Carnet de voyage

Géorgie

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Au pays du vin et des montagnes
Du 22 août au 15 septembre 2022
25 jours
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Lundi 22 août. Nous voilà arrivés à Hopa, où nous nous étions laissés dans notre dernier carnet de voyage concernant la Turquie. Il est temps pour nous de passer la frontière et de mettre les pieds dans notre prochaine destination: la Géorgie!

Ce pays au riche passé historique, avec un territoire couvert à 80% par des chaînes montagneuses et plateaux nous promettant des vues à couper le souffle, se trouve en fait comme la Turquie entre deux continents, l'Europe et l'Asie. Nous qui pensions être définitivement en Asie après Istanbul, que nenni!

D'un point de vue géographique, la Géorgie fait partie des trois pays composant la Transcaucasie (avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan) et est située entre le Grand Caucase (à la frontière russe) et le Petit Caucase (au sud du pays). Le Caucase étant une région de l'Eurasie se constituant de montagnes qui s'étendent sur 1200 km.

 Un peu de géographie

La monnaie ici est le lari (GEL) et, grosse particularité, la Géorgie possède son propre alphabet qui se trouve être un des plus ancien au monde (4ème siècle av. J-C). Parmi les 5000 langues qu'il y a dans le monde, seules 14 sont des scripts uniques, dont le Géorgien. Ca promet d'être compliqué pour (se faire) comprendre, mais ça attise notre curiosité et on a hâte de découvrir ce pays et sa culture qui s'ouvrent à nous.

L'alphabet géorgien, le Mkhedruli 

Mais avant d'explorer cette nouvelle contrée, nous devons donc passer la frontière. Arrivés à Hopa, nous nous posons le temps de dîner. On s'assied à une table où se trouvent déjà deux hommes (dont un qui nous offrit un dernier çay, accepté avec plaisir!) et arrive rapidement une femme, Nargiz, qui nous accueille et nous parle comme si on se connaissait depuis toujours. Aucun ne parle anglais, mais on arrive à se comprendre, et il se trouve qu'elle va également passer la frontière car elle habite à Batoumi, qui n'est rien d'autre que notre premier stop dans le pays! Que le hasard fait bien les choses... Nous voilà la tâche bien facilitée, car à partir de ce moment il nous a suffit de suivre Nargiz (à la baguette!) pendant tout le processus de passage de frontière.

Dernier repas turque 

Nous avons tout d'abord pris un minibus ensemble, elle a insisté pour que nous ayons tout devant, à côté du chauffeur, pendant qu'elle portait le gros sac d'Anne sur ces genoux. On repère vite le fort caractère de Nargiz: ça doit aller vite, pas le temps de chipoter, elle dépasse tout le monde sans hésiter (ce qui lui aura valu quelques engueulades, qui semble-t-il ne l'atteignaient pas le moins du monde). Elle ne cessait de nous répéter qu'avec elle "No problem. Problem? No!". A la longue, on trouvait ça louche... En fait, elle avait un petite idée derrière la tête, son fils a besoin de cigarettes et il y a une limite de quantité qu'elle peut acheter. Elle souhaite simplement qu'on en achète en donnant nos passeports. Un peu ennuyés mais conscient qu'il n'y a pas grand danger non plus, et surtout on lui devait bien ça, nous acceptons. Ni une ni deux, elle ajoute alors une belle bouteille de whisky à nos petites commissions.

 Problem? No!

Après ce passage au duty-free, c'est parti pour dépasser une nouvelle fois une bonne cinquantaine de personnes. Elle a même réussi à nous faire passer du côté "Citoyens géorgiens", nous faisant économiser un bon temps d'attente!

Nouveau tampon sur le passeport! 

Nous devions alors prendre un bus direction Batoumi, et là c'était clairement la guerre pour rentrer dedans. C'était bien sûr sans compter sur Nargiz, qui nous avait gardé on ne sait comment deux places bien au chaud dans le fond du bus. Clou du spectacle? Elle nous paye le bus, car nous n'avions pas encore de carte de transport. Bien qu'elle ait été assez oppressante et qu'on n'avait plus le temps de penser par nous-même, on lui doit une fière chandelle. On espère trouver notre petite Nargiz à chaque frontière, ce serait formidable!

 Notre passeur personnel, Nargiz

Il ne nous restait plus qu'à atteindre notre logement. Difficile de s'y retrouver sans internet, ce que les autres passagers du bus ont vite compris. Ils étaient 6-7 à essayer de nous aider, à téléphoner à notre auberge pour qu'ils communiquent une adresse plus précise. Finalement, Nargiz nous a laissé son numéro de téléphone et un petit mot à montrer à tout le monde si on se perdait.

"Aidez ces deux imbéciles à trouver un toit, merci." 

Quelle arrivée au pays, ça promet pour la suite! En tout cas, on est bien arrivés entiers à Batoumi, troisième ville du pays et station balnéaire de la Mer Noire, où nous poserons nos bagages pendant quatre nuits.

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Considérée comme l'une des plus belles stations balnéaires de la mer Noire, nous étions préparés mentalement à arriver dans une ville plutôt touristique. Heureusement, notre maison d'hôtes se situait à l'extérieur de la ville, dans un coin plutôt calme et apaisant. On ne peut pas dire que la famille était des plus accueillantes, ce qui nous montre rapidement qu'on ne se trouve plus en Turquie... La barrière de la langue peut-être?

En tout cas, nous, on aura eu un petit coup de mou pendant ce séjour à Batoumi. Tout simplement tristes d'avoir quitté la Turquie, où on s'y sentait vraiment bien! Débarquer dans une ville/pays où on redémarre à zéro, où tout est à refaire: connaître le vocabulaire de base, s'habituer à la nouvelle monnaie, comprendre comment les Géorgiens fonctionnent, découvrir la carte du pays,... Un peu difficile à expliquer, mais on ne s'y sentait pas au top de notre forme.

Notre maison d'hôtes... Et sa déco particulière! 

Nous avons passé ces cinq jours à préparer notre voyage en Géorgie et à visiter la ville au contraste assez intéressant entre neuf et ancien. De tout nouveaux buildings se trouvent en face de vieux immeubles soviétiques défraichis, par exemple. Surnommée le "Las Vegas de Géorgie", cette ville compte en effet plusieurs casinos qui intensifient encore plus ce contraste.

 Une ville, deux ambiances

Bien évidemment, nous sommes allés nous baigner dans la fameuse mer Noire! Entourée de six pays (Turquie, Bulgarie, Roumanie, Ukraine, Russie et Géorgie), cette mer serait appelée ainsi de par sa couleur sombre (on ne pourrait y voir à plus de 100 mètres de distance). Nous, on l'a plutôt trouvée jolie cette mer et très transparente. Cependant, les énormes méduses qui s'y trouvaient et sa plage de gros cailloux nous ont moins donné l'envie d'y rester longtemps.

 Les plages de la mer Noire

Longeant la mer, le Bulvar (boulevard de Batoumi) offre une belle promenade de huit kilomètres pendant laquelle on peut admirer de nombreux points touristiques de la ville. Notamment, la majestueuse statue de huit mètre de haut d'Ali et Nino, qui se déplace lentement pour finalement ne former qu'un toutes les dix minutes.

 Flâner sur le Bulvar

Parmi ses autres attractions se trouve notamment l'Alphabetic Tower, une tour haute de 130 mètres, représentant le caractère unique de l'alphabet géorgien et du peuple. Autres beautés, la Piazza Tower et l'Europe Square. Cette place abrite une grande fontaine, faisant la joie des enfants, mais également la statue de Médée (princesse grecque) portant la toison d'or, symbolisant la richesse et prospérité du lien entre la Géorgie et l'Europe.

Le charme de Batoumi 

C'est sur cette fameuse place que nous avons décidé de mettre fin à notre sevrage. Hé oui! L'air de rien, ça faisait déjà 34 jours que nous n'avions plus bu une goutte d'alcool! Cet exploit dont nous ne sommes pas peu fier n'était pas du tout prévu de base. Le rapport à l'alcool en Turquie est complètement différent que celui qu'on connaît en Belgique, puis il faut dire qu'avec les températures écrasantes de ces dernières semaines, on avait en général envie que d'une chose: de l'eau bien fraîche! Plus les jours passaient, plus on se disait qu'au final, pourquoi pas tester le fameux "mois sans alcool"? Si un jour on nous avait dit qu'on y arriverait, qui plus est en plein été, on aurait eu du mal à y croire... Comme quoi, tout est possible. La Géorgie étant le pays du vin, nous avons contré le mauvais sort qui s'était abattu sur nous avec un bon (délicieux après autant de temps!) verre de rosé, sous le regard accusateur de Médée.

 A main, à bouche...!

En parlant de boisson, si vous comptez vous rendre un jour à Batoumi, nous vous recommandons vivement le Conte Bar. La cuisine est délicieuse et l'endroit vraiment sympa pour redécouvrir les joies de l'apéro ou simplement continuer à y goûter!

 Un régal, tout simplement

Côté nourriture, nous avions énormément entendu parler de la bonne cuisine géorgienne. Spoil: on n'a clairement pas été déçus tout au long de notre périple dans le pays! Généreuse et souvent assez grasse, cette cuisine est réconfortante et pendant tout ce mois passé ici, rare sont les fois où nous avons eu faim. Nous avons alors eu droit à notre première khachapuri, LE plat géorgien à goûter absolument. Présentée différemment en fonction d'où on se trouve dans le pays, nous l'avons dégustée ici en forme de bateau, remplie de fromage et ornée d'un jaune d'œuf. Nous étions assis juste à côté de la cuisine vitrée du restaurant, nous offrant en prime un beau spectacle.

 Khachapuri validé!

Nous voilà fin prêts à quitter cette ville et découvrir tout ce que ce pays nous réserve! La prochaine étape, et pas des moindres, sera de nous rendre en Svanétie, à Mestia plus précisément, pour arpenter les montagnes du Grand Caucase à la frontière russe. On vous prévient, ce moment a été magique et a rempli nos cœurs de souvenirs inoubliables et nos yeux de paysages à couper la souffle. On a hâte de partager ce moment hors du temps (et des civilisations!) avec vous! Merci à tous ceux qui nous suivent dans nos aventures, ça nous fait énormément plaisir.

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Vendredi 26 août. On ne le sait pas encore, mais une incroyable aventure nous attend pour la semaine qui est devant nous. Impossible de passer en Géorgie sans profiter de ses belles montagnes vertes! C'est donc naturellement que nous avons décidé de nous rendre à Mestia et d'arpenter le célèbre trek de quatre jours jusqu'au village d'Ushguli, uniquement accessible par la marche ou une "route".

C'est à ce moment que nous avons fait la connaissance des marchroutkas, une sorte de mini bus aux chauffeurs bien excités, qui nous auront été au final bien utile tout au long de ce mois dans le pays. Sept heures de marchroutka séparent Batoumi de Mestia, et une chose est sûre: on n'était pas certain d'arriver entier jusqu'à destination!

Tout d'abord, les animaux sur la route: vaches, cochons, ânes, chèvres,... Tout y passe, et les chauffeurs se transforment alors en pro de slaloms, au plus grand plaisir pour nos estomacs qui heureusement sont +- bien attachés (pas le cas pour tous les occupants du bus, dont un petit et sa maman qui ont rendu leur petit-déjeuner...). Ensuite, les routes sinueuses de montagnes. Se laisser conduire sur ces routes (qui à partir d'un moment n'en sont même plus d'après Google Maps) qui sont à flan de montagne, nous permettent de tester notre niveau de tolérance au vertige.

Nous craignions également pour nos sacs à dos, pour qui le sort était encore plus sensationnel que le nôtre: ils étaient sanglés sur le toit du marchroutka. La petite montgolfière souvenir de Cappadoce en a d'ailleurs profité pour reprendre ses fonctions et s'est piquée un envol. On espère qu'elle se porte bien là où elle a atterrit. Bref, un trajet qui s'avère être en fait une attraction forte mais qui nous permet tout de même d'arriver (entier!!) dans la charmante petite ville de Mestia.

Fast & furious version Géorgie 

Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Mestia est située au pied de magnifiques montagnes enneigées, à quelques kilomètres seulement de l'Elbrouz, point culminant de l'Europe avec ses 5.643 mètres d'altitude. Mestia est au cœur de la Svanétie, qui est localisée dans le versant sud des montagnes du Grand Caucase, et qui s'avère être la région la plus élevée d'Europe. Particularité qui attise vite notre curiosité: les tours de guet qui se trouvent partout dans la ville et aux alentours. Tout au long de notre trek, dans chaque village que nous avons traversé, il y avait également plusieurs tours défensives, qui servaient dans le passé à protéger le village en cas d'attaques.

 Mestia 

Nous avions réservé deux nuits dans une maison d'hôte tenue par deux sœurs, Inga & Irma, toutes les deux de vraies mamans aux petits soins pour nous. Un réel plaisir d'y séjourner, on s'y sent comme à la maison! Un petit déjeuner plus que copieux, un jardin relaxant, et la nature au pied de la porte. On a même eu droit à un petit show de piano de la part d'Inga pendant que nous profitions du petit-déjeuner.

 Bien accueillis!

Mestia est un endroit vraiment sympa, pas très grand mais c'est tant mieux! Après notre séjour en ville à Batoumi, on est plus qu'heureux d'être ici. A quelques pas de notre logement se trouvait l'hôtel Seti qui faisait également restaurant. C'est simple: nous y sommes retournés bien trois fois, pour profiter de leur connexion internet tout en mangeant à notre faim sans trop nous ruiner. Chaque soir à 20h, c'était concert de chants géorgiens avec parfois un danseur pour accompagner ce jolie spectacle! Ici, la célèbre Kachapuri ne se sert plus en forme de bateau, mais plutôt comme un pain fourré (on préfère cette présentation, un délice!).

 Resto préféré

JOUR 1: De Mestia à Zhabeshi - 16,93 km, 5h23, D+ 798m D- 563m

Dimanche 28 août. Les sacs à dos sont réglés, les gourdes sont remplies, les chaussures sont nouées. C'est parti pour commencer ce premier jour de marche en étant bien reposés et, surtout, motivés!

Que l'aventure commence! 

Quelques mètres sont à franchir pour sortir de Mestia, et rapidement nous nous trouvons sur des sentiers en pleine nature. Plus de touristes, plus de marchroutkas, juste nous et la montagne. Ah, en fait, non... Il y a des vaches, un peu partout! Pendant toute la durée du trek, nous avons du franchir une multitude de troupeaux de vaches (en se demandant bien comment elles arrivent à une telle hauteur en montagne), parfois sans crainte mais pas toujours. Parmi ces troupeaux se trouvaient souvent des beaux taureaux également... Face à eux, on ne faisait clairement pas les fiers. Mais en réalité, elles avaient l'air de pas mal s'en faire de notre présence (ouf!).

 Hello ladies

Nous atteignons sans trop de difficultés le point le plus haut du jour, à 2.737 mètres, nous offrant une vue incroyable sur la vallée de Svanétie, dominée par le Mont Tetnuldi. Ce sommet enneigé haut de 4.858 mètres nous suivra alors longtemps le long de la journée, comme s'il nous surveillait d'une certaine façon.

On tape la pose 

Nous rencontrons alors sur le chemin un jeune couple de Lyonnais, avec qui nous avons partagé un bon bout de chemin. Ils étaient accompagnés d'un jeune chien "sauvage", qui les suivait depuis quelques kilomètres déjà. Il est vite devenu notre guide, pressant le pas devant, nous indiquant la route. Quoi que... On s'est pas mal perdu pendant ce moment de marche partagée. Il faut dire qu'on avait bon de parler un peu français avec les Lyonnais, et nous suivions parfois bêtement le chien qui s'avère, au final, ne pas être un GPS programmé sur Zhabeshi.

Suivez le guide... Ou pas

Après la traversée d'un petit village et ses nombreux cochons, d'une rivière au courant assez féroce, et d'un pont plutôt bancal, nous sommes enfin arrivés sans embûches à notre première pension.

 Derniers kilomètres

Nous sommes alors accueillis chez Lali, une grand-mère qui se coltine son petit-fils qui semble un peu lui courir sur le haricot. Il faut dire qu'il en a de l'énergie, le petit Dimitri. Il comprend vite qu'on peut bien s'entendre et on passe pas mal de temps à s'occuper de lui, en jouant tantôt au foot, tantôt à cache-cache. Comme si nous faisions maintenant partie intégrante de la famille, Lali nous appelle pour le goûter. Une bonne pastèque bien juteuse qu'on partage tous les trois.

 "Dèmètreeeeeey!"

Nous sommes ensuite allé profiter, à quelques centaines de mètres de la maison, du cours d'eau (au courant très impressionnant) qui descendait tout droit d'un glacier. Sans le savoir, on s'est retrouvé dans un petit coin de paradis, à manger quelques cookies, les pieds dans l'eau (pas plus de 10 secondes quand même parce que c'est, comme sa source l'indique, glacé!).

 Après l'effort...

La maison de Lali accueillait également un autre jeune couple, un parisien et une allemande avec qui nous avons sympathisé et que nous avons recroisé à plusieurs reprises durant ces quatre jours. Nous partageons alors un repas bien généreux puis faisons la rencontre de Baloo. Ce chien, qu'on pourrait facilement confondre avec un poney ou un petit ours de par sa taille gigantesque, s'avère être un brave toutou qui ne demande que de l'affection.

Dimitri teste les limites de Baloo... 

La nuit tombe alors lentement sur Zhabeshi, pendant que nous sommes tous dehors à discuter, comme pendant une belle soirée d'été entre amis. Au loin, des lampes frontales s'approchent (il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de passage, voir pas du tout), et des hommes parlent bien fort, en titubant. Mince, ils se dirigent vers notre jardin qui était si paisible! Plus de peur que de mal, il s'agit en fait de trois hommes, dont deux fils de Lali, qui reviennent de la montagne plutôt bien éméchés. En fait, aujourd'hui est un jour férié pour les orthodoxes, qui célèbrent le Maria Day, l'Assomption de la Vierge Marie. Tous les hommes s'en vont alors dans la montagne, se retrouvent autour des morts de leurs familles et versent de la chacha (eau de vie typique de la Géorgie) et du vin sur les tombes. Pendant tout ce temps, ils boivent également des quantités assez impressionnantes d'alcool (oui, pour nous liégeois, ça nous impressionne! C'est pour vous dire…).

Ils nous invitent alors à se joindre à eux. Lali apporte des abats de chèvre, des verres et quelques grosses bouteilles de plusieurs litres de vin fait maison. Et là, c'est parti pour une des soirées les plus mémorables du voyage! Un tamada est désigné, en général l'homme le plus gros et le plus fort, et sera responsable de lancer des toasts tout au long de la soirée. Attention, ce ne sont pas des toasts comme on fait chez nous. Non, ici, ce sont des sujets bien plus profonds qui sont à l'honneur, et le tamada fait un long speech avant que nous buvions. Ah la boisson! Parlons-en... Du vin fait maison, qui goûte réellement l'animal. Serait-ce parce qu'on a du le boire dans des cornes de chèvres? Peut-être... Parce que oui ici, les verres sont en fait des cornes, qui sentent bien fort. Un par un, nous devions affonner notre corne remplie à ras bord. Assez amusant, mais ils ont une fameuse descente.

 Step by step

Ils étaient incroyablement respectueux envers nous, un seul des trois parlait anglais, et il prenait toujours la peine de tout nous expliquer. Ils étaient tous pompettes, mais restaient bienveillants et on ressentait que c'était un vrai plaisir pour eux de nous accueillir à leur table et partager leur culture avec nous. En écrivant ces lignes, on a le sourire aux lèvres en les revoyant rigoler et, surtout, chanter des chants géorgiens avec leurs trois voix graves qui résonnaient dans la vallée, des frissons! Un moment unique, qu'on est pas prêt d'oublier.

JOUR 2: De Zhabeshi à Adishi - 11,84 km, 4h35, D+ 969m D- 519m

C'est donc avec une petite gueule de bois que nous entamons cette seconde journée de marche. Heureusement, l'ascension qui nous attendait nous a vite fait transpirer l'alcool de la veille, non sans peine. En effet, bien que cette journée soit la plus courte en termes de kilomètres, elle était loin d'être la moins fatigante. C'est bien simple: ça grimpe, ça grimpe et puis... Ça grimpe encore! Et quand on pense que c'est fini, on remonte la tête... Et il y en a encore! Le mari de Lali nous avait fait don de son bâton de marche, qui s'avéra être bien utile pour cette journée. L'avantage de cette montée est que nous avons assez rapidement une vue dégagée sur les belles montagnes qui nous entourent.

Pas évident de rallumer le moteur ce matin 

Après deux bonnes heures de montée, passant notamment par la station de ski du fameux Mont Tetnuldi, nous arrivons à l'altitude d'environ 2.500 mètres. À partir de là, le chemin devient bien plus agréable. Passant par des zones tapissées de fleurs sauvages, le tout chapeauté par la pointe enneigée du Mont Tetnuldi, ce passage était en effet très beau.

Petit break noisettes 

La journée a alors suivi son cours. Nous sommes passés par une forêt, des petits ruisseaux,... puis avons lentement atteint la destination du jour: le (très) petit village d'Adishi.

Destination en vue! 

Situé à 2.040 mètres d'altitude, ce village montagneux est composé de seulement 44 habitants. Autant vous dire qu'ici, on se sent encore plus loin de tout. Terminé la connexion wifi (et c'est tant mieux!), ici tout semble fonctionner à l'ancienne. Les vaches et cochons sillonnent les rues assez défraîchies, et rentrent dans le jardin sans gêne aucune.

Le village d'Adishi 

Notre logement viendra rapidement confirmer ce ressenti: la maison est assez bancale et elle donne l'impression qu'un simple coup de vent viendrait l'effondrer. Un peu comme si nous étions sur un château de cartes... Nous dormons à l'étage, et devons passer un couloir rempli de petites fenêtres, les 3/4 cassées, où le vent s'engouffre alors farouchement dans la maison.

 Notre logement pour cette nuit

Ici, on a plus été servi par les enfants que les adultes. Étonnamment, ça ne nous choque pas plus que ça, pourtant quand on y réfléchi, on est loin de pouvoir rencontrer ce genre de scénario en Belgique. Un enfant qui vous cuisine votre souper et s'occupe d'à peu près tout, ça passerait plutôt moyen. Pour notre plus grand bonheur, la famille avait deux petits chiots, dont un qui ressemblait d'ailleurs à une peluche qui était trop passée à la machine à lessiver.

 En bonne compagnie

Puisque nous sommes au milieu de nulle part, on est "obligés" de souper et déjeuner chaque jour chez nos hôtes. Ils proposent également de nous faire une lunch box pour le repas de midi. Et à chaque fois, c'est un vrai régal! Des repas très diversifiés, mais surtout délicieux. Cette fois-ci, nous partageons le logement avec un couple d'italien, également très sympathiques.

 Il y en a pour tous les goûts

JOUR 3: D'Adishi à Iprali - 18,64 km, 5h50, D+ 1.115m D- 1.233m

Nous commençons cette troisième journée avec un petit stress derrière la tête: nous savons qu'une épreuve semblant être tout droit sortie de Koh Lanta nous attend. Nous n'avons en effet pas le choix que de traverser la rivière d'Adishi, à savoir un torrent qui s'écoule du glacier au pied duquel nous allons nous trouver.

Deux options s'offraient alors à nous: tenter la traversée à pieds (à nos risques et périls) ou prendre la carte joker, à savoir la franchir à cheval. Il faut savoir que notre budget était un peu limité à ce moment là (nous n'avions pas prévu assez de cash), du coup nous offrir une petite initiation équestre aurait été du luxe (environ 8€ pp, ce qui est énorme pour la Géorgie et la distance à traverser…). En attendant de prendre la décision, nous avions quelques kilomètres à marcher le long de cette fameuse rivière. Les premiers rayons de soleil venaient nous réchauffer en douceur, tandis que nous traversions des paysages déjà très beaux.

Les chevaux partent en mission 

Bon, maintenant ça y est: nous devons faire face à ce challenge, qui s'avère être encore plus impressionnant que ce qu'on avait imaginé. Le courant semble être particulièrement en colère et les marcheurs de l'autre côté ont l'air bien trempés. "Come on, come on!" nous disaient-ils. Dubitatifs mais voyant que plusieurs personnes venaient d'y arriver avant nous, nous laissons les chevaux, délaçons nos chaussures et nous jetons littéralement à l'eau (glacée!). En quelques secondes, l'eau nous arrive déjà à la taille et le courant nous emporte violement. Heureusement, le couple d'italiens avec qui nous avions partagé le logement nous sont rapidement venus en aide, nous tendant des bâtons et nous agrippant comme ils le pouvaient. Ça y est, on l'a passée !!!!! Mais quel sentiment! On se prend alors des fous rires incontrôlés, on a une joie immense qui se propage dans tout notre corps et surtout un regain d'énergie, nous donnant l'impression que, si on a réussi à franchir ce torrent, alors plus rien ne peut nous arrêter!

C'était un moment vraiment incroyable à vivre, et c'était plutôt amusant de voir comme tous les autres marcheurs se trouvaient dans le même état que nous, des sortes d'imbéciles heureux, trempés jusqu'à l'os mais reconnaissants d'être là, ici, maintenant, tout simplement. On prend alors le temps de se poser quelques instants, juste pour profiter de cette vue incroyable au pied du glacier d'Adishi (et de sécher un peu...).

Passera, passera pas? 

Il n'est tout de même pas temps de nous reposer sur nos lauriers, une fameuse ascension de deux heures nous attendant directement après la rivière. C'est simple, nous devions gravir la montagne au pied de laquelle nous nous trouvions, atteindre la crête et ensuite redescendre de l'autre côté jusqu'au prochain village. Nous sommes vraiment impressionnés de la vitesse à laquelle on prend de la hauteur en montagne: nous voilà de nouveau face à des paysages à couper le souffle. Au milieu de nombreux rhododendrons, nous capturons quelques clichés le temps de reprendre de temps à autre notre souffle. Par moment, nous entendons le glacier gronder, et nous avons eu la chance de voir quelques mini avalanches. A nouveau, fameusement impressionnant!

 Rhododendrons everywhere

Nous atteignons alors le pass de Chkhunderi, situé à 2.721 mètres, il nous offre une vue imprenable à 360° sur les montagnes nous entourant, mais également sur le glacier Adishi. Là, nous laissons nos sacs à dos et faisons un détour le long de la crête, nous menant alors à une petite colline à 2.800 mètres d'altitude, qui dévoile une vue spectaculaire sur le glacier. De là, seulement une montagne nous séparait de la Russie.

On the top! 

Après avoir bien profité de ce point de vue, nous entamons alors la descente jusqu'au village d'Iprali. Pendant ces deux dernières heures de marche, nous profitons du calme de la montagne et passons par le village presque abandonné de Khalde. Ici, une seule famille y habite. C'était assez particulier de traverser cet endroit au lourd passé. En effet, refusant de payer des taxes à la Russie, le village a été totalement anéanti par les soldats russes il y a seulement quelques dizaines d'années. Les habitants qui avaient réussi à fuir dans les montagnes ou dans les villages voisins ont tous été finalement tués ou envoyés au fin fond de la Sibérie. Plusieurs années après ce drame, un couple a décidé de venir s'installer parmi toutes ces ruines.

Derniers kilomètres de la journée 

Nous voilà arrivés à destination: Iprali. Ce très petit village n'a pas beaucoup de guest house, et nous nous retrouvons alors dans un logement avec plusieurs autres marcheurs, que nous avons croisé depuis le début de notre trek. Notamment, le couple de la guest house de Lali et les Italiens. Nous méritons alors bien une bonne bière géorgienne, avant de partager un bon repas. Rien à voir avec les chambres que nous avions eu les derniers jours, ici la maison n'est pas bancale et les lits sont bien beaux, rien ne penche, tout semble être à niveau!

Bien arrivés à Iprali 

JOUR 4: D'Iprali à Ushguli - 13,28 km, 3h52, D+ 753m D- 584m

Le dernier jour de cette aventure se lève déjà. Plus que treize kilomètres nous séparent du village d'Ushguli. Situé au pied du Mont Chkhara (5.203 mètres - point culminant de la Géorgie) et à environ 2.100 mètres d'altitude, ce village formé de quatre communautés et habité par 200 personnes est le village habité le plus haut d'Europe.

Sur le départ 

Cette journée a été vraiment différente des autres. Il semblerait qu'on ait tous réglé notre réveil sur la même heure de départ dans le village et nous nous retrouvons à être un beau petit groupe de marcheurs à se suivre à la queuleuleu. Pour être honnête, ce n'est pas ce qu'on préfère. On aime le calme et aller à notre rythme, tout en s'arrêtant à notre gré pour faire une pause ou photographier un beau point de vue. Ceci dit, ça n'a pas été ainsi pour tous les kilomètres mais seulement par parties.

 Relax le Max

Grâce à ça (et aux jours précédents où on se croisait souvent), on a pu notamment faire la rencontre de Florian, un Français qui a un projet assez similaire au nôtre: rejoindre le Japon en prenant le moins d'avions possible. Par conséquent, nous avons beaucoup de destinations en commun et nous échangeons encore régulièrement à ce sujet via les réseaux. On a aussi fait l'agréable rencontre de Gaëlle, chercheuse sur les frontières qui ne sont pas encore clairement définies. Elle nous en a appris beaucoup sur les deux régions entre lesquelles nous nous trouvions: l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud , toutes deux géorgiennes mais sous occupation Russe.

 De la compagnie en tout genre

Sur le chemin, on a croisé notre premier serpent, inoffensif car mort, mais nous rappelant qu'on se dirige vers une faune qui sera bien différente de notre gibier belge. Un petit papillon a aussi décidé de faire une partie du chemin avec Max, sur son bâton de marche. Sinon, niveaux animaux croisés, ce sont les traditionnels chevaux, vaches, cochons et chèvres qui l'emportent haut la main.

 L'heure de la sieste pour Mr. Porc

Quelques centaines de mètres avant d'atteindre notre destination finale, nous avons fait un petit crochet par Murkmeli, une des quatre communautés formant Ushguli. Ce mini village aux airs d'abandons attire bien moins les touristes, et s'atteint après la traversée d'un pont très (très) bancal.

 Murkmeli

Après ce passage hasardeux, un décor de carte postale nous attend: un cheval sauvage, mangeant tranquillement le long de l'eau, avec les montagnes en fond… C'est simple comme scénario, et pourtant c'est d'une beauté incroyable! Merci la vie pour ce moment unique.

Arrivée en beauté 

La réalité nous rattrape vite lorsqu'on se trouve bloqués devant cette entrée de "propriété privée", nous obligeant de payer 2GEL par personne (environ 0,75€) pour la franchir. Il faut dire que faire demi tour à ce stade n'était vraiment pas envisageable (à seulement quelques mètres de l'arrivée officielle!), et l'option de la traverser en courant l'était encore moins car un beau gros chien faisait office de passeur de frontière. Pas le choix donc, et on comprend vite qu'Ushguli est, contrairement aux autres villages atteignables uniquement par la marche, assez touristique.

 Beware of the dog

Après une bonne soixantaine de kilomètres hauts en couleurs, nous voilà officiellement arrivés à destination! Un sentiment d'accomplissement nous porte et c'est presque ému qu'on recroise nos compagnons de marche qui nous félicitent d'avoir également réussi ce challenge. On se pose alors en terrasse avec quelques copains français, dont Florian, pour partager une bonne bière géorgienne et une grosse part de cake.

 Ushguli
 Petit apéro bien mérité

C'est honteux mais on était tellement heureux d'arriver et nous poser, que nous relever pour aller visiter le village nous a demandé un effort monstrueux. Il faut dire qu'on a trouvé que c'était le village le moins charmant de ceux visités depuis le début, mais il restait tout de même très beau.

 Au cœur du village

Il est temps pour nous de redescendre alors jusque Mestia. Pas si simple, car il y a une sorte de "mafia" des taxis du village, qui refusent que les bus touristiques (qui amènent des touristes directement depuis Mestia) reprennent des marcheurs. Le meilleur moyen est de partager un taxi avec d'autres personnes, sauf qu'on est deux et que les autres sont soit cinq, soit simplement partis car nous sommes déjà fin d'après-midi. C'est là que le hasard de la vie entre une nouvelle fois en scène et nous met sur notre chemin Marc et Jerry, deux Québécois qui redescendent à Mestia, et en plus dans leur propre voiture! Un luxe, et pour s'éviter de se faire réprimander par les taximans, on décide de marcher, accompagnés d'un gentil chien, quelques centaines de mètres plus loin à l'abri des regards pour qu'ils nous chargent sans danger. Il se trouve que les deux bonnes heures de trajet passent à la vitesse VV' en compagnie de Marc et Jerry, car on a simplement bon de discuter. Ils sont d'une gentillesse incroyable et s'avèrent être de vrai globe trotteurs! Les deux heures n'ayant pas suffit, ils nous proposent qu'on se retrouve le soir-même pour partager un resto (à l'hôtel Seti, encore et toujours) et continuer de partager nos histoires respectives. Comment mieux clôturer cette aventure? On passa ensuite une dernière nuit chez Inga et Irma, qui nous accueillent en nous serrant dans leurs bras, elles sont si maternelles!

 Merci Marc & Jerry!

Si vous êtes arrivés jusqu'à ces lignes c'est que vous êtes des lecteurs aguerris! Cet article est particulièrement long et pourtant on y raconte qu'une partie de toutes les anecdotes qui ont rendu ce trek si mémorable. Merci de suivre nos aventures, ça nous chauffe le cœur. Prochaine destination: Koutaïssi!

We made it! 
4

Jeudi 1er septembre. Après ces quatre jours de trek, nous avons décidé d'entamer ce nouveau mois en nous accordant un petit break à Koutaïssi, deuxième plus grande ville de Géorgie. On appréhendait de faire, à nouveau en marchroutka, le chemin cabossé pour descendre la montagne. Cette fois-ci, le chauffeur était d'humeur généreuse et a décidé de charger un maximum de personnes sur le trajet, quitte à ce qu'ils soient debout ou assis sur un "siège" qui s'avérait être un mini pouf calé entre deux personnes déjà bien serrées. Après un trajet d'environ six heures, nous arrivons tout de même entiers à Koutaïssi.

On avait trouvé un petit studio, parfait pour se reposer, cuisiner un peu à nouveau et nettoyer nos vêtements bien usés et toujours fumants de ces derniers jours!

Arrivée à Koutaïssi

Après une bonne journée de repos, nous décidons de sortir de notre grotte samedi et partons à la découverte de cette charmante ville. Choisie un peu par défaut, on ne s'attendait à rien de particulier de cet endroit. Pourtant, Koutaïssi, qui se trouve être l'une des plus ancienne ville au monde, nous réservait bien de belles surprises!

Permettez-nous de vous présenter, tout d'abord, son charmant Pont Blanc qui surplombe la rivière Rioni. Construit par Gustave Effeil (oui oui!) et entièrement piétonnier, il est notamment célèbre pour sa statue en bronze d'un petit garçon tenant des chapeaux en main. Par endroits, le sol est vitré et nous offre une belle vue sur l'eau qui s'écoule en dessous de nous.

Un autre monument a également attiré nos regards: la fontaine de Colchide. Située en plein milieu d'un énorme rond-point, cette fontaine d'or représente plusieurs animaux et bijoux géorgiens.

Le Pont Blanc et la fontaine de Colchide

Au bout du pont se trouve une autre attraction de la ville: le cable car (téléphérique), qui date de l'ère soviétique (1950) et qui est bien resté dans son jus. On grimpe alors dedans pour quelques centimes et nous voilà dans une mini cabine bien bancale, porte ouverte, à plusieurs mètres au-dessus de la rivière Rioni. Ce trajet court mais haut en sensations nous a offert une très jolie vue sur la ville et nous a conduit jusqu'à une colline où se trouve l'ancien parc d'attractions Besik Gabashvili Amusement Park.

 Nouveau moyen de transport

Aux airs d'abandons et au style également bien soviétique, on se retrouve alors quasi seuls au beau milieu de ce grand parc. Tour Effeil miniature, grande roue, auto-tamponneuses qui ont rendu l'âme,... Tous ces éléments regroupés nous donnent un peu l'impression d'être dans une partie de Tchernobyl et qu'une biche à deux têtes peut détaler à n'importe quel moment devant nous.

 Où sommes-nous tombés?!

C'est bien sûr en cable car que nous redescendons dans le centre ville, direction le marché couvert de Koutaïssi, le Green Bazaar. L'occasion idéale de goûter au fameux tchourtchkhela (à lire à voix haute), spécialité du pays. Cette confiserie est en fait une sorte de brochette de noix, noisettes ou amandes, reliées entres-elles par un fil et enrobées de jus de raisin, le tout séché au soleil. Bon, nous, ça nous fait penser à des bougies et le goût nous a laissé plutôt dubitatifs.

 Testé mais non approuvé

C'est donc le ventre un peu mitigé que nous continuons notre journée d'exploration. Nouvelle découverte surplombant la ville: la belle Cathédrale de Bagrati. Devant son nom au roi Bagrat III, premier roi de Géorgie, cette cathédrale a été construite dans le courant du Xème siècle et offre une vue imprenable sur la ville. Nous avons même pu observer deux religieux montants quelques marches pour aller sonner les cloches.

 La Cathédrale de Bagrati

Sur le chemin, nous avons rencontré le chien sans doute le plus timide de Géorgie, mais qui nous a cependant donné beaucoup d'amour! Et puis encore un autre, qui semblait bien profiter des quelques rayons de soleil et du calme de la cathédrale.

Non, on ne se lassera jamais de ces toutous 

Autre charme de la ville: des fresques magnifiques. Beaucoup rendent hommage à l'Ukraine, pendant que d'autres sont simplement uniques et ont un niveau de détail assez frappant.

 Max a une touche...

La ville nous réservait une dernière surprise pour clôturer cette belle journée ensoleillée: un festival d'artisans en plein milieu d'un parc. Foodtrucks, bars, concert,... Tout était prévu pour que les curieux comme nous passent un moment agréable. On y a d'ailleurs recroisé un copain de marche du trek de Mestia, le monde est petit!

Un petit coin de paradis 

Toute une partie des stands était réservée à des dégustations de vins (celui-ci étant né en Géorgie, mais ça on en reparlera plus tard!). Parmi eux, une famille exposait ses vins: une femme et ses deux enfants. Le jeune garçon d'une dizaine d'années avait un niveau d'anglais très impressionnant (qu'il avait appris par lui-même en regardant des vidéos YouTube), et une culture incroyable. Si le fait qu'il savait situer la Belgique nous frappait déjà, il savait également nous donner beaucoup de détails sur notre pays, comme par exemple notre niveau de PIB.

Son but? Quitter la Géorgie à 18 ans pour aller étudier aux Etats-Unis dans une grande université. Il avait une ambition et détermination incroyable pour son jeune âge! La jeune fille, elle, avait un certain don pour le dessin, c'était d'ailleurs elle qui s'occupait du design des étiquettes des bouteilles.

Pour l'anecdote, nous avons fini sur leur page Facebook officielle! Une vidéo de Maxime et du petit qui faisaient une battle de "Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches" version géorgienne. Bref, un très bon moment de partage et des rencontres qu'on n'oubliera pas de si tôt.

 Passion dégustation

Dimanche 4 septembre. Première journée de pluie depuis le début du voyage! L'occasion idéale de tester l'imperméabilité de nos vestes tout en partant à la découverte de deux monastères.

Le premier, le Monastère de Ghélati, était situé à une trentaine de minutes en marchroutka du centre-ville. Bâti en 1106, ce monastère faisait jadis également office de centre de science et d'éducation et l'académie qui s'y trouvait était un des établissements culturels les plus impressionnants du pays. Si, de base, la visite se passait sous un beau soleil, la pluie et un violent orage sont vite venus mettre un peu de piment à cette matinée.

 Vue de l'extérieur
 Vue de l'intérieur

A l'abri à l'intérieur d'une partie du monastère, nous avons eu l'immense privilège d'avoir un petit concert presque privé (uniquement trois autres personnes était présentes) de chant polyphonique géorgien. Imaginez-vous dans un monastère sombre, assis devant ces hommes à la voix bien portante, et le son de la pluie et du tonnerre en fond... Un vrai moment suspendu et simplement indescriptible.

 Showcase privé

Bon, là ce n'est plus pour rire... Comme on dit chez nous, il pleut comme vache qui pisse et on est un peu bloqués là-haut! Pas le choix d'entamer la route à pied, mais c'était sans compter sur la bonté des géorgiens qui nous ont chargés sans trop nous laisser le choix. Une aubaine! D'abord, des personnes qui assistaient à un baptême dans le monastère, et ensuite un taxi qui nous a conduit jusqu'au second monastère sans nous faire payer le moindre centime.

Nous voilà donc bien arrivés au spectaculaire Monastère de Motsameta, qui s'avère être en fait un complexe de plusieurs monastères. Avec la pluie, sa situation en plein flan de colline et ses alentours de bois aux couleurs déjà chaleureuses d'automne, on a un peu l'impression d'être dans Harry Potter.

Motsameta 

Nous redescendons alors en ville de la même façon que nous avons rejoins le dernier monastère: en faisant pitié aux gens en marchant au bord de route sous la pluie fracassante. Et c'est ainsi que se termine notre court séjour à Koutaïssi. Comme quoi, ne s'attendre à rien d'un endroit nous ouvre la porte aux belles surprises, qui auront rendus ces quelques jours mémorables. Nous allons maintenant prendre la route de Gori, où nous y passerons une seule nuit.

5

Lundi 5 septembre. Nous avions décidé de faire un stop dans la charmante petite ville de Gori avant de rejoindre la capitale de la Géorgie, Tbilissi. Conseillée par plusieurs voyageurs rencontrés lors de notre périple dans le pays, nous étions curieux de visiter cette ville industrielle.

C'était donc reparti pour un trajet de quelques heures en marchroutka, qui décida cette fois-ci de nous déposer... sur le bord d'une autoroute. Une chose est sûre, en prenant ce moyen de transport, ça nous garanti de vivre une expérience inédite à presque tous les coups! Après quelques mètres le long de la route, nous avons finalement traversé une sorte de petit bois puis sommes retombés sur des routes moins dangereuses et un arrêt de bus. La chance nous a sourit car la convoyeuse du bus se trouvait être très gentille et nous a laissé rentrer sans payer, tout en nous aidant à rejoindre au plus près notre logement.

Arrivée haute en couleur

Nous passions la nuit dans une maison d'hôtes, à la cour intérieure particulièrement jolie. Nous avions bon de discuter avec la propriétaire, mais on commençait à avoir vachement les crocs... Elle nous conseilla alors d'aller au coin de la rue, chez deux petites marchandes qui vendaient des pains géorgiens directement depuis la fenêtre de leur façade. Un délice!

Comme au resto! 

La ville doit son nom au mot gora en géorgien qui signifie "la colline", bien présente au cœur de la ville et au-dessus de laquelle se trouve une forteresse médiévale. Le ventre bien rempli, nous partons alors à sa découverte.

 Prenons de la hauteur

Après une petite ascension, nous voilà au-dessus de la forteresse, qui nous offre alors une vue à 360° sur les alentours et la ville. En bonus, une paire de jumelles qui nous a permis d'espionner un camp d'entraînement militaire qui se trouvait au loin, avec chars abandonnés, parcours de pneus, et stands de tirs.

 On the top
Vue sur la ville et ses collines 

A quelques mètres de la forteresse se trouvait un monument plutôt grandiose: le Mémorial des héros de la guerre Géorgiens. Cette sculpture réalisée dans les années 80 se trouvait de base à Tbilissi, et entourait la tombe d'un soldat inconnu. En 2009, ces huit énormes soldats ont été déplacés au pieds de la forteresse ici, à Gori.

 En pleine réunion...

Dernière visite de la journée: la place de Staline et son musée qui lui est dédié. Si cette ville est connue, c'est bien pour cette raison: le "petit père des peuples" y est né en 1878. Dirigeant de l'URSS où il y a instauré un régime de dictature totalitaire, son musée est l'attraction principale de la ville. On y trouve également sa maison de naissance, autour de laquelle tout a été démoli pour la mettre en honneur, en plus de sa place fleurie érigée bien entendu à son nom.

 La place de Staline

A côté de sa petite maison en bois cernée par un joli mausolée, où son père exerçait son métier de cordonnier au sous-sol, se trouve le wagon blindé personnel avec lequel Staline effectuait ses principaux déplacements.

 Maison et wagon de Staline

Pour clôturer cette journée ensoleillée, nous sommes allés dans un restaurant plutôt atypique. On y mange dans des sortes de boxes fermés, en toute tranquillité! L'occasion pour nous de savourer des délicieux khinkalis, spécialité géorgienne. Ce sont des raviolis fourrés, généralement à la viande, mais on en trouve aussi aux champignons, au fromage, ou encore aux pommes de terres. Autre spécialité traditionnelle du pays: les pkhalis, des épinards hachés et servis froids. Il est également possible d'en déguster à base d'autres légumes tels que le chou, les haricots, ou encore la betterave.

 Un plaisir pour les papilles

S'en est déjà tout pour ce très court, mais suffisant, séjour à Gori. Nous allons maintenant prendre la direction de la capitale, Tbilissi, pour laquelle nous avons eu un vrai coup de cœur!

6

Ce mardi 6 septembre, nous nous réveillons de bonne humeur car, aujourd'hui, et pour la première et unique fois dans ce pays, nous retrouvons notre cher ami qui nous a tant manqué: le train! Moins de deux heures séparent Gori de la capitale de la Géorgie, Tbilissi.

Pour la petite histoire, Tbilissi signifie "chaud" en géorgien. D'après la légende, le roi Vakhtang Gorgasali aurait fondé cette ville suite à une partie de chasse où son faucon et le faisan qui venait de se faire attraper seraient tombés dans une source d'eau, depuis laquelle ils seraient ressortis cuits juste comme il faut! Le roi fut fasciné par ces eaux naturellement chaudes et, qui plus est, aux qualités curatives et y construit Tbilissi, qui devait devenir la capitale de son royaume.

Revenons-en à notre trajet sur les rails, que nous n'avons pas vraiment apprécié. En effet, nous partagions le wagon avec l'équivalent de quelques "baraquies" version Géorgie. Aucun respect pour les autres passagers, très bruyants,... Bref, nous étions plutôt contents d'arriver à destination! Il y avait tout de même ce petit monsieur parmi tout ce brouhaha, qui ne semblait gère se soucier de ce qui l'entourait: il lisait son petit journal en noir et blanc, les lunettes au bord du nez. Nous avons essayé de nous inspirer de sa zen attitude pour tenir le coup...

 On teste les trains géorgiens!

Arrivés avec une tête comme un sceau en fin de journée , nous testons à présent le métro géorgien qui possède des escalators qui sont, comme à Budapest, bien verticaux. Au pied de la rue qui menait à notre logement, se trouvait un petit kiosque qui ne servait qu'un plat: des wraps aux falafels. Un vrai régal, où nous sommes retournés une seconde fois juste pour être sûrs qu'on aimait vraiment bien!

Voici un petit aperçu de notre logement, où nous avons pendu notre linge à l'ancienne: un vieux système de poulie grinçante qui envoyait notre linge bien loin, bien haut! Si l'extérieur nous a un peu fait peur à l'arrivée, heureusement, l'intérieur était tout différent et nous étions très bien dans cet endroit.

 Métro - Wrap(o) - Dodo

Le lendemain matin, nous sommes partis à la découverte de la vieille ville avec un guide touristique bien énergique. Nous commençons alors la visite en arpentant les ruelles de la vieille ville, au riche passé historique. Il nous expliqua que, pour lui, Tbilissi était comme un phénix qui renait de ses cendres: elle a été détruite à plusieurs reprises, parfois totalement, mais s'est toujours reconstruite.

"1,2,3... TBILISSIIIIII" 

Les ruelles de la vieille ville sont d'une charme fou! Anciennes maisons colorées ornées de balcons fleuris, cours intérieures où tout le monde peut rentrer,... Sans oublier la petite touche de l'ère soviétique qu'on ne peut nier lorsque l'on voit le style des maisons.

 Les ruelles du Old Tbilissi

Nous avons continué la visite en nous rendant à la célèbre Clock Tower (Tour de l'Horloge, mais ça sonne mieux en anglais!) de Tbilissi. Construite en 2010 par Renzo Gabriadze, juste à côté d'un théâtre de marionnettes, elle a un style bien particulier. Elle penche et nous donne l'impression qu'elle pourrait tomber à tous moments, symbolisant les ravages du temps qui passe. Autre détail et pas des moindres: sur le mur de la tour se trouve la plus petite horloge au monde, rien que ça.

Il est bientôt 13 heures... Et comme à chaque heure, un petit ange sort du haut de la tour pour taper la cloche avec un marteau. A l'intérieur de la tour se trouve également un petit théâtre de marionnettes qui se produit deux fois par jour, et toujours le même spectacle: "Le cycle de la vie".

Clock Tower  

Nous enchaînons alors sur un style bien plus moderne aux airs de gare des Guillemins: le Pont de la Paix. Surplombant le fleuve Mtkvari et longue de 160 mètres, cette passerelle piétonne a été construite en 2010 pour relier l'ancien Tbilissi à la nouvelle ville. La toiture a une forme de feuille d'acier, censée représenter la rencontre entre l'architecture et l'ingénierie. Une fois la nuit tombée, le pont est illuminé de belles lumières. Bon, nous, on préfère le style plus authentique de la vieille ville et on trouve que le pont dénote un peu, mais chacun ses goûts comme on dit!

Le Pont de la Paix 

En sillonnant les rues et ruelles de la capitale nous passons par quelques beaux endroits, tels que des églises, des marchands de tapis nous rappelant la Turquie ou encore des petits restos bien cosys. Il y avait également une statue représentant un tamada, le fameux maître des toasts comme celui que nous avions rencontré lors de notre trek à Mestia!

 Promenade à Tbilissi 

Si on vous dit qu'il y a une gorge et une cascade en plein centre ville, vous nous croyez?! Nous en tout cas, jusqu'au bout, on pensait que c'était une blague de notre guide. Et pourtant... Non. Elle est bien là, la cascade de Leghvtakhevi! Signifiant "gorge des figues", car en effet il y a énormément de figuiers ici en Géorgie, cette cascade un peu cachée se trouve à quelques mètres seulement du célèbre quartier des bains.

 La cascade de Leghvtakhevi

Endroit incontournable de la capitale, nous terminons alors la visite à Abanotubani, le quartier des bains. La façade des bains Orbeliani nous donne un avant-goût de l'Ouzbékistan avec ses mosaïques bleues et le minaret de la mosquée qui se trouve en arrière-plan. Si les bains Orbeliani sont les plus majestueux, il en existe également des souterrains, sous des petites coupoles qui ressortent à la surface et font tout le charme de ce quartier.

Bains Orbeliani 

Nous y sommes revenus quelques jours plus tard pour tester ces fameux bains à l'odeur qui titille bien les narines. En effet, ce sont des bains de soufre qui sentent très clairement l'œuf pourri mais qui ont de nombreuses vertus. L'eau est naturellement chaude, voire très chaude. Il est difficile de rester plus d'une dizaine de minutes dans l'eau car on suffoque assez vite, mais heureusement il se trouve dans chaque pièce une douche bien froide pour se rafraîchir.

Les coupoles des bains sous le regard de la Forteresse de Narikala

Le problème du soufre, c'est qu'il tâche les vêtements et bijoux, du coup... Pas le choix que d'y aller nus comme des vers! C'est la raison pour laquelle chaque bain est privatisé, avec même une table de massage si on veut s'offrir un petit extra. A l'intérieur de la pièce, c'est uniquement le trou de la coupole au plafond qui apporte un peu de luminosité depuis l'extérieur. Une drôle d'expérience ajoutée à notre liste!

 Test des bains de soufre

Après cette journée de visite guidée, nous avons eu la chance d'aller manger à l'un des meilleurs restos de khinkalis de la capitale: le Zodiaqo. La chance oui car normalement, il faut réserver à l'avance pour s'assurer une place dans ce restaurant victime de son succès. Après une bonne demi-heure d'attente, nous voilà, la goute de salive au coin de la bouche, assis et prêts à déguster cette spécialité. On comprend rapidement pourquoi ce restaurant a une telle réputation: c'est tout simplement délicieux.

En rentrant, nous sommes tombés un peu par hasard sur cet immense monument appelé, sans grande surprise, le Big Bike (le grand vélo). Cette structure en acier longue de huit mètres a été construite dans le but de rappeler aux habitants l'importance d'adopter un mode de vie sain.

En vélo jusqu'au Zodiaqo 

La journée du lendemain fut plus calme, nous avons passé la majorité de notre temps à flâner dans la ville. On y remarqua alors un détail qui accentue encore plus le charme de la ville: des petites statues se trouvent un peu partout, notamment sur la célèbre avenue Roustaveli. En voici une maigre sélection parmi le nombre important qu'on a pu croiser durant notre séjour.

Quelques statues 

Nous sommes bien entendu retournés nous promener dans le Old Tbilissi, partie de la ville que nous avions déjà beaucoup appréciée la veille.

La vieille ville 

Passons à un style totalement différent à présent: les graffitis. Il y en a beaucoup ici, et la plupart sont très bien travaillés et impressionnants. Nous avons alors traversé un passage sous-terrain, en-dessous du pont Baratashvili, dont tous les murs sont couverts de tags en tout genre. Une ambiance un peu glauque on l'avoue mais en pleine journée, c'est très joli!

 Chapeau les artistes!

Nous avons ensuite rejoins Fabrika, un endroit recommandé pour son côté très good vibes et chill. On n'a clairement pas été déçus! Le street art était de nouveau au rendez-vous, et toutes les personnes présentes semblaient vouloir la même chose: passer un bon moment autour d'un verre. Petit bémol: il y avait énormément de monde et donc peu de place, et, étonnamment, pas de musique. On a finalement décidé d'aller boire un verre dans un petit café ailleurs, où la bière était tout aussi fraîche et l'ambiance musicale un rien plus relevée!

Cheers to Fabrika! 

Le chemin pour y arriver nous a fait passer par un pont nous offrant alors une très belle vue sur la Cathédrale de la Sainte Trinité et le fleuve Mtkvari pile poil à l'heure du coucher de soleil et des couleurs chaudes qui l'accompagnent.

 Perfect timing

Le lendemain, nous sommes partis à la découverte de la forteresse de Narikala, surplombant toute la capitale depuis la colline Sololaki. Pour s'y rendre, rien de plus simple que d'y monter en téléphérique. Comme à chaque fois, prendre de la hauteur nous offre une vue incroyable sur la ville, qu'il est même difficile de capturer en photo.

 Prenons un peu de hauteur...
 Hello, Tbilissi!

Bien qu'il n'en reste pas grand chose, il est tout de même possible de prendre encore plus de hauteur en grimpant ces quelques marches. Vertige oblige, Anne est restée au sol pour photographier Maxime qui partait à l'aventure et, bien sûr, rencontrer un beau gros toutou!

"Il est libre, Max" 

A quelques pas de la forteresse se trouve le symbole de la capitale: l'impressionnante statue de Karlis Deda, signifiant "mère de la région du Karthli" mais également appelée Mother of Georgia (la mère de Géorgie). Cette statue a été construite en 1958 pour la célébration des 1500 ans de la ville. D'une hauteur de vingt mètres, elle tient dans sa main gauche un bol de vin pour accueillir les arrivants bienveillants et, dans sa main droite, une épée pour se protéger des ennemis.

 Mother of Georgia

Pour clôturer cet agréable séjour à Tbilissi, nous avons repris un peu de hauteur en fin de journée, cette fois-ci du côté du Mont Mtatsminda. L'idée de base était d'y monter par funiculaire, où se trouvait un ancien parc d'attraction dans le même style que celui de Koutaïssi. On a vite été refroidis par le prix (une vingtaine d'euros) et nous sommes résolus à n'en monter qu'une partie à pied, jusqu'à un spot plutôt sympa et bien loin des touristes.

Comme vous aurez sans doute pu le comprendre tout au long de cet article, cette ville aux milles facettes et remplie de surprises nous aura complètement comblés! On a aimé son mélange de neuf et d'ancien, ses petits marchands de livres de rue, ses khinkalis bien sûr mais surtout son ambiance en général. Il y a des endroits comme ça où on s'y sent bien, tout simplement. Nous y reviendrons d'ailleurs deux petites nuits avant le clap de fin officiel de notre tour de Géorgie. Merci Tbilissi pour ces quelques jours riches en découvertes, nous partons désormais dans la région viticole de la Géorgie: la Kakhétie.

 Merci Tbilissi!
7

Samedi 10 septembre. Ce qui fait la renommée de la Géorgie, c'est bien sûr son vin et sa technique ancestrale de vinification! Plusieurs experts et historiens affirment que le vin est né ici, il y a plus de 8.000 ans. Les découvertes archéologiques confirment cette information, et placent le pays comme le plus ancien pays viticole au monde. Le mot "vin" viendrait d'ailleurs du mot géorgien "Gvino", dérivant lui-même de "Gvivli", utilisé pour qualifier quelque chose de grimpant et qui fermente.

Vous comprenez qu'il était donc impensable de venir en Géorgie sans passer par la région viticole située à l'est du pays, la Kakhétie. Véritable fierté du pays, le Géorgie ne compte pas moins d'une centaine de cépages différents. La Kakhétie en produit 75%, lui valant amplement son surnom de berceau du vin.

Sighnaghi 

N'étant pas équipés d'une voiture, nous ne pouvions malheureusement arpenter la célèbre route du vin qui traverse toute la Kakhétie. Il fallait donc se décider sur un endroit où rester quelques jours, et notre choix s'est rapidement tourné vers une des plus petites villes de Géorgie, Sighnaghi. Très souvent recommandée et surnommée "la ville des amoureux" (ils aiment les surnoms par ici!), cette ville fortifiée est entourée de vignobles et des collines de Kakhétie. Il n'en fallait pas plus pour nous convaincre, c'est donc parti pour quelques jours entourés de grappes de raisins et de dégustations!

C'est reparti pour un petit tour en marchroutka d'environ 2h30 qui s'est plutôt bien passé. Nous avons eu la chance de croiser une vendeuse de bananes, paradoxalement haute comme trois pommes, histoire de nous mettre quelque chose dans l'estomac avant notre épopée.

 On the road again

Arrivés à destination, la banane a laissé place à un grand creux dans notre estomac et nous entamons alors notre séjour en cassant la croûte dans un petit resto très charmant. Nous ne le savions pas encore, mais Sighnaghi a été de loin l'endroit où nous avons le mieux mangé en Géorgie. Partout dans le pays, ils servent la plupart du temps des plats à partager, et on a vraiment apprécié ce concept qui nous a permis de goûter un peu à tout. Mais dans cette ville en particulier, on goûtait directement que la cuisine était faite maison, avec beaucoup d'amour et des ingrédients bien frais.

 Commencer le séjour en beauté

En ce qui concerne le logement, nous avions réservé une chambre d'hôte chez une famille qui s'avéra être très accueillante. Ils avaient une terrasse avec une vue incroyable sur les vallées vertes qui nous entouraient, l'endroit idéal pour trouver de l'inspiration pour le blog ou lire bien tranquillement. Un vrai bonheur d'y prendre le petit-déjeuner chaque matin, très généreux comme vous pouvez le voir ci-dessous.

 Un petit coin de paradis

Un soir, ils nous ont invités à se joindre à eux pour passer la soirée avec ce qu'on pensait être un couple d'amis. En réalité, il s'agissait d'autres locataires qui étaient arrivés un jour avant nous et qui s'étaient (très) vite liés d'amitié avec nos hôtes. Ensemble depuis six mois, ils venaient de se marier le matin même avec comme témoins... Notre couple d'hôtes! Oui oui, des gens qui ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam deux jours auparavant. Ils célébraient donc leur union, et nous avons eu vraiment bon à fêter ça avec eux. Evidemment, il y avait un tamada pour lancer les toasts, et beaucoup de vin fait maison. Pour la petite anecdote, Max et le jeune marié ont procédé à un échange de jeux de cartes. Le jeune marié était très fier de son nouveau jeu aux couleurs de l'entreprise Nelles, et nous aussi d'ailleurs, qui avons désormais un beau jeu représentant les villes géorgiennes.

Cette soirée s'est passée la veille de notre retour en marchroutka jusque Tbilissi, autant vous dire qu'on ne faisait vraiment pas les malins le lendemain, et que nous avons même reporté notre heure de départ à un peu plus tard, le temps d'émerger...

 Vive les mariés!

Sighnaghi est une ville fortifiée et son mur, étendu sur 4,5 kilomètres, est l'ensemble architectural le plus long du pays. Un vrai plaisir de s'aventurer sur ces remparts et de grimper dans ses tours, nous offrant une nouvelle fois une vue imprenable sur la région.

Promenade le long des remparts 

Le reste de la ville a été digne de tous les échos positifs que nous avions pu entendre la concernant: très charmant et une ambiance plutôt zen et agréable. Ca nous donnait un peu l'impression d'être parti un week-end en vacances. Ce qui a bien sûr contribué à ce sentiment de bien-être est l'omniprésence de nos bien aimés toutous.

 Le charme de la ville 
 10/10 pour la faune de Sighnaghi

Il y en a d'ailleurs un qui nous a suivis pendant un bon bout de chemin, le jour où nous avions décidé d'aller visiter le magnifique monastère de Bodbé. Il est très célèbre en Géorgie et constitue un lieu emblématique de pèlerinage, car c'est notamment là que se trouve la sépulture de Sainte Nino, qui a apporté le christianisme dans le pays. Juché en haut d'une colline, nous avions à nouveau une vue à couper le souffle sur les montagnes du Caucase.

Le monastère de Bodbé 

A quelques centaines de mètres en dessous du complexe monastique se trouve une source d'eau sacrée, qui aurait des vertus curatives. Pour la rejoindre, il nous a fallu traverser une belle forêt, qui nous a rappelé nos beaux bois belges. C'était assez amusant de voir qu'en fait, certaines personnes se baignaient complètement dans un bassin rempli de cette eau sacrée, et apparemment bien fraîche. Pas autant amusant cependant que notre trajet du retour, où un vieille homme nous a chargés sans qu'on ne demande rien, dans son petit camion. Il ne nous parlait pas, on ne semblait pas l'intéresser le moins du monde mais il voulait rendre service, tout simplement. Merci Papy!

 Un air de forêt enchantée

Bon, c'est bien beau tout ça, mais on en oublierait presque le pourquoi de notre visite! Il faudrait être fou pour venir jusqu'en Kakhétie et ne pas profiter de leurs délicieux vins. Nous aurions vraiment aimé visiter des vignes, mais malheureusement nous avons rapidement déchanté lorsque l'on s'est aperçus qu'elles se trouvaient toutes à une heure de la ville.

Heureusement, il y a plusieurs vignobles qui proposent des dégustations de vins à Sighnaghi et nous nous sommes alors consolés avec cette option. Lorsque nous étions en plein trek à Mestia, nous avions croisé un couple d'Allemands qui nous avaient recommandé la Kerovani Winery. A peine le temps de franchir le seuil de l'établissement que nous nous retrouvons à faire une visite guidée (gratuite!) avec le patron.

Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, la méthode de vinification utilisée en Géorgie est plutôt différente de ce que l'on connaît. Tout d'abord, ils utilisent des qvevris, des grandes jarres en terre cuites pouvant contenir jusqu'à 3.500 litres de vin. Ces qvevris sont enterrées dans le sol et le vin y fermente pour une durée variable en fonction du type de vin. Ensuite, la matière première est utilisée à son maximum puisqu'ici, on n'utilise pas uniquement le jus de raison mais également sa peau, ses tiges et ses pépins! Cela donne alors un goût assez particulier et une couleur ambrée au vin traditionnel géorgien.

 Visite de la winery

Le gérant est un homme passionné qui souhaite simplement partager son amour pour son métier. C'est donc naturellement que nous y sommes retournés le soir même pour déguster ses excellents vins et sa nourriture qui était, elle aussi, juste incroyable! En passant du vin blanc naturellement pétillant, au vin ambré et aux traditionnels rouges et blancs, notre palais était plus que conquis.

Première dégustation 

Comment mieux terminer notre séjour qu'en allant dans un bon restaurant qui propose également ses propres vins? Avec en prime, une merveilleuse vue. On a vraiment apprécié ces quelques jours passés à Sighnaghi, qui était en effet une petite ville remplie de charme. Un peu trop lourdes pour nos sacs à dos, nous devrons attendre notre retour en Belgique pour importer quelques bouteilles de Kakhétie!

Merci Sighnaghi! 
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Mardi 13 septembre. Après notre séjour à Sighnaghi, nous sommes retournés à la capitale pour passer nos trois derniers jours en Géorgie. Comme expliqué auparavant dans l'article concernant Tbilissi, nous en avons profité pour tester les fameux bains de soufre et apprécier quelques derniers khinkalis.

Nous avions prévu de passer une journée entière à la découverte de la ville-musée de Mtskheta, une des plus anciennes villes du pays classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, nous avons opté pour l'option taxi, qui offrait l'avantage de nous déposer à l'incroyable monastère de Djvari et ensuite nous conduire jusqu'au cœur de la ville.

 Attention aux bourrasques!

Le monastère de la Sainte-Croix de Djvari, datant du VIème siècle, est construit sur le haut d'une colline, surplombant Mtskheta et la confluence de deux rivières: Mtkvari et Aragvi. C'est assez frappant à l'œil de voir ces deux rivières se rejoindre, une étant plutôt bleu turquoise et l'autre bleu marine. Le vent était également (très) frappant là-haut! On peinait par endroit à avancer tellement les bourrasques étaient violentes, ce qui rendait d'une certaine façon cet endroit encore plus mystérieux.

 L'impressionant monastère de Djvari

Tel de vrais touristes VIP, notre chauffeur nous attendait donc et nous conduit ensuite à Mtskheta, où son charme et son coté bucolique nous a séduit en un instant! Commençons par sa plage complètement délaissée par les touristes, où un petit chiot se réchauffait tranquillement au soleil. On y est resté un petit temps, en silence, juste à apprécier le moment présent et à se rendre compte que l'on était en train de créer nos derniers souvenirs géorgiens...

 Sur la plage abandonnée...

A l'intérieur de la ville se trouvent plusieurs cathédrales, églises et monastères, qui nous font en effet bien sentir que l'on se trouve dans la capitale spirituelle du pays. Il y a notamment la cathédrale Svetitskhoveli, à l'intérieur de laquelle se trouve le tombeau du fondateur de Tbilissi, le roi Vakhtang Gorgasali. Considérée comme le centre religieux de la Géorgie, cette cathédrale est grandiose vue de l'extérieur mais également de l'intérieur.

 Extérieur de la cathédrale

Des gigantesques fresques ornent les murs, peintes avec un niveau de détail incroyable. C'était aussi très intéressant de simplement s'asseoir à l'intérieur et observer les rituels religieux des orthodoxes: ils embrassent les peintures, font bruler beaucoup de petites bougies et prennent le temps de prier devant chaque personnage religieux représenté dans la cathédrale. Il s'y trouverait d'ailleurs la tunique de Jésus-Christ, qui aurait été apportée par un juif provenant de Mtskheta.

Intérieur de la cathédrale 

A côté de tous ces monuments architecturaux, la ville en elle-même est cosy avec ses petits marchands et artisans, ses restaurants et sa verdure éclatante! On a une nouvelle fois croisé la route d'un autre minuscule chiot, qui était apparemment également intéressé par notre carte de la ville. Inutile de vous décrire la scène de nous qui courrons après lui pour qu'il nous la rende, remplie de bave..

 Mtskheta

Si vous trouvez que ce blog peut parfois avoir des airs de 30 millions d'amis, l'histoire suivante ne viendra pas démentir cette idée, bien au contraire! Il nous restait un point à visiter de la ville: les ruines de la forteresse de Brebis Tsikhe. Situées à quelques centaines de mètres du centre, nous devions longer la route principale avant de les atteindre. A peine démarré, nous apercevons au loin un teckel qui traverse dangereusement la grand route, suivi d'une minuscule boule de poils. Voilà comment Nathalie, le teckel foufou, est entré dans nos vies. Elle semblait paniquée d'avoir ce petit chiot avec elle, et nous collait littéralement. Impossible de ne pas s'arrêter et les câliner...

Trois chiots en un jour, qui dit mieux?! 

Après avoir échangé beaucoup d'amour, nous décidons de nous mettre en jambe pour ces fameux vestiges. C'était sans compter sur Nathalie, qui ne semblait pas prête à nous dire au revoir de si tôt. Elle prenait alors de l'avance sur nous, semblant nous indiquer le chemin et s'arrêtant quand elle jugeait que nous n'allions pas assez vite. Rapidement, un autre chien plus dodu, qu'on a prénommé Bob, s'est joint à nous. Nous voilà donc une belle bande, en chemin pour la forteresse! Infatigables, ils ont grimpé jusqu'en haut avec nous, et ont profité calmement de la vue incroyable que nous avions depuis les hauteurs.

En route, mauvaise troupe! 

Ils nous ont bien sûr accompagnés sur le chemin du retour. Malheureusement, nous n'avons plus retrouvé le petit chiot qui était resté là-bas... Si Bob reprit sa vie sans trop de soucis, les adieux furent bien plus difficiles pour la petite Nathalie, qui semblait avoir trouvé en nous des compagnons de vie.

C'est sur cette belle histoire que nous clôturons donc ce magnifique chapitre qu'a été la Géorgie. Remplie de surprises, éreintante par moments mais toujours réconfortante avec sa délicieuse nourriture... Merci la Géorgie de nous avoir accueilli sur ton territoire, et de nous avoir fait vivre ces incroyables expériences qui, jour après jour, nous font grandir et nous ouvrent un peu plus l'esprit. Nous avons une chance incroyable de vivre tout ça, et il semblerait que notre bonne étoile nous accompagne tous les jours à travers cette folle aventure car même les moments les plus anodins se transforment en souvenirs uniques!

Merci la vie! Merci la Géorgie!

ნახვამდის!