuner plus que copieux, un jardin relaxant, et la nature au pied de la porte. On a même eu droit à un petit show de piano de la part d'Inga pendant que nous profitions du petit-déjeuner.
Mestia est un endroit vraiment sympa, pas très grand mais c'est tant mieux! Après notre séjour en ville à Batoumi, on est plus qu'heureux d'être ici. A quelques pas de notre logement se trouvait l'hôtel Seti qui faisait également restaurant. C'est simple: nous y sommes retournés bien trois fois, pour profiter de leur connexion internet tout en mangeant à notre faim sans trop nous ruiner. Chaque soir à 20h, c'était concert de chants géorgiens avec parfois un danseur pour accompagner ce jolie spectacle! Ici, la célèbre Kachapuri ne se sert plus en forme de bateau, mais plutôt comme un pain fourré (on préfère cette présentation, un délice!).
JOUR 1: De Mestia à Zhabeshi - 16,93 km, 5h23, D+ 798m D- 563m
Dimanche 28 août. Les sacs à dos sont réglés, les gourdes sont remplies, les chaussures sont nouées. C'est parti pour commencer ce premier jour de marche en étant bien reposés et, surtout, motivés!
Quelques mètres sont à franchir pour sortir de Mestia, et rapidement nous nous trouvons sur des sentiers en pleine nature. Plus de touristes, plus de marchroutkas, juste nous et la montagne. Ah, en fait, non... Il y a des vaches, un peu partout! Pendant toute la durée du trek, nous avons du franchir une multitude de troupeaux de vaches (en se demandant bien comment elles arrivent à une telle hauteur en montagne), parfois sans crainte mais pas toujours. Parmi ces troupeaux se trouvaient souvent des beaux taureaux également... Face à eux, on ne faisait clairement pas les fiers. Mais en réalité, elles avaient l'air de pas mal s'en faire de notre présence (ouf!).
Nous atteignons sans trop de difficultés le point le plus haut du jour, à 2.737 mètres, nous offrant une vue incroyable sur la vallée de Svanétie, dominée par le Mont Tetnuldi. Ce sommet enneigé haut de 4.858 mètres nous suivra alors longtemps le long de la journée, comme s'il nous surveillait d'une certaine façon.
Nous rencontrons alors sur le chemin un jeune couple de Lyonnais, avec qui nous avons partagé un bon bout de chemin. Ils étaient accompagnés d'un jeune chien "sauvage", qui les suivait depuis quelques kilomètres déjà. Il est vite devenu notre guide, pressant le pas devant, nous indiquant la route. Quoi que... On s'est pas mal perdu pendant ce moment de marche partagée. Il faut dire qu'on avait bon de parler un peu français avec les Lyonnais, et nous suivions parfois bêtement le chien qui s'avère, au final, ne pas être un GPS programmé sur Zhabeshi.
Après la traversée d'un petit village et ses nombreux cochons, d'une rivière au courant assez féroce, et d'un pont plutôt bancal, nous sommes enfin arrivés sans embûches à notre première pension.
Nous sommes alors accueillis chez Lali, une grand-mère qui se coltine son petit-fils qui semble un peu lui courir sur le haricot. Il faut dire qu'il en a de l'énergie, le petit Dimitri. Il comprend vite qu'on peut bien s'entendre et on passe pas mal de temps à s'occuper de lui, en jouant tantôt au foot, tantôt à cache-cache. Comme si nous faisions maintenant partie intégrante de la famille, Lali nous appelle pour le goûter. Une bonne pastèque bien juteuse qu'on partage tous les trois.
Nous sommes ensuite allé profiter, à quelques centaines de mètres de la maison, du cours d'eau (au courant très impressionnant) qui descendait tout droit d'un glacier. Sans le savoir, on s'est retrouvé dans un petit coin de paradis, à manger quelques cookies, les pieds dans l'eau (pas plus de 10 secondes quand même parce que c'est, comme sa source l'indique, glacé!).
La maison de Lali accueillait également un autre jeune couple, un parisien et une allemande avec qui nous avons sympathisé et que nous avons recroisé à plusieurs reprises durant ces quatre jours. Nous partageons alors un repas bien généreux puis faisons la rencontre de Baloo. Ce chien, qu'on pourrait facilement confondre avec un poney ou un petit ours de par sa taille gigantesque, s'avère être un brave toutou qui ne demande que de l'affection.
La nuit tombe alors lentement sur Zhabeshi, pendant que nous sommes tous dehors à discuter, comme pendant une belle soirée d'été entre amis. Au loin, des lampes frontales s'approchent (il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de passage, voir pas du tout), et des hommes parlent bien fort, en titubant. Mince, ils se dirigent vers notre jardin qui était si paisible! Plus de peur que de mal, il s'agit en fait de trois hommes, dont deux fils de Lali, qui reviennent de la montagne plutôt bien éméchés. En fait, aujourd'hui est un jour férié pour les orthodoxes, qui célèbrent le Maria Day, l'Assomption de la Vierge Marie. Tous les hommes s'en vont alors dans la montagne, se retrouvent autour des morts de leurs familles et versent de la chacha (eau de vie typique de la Géorgie) et du vin sur les tombes. Pendant tout ce temps, ils boivent également des quantités assez impressionnantes d'alcool (oui, pour nous liégeois, ça nous impressionne! C'est pour vous dire…).
Ils nous invitent alors à se joindre à eux. Lali apporte des abats de chèvre, des verres et quelques grosses bouteilles de plusieurs litres de vin fait maison. Et là, c'est parti pour une des soirées les plus mémorables du voyage! Un tamada est désigné, en général l'homme le plus gros et le plus fort, et sera responsable de lancer des toasts tout au long de la soirée. Attention, ce ne sont pas des toasts comme on fait chez nous. Non, ici, ce sont des sujets bien plus profonds qui sont à l'honneur, et le tamada fait un long speech avant que nous buvions. Ah la boisson! Parlons-en... Du vin fait maison, qui goûte réellement l'animal. Serait-ce parce qu'on a du le boire dans des cornes de chèvres? Peut-être... Parce que oui ici, les verres sont en fait des cornes, qui sentent bien fort. Un par un, nous devions affonner notre corne remplie à ras bord. Assez amusant, mais ils ont une fameuse descente.
Ils étaient incroyablement respectueux envers nous, un seul des trois parlait anglais, et il prenait toujours la peine de tout nous expliquer. Ils étaient tous pompettes, mais restaient bienveillants et on ressentait que c'était un vrai plaisir pour eux de nous accueillir à leur table et partager leur culture avec nous. En écrivant ces lignes, on a le sourire aux lèvres en les revoyant rigoler et, surtout, chanter des chants géorgiens avec leurs trois voix graves qui résonnaient dans la vallée, des frissons! Un moment unique, qu'on est pas prêt d'oublier.
JOUR 2: De Zhabeshi à Adishi - 11,84 km, 4h35, D+ 969m D- 519m
C'est donc avec une petite gueule de bois que nous entamons cette seconde journée de marche. Heureusement, l'ascension qui nous attendait nous a vite fait transpirer l'alcool de la veille, non sans peine. En effet, bien que cette journée soit la plus courte en termes de kilomètres, elle était loin d'être la moins fatigante. C'est bien simple: ça grimpe, ça grimpe et puis... Ça grimpe encore! Et quand on pense que c'est fini, on remonte la tête... Et il y en a encore! Le mari de Lali nous avait fait don de son bâton de marche, qui s'avéra être bien utile pour cette journée. L'avantage de cette montée est que nous avons assez rapidement une vue dégagée sur les belles montagnes qui nous entourent.
Après deux bonnes heures de montée, passant notamment par la station de ski du fameux Mont Tetnuldi, nous arrivons à l'altitude d'environ 2.500 mètres. À partir de là, le chemin devient bien plus agréable. Passant par des zones tapissées de fleurs sauvages, le tout chapeauté par la pointe enneigée du Mont Tetnuldi, ce passage était en effet très beau.
La journée a alors suivi son cours. Nous sommes passés par une forêt, des petits ruisseaux,... puis avons lentement atteint la destination du jour: le (très) petit village d'Adishi.
Situé à 2.040 mètres d'altitude, ce village montagneux est composé de seulement 44 habitants. Autant vous dire qu'ici, on se sent encore plus loin de tout. Terminé la connexion wifi (et c'est tant mieux!), ici tout semble fonctionner à l'ancienne. Les vaches et cochons sillonnent les rues assez défraîchies, et rentrent dans le jardin sans gêne aucune.
Notre logement viendra rapidement confirmer ce ressenti: la maison est assez bancale et elle donne l'impression qu'un simple coup de vent viendrait l'effondrer. Un peu comme si nous étions sur un château de cartes... Nous dormons à l'étage, et devons passer un couloir rempli de petites fenêtres, les 3/4 cassées, où le vent s'engouffre alors farouchement dans la maison.
Ici, on a plus été servi par les enfants que les adultes. Étonnamment, ça ne nous choque pas plus que ça, pourtant quand on y réfléchi, on est loin de pouvoir rencontrer ce genre de scénario en Belgique. Un enfant qui vous cuisine votre souper et s'occupe d'à peu près tout, ça passerait plutôt moyen. Pour notre plus grand bonheur, la famille avait deux petits chiots, dont un qui ressemblait d'ailleurs à une peluche qui était trop passée à la machine à lessiver.
Puisque nous sommes au milieu de nulle part, on est "obligés" de souper et déjeuner chaque jour chez nos hôtes. Ils proposent également de nous faire une lunch box pour le repas de midi. Et à chaque fois, c'est un vrai régal! Des repas très diversifiés, mais surtout délicieux. Cette fois-ci, nous partageons le logement avec un couple d'italien, également très sympathiques.
JOUR 3: D'Adishi à Iprali - 18,64 km, 5h50, D+ 1.115m D- 1.233m
Nous commençons cette troisième journée avec un petit stress derrière la tête: nous savons qu'une épreuve semblant être tout droit sortie de Koh Lanta nous attend. Nous n'avons en effet pas le choix que de traverser la rivière d'Adishi, à savoir un torrent qui s'écoule du glacier au pied duquel nous allons nous trouver.
Deux options s'offraient alors à nous: tenter la traversée à pieds (à nos risques et périls) ou prendre la carte joker, à savoir la franchir à cheval. Il faut savoir que notre budget était un peu limité à ce moment là (nous n'avions pas prévu assez de cash), du coup nous offrir une petite initiation équestre aurait été du luxe (environ 8€ pp, ce qui est énorme pour la Géorgie et la distance à traverser…). En attendant de prendre la décision, nous avions quelques kilomètres à marcher le long de cette fameuse rivière. Les premiers rayons de soleil venaient nous réchauffer en douceur, tandis que nous traversions des paysages déjà très beaux.
Bon, maintenant ça y est: nous devons faire face à ce challenge, qui s'avère être encore plus impressionnant que ce qu'on avait imaginé. Le courant semble être particulièrement en colère et les marcheurs de l'autre côté ont l'air bien trempés. "Come on, come on!" nous disaient-ils. Dubitatifs mais voyant que plusieurs personnes venaient d'y arriver avant nous, nous laissons les chevaux, délaçons nos chaussures et nous jetons littéralement à l'eau (glacée!). En quelques secondes, l'eau nous arrive déjà à la taille et le courant nous emporte violement. Heureusement, le couple d'italiens avec qui nous avions partagé le logement nous sont rapidement venus en aide, nous tendant des bâtons et nous agrippant comme ils le pouvaient. Ça y est, on l'a passée !!!!! Mais quel sentiment! On se prend alors des fous rires incontrôlés, on a une joie immense qui se propage dans tout notre corps et surtout un regain d'énergie, nous donnant l'impression que, si on a réussi à franchir ce torrent, alors plus rien ne peut nous arrêter!
C'était un moment vraiment incroyable à vivre, et c'était plutôt amusant de voir comme tous les autres marcheurs se trouvaient dans le même état que nous, des sortes d'imbéciles heureux, trempés jusqu'à l'os mais reconnaissants d'être là, ici, maintenant, tout simplement. On prend alors le temps de se poser quelques instants, juste pour profiter de cette vue incroyable au pied du glacier d'Adishi (et de sécher un peu...).
Il n'est tout de même pas temps de nous reposer sur nos lauriers, une fameuse ascension de deux heures nous attendant directement après la rivière. C'est simple, nous devions gravir la montagne au pied de laquelle nous nous trouvions, atteindre la crête et ensuite redescendre de l'autre côté jusqu'au prochain village. Nous sommes vraiment impressionnés de la vitesse à laquelle on prend de la hauteur en montagne: nous voilà de nouveau face à des paysages à couper le souffle. Au milieu de nombreux rhododendrons, nous capturons quelques clichés le temps de reprendre de temps à autre notre souffle. Par moment, nous entendons le glacier gronder, et nous avons eu la chance de voir quelques mini avalanches. A nouveau, fameusement impressionnant!
Nous atteignons alors le pass de Chkhunderi, situé à 2.721 mètres, il nous offre une vue imprenable à 360° sur les montagnes nous entourant, mais également sur le glacier Adishi. Là, nous laissons nos sacs à dos et faisons un détour le long de la crête, nous menant alors à une petite colline à 2.800 mètres d'altitude, qui dévoile une vue spectaculaire sur le glacier. De là, seulement une montagne nous séparait de la Russie.
Après avoir bien profité de ce point de vue, nous entamons alors la descente jusqu'au village d'Iprali. Pendant ces deux dernières heures de marche, nous profitons du calme de la montagne et passons par le village presque abandonné de Khalde. Ici, une seule famille y habite. C'était assez particulier de traverser cet endroit au lourd passé. En effet, refusant de payer des taxes à la Russie, le village a été totalement anéanti par les soldats russes il y a seulement quelques dizaines d'années. Les habitants qui avaient réussi à fuir dans les montagnes ou dans les villages voisins ont tous été finalement tués ou envoyés au fin fond de la Sibérie. Plusieurs années après ce drame, un couple a décidé de venir s'installer parmi toutes ces ruines.
Nous voilà arrivés à destination: Iprali. Ce très petit village n'a pas beaucoup de guest house, et nous nous retrouvons alors dans un logement avec plusieurs autres marcheurs, que nous avons croisé depuis le début de notre trek. Notamment, le couple de la guest house de Lali et les Italiens. Nous méritons alors bien une bonne bière géorgienne, avant de partager un bon repas. Rien à voir avec les chambres que nous avions eu les derniers jours, ici la maison n'est pas bancale et les lits sont bien beaux, rien ne penche, tout semble être à niveau!
JOUR 4: D'Iprali à Ushguli - 13,28 km, 3h52, D+ 753m D- 584m
Le dernier jour de cette aventure se lève déjà. Plus que treize kilomètres nous séparent du village d'Ushguli. Situé au pied du Mont Chkhara (5.203 mètres - point culminant de la Géorgie) et à environ 2.100 mètres d'altitude, ce village formé de quatre communautés et habité par 200 personnes est le village habité le plus haut d'Europe.
Cette journée a été vraiment différente des autres. Il semblerait qu'on ait tous réglé notre réveil sur la même heure de départ dans le village et nous nous retrouvons à être un beau petit groupe de marcheurs à se suivre à la queuleuleu. Pour être honnête, ce n'est pas ce qu'on préfère. On aime le calme et aller à notre rythme, tout en s'arrêtant à notre gré pour faire une pause ou photographier un beau point de vue. Ceci dit, ça n'a pas été ainsi pour tous les kilomètres mais seulement par parties.
Grâce à ça (et aux jours précédents où on se croisait souvent), on a pu notamment faire la rencontre de Florian, un Français qui a un projet assez similaire au nôtre: rejoindre le Japon en prenant le moins d'avions possible. Par conséquent, nous avons beaucoup de destinations en commun et nous échangeons encore régulièrement à ce sujet via les réseaux. On a aussi fait l'agréable rencontre de Gaëlle, chercheuse sur les frontières qui ne sont pas encore clairement définies. Elle nous en a appris beaucoup sur les deux régions entre lesquelles nous nous trouvions: l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud , toutes deux géorgiennes mais sous occupation Russe.
Sur le chemin, on a croisé notre premier serpent, inoffensif car mort, mais nous rappelant qu'on se dirige vers une faune qui sera bien différente de notre gibier belge. Un petit papillon a aussi décidé de faire une partie du chemin avec Max, sur son bâton de marche. Sinon, niveaux animaux croisés, ce sont les traditionnels chevaux, vaches, cochons et chèvres qui l'emportent haut la main.
Quelques centaines de mètres avant d'atteindre notre destination finale, nous avons fait un petit crochet par Murkmeli, une des quatre communautés formant Ushguli. Ce mini village aux airs d'abandons attire bien moins les touristes, et s'atteint après la traversée d'un pont très (très) bancal.
Après ce passage hasardeux, un décor de carte postale nous attend: un cheval sauvage, mangeant tranquillement le long de l'eau, avec les montagnes en fond… C'est simple comme scénario, et pourtant c'est d'une beauté incroyable! Merci la vie pour ce moment unique.
La réalité nous rattrape vite lorsqu'on se trouve bloqués devant cette entrée de "propriété privée", nous obligeant de payer 2GEL par personne (environ 0,75€) pour la franchir. Il faut dire que faire demi tour à ce stade n'était vraiment pas envisageable (à seulement quelques mètres de l'arrivée officielle!), et l'option de la traverser en courant l'était encore moins car un beau gros chien faisait office de passeur de frontière. Pas le choix donc, et on comprend vite qu'Ushguli est, contrairement aux autres villages atteignables uniquement par la marche, assez touristique.
Après une bonne soixantaine de kilomètres hauts en couleurs, nous voilà officiellement arrivés à destination! Un sentiment d'accomplissement nous porte et c'est presque ému qu'on recroise nos compagnons de marche qui nous félicitent d'avoir également réussi ce challenge. On se pose alors en terrasse avec quelques copains français, dont Florian, pour partager une bonne bière géorgienne et une grosse part de cake.
C'est honteux mais on était tellement heureux d'arriver et nous poser, que nous relever pour aller visiter le village nous a demandé un effort monstrueux. Il faut dire qu'on a trouvé que c'était le village le moins charmant de ceux visités depuis le début, mais il restait tout de même très beau.
Il est temps pour nous de redescendre alors jusque Mestia. Pas si simple, car il y a une sorte de "mafia" des taxis du village, qui refusent que les bus touristiques (qui amènent des touristes directement depuis Mestia) reprennent des marcheurs. Le meilleur moyen est de partager un taxi avec d'autres personnes, sauf qu'on est deux et que les autres sont soit cinq, soit simplement partis car nous sommes déjà fin d'après-midi. C'est là que le hasard de la vie entre une nouvelle fois en scène et nous met sur notre chemin Marc et Jerry, deux Québécois qui redescendent à Mestia, et en plus dans leur propre voiture! Un luxe, et pour s'éviter de se faire réprimander par les taximans, on décide de marcher, accompagnés d'un gentil chien, quelques centaines de mètres plus loin à l'abri des regards pour qu'ils nous chargent sans danger. Il se trouve que les deux bonnes heures de trajet passent à la vitesse VV' en compagnie de Marc et Jerry, car on a simplement bon de discuter. Ils sont d'une gentillesse incroyable et s'avèrent être de vrai globe trotteurs! Les deux heures n'ayant pas suffit, ils nous proposent qu'on se retrouve le soir-même pour partager un resto (à l'hôtel Seti, encore et toujours) et continuer de partager nos histoires respectives. Comment mieux clôturer cette aventure? On passa ensuite une dernière nuit chez Inga et Irma, qui nous accueillent en nous serrant dans leurs bras, elles sont si maternelles!
Si vous êtes arrivés jusqu'à ces lignes c'est que vous êtes des lecteurs aguerris! Cet article est particulièrement long et pourtant on y raconte qu'une partie de toutes les anecdotes qui ont rendu ce trek si mémorable. Merci de suivre nos aventures, ça nous chauffe le cœur. Prochaine destination: Koutaïssi!