Après trois semaines au tout début de la forêt amazonienne me voici de retour à la vie citadine. Pendant trois semaines j’ai effectué un volontariat dans une petite ferme située dans la montagne, proche de la ville de Mocoa.
A la base je ne comptais rester qu’une semaine voir une dizaine de jours mais j’ai eu beaucoup de mal à quitter cet endroit
Quelle expérience incroyable ce fut. Grâce à la famille qui m’a accueilli j’ai beaucoup appris pendant ces trois semaines. J’ai vécu avec dans le quotidien d’une famille composée d’un couple germano-colombien, Kathi une psychologue immigrée d’Allemagne et Alex un Colombien et d’un bébé, le petit Indi qui a 1 an et demi.
Kathi a achetée cette terre d’une vingtaine d’hectares dans la forêt il y a environ 4 ans. Elle s’est installée ici après avoir beaucoup voyagé. Elle a rencontré Alex quelques années plus tard. Ils se sont mariés et ont eu ce petit garçon.
Ils habitent dans une maison située à 1h-1h30 de randonnée dans la montagne de la ville la plus proche. Le voisin le plus proche dans la montagne est à une vingtaine de minute. Mais en trois semaines là bas je n’ai croisé personne dans les environs de la maison. Ils ont construit une maison en bois très agréable. Tout est assez sommaire, il n’y a pas d’électricité. Pour cuisiner tout se fait au feu de bois et le soir nous devons sortir nos lampes torches pour pouvoir s’éclairer…
Que dire de ces trois semaines… C'est passé tellement rapidement ...
Je suis arrivé dans cette ferme le mardi 30 octobre. Alex est venu me récupérer en ville car ce n’est pas possible d’accéder à la ferme si on ne connaît pas le chemin. Après avoir fait quelques courses en ville pour remonter de la nourriture dans la ferme nous nous mettons en route. Avec mes deux sacs à dos je porte une vingtaine de kilos sur le dos… La montée dans la montagne n’est pas facile… Nous arrivons à destination après un peu moins de deux heures de marche. Eh oui avec le poids sur mon dos la montée n’a pas été facile. Je découvre avec surprise cette maison en arrivant.
Je m’attendais à une habitation beaucoup plus sommaire. Mais non, la maison possède un étage avec une « chambre » pour les parents et le bébé. Je m’installe dans un espèce de lit en métal avec un matelas de randonnée sur le balcon avec une vue sur la forêt et la montagne. C’est plutôt agréable !
Au rez-de-chaussée de la maison on trouve une table à manger, une cuisine avec une cuisinière où on peut mettre des morceaux de bois afin de faire du feu et cuisiner, des outils, un hamac et diverses choses…
Mais ces trois personnes ne sont pas seules. Ils possèdent trois chiens Tigré, Lola et Rocco. Il y a toujours deux chiens attachés et un en liberté pour éviter qu’ils s’enfuient à deux pour piller un voisin. Il y a également un chat, Roméo. Mais on le surnomme Ron-Roméo car c’est un véritable moteur. Dès qu’on le touche il ronronne, d’où le préfixe « Ron ». En plus de ces 4 petits amis, il y a deux canards qui se promènent partout dans la maison et le jardin ainsi que des poules et des poussins.
Lorsque je suis arrivé dans cette maison j’étais le seul volontaire. Quelques jours après moi sont arrivés deux autres français, puis une dizaine de jours après deux allemandes. La maison était bien remplie pendant un moment. Les français sont restés deux semaines et quand je suis parti il ne restait que les allemandes.
Il n’y a donc pas l’électricité dans cette maison, il faut se débrouiller sans. Cela peut paraître difficile mais on s’y acclimate très vite. Evidemment qui dit pas électricité dit pas d’internet également. J’ai donc été coupé du monde pendant trois semaines. Mais qu’est ce que cela fait du bien de déconnecter.
Par contre il y a l’eau courant. En effet un tuyau a été installé dans la rivière la plus proche afin de ramener de l’eau dans la maison. Il y a donc un robinet dans la cuisine avec cette délicieuse eau potable de la rivière, des toilettes à eau et une douche se servant de cette eau gelée.
Il y a également un grand jardin tout autour de la maison évidemment. Il y a des plantations de différents légumes et fruits. On retrouve diverses plantes comme de l’origan ou coriandre. Pour les légumes il y a du manioc et pour les fruits une espèce qui s’appelle le citron-mandarine ou des ananas… (saviez-vous qu’il existe plusieurs sortes d’ananas ? Il y en avait trois sortes qui poussaient dans le jardin). Il y a également beaucoup d’autres plantes qui ont été semées récemment et qui ne sont pas encore mature comme des avocats, des mangues, des papayes et j’en passe.
Du fait qu’il n’y ait pas suffisamment de plantation, ils ne sont pas auto-suffisants. Ils demandaient donc une petite compensation financière afin de pouvoir faire des courses en ville. Mais en contrepartie ils ne demandaient pas beaucoup de travail.
Il est donc nécessaire d’aller en ville une à deux fois par semaines afin de faire des courses. Souvent nous remplissions nos sacs et repartions avec une dizaine de kilos de provisions sur le dos. Mais il est également possible de payer un homme qui vient avec un cheval jusqu’à la ferme pour apporter des quantités supplémentaires. Par exemple des dizaine de kilos de patates, une trentaine de kilos de nourriture pour les chiens et autre graines comme du riz, avoine, quinoa…
Vous l’aurez peut être compris mais dans ces conditions nous ne mangions pas de viande. J’ai mangé végétarien pour la première fois de ma vie pendant trois semaines. Je me suis également passé d’alcool et de cigarettes pendant tout ce temps.
Mais alors que mange-t-on ? Eh bien beaucoup de légumes, des purée, du riz, du quinoa, des fruits, de l’avoine, de la viande de soja et plein d’autres choses. La chose la plus étonnante est du pain. Nous faisions régulièrement du pain avec différents type de farine (pas de mais) que je ne connaissais pas. Nous faisions donc du pain directement sur le feu. Quelle cuisine spéciale ! En plus du pain, Alex s’essaie à faire des gateaux à base de farine, sans œuf ni lait sur le feu et ca marche et c’est bon !
Bon sinon que faisons-nous de nos journées ? Eh bien déjà nous nous levons avec le levé du soleil vers 5h30-6h. Mais ce n’est pas forcément le soleil qui nous réveille, c’est le chant du coq. Mais le chant du coq réveille le petit Indi qui se met à pleurer ce qui fait un réveil supplémentaire.
Pour commencer la journée à cette heure là il faut un bon petit déjeuner. Il faut donc faire un bon petit feu de bois pour préparer une boisson chaude qui accompagnera souvent des fruits et de l’avoine, parfois des pancakes de banane ou parfois d’autre surprises…
Ensuite la journée s’ensuit par les boulots nécessaires pour la maison. Par exemple sur ces trois semaines j’ai coupé beaucoup d’arbres et donc de buches afin d’avoir du feu de bois pour la cuisine. Les nombreuses ampoules que j’ai sur les mains en témoigneront. J’ai également fabriqué un banc pour pouvoir s’asseoir dans le jardin et profiter du soleil. J’ai planté des boutures de manioc, mais j’en ai aussi récolté pour pouvoir en manger. J’ai coupé les mauvaises herbes du jardin ; réparé des barrières ; participé à la construction de toilettes sèches…
En plus de tout ca, nous avions un planning pour les tâches quotidiennes de la maison. Par exemple passer le balais, cuisiner, laver la vaisselles, nettoyer les toilettes etc… Et puis parfois il faut faire le baby-sitter. Mais bon cette tâche n’est pas difficile. C’était plutôt un plaisir de s’occuper d’Indi, jouer au foot avec lui, le faire jouer ou d’essayer de le faire parler !
Il y avait d’autres petits objectifs. Comme par exemple réparer un poulailler pour y mettre les poules. Du fait qu’elles soient en liberté elles pondent leurs œufs partout dans la forêt. Il faut donc bien tendre l’oreille durant la matinée pour savoir si elles pondent et où…
Il faut s’occuper des animaux, les nourrir et faire tourner les chiens attachés… Il faut aussi les surveiller. Il y en a un qui cherche à manger les poules et un autre qui a déjà mangé un ancien chat. Donc attention…
On a également été récolter des bananes chez un voisin qui était absent afin d’éviter qu’elles pourrissent. J’ai donc appris à traiter un bananier, comment le couper et d’autres choses…
Bon en dehors du travail j’ai beaucoup progressé en espagnol. Au contact d’Alex et Kathi j’ai beaucoup plus parlé et appris de vocabulaire. Mais aussi avec les deux français qui voyagent en Amérique du Sud depuis 8 mois et ont beaucoup plus de vocabulaire que moi donc ils m’aidaient à comprendre et à acquérir du vocabulaire.
Le soir le soleil se couche vers 18h20.
Il faut donc anticiper et commencer à cuisiner aux alentours de 5h. C’esy bien plus facile de cuisiner de jour qu’avec une lampe frontale ou à la lumière de son téléphone. C’est souvent le soir d’ailleurs que nous faisions du pain avec un bon guacamole. Et puis pour le diner, nous préparions toujours une boissons chaude, un petit thé pour se réchauffer un peu.
Malgré le soleil tombé nous pouvions toujours voir dehors. En effet la du fait qu’il y ai peu de polution lumineuse nous voyions très bien la lune. Elle éclairait très bien lorsque que ce n’était pas couvert. Et que dire des étoiles qui étaient splendides…
Sinon sur le temps libre sans électricité il faut trouver des moyens de s’occuper. Chaque soir après le diner pendant une à deux heures nous jouions à des jeux de cartes. C’est super j’ai découvert plein de jeux auxquels nous allons pouvoir jouer. Les deux français ont eux construit un Möllky, donc la journée vers 16h nous jouions régulièrement.
Sinon à part ca j’ai joué aux échecs avec Alex, je me suis beaucoup reposé dans le hamac, j’ai lu un livre, j’ai regardé quelques épisodes de séries que j’avais téléchargé sur mon téléphone et j’écoutais de la musique. Mais ce qui était chouette aussi c’est que les deux allemandes avaient ramené une guitare et jouaient le soir. En plus de ça Alex avait une très bonne oreille musicale et jouait de la flute, du tambour et de l’harmonica.
J’ai aussi beaucoup manié la machette pendant mon séjour dans la forêt amazonienne. Elle sert à beaucoup de chose. De une pour couper du bois c’est très pratique. Mais aussi pour travailler le bois, couper des petits bouts, tailler le bois ou couper une partie c’est très précis. Mais également en se promenant dans la forêt je prenais tout le temps une machette. Pour pouvoir se défendre si on fait une mauvaise rencontre mais aussi pour se frayer un chemin dans la forêt. C’est très dense, cela pousse vite et il faut souvent débroussailler le chemin…
J’ai adoré cet outil qui a plusieurs fonctions et qui est vraiment très utile.
Comme je l’ai dit la ferme est située en montagne et proche d’une rivière. Il y a donc des cascades dans cette foret. La rivière la plus proche est à trois minutes de marche de la ferme. Et après avoir marché 10 secondes dans cette rivière on tombe sur une petite cascade.
Parfait pour se laver ou se baigner. Mais bon … Cette cascade est petite… Ce qui est intéressant c’est de continuer le chemin, marcher 5 minutes de plus pour tomber sur une cascade beaucoup plus impressionnante. Avec une chute d’eau d’une quinzaine de mètres et une petite piscine naturelle je me suis beaucoup prélassé à cet endroit. Il y a des petites marches dans la roche pour se baigner tranquillement dans cette eau qui a la température de l’eau en Bretagne. J’ai même pris un énorme coup de soleil sur l’épaule en bronzant dans ma bouée sur l’eau. C’est vraiment digne d’un décor de film, il ne manquait que des singes pour passer sur les lianes pour que ça soit parfait…
Bon ce n’est pas la seule cascade de la montagne. Nous avons été marcher plusieurs fois avec Alex dans la forêt avec nos machettes pour découvrir un peu plus ce que cette forêt nous cachait. Avec nos machettes nous nous sommes frayés des chemins dans des endroits où très très peu d’humains ont accès. Nous avons remontés la rivière plusieurs fois jusqu’à arriver en haut de plusieurs cascades. Attention à ne pas glisser et ne pas tomber…
Pour en ressortir, nous nous sommes retrouvés à faire de l’escalade sur la montagne, à ramper au sol sous des roches, à sauter de rochers en rochers sur l’eau, à passer sous des montagnes accompagnés de chauves souris et j’en passe. Une véritable aventure. Quel bonheur.
Et puis bon il faut faire attention aux animaux que l’on peut croiser. Cette forêt regorge d’animaux incroyables. Les insectes sont tellement plus gros que ceux qu’on peut croiser en Europe. Et il y a tellement d'insectes que je ne connaissais pas...
Il y a par exemple une fourmi qu’on appelle conga. Elle fait la taille de deux phalanges de doigt. Attention, si elle pique elle peut faire très mal.
Il y a aussi les tabanos. Ce sont des espèces de taons qui piquent très fort. J’ai encore des très grosses piqures sur la jambe et le bras. Je ne parle pas des moustiques… Mais il y a aussi de magnifiques papillons partout. Et j’ai eu la chance de pouvoir assister à l’éclosion d’un papillon qui sortait de sa chrysalide.
Et tout au long de la journée on peut entendre des cris d’oiseaux assez incroyables et on peut voir des espèces très belles et rares. Je n’ai pas de photo malheureusement, tout va tellement vite. Il y a aussi de superbes araignées assez imposantes. Je n’aimerai pas avoir ca sur mon bras.
Puis bon dès que la nuit tombe les cafards (appelés coucaracha comme dans la chanson) qui pointent le bout de leur nez pour venir manger notre nourriture. Ils sont tellement gros…
Et puis il y a aussi les lucioles qui se promènent le soir et c’est assez chouette.C’est tellement un monde différent le soir. Il faut vraiment faire attention car ce sont à ces moments que l’on a plus de chance de croiser des tarentules ou des serpents. En effet pendant la journée les poules nous protègent et mangent les serpents. Mais le soir elles dorment dans un arbre et personne ne nous défend. La lampe torche est alors très importante.On a eu la chance de croiser une tarentule un soir comme ca. Mais aussi deux serpents venimeux. Donc un qui s’est retrouvé découpé à la machette afin de nous protéger.
Je me suis ainsi retrouvé couvert de pleins de piqures d’insectes sur les jambes et les bras. Ca me gratte encore…
Une dernière chose importante et le rapport à la nature du couple. Ils respectent énormément la nature. Ils ne voulaient pas tuer ce serpent par exemple. Ils l’ont fait seulement afin de nous protéger. Pour l’honorer ils l’ont fait bruler sur feu.
Avant chaque repas, Alex ou Kathi effectuaient un bénédicité pour remercier la nature, l’eau, le feu qui nous permettent d’avoir un repas et de survire. Ils me disaient tout le temps qu’ils ressentaient toute l’énergie que dégageaient la terre et la forêt. Ils connaissaient aussi toutes les plantes qui poussaient aux alentours et quels étaient leurs vertus pour se soigner.
Finalement le dernier point que je souhaite évoquer est le rituel que nous avons effectué afin de fêter l’anniversaire de Kathi. En effet ces personnes sont très tournées vers la terre et la nature. Ils croient beaucoup en les pensées et techniques des indigènes. Il existe un rituel qui existe depuis des millénaires appelé le rituel de l’Ayahuasca. C’est un rituel conduit par un chaman. Ce rituel consiste à boire une boisson à base de liane d’un arbre spécifique pour se connecter à la nature.
Depuis des années ils pratiquent ce rituel plusieurs fois par an. Cela leur permet de laver leur corps et de se connecter plus à la nature. Ainsi ils ont fait appel à un chaman qu’ils connaissent depuis de nombreuses années qui est très expérimenté et qui a une très bonne connaissance du remède.
Ainsi un soir nous avons pris ce remède avec le chaman qui est venu à la ferme. Il y a toute une cérémonie très spirituelle qui dure toute la nuit. Le chaman prend le temps de discuter avec nous, afin de nous comprendre et de voir ce que la boisson peut nous apporter. Nous nous retrouver chacun à notre tout à boire cette potion. Il y a la cérémonie où le chaman chante toute la nuit autour du feu, joue du tambour et appelle les esprits… Ce fut une soirée très spéciale pour conclure ce séjour.
Un grand merci à Kathi, Alex et Indi de m’avoir accueilli parmi eux. Ce fut une expérience très enrichissante et j’en sors grandi. J’ai appris beaucoup de choses, de connaissances et j’ai appris à me connaître davantage.
Au moment où j’écris ces lignes je viens d’arriver en Equateur dans la ville d’Ibarra. Je vous donne des nouvelles rapidement sur ce nouveau pays !
N’hésitez pas à m’envoyer un message si vous voulez que l’on s’appelle
Des gros bisous !