Après toutes ces (més)aventures à Québec City, me voilà en route avec Loïc, mon chauffeur de covoiturage, pour le village de Sacré-Coeur, le long du fjord de Saguenay, à proximité de Tadoussac. Je laisse Google Map faire son travail...
Nouvelle expérience: me voilà "helpeuse"! Kézako? Via le site HelpX, un site de volontariat, je peux être logée et nourrie, en échange de services ou travail. Autant dans une structure commerciale que dans une famille, tout est possible! Je suis donc en route pour "Canopée-Lit": 24 ha de forêt boréale, des cabanes dans les arbres et des bulles, au bord du fjord. Ca a l'air canon!
Ce que je n'imaginais pas, c'est que l'expérience allait commencer dès le covoiturage. Loïc est étudiant en géographie, passionné par sa région (qui est passionnante). J'ai passé 3h30 à en apprendre plein sur la nature canadienne, top! Je sais tout sur les orignaux, les caribous, les ours, les canards sauvages, les barrages électriques, la géologie du coin... Je peux partir en expédition de survie! En plus la route est magnifique😀
Nous arrivons enfin au traversier (le bac) qui relie le petit village de Tadoussac, où Jérémie, mon hôte, m'attend. Et là, 25min de route waouh! Je cite: "A gauche, c'est le fjord et le village. A droite, il n'y a que de la nature sur des centaines de kilomètres." Ca calme! Et en effet, un paysage de forêt incroyable. Pas les p'tites forêts de chez-nous, non, de la grande forêt à perte de vue. Je commence à percevoir l'immensité du Canada... Et au détour du dernier virage, une vue à couper le souffle sur le fjord! Ca va être chez-moi pendant 3 semaines 😀😀😀
Dépaysement plutôt chouette. Dès mon arrivée, je décide d'aller explorer un peu la vue de plus près. Il fait un peu gris, et j'ai perdu quelques degrés, mais ça le fait! Je tombe sur une plateforme en bois avec une vue imprenable, l'occasion parfaite de faire mon premier yoga nature, trop bien!
Il est maintenant temps de découvrir mon nouveau lieu de vie, et rencontrer l'équipe, et donc les personnes avec qui je vais cohabiter et travailler pendant les 3 prochaines semaines. On m'avait précisé que je serais logée dans une caravane américaine ou une cabane en bois, et ben on m'a pas menti! Voici ce qui a été nommé le "Cafoutche" et le "camp de gitans". Les salariés et les volontaires sont logés dans des véhicules récupérés, et aménagés avec les moyens du bord. Et le Cafoutche est le lieu de vie commun, agrandi pendant l'été par des volontaires motivés, qui ont eu la "bonne idée" d'ajouter deux chambres. L'avantage quand on a une forêt, c'est qu'on a du bois!
Bon, disons-le quand-même, j'ai un peu déchanté... La cabane en bois, ok. Vivre dans le lieu commun, ok. Dormir dans une mini chambre sur un lit mezzanine, ok. Mais la crasse, les mouches, et le manque total d'isolation, autant vous dire que ça ne sera pas tant que ça une partie de plaisir 😦 Et l'équipe ...
Premier soir: je rencontre une partie de l'équipe, que des français! Et en bons français, ça râle, ça se plaint, ça casse du sucre sur le dos du patron. Youpi! Je suis malgré tout embarquée dans une soirée rodéo locale, comment vous dire ... Ah ben c'est local! On est dans l'cru, un accent à couper au couteau, des chapeaux de cow-boy et des santiags. Hi ha!
Je rencontre ensuite la deuxième partie de l'équipe. Un espagnol et... des français! Rebelote: ça se plaint, ça râle, ça casse du sucre sur le dos des patrons, et aussi sur l'autre moitié de l'équipe. Là je me dis que je suis ravie d'être là, et que ça promet...
Résumons: j'ai donc quitté la France avec, entre autres objectifs, celui de m'éloigner de la mentalité française et de vérifier par moi-même qu'il existe bien une autre façon d'être et d'interagir avec les gens. Comment dire... Au secours!
Bon, voyons le côté positif: le cadre est quand même super chouette. Petite description de ma tâche principale: 30h par semaines sur 6 jours, le matin. On va dans la forêt en binôme, en golfette ou en "4 roues" (quad), et on refait les lits des clients partis. C'est de l'hôtellerie, mais en forêt dans des cabanes! Plutôt sympa de travailler en forêt, avec les écureuils, les champignons, les ours, les loups... Le plus sympa: la livraison de p'tit dej': à 8h, toutes les cabanes doivent être livrées. Hyper agréable d'être toute seule dans la forêt à cette heure, la preuve en images:
Après quelques jours, une grosse hésitation à partir à cause de l'ambiance fin de saison à la française et de l'isolement du lieu par rapport à la région, et donc une négociation avec les "patrons" afin d'équilibrer un peu tout ça, je décide finalement de rester. Et j'ai eu bien raison, car j'ai pu m'organiser des petits trucs bien sympa, et j'ai quand même fait des rencontres chouettes. Je ne les cite pas, ils se reconnaîtront! Allez, le cadre est posé, place aux détails!
Les Anses
A pied depuis Canopée-Lit, en route pour une petite balade le long des anses. Entre forêt et fjord, c'est très vallonné, et vraiment très nature. Point un peu désagréable: tout le monde circule en quad ou en truck. Heureusement qu'il n'y a pas foule, car c'est vraiment bruyant. Même les enfants ont leur propre quad, j'en connais qui adoreraient!
Particularité: il y a des panneaux à la croisée des chemins, qui indiquent qui vit là. Donc ici, on s'oriente en indiquant vers chez qui on va, et non avec le nom des chemins. Les routes sont tellement longues ici! Même dans les villes, il y a une route qui traverse tout, et après on ajoute les points cardinaux et ça fait un plan. A l'américaine: rue est, rue ouest, nord, sud!
Autre particularité: les parcs nationaux sont payants. Et comme il sont immenses, il y a des bornes pour déposer la taxe, en auto-perception. Autant vous dire qu'en France ce serait juste impossible... La confiance, ici, c'est la base! On oublie la malhonnêteté, on traverse au petit bonhomme vert, on laisse passer le premier arrivé au stop, on sourit et on dit bonjour au chauffeur de bus qui répond, la liste serait trop longue...
Tadoussac
Aujourd'hui j'ai expérimenté mon premier stop, ou "pouce" comme on dit ici. Apparemment tout le monde le fait, et pas trop le choix quand on est isolé. Je tente donc l'expérience, fructueuse! Un papa français en vacances avec ses deux filles sont en route pour Tadoussac, impec! Mais pourquoi tant d'engouement pour ce petit village isolé? Ah mais oui, j'ai oublié de vous mentionner un "détail"... A Tadoussac, il y a une particularité géologique sous-marine qui créé un environnement propice pour les mammifères marins (j'me la pète un peu là je vous l'accorde). Pour faire simple: il y a des baleines partout!!! Ben oui, j'avais un peu choisi exprès quand même😀 Mais il faudra patienter pour l'histoire des baleines. Pour le moment, partons à la découverte des environs, en cette belle journée ensoleillée et chaude (chaleur canadienne...)
Puis promenade le long de la plage, attention à la marée! Même s'il s'agit du fleuve St Laurent, elles sont bien marquées ici.
Dernier objectif de cette belle journée: me trouver un bonnet. Eh oui, on dirait pas à me voir en short, mais c'est le seul jour où j'ai pu le mettre 😦 Le matin il fait super "frète", et notre super Cafoutche n'a qu'une terrasse extérieure pour manger... Plusieurs bonnets "carreautés" rouges plus tard, je finis par en trouver un potable. Il est donc temps de rentrer, en stop! Quelle surprise de voir la police s'arrêter! Une sorte de police municipale saisonnière, dans une voiture banalisée improbable, on dirait qu'ils vivent dedans! Ils m'emmènent jusqu'au croisement des deux seules routes de la région, car après ce n'est plus leur secteur donc ils n'ont pas le droit...
Coup de bol, un gars est à la station et me prend tout de suite pour le reste du trajet! Bien contente, car il commence à faire nuit quand même, et il fait frète... Mais il me reste encore un point à résoudre: Canopée-Lit se trouve sur une route transversale, à encore au moins 4km. Attention, technique de communication subtile: "Ah c'est vraiment super, merci, il ne me reste plus que 4km à faire. Ca m'a vraiment bien avancée!". Alors, ça passe ou ça casse? Indice: nous sommes au Québec. Résultat: "Ah mais j'peux t'emmener, c'est pas ben loin, ça m'f'ra voir l'bout d'la route, j'connais pô lô (pas là)". J'adore!
Ma vie à Canopée-Lit
Un peu de détails quand même sur mon lieu de travail. En-dehors des tâches hôtelières, des projets sont menés par les bénévoles, stagiaires et salariés. Oui ce n'est pas une impression, il y a beaucoup de bénévoles et de stagiaires, oui il y a une part d'exploitation, mais ça fonctionne comme ça ici. Les missions sont plus ou moins équilibrées pour le volontaire, mais là j'ai choisi de rester, donc c'est comme ça. J'essaye donc de profiter des différents outils à ma disposition pour expérimenter de nouvelles choses: graver des balises aromatiques, couper du bois à la scie circulaire, tresser du bois pour recouvrir un tipi, fabriquer un attrape-rêve, faire du 4 roues en forêt, cueillir des champignons, aménager un canapé d'angle avec des banquette d'autobus scolaire... Et vous remarquerez le poêle à bois, un espoir de chauffage pour la nuit... En fait tout est possible si on en a l'envie. Exemples en images:
La Biblio Plage
Un concept fort sympathique: Mme Chose met à disposition des livres, des fauteuils face au fleuve, et c'est tout! Un espace privilégié pour se poser, autant dire que j'ai pensé à vous les copines! J'ai choisi le livre "Je suis fatigué", résultat, je me suis endormie! Ca marche!😀 Surtout après un bon repas: crêpe canard, oeuf, sirop d'érable, oignons, bref... Après tous les repas basiques au Cafoutche, c'était un repas de reine! J'ai même profité de la visite de Roger, le phoque de la baie. Il y a plus de 10000 phoques dans le St Laurent, donc on en voit partout.
Le belvédère
Pour observer le coucher de soleil sur le fjord, c'est un spot plutôt génial. En même temps, ils ne l'ont pas aménagé ici pour rien! Une vue dont on ne se lasse pas...
La baie de Ste Marguerite
J'avais deux possibilités: faire la rando de 5 heures par le parc du Saguenay, pour arriver à la baie OU m'y faire déposer et faire la petite version de 6km. Au risque de décevoir, j'ai choisi la facilité! 😉 Mais je sais que je pouvais le faire! Me voilà donc à la baie Ste Marguerite, en route pour ce qui s'appelle le "halte aux bélugas". Une balade de 3 km très agréable, le long de l'eau, avec des couleurs superbes et toute une histoire qui accompagne ce lieu, ancien village enclavé.
Et vous imaginez bien qu'avec un nom pareil, il y a de fortes probabilités que je vous parle de... bélugas. Eh oui, car il n'y a pas que des baleines ici, il y a: baleines à bosses, baleine bleue, rorqual commun, marsouins, phoques, bélugas, plein d'oiseaux, c'est un régal!
Le béluga est un mammifère marin un peu en danger dans cette région, car trop amical. Dès qu'il y a un bateau, il est curieux, s'en approche, et oublie par la même occasion d'aller chasser pour se nourrir. Les bateaux ont donc l'obligation de s'éloigner s'ils détectent des bélugas, afin de ne pas les tenter, et donc de les préserver. Je n'ai hélas pas vraiment de photo de béluga car c'est très furtif, et je rappelle que mon téléphone est cassé, je vise donc à l'aveugle! Vous devez me croire sur parole quand je vous dis que j'ai passé une heure à les observer, proches du rivages, il y avait même un bébé qui s'amusait à sauter, pour mon plus grand plaisir😀
Et si vous avez bien suivi, vous devez vous demander comment je vais rentrer maintenant. Ca a du bon d'être sociable! Me voilà en train de discuter avec Kai, un allemand en début de voyage, comme moi. Quelle chance! Très sympa, il propose donc naturellement de me ramener. Et possible que nos routes se recroisent si je vais en Amérique du Sud. On verra!
Un peu de faune locale
Petite après-midi à la ferme 5 étoiles, refuge pour animaux sauvages. Faute de les avoir croisés dans leur milieu naturel, j'ai l'opportunité de rencontrer enfin un orignal! Orignaux, loups, bisons, cerfs, et un lieu incroyablement beau. Des paysages tellement grands et inhabités!
Et au Canada, il y a aussi des ours. Je n'en ai pas croisé "en vrai", mais apparemment c'est plus que courant. Ici on trouve l'ours noir: maxi 1,80m debout, il est très peureux et mange surtout des végétaux. Il est paresseux et n'aime pas chasser, donc si vous en croisez un un jour, faites un peu de bruit et ce sera bon! J'ai quand même joué la sécurité en choisissant d'aller les observer de loin. Me voilà donc partie pour aller voir les ours, accompagnée d'un guide et d'un petit groupe. Le concept (discutable je sais): ils mettent de la nourriture, les ours viennent, et nous on observe. Malgré tout, ça reste en milieu naturel et les ours sont sauvages. Bilan de l'opération: 4 ours et un loup. Franchement, c'était top pendant plus d'1h! Voir intéragir le loup et les ours, voir comment ils se comportent les uns avec les autres, et leur façons de manger! J'ai appris qu'ils se nourrissent essentiellement de végétaux, la viande étant faite uniquement pour faire du gras et survivre à l'hiver. On en apprend des choses, hein! 😉
Et voilà pour la faune locale! Euh, il en manque un peu non? Mais oui, les baleines! Bon allez, j'arrête de vous faire languir et je vous raconte. Là il me faut un paragraphe dédié!
Ma rencontre avec les baleines
Pour voir des baleines ici il y a plusieurs possibilités: depuis la rive, en réservant sur les très gros bateaux, en zodiaque en mode plus intime, et en canoë. Je voulais le faire en canoë, hélas c'était complet pour mon jour disponible. Je me rabats donc sur le zodiaque, depuis la commune des Petites Bergeronnes. C'était MA journée: une météo parfaite, soleil, pas de vent (c'était vraiment pas gagné), un fleuve d'huile, ça s'annonçait bien...
Première étape: l'équipement. Tenue étanche, bonnet, gants, et le plus de couches possibles car il fait apparemment frète sur le fleuve. Allez, on embarque, jumelles prêtes à l'emploi!
La fraîcheur est en effet au rdv, malgré plusieurs couches. Mais une fois à l'arrêt, le soleil fait son oeuvre et c'est bien agréable. Une météo parfaite je vous dis! On commence à voir des bateaux un peu plus loin qui suivent des baleines. Grrr! Mais pourquoi nous on s'approche pas! Ben oui, c'est qu'il faut respecter quand même... Mais nous sommes rapidement soulagés quand une baleine montre son dos juste à côté du bateau. Et puis: "Baleine à gauche! Baleine à droite! Baleine devant!", crie la guide au fur et à mesure. Ca y est, LA rencontre avait enfin lieu. Que c'est impressionnant! On les entendait respirer, on sentait l'odeur du souffle qui, disons-le, sent clairement le pet. Mais bon, c'est une baleine donc ça passe! Et bien-entendu, nous n'attendions qu'une seule chose: qu'elles plongent pour voir la très célèbre image de la queue de baleine. Nous avons été servis! Nous n'avons pas eu la chance de rencontrer la baleine bleue, mais des baleines à bosses, rorquals communs (2ème plus gros après la baleine bleue), donc on ne va pas se plaindre.
Mention spéciale pour un moment particulier: nous étions 30 sur le bateau. Donc forcément, on ne se levait pas tous en même temps, et on ne regardait pas tous au même endroit. Heureusement qu'il y avait des baleines partout 😀😀😀 Pendant un moment d'accalmie, un peu marre d'être debout pour regarder de l'autre côté du bateau, je décide donc de me rasseoir et de regarder de mon côté. Mais quelle bonne idée! Au moment où je tourne la tête, je crie de surprise (genre je pousse vraiment un vrai cri...) en voyant émerger une baleine entière en plein saut! Waouh!!!!!!!!! Un truc incroyable, à pas plus de 50m de moi, cet énorme animal de plusieurs tonnes qui vient me saluer (car oui, elle ne venait que pour moi, je vous assure 😉), fait une vrille pour me montrer son ventre blanc, et retombe plus vite qu'elle n'a bondi (parce que c'est quand même un peu lourd une baleine). Là j'ai eu un gros moment pour réaliser ce qui venait de se passer... C'était magique... Et le plus incroyable, c'est qu'on était tous sur le même bateau, mais au moins la moitié était tournée de l'autre côté. J'aurais été dégoûtée, j'ai vraiment été privilégiée, et ça restera gravé un bon moment. Et forcément, pas une seule photo ni vidéo!
Après toutes ces émotions, arrêt au seul endroit du coin: La Petite Cochonne. On sait pas pourquoi, mais c'était bon!
Voici la dernière semaine à Sacré-coeur. J'ai la chance de pouvoir bénéficier d'une nuit dans une bulle qui était disponible pour une fois. Me voilà partie pour une nuit dans la forêt, trop cool! Un lieu, propre, spacieux, confortable, joli, en pleine nature, toute seule, mais que j'ai eu froid!!! Ben oui, une bulle c'est ni plus ni moins qu'une tente de camping de luxe! Les températures sont descendues en dessous de zéro et je n'ai rien vu venir... Une froide nuit bien rattrapée par la vue au lever du soleil. Depuis mon lit, être entourée d'arbres, confortablement installée sous ma couette, c'était vraiment pas mal 😀
Avant-veille de mon départ pour d'autres aventures: nous voilà tous rendus à Tadoussac pour une soirée "Open Mic" (scène ouverte), au "Gibard", après avoir décliné une ultime tentative de dégustation de poutine. Non, on ne m'aura plus, je prend le burger au brie! Et belle surprise en découvrant la mayo au sirop d'érable. Ici ils le mettent avec tout, mais là pour une fois c'est vraiment une bonne idée, trop bon!
Soirée bien animée, à rire comme des baleines (bon la blague était facile😀), à boire quelques coups quand-même, et à écouter des chansons en québécois, le tout dans une ambiance de bar de marins. Tous les ingrédients sont là!
Et voici le dernier soir arrivé avant le grand départ. Petit apéro au coucher du soleil sur le fjord. Je profite de cette vue une dernière fois. Il y avait du bon quand même 😀
J'ai aussi passé plusieurs soirées feu de camp très agréables avec les collègues, à écouter de la musique sous les étoiles, à guetter les aurores boréales (car il y en a eu plusieurs, mais non visibles à cause de la forêt). Et quand on avait la chance d'être avec des québécois, le nouveau vocabulaire fusait. Et là, je suis obligée de rajouter un paragraphe dédié...
Petite leçon de québécois
Vous croyez connaître la langue française? Que nenni! Ici on redécouvre la langue. J'apprends donc à dire "français de France", et à adapter mon langage en présence des québécois, qui ne comprennent pas toujours, et inversement. Parler français comme si c'était une langue étrangère, ça c'est une vraie surprise! Mais en passionnée de linguistique, autant vous dire que je kiffe!
Un peu de pratique: les insultes.
Tout le monde a dû entendre un jour le mot "tabernacle" en faisant une caricature du Québec. Ce que je ne savais pas, c'est qu'il s'agissait d'une insulte! Au Québec, les insultes ont une particularité qui va plaire à certains, et déplaire à d'autres: ce sont des sacres! "Ostie d'tabarnak et d'Chris" = notre bon vieux "putain merde fait chier". Traduction: un tabernacle est l'armoire dans laquelle on range les osties, Chris ou Christ, et on peu ajouter Calice, assez courant également. Et bien-entendu, il faut imaginer avec l'accent!
Mon préféré: "les gosses". Ici, ce sont tout simplement... "les couilles". Autant vous dire qu'on fait l'erreur une seule fois...
Les petits mots usuels
Bon matin (bonjour), Allo, Fin de semaine (week-end), Bienvenue (de rien). Si on y regarde de plus près, on se rend compte que le français canadien est traduit littéralement de l'anglais: les formes de phrases, les mots utilisés. Mais n'allez surtout pas dire ça à un québécois!
La dominante française
Le Québec oeuvre très activement pour que le français sois prioritaire partout. Dans les hôtels, il est obligatoire de mettre la version française avant la version anglaise, tous nos anglicismes (et nous en avons plein c'est une horreur!) sont dits en français ici. C'est un peu la honte quand tu es au resto, et que tu demandes au québécois ce qu'est une côte levée, qu'il t'explique, et que tu tu réponds: "ah! des barbecue ribs!".
KFC: la célèbre chaîne KFC (Kentucky Fried Chicken) elle-même n'a pas pu avoir gain de cause au Québec et s'appelle ici PFK (Poulet Frit du Kentucky).
Moralité: en bons français de France que nous sommes, nous pouvons nous moquer tant qu'on veut de l'accent québécois. Mais eux, au moins, ils parlent vraiment français!
Après cette petite mise au point linguistique, me voilà sur le départ. Je repars équipée: les proprios ont eu pitié de moi avec le froid et on fouillé dans leurs armoires, du coup tout le monde en a profité! Me voilà avec une doudoune fine (malgré mon entêtement à ne pas emporter celle que ma soeur me proposait, car les doudounes, c'est quand même super moche), un gros pull, un gilet et même un pantalon de ski et une grosse paire de chaussettes! Je redouble d'ingéniosité pour caser tout ça, mais ça passe!
En route pour Rimouski!