Carnet de voyage

Cambodge

6 étapes
22 commentaires
Au pays du sourire
Du 4 au 23 décembre 2022
20 jours
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Dimanche 4 décembre. Cette fin de semaine marque le début d'un nouveau périple, qui se déroulera cette fois-ci au Cambodge! Comme expliqué dans le dernier article du carnet de voyage sur le Vietnam, nous avions quelques a priori concernant ce pays, et nous ne savions pas trop à quoi nous attendre.

D'un côté mondialement réputé pour son incroyable site archéologique d'Angkor, le royaume du Cambodge a aussi un passé plus sombre et entaché par la barbarie du génocide des Khmers rouges. C'est d'ailleurs un pays en pleine reconstruction après les ravages de plusieurs guerres.

Nous troquons alors nos derniers dongs vietnamiens contre des riels, monnaie officielle du pays. Enfin... Il vaut tout de même mieux se procurer également des dollars américains, devenus seconde monnaie non officielle du pays. C'est assez fou, mais le dollar représente pas moins de 80% de la monnaie en circulation. Résultat, les touristes se font un peu rouler dans la farine avec des prix bien plus élevés en dollar, et le Cambodge aura finalement été un des pays les plus onéreux pour nous.

Le duel riel-dollar américain 

La langue officielle ici est le khmer, et la religion majoritairement pratiquée est le bouddhisme. Le Cambodge est le pays le plus pauvre de l'Asie du Sud-Est, avec la majorité des habitants vivant avec moins de deux dollars par jour. Plus de 80% de la population vit en milieu rural, et les paysages qui nous attendent promettent d'être de belles campagnes cambodgiennes, agrémentées de rizières, cocotiers, mais surtout de nombreux palmiers à sucre. Le Cambodge n'a rien à envier à sa voisine la Thaïlande, car lui aussi possède en son sein de belles plages de rêve et même plusieurs îles!

Mais avant de nous diriger vers la campagne ou les eaux paradisiaques, notre premier arrêt sera la capitale, Phnom Penh. Pour y arriver, nous avions choisi l'option du bus qui devait, en principe, nous conduire d'Hô Chi Minh-Ville à la capitale en six heures, passage de frontière compris. Quelle ne fut donc pas notre surprise lorsque l'hôtesse du bus nous annonça avec un beau sourire que le trajet durera finalement environ huit heures.

Contre toute attente, et connaissant notre presque dégoût pour le bus, le trajet s'est passé comme sur des roulettes. L'hôtesse en question était d'une grande aide et très sympathique, rendant le passage de frontière et les formalités de visas facilités. Une pause toutes les deux heures, et nous avons même eu droit à des boissons et quelques gougouilles gratuitement, que demander de plus? Nous voilà fin prêts à découvrir ce pays intriguant!

Sous sdey, Cambodge! 

Dès la sortie du bus, nous débarquons directement dans une ambiance complètement différente. C'est bien quelque chose qui nous aura surpris tout au long du voyage ce changement de culture, parfois presque radical, une fois une frontière passée. A quelques dizaines de mètres à peine, de part et d'autre d'une frontière, les vies, lieux et ambiances peuvent être bien différents. Directement, nous nous faisons la même réflexion: les habitants semblent être plus souriants que leurs voisins vietnamiens, et aussi plus chaleureux.

Ni une ni deux, nous voilà embarqués pour la première (mais loin d'être la dernière) fois dans un tuk-tuk, un nouveau mode de transport auquel nous avons rapidement adhéré. Une seule condition pour monter là-dedans: faire confiance au chauffeur qui serpente dans les rues en plein trafic, avec son vieux moteur de mopette qui pétarade et qui semble dater de Mathusalem. En tout cas, ils nous auront toujours valu des beaux fous rires ces trajets!

Arrivée en beauté 

Nous avions réservé un lit dans un dortoir de seize personnes dans une auberge de jeunesse. Si la tenancière était bien aimable et parlait un français impeccable, elle-même ayant vécu en France avec son mari provenant de là, son logement nous a laissé un peu dubitatif... Très bruyant au vu du nombre de colocataires, la salle de bain finalement condamnée à cause d'un voyageur malade, nous laissant finalement une salle bain pour... 32 lits! Bref, "tout pour son prix" comme on dit, ça faisait tout de même bien l'affaire pour notre court séjour.

Le jardin remontait la cote

Phnom Penh, c'est une grande ville animée située à la confluence entre la rivière Tonlé Sap et le célèbre fleuve du Mékong. Pour l'anecdote, et pas des moindres, le courant de la rivière Tonlé Sap, qui prend source dans le lac du même nom (qui est le lac d'eau douce le plus grand d'Asie du Sud-Est!), est inversé chaque année afin d'aller alimenter le Mékong. Ce moment est célébré par les Cambodgiens lors de la fête de l'eau, appelé en khmer le festival Bon Om Touk, qui dure généralement trois jours et qui est un des événements les plus importants au Cambodge, après le Nouvel An Khmer.

Le long du Mékong 

On y trouve toujours autant de scooters, de vendeurs ambulants et de petits geckos qu'au Vietnam. Les geckos, ce sont des petits lézards qui se promènent partout sur les murs et aux plafonds, grâce à de la graisse collante sous leurs pattes. Tout au long de notre périple en Asie du Sud-Est, nous en aurons croisés énormément. Il faut dire qu'ils sont plutôt pratiques en plus d'être vraiment mignons, car ils se nourrissent notamment de moustiques, ce qui faisait bien notre affaire!

L'ambiance de Phnom Penh & un petit gecko

En plein cœur de la ville se trouve également le palais royal, qui fut construit en 1860. Enfin, c'est plutôt un complexe de bâtiments qui s'étend tout de même sur 18 hectares!

Le Preah Barum Reachea Veang Chaktomuk 

Comme évoqué dans notre brève introduction, le Cambodge a un passé lourd et difficilement imaginable. Entre 1975 et 1979, les Khmers rouges ont tués plus d'un quart de la population cambodgienne (soit plus de deux millions de personnes!). Nous avons alors passé toute une matinée dans le musée du génocide Tuol Sleng, qui retrace l'histoire de cette période sombre qu'a vécu la population cambodgienne. Ce qui est fou, c'est que cela s'est passé il n'y a pas si longtemps que ça, et qu'avant d'arriver ici, nous n'en avions jamais entendu parler. Et pourtant... Quel enfer ces gens ont du vivre. Un enfer illustré par plusieurs photographies, témoignages et récits qui font froid dans le dos et qui sont, pour certains, à la limite du supportable.

Le musée Tuol Sleng, appelé également S-21, est un ancien site scolaire qui a été transformé en centre de détention qui faisait partie d'un réseau secret de plus de deux cents prisons dans lesquelles des tortures inimaginables ont eu lieu sur les Cambodgiens, dont l'identité était alors réduite à un vulgaire numéro. A S-21, entre 12.000 et 20.000 personnes ont été emprisonnées, avec seulement 12 survivants attestés.

 Visite audio-guidée

Les Khmers rouges, ce sont de base les membres d'un mouvement politique et militaire, ultranationaliste et communiste radical avec à sa tête Pol Pot. Ils ont persécuté leurs propres confrères avec pour fin "d'établir une société athée et homogène en supprimant toutes les différences ethniques, nationales, religieuses, raciales, de classe et culturelles ". En pratique, ils désiraient mettre en place un idéal de pureté basé sur les paysans qui, eux, avaient un mode de vie simple. Par conséquent, toutes formes de connaissances intellectuelles étaient considérées comme néfastes. Anne a cette époque aurait eu quelques soucis, car rien que le fait de porter des lunettes était jugé comme suspect, car ça donnait un air d'intelligence.

Ce sont finalement les troupes vietnamiennes qui auront libéré le pays de ces détraqués, en 1979. Mais ce n'est qu'en 1990 qu'ils ont totalement disparu, laissant la population avec une cicatrice provenant d'une telle violence qu'elle est sans doute impossible à effacer. Le plus dingue dans tout ça, c'est que la justice a seulement reconnu le génocide en 2018, laissant les tortionnaires libres de vivre leur vie en toute impunité, comme si de rien n'était.

Des arbres fruitiers en plein enfer 

Sans transition, continuons cet article sur une note culinaire et plus légère: un soir, nous avons décidé de nous offrir une petite folie et d'aller manger une pizza... Juste excellente! Ils proposaient une aux trois fromages, dont du camembert... Rien que d'y repenser nous avons la goutte de salive qui nous pend aux lèvres. Juste avant ce souper de roi, nous nous étions rendus dans un bar rooftop, qui offrait une vue imprenable sur la ville illuminée et le Mékong. En prime, nous étions les seuls clients et avons pu profiter complètement de tous les spots de cet endroit un peu cliché mais où nous avons passé un moment bien agréable.

 Premier Apérol depuis notre départ en juillet

Voilà une belle façon de démarrer notre périple au Cambodge. Phnom Penh n'aura pas été une ville spécialement coup de cœur, mais plutôt un arrêt qui nous aura permis d'en apprendre plus sur l'histoire du pays. Ça reste une grande ville, pas forcément belle mais qui a pourtant ses petits coins charmants si on prend le temps de se poser et de juste ressentir l'ambiance, notamment le long du Mékong. A présent, nous allons nous diriger vers le sud du pays, à Kampot, une petite ville bien différente de la capitale!

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Mardi 6 décembre. En ce jour de Saint-Nicolas, notre cadeau aura été de tester le réseau ferroviaire le plus atypique que nous ayons rencontré depuis le début de notre voyage. En effet, après un trajet en tuk-tuk jusque la gare de Phnom Penh, nous fûmes bien étonnés de voir la taille du train que nous allions prendre pour nous rendre jusqu'à Kampot, situé à 130 kilomètres de là: un seul et simple wagon-locomotive.

L'intérieur était plutôt confortable et on se demandait bien comment tous les voyageurs sur le quai allaient embarquer, mais apparemment, comme par la magie qui opère sur le sac de Mary Poppins, tout le monde y est rentré et avait une place assise.

En termes de transport en commun, le train au Cambodge est loin d'être le plus efficace. La raison principale est que le réseau ferroviaire du pays a été complètement détruit par les guerres (Khmers rouges, guerre du Vietnam, guerre civile,...) ce dernier étant alors en reconstruction depuis mais, faute de financement, il n'offre à l'heure actuelle que deux lignes de train. C'est d'ailleurs sur base de ces lignes que nous avions pensé notre itinéraire (toujours tout pour éviter le bus, bien sûr!).

Wagon-locomotive, tout en un! 

Le "problème", c'est que ce wagon a une vitesse maximale de 60km/h... Pas très rapide donc, mais heureusement les paysages, que nous avions alors bien le temps de contempler, étaient magnifiques! Rizières, marais salants et étendues de palmiers à sucre étaient notamment au rendez-vous. Ce trajet nous a aussi permis de nous rendre compte du niveau de pauvreté de certaines zones, et à quel point le sol pouvait être pollué de toutes sortes de déchets… Partout en Asie, c'est malheureusement un constat indéniable: une utilisation excessive du plastique, des champs de détritus, etc. Dans le train, par exemple, des gens de tous âges lançaient naturellement par la fenêtre tout ce dont ils n'avaient plus besoin. Quel spectacle désolant!

 Les belles vues qu'offre le train

Au bout de quatre heures de trajet, nous voilà bien arrivés à Kampot. Juste le temps de grimper une nouvelle fois dans un tuk-tuk, et nous découvrons notre hébergement qui est déjà plus agréable que le gros dortoir des dernières nuits. Ici, une simple mais confortable chambre nous attendait. Au Cambodge, il est commun de devoir payer un supplément pour avoir la climatisation, l'eau chaude et même dans certains cas… L'électricité! Le gérant de l'établissement nous faisait bien rire, il parlait un très bon français et s'amusait à nous lancer des petites blagues, toujours très fier de lui, tel que des "A plus dans le bus!" ou encore "A demain dans le train!".

Le logement était idéalement situé, juste à côté d'un petit café végétarien qui servait des petits-déjeuners à tomber par terre, mais surtout qui comptait quelques chats parmi le personnel. Y sommes-nous retournés chaque matin pour les caresser ou pour la bonne nourriture? Bonne question! En tout cas, il y faisait bon de s'y poser pour démarrer la journée.

 Le beau jardin de notre logement & le CV Café

Parmi les choses à voir et à faire à Kampot, l'étang de lotus situé en plein cœur de la ville a été un des points d'intérêt les plus jolis. Bien que ce n'était pas la période où les fleurs étaient les plus présentes, les nombreux nénuphars se suffisaient à eux-mêmes pour rendre le lieu très charmant. Des jeunes garçons s'amusaient justement sur les rives, dont un qui n'a pas hésité à s'agripper à Max et le serrer dans ses bras, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Quelques instants plus tard, après ce moment adorable, il fît quelques pas en arrière et frotta son pouce contre son index pour nous demander de l'argent. Qui ne tente rien, n'a rien… On aura malheureusement souvent eu le cas en Asie du Sud-Est.

 L'étang de lotus & le ptit' mec qui s'en va, bredouille
 Le charme de Kampot

Autre attraction de la ville, le rond-point représentant un énorme durion (appelé aussi durian). A ne pas confondre avec le durillon qui appartient à un tout autre registre, le durion est un fruit recouvert d'une coque épaisse remplie d'épines, qui peut atteindre jusqu'à 40 centimètres de diamètre et qui nécessite tout de même un bon couteau de boucher ou un tournevis plat pour l'ouvrir.

Une chose est sûre, ce fruit divise la population. En effet, si certains en sont fans, d'autres ne peuvent supporter l'odeur nauséabonde et encore moins le goût qui l'accompagne... Presque partout en Asie du Sud-Est, ce fruit est même interdit dans les transports en commun et chambres d'hôtels à cause de ses effluves. De notre côté en tout cas, nous n'y avons malheureusement pas goûté, mais nous confirmons que les odeurs qui s'en dégagent pourraient faire revivre un mort... Bien qu'il se cultive dans plusieurs régions au Cambodge, c'est à Kampot qu'on y retrouve le plus célèbre, d'où le rond-point à son effigie, ce fruit étant devenu véritable emblème de la province.

 Rond-point durion, vache à bosse & pick-up bien chargé

Si le durion a une bonne renommée ici, la véritable star de Kampot à l'international est son poivre! Il serait même considéré par certains comme le meilleur poivre au monde. Les cultivateurs de poivre combinent des techniques traditionnelles et modernes, et utilisent des engrais naturels tels que les crottes de chauve-souris (oui oui!). Ça nous intéressait beaucoup d'en savoir plus là-dessus, et c'est donc naturellement que nous avons rejoint, en mopette, La Plantation, une ferme familiale créée il y a 10 ans par un couple franco-belge, qui a drastiquement changé de vie après une carrière dans l'informatique.

Le trajet pour se rendre jusque là était en lui-même une excursion. Les routes étaient très cabossées par endroits, les chemins orangés et poussiéreux, rendant ce trajet vraiment hors du commun. A un moment donné, nous avons du traverser une longue partie de "rivière" (appelons ça comme ça) qui s'écoulait juste à côté dans une espèce de petit ravin. Autant vous dire qu'on serrait les fesses en espérant bien ne pas glisser... Enfin, surtout Anne, car Max lui se croyait dans la réplique du Paris-Dakar et prenait son pied! Doit-on préciser que la moto en question était un vieux tacot que le propriétaire avait été chercher dans le fond de son garage, et ne semblait lui-même pas trop confiant quant à son état?

Nous étions presque les seuls sur la route, traversant des villages atypiques avec ça et là des lézards, un serpent qui traversait la route (et qui nous a fait bien peur d'ailleurs), et des belles vaches à bosse. Ah ça oui, elles sont belles ces petites! Enfin petites... On a croisé la route de plusieurs vaches qui étaient vraiment très grandes, certaines avec des oreilles qui leur pendaient telles des petites couvertures. On ne connait la raison pour laquelle elles ont une telle bosse dans le dos, mais en tout cas, ça fait tout leur charme.

 Traversée des campagnes à deux roues

Revenons-en au pourquoi de notre expédition: la découverte de la culture du poivre. Nous savions qu'il était possible de faire une visite guidée gratuite de la ferme, mais nous ne nous attendions pas à un tel service! En effet, une fois arrivés, nous avons eu une visite quasi privée en français, car il y avait seulement une dame marseillaise avec nous. Nous avons eu droit à énormément d'explications très intéressantes sur la façon dont le poivre est cultivé. Le poivre pousse en fait sur des poivriers, composés de lianes tropicales, qui produisent des baies. Celles-ci sont alors récoltées à différentes périodes, avec un temps plus ou moins long de maturité, qui donnent en fonction de ça du poivre vert (à consommer sur place car très frais), rouge, noir et blanc. Ils avaient également beaucoup d'arbres fruitiers, avec notamment des ananas, des fruits du dragons, des pomelos, ...

Un havre de paix 
Culture du poivre 

A la suite de la visite, nous avons eu droit à une dégustation d'une quinzaine d'épices, toutes aussi savoureuses les unes que les autres, même si honnêtement après en avoir goûté une ou deux notre palais ne distinguait plus trop les différences, sauf pour les plus fortes, qui ont valu à Anne de se strôner jusqu'à en avoir les larmes aux yeux et la voix coupée.

Dans l'enceinte de la ferme se trouvait un restaurant, et c'était l'occasion idéale pour goûter une recette traditionnelle du pays: le lok lak. Ce qui est assez amusant avec ce plat, qui a été un vrai coup de cœur, c'est qu'à chaque fois que nous l'avons commandé au restaurant, nous n'avons jamais reçu la même version. Tantôt servi avec du tofu et de la sauce brunâtre, tantôt avec une sorte de ratatouille de légumes et noix de cajou, ou encore avec un œuf au plat... Dans tous les cas, c'était toujours délicieux et la base restait la même: une portion de riz blanc avec une sauce très concentrée en poivre sur le dessus.

Ici, à La Plantation, ils proposaient un lok lak d'aubergines. Le goût était juste indescriptible... A tomber par terre! Honnêtement c'est un des meilleurs plats que nous avons dégustés depuis le début du voyage. La sauce au mix de poivres noir, rouge et blanc relevait le plat, en même temps que les aubergines qui fondaient en bouche et qui apportaient plus de douceur. Bref, un régal!

Dégustation de poivre & de lok lak 

A Kampot en général nous y avons vraiment bien mangé, il y avait notamment un restaurant qui servait des plats iraniens, mixés avec d'autres saveurs méditerranéennes. C'était si bon que nous y sommes retournés deux soirs d'affilée, la deuxième fois ayant été presque fatale à Anne qui avait tellement mangé qu'elle a bien pensé que son ventre allait exploser. Littéralement. Le retour jusqu'au logement a été compliqué! Mais c'était si bon que ça valait bien la peine d'avoir une petite extension d'estomac, non?

 Bière d'Angkor validée et KFC version local

Après cette matinée découverte du poivre, nous avons profité de la location du scooter pour nous rendre à Kep, une petite ville balnéaire située à quelques kilomètres de là. Kep est réputée pour sa fleur de sel et surtout pour son crabe bleu, qui a d'ailleurs droit à une belle statue à son effigie en pleine mer. Sur cette même plage, un homme est venu nous trouver, nous demandant de faire des photos de sa famille, avec Anne. Il semblait curieux de nos têtes d'européens et voulait marquer le coup. Il était franchement sympa, et ça semblait leur faire bien plaisir, et puis nous ça nous amusait aussi!

Escapade à Kep 

Mais le plus amusant à Kep, ça a été la rencontre avec de nombreux singes qui se promènent le long de la route ou en hauteur, sur les câbles électriques. C'était la première fois que nous en voyions autant et d'aussi près. Des familles entières étaient là, tranquillement posées à nous regarder passer sur la route. Les plus mignons étaient bien sûr les tous petits, âgés de quelques semaines ou mois, qui tétaient toujours leurs mères juste à côté de nous. Si la ville de Kep, de notre avis, ne valait pas forcément le détour, tous les singes qu'on a vu ont clairement rattrapé le coup! Ils étaient comiques sans le vouloir, et se laissaient photographier tels de vrais mannequins habitués à poser.

 Les stars de la journée!

Le dernier jour, nous avons reloué un scooter pour nous rendre au parc national du Mont Bokor, également appelé parc national de Preah Monivong. Situé à plus de 1.000 mètres d'altitude, nous étions loin de nous imaginer tomber sur une ambiance pareille... Ancienne station climatique française abandonnée, ancien casino incendié et également à l'abandon, énorme complexe hôtelier tout aussi désert, une vieille église française qui tombe en ruine (mais qui était magnifique!)... Toute une atmosphère donc assez particulière mais qui fait sans doute le charme de cette station d'altitude.

Urbex au Cambodge 

La route qui menait jusqu'au sommet offrait des vues panoramiques sur la mer, mais le plus beau point de vue se situait à l'arrière d'un bâtiment (une nouvelle fois très glauque), avec un horizon si dégagé que nous pouvions apercevoir l'île de Phu Quoc, qui appartient au Vietnam. A côté, nous pouvions également facilement distinguer les îles de Koh Rong et surtout de Koh Rong Sanloem, où nous allions nous rendre le lendemain.

Le panorama  

A nouveau, nous pouvions compter sur la présence des nombreux singes sur la route qui ont rendu le moment vraiment agréable malgré la petite déception de ce parc national qui a surtout des airs de Chernobyl, où la population semble avoir quitté les lieux et tout laissé dans son jus. Ce qui n'est pas vraiment l'idée que nous avions des parcs nationaux, bien qu'une forêt luxuriante s'étendait sous nos pieds.

 Plein de singes (même un qui roule en moto)

Mais bon! C'était tout de même une chouette après-midi, et une chose est sûre c'est que nous avons passé un séjour plus qu'agréable à Kampot. C'est une petite ville où il fait franchement bon vivre, avec plein de choses à découvrir. C'est donc sous le charme que nous quittons cet endroit pour une toute autre ambiance sur l'île de Koh Rong Sanloem, où de fameuses aventures nous attendaient...

 Koh Rong Sanloem, on arrive!
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Vendredi 9 décembre. Un tuk-tuk, environ deux heures de train, un autre tuk-tuk, encore un tuk-tuk et puis une virée en speed boat, voilà le résumé de la journée de voyage qui nous a menés jusque l'île de Koh Rong Sanloem. Cette petite île ne mesure que 9km entre le nord et le sud, et est grande d'une superficie de seulement 24km²! Située en plein dans le Golfe de la Thaïlande, et considérée par certains comme les "Maldives de l'Asie du Sud-Est", nous avions choisi cette destination paradisiaque en vue de profiter de ses belles plages relaxantes, sous les cocotiers, avec la jungle tropicale et luxuriante dans notre dos...

De base, nous hésitions à aller chez sa grande sœur, l'île de Koh Rong (koh signifiant "île"), situées à quelques kilomètres l'une de l'autre. Plus grande île du royaume khmer, Koh Rong est réputée pour être plus développée et surtout plus touristique que sa petite voisine. Le choix a été alors vite fait lorsque nous avions entamé les recherches pour un logement... Tout semblait excessivement cher, nous obligeant ainsi à nous rendre plutôt à Koh Rong Sanloem, plus sauvage et authentique.

Depuis Kampot, nous avions alors rejoins Sihanoukville, une sorte de "ville-casino" à la réputation plutôt douteuse à cause de la criminalité qui y sévit (trafic de drogue et d'être humains, vols en tous genres,...). Nous ne nous y sommes donc pas attardés et sommes montés à bord d'un speed boat pour un trajet en mode express d'environ 45 minutes, sensations garanties!

Une journée de transport en tous genres 

Une fois débarqués sur le quai, le dépaysement fut total, nous donnant l'impression d'être de vrais naufragés sur une île perdue en plein milieu de l'océan. Il n'y a que deux villages sur l'île, un au nord (où nous logions) et un au sud, l'ensemble rassemblant environ 300 habitants. Il y avait par le passé une route, mais cette dernière a été ensevelie par la jungle qui a repris ses droits. Du coup pas le choix, pour circuler sur l'île, il faut monter à bord d'un petit bateau local. Et ça, c'est assez spécial comme sensation de se savoir "bloqués" sur une petite partie d'île, qui se résumait dans notre cas à la plage, quelques restaurants et bars, et une rue principale qui se terminait dans la jungle. Et en même temps, c'est ça qui fait sans doute tout le charme de l'endroit, nous obligeant à ralentir le rythme et profiter de l'instant présent. Bien sûr, sur l'île, la connexion internet était presque inexistante, et ça aussi ça faisait du bien!

M'Pai Bay en quelques photos 

En fait, l'ensemble de l'île peut se diviser en trois parties: la baie de Saracain, plus touristique, les plages isolées de Lazy & Sunset Beach, et puis la partie plus plongée dans la culture locale, la baie de M'Pai, où nous séjournions. Ce qui était assez spécial et amusant, c'était que les restaurateurs et bars s'organisaient via un groupe Messenger, où chaque touriste était ajouté grâce au bouche-à-oreille, et où les tenanciers publiaient chaque matin les informations sur leurs établissements respectifs. S'ils étaient ouverts ou non, ce qu'ils avaient au menu du jour, si il y avait certaines activités qui avaient lieu, et tout autre genre d'informations. Nous avions lu plusieurs avis qui recommandaient d'arriver sur l'île avec de la nourriture, car les restaurants pouvaient être assez chers. Du coup, nous avions prévu le coup en débarquant avec plusieurs paquets de nouilles minute bien pratiques, ainsi que des chips traditionnels et des chips... de fruits!

Repas trois étoiles & petit-déjeuner à la guesthouse 

Nous logions dans une guesthouse familiale qui était, malheureusement, située à côté d'un bar franchement bruyant. Notre chambre en elle-même avait de grosses ouvertures dans le mur qui donnaient justement sur ce fameux bar, rendant nos nuits peu agréables. Bien qu'il laissait passer le bruit, le moustiquaire au dessus de notre lit nous rassurait tout de même par rapport à toutes les sortes de bêtes qui pouvaient s'inviter facilement dans notre chambre par ces portes d'entrées. Il y avait énormément de geckos, et même un gros phasme qui est resté tout le temps de notre séjour sur le châssis de la fenêtre. Pour notre plus grand bonheur, il y avait aussi un gentil petit chat, qui attendait souvent devant notre porte vitrée le matin, ayant bien compris qu'il sonnait au bon endroit pour se faire cajoler.

La faune autour de notre chambre & la vue du logement 

Les jeunes enfants de la famille étaient bien speedés mais adorables. Ing-Ing et Yin-Yin, les deux sœurs, ne nous ont pas lâchés d'une semelle à chaque petit-déjeuner. Le frère, lui, était un vrai aventurier dans l'âme et semblait vouer une passion pour la chasse aux crabes. Un matin, alors qu'Anne était seule à la terrasse, il est revenu avec un seau rempli de petits crabes, la plupart déjà à moitié morts. Il a alors vite compris qu'Anne n'était pas très à l'aise face à ces bêbêtes et surtout leurs pinces, et s'amusait à les lui lancer dessus. Pauvres petits crabes... Au final, ils auront finis leurs derniers instants dans l'intérieur du siège d'une moto, bien au chaud...

RIP petits crabes

Le premier soir, nous avons profité d'un magnifique coucher de soleil depuis une terrasse de café située sur les hauteurs des rochers. Balançoire, tables basses où l'on s'assied par terre, musique reggae,... L'ambiance qui y régnait était très chill et ça n'était pas pour nous déplaire, au contraire! Après une bonne petite bière dégustée sur une sorte de filet tendu au dessus de la mer, nous avons fait un petit tour sur la plage où il faisait nuit. La pleine lune était magnifique et se reflétait sur l'eau, rendant les alentours mystérieux et en même temps si paisibles. Le sable prenait alors des formes spéciales et l'eau était toujours assez chaude pour s'y promener pieds nus sans soucis. Un vrai moment à part!

 On n'a que le bien qu'on se donne!

Le lendemain, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait en fait énormément d'expatriés qui avaient élu domicile sur ce coin de l'île. Le gérant de notre guesthouse nous expliqua alors que c'était un peu compliqué pour eux à ce niveau-là. Le fameux bar d'à côté ne les respectant pas du tout en mettant quasi tous les soirs la musique à fond jusqu'à pas d'heure, alors que lui vit juste à côté avec sa famille et ses enfants qui n'ont pas de nuits correctes... Comme quoi, des conflits de voisinages, il y a en a partout sur le globe, même sur une petite île!

Nous en tout cas, on n'aime pas trop l'attitude de certains expatriés, qui ont des airs de cow-boys qui viennent "éduquer" les locaux comme si leur façon de vivre était meilleure que la leur. C'est très subjectif, et puis c'est loin d'être le cas pour toutes les personnes qui décident de s'expatrier dans un autre pays, mais tout de même, c'est un comportement assez récurrent qui a tendance à bien nous agacer...

Tracteur customisé & quelques clichés de l'île

Une des activités phares de l'île est le snorkeling, qui est le terme anglais utilisé pour le fait de plonger avec masque et tuba. En effet, ça aurait été bien dommage de ne pas profiter de la richesse maritime qu'offre Koh Rong Sanloem! Bien qu'Anne ne soit pas complètement à l'aise dans l'eau, et Max pas fan des grandes profondeurs où on ne sait pas trop ce qui peut venir sous ses pieds, nous nous sommes pris au jeu d'en louer et de nous rendre, à pieds, jusqu'à la magnifique plage de la baie de Clear Water. Et c'est à partir de ce moment que les parenthèses du titre s'ouvrent et laissent place à la première semi-mésaventure du séjour.

Plus qu'à suivre la flèche pour rentrer à la maison, vive Liège!  

Tout d'abord, nous avons traversé un morceau de plage rempli de cabanons laissés à l'abandon et désormais habités par des dizaines de chiens, qui nous ont fait une peur encore plus bleue que l'eau qui nous entourait. Nous avions tout d'abord repéré un petit chiot qui dormait, puis sa mère, puis un autre est venu vers nous en aboyant... Ce dernier ayant alors rameuté toute sa troupe qui semblait s'être mise d'accord pour nous aboyer dessus le plus fort possible tout en nous montrant leurs beaux crocs. Pour s'en éloigner et éviter un maximum leur territoire, nous avons alors été obligés de marcher dans la mer, l'eau nous remontant jusqu'aux genoux qui nous soutenaient tant bien que mal malgré nos guibolles qui tremblaient comme des feuilles.

Départ de promenade idyllique avant de croiser les chiens  

Le tracé semi-officiel que nous suivions sur une application était en réalité recouvert et effacé par la jungle, et cette simple balade au bord de l'eau s'est alors vite transformée en aventure en pleine jungle, ce qui, avouons-le, peut-être très angoissant. Comme toujours dans des situations pareilles, les petites voix dans nos têtes ne nous racontent pas du tout la même chose, celle de Max étant bien plus amusée que celle d'Anne qui lui fait imaginer les pires scénarios. "Et si on se perdait? Et si on tombait sur d'autres chiens? Voire une famille de gros singes? Et si on se cassait la figure et qu'on tombait dans la mer?" Parce que l'île est loin d'être plate, une fois qu'on est hors de la plage, ça grimpe pas mal et on se retrouve vite à une belle hauteur sur les rochers à flanc de "falaise". Toutes ces pensées, additionnées aux fortes chaleurs, ont transformés cette promenade en un moment franchement pénible pour Anne.

 Mer en vue!

On ne sait comment, et après avoir fait quelques demi-tours, nous sommes finalement tombés sur un semblant de chemin nous menant à une zone en travaux, où des ouvriers semblaient vivre dans des petites cabanes en tôle avec leurs familles. Une ambiance très particulière où clairement on ne se sentait pas à l'aise ni spécialement en sécurité... Il faisait si chaud que nous étions tous les deux déjà en maillot de bain, et passer en petit bikini entre tous les regards de ces hommes n'arrangeait rien à la situation déjà compliquée...

Drôle d'ambiance 

Mais bon, après l'effort le réconfort, non? Eh bien bof. La magnifique plage était en fait recouverte de nombreux déchets en tous genres. Tout comme le tracé que nous devions suivre, elle n'était plus du tout entretenue, isolée, et très sauvage. Nous nous étions imaginé une plage avec des petits restaurants, mais il n'en était rien. Du coup, notre dîner s'est résumé au paquet de chips que nous avions emporté avec nous. La réputation de l'île et tous les endroits magnifiques que nous avions repérés à l'avance sur plusieurs blogs dataient en fait de la période avant COVID. Depuis, l'ambiance n'est plus la même et les lieux sont bien différents, beaucoup étant laissés dans leur jus et à l'abandon. La pollution sur l'île en général est omniprésente, certains habitants brûlant directement des gros sacs poubelles dans des coins de plage...

Sur la plage abandonnée, déchets et crustacés... 

Mais bon, nous étions venus jusqu'ici pour faire du snorkeling et nous comptions bien en profiter. Là aussi, ça a été un flop, soyons honnêtes! L'eau était en fait très polluée et sale, et n'était plus du tout "claire" comme son nom l'indique et comme elle l'était très certainement avant la pandémie. Du coup, nous n'avons pas vu grand chose si pas rien du tout, à part ça et là un sachet en plastique ou des branches de bois. Malgré l'absence de beaux poissons, nous avons quand même eu bon à tester le matériel!

 Nage en eaux troubles

Finalement, nous avons tout de même trouvé un petit coin de sable où nous poser au milieu des crabes et nous relaxer. Bien que nous savions que tout le chemin inverse restait à faire pour rentrer (le chantier, la jungle, la troupe de chiens enragés,...), nous avons passé un bon moment à en rire et à profiter de cet endroit certes un peu décevant, mais tout de même très charmant! L'avantage d'un accès si difficile, c'est que nous avions toute cette partie de côte rien que pour nous.

Seuls au monde 

Quelle aventure! Au final, le retour a été plus facile et agréable que l'aller, les chiens étant restés bien tranquilles cette fois-ci et le chemin étant moins pénible et plus rapide puisque nous le connaissions déjà. Le soir, Maxime était assez frustré de ne pas avoir vu un seul poisson de la journée, et a alors décidé de partir à leur recherche dans un coin plus réputé et surtout plus facilement accessible. Et là, il en a eu pour son prix! Des beaux poissons colorés, des coraux, mais aussi beaucoup d'énormes oursins qui eux, lui plaisaient moins. Tout est bien qui finit bien...

Si l'escapade snorkeling de la veille pouvait être considérée comme une "semi-mésaventure", c'est parce que le lendemain, une péripétie moins drôle nous attendait. Après une matinée tranquille et cool Raoul à la plage située à quelques mètres de notre logement, nous avions décidé de rentrer pour manger innocemment nos fameuses nouilles en boîtes. Et là... Le drame! En voulant se redresser, Anne n'a pas fait attention et s'est violement cognée la tête contre le coin bien aiguisé d'une étagère en métal. Alerté par son cri, Max a alors bien failli tourner de l'œil en voyant les dégâts causés sur sa Nanette qui, elle, paniquait à l'idée d'être blessée ici, sur une île où il n'y a ni médecin, ni semblant d'hôpital, et encore moins de pharmacie (vous vous souvenez de la petite voix qui imagine les pires scénarios comme la veille dans la jungle?)

 Matinée en toute innocence & en bonne compagnie

Finalement, après avoir demandé l'avis à distance à la gentille maman de Max, la tension était redescendue et la blessure s'était un peu calmée, laissant place à un beau crin douloureux mais qui heureusement n'a pas nécessité plus de soins que ceux de Max, qui a été bien courageux et aux petits soins tel un vrai infirmier!

Le seul endroit où nous pouvions nous procurer un peu de matériel médical était la supérette du coin, ce qui, même si c'était loin d'être l'idéal, faisait bien l'affaire. Quelques cheveux coupés, une bonne dose de désinfectant, une compresse, le tout emballé dans du bandage tel un rôti, et le tour était joué!

Était-ce Couscous, le chat tant aimé d'Anne qui a rejoint le paradis des animaux ce même jour, qui essayait, bien maladroitement, de lui dire au revoir ? On ne saura jamais... En tout cas, on préfère croire à ce petit signe de la vie plutôt que nous lamenter sur la situation, qui fait partie des couacs qui peuvent arriver.

La "pharmacie" 

Les jours suivants, Anne s'est surtout reposée, dans la chambre ou au bord de la plage. Sa casquette avait la taille idéale pour dissimuler le gros bandage! Plus le temps passait et plus sa blessure, doucement mais sûrement, guérissait.

Repos forcé 

Pendant ce temps-là, Max en a profité pour faire une session supplémentaire de snorkeling où il a rencontré plusieurs autres poissons et coraux, mais toujours autant d'oursins! Tel Robinson Crusoé, il est également parti explorer un peu l'île. Il avait repéré une sorte de cascade sur une carte, et s'était mis en tête de la rejoindre, coûte que coûte. Après s'être aventuré et, avouons-le, un peu perdu dans la jungle, il est finalement tombé sur son havre de paix, apparu tel un oasis en plein désert: la fameuse cascade accompagnée d'un superbe bassin d'eau limpide. Il en a alors profité pour s'y baigner... Cul nu! Autant profiter de l'expérience à fond, non?

 Expédition du jour

Pour notre dernière soirée, nous sommes allés apprécier une nouvelle fois le magnifique coucher de soleil depuis le dessus des rochers. Nous avons alors testé un autre bar où nous avions la terrasse pour nous tout seul. Enfin… Nous devions tout de même la partager avec le chien et le chat des gérants, un rien pot de colle... Quelle aubaine!

Tout le monde réuni pour profiter du spectacle 

Si nous avions fait presqu'une journée de transport pour arriver ici, le retour fut encore plus laborieux puisque, cette fois-ci, nous retournions jusqu'à Phnom Penh. Nous n'avions pas le choix que de revenir sur nos pas afin de pouvoir continuer la suite de notre itinéraire par les rails. Afin de rejoindre les terres et plus précisément Sihanoukville, nous étions obligés de monter à nouveau à bord d'un speed boat. Sauf que la mer était très agitée, et que le trajet a été assez effrayant. La moitié des passagers essayaient de prendre ça à la rigolade, pendant que d'autres laissaient échapper un cri lorsqu'une vague plus violente venait frapper la coque en nous éclaboussant, ou cachaient tout simplement leur visage dans leurs mains, préférant nier la scène. Les speed boats n'ayant pas toujours bonne réputation, notamment à cause de leurs nombreux accidents dus à la vitesse, nous étions heureux de retrouver la terre ferme sains et saufs après une heure et demi de trajet sans répit.

L'autre moyen de transport au Cambodge qui n'a pas bonne réputation, également à cause de sa vitesse, c'est le train… Comme déjà mentionné, celui-ci est très lent et les horaires sont rarement respectés. Cette fois-ci nous étions à bord d'un train "normal", plus ancien, mais avec plusieurs wagons qui remuaient dans tous les sens. C'est aux alentours de 21h que nous sommes arrivés à la capitale, après sept longues heures de trains.

 Retour laborieux

Décidément, bien que paradisiaques et relaxantes, les îles ne nous réussissent pas (remember l'île de Cat Ba, au Vietnam, pour Maxime!). C'est aussi le premier endroit que nous visitons et où nous nous rendons vraiment compte de "l'avant/après COVID". Mais nous essayons de n'en retenir que le positif, car nous avons clairement passé du très bon temps à Koh Rong Sanloem, malgré les quelques mésaventures.

Après le retour-étape à Phnom Penh d'une nuit, nous repartirons le lendemain vers Battambang, une petite ville où il fait bon vivre dans le nord-est du pays. Au programme? Moto, chauve-souris et de la délicieuse nourriture!

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Jeudi 15 décembre. Comme si les 7 heures de train de la veille n'avaient pas été suffisantes, nous avons quitté la capitale aux petites heures afin de prendre un second train, tout aussi lent et peu confortable que celui de la veille, pendant presque 8 heures, au lieu des 6h20 annoncées. Bien que les paysages ruraux étaient toujours aussi grandioses, à partir d'un moment... Ça devient... Très long. A nouveau, ça remuait dans tous les sens, et la vitesse moyenne de 50km/h, accompagnée des nombreux stops parfois sans raison, nous donnaient l'impression que le trajet n'allait jamais se terminer. Heureusement, les quelques morceaux de mangue séchée que nous avions acheté au préalable venaient nous réconforter.

L'interminable trajet Phnom Penh-Battambang 

Grâce à l'expérience ferroviaire de la veille, nous savions que cette pensée était irrationnelle et que nous allions bien finir par arriver au bout de ces 200 kilomètres à parcourir. Et en effet, tout vient à point à qui sait attendre comme on dit si bien, nous avons finalement rejoint Battambang avec succès! Cette journée de transport nous ayant bien fatigués, nous avons passé le reste de celle-ci à profiter de la belle terrasse de l'auberge où nous logions, et des vélos qui étaient à disposition. Quel bonheur d'être dans une chambre spacieuse, au calme, sans avoir besoin de mettre un moustiquaire au dessus de nos têtes la nuit, et surtout loin des bars bruyants!

Si l'après-midi nous avons goûté aux bons petits plats servis par notre logement, le soir, nous sommes allés manger dans un très bon restaurant local, où Maxime s'est fait plaisir avec un curry et Anne, qui vouait alors un véritable amour pour ce plat, un traditionnel lok lak. Cette fois-ci, il était servi uniquement avec des morceaux de tofu et son inséparable sauce au poivre.

Un lok lak et au lit! 

Le lendemain matin, nous nous sommes réveillés avec une mission en tête, et pas des moindres: se rendre à l'hôpital afin qu'Anne reçoive une dose de vaccin. Bien que nous avions eu plusieurs rendez-vous à la médecine tropicale avant notre grand départ en juillet, il lui restait un rappel à faire, idéalement dans le courant du mois de décembre. Après un bon petit-déjeuner à l'auberge, nous avons alors enfourché nos bicyclettes direction le petit hôpital du coin. Malheureusement, nous en sommes ressortis bredouille, l'établissement n'ayant pas le vaccin requit à disposition.

 Découverte de Battambang en vélo

Du coup, ça nous a laissé plus de temps pour faire un petit tour de la ville, souvent délaissée par les touristes. Pourtant, nous avons trouvé Battambang plutôt charmante, il faisait bon de s'y promener le long de la rivière Sangker et surtout... d'y manger! Car ça oui, c'est clair, nous en avons encore eu pour notre compte au niveau gustatif. Le soir, nous nous sommes rendus dans un restaurant tenu par une Cambodgienne mariée à... un Belge. Sa spécialité? Remplacer les glaçons d'eau par des glaçons d'eau de coco dans son jus d'ananas fraîchement pressé... Un rêve pour les papilles! C'est bien sûr sans parler de sa version succulente du lok lak, cette fois-ci remplie de légumes colorés et de noix de cajou. Vive la cuisine khmère! Nous y avons aussi croisé le chaton qui avait le moins envie de recevoir de l'amour au monde et qui avait bien du mal à le cacher en photo...

Jus d'ananas - Lok lak - Chaton : le combo parfait 

Mais nous n'avions pas choisi ce restaurant par hasard... En effet, nous avons l'idée un peu folle d'atteindre notre prochain stop, Siem Reap, en scooter plutôt qu'en bus. Personne ne semblait choisir cette option, mais nous en tout cas nous étions prêts à tout pour éviter des heures de bus. Nous avions alors repéré ce restaurant, qui proposait également des services de location de scooter. Le contact étant plutôt bien passé avec la femme la veille, c'est naturellement que nous y sommes retournés le lendemain en tuk-tuk afin de choisir la mopette qui allait nous accompagner pour les six prochains jours.

Si de base nous y allions juste pour louer une moto, nous avons finalement passé un bon bout de temps là-bas avec la tenancière et sa sœur, qui nous ont fait découvrir leur magnifique jardin où poussent naturellement ananas, bananes et toutes autres sortes de fruits exotiques qui nous donnent l'eau à la bouche rien qu'en les regardant. Voyant notre intérêt pour la bonne nourriture, la dame nous a alors fait goûter une spécialité du pays: le bamboo (ici il n'était pas servi dans du bambou mais il peut l'être) sticky rice, servi chaud dans des feuilles de bananier. Il s'agissait de riz très collant et sucré, mélangé à des haricots, du sucre de palmier et du lait de coco. Plutôt bourratif mais ça restait délicieux!

 Un jardin de rêve

Une fois l'estomac bien rempli, nous avons directement profité de la liberté qu'offre le scooter pour partir à l'aventure, direction la montagne calcaire de Phnom Sampov, également appelée Phnom Sampeau! Enfin montagne, montagne, il s'agit plutôt d'une colline culminant à un petit 140 mètres d'altitude. Situé à une douzaine de kilomètres du centre ville, cet endroit est en fait un site religieux, réputé dans tout le pays pour plusieurs raisons. La principale est le tempe de Phnom Sampov, mais on y retrouve également d'autres temples, des grottes et des statues... glaçantes.

Phnom Sampov 

En effet, lors du génocide des Khmers rouges, la montagne a été utilisée comme lieu de torture, valant à certaines grottes de la montagne le surnom de killing caves, les grottes de la mort. En quelques mots, les Khmers rouges faisaient marcher femmes, hommes et enfants dans une grotte qui se terminait dans une espèce d'énorme précipice plongé complètement dans l'obscurité. Il est impossible d'imaginer ce que ces pauvres personnes ont du ressentir lors de leur dernier pas dans le vide...

 Killing Caves

La grotte est aujourd'hui ornée de belle verdure, avec notamment un grand bouddha doré et allongé auprès duquel plusieurs personnes viennent se recueillir et rendre hommage aux victimes de ces atrocités. Il y a également un mémorial impressionnant avec plusieurs ossements humains qui ont été retrouvés sur les lieux.

 Killing Caves

Si visiter cette grotte était déjà impressionnant avec son ambiance très particulière, les statues qui se trouvent à l'extérieur, représentant toutes sortes de tortures, nous ont tout autant marquées et, on peut le dire, vraiment dégoutés.

Statues de l'horreur 

Après avoir visité cette partie du site, la suite était plus légère et le chemin nous a mené vers un point de vue magnifique, surplombant le village en contre-bas et la belle campagne cambodgienne. Nous n'étions pas les seuls à profiter de la vue, de nombreux singes étaient également présents et nous faisaient bien rire!

On the top! 

Aux alentours de 17h30, à la sortie de la montagne, nous sentions que quelque chose se tramait. Beaucoup de personnes étaient posées sur des chaises en face de l'ouverture d'une grotte, qui abritait en fait des milliers de chauves-souris. On pouvait le deviner à l'odeur peu agréable d'urine et d'excréments qui parfumait l'air, mais surtout aux cris que nous entendions.

En réalité, c'est pour ce moment précis que nous étions venus jusqu'ici: le show des chauves-souris! Et quel show! Vers 18h, une fois le soleil presque couché, le spectacle a commencé: d'abord des dizaines, puis des centaines, puis des milliers de chauve-souris sortaient de la grotte, prêtes à aller chasser toute la nuit des insectes, et ce sur une distance pouvant aller jusqu'à 50 kilomètres! C'était très impressionnant et difficile à décrire, alors voilà une petite vidéo trouvée sur Youtube qui montre la beauté de ce spectacle incroyable, qui a lieu tous les jours et qui dure environ 40 minutes, le temps que chacune rassemble ses affaires et sorte de son nid douillet.

Que le show commence! 

Comment mieux terminer notre séjour à Battambang qu'en scooter, le coucher de soleil devant nous, et le nuage de chauve-souris au dessus de nos têtes? Ce moment particulier fait partie de ceux que nous ne sommes pas prêts d'oublier. La nature est pleine de surprises, et nous sommes tellement reconnaissants d'avoir la chance de pouvoir profiter de certaines, au bout du monde.

Ce soir-là, nous avons préparé nos sacs à dos pour le mini road-trip du lendemain, direction donc Siem Reap et ses majestueux temples d'Angkor!

 A dans une semaine Battambang!
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Dimanche 18 décembre. 8h tapante, l'heure du départ a sonné, direction Siem Reap! Environ 170 kilomètres nous attendaient en mopette, nous obligeant à prendre avec nous le strict minimum pour la semaine, puisque nous ne pouvions nous permettre qu'un seul petit sac à dos. Nous nous sommes vite rendus compte que la route était en fait toujours la même: une espèce de grand route plutôt dangereuse, où il y avait énormément de gros pick-up et camions surchargés qui nous dépassaient à la vitesse V V prime mais surtout beaucoup de vent qui rendait la conduite assez périlleuse.

On ne s'y attendait pas mais au bout de quelques kilomètres à peine nous étions gelés, Maxime en ayant même les lèvres toutes bleues... Nous nous sommes donc rapidement arrêtés à une sorte de restaurant en bord de route, qui a servi à Max un café... froid et rempli de glaçons. Parce qu'on a trop tendance à l'oublier, mais en Asie du Sud-Est, si on commande un café sans spécifier qu'on le veut chaud, il sera automatiquement servi glacé!

 Lèvres bleues, café glacé & notre mini valise pour 6 jours

Malgré tout, cette pause nous aura fait du bien, avec quelques rayons de soleil qui venaient réchauffer en douceur nos guibolles nues. Si à ce moment-là nous questionnions notre idée d'y aller en moto plutôt qu'en bus comme tout le monde? Peut-être un peu oui, mais notre décision était prise et chaque van rempli de touristes qui nous dépassait nous réconfortait dans notre choix. C'est donc avec courage et prudence que nous sommes remontés sur notre deux roues.

Au bout de 5 heures de route laborieuse, nous avons finalement atteint Siem Reap sains et saufs, ouf! Nous étions étonnés du "peu" de temps qu'il nous a fallu pour y arriver, nous pensions en effet que le trajet durerait toute l'après-midi, mais finalement nous sommes arrivés pile pour l'heure du dîner. Quel bonheur de voir sa journée rallongée quand on ne s'y attend pas! Nous avons alors trouvé un bon petit restaurant végétarien qui, malgré ses portions de bébé, proposait des boissons à tomber par terre. Virgin mojito à la pastèque pour Nanette, smoothie fruit de la passion pour Max. On n'a que le bien qu'on se donne, non?

On the road again & dîner bien mérité! 

Siem Reap est une ville bien différente des autres du Cambodge. En effet, grâce à sa situation géographique proche des ruines d'Angkor, elle est aujourd'hui la ville la plus touristique du royaume et, par conséquent, la plus développée. Ici les maisons et bâtiments sont bien grands et ont un style architectural à la fois français et chinois. Malgré son côté touristique indéniable, la vieille ville est vraiment charmante avec beaucoup de petits restaurants et boutiques en tous genre. Du coup, nous avions plutôt l'impression de flâner dans les rues d'une vieille ville en vacances en France et non au Cambodge, mais ça fait toujours du bien de retrouver de temps en temps quelques repères style "européens". L'occasion idéale de faire une session de shopping rapide au marché du coin afin de trouver un pantalon à Anne, obligatoire pour les visites des temples des prochains jours.

Fini les petites guesthouses familiales, ici les logements sont souvent des hôtels et nous n'avons pas dérogé à la règle. Nous avions déniché un beau petit hôtel, simple mais efficace, qui avait même une piscine! Bon, en réalité, la piscine était tellement froide qu'il était presque impossible de s'y baigner, sauf si on veut coûte que coûte en profiter, comme Max! Il n'y sera resté que quelques minutes, juste assez pour avoir à nouveau les lèvres bleues, décidément...

 Le charme de Siem Reap & nouveau pantalon pour Nanette

Au niveau gastronomique, nous avons cette fois-ci goûter à une autre spécialité: la banane frit. Un véritable cadeau du ciel! Il y avait également une glacerie qui proposait des parfums aux fruits exotiques, tel que fruit du dragon, noix de coco, passion,... Nous y sommes même retournés deux fois, histoire de goûter un peu à tout!

Nous avions trouvé l'endroit parfait pour souper, presque tous les soirs, à savoir un petit restaurant local qui avait un menu à rallonge. Une farde entière qui illustrait, comme toujours en Asie du Sud-Est, les plats avec des photos. Chaque soir était un véritable festin pour quelques euros seulement!

Banane frit, glaces exotiques et le plus long menu jamais vu 

Dimanche soir, la ville était en fête à l'occasion de la finale de la Coupe du Monde de football, qui opposait la France à l'Argentine. On ne s'attendait pas à une telle ambiance et pourtant, toute la pub street était pleine à craquer de supporters, maquillés aux couleurs de leur pays de préférence et drapeaux en main. En bon belge, nous nous sommes bien entendu ralliés au côté argentin, qui étaient étonnement nombreux sur place! Il y avait plusieurs scènes et écrans géants, rendant le moment vraiment festif et agréable!

Ce soir-là, nous avons eu l'occasion de voir une tarentule, tenue en main par une petite qui ne semblait pas en avoir peur du tout. Elle la posait sur son épaule, la faisait passer de main en main, ... On aurait presque pu croire qu'elle avait un petit animal de compagnie tout à fait normal. Sa mère qui se tenait à côté par contre, proposait également des tarentules mais cette fois-ci grillées. Nous avions entendu parler de cette spécialité au Cambodge, mais honnêtement c'était impossible pour nous d'y goûter.

Vive l'Argentine! 

Histoire d'avoir un petit avant goût des temples d'Angkor qui nous attendaient, nous sommes allés nous promener le lendemain du match dans le joli complexe religieux et éducatif de Wat Damnak, la plus grande pagode de Siem Reap. Si lors de la période des Khmers rouges le site était utilisé à des fins de base militaire, aujourd'hui, ce monastère est un lieu d'enseignement où nous avons pu croiser plusieurs étudiants la tête dans leurs bouquins, au beau milieu des jardins et temples qui rendent l'endroit très paisible.

Wat Damnak 

A quelques pas de là se trouvait les ateliers des Artisans d'Angkor, une entreprise sociale créée en 1990 qui embauche des jeunes défavorisés et déscolarisés, qui proviennent souvent des milieux ruraux, les formant ainsi à des métiers qui assurent la préservation du savoir-faire de l'artisanat khmer. Fabrication de la soie, orfèvrerie, sculpture sur bois et pierre, peinture,... Tout autant de métiers magnifiques que nous avons eu beaucoup de plaisir à découvrir grâce à une visite guidée. C'est incroyable le degré de précision que ces métiers requièrent, ainsi que la patience et minutie qui se reflètent dans la beauté de leurs œuvres.

Fabrication de la soie et peinture 
Sculpture  
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Après ce week-end agréable passé à découvrir la ville de Siem Reap, les choses sérieuses allaient commencer pour nous. A 8 heures tapantes, nous avions rendez-vous avec Vung, notre chauffeur-guide qui allait nous faire découvrir le vaste site archéologique d'Angkor. Parce que oui, étendu sur plus de 400 km² et comptant plus de 200 temples, il est presque indispensable d'y aller accompagné d'un guide. On y retrouve plusieurs routes, forêts et même villages à l'intérieur du site. Dernièrement, une annonce a été faite par les autorités locales qui souhaitent expulser des milliers de familles du site, afin de le préserver. Leurs maisons, souvent pauvres sans accès à l'eau courante ni électricité, seraient alors détruites pour laisser placer à un reboisement. Il s'agit là d'un sujet très sensible, et les autorités espèrent que certaines familles se porteront volontaires pour quitter leur maison... Affaire à suivre.

Angkor, on arrive! 

Inscrit depuis 1992 au patrimoine mondial de l'UNESCO, le site d'Angkor a été pendant plusieurs siècles le centre du royaume khmer et est aujourd'hui un véritable joyau culturel à la renommée mondiale. Grâce à cet endroit, des milliers de touristes (2,2 millions en 2019!) viennent chaque année visiter ces temples. Bien que cela enrichisse le pays, le tourisme reste une menace directe pour la préservation du site, qui est déjà endommagé par la pluie des moussons et la végétation tropicale.

Cependant à cause du COVID, tout le site, et en parallèle tous les guides, chauffeurs de tuk-tuk, restaurateurs, tenanciers d'hôtels,... ont été mis à l'arrêt. Comme dans beaucoup de secteurs, ce foutu virus a rendu la vie plus compliquée aux personnes qui dépendaient du site d'Angkor pour vivre. Du coup, afin de promouvoir le retour des touristes, les gérants du site ont décidé de faire une promotion sur les tickets d'entrées: 1 jour acheté, 1 jour offert! Nous avons donc fait une belle économie sans le vouloir, et avons ainsi choisi le pass de 2 jours.

Avant-goût de l'impressionnant temple de Ta Som

Il y a deux types de guides à Angkor: les officiels, qui ont suivi une formation stricte et qu'on peut notamment reconnaitre avec leur chemise beige, et les non-officiels, qui coûtent moins chers et proposent parfois de combiner visite et transport en tuk-tuk. Suite à des recommandations que nous avions vues pour Vung sur Facebook, nous n'avons pas hésité longtemps et nous sommes sentis très chanceux qu'il soit toujours libre, alors que nous nous y prenions vraiment à la dernière minute!

Sauf qu'en fait, Vung était bien plus chauffeur que guide, ne nous offrant que quelques maigres explications un peu brouillons et ne nous accompagnant jamais à l'intérieur des temples. Nous étions donc loin de l'idée que nous nous en étions faite, mais il était vraiment sympathique, parlait couramment français et, finalement, cette option collait plus avec notre budget de backpackers. On ne pouvait nous en prendre qu'à nous-même, Vung ne s'étant jamais lui même présenté en tant que guide. Il s'agissait plus d'un malentendu de notre part suite aux recommandations lues à son sujet.

Notre chauffeur Vung 

Le premier jour, nous avons alors exploré six temples sous un beau soleil tapant. Le tout premier que nous avons visité était le Prè Rup Temple, datant du milieu du 10ème siècle. Ce temple-montagne (nom donné aux temples qui sont construit comme une pyramide) a été construit par le roi Rajendravarman II et est dédié au dieu hindou Shiva. Jusqu'en 1930, il était recouvert de végétation et de terre, et il a ensuite été découvert par deux chercheurs français. Et quelle découverte! Ses murs d'enceinte ont une belle couleur orangée, due à la roche utilisée, la latérite, et on y retrouve cinq tours en briques décorées. "Prè Rup" signifie "tourner le corps" en khmer et ce lieu aurait été utilisé comme crématorium géant.

 Prè Rup Temple

Ensuite, nous avons continué notre découverte des temples avec le Banteay Srei Temple. Pour le rejoindre, il nous a fallu une bonne trentaine de minutes en tuk-tuk car ce dernier se trouve à environ 20 kilomètres du complexe d'Angkor. Certains le surnomment "le temple minuscule", car en effet il est bien plus petit que les autres impressionnants et massifs temples du site. Sa couleur rose calcaire et ses nombreuses devatas sculptées (des divinités féminines) valent quant à elles son nom signifiant en khmer "la citadelle de la femme" ou encore "la citadelle de la beauté".

 Banteay Srei Temple

Le trajet nous a alors fait passer par plusieurs villages et rizières, ce qui nous permettait aussi de nous rendre compte de l'étendue du site! Surprise en bord de route, Vung nous a fait découvrir quelques spécialités locales. C'est d'ailleurs assez fou le nombre d'échoppes de souvenirs et de street food qu'on retrouve partout à Angkor. En parallèle, aux abords des gros temples, le nombre de vendeurs assez insistants qui nous accostent peuvent vite devenir gênants. Malheureusement nous avons croisé aussi pas mal d'enfants qui nous demandaient de l'argent, ou qui essayaient de nous vendre toutes sortes de choses.

Parmi toutes ses offres, Vung connaissait les bonnes adresses et s'est arrêté chez une jeune fille qui utilisait le palmier pour en faire des confiseries comme du caramel de sucre de palmier (dont nous avons ramené un pot tellement qu'ils était bons!), ou encore des petits paniers fabriqués avec les feuilles du palmier.

Un peu plus loin, deuxième stop culinaire où nous avons cette fois-ci dégusté des petites boules de noix de coco, pâte de riz, avec un cœur au sucre de palmier, le tout parsemé de noix de coco râpée. Un délice! Nous avons ensuite goûté à ce que notre loueuse de scooter nous avait préparé quelques jours auparavant: du sticky rice avec des haricots et de la noix de coco. Toujours aussi bon!

 Pause snack en bord de route

Après cette pause sucrée, nous étions fin prêts à continuer la visite d'Angkor, en nous dirigeant cette fois-ci vers le East Mebon Temple, également construit au 10ème siècle par le roi Rajendravarman II, comme le Prè Rup Temple. East Mebon se distingue des autres temples car il a été construit sur une île artificielle, le rendant accessible, à l'époque, uniquement en bateau. Aujourd'hui, le gigantesque bassin d'eau qui l'abritait, mesurant tout de même 2km sur 7, le Baray oriental, est complètement asséché. Nous, on a beaucoup aimé ses représentations d'éléphants et ses lions qui semblaient garder les portes du temple!

East Mebon Temple 

Place à présent à notre premier coup de cœur de la journée, le Ta Som Temple! Construit à la fin du 12ème siècle, ce temple bouddhiste nous a impressionnés avec ses arbres aux immenses racines qui semblaient reprendre fermement leur droit sur les constructions, ainsi que les sculptures dans la pierre et les impressionnants visages en haut des tours qui composent le temple. Il était situé en pleine forêt, ce qui rendait la visite encore plus particulière.

Ta Som Temple
Le mystérieux figuier étrangleur 

Après cette belle découverte, nous nous sommes dirigés vers le Neak Poan Temple, construit à la fin du 12ème siècle. Sa particularité? Il se trouve sur une île artificielle au milieu d'un lac, caché en plein dans les bois. Il aurait servi d'hôpital, qui avait alors séparé le lac en sorte de quatre piscines, représentant l'eau, la terre, le feu et l'air, et permettant aux malades de venir s'y baigner et soigner leurs maladies. Bien que le chemin pour l'atteindre était plutôt charmant, notamment la traversée de l'eau sur un pont qui bougeait pas mal, le temple en lui-même nous a paru un peu "simple", si on le compare aux autres du site d'Angkor qui sont bien plus grands et amusants à visiter. C'était tout de même un petit coin sympa pour faire une pause et profiter du calme de la forêt, assis sur une liane comme la dame sur la photo ci-dessous.

Neak Poan Temple

Si le style du Ta Som Temple nous avait séduit, on ne pouvait que tomber sous le charme du dernier temple de la journée, le Preah Khan! A nouveau, nous avons eu un vrai coup de cœur pour son architecture, sa couleur qui se mêlait parfois au rouge et au vert, ainsi que ses arbres aux racines imposantes qui étaient toujours autant impressionnants. Une grande partie du temple était en ruine, et c'était justement très amusant de s'y promener et de se perdre dans son intérieur un peu mystique. Certains murs étaient sculptés avec un niveau de détail remarquable, ce qui ne faisait qu'embellir ce lieu déjà incroyable.

Coup de cœur pour le Preah Khan Temple
La beauté des détails 

Pour finir la journée en beauté, Vung nous a fait passer par une des cinq Angkor Gates, les portes d'Angkor, qui sont un passage incontournable de toute visite sur le site archéologique. A nouveau, un magnifique visage sculpté surplombait l'entrée et semblait contrôler chaque passage. Lorsque nous avons voulu remonter à bord du tuk-tuk, un singe semblait vouloir reprendre la route avec nous. Il était posé là, calmement, et ne bougeait pas d'un cil alors que nous nous asseyions juste à côté. De quoi terminer la journée sur une belle touche!

End of this big day 
• • •

Le réveil sonne, 4h50... C'est avec les yeux bien gonflés et encore à moitié fermés que nous retrouvons Vung, qui nous a alors conduit en plein noir et froid au plus célèbre des temples, Angkor Vat! Plus grand monument religieux du monde, le temple est d'ailleurs représenté sur le drapeau du Cambodge qui, pour l'anecdote, est le seul au monde à représenter un monument réel sur son drapeau.

Là nous attendait un spectacle magnifique, à savoir le lever du soleil derrière le temple, qui se reflétait alors de plus en plus sur le bassin d'eau qui se trouvait devant. Le ciel a alors pris toutes les couleurs, passant d'un noir épais illuminé uniquement par la lune à des touches bleues, mauves, vertes et enfin rosées et orangées, la partie que nous avons préférée! Voilà en quelques photos l'évolution du paysage au fil des minutes qui s'écoulaient. Comme vous pouvez le voir, nous étions loin d'être les seuls à admirer le show.

Les plus belles couleurs 

Une fois le jour levé, la visite du temple à proprement parler pouvait commencer. Construit sur une structure de presque 2km², il se compose d'un temple-montagne et d'un temple à galeries, rien que ça! Un long mur d'un périmètre de 3,6km l'entoure, et à l'intérieur se trouve une douve haute de 190m. Construit initialement comme centre religieux hindouiste, et ensuite consacré au bouddhisme, Angkor Vat représente ainsi les deux religions les plus présentes en Asie, et un grand nombre de moines bouddhistes y viennent chaque année en pèlerinage. Nous avons passé plusieurs heures à flâner dans ses galeries et jardins, entre belles vues et sculptures encore une fois remarquablement bien réalisées.

Les extérieurs 
 Une maigre partie de l'intérieur d'Angkor Vat 
 Les belles galeries

Après celle longue mais très intéressante visite, notre très cher Vung nous a emmenés au temple de Bayon, en nous faisant passer cette fois-ci par une autre porte d'entrée du site d'Angkor, toujours aussi impressionnante, notamment grâce à ses nombreuses statues qui nous accueillent. Comme la veille, nous nous sommes retrouvés entourés de singes, dont un qui n'a pas hésité à sauter sur Max pour lui arracher des mains la banane qu'il lui tendait. Si cette scène nous a fait bien rire, le petit bébé singe qui est venu s'agripper à la robe d'Anne juste après nous a tout simplement fait fondre. On ne peut plus mimi!

 Quel accueil!

Le temple de Bayon était assez spécial et mystérieux avec ses nombreux visages de bouddhas représentés sur ses tours. Signifiant "la montagne magique" en khmer, ce temple-montagne composé d'une pyramide sur trois niveaux et s'étalant sur 22.500m², figure parmi les plus beaux à voir lors d'une visite à Angkor, et on le confirme! Toutes les galeries qu'il abrite transforment le lieu en un presque labyrinthe, où nous avons passé plus de temps à nous perdre qu'à lire les informations sur l'histoire du temple, pour être honnêtes! Quoi qu'il en soit, nous avons tout de même apprécié être entourés de ces visages au demi-sourires un peu mesquins et étranges. Nous avons aussi vu, accroché à un arbre, des échafaudages, comment dire... vertigineux!

Relookés de tous côtés 

Après avoir fait nos au revoir aux visages de Bayon, nous sommes passés à la visite du temple Baphûon, qui est le plus grand et imposant temple-montagne hindouiste du site d'Angkor. Son surnom de "château de sable" vient du fait qu'il est construit sur une base remplie de sable, au sommet d'une colline artificielle. A l'arrière du temple se trouve une gigantesque statue de bouddha couché construite en pierre, mesurant pas moins de 70m de long pour 9m de hauteur! Il se dissimule cependant bien dans le décor, même en étant en face de lui, il nous aura fallu un petit temps avant de le voir...

Voyez-vous le bouddha? 

Et enfin, last but not least comme les anglophones disent si bien, cette deuxième et dernière journée de visites s'est clôturée sur l'incontournable Ta Prohm Temple, notre coup de cœur de l'ensemble de tous les temples visités sur les deux jours! A la réputation mondiale suite au tournage de scènes du film Tomb Raider, ce temple qui s'étend sur pas moins de 60ha est caché en pleine jungle, ce qui rend le lieu encore plus mystérieux et aventureux. A nouveau, les nombreuses racines massives (dont certaines aux formes olé-olé!) qui sortent des constructions, en partie en ruine, nous ont séduites au premier coup d'œil. Si nous retiendrons de ces deux jours les temples, la grandiosité et la beauté des nombreux arbres qui se trouvent à Angkor nous auront tout autant marqués!

 Le temple...
 ... et ses racines!

A la fin de ces deux journées de visites à arpenter les routes d'Angkor, notre ressenti est un peu mitigé, partagé entre l'émerveillement devant tous ces temples aussi spectaculaires et uniques les uns que les autres, entourés de nature, et la fatigue de toutes ces informations à digérer sous un soleil bien clapant. De notre humble avis, deux jours était le timing idéal pour profiter du majestueux site d'Angkor sans en perdre l'intérêt. C'est donc légèrement KO mais très heureux d'avoir pu découvrir une partie de ce lieu si particulier que nous avons fait nos au revoir à notre bien sympathique chauffeur Vung, et avons laissé derrière nous la magie d'Angkor qui valait clairement le détour! Décidément, le Cambodge est rempli de belles surprises qui ne demandent qu'à être découvertes, et à nouveau, nous nous retrouvons bien loin des avis négatifs que nous avions entendu à son sujet avant d'y mettre les pieds!

Lara Croft n'a qu'à bien se tenir! 
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Jeudi 22 décembre. C'est reparti pour 170 kilomètres dans l'autre sens, direction Battambang! Parce qu'après autant de temps à profiter de la mopette, on en oublierait presque qu'on doit la rendre... Contrairement au trajet aller, le vent s'était calmé et il faisait bon. La route était toujours aussi périlleuse et quelque peu dangereuse avec le trafic mais nous l'appréhendions d'une autre manière.

Grand soleil pour le retour 

A une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, nous étions chacun plongés dans nos pensées lorsque tout à coup, PATCH!!, un gros bruit nous surprit, comme si quelque chose venait d'exploser. Maxime se gara alors comme il pouvait en bord de route, mais aussi étrange que cela puisse paraître, la moto semblait toujours en parfait état. Bizarre... Nous sommes tout de même remontés en selle pour parcourir la petite distance qu'il nous restait, plus attentif que jamais, ne voulant pas donner raison au dicton qui nous murmurait à l'oreille que les accidents arrivent dans les derniers mètres...

A nouveau, nous sommes arrivés pile pour l'heure du dîner et avons goûté une dernière fois à la délicieuse cuisine khmère avec, sans surprise, un bon lok lak pour Anne. L'occasion également d'utiliser une dernière fois le système de toilettes que nous avons retrouvé à plusieurs reprises au Cambodge (et qui nous rappelait l'Asie Centrale!), des toilettes turques avec, en guise de chasse d'eau, une petite bassine à remplir soi-même.

 Circuit court

Une fois bien repus, nous avons alors rejoint le restaurant qui nous avait loué la moto presqu'une semaine auparavant. Même pas le temps de dire bonjour que la propriétaire, qui était bien occupée à couper ses petits ananas, nous fait des grands yeux en voyant le pneu de la moto qui était complètement à plat. C'était donc ça... Le pneu avait explosé en pleine grand-route et s'était dégonflé petit à petit. Nous qui avions entendu plusieurs histoires plutôt terrifiantes de conducteurs de mopettes qui avaient eu de sacrées égratignures après une explosion de pneu, nous nous sommes à nouveau senti bien chanceux que rien de grave ne nous soit arrivé. Notre bonne étoile devait sans doute encore se pencher sur notre cas à ce moment là!

Direction le garage du coin avec la dame, dont le niveau de sympathie avait dégonflé autant que le pneu entre le jour où nous étions venu déguster des bonnes préparations dans son jardin et aujourd'hui... Heureusement, nous n'avons finalement dû débourser qu'une douzaine de dollar pour changer le pneu. Ouf!

 Plus de peur que de mal

Pour fêter la fin de notre voyage dans ce beau pays, et surtout nos cinq mois sur les routes, nous avions une envie profonde de manger... des pizzas! De temps à autre, ça nous fait du bien de regoûter à ces saveurs plus européennes qui nous rassurent et nous réconfortent toujours. Nous sommes donc allés souper dans une petite pizzeria, quel régal! Une bonne occasion de siroter une dernière fois la bonne bière d'Angkor, toujours servie en cannette. Pour l'anecdote, derrière chaque partie qui ouvre la cannette se trouve une insigne qui peut nous faire gagner une bière gratuite. Nous en avions quand même récolté six! Malheureusement, nous n'avons pas trouvé de magasin qui acceptait de les échanger... mais nous validons l'idée!

Nous voilà déjà à la fin de notre périple au Cambodge, où nous nous serons vraiment bien amusés à découvrir ces parties du pays qui étaient toutes aussi charmantes les unes que les autres. Nous en avons également appris plus sur l'histoire tragique du peuple cambodgien, qui ne laisse pourtant rien paraître dans leurs sourires et rires qui se dévoilent si facilement! Ah ça c'est sûr, les Cambodgiens sont très accueillants et nous nous sommes sentis bien et en sécurité tout au long du voyage. Encore une fois, les avis étaient plus que mitigés au sujet de ce pays, et maintenant que nous pouvons partager notre ressenti, nous sommes (et de loin!) de ceux qui conseillent vivement de partir à la découverte de ce pays franchement sous-estimé. Vive le Cambodge!

លាហើយ អរគុណ!