J'ai voulu cette année me lancer un défi et réaliser un trek seule, avec un porteur. (Mon dos me remerciera de ce choix !) Une grande première pour moi qui jusqu'à présent réalisais ces treks au Népal avec Toma, mon mari, passionné de treks en montagne.
Après un trajet en jeep de 6 heures depuis Besisahar, me voilà arrivée à Chame et c'est parti pour 12 jours de trek.
Les étapes: Chame, Upper Pisang, Ngawal, Manang, Kansgkar, Tilicho BC, Yak Karka, Thorong Pedhi, Muktinah, Jomson, Tukuche et bus jusqu'à Pokhara.
Ce trek offre des paysages très variés puisqu'il débute à moins de 1000 mètres pour rejoindre un col de 5400 mètres. On quitte la végétation tropicale pour les conifères, puis on rencontre l'univers minéral de haute montagne.
A l'exception du lac de Tilicho et du passage du Thorong La à près de 5500m d'altitude, ce trek n'est pas difficile et les étapes ne durent jamais plus de 6 heures. Ici encore, on trouve des lodges absolument partout; certains bénéficiant même d'un certain confort, avec des rideaux aux fenêtres, des matelas assez épais et des "Western Toilets" dans les chambres pour celles disposant d' "attached bathrooms"... Franchement appréciable à partir d'un âge disons un peu avancé...
La contre-partie de ce trek est qu'il est très fréquenté, aussi bien par des groupes que des voyageurs en solitaire. Il ne faut donc pas arriver trop tard si on désire passer la nuit dans un lodge un peu plus attrayant que les autres...
En revanche, le parcours de ce trek est parfaitement balisé, en rouge et blanc et peu donc se réaliser tout à fait seul, même si depuis avril 2023 le guide est obligatoire dans les Annapurnas. En réalité je n'ai vu aucun contrôle sur ce parcours et j'ai croisé un bon nombre de voyageurs réalisant ce trek sans guide, ni porteur.
La route, non bitumée, monte maintenant jusqu'à Manang et il est bien sûr possible de l'éviter sur certains tronçons en suivant les sentiers alternatifs de l'acap, marqués en bleu et blanc. Le sentier emprunté entre Upper Pisang et Manang traversant le petit village de Ngawal est particulièrement esthétique.
Dans l'ensemble, le parcours ne représente pas de difficulté particulière. Le sentier menant au Lac de Tilicho enchaîne montées et descentes s'engouffrant au fond de la vallée pour rejoindre Tilicho. La montée finale à partir du Tilicho Base Camp est longue et assez pénible car elle se réalise tôt le matin à la "frontale". En s'élevant sur le versant, la vue se révèle magnifique: Tilicho Peak, Kangsar Kang (7193m) Gangapurna (7455m) forment un somptueux panorama.
Pour rejoindre le Thorong La à partir du Lac, il est inutile de repasser par Manang. L'itinéraire descend à Shree Karka, puis traverse les pâturages au dessus de Kangsar offrant une très belle vue plongeante sur la Marsyangdi. On redescend ensuite jusqu'au fond de la vallée pour retrouver l'itinéraire principal qui mène d'abord à Yak Karka, puis Ledar, puis Thorong Pedhi. Pour ma part, j'ai passé la nuit à Yak Karka, puis à Thorong Pedhi. Si c'était à refaire, je la passerais plus haut, à High Camp car la montée au Thorong La depuis Thorong Pedhi est longue, très longue et la 1ère partie de Thorong Pedhi à High Camp est bien raide. L'ascension se fait aussi au petit matin, à la frontale également. On gèle ! Il faut compter plus de 3 heures, parfois 4 pour atteindre le col. L'environnement devient très minéral, envahi par la moraine qui, comme toujours, ralentit la progression. Après avoir franchi le col, on plonge dans une longue descente de 1600m de dénivelée menant vers la Gandaki dans le bas Mustang. On atteint Muktinath 3 ou 4 heures après avoir dépassé le col.
On arrive à Muktinath vers 14 heures. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi il faut démarrer l'ascension si tôt, d'autant plus qu'il y a un large choix d'hébergements à Muktinath. En commençant deux heures plus tard, c'est à dire à 6 heures, on arrive à Muktinath vers 16 heures, on gagne deux heures de plus de sommeil et on bénéficie des premiers rayons de soleil plus tôt... Mais bon...
Personnellement, j'ai un faible pour les paysages du Mustang qui se dévoilent en descendant le col de Thorong vers Muktinath. On y retrouve des paysages plus secs, ponctués de roches érodées et de monastères bouddhistes. C'est le bas Mustang, qui a l'avantage d'être "gratuit" pour les voyageurs.
Muktinath est l'exception qui confirme la règle car le temple hindouiste situé sur les hauteurs de la ville est gorgé de fidèles qui viennent se purifier, surtout le matin.
Quelques années auparavant, nous avons eu l'occasion de nous rendre dans le Haut Mustang qui lui ne l'est pas puisqu'il faut s'acquitter de la somme de 500$ par personne pour avoir le privilège d'y séjourner 10 jours. Un choix que je ne regretterai jamais tant les paysages regorgent de beauté.
J'ai arrêté ce trek à Tukuche après avoir passé une nuit à Jomson dans un très beau lodge "Om's Home"(un peu de confort se paie assez cher, tout de même mais tant pis !) . Tukuche est situé à 4 heures de marche depuis Jomson, soit deux heures après Marpha, très joli village, puis j'ai pris un bus jusqu'à Tatopani où j'ai passé la nuit, un grand hôtel clinquant tout neuf ! (Là aussi le confort a un prix mais tant pis encore une fois !) Et le lendemain, j'ai rejoint Pokhara, toujours en bus.
La plupart des voyageurs terminent leur trek à Jomson et rejoignent Pokhara en avion. C'est un gain de temps considérable, mais il est dommage de faire l'impasse sur une partie du bas Mustang qui est très pittoresque. J'ai personnellement beaucoup aimé la journée entre Mukhtinah et Jomson via le col Lubra et le village bouddhiste de Lupra. Entre contrepartie, la route, inévitable et qu'il est obligatoire d'emprunter pendant une heure jusqu'à Jomson est franchement trèèèès pénible. Des bus, des camions, des jeeps qui vous envoient toute la poussière, sans compter le vent, omniprésent...
Mis à part ce désagrément, cette partie du trek offre l'avantage d'être très peu fréquentée et ce n'est que plus bas, à Kalopani, qu'il est enfin possible d'apercevoir l'Annapurna 1...
Bus ou avion ? Si vous disposez de quelques jours supplémentaires, le bus est une bonne idée, à condition d'avoir le coeur bien accroché car on n'est jamais très loin du précipice ! On est bien secoué aussi et le trajet est vraiment très long. On repasse du paysage de haute montagne à la végétation tropicale avec bananiers et le climat s'adoucit à mon grand soulagement...
L'avion présente l'avantage de côtoyer les géants des Annapurnas et du Dhaulagiri. C'est le moyen de locomotion que nous avions choisi lors de notre trek dans le Haut Mustang.
Après ce long voyage éprouvant en bus, on est quand même bien content d'arriver à Pokhara et de s'y reposer un instant...