Carnet de voyage

Les fabuleuses aventures de deux pampa boys

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Notre devise : à chaque jour suffit sa paillette
Février 2017
52 semaines
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Publié le 15 décembre 2016

On est à J-60 du départ et c'est l'heure de la paperasse et des dossiers. Rien de tel pour se mettre en jambe que de comparer les assurances !

La conclusion pour le moment ? Si tu fais un PVT ET et un roadtrip dans d'autres pays et bah ça devient bien compliqué...

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Publié le 14 février 2017

Des cartons, des piles, du tri, du rangement, des choix et au final des sacs.

Nous sommes prêts à partir, ya plus qu'à.

Le grand long c'est Simon, le petit trapu c'est Alex. Comme quoi les sacs nous ressemblent.
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Publié le 14 février 2017

C'est bien les couleurs, mais ça fait ressortir les reliefs !

Escale à Madrid avant le grand saut. Buenas noche.

Color contrast
Publié le 15 février 2017

Grande découverte au cours du vol, ce qu'on a d'abord pris pour des spots extérieurs projetant de la lumière colorée sur l'avion , les hublots et les environs (trop tendance !) s’est révélé être des fenêtres avec filtre variable (oups la technologie !)

Ce n'est qu'aux environs de 8h qu'on a compris de quoi il retournait et que non, il ne faisait pas nuit.

50 nuances de bleu
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Petit témoignage des premiers pas à BA ...

Plus encore que cette bouffée d'air humide et chaud, c'est cette lumière d'été qui frappe. Elle est dorée, généreuse, chaude, réhaussée par la luxuriance de la végétation alentour, d'un vert profond que rien de vient ternir.

jardin botanique de la plaza italia, Palermo, Buenos Aires 

Une lumière de vacances !

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Publié le 16 février 2017

Au bout de 12h il est temps d'être réaliste. L'objectif perte de poids et gain de sexytude semble bien compromis.

Face aux pâtisseries, aux empanadas et aux parillas de viande notre volonté est faible, trop faible.

On a réussi pour​ le moment à se balader en dehors des heures des repas (à peu près les mêmes qu'en Espagne) et à éviter le piège des odeurs de cuissons et de viande grillée au feu mais ça ne saurait durer.

On va tâcher de vous montrer quelques plats de viande pour vous donner une idée.

La première des nombreuses pâtisseries/boulangeries que nous avons croisé hier.
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Publié le 17 février 2017

Hier nous avons lancé une expédition vers le quartier de San Telmo au sud est de BA. Notre trajet en bus nous a fait passer par la plaza mayo et ses environs. Une zone de bâtiments hauts et imposants, un mélange étonnant entre Paris, New-York et Barcelone (Simon prépare un "photo reportage" spécial architecture, dès qu'il n'oublie pas l'appareil photo)

On passe quelques rues et nous voici à San Telmo petit quartier plutôt tranquille, qui retrouve une taille humaine. C'est le quartier des antiquaires et des artistes situé sur une mini Colline (une sorte de Montmartre mais sans l'église et sans la colline). On y trouve de jolis bâtiments au charme désuet comme la casa rosa, ou la maison au cactus.

Mais surtout nous avons traversé le marché de San Telmo, repaire d'antiquaires et de vendeurs de camelote fouretout. On y trouve aussi quelques bouchers et maraîchers perdus au milieu de ce bric à brac. Nous en profitons pour gouter nos premières empanadas, à 20$ l'unité nous pensons avoir trouvé notre alimentation de base. Mais surtout nous y avons trouvé un boulanger, avec de belles baguettes, notre intuition ne nous trompe pas: c'est un Français. Quelques conseils logement et un kouignaman plus tard nous reprenons la route.

Ce qui impressionne quand on circule dans BA c'est l'omniprésence de la végétation. C'est la forêt qui prend d'assaut la ville. Quasiment tous les vieux bâtiments ont des plantes qui leur poussent dessus, formant comme une couronne végétale. On trouve des arbres immenses au coin des rues et le long des avenues, de quoi faire pâlir nos pauvres platanes.

400g d'empanadas ça vous cale.
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Hola chicos,

nous continuons nos pérégrinations pédestres avec enthousiasme, dans la chaleur ouatée qui nous entoure. Notre solide mental nous permet de tenir quand nos pieds nous font mal, ou que nous risquons la rétention d'eau. Une glace dulce de leche meringue (avis aux diabétiques !) et ça repart.

Nous sommes restés à proximité de notre hôtel, l'eco pampa (vert sur la façade pour la pampa, et eco pour... je sais pas trop bien en fait) qui se trouve au coin de Guatemala et de José Louis Borges (ici : https://www.google.com.ar/maps/place/Eco+Pampa+Hostel/@-34.5858286,-58.4246832,17z/data=!4m5!3m4!1s0x0:0x79228505c3f08aa!8m2!3d-34.5858147!4d-58.4252447?hl=fr). nous nous sommes promenés dans le quartier à proximité, datant de la fin 19ème, et tenant son nom du marin sicilien qui épousa une riche argentine leur permettant de devenir les propriétaires des terrains qui occupent la partie nord de la ville au bord du Rio de la plata. Il était nostalgique de sa ville patrie.

Construit en damier, comme l'essentiel de la ville, les maisons dépassent rarement un étage et rappellent curieusement la petite bordelaise, sans l'épure 18ème, mais agrémenté des styles de l'époque de construction (éclectique, art nouveau, art déco, années 50) :

pot pourri stylistique 

La vie du quartier se trouve toujours à l'intersection du damier, formant une petite place traversée par les voitures. Le tout planté d'arbres plus beaux les uns que les autres (un article en préparation sur la stratégie d'implantation des arbres d'alignement #parcs&jardins #politiquespubliques #Juju93). L'angle des maisons faisant le coin est coupé pour laisser l'espace aux commerces et autres bars :

et regardez la jolie petite terrasse où on peut siroter son fernet coca !

Et alors, vous l'avez remarqué, ils n'ont peur de rien, coté crépis ! genre on a regardé la couleur sur l'échantillon, on trouvait ça sympa, mais une fois en grand, aie aie aie, ça fait mal aux yeux...

Alex adore !

Peut-être qu'il s'agit d'une politique publique d'intégration des daltoniens ?!

Et voilà la plus jolie maison de la balade, je m'y installe tout de suite.

Hasta pronto

Besos

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Publié le 19 février 2017

coucou,

Petit billet d'un après midi sans rythme où nous récupérons progressivement de notre première folle nuit sur BA (merci le paracétamol). Devant les sollicitations déchaînées de notre public, voici quelques premières impressions sur les argentins, et plus précisément les porteños (on nous a déjà expliqué que ça n'avait rien à voir).

L'échantillon est limité mais très encourageant. Nous avons eu la chance de visiter le micro centro accompagné par un local, très gentil, rencontré sur un certain réseau social. Transfiguré en guide touristique alternant espagnol, anglais et français, il nous a baladés 3 heures durant sans être avare de son savoir ou de sa salive. Une première rencontre très sympa, qui en appelle d'autres.

Le soir même, nous avons expérimenté une première soirée à BA. Invités par une amie de Nina H, nous avons passé un super moment dans une très jolie maison de Palermo, à tester les cocktails préférés des argentins : fernet coca / campari jus d'orange ! Bon sang ne saurait mentir, il se dit que 80% des argentins ont un ancêtre italien ! et bien ça se retrouve direct à l'apéro.

Je peux vous dire que ça fait pas que du bien aux cheveux !


Mais de cette première plongée dans la soirée BA qui démarre à 23h et ne se finit qu'à la levée du jour (j'ai besoin d'entrainement !), je retiens à la fois l'ouverture et la gentillesse des argentins ou autres extranjeros (présents en nombre). Ils ont le contact social facile. Et nous on aime ça !!!

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Publié le 20 février 2017

Breaking News !

ça y est, on s'est trouvé un chez nous, et nous venons d'emménager. Réponses systématiques à toutes les nouvelles annonces sur le site Craiglist, et nous avions dès samedi, un RDV avec Lili.

Nous sommes donc installés Calle Goritti 4247, 1414 CABA, Argentine.



Il s'agit d'une "PH", propiedad horizontale, maison toute en longueur, genre 40 mètres de long, sur 7 mètres de large. La façade est organisée autour de 2 fenêtres, une grande et une petite, et une porte.

Nous avons notre chambre qui donne sur la rue et une salle de bain partagée avec une autre chambre.

lit king size, SVP

la maison s'organise autour de l'espace commun tout en longueur et compartimenté en 3 espaces, l'entrée, l'espace salle à manger, et la partie salon. Ce long et large corridor dessert toutes les chambres et la cuisine, qui sont sur la gauche. Au total 4 chambres, je crois, nous n'avons pas encore rencontré les autres collocs...

le tout couvert d'une verrière pour ne rien perdre de la lumière du jour

enfin, le clou du spectacle, le petit jardin, dans lequel la propriétaire a eu la bonne idée de mettre une petite piscine, à deux pas du traditionnel Asado (barbecue) !

Le tout pour 660€ à deux.

On devrait être pas trop mal.

Besos

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Publié le 24 février 2017

Pas d'inquiétude on est toujours vivant #familleflippée, mais voyez vous, depuis que nous avons notre king size et notre piscine, notre rythme de découverte de la vie portègne s'est un peu ralentie #viedouce #vivacitédunmolusque.

Ça a un petit côté jungle

Car ici aussi il pleut, ce qui explique enfin la quantité anormale de végétation présente dans tous les coins. Ce n'est pas franchement palpitant mais plutôt étonnant, deux jours de suite à la même heure (18 heures) tout d'un coup le ciel devient gris et l'orage éclate pour environ 2/3 heures.

Forcément ça nous oblige à rester à l'intérieur pour nous abriter.

La tormenta perfecta 

Bon en vrai on est sortis pour aller jeter un oeil au cimetière du quartier Recoleta. L'équivalent local du Père Lachaise. Mais on n'a pas pris l'appareil photo... enfin bon c'est un cimetière, avec des tombes toutes plus grandes et fastueuses les unes que les autres. On sent qu'il y a eu et qu'il y a toujours un nombre important de familles très très riches sur Buenos Aires.

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Publié le 26 février 2017

Hola chicos y chicas,

Alors voilà l'explication, si nous postons moins ces derniers jours, c'est qu'on est busy busy. Jeudi soir, nous assistions au concert gratuit d'extraits des grands ballets de Chaikovsky (orthographe espagnole), par l'orchestre philharmonique du théâtre Colon, bref la classe. Et en plus concert gratuit en plein air. Regardez

grande passion pour la musique en Argentine

Lac des cygnes, la belle au bois dormant, Casse noisette, ça en jette !

C'était magnifique 

Ça c'était jeudi.

Vendredi, on a commencé à découvrir les différents centres culturels de la ville de Buenos Aires. Nous étions au centre culturel de Recoleta. Nous y retrouvions une amie, pour un festival de dessins et d'illustrateurs. On y a vu des livres pour enfants, BD et autres fanzines proposés par des éditeurs et libraires indépendants. Stands, expositions, conférences... le tout dans la touffeur du soir, un très bon moment.

Voyez comme c'est sympa ! Ce qui marque le plus, c'est à quel point la ville a développé le nombre de lieux de culture, ouverts et gratuits, permettant que de grandes institutions comme le Théâtre Colon, propose des concerts gratuits. A faire pâlir la démocratisation culturelle à la française. Ca nous perturbe même un peu, de comprendre comment ils bouclent les budgets... Hercule Poirot et son confrère Mister Marple (qui a changé de sexe) enquêtent.

Et puis à la sortie, dans la cour attenante, un petit concert débutait aux alentours de 21h. Du rap argentin, mélange de rythme latins (salsa, cumbia, ...) et de rap. Drôle et bon, notamment une fille Kris Alaniz (oui comme les sucettes !) #blaguepourrie.

Bref en plus de la gratuité, ils proposent une approche plutôt stimulante de juxtaposition des genres et des formes artistiques. La preuve, on m'aurait dit, allez, viens voir un concert de rap, et bien, je serais resté chez moi à écouter la très bonne BO de La La Land !

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Publié le 26 février 2017

Et oui nous y sommes, nous nous fondons dans le paysage, symboliquement j'entends, parce que la consommation excessive d'empanadas nous fait perdre toute espérance de s'affiner sur le plan physique, quels que soient nos efforts.

Triste sort.


Mais venons en à l'essentiel, la recette !

prenez 600 gr de Farine, un peu de sel, 300 ml d'eau et du gras, environ 150gr, au choix, de beurre, d'huile, ou le mieux paraît-il pour que la pâte soit un peu friable, du saindoux (gosh).

on avait aussi une bouteille de vin, j'avoue, mais ça n'a rien à voir avec la recette

Amalgamez la pâte, sans la pétrir trop longtemps, pour éviter qu'elle devienne trop élastique. S'il fait 35° chez vous, mettez votre pâte au congélateur, pour qu'elle se rafraichisse. Si vous ne dépassez pas les 25°, le frigo suffira. Il faut bien attendre une petite heure.


Pendant ce temps, libre à vous de préparer les différentes farces. Nous avons essayé hier, verdura (poireau - oignon), carne (viande hachée, oignon, oeuf dur, cumin), et queso y cebolla (fromage et oignon). es muy rico !

et là attention, arrive le moment technique, la confection :

le cuisinier qui aime le contraste des couleurs

Il s'agit de confectionner un petit bourrelet - #weightwatcherhelpusall - par un délicat mouvement entre les deux index.

Une fois finalisé, au four pour 15 min à 180° après avoir passé un peu de jaune d'oeuf. voilà le résultat...

elles sont encore meilleures le lendemain

Buen provecho !

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Dans un souci d’honnêteté intellectuelle et de respect pour la profession de reporter nous devons avouer que nos billets sont publiés avec un léger retard. Que voulez-vous notre vie est trépidante, il est bien compliqué de trouver le temps de tout coucher sur les bits.

Figurez vous donc, que non contents de cuisiner des empanadas de folies, nous sommes sortis pour aller voir un des évènements du carnaval de Buenos Aires (au même moment que le Carnaval de Rio, un peu la même idée mais avec beaucoup moins de jolies demoiselles légèrement vétues de plumes et de paillettes), à savoir les Murgas.

Je vous entends déjà chuchoter devant votre clavier "mais qu'est ce que c'est-y donc que ces murgas ? Le suspens est insoutenable !". Du calme mes braves, asseyez vous calmement et regardez donc ces quelques vidéos !

Le barrio 25 présent en force 

Chaque quartier de Buenos Aires a son équipe de danseurs, acrobates, chanteurs et musiciens qui vient faire son show. On appelle cette équipe Murga. On est arrivé en cours de route mais à priori ça dure au moins une heure pour chaque groupe, et vu combien c'est physique, c'est déjà bien long. Surtout que les groupes sont très mixtes, que ce soit en termes de sexe, d'âge ou de condition physique; toutes les personnes souhaitant représenter le quartier y participent. On se retrouve donc face à un défilé étalé sur plusieurs jours et plusieurs lieux, occasion parfaite pour une compétition amiable entre chaque quartier. Le but est, vous l'avez compris, de montrer que son quartier est le plus beau, le plus dynamique, le plus sympathique, bref le plus PLUS.

Toujours le barrio 25, infatiguables qu'ils sont ! 

Chaque équipe porte les couleurs de son quartier et éventuellement les emblèmes qui le représentent (ici blanc et vert, avec un dé 6, on sent l'association du vert avec d'autres symboles de chance). En plus, chaque participant customise son costume à grand coup de paillettes , notamment pour broder son nom en lettres de lumière, et autres motifs le représentant: bon, on retrouve en vérité pas mal de Betty Boop. Les chants, de ce qu'on a pu en comprendre, mêlent morceaux d'histoires, anecdotes célèbres du quartier reflétant son identité, et satire sociale et politique. En tout cas ça dépote.

Une fois qu'un groupe termine sa démonstration (après environ 20 min d'adios). Le suivant se prépare à l'arrière.

A priori le barrio 32, ici les couleurs sont en rouge et vert

Après quelques danses de chauffe, et un temps de mise en place, le groupe se met en branle et se dirige vers "l'arène" où il pourra réellement lancer le spectacle.

La murga avance pour entrer dans l'arène !

Ce qu'il est bon de préciser c'est que pendant ce temps, les enfants, et les adultes aussi, se courent après avec des sprays de mousse. C'est blanc, ça colle, ça mouille, ils ont l'air d'adorer ça.

Tout ça se passe dans une ambiance bon enfant, c'est festif, coloré et sonore. Bref, un bon moment de carnaval.

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mars


Coucou les loulous,

Nous avons, mardi dernier, découvert le quartier de Récolata. Le même que le cimetière dont nous vous parlions plus haut (c'est pour voir si vous suivez). C'est le quartier chic et cher à proximité du centre ville. Toujours arborées, ses grandes avenues accueillent les principales ambassade, dont l'ambassade de France :

elle paraît presque modeste ! 

Oui modeste, à côté de la très très belle demeure, IIIème république, qui abrite aujourd'hui le ministère des affaires étrangères de l'Argentine, place San Martín :

juste grand comme il faut, ce petit palais 

La république devenue richissime à la fin du 19ème et début 20ème, s'inspire très directement de Paris pour bâtir ses nouveaux quartiers cossus.

Dans ce quartier, nous avons visité un petit musée, absolument charmant, présentant de nombreux témoignages de la conquête espagnole et de la naissance d'une société sud américaine, sur le plan religieux, décoratif et artistique :

peigne en écaille de tortue, raffiné n'est-ce pas

On perçoit aussi clairement, dans l'art religieux du 16ème, 17ème et 18ème, les suites du concile de Trente (je l'ai appris en lisant les cartouches en espagnol), avec la volonté d'une offensive massive de l'église catholique, en privilégiant tous les supports qui permettent de valoriser la figure sainte, mariale ou christique.

oh la la oui, ils souffrent 
il se demande bien ce qui pourrait lui tomber sur la tête 

Bref un très joli musée, pour une très jolie journée, qui s'est achevée au cinéma, où nous avons vu Moonlight. Pour ceux qui n'ont pas encore vu l'oscar du meilleur film 2017, précipitez vous, c'est un des plus beaux films que j'ai vu depuis longtemps.

la bise

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Publié le 8 mars 2017

Après s'être contentés de pâtes et de salade de riz une semaine durant, pour garantir la soutenabilité financière de ce voyage, nous avons décidé, au vu de l'amas de pesos économisés que nous pouvions faire un écart.

Dimanche dernier, pour ce jour de repos, que nous avons pourtant les pires difficultés à différencier des autres depuis notre arrivée à Buenos Aires (mais on insiste pas), nous avons vécu un dimanche typiquement Portenos.

Nous avons commencé par aller manger à la Cabrera, une des meilleures parilla de la ville (dixit plein de guides et de portègnes eux mêmes). Une parilla, mes amis, c'est le barbecue version Rabelais : viande en quantité, légumes, frites, vins... bref de quoi sortir repu, la panse pesante :

un festin démesuré, une viande cuite à point accompagnée de mille sauces

Il faut alors aux novices que nous sommes, faire preuve de gourmandise ...

mumm laquelle je prends... toutes bien sûr !

et même une certaine concentration, que dis-je, de la grandeur d'âme pour aller au bout de l'épreuve :

et oui, ça vous pose un homme 

Après cette aventure, culinaire, que je ne décris point davantage, pour vous inviter à venir l'expérimenter par vous même, une balade s'impose. Nous nous sommes donc promenés au Parque de los bosquetes de Palermo, où une bonne partie de la ville se retrouve pour une balade, sportive ou digestive... choisissez votre camp !

C'est très charmant !

Attendre patiemment que le soleil ne se couche (c'est à dire qu'on s'est pas levé à 6h du mat non plus) sur la ville encore active.

Quels camaïeux ! 

Bref un beau dimanche de fin d'été à Buenos Aires...

11
mars
11
mars
Publié le 13 mars 2017

Ca y est ! Nous sortons de Buenos Aires. adieux tours, voitures et populace, nous partons, l'espace de quelques heures pour la campagne ! Depuis la gare de Retiro, nous prenons un train des plus modernes, direction nord ouest, le long de l'estuaire des fleuves de la rivière Uruguay et de celle du Parana, qui viennent former cet immense étendue d'eau douce, le Rio de la Plata. Quand on vous dit qu'il y a de l'eau, dans le coin :

Sur la photo prise du nord ouest, la tache grise à droite de l'estuaire c'est Buenos aires, plus loin à gauche : Montevideo 

De fait, depuis la terre ferme, l'étendue est immense, et l'eau particulièrement boueuse :

En face l'Uruguay à quelques 50 km de là, invisible à l'oeil nu

point de vue qui permet de prendre conscience que la ville de Buenos Aires dispose d'une agréable Skyline :

Nous avons continué notre route jusqu'à Tigre, là où les fleuves constituent un immense delta. Plus de voiture, mais des bateaux, à moteur et rames pour rejoindre son chez soi. Haut lieu de villégiature Portegnos, toutes les grandes familles ont des maisons superbes cachées depuis la ville, et accessibles par ces petits bateaux privés, ou publics :

Ici la société d'immigration reprend ses droits, et invite ses participants à se souvenir, le temps de siroter un campari orange, de l'origine de ses ancêtres :

ah les charmes de l'entre soi !

Le tout dans la fraicheur, de l'automne naissant. Un endroit tout à fait plaisant.

Principal bras d'eau au cœur de Tigre

La bise

17
mars
17
mars
Publié le 17 mars 2017

Dans le cadre de notre grande étude de l'Amérique latine, nous allons bien entendu vous faire un reportage précis et détaillé de son biotope. Ecolos convaincus que nous sommes, nous ne pouvons manquer de vous montrer sa faune et sa flore dans toute sa richesse, sa majestueuse abondance et ses fastes couleurs.

En voici un premier exemple, avec l'animal le plus imposant et princier de nos environs :

Ce noble et bel animal, sans loi ni maître (un peu comme nous), se pavane fier comme Artaban en ses domaines jardiniers. Chasseur inné, dès qu'une libellule pointe le bout de ses écailles iridescentes il l'a poursuit avec acharnement, les papillons aux couleurs flamboyantes ne font pas plus les malins face à lui.

Il a le regard un peu vague, comme un monarque à l'esprit perdu dans des réminiscences de conquêtes. Il n'a malheureusement pas eu la chance de bénéficier des soins d'un oculiste, car le voilà atteint d'un lourd strabisme. Le roi de notre Quadra louche, qu'on le sache. Mais prenez garde de ne pas le lui faire remarquer, il pourrait vous le faire regretter.

Prendre en photo les yeux bleus , d'un chat blanc avec les yeux à demi clos, c'est un défi pour le photographe 
21
mars

Salut à tous,

Après plusieurs jours sans nouvelles nous voici de retour ! Nous faisions un jeûne détox, loin des vicissitudes et des besoins matérialistes de ce monde, d'où notre absence des réseaux de l'information.

Un court billet pour vous montrer qu'à BA tout le monde danse, quel que soit l'âge, le sexe, la provenance ou la classe sociale.

Un bel exemple du pas de base, tâchez de le retenir.
La piste va se remplir au fur et à mesure, pas de panique, car la nuit est longue

Ici ça se passe à la Glorieta, petit kiosque en plein milieu d'un parc dans le quartier de Belgrano. Tous les soirs à partir de 20/21h les danseurs se retrouvent pour danser jusque 1/2h du matin, plus peut-être même. Comme vous le voyez la spécialité de ce kiosque c'est le tango. Quand nous sommes arrivés sur les coups de 20h30 la piste n'était pas encore très pleine, avec surtout des couples agés, mais le temps passant la piste s'est remplie et la moyenne d'âge a bien baissé. C'était assez amusant de voir tout ce petit monde danser tranquillement, chacun ayant son niveau, allant du débutant au plus que confirmé. On sentait que c'était un moment de réunion tant pour les afficionados de tango, que pour les habitants du quartier venant juste profiter du spectacle et de la bonne ambiance.

Entre deux danses on se pose, on remercie et on reprend son souffle. Puis hop ! on repart avec la musique. 

Quelques jours plus tard changement de lieu, pour voir du Swing cette fois ! J'en connais quelques uns parmi vous que ça intéresse. Nous sommes au parc du Centenaire, juste à côté de l’Amphithéâtre où nous avions vu l’orchestre symphonique du théâtre Colon.

L'ambiance était un peu plus folle, musique oblige, mais aussi et surtout grâce à l'orchestre live. Tout de suite ça donne du rythme. La piste était llena (pleine) comme on dit, comme toujours dans un joyeux mix des classes et des âges.

Ça nous a donné envie de nous y mettre. A notre retour, si vous êtes branchés par des cours de salsa y tango (surtout Simon) ou de Swing (surtout Alex) faites nous signe !


Ah, petit teasing, dans quelques jours on part à Mendoza, voir les vignobles et surtout l'Aconcagua (alias le plus haut sommet des Amériques). J'ai comme l'impression qu'on va vous ramener de sacrées photos !

27
mars
27
mars
Publié le 31 mars 2017

Hola todos,

Ça y est, les vacances, c'est fini, on part en exploration dans les confins de l'Amérique du Sud.

Les pampa boys sont prêts pour l'aventure, rien ne les arrête ! ni les centaines de milliers de kms qui les attendent, ni les sommets enneigés qui cachent encore le temple du soleil...


Eh oui c'est un bus, avec un peu de cuir (Alex aime ça !) Et surtout des dossiers qui s'inclinent plus ou moins selon combien tu payes ! On a choisi la classe business, parce qu'on aime le confort mais qu'on a pas d'argent !

Aussi véloce qu'un RER de la ligne B un jour de grève, aussi rapide qu'un transatlantique face à l'iceberg, aussi vif qu'un B52 sans kérosène, il nous a menés tout droit à Mendoza en 17 heures à peine. Speedy Gonzales !

Et non ça n'est pas une motocycletta, elle est belle la vie sur la pampa ?
28
mars
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mars

Frais et fringants nous voici enfin arrivés à Mendoza, ville du vin au pied des Andes.

Autant le dire tout de suite, Mendoza ne nous a pas frappés par son charme. On retrouve un urbanisme proche de celui de Buenos Aires, avec des rues et avenues rectilignes formant un quadrillage de Quadras. Des arbres partout le long des voies, des places arborées en nombre et un parc immense à l'ouest de la ville lui assure une bonne dose de verdure. Cependant tout cela manque de hauteur, les bâtiments sont assez tristes, peu de couleurs, peu d'ornements. On confond facilement la banlieue avec le centre ville.

Ce qui vient sauver la ville de son manque d'identité architecturale c'est l'omniprésence de l'eau. On ne sait pas trop d'où elle vient, probablement des nombreux ruisseaux de montagne et du Rio Mendoza, toujours est-il que la ville est traversée par des canaux où l'eau s'écoule avec plus ou moins de débit.

"Ceci est un message sponsorisé par Bon Aqua, pour une eau Pure et Fraîche où qu'on soit"

Pour la défense de la ville, nous admettrons que le temps maussade et gris n'aidait pas à la mettre en valeur, et nous ajouterons que nous logions dans une auberge de jeunesse située juste en face de la gare. Pour le charme et le pittoresque on repassera.

Point amusant, en arrivant nous rencontrons un couple d’américains, qui se sont levés le lendemain vers 5h du matin pour partir à l'assaut de l'Aconcagua. Nous n'avons vraiment pas la même approche de l'aventure...

Le parc à l'ouest de la ville est accueillant malgré le temps couvert, tellement grand que des rues le traversent en tous sens

Quoi qu'il en soit, et vu que rien ne nous arrête, malgré la fatigue et nos corps fourbus par le trajet, sitôt arrivés nous voici en route vers Lujan de Cuyo, banlieue Sud-Ouest de Mendoza, qui avec Maipù forme le centre viticole de la région. Car que l'on soit sensible ou non au charme de Mendoza, le principal attrait de la région reste les vignes et les bodegas !

Après quelques tours et détours de bus, un passage par la mairie pour se faire conseiller quelques bodegas, et quelques kilomètres, nous voici enfin face à une bodega ouverte à la visite et prête à nous accueillir : La Bodega Bonfanti. C'est la doyenne de la famille (dont le nom a sombré dans l'oubli des vapeurs d'alcool) qui nous fait l'honneur de nous guider et de nous expliquer par le menu l'histoire de la bodega, le processus de vinification, les méthodes de plantation et finalement nous faire goûter la production locale - ne rêvons pas tout cela se fait moyennant finance bien évidemment.

La campagne, ses canaux, ses oliviers...

Apprenez donc qu'ici ce qu'on produit c'est le Malbec. Affaibli par la météo et les diverses épidémies, il disparaît en France début XXème et par contre s'implante très largement dans la région de Mendoza. Il fait d'ailleurs son come-back en France, qui est citée, à ce jour comme le deuxième producteur mondial. C'est un cépage qui a besoin de sécheresse, au pied des Andes, il est servi ! A Lujan de Cuyo, la fierté des Bonfanti est palpable à la description passionnée qui nous est faite de cette entreprise familiale, à laquelle tout le monde vient mettre la patte. Ici on fait modeste, 50 000 bouteilles par an, quand les plus gros propriétaires inondent le marché de 50 millions de bouteilles chacun !

Dans la propriété Bonfanti, on a poursuivi la tradition italienne de faire pousser les oliviers au milieu des vignes

Ici le vin est bon, capiteux, à la fois tannique et surprenant. On privilégie le mono cépage plutôt que les assemblages, la simplicité à l'alchimie des goûts. Le soir venu, quand finit de crépiter la viande sur la braise, les papilles se délectent du soyeux liquide et attendent impatiemment le mariage des deux tons de rouge. Point de doute, malbec et biftec sont faits pour s'entendre. A votre santé !

28
mars
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mars
Publié le 3 avril 2017

Salut fidèles lecteurs !

Vous ne l'avez peut-être pas remarqué mais en ce moment il y a un super concours sur MyAtlas, avec ça on peut quelques trucs sympas notamment l'impression de notre carnet ou une batterie solaire (Ça fait vibrer mon âme technophile comme pas deux !). Donc surtout n'hésitez pas à cliquer sur le petit bouton de vote tout en haut de notre carnet, ça nous fera plaisir et ça nous motivera à vous faire d'encore plus belles photos et notes.

Ça dure jusqu'au 13 avril, donc lâchez-vous.

La suite du récit des Andes dès qu'on atteint les 20 votes ! (Haha non en vrai ça vient demain)

29
mars

Overdose de béton, la montagne nous appelle.

Sans plus attendre, quelques réminiscences de malbec dans le sang, nous prenons la route pour la alta montana, comprenez au dessus de 3 000 mètres ! Nous empruntons alors la route nationale 7 qui poursuit jusqu'à Santiago du Chili, route mythique car c'est par ces cols et vallées flanquées de reliefs majestueux que le Général San Martin mena l'armée des Andes qui libéra l'Argentine de la domination espagnole.

crachin et brouillard dans la plaine, la montée débute

Il est assez curieux de s'engager sur cette route finalement peu escarpée, dans une vallée large, que le rio Mendoza a patiemment creusé. Les eaux sont basses en plein automne, mais la vigueur de la rivière laisse présager des torrents sans pitié, quand la débâcle s'annonce.

Curieux encore comme le climat se transforme. Après la grisaille de Mendoza, couverte de nuages bloqués par le relief, très vite le ciel se dégage et laisse place à un soleil radieux qui fait exploser les couleurs des sols environnants. Peu familier des alpes, et des hauts reliefs, je suis très impressionné par la hauteur de ces montagnes. C'est grandiose et se dégage un sentiment d'implacable majesté.

Jeu d'ombres et de lumières sur les premiers sommets 

Après plus de 2h de route, la vallée s'élargit et laisse apparaître une vaste plaine, entourée à l'ouest et à l'est de contreforts arides. Au nord, rien n'arrête le regard ébloui par le soleil. Une grande bande d'arbres et de végétation, rares depuis le début de la montée, témoigne de la proximité du cours d'eau. Une oasis ,au cœur de montagnes arides, balayée par les vents violents.

Observez le futur théâtre d'un terrible drame ...

Nous croisons Uspallata, bourgade carrefour, étape de la caravane des andes, où nous viendrons nous poser après avoir tutoyé les cimes. Nous poursuivons, quittons la jolie plaine et nous enfonçons dans une nouvelle vallée, dont les flancs deviennent toujours plus vertigineux... Les baraquements de militaires et de gendarmes se multiplient, la frontière se rapproche.

Nous voilà arrivés à bon port, à Puente del inca, célèbre pour sa proximité avec l'entrée principale du parc de l'Aconcagua, mais aussi pour ses sources chaudes, qui ont conduit à l'apparition d'une arche naturelle faite de concrétions soufrées .

Les restes de l'hôtel thermal, emporté par une avalanche 

Les 4 heures de route nous ont fait perdre près de 15 degrés. Le vent est très fort et le soleil se couche. Vite au refuge.

Nous faisons la connaissance de César, homme du cru, ancien gardien du Parc, qui tient désormais 5 à 6 mois de l'année ce petit refuge fait de bric et de broc, aux couleurs vives, pouvant contenir à peine 12 / 15 personnes. Accueillant, il nous montre la petite cuisine et la salle à manger, où les marcheurs se retrouvent pour partager le repas qu'ils ont préparé. Ce soir, pâtes au fromage et oignons pour préparer la grimpette du lendemain. Il y a là des luxembourgeois, des allemands (profs de géographie de la fac d'Hambourg), un espagnol, et un autre couple de français, Jacques et Pascale, auprès de qui nous nous asseyons pour dévorer notre festin. César fait la conversation avec les uns et avec les autres. L'ambiance est bon enfant, chaleureuse. Chacun raconte son parcours des derniers jours et son programme du lendemain. Quelque chose rapproche les êtres dans ces pièces confinées et étroites, la discussion est facile, chacun est disponible. Une communauté spontanée et insouciante rassemblée par la beauté de la montagne.

Un moment très agréable, si ce n'est cette difficile négociation avec la jeune allemande, presque indignée que je ne comprenne pas la nécessité d'ouvrir la fenêtre de notre dortoir à huit, alors qu'il allait faire à peine 3/4° au cours de la nuit. Ces gens !!! Il a fallu faire retraite devant la tyrannie de l'adage "de l'air pur pour la nuit saine" et s'emmitoufler dans les épaisses couvertures pour éviter l'éternuement. Ceux qui connaissent ma frilosité comprendront mon appréhension.

Pour témoigner de mon mécontentement nous sommes sortis admirer les étoiles, une infusion à la main. On comprend pourquoi cette région du monde concentre autant d'observatoires, le ciel est limpide, les étoiles lumineuses et scintillantes comme rarement on a pu les voir. Aucune constellation familière, pas de doute nous sommes de l'autre côté du monde.

La nuit passa d'un trait, à 7h le petit déj nous attendait. Il faut croire que les montagnes ont un certain pouvoir car je n'ai même pas eu besoin de secouer Alex. Cela a un nom... le miracle des cimes !

Et surprise, qui voyons nous débarquer dans la salle à manger ?! Nos deux américains de l'avant veille ! Les pauvres s'étaient vus refroidis dans leur désir d'ascension par le prix plus qu’élevé du trek de 3 jours. Nous n'en avions pas encore fini avec eux...

30
mars
30
mars
Publié le 5 avril 2017

Nous vous avions laissés, haletants d'excitation quand à la suite de notre périple, au moment du petit déjeuner fort fameux de l'Hostel El Nico. D'ailleurs, vous a-t-on précisé qu'il faisait office de poste ? Il est maintenant temps de partir vers l'Aconcagua, qui n'est rien moins que le plus haut sommet des Amériques, culminant à près de 6 962 mètres, manque d'oxygène garanti !

Le couple de français Jacques et Pascale que nous avons rencontré la veille, nous proposent de nous prendre dans leur voiture jusqu'à l'entrée du parc puisqu'ils y montent aussi. Bien entendu nous acceptons, et grand bien nous a pris puisque nous ferons finalement tout le trek en leur agréable compagnie.

Après une dizaine de minutes en voiture nous arrivons à l'entrée du parc. On abandonne le véhicule, on prend nos sacs, on s'équipe et direction la guitoune des gardiens. Il est temps de sortir papiers d'identité et argent pour obtenir notre "visa" montagne. On nous donne en même temps un sac plastique numéroté qui sera notre poubelle. Attention si vous revenez avec une poubelle vide, vous risquez une amende ! On partira du principe que vous avez jeté vos détritus dans la nature, sale barbare que vous êtes ! Avec nos visas montagnes en poches, dernière pose pipi, on remplit toutes les bouteilles d'eau et hop on s'y met. La vue à ce niveau est déjà impressionnante !

On attaque par une montée sur une route en béton, qui nous permet d'arriver jusqu'à Harcones (on se demande où sont les Atréïdes #référencelittéraire#dune). C'est la partie la plus basse du parc pour pas cher du tout, zone de lacs peu profonds aux eaux cristallines habitées par quelques canards. Nous ne nous y attardons pas à l'aller, le temps passe et nous traversons en coupant en ligne presque droite en direction des sommets. Jacques avait envie de sortir des sentiers battus, au grand dam de Pascale ! foin de la route, nous prenons les raidillons.

Il est encore tôt, et le paysage sera bien plus beau une fois le soleil haut dans le ciel. Vu qu'on vous aime on vous montre tout de suite à quoi ça ressemblera.

Nous dépassons donc les quelques lacs pour arriver au bout d'une heure environ au pont qui marque la fin de cette zone, et le début du chemin vers Confluencia (saurez-vous découvrir la raison de ce nom ?). Le pont à un petit air à la Indiana Jones, ça tremble, rebondit et balance dans tous les sens. Au passage de celui-ci, le garde en faction nous demande si nous allons jusqu'à Confluencia, après confirmation de notre part le voici qui prend son sac sur le dos et s'élance au pas de courses. Il faut qu'il y soit avant nous pour nous accueillir, facile, il a de l’entraînement !

Après le pont, c'est parti pour près de 2h de marche à un bon pas. L'air de rien on monte, on monte. Nous cheminons sur les pentes, dans le lit du glacier qui s’étendait là il y a quelques siècles ou milliers d'années. On suit la rivière, qui bien qu'à débit réduit reste impressionnante. L'altitude en tant que telle ne se fait pas tellement sentir, l'air est vif et pur, le ciel au dessus de nous est entièrement dégagé, d'un bleu terriblement profond. C'est seulement après la montée la plus raide, qui dure bien 20 minutes que nous faisons une pause, le temps de reprendre notre souffle.

Les paysages sont magnifiques, les couleurs tranchent. L'ocre et le beige des pentes minérales, l'or et le vert des quelques plantes qui y poussent, le bleu profond du ciel, le blanc éclatant des cimes enneigées. On en prend plein la vue et dès que l'on sort de l'ombre, la température monte en flèche.

Nous arrivons enfin en vue de Confluencia, le terrain s'aplatit, nous avançons dans le lit de rocailles. Le guide que nous avions croisé précédemment nous accueille en récupérant nos visas montagne pour les tamponner, il nous les rendra quand nous repartirons pour la descente. Il faut savoir qu'à ce moment, nous n'avons croisé personne, il n'y a pas davantage de gens plus haut sur le trek de 3 jours. On comprend mieux pourquoi le camp est vide et les tentes démontées, d'ici 2/3 semaines le chemin sera complétement fermé à cause de la neige et des températures trop basses. Il nous explique que nous pouvons monter sur un promontoire pour avoir une meilleure vue, mais il est absolument interdit d'aller plus loin ! On ne rigole pas ici avec le règlement, une sévère amende refroidit les contrevenants !

Pour ne pas perdre le rythme nous grimpons sur la colline, bien raide. Là nous avons une vue grandiose sur une partie du chemin parcouru et sur l'Aconcagua qui se dresse, inaccessible et solitaire. On aperçoit les deux vallées et leurs rivières respectives qui se rejoignent... d'où le nom de confluencia. Vous aviez compris !!!

Il est l'heure bien méritée du déjeuner ! On bluffe nos camarades avec notre super salade de lentilles aux légumes. L'esprit de solidarité montagnarde nous habite, nous partageons toutes nos diverses victuailles. On remercie les précédents pique-niqueurs d'avoir laissé des cailloux sur la table, un vent violent se lève et tout à tendance à se faire la malle. On ne voudrait pas salir ni polluer les environs !

Il est maintenant temps de redescendre et d'un bon pas. Il nous faudra un peu plus de 2 heures pour faire le trajet inverse, en tâchant de ne pas trop nous moquer des grimpeurs que nous croisons et qui nous demande l'air effaré, combien de temps il leur reste avant d'atteindre le camp. Il faut dire qu'il est bientôt 14h et le soleil tape dur, heureusement le vent s'est levé et nous rafraichit autant qu'il nous pousse.

Petit panoramique avec en bonus le bruit du vent, à te décorner un boeuf

Nous retraversons rapidement le pont, et cette fois prenons un peu plus de temps pour admirer les lacs et lagunes d'Harcones. Enfin nous retournons à l'entrée du parc, un coup de tampon sur nos visas et nous jetons nos poubelles sous le regard attentif des sentinelles. Nous disons au revoir à nos compagnons alors qu'ils repartent en vitesse sur Mendoza puis sur Buenos Aires, non sans leur avoir donné quelques conseils sur la capitale et ses quartiers .

Nous nous posons quelques minutes devant le centre des visiteurs, histoire de se rafraîchir et faire le plein d'eau, et parfaire notre bronzage !

Il est temps de redescendre à pied en direction de Puente del Inca pour prendre le bus vers Uspallata. En chemin nous rencontrons une allemande avec qui nous ferons une partie de la route, le temps d'une folle discussion sur l'art, les voyages et la situation politique en Europe de l'Ouest.

L'aventure continue, prochain épisode : Uspallata, au cœur de la vallée fertile !

31
mars

Nous retrouvons enfin des niveaux d'oxygène satisfaisants. Le soleil ne tape plus, la route descend. Cette première aventure prend fin. Pour nous reconstituer, après tant d'efforts (si si, puisqu'on vous le dit), nous choisissons de nous arrêter dans cette petite bourgade que nous avons croisée en montant. La fameuse et mystérieuse Uspallata.l

la route 07 jusqu'à Santiago 

Après l'âpreté des montagnes, la ville nous fait l'effet d'un refuge de verdure, une oasis en plein désert, une cité illuminée après les maigres refuges de contrées inhabitées. Pour dire vrai, Uspallata ne rassemble pas plus de 3000 habitants et ferme au sud la très grande plaine qui s'étend au cœur des Andes sur près de 300 km. Après la grisaille de Mendoza, l'endroit a quelque chose d’envoûtant.

Monet n'est pas loin 

Plus encore, telle une oasis moderne au cœur de la caravane des Andes, la ville est la dernière étape avant la traversée pour atteindre Santiago du Chili. Autant vous dire que la route est un peu empruntée par les semi-remorques. D'ailleurs un très grand parking à l'Ouest de la ville accueille les poids lourds en très grand nombre. On pourrait donc s'attendre à un lieu un peu glauque et sans charme (oui j'ai des préjugés sur les chauffeurs routiers, c'est vrai), il a au contraire un peu de poésie.

il s'agit de la douane

Nous trouvons un petit hôtel familial, sans vrai charme mais qui a l'avantage de nous avoir pour seuls clients, la saison est finie depuis longtemps. Les boutiques de souvenirs, où l'on trouve bonnets andins, calebasses de maté en plastique (aussi moche les unes que les autres), pulls en alpagua, sont certes ouvertes, mais ce n'est pas la foule des grands jours. Nous nous réjouissons de marcher sur le plat, de profiter de la douceur du soir et de sa fraicheur, après le soleil étincelant de la journée. Nous nous dirigeons vers le fleuve facilement repérable, tant les arbres qui l'entourent sont les seuls visibles dans la vallée.

pâturages et roseaux 

Un cadre idyllique dans lequel, pourtant, se produisit un terrible accident. Nous nous promenions donc sur les bords du Rio Mendoza, qui ressemble plus à un ruisseau qu'au Styx déchaîné - saison oblige -, la lumière était douce, le soir tombant. De magnifiques chevaux paissent tranquillement, quelques couples regardent l'eau et la chaîne de montagne découpée en contre jour par un soleil de feu. L'endroit enjoint à l'apaisement, et c'est alors que le sort frappe. Oui, ici, point de falaise vertigineuse, de sol glissant, d'animaux venimeux, de fauve vorace... non rien de tout cela et pourtant...

Nous voulions contourner deux garçons qui fumaient tranquillement à l'abri de roseaux, nous les regardions d'un œil bienveillant et paternaliste. Ces moments là sont sacrés pour cette jeunesse adolescente pleine de doute et de recherche. Nous les contournions donc, et nous voilà devant un petit bras du ruisseau, entouré de roseaux. Pas de passage, il nous fallait traverser sinon nous gênerions immanquablement ces deux garçons. Un canal assez large, et doté d'un petit dénivelé, un petit mètre au moins. Les abords paraissent stables mais la distance est trompeuse. Je saute, le sol est moins souple qu'attendu, la réception est brutale, la colonne le ressent. Au second de s'élancer, fièrement, non sans une légère crainte. un bruit déchire le ciel, les oiseaux s'envolent... Oui mes amis, le choc fut impitoyable, à deux pieds, ... ma foi, un saut un peu gourd pourrait-on dire. Les conséquences sont là, immédiates, le bas du dos est vrillé. L'homme, jusqu'alors souverain, se retrouve courbé, plié, le haut de son fondement fait mal.

Du munch... après le cri, la souffrance 

Nous comprenons alors que nos récents exercices, un peu paresseux, de renforcement musculaire étaient insuffisants. Il paraît clair alors pour la suite du voyage, la préparation physique sera indispensable, incontournable... et que d'ici là, la convalescence s'impose !

8
avr

Nous vous avions abandonnés à Uspallata, alors que notre fier à bras avait chu lors du passage d'un ruisseau. Nous sommes rentrés en bus comme à l'aller, sous une belle pluie si bien qu'à l'aube nous n'avons pas pu nous faire une bonne idée de la fameuse Pampa ! La semaine à Buenos Aires a vite passé, le temps de panser les plaies, de faire le tour des potes, de sortir à des heures indues, de préparer la suite du voyage. Samedi, déjà, s'annonçait.

Ce devait être notre dernière et paisible soirée avec les colocs dans notre maison de Buenos aires. Le bateau pour l'Uruguay nous attendait dimanche 09 à 18h.

Une perturbation venant de l'ouest s'est annoncée aux alentours de 14h. La pluie a démarré doucement, jusqu'à ce que de belles trombes d'eau finissent par se déverser dans les rues. Alors qu'Alex préparait la pâte des pizzas du soir, c'est à peine si l'on pouvait s'entendre sous le fracas des flots.

Jennifer sort alors de sa chambre, encore endormie de sa sieste, cherchant le repos après sa trop courte nuit de la veille ! Elle nous appelle en disant qu'il pleut chez elle. Lors d'une de ces pluies orageuses de la fin de l'été, nous avions déjà constaté que le toit avait besoin d'une petite révision. Lili devait s'en être chargée, cela ne s'était pas reproduit... Jen occupe la chambre mitoyenne de la nôtre et nous partageons la salle de bain. Nous arrivons pour voir, et alors que nous nous attendions à quelques gouttes, c'est plutôt un petit ruisseau d'eau qui se déverse le long de la lampe suspendue. Rien n'arrête l'eau qui tombe de plusieurs endroits du plafond.

rien de tel qu'un petit seau pour recueillir l'eau du plafonnier

Nous allons dans notre chambre et constatons également qu'il pleut un peu à proximité du mur mitoyen, assez loin de nos affaires et du lit. Pourtant la pluie ne cesse pas, et s'accroît même. Les trombes d'eau finissent par noyer complètement la petite chambre. La moquette a fini d'absorber, et le trop plein passe par la salle de bain. Dans celle ci, l'eau coule directement du plafonnier dans le lavabo juste en dessous, pratique ! L'électricité saute alors. On comprend pourquoi. La chambre de Jen est perdue, nous l'aidons à sortir toutes ses affaires,et le matelas, qui a déjà bu un peu d'eau de pluie qui continue de se déverser sans discontinuer.

Nous tentons d'amener l'eau à se déverser dans la salle de bain qui dispose d'une évacuation reliée au tout à l'égout. Un bruit sourd mais violent se fait entendre, à coté, chez Jennifer. Le plafond de plâtre commence à tomber, petit à petit, jusqu'à s'effondrer sur un bon quart de sa surface. Bagdad après un ouragan. L'eau est partout, dans l'entrée, la chambre de Jen, la salle de bain... heureusement l'essentiel de notre chambre est un peu épargnée.

non non c'est pas une fissure, non ça ne gondole pas, le plafond s'écroule

La pluie se calmera 5h après avoir commencé. Le moment fut assez impressionnant, stupéfiant. Le ciel nous est tombé sur la tête et le toit aussi !

Rien n'arrête Laura qui a trouvé une des seules prises qui marche encore pour faire un petit Houmous, miam ! 

L'évènement n'enleva rien à notre ardeur, nous avons cuisiné les meilleurs pizzas de notre vie, et passé un bon dernier moment, un peu humide avec les colocs. Hasta luego Buenos Aires, vamos a viajar en Uruguay.

9
avr
9
avr

Suite à notre merveilleuse nuit les pieds dans l'eau et l'estomac plein de pizzas, nous entamons la première grande "boucle" de notre voyage. Nous sommes maintenant bien mieux équipés et parés à toutes les situations - un billet absolument incroyable, mi benchmark mi tranche de vie sur les boutiques de camping à BA est en préparation...

Bref, Le dimanche 9 à 18h nous embarquons sur le magnifique Hydroptère qui va nous permettre de traverser le Rio del Plata en 55 min, à peine le temps de faire la sieste ! Nous aurions aimé prendre de magnifiques photos de la traversée, mais la tempête faisait toujours rage, à part des camaïeux de gris embués à travers la fenêtre on ne voyait pas grand chose...

Admirez l'adéquation entre la forme du mollet et celle du sac ! / Gris sur gris, contour gris 50x100 (SB) / Dormeur réveillé (SB)

Toujours est-il que nous arrivons au port de Colonia, changement d'ambiance radical quand l'on vient de Buenos Aires. Ici la vie est plus lente, les infrastructures bien plus petites, les rues chichement éclairées dès que l'on sort des deux grands axes, les chiens errants sympathiques. Mais surtout le moment où l'on sent que l'on a changé de pays : les voitures s'arrêtent pour nous laisser passer aux passages piétons !

Nous cheminons tranquillement dans les rues en direction de l'auberge de jeunesse que nous avions repérée. Finalement nous logerons dans l'Hostel Celestino, croisé en cours de route et bien moins chèr. Nous faisons la connaissance d'un allemand apparemment en manque de communication vu la façon dont il nous saute dessus (verbalement parlant). Sitôt nos affaires posées nous partons en quête d'un lieu où ripailler et faire un repérage de la ville. Le tout sous la pluie/ crachin qui ne cesse de tomber, mais cela ne nous empêchera pas de manger en terrasse nom de Zeus !

Notre havre de paix pour la nuit. Animation garantie avec ce jeu de chiens à l'entrée !

Lors de notre balade, nous sommes entourés de touristes issus du monde entier, venus passer l'après-midi à Colonia. Il n'y a pas besoin d'y passer beaucoup plus de temps. Le tour de la ville se fait rapidement, on visite vite le peu de bâtiments et musées. Si vous le souhaitez vous pouvez monter au sommet du phare, ou faire un saut à l'aquarium local (autant vous le dire, c'est plus que décevant. J'ai cramé mon joker "visite d'aquarium" assez bêtement). Les quelques boutiques qui émaillent le centre, sentent l'attrape touriste à plein nez, avec de « l'artisanat » local qui semble made in China au vue de la qualité des produits.

L'ancienne gare désaffectée, et sa vue sur le Rio de la Plata.  Le phare plutôt mignon.

Au matin nous réalisons à quel point Colonia est une toute petite ville, aux pavés de guingois et glissants, très glissants. Le cœur historique est charmant, bien que minuscule, les petites rues circulent entre des bâtiments bas aux couleurs plus ou moins riantes et joyeuses.

En bas à droite, la "descente de la mort". Pavés inégaux et lisses + pluie + herbacés = glissades cocasses 

Pour votre culture historique sachez que Colonia a été fondée par un Portugais. Rapidement le port situé en face de Buenos Aires se spécialise dans la contrebande, meilleur moyen pour concurrencer les espagnols. Il va sans dire, ils ne verront jamais ce port d'un bon œil. S'en suivront conflits militaires et diplomatiques conduisant à des changements de propriétaires à répétition, la ville change de drapeau près de 7 fois avant de devenir définitivement territoire espagnol, le tout sur près de 200 ans. A ce moment la contrebande s'arrête, et le port périclitera doucement. Ce qui explique l'atmosphère surannée et l'état de conservation des bâtiments, la ville est restée dans son jus, cela se voit et se sent.

Parfois, il doit faire beau, vu les arbres en fleurs magnifiques

Notre tour de la ville effectué, constat fait de la fermeture pour une raison inconnue de la très grande majorité des commerces (dont la banque HSBC sur laquelle nous comptions...) et face à la tempête qui une fois encore s'abattait sur nous, nous nous sommes carapatés avec grâce et panache en direction de Montevideo.

Man Vs Wild, "heu on s'en va là, non ?" 
11
avr
11
avr
Publié le 17 avril 2017

Notre expérience à Mendoza et à l’Aconcagua nous a fait prendre conscience, qu’en Argentine du moins, nous aurions du mal à tenir notre budget de 60€ par jour pour deux, à moins de ne se nourrir que de pâtes. Nos estomacs respectifs exprimant leur profond désaccord, nous avons donc trouvé une première parade, se doter d’une tente.

A notre retour, dans les quelques jours qui nous séparaient de notre voyage en Uruguay nous nous mîmes en quête d’une tente assez polyvalente pour assurer notre survie dans les divers environnements hostiles que nous aurions à fréquenter, de la moyenne montagne, aux plateaux et autres déserts, jusqu’aux chaudes plaines littorales. Nous avons donc répertorié près d’une 20aine de magasins sur Buenos Aires. Notre petite épopée nous a amenés à croiser sur notre route toutes sortes de boutiques, et c’est donc presque une sociologie du campeur professionnel que nous vous livrons ici.

C’est d’abord le vendeur professionnel de la marque Montaña qui nous montra l’étendue de son art. Regard sympathique, prévenance à tous égards, renseignements précis sur les caractéristiques techniques. Nous avons même pu ouvrir la tente en plein magasin ! Bref sans jamais être abusif, un vendeur qui éveille en vous le plaisir de l’achat… quel que soit l’achat.

Autre élément de la typologie, le passionné bougon. Il a du matériel à foison, mais ne s’intéresse pas vraiment à vous. Les codes barres et les commandes l’occupent davantage que le plaisir de vous renseigner. On range ici autant la catégorie des entreprises familiales, où l’on sent que le fiston n’est pas tout à fait épanoui et aurait du dire « non Papa, moi je veux devenir … fonctionnaire » ! Mais on trouve aussi les magasins de démarques, qui ont récupéré plusieurs stocks de l’armée et vous proposent un séjour en mode furtif avec jeep et corvée « d’épluchaille » ! Très peu pour nous.

La catégorie chasseur pêcheur est aussi très représentée dans la ville. Les tentes proposées sont souvent de tailles imposantes et ne connaissent pas la définition de poids plume. Cette vision du camping repose sur un transport motorisé, avec point de ralliement au campement, barbecue et glacière à binouze. C’est une manière de revivre le plaisir communautaire, dans la case mate pour 10, 15, 20 personnes, où il est presque possible d’installer des lits superposés. De retour au magasin, on comprend, au vu du nombre d’objets tranchants, d’armes diverses et variées, que l’objet de la promenade est bien de faire disparaître tout être vivant qui s’aventurerait à proximité. S’ensuit un léger malaise. Comment ?! Tous les campeurs ne sont pas de farouches écolos #amisdesbêtes #fondationbrigittebardot ?

Et puis finalement, dans la dernière boutique, nous trouvons notre bonheur. Une dame d’une cinquantaine d’année tient un petit magasin, plein du sol au plafond. En quelques mots, elle saisit votre projet et vous conseille en sortant de ses étagères quelques articles qui correspondent à vos besoins. Ici pas de débauche de matériel, seuls quelques produits de qualité, bien choisis. Nous poursuivons la discussion enthousiaste, jusqu’à ce qu’elle pousse la curiosité pour savoir si Alex et moi sommes… comment dire… très proches ? Les yeux pétillent lorsque nous lui disons que nous sommes pacsés. Là avec une fierté évidente, elle nous montre son alliance, « elle aussi nous dit-elle depuis 5 ans avec Daniella, et nous avons le même prénom toutes les deux». D&D avaient manifestement trouvé dans la marche et le camping un point commun qui les avait amenées l’an dernier à réaliser un beau trek en direction du Machu Pichu. Elle fut presque étonnée que nous ne soyons pas montés tout en haut de l’Aconcagua !

Après ce tour de ville du campeur professionnel, nous avions enfin trouvé notre bonheur. Une tente de fabrication argentine (pas possible de trouver une européenne) faite pour la moyenne montagne, dotée d’une bonne imperméabilité, et raisonnablement légère avec ses 2,6 kg, sans gréver notre fragile budget. La voici !

Les trois premières nuits en tente, à quelques mètres de la mer ont fini de nous convaincre de notre achat. Que l’aventure se poursuive!

10
avr
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Publié le 17 avril 2017

Après la tourmente à Colonia, nous voici à Montevideo. La capitale de l'Uruguay, du haut de ses 1,5 millions d’habitants pour 3,5 millions pour la totalité du pays centralise l'essentiel de l'activité du pays.


Nous trépignions donc d'impatience à l'idée d'une ville cosmopolite et dynamique lors de notre trajet en bus. Le débarquement au terminal de bus, situé à l'intérieur du centre commercial et quasi bondé semblait nous donner raison. Jusqu'à notre arrivée à l'office de tourisme...

Là, le charmant agent nous refroidit immédiatement. Nous arrivons juste avant le début de la semaine du tourisme, "semaine sainte" jusqu'à la séparation de l'Etat et de l'Eglise. L'évènement ne commence réellement que Jeudi pour un long week-end de 4 jours. Mais au lieu d'être un moment de festivité, figurez-vous que le pays entier s'arrête. Nous sommes lundi et la moitié des commerces est déjà fermée , nous ne parlons pas des musées et autres lieux culturels, même pas la peine d'essayer avant une bonne semaine ! (en fait, on a pas vraiment essayé). Ceci explique nos déconvenues des jours précédents pour retirer des fonds, ainsi que les bus anormalement fréquentés.

Qu'a cela ne tienne, rien ne saurait refroidir les ardeurs de nos deux explorateurs, ils se contenteront de prendre le pouls de la ville en déambulant dans ses rues ! Mais aussi fougueux que nous puissions être, il nous fallait reposer nos corps endoloris et nos esprits las après de telles aventures (cf la terrible tormenta à Colonia). Nous cheminons en direction de notre hostel, refuge et plus encore pour les prochains jours : Le Compay Hostel Montevideo. (le même nom de quartier qu'à Buenos Aires !)

Mais avant de s'étendre sur notre hostel parlons un peu plus de la ville. Pour le dire crûment, Montevideo n'est pas particulièrement marquante. Pourtant la ville ne manque pas de charme, c'est surtout son ouverture sur la mer qui nous surprend, l'urbanisme est diamétralement opposé à celui de Buenos Aires qui semble tourner le dos à son littoral. Ici, le bord de mer est aménagé, les plages plus ou moins sauvages sont accessibles et il est évident que la majorité de la ville vient faire ici son footing ou sa séance de kite-surf de la semaine. De fait, les plus grands parcs de la ville sont situés sur la côté au sud et à l’est, le long de la côte et des caps.

Dans le cœur de ville, c'est assez étrange… Il y a des bâtiments magnifiques dans le centre historique, datant pour la plupart des années 1920 à 1935. Mais l'ensemble dégage une impression d'abandon, la ville parait désertée, vaguement décrépite. Nous n'arriverons pas à savoir s'il s'agit des contrecoups des différentes crises économiques qui ont secoué le pays et dont il se remet à peine, ou s'il faut simplement blâmer la semaine de fête avec son cortège de commerces fermés et d'habitants partis en vacances. Probablement le cumul des deux…

Mon petit chouchou est le Palacio Salvo, j’aime ce débordement de béton, avec ses corniches et ses tourelles, qui n’adhérerait pas ? Dans la catégorie lourdingue, essayez le mausolée en l’honneur de José Gervasio Artigas, militaire et libérateur du pays, fervent défenseur des libertés, de la démocratie et de l’égalité. On saisira la douce ironie, de voir ce monument érigé par la féroce dictature militaire entamée en 1973 …

A gauche le palacio Salvo, c'est beeeaaaaauuuu

Notre tour de la ville était censé se conclure en beauté par le Mercado del Puerto (marché du port pour les Germanistes LV2). Pour l’atteindre nous finissons de traverser le cœur historique de la ville qui est totalement déserté, heureusement que ça n’empêche pas certaines rues d’être mignonnes. Toujours est-il que nous arrivons sur le marché, et là, cruelle déception. Ce n’est rien de plus qu’un immonde nid à touristes avec tout ce que cela suppose. Le marché n’a plus rien d’un marché, ce n’est rien de plus qu’une halle concentrant une floppée de restaurants aux décos du plus mauvais goût. Les serveurs nous hèlent et vous poursuivent pour vous attirer sur l’une de leurs tables. C’est étouffant, bruyant, surchargé, je crois que nous avons eu un aperçu d’un des cercles de l’enfer. Nous nous échappons au plus vite de cet endroit des plus désagréables, en comprenant ce qui a tué petit à petit le quartier.

Tristesse face à un quartier pas laid, mais totalement mort

Finalement, le point le plus agréable de ce séjour à Montevideo, outre ces parcs et bords de mer, sera surement le temps passé à l’Hostel. Nous avons compris ce que pouvait être une auberge de jeunesse internationale. Un lieu tranquille et en même temps extrêmement vivant. Malgré nos changements de chambre quotidiens, tout se passe dans une bonne ambiance et un rythme décontracté des plus joviaux. Nous avons fini tous les soirs dans le patio de l’auberge à parler tant espagnol, qu’allemand, anglais ou français. Chaque soir apporte de nouvelles têtes, de nouveaux récits de voyages, d’inattendues suggestions d’étapes, le tout dans les vapeurs d’alcool et de Marijuana qui est ici légale. Tout cela s’accompagne bien entendu de promesses de nouvelles et de visites qui pour la plupart ne seront bien évidemment jamais tenues, mais qui s’en préoccupe vraiment ? Dans ce lieu se tissent des amitiés légères et éphémères. Exactement ce que l’on cherche lorsqu’on ne fait que passer et que d’ici quelques heures ou quelques jours, nous retournerons sur les routes de l’aventure.

14
avr
14
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Nous quittons Montevideo forts des récits de voyages de nos comparses de chambrée, tout cela sent bon l’aventure et les hippies (soyons honnêtes).

Nous décidons donc de commencer à nous lancer dans l’aventure des déplacements en stop, nouvelle stratégie pour économiser quelques deniers. Mais nous commençons en douceur puisqu’une partie du trajet sera effectuée en bus de manière à sortir de la grande ville et de nous trouver sur la bonne route. Notre premier convoyeur s’appelle Nestor et nous explique qu’il a appris le français à la fac dans ses jeunes années. Il nous amène jusqu’à San Carlos et nous laisse poursuivre alors que la nuit tombe.

C’est ainsi que nous nous retrouvons en ce premier soir d’autonomie, à planter la tente sur une petite route parallèle à la grande route 9 qui relie Montevideo à toutes les villes de la côte est (Punta del Este, Cabo Polonio, Punta del Diablo, Chuy, etc). Grâce de notre grande expérience, nous savons cumuler les erreurs : faire le repérage et premier montage de tente dans le noir. Heureusement pour nous, il ne pleuvait pas, mais nous réaliserons au matin que nous avons loupé un point stratégique du montage qui nous a valu un peu de fraicheur au niveau des pieds…

jolis bateaux de pêcheurs, et maisons bringuebalantes (on vous a mis la plus neuve)  

Nous repartons le lendemain et finissons après une longue heure de marche, le pouce levé, à faire suffisamment envie, ou pitié à Johanna et à son fils qui nous amènent jusqu’à notre premier objectif : Rocha. Cependant nous manquons l’embranchement pour La Paloma, première station balnéaire un peu familiale. Plutôt que de nous laisser sur le bord de la route, elle nous propose finalement de nous emmener à la Punte del Diablo à l’extrême nord est de l’Uruguay, ancien village de pêcheur, installé sur une côte de grands blocs de granit majestueux. Les joies de l’héliotropisme océanique n’ont pas défiguré l’endroit, fait de bric et de broc, dans des assemblages douteux.

Arrivée à Punte del Diablo, on va voir les cailloux et les vagues, je découvre que Simon A-DO-RE les cailloux.

Un peu plus malins que précédemment nous n’attendons pas la nuit tombée pour aller chercher le lieu adéquat pour notre campement. Nous filons le long de la plage en direction d’un cap rocheux situé un peu plus au nord, surmonté de dunes couvertes de végétation, le lieu semble parfait. Nous sommes proches de la mer, mais protégés du vent, et cachés des regards indiscrets.

C'est impressionnant ces grandes dunes couvertes de végétation

Seul bémol, le terrain pour notre premier choix est un peu pentu, dès le lendemain nous monterons plus haut jusqu’à trouver notre havre de paix pour les prochaines nuits. A l’abri entre des bosquets, de l’herbe entre les pieds, et une vue sur l’enchainement des baies au nord jusqu’à la frontière Brésilienne.

Campement bis, on commence à gérer
Dans le fond ce qu'on suppose être la frontière, la nuit des lumières rouges dessinent une grande ligne 

Nous nous habituons rapidement à notre vie en tente, nous profitons des levers de soleil sur la mer et des nuits étoilées loin des lumières de la ville. Le jour, nous descendons d’un côté ou de l’autre de la pointe du diable, pour nous balader et parfois piquer une tête dans l’océan, qui est plutôt frais. Il y a comme un petit côté breton à tout ça. On soupçonne les eaux d’abriter une vie riche vu le nombre de pécheurs dans les environs, à plusieurs reprises nous voyons une forme sombre percer la surface de l’eau pour quelques secondes avant de disparaître, il s’agit de tortues ! Sur un registre plus glauque, le nombre d’animaux échoués sur la plage (gros poissons que je ne saurais identifier et phoques) finit de nous renseigner sur la faune environnante.

Balade dans la première des deux baies vues plus haut 

Après quatre nuits en pleine nature, le besoin de se laver avec de l’eau douce et du savon se fait ressentir. Surtout que nous prévoyons de partir sous peu en direction de Florianópolis, ce qui représente à peu près 16/17 heures de bus, sans compter les temps d’escale. Nous démontons donc la tente et rangeons notre campement, bien proprement, pas question de laisser trainer nos déchets! Après plusieurs tours et détours dans la ville – on ne cesse de nous indiquer des hostels à quelques cuadras de là, si si un peu plus loin sur la gauche, puis à droite, sautez trois fois et vous y êtes ! – nous finissons par revenir à quelques mètres de notre point de départ à l’hostel el diablo tranquillo. On comprend rapidement que le tranquillo s’applique moins au lieu ou à l’ambiance qu’au staff… On suspecte une armée de volontaires troquant leur séjour contre quelques heures de travail par jour. Malgré leur grand nombre – je crois bien qu’à certains moments, ils furent plus nombreux que les clients – le lieu nécessite de nombreuses menues réparations qui semblent traîner depuis un bon moment.

Encore des cailloux, et une vierge au milieu des cailloux. 

Quoi qu’il en soit nous y passons la nuit, heureux de retrouver quelques personnes rencontrées quelques jours plus tôt à Montevideo. Suite à des problèmes d’horaires de bus et de manque de clarté quand aux informations concernant les heures d’ouverture de l’agence de bus, nous préferons éviter de partir au soir en direction de Chuy. L’idée de rester bloqués toute la nuit dans cette ville frontière ne nous enchante guère. Nous partirons finalement lendemain matin avec nos amis retrouvés, qui font le même trajet que nous.

Après man vs wild, man loves Wild 

Notre passage par Chuy confirmera nos craintes. La distance entre notre point d’arrivée et le point de départ du prochain bus est assez grande, et la ville franchement pas accueillante. On se croirait dans un centre commercial à ciel ouvert, où margoulins et revendeurs de marchandise louche pullulent. Le bâtiment dans lequel se trouve le guichet est à moitié délabré, et le vendeur nous apprend de mauvaise grâce qu’il ne prend pas la carte bleue, ni aucune devise étrangère et qu’il faut donc retourner vers le centre pour aller retirer des UR$.

Je vous passe les détails de nos folles aventures à quelques minutes du départ, lorsque nous constatons qu’il nous manque 100 UR$ pour payer le trajet. Quand on n’a pas de tête, on a des jambes !

là il est 6h30 du matin. on est tombé du matelas gonflable !

Après toutes ces émotions nous voici enfin dans le bus en direction de Porto Alegre, escale rapide sur notre route en direction de Florianopolis. Nous y arrivons à la nuit tombée. Le temps d’un petit repas dans l’immense gare routière, bien tenue, sillonnée de policiers harnachés. Nous imaginons un instant aller trouver mangeaille à quelques cuadras de la gare, mais les abords peu ragoutants nous invitent à la prudence. Nous mangerons dans la gare. Vers minuit et demi, nous embarquons et rejoignons Florianopolis le temps d’une courte nuit qui nous laissera fourbus à l’arrivée.

Bam lever de soleil !
23
avr
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Publié le 27 avril 2017

Oui oui, je sais nous avons été quelque peu silencieux. Plusieurs jours de camping et un repos bien mérité nous ont éloignés du clavier. Mais n'ayez crainte, au total 3 billets sont en préparation pour une publication imminente.

Nous n'avons jusqu'ici pas pris le temps de vous parler de LA boisson de l'Amérique atlantique du Brésil à l'Argentine en passant par l'Uruguay... (et même d'ailleurs mais on a pas encore vu)... le maté. Il s'agit d'une préparation à base de plante sèche qui se boit dans une calebasse. Un phénomène plus culturel que gustatif qui mérite votre attention.


Le Maté à proprement parler correspond à la calebasse dans laquelle la plante infuse. Le nom est lui-même dérivé du mot quechua qui désigne une calebasse. De forme ronde, coupée en son extrémité supérieure, la cavité ainsi formée accueille l'herbe à maté qui infusera dans de l'eau chaude. Un artisanat riche propose ainsi toutes sortes de Maté, gravés, cerclés de fer blanc ou sans oripeaux aucun.

A ce premier ustensile, s'ajoute la Bombilla (dire bombicha en langue portègne) une petite pipette en métal, de forme cylindrique, ressemblant à un bec de aubois, au bout duquel se trouve une boule aplatie trouée de plusieurs orifices de petite dimension, de nature à filtrer l'herbe et ne laisser passer que l'eau infusée.

Venons en à la fameuse herbe ! la Yerba Maté aussi appelée thé des jésuites, ou thé du Brésil, est issue d'arbustes de la famille du houx, qui ressemble fortement à des plantations de thé. Chargée de caféine, de théine et d'autres molécules en -ine, il se boit néanmoins à toute heure de la journée. Infusée dans une eau à 70° maximum (les bouilloires phillips ont même un bouton qui permet de faire l'eau à la bonne température), la plante dégage une amertume agréable, progressivement libérée à mesure qu'elle infuse dans de l'eau que l'on rajoute, dès que l'eau versée a été bue.

Boire du maté obéît à un rituel très codifié, qui semble différer légèrement selon le pays. Pour le besoin de la démonstration nous parlerons de la situation en Argentine.

Sachez qu'il faut remplir le maté au 3/4 maximum de Yerba. Prenez ensuite le maté d'une main en bouchant l'ouverture de l'autre. Il vous faut désormais retourner le maté et l'agiter légèrement, sans tout renverser. Le but est de récupérer la poussière de Yerba sur votre paume et l'extraire du maté. Repartissez ensuite la Yerba pour faire une pente ou talus le long d'un bord du maté et plantez votre bombilla à sa base. Attention ici la manœuvre se complique, il faut maintenant verser un peu d'eau froide pour faire la "pré-trempe" de la yerba (oui oui c'est aussi compliqué que la forge). Laissez infuser quelques minutes et enfin nous pouvons commencer à verser de l'eau chaude pour déguster la boisson, en veillant à ne pas détruire le talus. Il faut donc verser l'eau le long de la paille, et petit à petit faire infuser de plus en plus de Yerba pour conserver le goût.

ça se sirote tranquillement

Sachez que c'est le toujours le préparateur qui versera de l'eau dans le maté. Puisque c'est lui qui l'a préparé, ses invités sont priés de se conformer à sa manière de le boire. Il faut toujours finir le maté une fois qu'on a commencé à boire dedans, il est hautement impoli de le transmettre à quelqu'un alors que l'on n'a pas tout bu. De même, sous aucun prétexte n'essayez de touiller ! C'est un acte sacrilège qui pourrait attirer la colère des esprits sur votre descendance. Une fois le maté consommé, rendez la calebasse au préparateur/propriétaire afin qu'il la remplisse pour lui-même ou un autre des invités. Si vous ne souhaitez plus en boire il suffira de dire merci lorsque vous recevez le maté, le préparateur retiendra qu'il ne doit plus vous en proposer. Vous en déduirez donc aisément qu'on ne dit habituellement pas merci lorsqu'on nous tend le maté (décidément Sherlock peut se rhabiller face à votre puissance de déduction).

Une fois le divin (?!) nectar consommé, fort logiquement il faut vider et racler le maté pour enlever toute la Yerba, laissez sécher afin d'éviter que la calebasse ne pourrisse et vous voila prêt à recommencer. Vous voilà prêt à affronter cette cérémonie, qui n'a rien à envier à celle des japonais, avec assurance et dignité.


Vous l'aurez compris, cette tradition a vite fait d'attiser notre curiosité, enfin surtout celle d'Alexandre. Nous nous sommes donc affublés de la totalité du kit à Maté, afin de goûter bien évidemment, mais aussi pour nous fondre bien plus facilement dans le paysage ! Rien de plus local que se balader son maté à la main, le thermos sous le bras (pas encombrant du tout !). Preuve à la Criolla del Prado, une foire populaire à Montevideo, dont nous n'avons pas parlé...

vous les repérez? thermos, Maté et Bombillas?
là c'est mieux, heureusement que les paparazzis de Gala sont là pour vous révéler les secrets les mieux gardés ! 

Malheureusement rien n'est jamais simple, et l'achat du Thermos fut le début d'une suite terrible de déconvenues.

Car le choix du thermos est une question sensible, cruciale même. Signe de l'importance donnée à l'ustensile, on le trouve dans tout magasin, avec une gamme des plus diverses. Les pouvoirs du marketing se sont emparés de l'objet presque devenu objet de mode. C'est un peu le sac à main de tout un chacun. En haut de la gamme, on trouve le thermos Stanley, le thermos qu'on garde toute sa vie ! garanti antifuite et incassable. Il faut compter 3000 pesos uruguayens, la bagatelle de 100€. Tout à côté, on trouve le plus bas de gamme, version pique nique du dimanche coque en plastique souple, bouchon enfoncé sans assurance d'être hermétique, mais 10 fois moins cher. Bref ça faisait 10 jours qu'Alex me faisait des yeux doux, pour que nous entamions notre fragile budget et que nous achetions l'équipement complet. Nous avions déjà acheté maté et bombilla à Montevideo, restait le thermos.

A Punte del Diablo, j'ai fini par craquer et acheter , en lui faisant la petite surprise, le thermos, mais bas de gamme (le seul que le petit supermarché proposait). Funeste erreur ! l'objet n'avait absolument rien d'hermétique, il s'ouvrait tout simplement sous l'effet de la chaleur (pratique pour un thermos, non?). Impossible donc de le tenir autrement que droit (pratique avec des sacs à dos qu'on ne cesse de bouger dans tous les sens...). Autre infortune avec le fameux récipient, j'ai un jour trop rempli la chose, si bien qu'en le fermant, je me suis brulé une partie de la main !! Le jour de notre départ d'Uruguay, Alexandre avait insisté sur la nécessité d'avoir de l'eau chaude pour le long voyage jusqu'à Porto Alegre... Excellente idée, je ne sais plus par quel hasard, le thermos se retrouve le long de mon sac à dos, si bien qu'une fois dans la cale du Bus, mon sac est copieusement arrosé !

Vous comprendrez que j'ai commencé à accumuler du ressentiment. Je gardais le sac de la petite troupe dans la gare routière de Porto Alegre, quand par mégarde, l'objet se trouvant à mes côtés, fut brutalement renversé par un coup de coude malheureux... Papa Freud dirait que c'est un acte manqué. Peut-être même un peu plus...

Vive le Maté ... à la maison

20
avr

Il nous aura fallu 24h au total de Punte Del Diablo jusqu'à Florianopolis, dans un bus "conventionnel". C'est à dire que nous n'avions pas choisi l'option lit intégral, ou intermédiaire mais avec tout de même une bonne inclinaison. De quoi dormir quelques heures mais pas d'éviter le tassement intégral de la colonne. Autant dire que nous nous sentions un peu moulus le lendemain, lorsque vers 7h du matin, nous avons posé nos sacs sur les trottoirs de la station de bus internationale de Florianopolis... ou Floripa, ça fait plus chic.

Une pluie fine et dense nous attendait à Florianopolis. Une fois le jour tout à fait levé, nous nous sommes dirigés vers le marché central installé à quelques mètres de la station de Bus. Après les constructions foutraques de Punte del Diablo, ou l’aspect abandonné de Montévideo, tout cela nous paraît très propret. Poissonneries richement fournies, magasins de légumes et de légumineuses, petit café où les fruits exotiques se transforment en smoothies du matin, l’endroit respire une abondance heureuse.

deux ailes latérales, une cour centrale pour accueillir les cafés, un vrai lieu populaire



Nous faisons quelques pas, un petit déjeuner rapide, et nous sommes attirés par un vendeur ambulant, qui affiche sur son barnum Caldo de Cana. De la canne pressée à froid, directement servie dans votre gobelet. Légèrement sucré et acidulé grâce à l’ajout d’un demi citron vert, un élixir de jouvence pour se débarrasser du masque de la fatigue nocturne.

Un des nombreux vendeurs de Caldo de Cana



Une fois quelques infos glanées à une jeune fille qui tient le centre d’info touristique, nous prenons le chemin des bus qui parcourent l’île… Car nous nous trouvons sur une île, très proche du continent, et rattachée par deux ponts. Elle s’étire sur 60km environ parallèlement à la côte continentale, sur une largeur d’à peine 10 km. Sur ce petit morceau de terre s’est développée la ville capitale de l’Etat de San Catarina, posée sur la colline sur lesquels les portugais heureux de découvrir ainsi un espace bien protégé des tempêtes océaniques, ont fondé la ville. Aujourd’hui les deux rives se faisant face sont pareillement urbanisée, si bien que l’ensemble a pris l’allure d’une presqu’île…



Car dès que nous quittons la ville pour rejoindre la côte atlantique, nous traversons des terres très vallonnées, où s’est développée une nature tropicale unique, très peu urbanisée dans sa partie sud. L’eau accumulée sur ces parties hautes est venue alimenter deux grandes lagunes, des lacs d’eau douce encadrés d’une part par les vallons, et de l’autre part, côté atlantique par une grande dune de sable qui les sépare de l’océan. Se succèdent donc des paysages magnifiques, à la fois maritimes et montagneux, tropicaux et insulaires. Un petit paradis, tout simplement.

vers le nord, à perte de vue 

Après un peu de repos nous avons repris la marche. Promenade sur les bords de Barra de Lagoa, petite station balnéaire tranquille, essentiellement peuplée de surfeurs qui s'ébattent dans les vagues puissantes qui déferlent sans discontinuer.

Flanquée sur les bords de la rivière qui relie le lac à mer, une station envahie par une humidité nébuleuse le soir venu

Nous voulons prendre un peu de hauteur pour profiter de la beauté du lieu... et nous somme servis.

on distingue bien la mer à gauche, et le Lagoa de Conceiçao à droite 

Arrivés plus au sud, la nuit tombée dans un petit village de pécheur, appelé Armaçao. Les douleurs après la balade se réveillent, un peu de repos s'impose. La baignade est délicieuse, un peu fraîche quand même. La plage très en pente est littéralemment giflée par les vagues. Dur dur de sortir de l'eau, tellement le reflux de la vague vous aspire avant de vous projeter contre le sable. Le sport de la journée... faut pas pousser !

au soir couchant... époustouflant 

L'endroit est si beau que nous décidons de rester plus longtemps que prévu. Mais nous changeons d'endroit, car le camping où nous avons échoué le premier soir est un peu lugubre, vieux hippies sur le retour... en état de délabrement avancé ! On trouve un hostel très propret, calme, bien tenu, à peine plus au nord à Campeche.

il n'y a pas photo

Quiétude, balade sur la plage et lectures. Baignade dans la mer et au Lagoa de Peri, dans une eau douce délicieuse. Presque dix jours sur place, un très bon moment.

30
avr
30
avr

Après Florianopolis, l’île verte au milieu des flots, direction Iguazu et la puissance déchainée de ses cataractes.

Puisque nous approchons de l’est nous commençons par le côté Brésilien, après la traversée éclair au petit matin de Foz de Iguazu la ville construite aux abords, franchement quelconque.

Nous nous frottons pour la première fois à un grand parc / réserve naturelle en Amérique du Sud, et on peut dire que leur approche est assez étonnante.

L’impression la plus proche serait celle d’un parc d’attraction type DisneyLand. L’attente et les files m’ont transporté immédiatement dans la queue de SpaceMountain (j'en ai profité pour expliquer ce que c'était que Space montain à Simon qui ne connaissait pas...) . Alors qu’on s’attend à visiter un parc dans le silence et la calme tranquillité de la nature, le choc est violent. C’est exactement la même approche que l’on retrouve du côté Argentin, grands espaces d’accueil pour gérer et diriger les flux de visiteurs. Il est évident que le patrimoine naturel, et plus encore les chutes d’Igazu sont une source de revenus importants, ces espaces sont d’ailleurs gérés par des concessionnaires privés.

Et ce n'est que la plus petite des queues ! 

Ceci explique en partie le prix des billets. Comptez 150 real pour deux entrées plus la consigne des sacs contre 1000 pesos argentins pour deux entrées uniquement. Outre le différentiel de prix (grosso modo du simple au double en Argentine), ça pique quand on le découvre. Heureusement les infrastructures sont à la hauteur du prix payé. Côté Brésilien après les caisses, des bus vous emmènent au plus près des chutes après une route d’environ 5 km, desservant au passages les divers treks et balades en zodiac/4x4/kayak/trekk possibles en « extra ».

Côté brésilien un seul parcours est possible le long d’escaliers creusés sur le flanc d’une des falaises bordant le fleuve. Profitant des trouées dans la verdure pour voir de plus en plus près et de mieux en mieux le corps principal des chutes, nous nous approchons doucement. En chemin nous croisons moults animaux, et notamment les coatis. Ces mammifères font penser à des ratons laveurs, tant par leur taille, que leurs couleurs et leur comportement. Ce sont des voleurs de nourriture invétérés, limite agressifs, et potentiellement porteurs de la rage. Comprenez qu’il ne faut pas trop s’en approcher, ne pas laisser trainer de nourriture, ni même laisser pendre votre sac contenant la nourriture si celle-ci est trop accessible. Ils n’hésiteront pas à sauter sur le sac pour vous voler votre repas. De sales bêtes, véritable fléau qui sévit des deux côtés.

Certes, ils sont plutôt mignons. Mais un fléau on vous dit ! on dirait un peu les shingouz dans Valérian

En à peu près une heure nous sommes rendus au pied de la chute principale, appelée la « Garganta del diablo », ici nous la voyons du dessous. Il faut aller du côté argentin pour la voir depuis le dessus. Dans notre grandeur d’âme voici les deux versions immédiatement.

d'un coup le sol s'effondre... 
Il faisait meilleur le premier jour

Sachez que l'on compte selon la saison jusqu’à 275 chutes, pour un débit allant d'environ à six millions de litres par seconde lors des grandes eaux, et un débit moyen de 1,5 million de litres à la seconde en étiage normal. Grâce à quelques calculs savants et sans grosse erreur de ma part comptez 37 heures en débit moyen pour passer la consommation annuelle de Paris (200 milliards de litres d’eau). Ca fait beaucoup d’eau on est d’accord, et le bruit qui va avec est tout aussi impressionnant. D'ailleurs les indiens ne s'étaient pas trompés, parce qu'Iguazu veut dire "grande eau".

De quoi réveiller les morts et camoufler les rires du dieu serpent. Allez donc googleliser la légende des chutes !

Cette violence est d’autant plus surprenante lorsqu’on approche des chutes par le haut. Toute la zone qui précède est quasi placide, l’eau coule entre les multiples rochers et végétaux qui poussent en tous sens. Les oiseaux sèchent au soleil ou plongent à la recherche de poissons. Et tout d’un coup vous êtes au bord, l’horizon bascule, une soudaine bourrasque de vent s’engouffrant dans la gorge fait remonter un nuage de millions de gouttelettes et vous plonge au cœur du brouillard. Si vous êtes chanceux le soleil pointe alors le bout de son nez et des arc-en-ciels apparaissent en tous endroits.

Des arcs-en-ciels !! Pleins d'arcs-en-ciels !!!! 

La Magie du lieu fait son effet, on est bluffés, stupéfaits par la violence des éléments et la beauté qui en résulte. On ne peut que se sentir petit dans un tel lieu. Ce qui n’empêche pas des connards en tous genres de jeter leurs détritus absolument partout, ma conscience écologique a véritablement hurlé devant un tel saccage et manque de respect. C’est bête à pleurer d’avoir un panorama époustouflant gâché par des emballages plastiques, des bouteilles vides et autres déchets souvent totalement hors d’atteinte et bloqués surement pour des mois ou des années. On en conclura que le plus gros point négatif de ces parcs c’est bien les autres visiteurs. Outre le fait que les plateformes sont vites saturées, surtout du côté brésilien d’ailleurs, les hordes d’apprentis photographes bloquant la vue pendant 10 minutes obnubilés qu’ils sont par la recherche du selfie parfait donnent envie de donner des baffes. Au risque de passer pour des vieux cons, si on comprend l’envie de prendre des photos pour fixer le souvenir, on en vient à se demander à quel moment ces personnes regardent véritablement ce qu’elles ont sous les yeux. A peine sont-ils sûrs d’avoir eu le cliché parfait, ou du moins leur meilleur profil, qu’ils repartent sans daigner jeter un œil à ce qui se trouve derrière. C’était franchement triste à voir. Sur la même lancée, de chaque côté, un hôtel proprement hideux se dresse pour accueillir les visiteurs souhaitant passer quelques nuits sur le site même. Voici celui côté Argentin, où l’apologie du béton conquérant dans la nature dominée. Le Brésilien est un peu moins laid, mais à peine.

Les gens ! Et un truc gris moche... 

C’est côté argentin que nous apprenons que les chutes n’ont pas toujours eu cette couleur rouge, il s’agit du triste résultat de la déforestation en amont. Les sols non stabilisés sont emportés par le courant. Il y a quelques décennies les eaux étaient encore transparentes comme le cristal…

Pour en revenir aux parcs, le côté Argentin est beaucoup plus grand que le côté Brésilien. Nous avons arpenté une vingtaine de kilomètres de sentiers balisés et de passerelles métalliques sans encore tout parcourir. On prend mieux conscience de ce côté, qu’il s’agit d’un système de chutes avec un front de près de 3km, à chaque tour et détour on voit une cascade, qu’elle soit majestueuse ou simple filet d’eau.

San Martin, ca en jette !
De l'eau, de l'eau et encore de l'eau

Après la contemplation de toute cette eau et des heures de balade, nous optons pour un retour à l’entrée du parc en marchant et non en prenant le petit train qui relie les différents points de départs de balade, côté argentin. C’était ce qu’il nous manquait, une petite marche au milieu des arbres, loin du fracas de l’eau qui tombe et du babillage incessant des touristes. Un pur moment de tranquillité.


Nous étions prêts à enchainer sur la suite du périple où le mot tranquillité ne serait plus d’une grande utilité...

Allez encore un peu d'eau pour la route 
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Publié le 10 mai 2017

Bon on a un peu parlé des gens que nous avions croisés , mais pour l'instant, pas un seul mot sur les animaux et les plantes qui accompagnent ce voyage. Or il y a presque de quoi remplir une arche de Noé entière. Cette rencontre avec le monde animal et végétal m'a d'ailleurs fait prendre conscience de la quasi fascination d'Alex pour les bêtes. Ces petits et gros êtres font naître chez lui toute une série d’onomatopées et rictus divers pleins de bienveillance à l'exception notoire de ces petites et charmantes araignées. Pour ma part, sans verser dans une totale indifférence, j'avoue que j'éprouve plus de plaisir à dévisager les autochtones.

Quoi qu'il en soit, notre voyage s'apparente à un court abécédaire du protozoaire (dixit Alex) !

Parlons tout d'abord de la papillonacée, foisonnante en ces contrées, depuis les zones tempérées de Buenos aires, jusqu'à la luxuriance des tropiques.

woogodi woup woup fait la chenille en shakant son bootie ! 
petits et grands

Alex fut suffisamment patient pour attendre que de petits papillons veuillent bien se poser sur son petit doigt. Une extase pour lui, disant, qu'enfin, il ressemblait à une princesse disney - sic. Certains jours, j'avoue mon inquiétude.

(Je tiens à dire que Simon aussi a  patienté jusqu'à avoir son papillon sur le doigt, et il était super ému...) 

Les plus gros volent un peu trop vite pour mon petit appareil, mais disons que l'on se rince l’œil avec bonheur.

Du côté des mammifères, vous avez déjà pu observer les petits coatis, pas si gentils. Nous n'avons pour l'instant pas vu de baleine, ni de dauphins mais ça ne saurait tarder.

Pardon, j'ai failli oublier de vous montrer cette drôle de vache, croisée avec un dromadaire. Comme quoi, on ne nous dit pas tout !

A Barra de lagoa, Alex a immédiatement repéré le refuge des tortues. Impensable de passer à côté. De très belles bêtes, même si l'on pouvait regretter les biens petits bassins dans lesquelles elles pouvaient évoluer.

tortue corail et tortue olive. SI vous avez bien suivi vous reconnaitrez à gauche le matériau pour les anciens peignes des dames.
la force tranquille, comme dirait l'autre

C'est sans doute au rayon volatiles et autres plumitifs que le festival fut le plus impressionnant.

En bord de mer, les grosses bêtes (droite) sont impressionnantes par leur envergure, clairement apparenté au charognard

et celui là, il est pas mignon, lui qui regarde les vagues d'un air presque étonné ?

A Iguazu, ça vole dans tous les sens, beaucoup de geais blancs ou jaunes sur le ventre, bleu nuit sur le dessus.

Le Geai volontaire pour défendre son district ! 

Une réserve entière d’oiseaux se situe juste à côté de la partie brésilienne des chutes. L'intérêt de l'endroit est de pouvoir pénétrer dans d'immenses volières et de se trouver ainsi tout près des oiseaux petits et gros qui les peuplent. Mais tous ne sont pas enfermés et sont juste attirés par la nourriture qui leur est offerte. Un festival de couleurs

Petits perroquets
ou perruches multicolores 

c'est un peu la fête du Toucan, tout à fait majestueux

à l'intérieur des volières
au cœur du parc d'Iguazu le lendemain, en pleine liberté, vous les voyez sur les branches

Il y avait aussi des dizaines d'aras, absolument splendides, majestueux

et bam ! 

A ce bestiaire il ne manque plus que les animaux à sang froid. Un petit iguane/lézard qui passait par là dans la réserve écologique de Buenos aires

et même ...

je n'en menais pas super large quand je l'ai vu s'avancer juste devant moi

Tout ça pour vous dire que l'on vit dangereusement mais avec prudence aux côtés de nos 30 millions d'amis !

2
mai
2
mai
Publié le 11 mai 2017

Après avoir vu les litres d'eau d'Iguazù et les merveilles de la nature, l'étape suivante se voulait plus humaine et spirituelle avec les vestiges des missions Jésuites présentes dans la région de "Missiones".

Ne voulant pas perdre une minute de notre précieux temps nous avions préparé un parcours chronométré à coup de bus de nuit en tous sens pour atteindre Buenos Aires le 5 mai, date à laquelle une chambre se libérait chez notre logeuse attitrée. En plus d'être chronométré, le trajet se devait d'être économique, si bien que nous devions privilégier les trajets de nuit, et faire de nos sièges des lits de fortune.

Premier trajet : le soir de notre journée au parc Argentin d'Iguazù, départ à 1h du matin en direction donc de San Ignacio. Nous avons passé le temps en picolant et mangeant des pizzas à notre Hostel en compagnie d'un couple de français qui allaient visiter les chutes le lendemain. Nous nous trouvions donc bien grisés et claqués au moment d'embarquer. Nous comptions sur pas moins de 5/6 heures de sommeil pour se refaire. Or à 4h du matin, après 3 heures de conduite à tombeau ouvert (dixit Simon, le cocktail doliprane et vin m'ont fait pioncer comme un enfant), nous fûmes réveillés par les autres passagers du bus nous annonçant que nous étions à destination et qu'il fallait dégager le terrain. Nous voici donc à San Ignacio, au terminal de bus, à 4h du matin, dans le froid du petit matin, après trois petites heures de sommeil avec la perspective d'attendre encore jusque 9h que le site ouvre...

Notre esprit toujours positif ne s'est pas laissé abattre, bien entendu. Nous nous sommes donc lancés hardiment à pied vers le centre ville. Une placette aux bancs presque confortables (!) ont abrités nos siestes éclairs alors que la brume envahissait de ses gouttelettes l'air environnant, drapant d'un voile laiteux l'ensemble de la ville, jusqu'à ce que le soleil daigne enfin se lever accompagnant les écoliers sur le chemin des classes. Pendant ce temps nous étions blottis sur notre banc, enrobés dans un sac de couchage la mine un peu défaite et l'air hagard. Une image des plus pittoresques à n'en pas douter. Une fois l'heure de l'ouverture passée, nous avons pu enfin nous élancer et réchauffer nos corps transis par quelques minutes de marche pour arriver enfin à San Ignacio Mini, les ruines de la mission jésuite fondée au XVIIe siècle par le père Roque González de Santa Cruz.

Tu te sens un peu comme Indiana Jones 

Les missions jésuites sont alors le fer de lance de l’évangélisation dans cette zone, mais avec un idéal humaniste fort. Pour s'installer, les Jésuites obtiennent de la couronne d'Espagne la création d'un état jésuite de part et d'autre du fleuve Parana. Le roi d'Espagne cherche alors à contrebalancer la montée en puissance des portugais d'une part et des propriétaires terriens d'autre part. Les ecclésiastiques se voient alors attribuer une partie du territoire et y fondent une organisation urbaine et sociale nouvelle. En effet, la colonisation est d'abord fondée sur une économie de prédation où les populations autochtones sont esclavagisées. Si vous achetez ou vous proclamez propriétaire d'un terrain, vous devenez automatiquement propriétaire des autochtones y vivant. Pratique n'est-ce pas ? Les missions sont fondées sur une logique contraire, où les populations locales sont libres, éduquées et armées pour défendre ces espaces. Les trafiquants d'humains et autres propriétaires terriens avides de main d’œuvre pas chère n'y ont aucun droit et se font chasser manu militari.

 Habitation prolongée par une avancée soutenue par des colonnes carrées, simple et élégant 

Les Jésuites ont une vision en avance sur leur temps, ils apprennent la langue des Indiens natifs et s’intègrent au sein de leurs communautés, faisant appel à des sortes de conseils des anciens pour assurer l'interface entre eux et le reste de la société civile. L'ensemble se construit sur des bases égalitaires et presque de relativisme culturel. Ces endroits deviennent des havres de paix où l'éducation est gratuite tout comme les repas, les biens de première nécessité et les soins. La majeure partie de la population partage son temps entre travail des champs et autres activités pour la communauté (en moyenne 6 heures de travail par jour), la prière et les pratiques spirituelles et enfin les pratiques artistiques et artisanales. L'artisanat et les œuvres ici produites sont réputées et exportées autant sur le reste du continent que vers l'Espagne, assurant un revenu complémentaire aux missions pour l'achat de matériel impossibles à créer sur place.

Entrée de l'église, avec un portail principal et deux portes latérales 

Tout ne se passe pas sans heurts bien entendu... on trouve une prison dans chaque mission ! Et des frictions apparaissent régulièrement entre les différentes ethnies non habituées à vivre dans ce type de communauté si grande et à proximité permanente les unes aux autres alors qu'elles vivaient jusqu'alors de façon indépendante. Il n'empêche que le bilan global de ses missions laisse un goût d'utopie.

les clairs obscurs du matin, sur la pierre ferrugineuse : contraste assuré

COn se sent bizarrement apaisé lorsqu'on déambule dans les différents quartiers et les ruines de cette ville. Les bas reliefs restaurés, et les multiples gravures et enjolivures présentes partout nous donnent un mince aperçu de la magnificence et de l'importance des arts dans ces communautés. On imagine qu'il devait y faire bon vivre, en tout cas bien plus que dans nombre d'autres lieux à cette époque. Le soleil encore bas sur l'horizon, sa lumière rasante se reflétant mille fois sur les gouttes de rosée, partout présentes, ajoute à la magie du lieu.

Nous fuyons finalement ce havre de paix alors qu'une horde de touristes s'approche de nous. Il est temps de reprendre la route, notre trajet est chronométré on vous a dit !

Toujours cette nature qui vous surprend  
tout est raffiné, même les carreaux du sol 

Nous voici donc de retour au terminal de bus direction Concordia, ville à la frontière de l'Uruguay puisque nous avons décidé d'aller faire un saut aux nombreux thermes de la région de Salto. C'est donc après une heure d'attente à San Ignacio que nous embarquons en direction de Posada. Une fois rendus, il nous faut attendre le bus de 22h direction Concordia. Nous folâtrons donc autour de la gare et du centre commercial proche pour récupérer de quoi remplir nos estomacs tristement vides. Une sieste sur les pâquerettes et quelques heures d'ennui plus tard nous pouvons enfin embarquer. Oh joie !

Nous arrivons donc vers 6h du matin à Concordia et sa charmante gare routière (!), sitôt arrivés nous nous élançons vers les guichets pour enfin atteindre Salto ! Pas de bus avant 11h... Qu'à cela ne tienne, le kiosco planté au milieu du hall d'attente fait office de café, au moins n'aurons nous pas froid. Quelques cafés plus tard nous pouvons enfin avancer en direction de Salto.

Un dernier bus pour nous rendre aux thermes de Dayman et enfin notre périple s'achève, au moins pour 48 heures, nous laissant perclus de fatigue, le corps endolori et l'esprit fiévreux, si si, parfaitement mûrs pour se plonger dans l'eau chaude des thermes en plein air de cette toute petite bourgade.

7
mai
7
mai
Publié le 16 juin 2017


Une cure de silence… comme le président de la République, nous avons décidé après notre retour d’Iguazu de vous épargner la longue litanie de nos aventures, afin de créer une légère attente et d’instiller un peu de suspense, un positionnement presque jupitérien dirons nous !

Mais diable qu’ont-ils donc fait depuis ce 5 mai, 5 semaines quand même.

Nous vous devons la vérité. Si vous êtes assidus, vous vous souvenez qu’à Uspallata, à deux pas du plus grand sommet des Amériques, Alex s’était blessé au dos, à la suite d’un saut malheureux. Eh bien lors de notre petit tour uruguayen et brésilien, la douleur qui d’abord s’était atténuée, est revenue en force, jusqu’à ce que l’impétrant se retrouve presque incapable de marcher, tant la douleur au niveau du bas du dos, de la fesse gauche et de la jambe était intense.


Bigre, me direz vous, quel mal s’était donc insinué insidieusement, et par quel biais ? Notre station plus longue que prévue au Brésil fut imposée par le besoin d’un repos complet. La séance d’ostéopathie à Florianopolis a atténué la douleur, mais nous étions un peu comme le lait sur le feu, et jusqu’à notre retour début Mai à Buenos Aires, Alex ne pouvait marcher sans boiter.

Les examens médicaux, radios et IRM ont finalement montré que le garçon avait une belle hernie discale entre les deux derniers disques de la colonne. La grosse tuile !

Non content de la nouvelle, déjà délicate à aborder, le spécialiste argentin nous a alors vivement conseillé d’opérer, au risque d’une « progressive paralysie de la jambe gauche ». Diantre, ça n’était pas tout à fait le programme que nous avions imaginé. Heureusement, nos médecins français, à qui nous avons demandé conseil, nous ont tous expliqué qu’à ce jour en France, on n’opérait plus les hernies discales, sauf situations très particulières. Après avoir envisagé différentes hypothèses, dont le retour anticipé, nous avons préféré laisser une chance au repos et à un traitement ostéopathique soutenu.


C’est pourquoi nous sommes restés sur Buenos aires, deux semaines de plus que nous ne l’avions imaginé. Rester plus longtemps tout en essayant de compenser les nouvelles dépenses médicales, dont nous venions d’apprendre qu’elles ne seraient pas prises en charge par l’assurance médicale que nous avions souscrite… et oui les affections lombalgiques étaient exclues du contrat. Nous avions bien lu le contrat, mais nous ne soupçonnions pas qu’une petite hernie se cachait, tapie dans l’ombre, jusqu’à la traversée d’un petit ruisseau, à priori indolore.


Dès lors, comme deux moines franciscains, faisant vœux de frugalité, nous nous sommes réfugiés chez une amie généreuse qui nous offrait le gîte, en échange de quelques menus travaux d’entretien. Les jours passés furent paisibles et sans étincelle particulière justifiant de nouveaux billets de voyage. Nous nous sommes concentrés sur notre intérieur, mobilisé par la nécessité de nourrir notre jeune collocataire, 20 ans à peine, maîtrisant sans problème les secrets du shaker, mais ayant les plus grandes réticences devant une batterie de casserole.

Elles sont pas belles mes miches ? 

Nous nous sommes alors lancés dans quelques aventures culinaires, pour satisfaire l’appétit de la demoiselle et le nôtre conjointement. J’ai fait mes premiers pains, en élevant mon propre levain. Nous avons testé le ceviche péruvien, ou encore peaufiné la recette du cheesecake. Pour compenser une vie un peu terne, nous nous sommes réfugiés dans le sucre. Alex excelle désormais dans la fabrication du caramel beurre salé. Ça allait très bien avec le pain.

Le Ceviche : c'est sain, c'est frais, et c'est vachement bon !

Au fur à mesure qu’Alexandre retrouvait une démarche normale et indolore, nous nous sommes entichés de ces fameux cours en ligne, les MOOC (pour massively online open courses), histoire de stimuler notre appétit intellectuel. De la fantasy, aux smartgrids en passant par « qu’est-ce que c’est que l’économie », ou encore la comptabilité analytique… que des sujets fun qui ont grandement distrait notre attention.


Enfin, à l’issue de ce court purgatoire, nous avons pu envisager de reprendre la route, direction la Bolivie.

9
juin
9
juin
Publié le 17 juin 2017

Pour économiser nos anatomies fragiles, nous avons préféré l’avion au bus. Quelques trois heures de vol pour relier Buenos Aires à Santa Cruz de la tierra, où la chaleur et l’humidité de la forêt font un sacré choc après la fraicheur automnale de Buenos Aires. De là un saut de puce d’à peine une heure pour nous rendre à Cochabamba, grand centre urbain de la région des vallées, situé entre l’Amazonie et l’altiplano. Comprenez qu’il s’agit d’une région montagneuse mais de moindre envergure puisque la ville n’est située qu’à 2.500m.

Après quelques déboires pour retirer nos bolivianos - sachez qu’en Bolivie on est tatillon à l’excès sur les preuves d’identité, renseignez TOUS vos prénoms sous peine de vous voir refuser moultes opérations bancaires – nous pouvons enfin explorer la ville.


Ce qui nous a frappés c’est le changement radical de la ville entre le jour et la nuit. Nous sommes arrivés en soirée vers 22h, et la ville était totalement vide. Tout est fermé, il n’y pas âme qui vive, une vraie ville fantôme. Le lendemain fut un vrai choc puisqu’en journée, la ville bouillonne. Les rues sont bondées, des étals occupent les trottoirs en tous sens, les véhicules se frayent des chemins en klaxonnant. D’ailleurs gardez les yeux ouverts, si brusquement un bouchon se forme sur le trottoir entre deux étals, c’est probablement qu’un ou deux voleurs vont essayer de vous faire les poches, bloquez en l’accès et forcez le passage en poussant le malotru, ce désagréable moment est passé sans perte ni tracas. En somme, c’est bruyant, coloré et vivant, mais rien de comparable avec les multiples marchés de la ville !

Une ambiance foutraque à souhait, le mélimélo de câbles est impressionnant, surtout ceux qui pendent au sol dénudés 

Ici ce sont de véritables labyrinthes où le touriste ne peut que se perdre. Parfois un panneau pendouille penaud pour indiquer le nom d’une travée et sa spécialité, mais il faut en majorité se fier à son flair pour ne pas y errer éternellement.

Si à première vue l’ensemble paraît totalement chaotique, on finit par comprendre que les métiers se regroupent plus ou moins. Ainsi vous trouverez une zone de type parapharmacie/produits de beauté, une autre où les tissus se vendent au mètre, un bloc encore où ce sont les cordonniers qui se sont rassemblés, la classique zone des bouchers toute carrelée et des zones plus improbables telles ces travées où se vend - tout le matériel électronique imaginable.

De longues allées sans fin, des étals pleins à ras bord... 

Les quelques places de la ville, en font le contrepoint. Lieux certes de rendez-vous, où selon les heures il est impossible de trouver à s’asseoir, mais surtout lieux de calme et de verdure au milieu de ces montagnes aux teintes ocres et pelées.

Ce n’est qu’autour de ces places qu’il est possible de voir l’architecture d’origine de Cochabamba, ou du moins ses vestiges coloniaux. Le triste béton et les bâtiments en brique ont poussé partout ailleurs. La plaza 14 de septiembre est de loin la plus belle, avec son pourtour de vieux bâtiments abritant commerces et institutions sous le couvert de leurs arcades. Si vous avez l’œil vous aurez aperçu quelques petites structures de bois mesurant dans les 1m50. Si au soir elles sont totalement repliées, en journée, elles se déplient pour permettre auxclients de s’asseoir et aux cireurs de chaussures de cirer. Il doit y en avoir une bonne vingtaine si ce n’est plus sur toute la place.

jolie place,... la seule !  

Enfin le point important pour nous, c’est bien sûr la cuisine. Comme dans beaucoup de pays il vaut mieux se méfier de l’eau pour ne pas passer plusieurs jours « empêchés ». Mais concernant la nourriture vous pouvez foncer, même dans les plus petites gargottes. En général près des marchés vous verrez des flopées de « foodtruck » en moins bobo que par chez nous. Ca sent les graillons, les patates sont coupées sur votre nez avant d’être stockées dans d’immenses seaux, la viande cuit dans un bain d’huile. Autant vous dire qu’après une journée de balade ca vous attire, surtout que les serveuses sont des alpagueuses de premier ordre ! Si vous passez dans un rayon de 10 mètres soyez sûr de vous faire accoster, une description du menu est de mise alors qu’on vous sort tabouret et table pliante pour vous y asseoir avant même que vous n’ayez compris ce qu’il se passe.

Mais n’ayez crainte, c’est dans ces endroits et leurs équivalents dans les marchés que l’on mange le mieux, des produits frais, de qualité et surtout peu cher. La cuisine est simple, souvent une soupe en entrée qu’elle soit de maïs, de blé ou de quinoa, avec un morceau de viande pour donner du goût et des herbes aux saveurs surprenantes. Ensuite vient le plat, surtout de la viande (bœuf ou poulet) frit, en milanesa, en sauce… le tout sur un lit de riz, une ou deux patates, quelques légumes pour faire bonne figure, et selon la cuisinière d’autres tubercules aux formes et goûts étranges. N’oubliez surtout pas la sauce piquante ! Tout simplement des piments verts ou rouges passés au mixeur, là encore selon l’endroit ça pique légèrement ou bien ça vous arrache gentiment la glotte.

c'est la seule photo de nourriture que nous avons, quand nous pensons à photographier, le plat est déjà fini !

Après deux jours à Cochabamba nous pouvons reprendre la route. Eh oui Cochabamba ne brille pas par son charme, c’est avant tout une capitale économique et un lieu de transit en direction de sites bien plus beau. Notamment Torotoro : le parc des fossiles et ses dinosaures notre prochaine étape, lieu de toutes les aventures !

10
juin
10
juin
Publié le 19 juin 2017

On nous avait parlé d’un endroit sauvage, un bout du monde au cœur des montagnes, où quelques dinosaures avaient laissé leurs traces. Ce bout du monde portait le nom chantant de Torotoro.

Nous avons donc emprunté un de ces petits taxis collectifs, genre combi volkswagen, réaménagés pour mettre près de 12 personnes chauffeur compris. Ces taxis là ne commencent leur trajet qu’une fois plein. Après une attente de plus d’une heure, enfin le convoi s’ébranle. Une vingtaine de minutes sont nécessaires pour sortir de la ville en direction de l’Est, un paysage particulièrement aride nous accompagnant.

Après une bonne heure nous bifurquons vers le sud, au milieu d’une grande plaine, couverte de petites parcelles plantées d’orge et de blé principalement. La route asphaltée s’arrête et nous poursuivons sur une route empierrée de façon très régulière, une vraie petite œuvre d’art comme il doit en exister en France sous les couches de bitumes. Nous nous engageons enfin dans les montagnes, un peu bousculés par le cahot du véhicule

Nous traversons alors une série de paysage très divers, au fur et à mesure que nous progressons, et franchissons des cols.

D’abord des zones agraires, assez arides, aux teintes jaunes et marrons. Nous passons devant plusieurs groupes de paysans en train de battre le blé au bâton. Globalement, à l’exception d’un ou deux tracteurs, rien n’est mécanisé. Les maisons sont principalement construites en torchis, des briques de terre et de pailles séchées au soleil.

de la vaste plaine aux collines, sur une route de pierres magnifique
beaucoup de caprins, gardés par leur berger, souvent des femmes avec leur petit chapeau rond et leur fardeau multicolore

Après avoir dépassé le dernier gros village avant Torotoro, les montagnes deviennent d’abord plus abruptes, et progressivement, une plaine s’ouvre devant nos yeux. Les tons rouges de terres ferrugineuses et verts des arbustes deviennent dominants.

Changement de décors 
la plaine, totalement inondable en saison des pluies qui laisse la place à un petit ruisseau en saison sèche 

La nuit tombe alors. Cela fait maintenant plus de 3h30 que nous roulons. De très rares lumières signalent au loin quelques habitations. Commence alors une longue montée en lacets, de près de 1500 mètres de dénivelé. Tout en haut, un ciel d’encre laisse apparaître des milliers d’étoiles. Toujours rien à l’horizon. Un virage encore, et soudain, notre regard un peu soulagé et ébahi se pose sur un gros village au creux d’une petite vallée quelques mètres en contrebas.

Le temps de trouver un petit hôtel, de négocier le prix de la chambre, accompagnés d’un jeune couple de canadiens, nous nous installons, mangeons un petit bout et allons nous coucher, dans un froid relatif. Quand le soleil disparaît, la fraîcheur des montagnes prend le dessus.

11
juin
11
juin
Publié le 20 juin 2017

! La véracité scientifique de ce que nous racontons est sujette à caution, c’est de mémoire et depuis un espagnol plutôt approximatif !


La village de Torotoro est bien plus grand qu’il n’y paraît, il compte près de 4000 familles soit potentiellement 20.000 habitants. L’essentiel de l’activité est le tourisme, forcément le parc avec ses diverses merveilles naturelles attire les touristes en nombre. Celui-ci est surtout réputé pour les traces de dinosaures que l’on retrouve un peu partout dans les environs. Anciennement au niveau de la mer, avec de grandes zones boueuses, le soulèvement de toute la région et les empilements sédimentaires ont permis de conserver ces empreintes boueuses aujourd’hui devenues pierres bien solides.

Ça ne se voit pas toujours très bien, mais ce sont bien des traces de dinosaures ! 

Nous croisons donc de ci de là des traces de bestioles en tous genres (oui nous avons complétement oublié les noms). On trouve principalement des grosses pattes d’herbivores immenses (dans les 15m de longueur) genre les parents de petit-pieds pour ceux qui ont vu le petit dinosaure, un autre herbivore moins grand mais tout aussi massif tout caparaçonné (celui avec une sorte de masse au bout de sa queue) et des plus petits sur deux pattes, carnivores essayant de manger les précédents.

A défaut d’être forcément très vrai scientifiquement parlant, ça permet de donner une identité forte à la ville. Notamment la place centrale, totalement « jurassic park » ! J’avoue avoir eu un gros coup de cœur sur les bancs, ici vous ne voyez que le dossier, mais les reposes bras en fer représentent des fougères et autres plantes archaïques et se terminent par des têtes de dinosaures, les pieds sont tout simplement des pattes de dinosaures. C’est kitsch et absolument fantastique. Même la salle des fêtes ou Colisée du village, porte sur son fronton une sorte de tyrannosaure déchirant la façade. On sent que Georges Lucas à fait des émules.

Ils sont pas beaux ces bancs ?

Au delà de cet aspect parc d’attraction, Toro Toro reste avant tout un village de montagne, pittoresque à souhait. En journée vous mourez de chaud sous un soleil de plomb sans aucun nuage, et lorsque le soleil se couche les températures ne tardent pas à chuter tout aussi vite. Pour se réchauffer et sustenter le corps après une folle journée de marche, rien de tel que d’aller casser la croute au Comedor comunitario.

Cela ressemble à une petite halle de marché: au centre, de longues tables séparées par une travée centrale filent jusqu’au fond, sur les côtés, des plans de travail sont délimités et permettent aux cuisinières de stocker tout leur attirail et leurs ingrédients. Nous n’avons jamais vu plus de 3 stands ouverts en même temps. Les locaux viennent manger ici, avec des menus à 13 Bs, pour une soupe et un plat, toujours accompagné de la sauce piquante, du piment mixé ou écrasé. C’est simple mais gouteux et roboratif.

Sinon le plus sympathique est encore de tomber sur un trio de petits vieux sur leurs banc, occupés à jouer du charango (l’instrument typique de la Bolivie, croisement entre le ukulélé et le banjo, initialement fabriqué avec une carapace de tatou) tout en buvant de la chicha. C’est un alcool de maïs, de couleur jaune orangé, légèrement pétillant, ce n’est pas sans rappeler le cidre brut, légèrement amer. Stocké dans un seau ou jerrican, on en sert quelques gorgées dans une coupelle de bois que l’on se fait passer.


Le dernier et principal atout de Toro Toro, reste la vue incroyable que l’on a quasiment en permanence sur les montagnes qui l’entourent. On voit les plissements de terrains, les pics et cols nous séparant de la vallée voisine, les champs en étages des environs, et la nuit les étoiles magnifiques et lumineuses comme on peut rarement les admirer en France.

En somme un village où il fait bon vivre, et où nous serions bien restés plus longtemps.

Les fameuses collines plissées
12
juin

Première journée, première balade. Le parc national de Torotoro propose plusieurs sentiers, mais impose la présence d’un guide. On arrive le matin à leur guitoune et on attend d’être suffisamment nombreux pour former un groupe conséquent, heureusement avec les Québécois rencontrés sur la route de Torotoro nous n'avons pas à attendre.

C’est le grand Canyon associé à la grande cascade que nous souhaitons voir. 3 circuits différents sont possibles de 5, 6 ou 8h de marche. Première sortie sportive pour le dos d’Alex, pas question de forcer. Un jeune garçon appelé Nikanor nous accueille et nous guidera pendant toute la balade. C’est parti pour une jolie randonnée sous un beau soleil, dans un ciel sans nuage d’un bleu intense. Nous entamons la balade par le lit d’une petite rivière asséchée à cette saison qui par l’érosion a créé de grands affaissements formant des paliers successifs.

A gauche le lit d'une cascade, à droite le pont des amoureux. Interdit de monter dessus risque d'écroulement.
les BG du jour 

Nikanor nous donne quelques explications sur la faune, la flore, nous montre notamment cet arbre, grâce auquel on fabrique le Charango, l’instrument traditionnel bolivien, d’un son proche du Yukulélé, souvent accompagné d’une guitare sèche en seconde voix.

noueux et très solide, c'est de ce bois que sort le meilleur son 

Nous arrivons alors au grand Canyon, qui apparaît, immense. J’ai oublié ses dimensions, mais il se prolonge sur plusieurs kilomètres. La photo parle d’elle même.

mais que c'est haut! 

Nous descendons ensuite tout en bas pour rejoindre le ruisseau et atteindre la cascade. Une fois au fond nous poursuivons un petit moment le cours de l’eau cristalline et froide. Jusqu’à un virage d’où l’on aperçoit la jolie cascade du Vergel. Le paysage tranche alors fortement avec ce que nous avons vu jusqu’à présent, très largement aride. L’eau jaillit de la montagne de deux trous, appelé la « nariz de la vaca » (narine de la vache). L’endroit constitue la halte / pause déjeuner des différents groupes qui s’y retrouvent, on croise un couple d'allemands qui nous accompagnait sur la route de Torotoro. Au fond du canyon, le soleil chauffe bien.

Quelques uns tentent la baignade, que les jeunes du coin semblent plébisciter. La lecture du routard nous ayant renseigné sur cette perspective, nous avions les maillots de bain dans le sac. Ni une ni deux, nous fonçons à l’eau, pour nous rafraîchir. Nous serons servis. Oui l’eau qui ruisselle au fond du canyon, comme toute eau courante de montagne reste si fraîche, qu’au lieu de l’habituelle sensation de fraicheur, c’est plutôt une sensation de brûlure qui vous parcourt sur tout le corps. A côté la cascade paraît chaude.

là dans le petit bassin sur la photo de gauche, l'eau est presque glacée 

Après notre petit casse croute, nous repartons et nous comprenons alors, comme devant, que c’est la remontée du canyon qui nous attend. Mais pas par l’escalier de l’aller, relativement bien construit et régulier. Non, nous remontons lentement la gorge, passant de rocher en rocher, aussi agiles que des boucs !

pierres glissantes, précipices à enjamber, escalade sur deux trois rochers... rien ne nous est épargné 

Enfin, on accuse quand même le coup, au moment de remonter par un petit sentier de terre plutôt abrupt.

À mesure que la lumière de la fin d’après midi s’installe, les couleurs du canyon ressortent d’autant. Enfin nous sortons de cette gorge profonde, la surface paraît proche, au cœur d’une nature qui ressemble fort à une garrigue. Encore quelques centaines de mètres de rocailles dans le lit du ruisseau à sec et nous voilà de retour au village, avec cette sensation de fatigue physique que notre longue halte à Buenos Aires nous avait presque fait oublier.

14
juin
14
juin
Publié le 22 juin 2017

Après une folle journée de marche dans les canyons, nous nous sommes forcement couchés très tôt. Moralité le lendemain, pour la première fois depuis des éons (surtout pour Alex), nous nous sommes levés aux aurores.

Pratique, nous avons pu arriver assez tôt au bureau des guides pour notre deuxième journée de visite. Notre réveil matinal n’aura été que d’une utilité toute relative. Nous avons en effet passé un certain temps à gérer la constitution du groupe de visite.

Pour planter le décor, nous sommes arrivés déjà à quatre (avec les deux québécois). Sur place attendent déjà : une française qui souhaite aller voir la cité d’Ita mais doit rentrer tôt pour une sombre histoire de bus, 2 uruguayens et un argentin qui veulent faire le pack complet Ita et Umajalante comme nous. Sachant que le bus est prévu pour emporter six touristes, comment régler cette situation où tout le monde veut partir en même temps ? Plus le groupe est grand plus le tarif par personne baisse, c’est assez logique.

Après diverses tractations en tous sens, nous sommes finalement partis à huit dans le mini van, aussi serrés que des sardines au fond d’une boite, avec la perspective pour la jeune française d’être récupérée en moto, après la première visite. Une grosse heure de route de montagne montant à coup de lacets, offrant des vues époustouflantes sur la vallée de Torotoro et celle voisine, finit par nous amener aux abords de Ciudad Ita aux environs de 4.200m (si vous avez suivis on vient de grimper plus de 1.000 mètres en une heure).

Dès le départ la vue est incroyable, on domine la vallée et le regard se perd dans de lointains contreforts. Mais il ne faut pas lambiner, il y a une petite trotte jusqu’au grottes de Ciudad Ita. Nous crapahutons donc entre les rochers, on monte, on descend, on enjambe pour passer un premier pic rocheux nous bloquant la route. Nouvelle zone de « plat » avec quelques particularités géologiques amusantes. D’un côté un amas ressemble à un iguane, de l’autre ce sont des tortues marines que l’on voit, plus tard un éléphant et encore des tortues mais terrestres cette fois.

En terme d’animaux vivants, il faut dire ce qui est, on en verra peu. Quelques condors passent au loin (les petits V noirs sur les photos), des insectes et les traces du passage de brebis et de vaches. Notre guide nous apprend qu’il y a aussi dans ces montagnes des renards et des mouflettes, qu’on aperçoit rarement.

Allez je vous aide, la tortue est à gauche, le condor sur celle du milieu

Nous continuons le chemin pour nous approcher d’une sorte de mini canyon. Une petite descente sportive plus tard nous nous trouvons à l’intérieur. Il y a de cela encore quelques décennies ce lieu était utilisé comme cache à vache par les voleurs de bétail des environs. Vous avez bien lu : cache à vache. En effet le canyon est complètement invisible, ses entrées quasi impossibles à déceler et une source à l’intérieur permet à la végétation de pousser avec plus de vigueur qu’ailleurs et de désaltérer les bovins. Depuis que les touristes viennent visiter le lieu, plus de secret, le trafic de vache s’est vu ralenti…

On peut aujourd’hui admirer les quelques bizarreries de ce mini canyon comme cet arbre 3m plus haut dont les racines ont percé la pierre pour venir chercher l’eau, cette caverne qui vu sous le bon angle ressemble à des narines ou encore une des espèces de chauves- souris locales en train de dormir.

La belle narine !
Notre groupe de grands aventuriers, et ce qui semble être une chauve-souris, une espèce solitaire nous précise le guide.

On sort de ce canyon par le passage emprunté par les vaches, on se retourne et effectivement l’entrée est indécelable, cachée derrière des arbustes, une dirait une simple faille dans la muraille de roche qui nous surplombe. Bref nous continuons en direction d’Ita avec des vues toujours imprenables sur les formations géologiques des environs.

Ce qu'il faut regarder c'est la tête de l'éléphant, et pas le couple qui s'embrasse, espèce de sale voyeur !

Nous arrivons enfin près des premières grottes d’Ita. Il faut savoir qu’il ne s’agit pas réellement d’une cité, en tout cas les grottes ne furent jamais utilisées comme telles. Elles se sont formés il y a plusieurs milliers d’années par l’érosion ! A cette époque toute la zone était au niveau de la mer. Etonnant de voir ce type de formation à plus de 4.000m. La première zone est appelée la cathédrale de par ses dimensions, on voit qu’une des flèches est tombée formant désormais un toit, d’ici quelques siècles elle ira sûrement combler la grotte. Une formation de trois pics est appelée le gouvernement, et une grande salle ronde, avec une pierre au centre sur laquelle pousse un arbre est appelée le tribunal.

On sort de cette zone pour recroiser les allemands ! Décidément ils sont partout…

Plutôt que d’emprunter le même chemin qu’à l’aller, nous allons passer au dessus de tout ce que nous venons de traverser !

Ça grimpe, ça monte, il faut emprunter des échelles non fixées aux parois ! Grimper à l’aide de cordes ! Et frôler de terribles précipices ! Pour ceux qui ont déjà vu Alex grimper sur des cailloux, c’est assez drôle. Il faut avouer que le bureau des guides ne prévient pas trop de ce type de petites aventures…

Alex est content de faire de la grimpette 

Ça grimpe doucement mais on continue jusqu’à nous ramener aux abords de notre point de départ, les uruguayens sont à la traine, étonnant surtout que ce sont de futurs professeurs de sport ! (Vous pouvez insérer ici un rire moqueur). Nous retournons au mini van direction la caverne d’Umajalanta !


Pour cette étape point de photo, nous avons laissé le sac et l’appareil photo dans les casiers avant d’enfiler notre superbe casque de chantier avec une frontale. Car nous allons nous enfoncer dans les profondeurs insondables de la terre ! Histoire de nous rassurer dès le début on nous demande si il y a des claustrophobes, il va falloir ramper sur à peu près 10 mètres de boyaux environ à mi-chemin. Le claustrophobe léger du groupe déglutit avec peine avant de sourire doucement et annoncer avec courage la mâchoire bloquée que ça devrait aller.

C’est donc parti pour deux bonnes heures de spéléologie à voir les formations rocheuses, stalactites et stalagmites assez classiques, une formation appelée l’arbre d’Umajalanta qui pour le coup est plutôt inhabituelle. On rampe dans la boue, on glisse sur des toboggans et on finit par arriver aux fameux boyaux !

Au final, en à peine 10 minutes, tout le monde est passé, sachant qu’il y a 3 itinéraires possibles plus ou moins étroits et difficiles à passer. Dans la bonne humeur et une ambiance de jeu pour enfant (vous savez les piscine à boules et les châteaux avec des tuyaux) tout le monde rampe sans aucun problème, on se retrouve dans la salle suivante pour féliciter notre ami à l’accent prononcé.

Toujours est-il que nous reprenons la route en direction du système aquifère de la caverne, un grand bassin, une eau cristalline, des poissons blancs et aveugles, une cascade au fond qui glougloute. Les poncifs de la spéléo sont remplis nous sommes satisfaits, il ne nous reste plus qu’à remonter.

C’est reparti pour de la grimpette, des glissades, des sauts, des descentes ou remontées en rappel. On passe dans une zone pleine de « chaudrons » où l’eau descend tranquillement de bassins en bassins.

Nous finissons par remonter à la surface, heureux de retrouver la lumière du soleil tombant, fourbus mais heureux de cet exploit sportif.

En vrai c'est tout petit, la photo est trompeuse...
15
juin
15
juin

Une fois revenu de Torotoro, nous avons fait route depuis Cochabamba en direction de La Paz. Cette fois-ci nous avons choisi le nec plus ultra du bus, couchette quasi intégrale, ce qui a grandement facilité le sommeil tout au long des 8 heures de trajet. Arrivés à La Paz à l’aube, nous décidons de ne pas mollir et de nous diriger sans tarder vers le lac Titicaca.

Nous prenons alors conscience, dans le bus qui monte lentement, des altitudes vertigineuses dans lesquelles la ville s’est construite. Le terminal de bus proche du centre est déjà à 3200 m d’altitude. Or la ville s’élance à l’assaut des montagnes alentour pour atteindre le plateau, et le plus grand quartier de la Paz, El Alto le bien nommé, puisque ici on dépasse légèrement les 4000 m d’altitude. Autant dire qu’à 7h30 du matin, il fait très froid.


Mais déjà quelque chose a changé, la lumière du soleil levant est comme incandescente dans ce ciel d’un bleu profond, sans nuage. Le contraste est d’autant plus fort qu’une fois les quelques km de faubourg dépassés, nous parcourons une vaste plaine aride, rouge et ocre, qui ne semble être que poussière, délimitée au nord-est par la cordillère royale, majestueuse chaîne de montagne, venant avec ses sommets éternellement enneigés, atténuer la monotonie du paysage.

Et puis soudain, apparaît l’eau du lac, d’un bleu encore plus profond que celui du ciel. Le bus s’arrête alors et nous comprenons que nous allons emprunter un bac. La principale ville bolivienne du lac, Copacabana, se trouve sur une presqu’île seulement rattachée territorialement avec le Pérou. Nous descendons du bus, sans tout à fait comprendre pourquoi nous ne passons pas sur le bras du lac dans le bus.

frêles esquifs ! 

Et nous saisissons sans peine qu’il vaut mieux prendre un petit bateau en parallèle du bus. Car les bacs en question, faits d’immenses coupes de bois, ne paraissent pas d’une solidité à toute épreuve.


Après quelques minutes nous arrivons à Copacabana, posée sur les bords du lacs entre deux pains de sucre. Le nom de la ville, qui sonne un peu brésilien à nos oreilles est pourtant à l’origine de la célèbre plage de Rio de Janeiro. Un des prêtres franciscains installés sur le Titicaca, se trouvant en perdition au large du Brésil à proximité de la baie carioca dédie alors toutes ses prières à la vierge de Copacabana, patronne des bords du lac Titicaca.


La ville est d’ailleurs célèbre pour sa cathédrale fondée par les franciscains, devant laquelle les voitures de toute la région sont baptisées ! et oui même la mécanique ne risque plus les affres de l’enfer ou du purgatoire. C’est là qu’on est content d’être un piston ou un joint de culasse.

Les abords de la belle cathédrale toute blanche sont par ailleurs complètement envahis par les villageois qui composent de géants cartouches de fleurs à même le sol.

Nous ne sommes pas tout à fait sûrs de la signification de l’événement. Les formes constituées par les fleurs sont indiscutablement d’ordre religieux , croix, colombes, calices ont la part belle. Mais nous avons pu observer sur certains cartouches le nom d’un commerce, une boulangerie par exemple. L’intention serait donc d’attirer la protection divine sur le commerce ou la famille à l’œuvre pour réaliser ces dessins.

Le paysage ne serait pas complet, si on omettait de parler des chulitas. Les femmes boliviennes sont de vraies icones, avec leurs formes généreuses, leurs deux longues tresses, les couleurs de leurs robes et chargement, et enfin leur petit chapeau melon, qui tient imperturbablement sur leur tête.

Ce sont, elles, également qui se chargent de préparer les repas dans les marchés, véritables cafétérias populaires, les Comedors. A Cochabamba la spécialité c’est la truite du lac. Un régal

16
juin

Après notre première soirée à Copacabana, direction le petit village de Sawiña. Une association de guides communautaire, propose de petites visites de la communauté, par les habitants eux même. A 1h de marche de la ville, se trouve le petit village, sur une petite colline donnant sur le lac. C'est le dernier village avant la frontière péruvienne, dont on aperçoit les montagnes, sur l'autre rive.

la légende dit, qu'ici repose le grand serpent, tué par l'Inca descendu de sa montagne bolivienne  

Nous y retrouvons la Doña Anna, qui tient la petite boulangerie du village, mais ferme sa boutique pour faire découvrir aux touristes la culture de son village.

Petit bout de femme, Chulita en diable, avec ses jupes épaisses, riches en jupons, deux couettes et son petit chapeau, elle s'emploie d'abord à nous faire découvrir plusieurs plantes endémiques, notamment toutes celles qui servent à teindre la laine d'alpaca. Du jaune, du rouge, du vert chlorophylle, et enfin couleur café. Mais la nature ici regorge aussi de plusieurs plantes médicinales, notamment la mouña, gorgée de menthol. Ça pousse comme du chien dent, c'est bon pour le mal de l'altitude, on en fait un maté aux vertus anti-inflammatoires.

Les bateaux des pécheurs attendent sur le bord, avant que leur propriétaire ne se glisse dans la coque et parte en milieu d'après midi pour rejoindre le lointain. Ils pèchent une première fois à la tombée de la nuit, puis s'endorment dans le bateau, et reprennent leur pèche au petit matin avant de revenir. Vu la fraîcheur ambiante, le travail doit être particulièrement difficile.

C'est parti pour un tour de barque. Doña Anna vide le bateau plein d'eau. Y a un trou? que je lui demande, mais non c'est pour être sûr que le bois gonfle et que la coque soit étanche !

D'un bras énergique, la voilà qui nous dirige en direction des viviers de truites, à quelques encablures.

Pour nous expliquer que le vivier contient des truites américaines reproductrices et tous leurs petits avant d'être libérés.

Direction ensuite une petite plateforme flottante que les guides du village ont construit pour pouvoir observer la faune et la flore environnante. Le sol est couvert des roseaux qui poussent sur les bords du lac, qui longtemps ont servi à construire les barques des pécheurs.

Quand le commandant Cousteau s'est aventuré dans les profondeurs du lac, il y a découvert une espèce de grenouilles de belle taille.

elles sont belles et charnues 

Alex a eu la chance d'apprendre la danse locale qui nécessite un costume... regardez

Le voilà prêt, à former un joli couple de danse avec Anna !

y a une vidéo, mais la pudeur m'invite à vous épargner !

Un dernier tour de piste en barque pour observer les quelques oiseaux du lac, quelques canards, un oiseau aux 7 couleurs, qui niche au cœur des roseaux. Mais la petite bête c'est un peu le météofrance du titicaca. Quand une grosse pluie s'annonce, il installe son nid, habituellement à hauteur d'eau, plus haut dans les roseaux. Forme de Baromètre du niveau du lac.

Après nous avoir montré à quoi ressemblait la plante de quinoa, nous sommes tranquillement rentrés dans nos pénates.

18
juin

Après s'être amplement nourris de truite, nous prenons le chemin de la Isla del sol. A quelques encablures de Copacabana, 1h30 env en bateau, cette petite île de 11km de long abrite le berceau des différents cultes andins pour l'astre soleil.

arrivée en bateau en passant par un chapelet d'îles. Sur celle de droite on commence à apercevoir les lignes ondulées de l'île 

Devenu lieu sacré inca, la légende raconte que l'île et le lac titicaca sont les berceaux de la civilisation. Le soleil y serait né, comme la lune, et les hommes même. Le lieu emprunte incontestablement au mythe et au sacré par la splendeur inégalée du paysage qui vous entoure. La lumière y est d'une densité que je n'avais jamais observée jusqu'alors. Aucun nuage ne vient jamais gêner un soleil qui règne sans partage dans le ciel d'un bleu profond. La cordillère des Andes et notamment l'Illampu domine avec ses neiges éternelles, à plus de 6400 mètres.

Le paysage de l'île est tout en rondeur. A 4075 mètres d'altitude, les collines de l'île culminent à presque 300 mètres au dessus du lac. Un vrai petit challenge pour vos petits poumons, qui se trouvent tout essoufflés à chaque pas.

Les pentes sont abruptes et ont dû être stabilisées par des terrasses toujours utilisées par les agriculteurs. On y fait pousser de l'orge, mais aussi beaucoup de fèves, du blé, des pommes de terres et des ocas. On imagine que le travail de la terre est particulièrement fatiguant entre la chaleur de la journée, les pentes à affronter... Heureusement tout un petit bestiaire est là pour vous aider.

Les ânes d'abord, très nombreux, rompent fréquemment le silence de leurs braiments intempestifs. Véritable bêtes de somme, ils sont en permanence en train de faire des allers-retours entre les pontons du lac et le sommet du village. C'est grâce à eux que les touristes boivent cocas et bières.

à  la montée et à la descente

Mais les lamas et alpacas sont aussi de la partie pour aider au transport de lourdes charges. Ils sont nombreux, hauts sur pâtes et longs de cou, et vous observent d'un œil fier.

Nous avons bien essayé de leur faire guiliguili comme le capitaine Haddock mais nous n'avons pas eu la chance d'avoir la même réaction. Point de crachat pour le moment.

Les promenades sont nombreuses sur l'île, parcourue de chemins en tous sens, le long de la côte, ou par les crètes. Plusieurs communautés vivent ici. Nous nous étions installés dans un très joli village construit sur une crête, entre deux collines, organisé en de petites rues plus ou moins pavées, enserrées par des murets de pierres sèches.

Malheureusement depuis quelques mois, seule la partie sud de l'île, siège de la communauté Yumanis, est accessible aux touristes. Nous ne sommes pas arrivés à bien comprendre pourquoi la partie nord avait été fermée. Plusieurs hypothèses possibles : à l'entrée de la partie nord, des hommes en interdisant l'accès nous ont expliqué que des touristes avaient commis des dégradations... mais on suppute aussi un conflit entre communautés . Bref la visite de l'île en est largement réduite.

L'ile est truffée de différents sites archéologiques, essentiellement d'origine inca, datant du 15ème siècle. Les incas ont fait de l'île un lieu consacré au culte du soleil, avec notamment des temples tenus par des sortes de vestales. L'inca lui même disposait d'un palais, dont nous avons pu voir quelques ruines bien conservées.

une succession de pièces, et de petites cours privatives, sur plusieurs niveaux

La fuente del Inca est aussi un des beaux restes à admirer dès l'arrivée sur l'île. Il s'agit d'une source, en haut d'un bel escalier, dont les vertus pour la santé et la longévité auraient fait leurs preuves. La force de la source intrigue et fait penser que le sous sol doit être truffé de galeries et de réservoirs d'eau.

Nous avons donc passé deux nuits sur place. Dans un petit hôtel pas cher du tout. Les chambres étaient minuscules, mais la vue sur l'illampu et le lac était magnifique. Après les 25° du jour, la nuit est glaciale, il gèle quotidiennement. Or les chambres n'ont ni chauffage ni isolation. Bref ça vous pénètre jusqu’aux os. Mais le point d'observation était parfait pour profiter des levers de soleil, aux alentours de 7h du matin.

Car les variations de lumière rendent grâce au paysage et le magnifient à chaque heure.

Du matin :

Jusqu'au soir :

Bref sans doute un des plus beaux endroits que j'ai jamais vu. A bon entendeur...

Une dernière pour la route

20
juin
20
juin
Publié le 6 juillet 2017

Après nos aventures sur l'isla del Sol, son air pur et les cimes enneigées et immaculées direction La Paz.

Arrivée en bus, la première image n'est clairement pas celle d'une belle ville. Si Nuestra Señora de La Paz a connu son apogée à une époque, cela remonte à plusieurs décades au bas mot. L'urbanisme est anarchique, et les projets de rénovation plus que rares, autant chercher une licorne. Quelques bâtiments échappent à la désolation, par on ne sait quel miracle.

Mais la ville frappe surtout par sa topographie. Créée en 1548 au fond d'une cuvette mais néanmoins carrefour commercial, elle ne cesse de partir à l'assaut de ses flancs. Sachez que le point le plus bas est tout de même à près de 3.200m d'altitude et que le tout culmine à 4.000m, notamment pour le quartier bien nommé del Alto. Sachez qu'à l'inverse des villes Européennes mais comme d'autres villes d’Amérique du sud, les quartiers riches sont à basse altitude. Plus on monte, plus on s'approche des banlieues pauvres et autres "favelas". Ça donne tout de même l'occasion de voir un bout de montagne pointer son nez de temps en temps, et surtout d'attraper des vues magnifiques sur toute l'agglomération.

La vue sur les flancs de nuit est incroyable.

Et pour aller dans les hauteurs admirer le panorama, rien de tel que de prendre le téléphérique. Grand projet du président Evo Morales (dont les slogans et appels aux votes recouvrent tant les murs en villes, que les flancs de montagnes en campagne), c'est sûrement un des marqueurs les plus visibles de sa politique à La Paz. Non content de permettre des points de vue incroyables sur la ville, il a surtout permis de donner un peu d'air, plus que nécessaire, aux axes routiers surchargés. D'ailleurs les poumons le sentent, nous étions bien plus essoufflés ici que sur la Isla del Sol pourtant bien plus haute. Prenez un peu trop de temps pour inspirer et vous aurez le souffle court même sans faire d'effort...

Les différentes lignes - actuellement 3 sont en service, il est prévu d'en construire 4 de plus- permettent de rejoindre les hauteurs et de traverser la ville en un temps record. C'est clairement le métro aérien de la ville.

Le dernier tronçon monte vraiment très sec, c'est un petit bijou de technologie ! Si un pro passe par là, on a des questions...

D'ici quelques nouveaux panoramas sur la ville, avec toujours en fond le Huayna Potosi qui dépasse les nuages à 6 088 mètres ou le Nevado Illimani à 6 460 mètres (je ne sais pas trop lequel on voit sur les photos...).

Mais que serait une ville Bolivienne, serait-ce la capitale, sans ses marchés ? Comme toujours les commerces, de prime abord concentrés sur des places pour faire de grands marchés labyrinthiques, finissent par essaimer un peu partout dans la ville, recouvrant trottoirs et chaussées. Le tout dans un joyeux bordel de sons, de couleurs, de senteurs et de coups de klaxons. Autant les fruits et légumes font envie, autant la viande et les poissons ont fait frémir nos cœurs d'européens hygiénistes. Ici la chaine du froid on ne connait pas.

Ici, il y a du pain. Et du bon ! la boulangère se repose un peu sur ses lauriers.

Là où nous avons été surpris c'est au niveau du marché aux sorcières. Ici vous pouvez tout acheter, la poudre pour attirer l'argent et la réussite, des épices étranges, des pilules pour la virilité et "durer" toute la nuit, d'étranges offrandes pour les morts et les divinités ou encore des fœtus de Lama, le nec plus ultra pour assurer à une maisonnée prospérité. Ils sont le plus souvent enterrés sous les bâtiments, tandis qu'on en sacrifie d'autres au même moment. Âmes sensibles, s'abstenir !

Ça vous pose une ambiance immédiatement ! 

Ils ont dû en enterrer un bon paquet au niveau des sièges du gouvernement, puisque ce sont les bâtiments les plus beaux et en meilleur état. N'y voyons bien sûr aucun signe de la corruption et de l'intérêt plus que ciblé des élites dirigeantes du pays... Même si l'église et la banque centrale sont en plutôt bon état eux aussi...

regardez l'horloge, elle tourne en sens inverse des aiguilles d'une montre ! pied de nez de Morales à l'égard des normes occidenta...

Juste en face sur la place, les ornithophobes ou autres traumatisés par Hitchcock ne font pas les malins. C'est terriblement impressionnant un envol de pigeons qui se met à tournoyer au dessus de vos têtes.

"Deux penns - pour nourrir les ptits oiseaux"

Enfin pour vous donner un aperçu du quartier où nous avons posé nos pénates, sachez que nous étions à deux cuadras vers le haut après la Cathédrale San Fernando et sa jolie place. Elle est célèbre pour les motifs végétaux qui couvrent sa façade, marque architecturale des Ethnies indigènes allègrement réquisitionnées pour fournir la main d’œuvre.

Chanceux que nous étions juste à côté se trouvait aussi une sorte de galerie marchande/supermarché. Selon l'étage les échoppes changent de spécialité, on passe du marché de produit frais, aux vendeurs de DVD pirates et autres jouets, livres neufs ou d'occasion, jus de fruits frais et cafés et enfin restaurants. Comme toujours le meilleur endroit pour manger à bas prix tout en se remplissant la panse et découvrir des plats étranges.

et oui c'est une pâtoune de gallinacée qui surnage dans le potage ! miam 

En bref La Paz est une ville étonnante, pleine de contrastes, fourmillante et débordante de vie. Une ville peu touristique en réalité, une ville vivante tout simplement, située entre les nuages et les sommets éternellement enneigés.

21
juin
21
juin
Publié le 8 juillet 2017

En bons touristes respectables nous avons bien entendu tenté de visiter quelques musées et autres lieux d'intérêts historiques.

Sans parler d’échec critique, on ne peut pas parler non plus de réussite...

Deux musées sont dignes d’intérêt : le musée ethnologique, malheureusement il faut payer un surcoût pour avoir le droit de prendre des photos, de quoi refroidir nos ardeurs de reporteurs de l'extrême, c'est tristement une pratique répandue dans les musées boliviens. Néanmoins sachez qu'il présente une jolie collection de pièces d’orfèvrerie, de plumes des différentes espèces de Bolivie, une salle entièrement consacrée aux textiles (ponchos, bonnets, évolution des méthodes de tissage, impact culturel des vagues de colonisation sur les modes), une autre aux métaux et leurs méthodes de fonderie. Le tout est plutôt intéressant, et bon point un guide gratuit vous propose une visite de l'ensemble. De loin le plus instructif et le mieux construit en terme de muséographie.

Photos prises dans le patio, seul endroit photographiable sans autorisation, on retrouve les motifs floraux

De l'autre côté, nous avons un musée privé entièrement consacré à la musique. Fondé par l'artiste de Charango mondialement connu Ernesto Cavour - oui oui, si vous ne connaissez pas c'est que vous êtes de sombres ignorants terriblement européocentrés. Blague à part, il est vraiment extrêmement connu dans le milieu, il a joué partout dans le monde, fait des partenariats en tous sens, reçu des tonnes de médailles et de prix, notamment pour son travail de promotion et de sauvegarde de la culture Bolivienne.

Le musée est simple et sans prise de tête, une accumulation d'instruments en tous genres, histoire de se faire une idée de la richesse de l'artisanat musical, et des zones où l'on peut jouer avec des instruments étranges. Si le lieu ne brille pas par ses explications, il a l'atout d'être ludique et amusant à visiter pour les petits et les grands.

Les dernières salles consacrées à la "culture Charango" nous font voir l'importance de cette musique en Bolivie. Une petite salle abrite régulièrement des concerts, et enfin nous finissons par celle contenant les archives d'Ernesto. Le terme célébrité internationale prend alors tout son sens, entre les affiches de concert, les médailles de mérite, les premiers prix divers, les photos d'archives avec des artistes du monde entier...

Notez la harpe tatou, le it accessoire dans votre salon de lecture 

On a notamment l'occasion de découvrir de multiples Charango (l'instrument que nous avons déjà vu à Torotoro), notamment quelques exemplaires faits à base de carapace de tatou ou de tortue.

Une fois passés par ces deux musées, notre guide nous conseille d'enchainer quatre musées situés dans une même rue, accessibles via un unique billet groupé. Et là, la qualité des collections et la muséographie s'effondre. Bienvenue aux royaumes des reconstitutions en carton-pâte sans aucune explication, accumulation d'objets en très mauvais état, bien malin celui qui saurait en expliquer l'utilité. Quelques scènes historiques peintes à différentes époques, on a du mal à saisir en quoi l'évènement a été si marquant. Bref on traverse les musées au pas de course, tout en essayant de sortir de la masse d'un groupe de scolaires en vadrouille. Seul le musée des métaux précieux se dégage un peu grâce à sa salle sur l'Or et sa grooooooosse porte blindée. Sinon au musée de la Marine Bolivienne, nous fait bien comprendre que la perte de l'accès à la mer lors de la guerre contre le Chili est une blessure toujours vive dans l'esprit et la culture Bolivienne.

Au final on est plus intéressé par l'architecture de la rue et des bâtiments que par leurs contenus ...

De jolies maisons coloniales connectées par des cours et des patios  

Mention spéciale pour le premier musée dont le thème (les coutumes et usages apparemment) nous reste obscur, mais dedans nous avons pu admirer une exposition temporaire consacrée aux ... Playmobils. Donc le Playmobil est un élément très important de la culture Bolivienne, déroutant.

spéciale dédicace bateau pirate

Retour dans la rue, pour une dernière volée architecturale.

Notez le Simon tentant d'échapper à mon objectif impitoyable

L’honnêteté journalistique nous pousse à confesser qu'il se peut que ce soient nos choix de visites qui soient à blâmer plus que l'approche de l'objet culturel et muséal bolivien, le musée national des arts ou celui de la Coca sont sûrement plus travaillés. Mais quand même...

21
juin
21
juin

Cette cité perdue dans les sables du plateau andin, à quelques encablures du lac Titicaca n'a pas encore, loin s'en faut, dévoilé tous ses mystères. La ville de Tihuanacu (Tiwanacu selon les orthographes) constitue un des seuls vestiges d'ampleur de cette civilisation qui aurait occupé les territoires andins, du Chili au Pérou du 15ème avant JC jusqu'au 11ème siècle de notre ère. On sait, semble-t-il, bien peu de chose sur ces peuples, jusqu'au nom qu'ils se donnaient. Aujourd'hui on les désigne du nom de la ville, peut-être capitale, que nous avons visitée.

Au cœur d'une vallée aride, aux couleurs ocres et rouges, la ville a sans doute constitué un centre religieux et politique important, à proximité et peut être même au bord du Titicaca, dont le niveau pourrait avoir été plus haut ces siècles passés. Le lac nourricier apparaît plus que jamais comme l'épicentre de la vie de cette région confrontée aux duretés des hautes altitudes.

Le complexe rassemble plusieurs édifices à vocation religieuse, temples, lieux de prière et de sacrifice, pyramides disséminés sur plusieurs hectares. Il ne faut pas manquer d'imagination pour se représenter la vie de la cité et l'organisation du site, qui n'a pas fait l'objet d'une valorisation archéologique telle qu'on les connait en Europe. On trouve sur le site, un très grand temple (photo ci-dessous), composé de murailles monumentales et de plusieurs bâtiments organisés à l'intérieur du périmètre. A coté de celui-ci un plus petit temple semi enterré constitue probablement la partie la mieux conservée et la plus suggestive de l'ensemble. Au delà de ces deux bâtiments principaux, les autres sites laissent apparaître au mieux une enceinte dont on devine les fondations, au pire un chaos de pierre, visiblement sculptés mais dont on peine à deviner leur agencement initial.

Grand temple en arrière plan, temple semi enterré au premier.

Ce peuple a abrité des bâtisseurs de grand talent. Le gigantisme des bâtiments, l'agencement des pierres, la recherche de symétrie et de perspectives témoignent d'un véritable raffinement architectural. On apprend notamment que les pierres ne sont pas simplement juxtaposées, elles sont finement taillées pour s'encastrer parfaitement entre elles, comme un travail d'ébéniste. Plus encore, les blocs sont accrochés entre eux par des charnières de bronze coulées dans des galeries creusées dans la pierre, véritable système de jointure en trois dimensions.

Le raffinement se poursuit du côté de la construction des parois, avec la juxtaposition d'immenses monolithes et de pierres de petites tailles. Rôle seulement esthétique ou place spécifique dans les représentations symboliques... nous en restons à des suppositions, mais il y a bien une recherche de gigantisme.

Plus curieux encore, la présence sur le site de maquette de pierre, pour des batiments dont on ne sait pas si ils ont été construits, témoigne, là encore, du travail architectural poussé de cette civilisation.

3 volées de marches miniatures, une grande cour semi enterrée... 

Non content d'être des bâtisseurs, le raffinement artistique est aussi de mise. On a retrouvé sur le site une série de statues géantes aux visages mi humain mi divin. Elles sont toutes très finement décorées, avec des représentations stylisées d'animaux (guépard, serpents, condors), mais aussi des dessins de textiles.

balèze les statues

Dans le temple semi enterré, des têtes de pierre sont enserrées tout au long de la parois. Ancètres, quidams, personnages importants, ou simple représentation de l'humanité, on ne sait ...

175 têtes au total, parfois ça fait un peu peur

La pièce maitresse du site est la porte du soleil. La première est incontestablement la plus impressionnante. Elle est installée dans l'axe du lever du soleil, le jour du solstice d'été, jour qui chaque année rassemble une grande fête, sur le site, où des lamas sont sacrifiés lorsque les premiers rayons apparaissent et pénètre l'immense porte de pierre. Mais vous verrez, cette porte nous est familière, d'une manière assez surprenante...

Et oui, Tintin est passé par là ! la représentation du soleil rayonnant que l'on trouve dans les deux albums d'Hergé, les sept boules de cristal et le temple du soleil, n’est pas empruntée de la culture inca (comme le raconte l'histoire), mais vient de Tihuanacu qui offre la seule représentation de ce type, qu'Hergé aura contribué à très largement populariser.


Ainsi la cité d'Ocre reste empreinte de mystère, partagé entre la beauté et le raffinement artistique et architectural à l’œuvre, et la quasi absence de traces permettant de décrire plus précisément les us et coutumes de cette civilisation. De vraies questionnements subsistent sur les outils et techniques, permettant de transporter ces immenses monolithes, d'assurer une coupe aussi précise des blocs de pierres. Ces mystères offrent un éventail d'hypothèses les plus folles dont internet regorge. Car oui, chers amis, cette avancée technologique plus que mystérieuse en devient même suspecte (ethnocentrisme occidental quand tu nous tiens)... si bien que peut être on ne nous dit pas tout, et que les extraterrestres seraient en fait les véritables bâtisseurs de ces merveilles...

Convaincant non?

27
juin
27
juin
Publié le 16 juillet 2017

Après la fraicheur de l'altitude, direction la chaleur de la côte caribéenne.

changement de décor ! 

En attendant de retrouver quelques amies en Colombie, nous avons décidé de faire deux semaines de volontariat près de la côte, histoire de réduire nos frais tout en profitant de la mer et du soleil. Petit coup de promo mais si vous souhaitez voyager pour pas cher, allez faire un tour sur WorkAway ou les sites de Woofing. Vous troquez 4/5 heures de travail par jour contre le logement et de la nourriture en plus ou moins grande quantité. Le bon plan si vous voyagez longtemps avec un budget serré.

Toujours est-il qu'après plusieurs envois de mails de candidatures pour des lieux et projets plus ou moins sérieux - mention spéciale pour la rénovation d'un bateau pour en faire une station mobile d'éco-recherche sur la faune et flore marine, passé notre scepticisme sur la véracité de la finalité du projet, l'idée de naviguer deux semaines dans les iles des caraïbes nous bottait au plus haut point - nous avons finalement atterri à Riohacha au Bona Vida Hostel.

Cet hostel destiné en premier lieu aux Backpapers et autres touristes faisant étape à Riohacha avant d'aller visiter Cabo de la Vella et Punta Gallenas est tenu par un jeune couple Austro-colombien. C'est moche à dire mais on sent tout de suite l'influence des modèles marketing et managériaux des écoles européennes. C'est propre, plutôt bien aménagé, équipements simples mais efficaces, les équipes travaillent avec plus de sérieux que dans d'autres lieux visités et ça porte ses fruits.

Concernant le travail lui même, ça ne casse pas trois pattes à un canard. On fait l'accueil des clients, check-in et out, on encaisse, on vend des boissons, on vérifie que tout tourne rond et on renseigne sur les différentes activités et restaurants des alentours. Le job n'est pas particulièrement passionnant en soi, il faut aimer le contact avec les touristes et l'idée de tout faire pour rendre leur séjour agréable, seule vague source de nouveautés dans le train train des shifts.

Adelaïde au desk pendant le shift du matin

Bien sûr les autres volontaires assurent un peu de continuité dans cet univers où les gens restent rarement plus de 3 jours. On se heurte à la jeunesse de nos compagnons.

Comme Adélaïde, jeune Australienne de parents français, qui voyage un peu partout dans le monde à l'âge de 18 ans. Le genre de truc qui ne me serait jamais venu à l'esprit. Il n'y a pas à dire les jeunes d'aujourd'hui sont bien plus entreprenants que moi à leur âge, coup de vieux puissance mille... Ou encore Robin notre Allemand, terriblement jeune et naïf, l'impression de voir un chiot fou, enthousiaste et découvrant la vie à chaque instant, fier et maladroit à la fois. Son incapacité à ouvrir les serrures un peu vieilles de l'hôtel reste une source d'amusement perpétuel, il ne pourra jamais faire Passe Partout à Fort Boyard c'est une évidence.

 Simon n'est pas sur la photo parce qu’il était en train de s'occuper d'un guest qui voulait envoyer son linge à la blanchisserie ...


exemple de chambre: avec la chaleur, les ventilateurs personnels sont indispensables

Retour sur les propriétaires. Malheureusement nous n'avons pas grand chose à en dire, si nous vivons dans leur appartement dans notre dortoir à nous, nous ne les avons que peu fréquentés. D'abord parce qu'ils étaient en vacances dans les Iles de San Andres (celles où nous voulions aller à la base...) ne revenant que le 1er juillet au soir, la veille de notre week-end de 3 jours à Cabo de la Vella. Ensuite parce que nos shifts ne se chevauchaient pas, et que nous avons un peu abandonné l'appartement à leur retour. L'impression de vivre chez quelqu'un d'autre alors que l'on ne le connait pas, sans espace privé ni personnel n'est pas forcément des plus agréables.

on aperçoit sur le desk la feuille pour que les guests choisissent entre pancakes et oeufs brouillés pour leur petit déjeuner

Ce sont bien là les limites de ce type de volontariat. Il est évident que pour ce genre d'endroit nous sommes avant tout une main d’œuvre multilingue, gratuite et généralement laborieuse puisque WorkAway incorpore un système de commentaires qui pousse les volontaires à dépasser leurs "engagements" dans l'objectif d'être bien vus et de trouver d'autre WorkAway plus facilement. L'échange qui est à la base du concept de WorkAway, semble un peu se noyer dans la masse, nous n'aurons pas appris grand chose des méthodes de gestion et de management de ce type d'auberges. La construction du modèle financier et les objectifs de rentabilité à plus ou moins long termes qui m’intéressaient ne pourront pas être abordés, la gestion financière étant apparemment totalement externalisée .

Ça sent le pipeau à plein nez, difficile de croire que des gérants puissent piloter leur structure sans avoir une vision claire et en temps réel de leurs finances. Sans doute ne veut-on pas que l'on regarde trop précisément comment la boutique est profitable, alors que probablement l'afflux constant de volontaires permet de la faire tenir debout.

Finalement c'est davantage le contact avec les "guests" (on ne dit pas client !) qui aura donné du sel à l'aventure, avec quelques rencontres sympas, Carmen et Santiago, Felipe et Viviana et quelques autres. J'aurai finalement pris du plaisir à être en situation de gérer la petite boutique, de s'assurer que tout se passe bien, d'avoir des échanges avec les touristes, d'imaginer comment améliorer les choses, guetter les commentaires. Je crois que Simon est un peu plus mitigé. Mais l'impact sur nos dépenses est direct et nous résorbons peu à peu le trop de dépenses du début du voyage.

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Nous n'avons pas vécu à Riohacha en touriste, petite exception pendant ces premiers mois de voyage. La ville n'est d'ailleurs pas de celles qui attirent l’œil. Plutôt discrète, installée au nord de la Colombie, à quelques encablures de la frontière vénézuélienne, son existence tient surtout à son rôle administratif de capitale de l'état de la Guajira, qui forme cette péninsule à l'extrême nord est de la Colombie. La ville est à l'image de la pauvreté des populations qui habitent ces terres quasi désertiques. Le niveau de développement y reste très sommaire.

Mais voilà notre quinzaine de travail à l’hôtel Bona Vida nous a amenés dans ce petit bout de Colombie. La ville dispose de trois cœurs battants, autour desquels la vie locale s’organise. Le Malecon d’abord, cette grande rue en bord de mer accueille l’essentiel de la vie touristique de la ville.

C’est là que nous invitions nos « guests » à aller se promener le soir, pour manger un ceviche colombien (curieuse préparation qui ajoute aux ingrédients péruviens un mélange de sauce ketchup formant un ensemble sucré acide assez écoeurant) ou pour profiter de la fraicheur du soir. La plage elle même a du charme avec tous ses palmiers, aux troncs peints, même si l’eau brouillée par l’eau limoneuse du fleuve peut décourager quelques uns. Pourtant l’eau est particulièrement chaude, dans cet enfer paradisiaque où le feu du soleil écrase tout.

L’autre lieu emblématique se trouve autour du vieux marché. Assemblage bordelique d’étals de fruits et de légumes, de viande et de poissons, exposés aux quatre vents, dans la touffeur ambiante. Âmes sensibles, s’abstenir. C’est ici que l’on trouve les meilleurs fruits et légumes exotiques, dont nous nous sommes régalés. Des goyaves, du Gayanaba, un gros fruit vert avec des piques, dont l’intérieur blanc, ressemble une fois mixé à un yaourt citronné.

Les mangues enfin, toutes petites, sont sans doute les plus savoureuses. Elles se dévorent de deux coups de cuillères. J’allais oublier l’ananas, jaune foncé, tellement sucré qu’on oublie qu’il puisse être acide. Nous avons régulièrement profité du mixeur de l’hôtel pour nous rafraîchir pendant ces longues après midi à attendre que le backpacker passe le pas de porte.


Il faut enfin parler du marché nouveau, marché comme on en voit dans tous les pays d’Amérique latine, foutraque, dédale d’allées et de contre allées, où se succèdent tout type d’artisan. Mais ici, les couleurs chatoyantes des sacs wayu apportent une touche d’exotisme.

Dans cette région, une communauté indigène installée depuis la nuit des temps a développé de fabuleux talents de tisserands. Les femmes Wayu crochètent tout le jour des sacs splendides et les fameux chinchoros. Ce sont des hamacs très larges qui permettent de se recouvrir entièrement quand le vent souffle trop fort. Il ne s’agit pas d’une curiosité touristique, mais d’un bien de première consommation. Chaque individu qui se respecte, se doit de posséder au minimum 3 chinchoros, un pour sa chambre à coucher (concept très ethnocentré, dans la mesure, où les familles dorment généralement dans une pièce commune où les hamacs sont disposés les uns à coté des autres) un second pour voyager, et enfin un troisième pour orner son devant de porte. Ce dernier se doit bien entendu d’être particulièrement beau.

explosion de couleurs et motifs uniques pour chacun

Les sacs quant à eux sont de vraies merveilles de tissage, aux motifs géométrisants, et aux associations de couleurs, disons toniques ! Nous avons rencontré à l’hôtel une jeune française, styliste, venu plusieurs semaines pour travailler sur un projet de fabrication et d’exportation des sacs Wayu en France. Jeanne, après avoir passé plusieurs mois dans toute l’Amérique Latine s’est arrêtée devant la finesse et la qualité stylistique de ces sacs. Pensé dans une optique de développement « fair trade », l’idée est d’offrir aux femmes Wayu un débouché nettement plus rentable sur les marchés européens, en limitant au maximum l’existence d’intermédiaire. Le projet est avancé, et nous ne doutons pas que le prochain accessoire de mode parisien, tendance ethnic branché soit un sac Wahu. Si vous êtes intéressées et pour tout connaître du projet, retrouvez Jeanne sur son site (cliquez ici), et sur Facebook (cliquez ).

Mention spéciale pour cette mer, seul véritable horizon pour les habitants de Riohacha, mère nourricière… elle nous a permis de nous régaler de langoustes ! Leiner le seul employé de l’hôtel nous a fait profiter de ses talents de cuistot en préparant des langoustes d’une fraicheur fabuleuse.

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Publié le 10 août 2017

Puisque nos quelques jours de travail à Riohacha nous ont épuisés, nous décidons pour notre week-end de partir à Cabo de la Vella et Punta Gallinas – en vrai c’est la seule chose à faire dans les environs, soyons honnêtes.

Nous partons en groupe avec 3 autres clients de l’hostel. Cela nous évitera de devoir chercher du monde pour combler la jeep nécessaire au trajet (1h30 pour faire Riohacha – Uribia puis à peu près 2h pour faire Uribia – Cabo de la Vella).

Nous vous passons les détails de ces trajets, à part les barrages de polices et autres contrôles de routine rien de bien passionnant ne vient briser la monotonie de la route et des paysages. L’on se rend compte soudain que nous avons troqué l’exubérance verte des environs de Riohacha pour une sorte de steppe semi désertique peuplée ici ou là de quelques arbustes ou taillis d’arbres secs et noueux, le tout sur une route qui, passé Uribia, devient une piste tracée dans le désert.

Nous sommes désormais en plein cœur du territoire Wayu. C’est une des zones les plus pauvres et les plus « à part » de la Colombie. Comprenez que cette communauté est globalement oubliée du gouvernement, et suffisamment accrochée à ses us et coutumes pour ne pas toujours voir d'un bon oeil les investissements de l'Etat. Nous allons passer 3 jours à enchainer les visites de lieux magnifiques à côté desquels sont installés des villages et hameaux à la limite de l'indigence. C’est une zone sans ressources, sans eau, sans verdure. Si aujourd’hui le tourisme est une source de revenus, on a du mal à comprendre ce qui a pu pousser une population à s’installer ici en premier lieu.

Heureusement les paysages sont effectivement impressionnants 

Pour notre premier jour, notre chauffeur de Jeep qui sera notre « guide » pour tout notre périple, nous amène à Cabo de la Vella, haut lieu de kite surf et planche à voile. L’eau est chaude et peu profonde, le vent constant quoique changeant, et la baie s’étire sur des kilomètres permettant de tirer des bords à n’en plus finir. N’étant pas des fans de ces sports extrêmes, nous filons à la playa Arco Iris (plage arc-en-ciel pour les moins perspicaces d’entre vous). Ici les vagues viennent s’écraser sur les parois rocheuses qui ne s’élèvent que de deux trois mètres au dessus des flots. Avec le vent qui disperse les embruns et le soleil souvent présent, vous avez toutes les conditions réunies pour produire des arcs-en-ciel. En toute franchise, ceux-ci ne sont pas si fréquents, et l’on s’amuse surtout de se faire mouiller par l’écume, après la chaleur écrasante de la Jeep et le soleil bien trop puissant.

Le soleil ne va pas tarder à se coucher alors en route pour un autre point de vue ! Comme nous allons nous en rendre compte ici le vent souffle en permanence et souvent avec force. Idéal pour produire de jolies vagues et rendre la baignade plus amusante. Tout cela rend aussi la grimpette sur les promontoires quelque peu vacillante, frisson garanti. Mais le panorama qui s’ouvre alors est incroyable, le regard porte loin tant sur la mer que vers l’intérieur, et la saline se dévoile enfin à nos yeux.

à droite le petit groupe , un peu échevelé
Les conditions météos difficiles ne nous sont pas favorables.

Nous quittons cette zone pour aller près du « phare » et admirer le coucher de soleil. Probable épiphanie pour Simon, je le soupçonne de vouloir capturer l’essence même de l’astre solaire… Vous n’avez pas fini de voir des couchers de soleil…

Ce n'est qu'une "petite" sélection de l'ensemble de clichés solaires...

Ou alors était-ce un moyen d’éviter de trop parler avec les colombiennes qu’il avait enfermées dehors quelques jours plus tôt, et qui se trouvaient au même endroit ?

Coïncidence ? Je ne pense pas

Heureusement Simon n’est pas sectaire et s’intéresse aussi aux levers de soleil !

Il faut avouer que ces tons de rose sur Cabo de la Vella alors que nous nous levons aux aurores après une nuit en chinchorro ont quelque chose de fantasmagorique.

Quand voir la vie en rose prend tout son sens 

Nous voici partis pour plusieurs heures de route, pardon de piste cahoteuse et chaotique, de bon matin en direction de Punta Gallinas. Il vaut mieux partir tôt, des pirates de la route semblent sévir ces derniers jours mais plutôt à partir de la mi-journée. Rien qui puisse inquiéter notre conducteur qui connaît son métier. Bref nous traversons le désert, des hameaux par-ci par-là, un nombre incalculable de péages sauvages sans vraiment nous arrêter (encore une fois, on ne la fait pas à notre guide), et enfin nous arrivons à proximité de Punta. Ici commence une zone de mangrove, lieu improbable où ciel, terre et mer partent à l’assaut les uns des autres. Il nous faut traverser un bras de mer pour atteindre le pied de la falaise en haut de laquelle se trouve « l’hôtel » où nous allons passer la nuit, une fois encore en Chinchorro à l’air libre.

Notre "hôtel" à Punta Gallinas

Pour vous donner une idée, ici il n’y a pas d’eau douce, les habitants boivent une eau semi saumâtre tirée de puits, c’est évidemment aussi l’eau utilisée pour se laver (sans grand succès donc). Pendant ce temps un porc plutôt impressionnant rode autour des chinchorros et dévalise les sacs des imprudents n’ayant pas pris de Tupperware pour leur nourriture. Les déchets non comestibles seront emportés par le vent jusqu’à se planter sur le cactée le plus proche à moins qu’un des nombreux chiens errants ne les attrape.

Le plateau de Punta Gallinas s’ouvre devant nous, pelé, désertique alors que quelques mètres plus bas la mangrove verte s’étend. 

Ni une, ni deux, nous voici en route pour Punta Gallinas même, soit le site le plus septentrional de l’Amérique du Sud. Nous voyons les vagues de l’atlantique s’écraser depuis notre droite, alors que sur la gauche commence la mer des caraïbes. Un nombre impressionnant de cairns parsèment le lieu, probablement un truc de semi hippie hipster tendance zenisante… Ce n’est pas aussi laid qu’un tag mais tout aussi fât…

Alex plus préoccupé par les crabes que par le cap en lui-même

Nous continuons en direction de la lagune. Nous restons sur les hauteurs, actuellement en saison sèche la lagune au premier plan est basse mais on devine le niveau qu’elle peut atteindre lors des pluies. Toujours ce mélange des éléments sous ce soleil de plomb.

Deuxième jour de sel, mer, soleil. C’est de pire en pire…

Nous continuons notre visite jusqu’à atteindre une grande dune au nom si mystérieux que nous ne nous en souvenons plus, ce sera donc la dune du Pila bis, mais bien moins grande, dixit Simon. Ca reste très impressionnant, cela ne se voit pas forcément sur les photos, mais la pente est très raide, c’est vertigineux sur la zone la plus abrupte. Le sable semble se jeter dans la mer.

C’est probablement la baignade la plus intéressante du séjour. Les vagues sont fortes, les rouleaux puissants, il faut nager vite et bien passer en dessous pour passer derrière la zone de turbulences. Derrière, la houle nous soulève de plusieurs mètres, pendant quelques secondes on a pied, et puis nous sommes soulevés au point d’avoir 3 mètres sous les pieds. La sortie s’avère tout aussi difficile que l’entrée, l’impression de passer par une machine à laver et malgré nos talents de nageurs nous sommes franchement chahutés par les vagues. Notre troisième baignade sera écourtée, la mer devenant agitée et commençant à tirer vers le large. Comme la plupart des plages de la zone, la mer est forte et violente. On peut facilement se faire emporter si l’on ne fait pas attention. On comprend pourquoi il y a peu de baigneurs dans l'eau si près du bord.

Nous nous rendons à une dernière plage pour voir le coucher de soleil, où Simon peut s’en donner à cœur joie. Ici encore des cairns sont présents, mais plus élevés que précédemment.

Alex chasse encore les crabes 

Toujours à ses expérimentations Simon rend hommage à Hokusaï, admirez plutôt

Le final, grandiose de ce coucher de soleil

Retour à l’hôtel dans le crépuscule tombant. Notre groupe rira bien lorsque perdant légèrement notre piste nous traversons une zone boueuse. Ma flip flop décida de rester dans la boue, manquant de peu de me faire tomber dans la vase salée. Heureusement seul un pied et les mains seront touchés. La sensation de cette boue chaude, épaisse, collante et salée sur tout le trajet retour, aura ravi mes sens, j’espère encore que celle-ci avait quelques vertus curatives…

Après une courte nuit un peu trop fraiche à nos goûts , nous nous levons à l’aube pour rentrer à Riohacha, il faut une fois encore éviter les potentiels malfrats de grand chemin. Nous sommes impressionnés par le sens de l’orientation de notre chauffeur. Ici tout se ressemble pour nous, le paysage est lunaire, la végétation malingre, les pistes nombreuses ne cessent de s’entrecroiser pour aller se perdre à l’horizon. Heureusement que nous sommes en saison sèche, les traces dans le sol nous laissent imaginer l’enfer que cela doit devenir lorsque l’ensemble se transforme en une immense zone de boue.

Nous rentrons à Riohacha épuisés mais les yeux encore pleins de cette lumière et des paysages incroyables traversés. Nous comprenons, enfin, pourquoi tant de touristes viennent se perdre ici.

8
juil

Nos aventures se corsent à présent, finie la solitude, grâce à Julia et Laetitia, venues passer quelques jours de vacances en Colombie. Nous leur donnons RDV à Santa Marta 2ème grande ville de la côte Caraïbe après Cartagène. Les voilà donc débarquées de leur avion après presque « 24h de voyage » (enfin d’après les savants calculs de Laetitia), bien fatiguées autant par le voyage que par cette affreuse occupation qui occupe beaucoup de leur temps à Paris et que l’on appelle travail.

Visite de la ville, nature et détente sont au programme. Juste avant leur arrivée, nous avions trouvé quelques stands de street food, vendant toutes sortes de préparations, et notamment de fabuleux jus de fruits. Rien de tel pour garantir le dépaysement qu’un jus de mangue et de fruit de la passion pour éveiller les sens au petit déjeuner.

mangue verte avec citron et sel, jus de pastèque... qui dit mieux 

Notre visite de la ville ne laissera pas de trace mémorable, nous sommes dimanche, les rues peu animées. Santa Marta, bien que première ville coloniale installée sur le continent par les Espagnols, fait pâle figure à côté de la merveilleuse Carthagène. Il y a bien quelques restes, au centre ville, de maisons colorées aux encadrements et balcons de bois, mais le tout manque un peu d’entretien. La ville n’en est pas moins un lieu de villégiature très apprécié des colombiens.

c'est autour du parque de los novios que tous les bars de la ville se rassemblent, pas très loin de la cathédrale

Placée au pied de la Sierre Névada de santa Marta, elle offre une très grande variété de sorties, entre mer et montagne. Si bien que de l’autre coté de la Sierra qui vient littéralement s’enfoncer dans la mer par le biais d’une longue arrête, une sorte de ville nouvelle s’est construite pour accueillir les milliers de touristes qui viennent profiter des plages de sable doré. Dans cette partie de la ville, éloignée du grand port de marchandise, l’eau est nettement plus claire et propre, que dans la baie originelle dans laquelle la ville a été installée. Après une rapide trempette dans les eaux, pas toujours propres de la baie, nous partons pour la montagne pour chercher la fraîcheur et la tranquillité.

Nous partons donc à l’assaut de la montagne dans un de ces taxis jaunes qui fourmillent dans la ville. Alex a dégoté en surplomb du petit village de Minca une pension, à quelques mètres de la cascade de Pozo Azul, un joli hôtel restaurant. Impatients de nous y installer, alors que la nuit tombe, nous expliquons à notre chauffeur qu’il faut nous emmener au delà de Minca. Je ne peux pas, nous répond-il, il n’y a pas de route… Mumm c’est à dire ? Nous comprenons alors que le goudron s’arrête à Minca et que, seuls, les taxis moto empruntent le chemin de terre défoncé qui peut nous mener à notre hébergement.

A cette nouvelle, les mines jusqu’alors réjouies des filles s’assombrissent un peu. Encore convaincues qu’elles finiront par se faire étriper à un moment de leur voyage, l’idée de se retrouver sur une moto, en pleine forêt, de nuit, accrochées à un bonhomme qu’elles ne connaissent ni d’Eve ni d’Adam, le sac sur le dos, comment dire… c’est une aventure qu’elles auraient préféré garder pour un peu plus tard dans le voyage.

Rassemblant notre courage nous enfourchons donc les pétrolettes que des messieurs plus où moins jeunes conduisent avec agilité. Nous voilà partis, en pleine ascension dans un chemin plein de boue, entouré par la forêt qui commence à projeter ses ombres inquiétantes à la faveur de la lune. Nous finissons par arriver 10 min plus loin, au lieu dit, dans un lieu tout sombre, entouré de végétation, et au milieu du grondement d’un ruisseau de montagne. Notre hôte vient à notre rencontre, une torche à la main… et nous explique que la ligne électrique a été coupée dans l’après midi par une chute d’arbre.

La plongée en monde hostile se poursuivait et j’admirais alors le sens de résilience de nos deux copines, déjà certaines de pouvoir se qualifier de survivantes après la montée en moto. Elles arborèrent une mou dubitative quand il fut question des douches, qui probablement continuaient à avoir de l’eau chaude (grâce au générateur) mais qu’il faudrait prendre dans le noir complet. Dieu merci (il était temps d’invoquer les divinités supérieures) le restaurant proposait une carte italienne, et nous nous régalâmes de spaghettis absolument délicieux. Nous avions le ventre plein, l’essentiel était sauf.


Au réveil, la chaleur environnante, le léger bruit des colibris autour de la maison, l’apparition des papillons, tout participa à nous faire démarrer la journée du bon pied. Nous partîmes en balade au travers de paysages et de végétations tropicaux.

Rencontre avec les fleurs et petites bêtes qui fourmillent dans le coin. Mention spéciales à ces petites chenilles vertes suspendues à leur fil, et qui attendent que les étourdis leur fonce dedans pour pouvoir entamer un nouveau voyage et tant d'autres papillons sous extasy, impossible à prendre en photo !

Ici un scolopendre qui était attaqué par de petites fourmis rouges, et qui avait l’air de passer un sale quart d’heure.

décidés et conquérants, n'est-il pas !

Sous un ciel plutôt couvert mais sec, nous poursuivîmes notre montée au travers de la végétation luxuriante, des forêts de bambou, des fleurs de paradis.

Jusqu'à une petite propriété cultivant du café et abritant également une brasserie artisanale.

Pour finir la balade, aspirant à un peu de fraîcheur, nous nous sommes baignés dans une petite cascade. L’eau fraîche à souhait et le courant assez fort en firent un moment revigorant.

10
juil

Notre soif de folles aventures et de virées dans des milieux toujours plus extrêmes nous pousse tout naturellement vers le parc de Tayrona. Situé au nord de Santa Marta, il longe la côte Atlantique sur près de 20 hectares.

Nous prévoyions d’y passer 2 jours et une nuit, malheureusement notre force mentale ne fut pas suffisante pour permettre un départ aussi matinal que nous l’espérions. Retrait d’argent, envoi d’un Poncho pour les 3 ans de Rose, notre lenteur naturelle que Julia et Laetitia n’avaient pas encore tout à fait analysée comme une donnée structurelle du voyage à venir… Ajoutez à cela un trajet plutôt long en bus et nous n’arrivâmes que sur les coups de 16h à l’entrée du parc. Pour ne rien arranger le système high-tech de billetterie du parc était plus ou moins en panne, de quoi encore nous retarder.

La tension montait un peu, car nous avions lu qu’il nous fallait absolument arriver à notre campement, avant la nuit. Le parc étant suffisamment sauvage pour que les méchantes bêtes y vivant puissent au mieux nous faire peur, au pire nous menacer franchement. Heureusement une navette nous amène au point de départ des chemins.

C’est parti pour une grosse heure de marche, sans trainailler, dans la jungle, la plus épaisse qui soit, en direction d’Arrecifes, où se trouve notre camping pour la nuit. Pour le coup, l’aménagement du parc est impressionnant, pontons et routes clairement tracées, il est difficile de perdre son chemin. Chanceux que nous sommes au bout de quelques minutes nous croisons un groupe de singes jouant dans les hauteurs. Première confrontation avec la richesse biologique du parc. Mais le temps tourne et nous reprenons la route à un rythme soutenu, heureusement que nous avons laissé les sacs à Santa Marta, le terrain est inégal, ça monte et ça descend sans cesse pour contourner les formations rocheuses. Et la chaleur, eh bien, le climat tropical humide prend là tout son sens. Ca colle, ça sue, ça dégouline, autant dire qu’il faut renoncer à avoir une apparence bourgeoise !

Après plusieurs minutes en pleine jungle, dans une certaine pénombre, le ressac de la mer, une légère brise vient parfois nous rafraichir, autant d’indices que les flots s’approchent. Et puis elle apparaît souveraine et impérieuse. Se fracassant sur les rochers sans ménagement, sur des plages de sable presque blanc, bordées de palmier.

La plage abandonnée, vierge, inhospitalière, brute, un paysage furieusement romantique apparaît et ne nous quittera pas pendant ces deux jours. Les drapeaux rouges et panneaux annonçant que sur cette plage les 100 derniers nageurs sont portés disparus n’en font pas trop pour nous avertir des dangers de flots.

Nous arrivons enfin à destination, largement avant la nuit, ce qui nous laisse le temps de faire une trempette, dans une des rares baies cernées par une barrière de rocher, et dès lors sans danger. Le temps de siroter une bière et le ciel s’assombrit dangereusement. Et sous des vrombissements de plus plus menaçants nous décidons de partir à la recherche du camping, caché un peu plus loin dans la jungle.

Au milieu d’une clairière plantée de palmier, des tentes, un dortoir de hamacs, et une petite maisonnette font office d’hébergements. Nous mangeons enfin en regardant tomber une pluie battante.

Les couchages sont plus que sommaires, mais la fatigue fait fort de nous endormir sans attendre.

Nous poursuivrons le lendemain, à la recherche d’autres plages, un peu plus loin sur le sentier côtier. D’autres baies toutes plus belles les unes que les autres, où l’eau claire et délicieuse nous rafraîchit quelques instants.

Tayrona est sans doute un des parcs qui réussit le mieux l’association entre tourisme de masse et protection. En concentrant fortement le trafic sur quelques tronçons, par une pédagogie très présente sur les risques de contamination et enfin par cette décision salutaire de fermer le parc plusieurs mois de l’année pour permettre à la nature de se reposer.

Nous ne verrons pas tant d’animaux, mais la végétation, elle, est magnifique, luxuriante à souhait. Des arbres aux ramures gigantesques sont parcourus par des forêts de fourmis rouges, à la recherche de morceaux de feuille pour nourrir la colonie. Elles organisent de véritables autoroutes où se croisent les fourmis chargées de branchages et celles qui sont à vide.


14
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Lorsque nous étions à Cabo de la Vella, dans l’un des nombreux minibus de transport nous avions échangé avec de jeunes néerlandais, notamment à propos de Taganga, gros village à une encablure au Nord de Santa Marta, juste à la limite sud du Parc Tayrona, spécialisé dans la plongée.

Il n’en fallait pas plus pour que les yeux d’Alexandre se mettent à briller d’une lueur inquiétante. Les deux semaines suivantes furent mises à disposition pour égrener arguments subtils et insistances lourdes sur l’incroyable opportunité de passer notre certificat Open Water à Taganga. Les prix sont en effet moitié moins cher qu’en France, et étant à proximité du parc, il est possible de plonger dans des zones protégées avec quelques récifs coralliens.

Le groupe entier finit par céder et nous arrivâmes à Taganga avec un Alexandre souriant benoîtement et de bien trop bonne humeur pour être honnête.

Il faut avouer que l’hostel sélectionné était effectivement de qualité, surtout que le combo plongée + hostel nous offrait une réduction toujours agréable. Nous voici donc au Divanga Hostel, lieu charmant réparti autour d’un patio occupé par une piscine. De chaque côté un toit terrasse, l’un tenant lieu de cuisine, l’autre de bar avec billard. La cuisine de l’hôtel, inspirée de recettes françaises (la propriétaire vient de chez nous) est de bonne qualité sans s’enflammer sur les prix. Quand à nous, lit en dortoir mais sans personne d’autre pour venir nous embêter. En somme des conditions royales !

Elle est pas belle notre piscine ? 

Que dire de Taganga, lui même, c’est un village sans grand intérêt autre que la plongée. Les bâtiments ne sont pas spécialement beaux, les routes non goudronnées, pas franchement animées et le guide met en garde contre l’insécurité qui peut y régner le soir. Un cadre pas franchement idyllique. De quoi justifier que nous passions nos journées dans l’eau et à l’hôtel. Selon Lonely planet, c’est l’exemple type de l’agglomération mangée par un tourisme non contrôlé et de masse, qui vient déséquilibrer la dynamique d’un village, transformant un petit paradis en un lieu un peu glauque. Bon une fois sur place, il faut franchement relativiser la question de l’insécurité. Sans remettre en doute le fait que le tourisme a dû enrichir une petite partie de la population, on peut difficilement croire qu’il s’agissait il y a quelques années encore d’un « petit paradis ». On peut plutôt penser qu’il s’agissait d’un petit village complétement dans l’ombre de Santa Marta, ni riche ni entretenu, qui ne doit d’être connu qu’à la manne du tourisme de plongée.

Mais concentrons nous sur le cœur du sujet : la plongée !

Bien entendu Alexandre excité comme une puce à cette idée avait piqué un manuel PADI Open Water à Riohacha pour potasser en avance. Le tout sera d’un intérêt plutôt maigre puisque nous passons par l’organisme SDI pour passer notre certificat. Au cas où vous vous poseriez la question, la plupart des organismes délivrant des diplômes de plongée sont en réalité de qualité équivalente, pour être habilités, ils doivent répondre de normes précises fixées par le Conseil International de la Plongée (ou un nom approchant). En somme de l’un à l’autre c’est bonnet blanc et blanc bonnet, question de préférence personnelle et de budget (PADI est beaucoup plus cher que SDI et consorts, quel que soit le pays).

Nous entamons notre stage par le visionnage d’une vidéo hautement éducative le tout en anglais. Nous sentons un léger flottement du côté de la gente féminine, l’idée de devoir travailler en vacances, et en plus en anglais... Heureusement au bout de 40 minutes à peine c’est terminé, rendez vous est pris pour notre baptême de plongée l’après midi à quelques mètres de la plage.

Admirez la flopée de gilets de sauvetage au séchage !

La première séance n’est pas des plus amusantes, loin s’en faut. Il faut apprendre à manier le matériel, porter bouteille, gilet, respirateur, masque, tuba et palmes jusqu’à la plage et le tout doit bien peser dans les 27 Kg ! Alexandre profite de son hernie pour se faire porter son matériel… l’hernie a bon dos comme dirait l’autre.

Voici ce à quoi nous ressemblons (avec le même air) quand nous portons tout le bardat, plutôt comique non ?

Bref nous voici à l’eau pour toute une série d’exercices , apprendre à rattraper son respirateur si on le perd, partager son air avec son « buddie » (son partenaire) en cas d’avarie quelconque, maitriser sa flottabilité (Buoyancy en anglais) et donc sa profondeur, enlever son gilet/bouteille et le renfiler, idem avec les poids. Bref on travaille on travaille, le tout dans une eau très sablonneuse.

Tout cela est bien plus dur qu'il n'y parait...

Une fois de retour au centre, surprise ! Nous avons du travail pour la maison, à savoir tout un questionnaire technique visant à prouver que nous maitrisons les principaux concepts de la plongée. A ce moment, nous sentons une franche indifférence pour les devoirs de vacances de la part de Laetitia, toute absorbée qu’elle est par la relecture de 100 ans de solitude de Garcia Marquez, lui même originaire de la région et qui s’en serait largement inspiré pour camper le célèbre village de Macondo…

Le malecon, obligatoire quand on est au bord de l'eau 

Heureusement dès le lendemain nous ferons deux plongées par jour, et dans des lieux à l’eau bien plus claire et riche en poissons ! C’est parti pour l’aventure !

Chaque plongée dure environ 40 minutes. Le premier jour nous évoluons aux alentours de 10-12 mètres de profondeur. De quoi aller observer quelques formations de corail et tenter d’observer de plus près les poissons. Nous ressentons enfin les sensations de la plongée, cette forme d’apesanteur, le bruit omniprésent sous l’eau, le sentiment de la pression sur le masque et les oreilles, cette respiration un peu forcée et lente. Étonnamment dès lors que nous sommes sous l’eau avec des mouvements lents, les poissons sont beaucoup moins farouches, il devient possible de venir les observer de très près, toujours hors de portée des doigts mais à peine.

Saurez vous nous reconnaitre uniquement à la coupe de cheveux ?

Alors que nous faisons une petite pause snack entre les deux plongées sur une minuscule plage de galets, un groupe d’iguanes vient nous rendre visite. Ils semblent savoir à quel moment venir grappiller de la nourriture. Pas farouches pour un sou ils s’approchent à nos pieds pour quémander des bouts de sandwich, voire s’avancent dans la glacière pour se servir tous seuls. C’est la première fois que nous voyons des iguanes de cette taille d’aussi prêt, la bestiole est impressionnante…

Le retour en surface est toujours un peu frustrant
Haha, Cousteau n'a qu'à bien se tenir !

Le deuxième jour nous nous aventurons plus loin dans les profondeurs marines, soit aux alentours de 18m. Cette fois nous allons longer deux récifs, et qui dit récif dit plus de poissons ! C’est un véritable festival, de toutes les couleurs, de toutes les tailles, même un poisson vraiment gros, suffisamment pour que sa silhouette devienne vaguement inquiétante. Une palanquée de murènes plus ou moins enfoncées dans leurs trous, des petites seiches adorables et quelques hippocampes minuscules. Bien mieux que d’aller à l’aquarium, on vous le dit !

Le grand bleu prend tout son sens 

A la fin de ce dernier jour, nous rendons nos questionnaires, Laetitia, pour rattraper son retard, s’est efforcée de s’inspirer de nos réponses, oui on balance ! grâce à quoi nous recevons nos magnifiques cartes/certificats de plongeur en eaux libres.

Il est clair, après cette expérience, que nous recommencerons, quitte à passer quelques certifications supplémentaires pour plonger plus loin et plus longtemps !

On est beaux comme des maquereaux ! (et Juju avec son chapeau regarde ailleurs !)
16
juil

La réputation de la grande Carthagène des Indes n’est pas usurpée. Principal comptoir colonial sur la côte caraïbe, la ville est installée sur une presqu’île, protégeant la baie où s’installera le port, par lequel le royaume d’Espagne écoule toutes les marchandises et minerais issus de l’arrière pays. L’opulence de la ville enceinte de hauts remparts pour résister au harcèlement des flibustiers anglais apparaît intact encore aujourd’hui. C’est bien la première fois de notre voyage que nous pouvons observer la préservation d’un tel héritage culturel sur un aussi grand périmètre.


On plonge immédiatement dans l’ambiance si particulière d’une ville coloniale, aux maisons colorées et aux balcons fleuris. L’influence européenne est directement sensible au travers du nombre de places, généralement arborées pour apporter un peu d’ombre à ceux qui s’y retrouvent.

Nous arrivons un dimanche, si bien qu’un certain calme réside sur la ville. Mais sur la place de la Aduana, autrefois dédiée au contrôle des marchandises et au paiement d’une taxe commerciale, un attroupement surprenant attire l’œil. Des dizaines de personnes attendent, semble-t-il pour voter. Nous apprenons alors que c’est le jour du référendum organisé par l’opposition vénézuélienne, appelant à mettre fin à la répression politique et refusant l’élection d’une assemblée constituante, perçue comme le préalable à une dictature qui ne dit pas son nom. Il y a un certain télescopage entre la tranquillité de cette ville, installée depuis des siècles, offerte à l’œil paisible de touristes et l’urgence de tous ces vénézuéliens contraints à l’expatriation qui craignent pour leurs proches restés sur place.

1 million de vénézuéliens vivent en Colombie et des centaines traversent tous les jours la frontière

L’ensemble du voyage sera l’occasion de ce rappel à la réalité brutale de la violence politique. Il n’est qu’à voir le nombre de jeunes vénézuéliens, sans le sous, déambulant dans les transports publics à la recherche d’une obole, ou d’autres encore, installés aux carrefours routiers pour retirer de leurs talents d’acrobates de quoi survivre.

Passé ce rassemblement, nous poursuivons notre déambulation au hasard des rues, remarquablement conservées et entretenues. Chaque grande demeure, centenaire, cherche à se distinguer, ici par l’éclat des pigments de son crépi, là par la beauté des montants et du linteau en pierre des immenses portes, ou par la finesse des balcon de bois chantournés, toutes cherchant à affirmer, « c’est moi la plus belle ! ».

La lumière des tropiques écrase à peine les coloris d’un nuancier d’une grande variété. On a d’ailleurs pas peur des associations de couleurs que l’on pourrait qualifier d’osées. Ici le contraste fait loi.

Autre signe du raffinement et de la recherche d’ostentation, les heurtoirs en bronze rivalisent de finesse, s’inspirant parfois de la faune locale, parfois moins !

Nous tombons en fin de journée sur une procession à la vierge, rassemblant une grande foule. Heureuse de retrouver là les traditions corses (!) Laetitia nous invite à suivre le cortège, composé de familles, et marqué par la présence de beaucoup d’enfants très jeunes, spécialement habillés pour l’occasion. Notre experte es bondieuserie en déduit qu’il doit s’agir d’une fête dédiée à la protection des enfants. Nous finissons par siroter une bière à la terrasse d’un café, pour finir de voir passer le fameux défilé.

Du haut du rempart ouest, alors que le soleil se couche sur la mer des caraïbes, nous sommes pris dans les récits plus ou moins heureux de la conquista, fascinés par la richesse de la ville, assise sur la montagne d’or que le lucratif commerce entre l’empire et la métropole peut générer.

Les rues principales bruissent du flux des touristes du monde entier venus profiter d'un petit voyage dans l'imaginaire colonial, trop heureux de pouvoir enfin revêtir le complet en lin blanc chèrement acquis.

Une bulle où le temps, soudainement s'est figé.

20
juil
20
juil

Changement d’ambiance radical : nous quittons la côte direction la montagne, le but étant de s'approcher de la région caféière.

Que dire de Medellín ? Disons que le coup de foudre n'est pas au rendez-vous. Medellín est une grande ville, une ville dynamique, de commerce. Les gens vont vite, la circulation est dense comme l'urbanisme, les bâtiments sont gris, fiers blocs de bétons dressés. C'est une ville dure à l'image de ses habitants, il faut s'accrocher et serrer les dents si on ne veut pas se retrouver sur le carreau. Sûrement une ville trop dure après nos quelques jours dans la belle et calme Carthagene...

impérieuse citée au fond de sa vallée

Pour tâcher de nous acclimater à la ville, petite balade dans son centre et notamment vers la place Botero (du nom de l'artiste, celui qui peint/sculpte de gros personnages). Outre les sculptures, l'immense Palacio de la Cultura Rafael Uribe impose sa présence, tout de noir et de blanc.

Le tout pourrait être agréable entre les arbres et les sculptures, mais les divers vendeurs plutôt agressifs et passants à l'air drogués et/ou alcoolisés ne rendent pas les lieux très accueillants. On ne se sent pas à l'aise, sentiment global dans cette ville. Heureusement, alors que nous allions quitter la place, une chorale de jeunes et moins jeunes s’installe sur les marches du Museo d'Antioquia. C'est parti pour une heure de chant, avec une flopée de classiques de la musique latine, pour être honnête nous n'avons absolument rien reconnu. Enfin un peu de douceur dans cette ville qui va à cent a l’heure.

Puisque la ville ne nous réussit pas, nous visons la nature. Direction le Parque Arvi, situé à quelques kilomètres au nord de la ville. Occasion pour nous de prendre le fameux métro aérien de la ville, des plus modernes, pour enchaîner sur un téléférique, de loin notre mode de transport préféré.

L’occasion de voir défiler d’autres quartiers de Medellín, malheureusement la majorité ressemble à un bidonville amélioré, de loin en tout cas. Il est évident que la richesse de Medellín deuxième centre économique du pays, notamment par son industrie textile, ne profite pas à tout le monde. Alors que les nombreux junkies, très présents, semblent préférer, seringue à la main, l’héroïne à la cocaïne, on se demande , à peine, à quel point la ville porte encore les stigmates des guerres des narcotrafiquants et des violences de Pablo Escobar alors que cette histoire a déjà plus de 25 ans...

Toujours est-il que nous montons encore et toujours pour sortir de la vallée et avancer vers le cœur du parc. Un repas un peu lourd dans l’estomac comme savent les faire les Colombiens et nous voici sur les chemins sans aucun balisage du parc. Nous voici donc à errer entre diverses routes et sentiers sans noms, espérant vainement finir par trouver la balade qui nous intéresse. Il est évident que le parc est davantage destiné au citadin motorisé, qu'à celui qui préfère ses petons. Alors que nous avions enfin trouvé balade à notre goût ut, nous nous retrouvons, sans prévenir, hors de la piste sans aucune idée de la direction à suivre. Les autochtones semblent s'amuser à nous donner des informations contradictoires et ce n'est qu’après plus de 4 heures de marche, alors que nous étions partis pour une balade d'une petite heure, que nous nous retrouvons enfin à notre point de départ à cote de la télécabine. Cette balade nous aura amenés dans des zones du parc rarement explorées, et si le ciel fut souvent couvert au moins n’avons-nous pas reçu des trombes d’eau sur la tête. Il faut positiver...

peu de photos, car ciel gris et pas de paysage inoubliable 

Pour nous remettre de nos émotions, nous faisons une virée au Versalles (rien à voir avec notre merveille architecturale, notre franco-centrisme en prend un coup) pour nous empiffrer de pâtisseries. Surprise à notre sortie, sur la place située à quelques pas, stationnait un nombre inquiétant de policiers nous faisant craindre le pire. Benêts que nous étions ! Ils étaient en fait réunis pour répéter leur parade du lendemain, jour de la fête nationale Colombienne ! Nous avons pu les voir faire des tours de place aux premières loges : sachez que les pompiers ne savent pas marcher au pas, que les xylophones portables font un bruit ahurissants et que leurs instrumentistes ne sont pas des rigolos.

Pour notre troisième jour nous tentons une approche mixte, à savoir une sortie au Cerro Nutibara, un des nombreux mamelons, transformé en îlot de verdure et de culture au centre de la ville. Pour le côté culturel, plusieurs options. Un petit musée dédié à la ville, présentant une expo temporaire sur l’art urbain ou les tags pour être plus clair. Pour plus de pittoresque, la reproduction d’un ancien village antioqueño, rien de bien folichon mais le soleil aidant les couleurs sont plutôt sympathiques. Sinon plusieurs itinéraires thématiques sur les versants du mont, nature, art, sport il n’y a qu’à faire son choix.

Ce qui vaut vraiment le coup d’œil c’est le panorama. Tout d’un coup s’étend à nos pieds la ville, immense, trépidante, bruyante et grouillante. Les buildings s'échouent vague après vague sur les versants de la vallée, l’image d’une ville pleinement lancée dans la course au développement, quitte à laisser se noyer une partie des concurrents.

Medellín à la nuit tombée, vision d'artiste !
22
juil
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Publié le 1er septembre 2017

Nous quittons Medellín soulagés, pour le premier long trajet en bus de nos comparses : c'est parti pour 5 petites heures à travers la montagne, les arrêts à tout bout de champ et les armées de vendeurs ambulants. On regretterait presque la SNCF...

Une légère grogne s’élevant dans les rangs, rien de tel qu’une arrivée à Jardin sous un orage avec sons, lumières et trombes d’eau pour nous calmer. Les grandes eaux de Versailles font pâles figures en comparaison. Nous fonçons nous réfugier dans un bar, une bière saura nous remettre d'aplomb. Une fois n'est pas coutume, notre logement est à l'extérieur de la ville, à quelques bons 10 minutes en moto-ratones le tuktuk local. Mais sans l’effet de surprise le trajet est plutôt agréable, assis sans risque de chute on profite du vent dans les cheveux.

La montagne triangle, elle semble prête à déchirer le ciel.

Nous arrivons donc chez notre logeuse Gladys. Charmante sexagénaire, dont la beauté légèrement fanée laisse supposer une sacrée croqueuse d'hommes, ou de femmes, en son temps. Sa maison de type ecolodge est ouverte aux quatre vents, on vous a dit qu'elle était un peu hippie sur les bords ? Ce premier soir il fait un peu frisquet, nous allons donc nous coucher après un dîner frugal et un cocktail maison à base de rhum, maracuya et piña. On combat le coup de froid avec des remèdes locaux !


Et au matin, stupeur et ébahissement. Le simili dortoir où nous sommes ouvre sur deux terrasses de chaque côté de la demeure avec une vue magnifique sur les montagnes et la forêt. La salle de bain donne du même côté et on peut se doucher au bruit des oiseaux et du torrent qui passe plusieurs mètres plus bas, tout en contemplant la vallée et sa végétation.

A droite c'est le lit où nous avons dormi ! Bon soyons honnêtes, les matelas étaient pourris.

Nous descendons dans la cuisine pour un petit déjeuner bien riche, avec café maison - enfin ! La porte ouvre sur le jardin potager, ou mûrissent bananes et autres fruits exotiques, pendant que les abeilles butinent et que les oiseaux chantent. Un vrai coin de paradis !

Il est mignon ce petit potager face à la forêt hein ? 

Glawdys, accompagnée de son neveu et de sa belle nièce nous apprennent que nous tombons en plein pendant le festival de cinéma de Jardin, 2e édition. Ceci explique la pénurie de logement en centre ville, tant mieux pour nous ! Nous en profitons pour nous renseigner sur les activités du coin. Le choix est fait, ce sera une journée de balade !

Direction une petite cascade un peu plus bas dans la vallée, sans être incroyable elle fait son petit effet. Surtout les deux jeunes demoiselles qui se prennent pour des ondines en plein shooting photo, il se peut que nous ayons gloussé un peu méchamment à leur vue. Mais pas le temps d’écrire une satire sur la société du paraître, nous revenons sur nos pas, direction un Christ Roi ! En effet, tout village digne de ce nom se doit de planter des croix ou/et des christ sur les sommets environnants.

Simon prend des photos comme un vrai voyeur, caché dans les feuilles. Nos ondines sont bien plus belles !

Nous marchons donc à travers de verts paysages, succession de forêts type tropical et pâturages dignes de la Normandie, même les vaches sont de la partie. Quelques oiseaux volent de ci de là, notamment des vautours assez imposants, mais rien qui puisse ternir cette belle journée. Nous croisons des cyclistes… à pied. Il faut dire que ça commence à monter, bon ce sont surtout des feignasses, quelques mètres plus loin nous en croisons d’autres alors qu'ils arrivent au sommet d’une sacrée côte , geignant et suant à grosses gouttes. Ça c'est du sport et l’esprit du Tour de France – dont d’ailleurs les colombiens semblent fans ! Après quelques encouragements, nous descendons guillerets et le pied léger cette fameuse côte direction le Christ. Sur place déception : ce n'est pas un christ mais une simple croix... le christianisme se perd.

Pour nous remettre de nos émotions et avant d’attaquer la descente vers Jardin – descente à pied ! Le téléphérique est en panne ou fermé pour une raison obscure – nous nous arrêtons le temps de profiter d’un jus de fruit frais, avec vue sur la vallée, la ville et son église imposante.

C’est parti pour une rapide descente, le long d’une crête en longeant champs de café, plants de bananes et une charmante rivière, le tout accompagné d’un chien de passage.

Arrivés en ville, nous voyons tout de suite le changement d’ambiance : la place centrale est noire de monde, les bars et restaurants ont prit d’assaut le moindre espace libre quand ce ne sont pas des vendeurs de nourritures et autres spécialités locales qui sont installés. La foule est des plus hétérogènes, famille locales, familles riches de Medellín en villégiature, festivaliers de tous âges et étudiants en cinéma aux looks plus « grunge ». Le temps d’un week-end Jardin devient « the place to be» où il faut voir et être vu.

A l'heure de l’apéro, c'est noir de monde ! 

Étant donné que nous ne nous sentons pas d’aller voir du cinéma plus ou moins indépendant colombien tout en espagnol, nous optons pour un tour en ville. Bonne idée, celle-ci est charmante. Les maisons blanches ont toutes une bande de couleur avec ou sans motifs sur la partie basse des murs. Celles à étage colorent les boiseries des balcons.


Nos déambulations finissent par nous amener devant la médiathèque de la ville, qui abrite une exposition temporaire centrée sur Richard Evans Schultes. Sachez que le bonhomme a passé près de 40 ans à sillonner les jungles et forêts de Colombie, recensant des milliers d’espèces tant animales que végétales. Il fera notamment connaître le páramo, cette forêt d’altitude particulière des Andes, mais nous vous en reparlerons plus tard. C’est donc une succession de clichés tant sur les populations des zones qu’il étudiât que de plantes emblématiques, et dudit Richard dans ses diverses explorations, ca ne se voit pas bien mais il était plutôt bel homme. Le pauvre succombera à une maladie due à une carence en vitamine B.

Fort de ce moment culturel intense, nous rentrons de nuit chez notre logeuse mais cette fois à pied ! Les 25 petites minutes se transforment assez logiquement en près de 50 minutes, nous commençons à nous habituer à la méthode très colombienne de calculer le temps de trajet…

Une dernière nuit à taper le carton dans ce coin de paradis, où tant la nature que la ville est belle, avant de reprendre la route en direction de Manizales, toujours plus loin vers le sud.

24
juil
24
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Publié le 5 septembre 2017

Nous savions que pour rejoindre Manizales depuis Jardin, au moins 5 heures allaient être nécessaires. Vu les montagnes qui nous environnaient, nous pouvions même nous douter qu’il allait y avoir grimpettes , virages et peut-être même quelques précipices. Nous n’avions pas relevé le terme qu’avait utilisé Gladys le matin même, pour parler du Bus qui ferait le trajet. J’avais compris le terme de « chiva » mais je ne voyais pas bien ce que la divinité hindoue pouvait bien avoir à faire dans cette galère.

Il aurait fallu nous prendre en photo quand nous avons vu arriver ça :

un carnaval 

Ce mastodonte que nous avions déjà vu circuler dans la ville semblait convenir davantage pour visiter une ville comme tous les bus touristiques panoramiques , ouverts aux 4 vents. Eh bien non, il s’agissait bien de notre mode de transport tout terrain pour les 4 heures à venir. Regardez comme on sourit.

voyez tout le monde sourit, même le garçon qui fait du photo bombing en arrière plan ! 

C’était avant que la piste remplace l’asphalte. Comme toujours dans ces moments là, où l’on ressent comme un léger décalage culturel, lorsque l’incrédulité le dispute à la révolte, on observe autour de nous, nos compagnons de route, stoïques, heureux, semble-t-il, de voyager au grand air. Alex et Julia discutèrent assez longtemps avec leur jeune voisin qui expliqua qu’il voyageait ainsi régulièrement avec sa tribu, pour visiter les grands parents installés à Jardin. Et alors on relativise, on se dit qu’ici c’est normal.

évidemment plus on monte, plus la vue est engageante ! 

Enfin Manizales s’offre à nous. Perchée à plus de 2 000 mètres d’altitude, cette grande ville riche, dotée d’une immense mairie (collectivité territoriale quand tu nous tiens) règne sur la région du café. Après avoir pris possession de nos quartiers dans une belle auberge de jeunesse, bien équipée et confortable, et avec la perspective d’y rester trois nuits (une éternité), nous nous précipitons dans une finca, exploitation de café.

paysage escarpé, les pentes sont recouvertes de caféiers. 

Le climat de la région, à la fois chaud (mais pas trop), humide (mais pas trop) convient apparemment très bien à ces arbustes aux feuilles vernissés, couverts de petites boules plus ou moins rouges. Il faut deux ans pour qu’un arbuste, issu d’une graine de café vienne à maturité et offre sa première récolte. Il sera très productif pendant 5 ans, mais comme il pousse un peu trop vite, il devient trop grand, et ne convient plus à une récolte à hauteur d’homme. On le coupe alors, 10 cm au dessus de la racine, jusqu’à ce qu’il repousse selon le même cycle. Au delà de 21 ans on le coupe définitivement en raison de l’épuisement progressif de la plante.

Nous nous essayons à la cueillette, au milieu d’arbustes déjà âgés, dépassant les 2m. On comprend alors facilement le calvaire de ce métier de peine, que des saisonniers viennent accomplir lors des deux récoltes que la vigueur de la plante et le climat autorisent. Il faut s’enfoncer dans le bosquet, se frayer un chemin au milieu des branches qui vous giflent, sur des pentes extrêmement fortes , et sans assurance de ne pas se faire piquer par un serpent. Le tout sans perdre jamais la cargaison de petites boules rouges dont vous remplissez un petit panier tressé. Les cueilleurs sont payés 500 COP par kilo ramassé (environ 13 centimes d’euros), les plus vaillants parvenant à dépasser les 200 kg ramassés par jour !

notre cueilleuse qui n'a pas encore atteint son objectif de 200kg 

La fleur blanche du caféier dégage un léger parfum, proche du jasmin, et une fois la première et épaisse peau enlevée, on avale la gousse entourée d’une fine pulpe, légèrement sucrée. Une fois récoltée, la peau des gousses est enlevée mécaniquement, on sépare les bons des mauvais grains selon qu’ils flottent ou non dans l’eau. Les premiers, lourds, au fond du bassin constitueront la première qualité, promise à l’exportation. Les deuxièmes, allégés par les petits trous réalisés par des insectes, serviront à préparer du café instantané. Je vous passe les autres étapes, jusqu’au séchage, dans un grand four, duquel sortiront les grains, presque comme nous les connaissons, il ne restera plus qu’à enlever la petite peau, jaune, tirant sur le vert , selon l’humidité de la graine.

Nous avons enfin droit à un cours de dégustation. On y apprend notamment que l’arôme du café dans une machine à espresso différera très fortement selon la durée qu’on prendra à faire couler l’eau par le percolateur, en raison de l’augmentation progressive de la température d’une part et le volume d’eau passé par le café moulu. Si vous avez un percolateur à la maison, je vous invite à faire l’expérience. Otez d’abord votre tasse 12 secondes après avoir commencé de faire couler l’eau. Faîtes la même expérience en laissant couler l’eau 6 secondes de plus et comparez. De même si on laisse couler le café 6 secondes avant de mettre sa tasse, on constatera encore que le café a un autre goût . Ça vous en bouche un coin… et puis saviez vous que la petite mousse que nous aimons tant au sommet de notre tasse n’existe que grâce à la torréfaction, qui consiste à faire toaster les grains avec du sucre… et moi qui croyait que mon café n’était calorique qu’à cause des deux sucres que j’y adjoins invariablement ! La torréfaction est d’ailleurs semble-t-il une spécialité française, italienne et en partie espagnole. Ailleurs on ne fait que le toaster, sans additif…

on est fiers avec nos diplômes ! 

Mais Manizales nous réserve d’autres découvertes. Vous l’avez sans doute perçu, c’est moins la ville assez moderne, sans cachet que la nature environnante qui mérite attention. Plusieurs parcs naturels, à la lisière de l’agglomération sont particulièrement prisés par les promeneurs du dimanche. Nous jetons notre dévolu sur le Recinto del Pensamiento. Nous sommes accueillis par un guide charmant, qui nous promènera dans le parc près de 2 heures. C’est surtout sur les orchidées que nous nous arrêterons. De toutes tailles , couleurs, elles pullulent. Les épiphytes, accrochées aux arbres sont mes préférées .

Mais Manizales brille aussi par la variété de sa faune, notamment par les milliers de Colibris qui s’ébattent au milieu des fleurs. Ce petit oiseau qui dépasse rarement les 10 cm de longueur a le cœur suffisamment solide pour battre jusqu’à 1200 battements par minute et sans extasy ! Ses ailes sont alors si rapides qu’elles lui permettent un vol stationnaire, comme un hélicoptère, bien pratique pour plonger sa longue trompe et récupérer le délicieux suc caché au creux des fleurs.

Nous finirons notre journée par un passage dans les thermes, alimentés en eau soufrée dont regorge cette terre volcanique. Un petit moment de détente bien mérité, n’est-il pas ?

26
juil

Autant Medellin nous aura irrémédiablement rebutés , autant Cali aura su déployer sous nos yeux d’innombrables charmes. La 3ème grande ville du pays, réputée pour son métissage et la proportion plus importante de population noire, est un bouillon de culture. Installée au pied des derniers contreforts andins avant le pacifique, la ville profite d’un climat que nous qualifierons de parfait. Estival toute l’année, les températures dépassent rarement les 35° et ne baissent que très exceptionnellement en dessous des 20°. La fraicheur nocturne agit comme un idéal contrepoint à la chaleur relative de la journée.

C’est dans cette ambiance que la ville s’est développée, traversée par pas moins de 8 cours d’eau, de petite taille, mais qui apportent à l’organisation urbaine, l’occasion de souffler un peu, et de ménager de grands espaces arborés.

C'est beau, non ?

Cali est une ville de mélange à tous niveaux. C’est une des rares agglomérations que nous traversons où nous pouvons voir des quartiers aux buildings impressionnants, côtoyer des églises vieilles de plusieurs siècles, tandis que quelques rues plus loin vous avez le choix entre les maisons classiques de l’Amérique du sud en briques rouges d’un ou deux étages à l’aspect non fini ou recouvert de fresques, et des demeures de type plus colonial, colorées et mieux entretenues. Il y en a pour tous les goûts.

Les bâtiments officiels de style colonial ont toujours du cachet 

Pour profiter au mieux du panorama de la ville nous décidons de monter jusqu’à Tres Cruces, colline dominant Cali sur laquelle trônent trois énormes croix (le nom a dû vous mettre sur la piste), ainsi que des antennes de communication et télévision, un parc sportif et une base militaire. Eh oui, on ose tous les mélanges à Cali ! Tout le monde nous explique qu’il faut partir tôt le matin, à cause de la chaleur. En regardant furtivement la dite colline, notre courage s’est un peu rétréci et nous privilégions donc le taxi. Une fois en haut, après une montée d’une bonne vingtaine de minutes, le panorama est tout à fait superbe. Le soleil se couche déjà derrière les autres montagnes avoisinantes et nous redescendons.

Ça ne se voit pas, mais il y a des néons bleu flashy sur les croix, ambiance disco-techno 

C’est alors que nous observons que la voiture devant nous s’est arrêtée un peu brutalement. En s’approchant, nous comprenons par les échanges entre conducteurs, qu’il y aurait plus bas des coupeurs de route armés. Il s’agit généralement d’un duo installé sur une moto qui bloquent les véhicules pour braquer les occupants, arme à la main. L’atmosphère c’est d’un seul coup légèrement refroidie. Nous qui nous réjouissions d’être parvenus à faire mentir tous les clichés de violence avec nos deux amies, voilà que le sort nous jouerait un mauvais tour. Pour bien nous faire comprendre que l’on ne rigole, mais alors plus du tout, le chauffeur nous demande de remonter illico les fenêtres et de verrouiller les portes. Apparemment la police ou les militaires ont été prévenus et devraient arriver, on nous explique que c’est en raison de braquages répétés que la base militaire a été installée.


Finalement après plusieurs minutes d’attente et alors que nous sommes rejoints par une troisième voiture, nous nous élançons sur la piste à un rythme soutenu pour sortir de la zone à risque. Au final nuls coupeurs de routes, même si quelques mètres plus loin, le chauffeur nous montre deux gars, assis près d’une moto, semblant deviser paisiblement. Menace réelle ou coup de flip, le simple réflexe de nos chauffeurs est en soi significatif du climat pesant et dangereux qui a existé des années auparavant. A Santa Marta, les motos taxi ont interdiction de prendre des hommes en selles, trop synonyme des années noires et des règlements de compte à moto. Toujours est-il que nous n’avons rien vu et que la société fait tout pour éviter aux touristes de mauvaises rencontres.

Cali, s'étend au pied des montagnes et s'élance au loin vers les fleuves nourris par leurs eaux.

La vue depuis ces hauteurs ne donne néanmoins qu’une idée très partielle de l’ambiance de la ville. Car comment parler de Cali sans parler de la salsa ? C’en est un des berceaux, sans doute le plus célèbre, qui a fondé sa renommée sur un style bien à part, qualifié de salsa pegada (collé serré). Comprenez une salsa survoltée, plus rapide qu’une salsa classique, qui se danse dans un corps à corps sensuel. C’est sur les conseils de Viviana (Caleña de naissance, que nous avions rencontrée à Riohacha) avec qui nous avons passé notre première soirée dans un bar historique et des plus typiques, que nous allons le lendemain trémousser nos hanches au Tin Tin Deo, temple local de la danse. Le début de soirée est des plus tranquilles, ce qui nous permet d’observer les quelques couples déjà sur la piste. Tentatives d’analyses et d’apprentissages des pas, pendant que nous sirotons un cocktail.


On en profite pour faire une rapide sociologie de la salsa, n’importe qui peut danser avec n’importe qui, il semble plus que malpolie de refuser une invitation à danser. Si l’on danse serrés l’un à l’autre ce n’est pas pour autant qu’il y a « contact » ou une intimité partagée. Entre danseurs qui ne se connaissent pas c’est à peine si les regards se croisent, chacun fait ses pas, et dès que la musique s’arrête on se sépare en échangeant à peine quelques mots. Du côté des couples officiels, c’est bien plus intéressant. On voit certains danseurs le sourire aux lèvres se donner à fond, et là on a vraiment envie de pouvoir faire pareil. Une remarque en passant, qui vaut pour pas mal d’autres endroits de Cali que nous avons pu arpenter, on observe une assez bonne mixité entre caleños et touristes, un bon 60/40, avec des Gringos qui s’essaient à la danse le tout dans une bonne ambiance. Après deux bonnes heures et vu notre incapacité à danser nous décidons de rentrer, surtout que la rencontre avec de jeunes française de notre hostel nous pousse à fuir. Dieux qu’elles étaient bêtes !


Quelques mots sur l’hostel : un lieu très clairement pour des jeunes qui veulent avant tout faire la fête, draguer et conclure de préférence entre touristes. Des touristes qui considèrent comme une bonne aventure de se faire arrêter par la police alors qu’ils sont en possession de drogues et d’avoir à acheter les policiers pour ne pas se faire embarquer. Autant dire que nous n’avions que peu d’atomes crochus avec les personnes ici présentes, à priori plus intéressées par la bronzette en bord de piscine que par la ville elle-même…

La piscine, ou "grill à gringos"

Toujours est-il qu’il est temps pour Julia et Laetita de repartir, pour une chose atroce appelée « travail ». On ne peut que frissonner pour elles en imaginant les horreurs qui les attendent. De notre côté, nous poursuivons à Cali mais cette fois en Couchsurfing, histoire d’économiser un peu. Nous atterrissons donc chez des jumeaux, habitants dans le sud de Cali près des universités. L’occasion d’échanger avec des locaux sur l’éducation, l’économie, la politique etc. Nous sommes reçus comme des rois, chambre à part, nourris, logés et blanchis aux frais de la princesse, nous nous sentions obligés de montrer nos talents de cuisinier pour remercier nos logeurs. Nous avons donc pu les ébahir avec un bœuf bourguignon et une tarte au citron meringuée. Comme quoi le soft power de la gastronomie française reste puissant.

Excusez la qualité, la photo n'est bien évidement pas de nous. 

Profitant de nos charmants guides nous arpentons la ville et d’autres quartiers inconnus, certains bars, le campus de leur université (à 30 ans ils sont toujours étudiants ! Le système Colombien semble obscur, cher et complexe) ou nous faisons gouzi gouzi avec les iguanes intéressés par notre repas. Mais surtout nous avons fait une sortie jusqu’au rio pancé, petite rivière d’eau claire, idéale pour accueillir nos bavardages. L’eau de montagne est fraiche… de quoi raffermir nos chairs.

On a dû se battre avec l'iguane pour pouvoir manger, les shoushou et autres pristou ne furent pas d'une grande efficacité... 

En somme Cali est une ville vraiment agréable, dynamique et accueillante où il fait bon vivre. Ce qui explique pourquoi nous y avons passé tant de temps. Mais son magnétisme ne nous a pas empêchés de faire une dernière virée colombienne avant de partir en direction de l’Equateur, une bordée vers la côte et ses baleines !

3
août

La saison de la reproduction des baleines sur la côte pacifique débute en juillet. Quand nous prenons la route de Buenaventura, seul grand port colombien sur la côte pacifique, nous espérons fortement que nous pourrons observer ces fascinants cétacés. Si elles seront bien au rendez-vous, c’est surtout cette côte absolument magnifique qui aura marqué nos esprits.

Tenter l’aventure sur la côte pacifique ne fait pas partie des sentiers balisés des tours opérateurs. Buenaventura est connu pour rester une des agglomérations les plus dangereuses de la Colombie. Trafic de drogue, grande pauvreté, un certain enclavement, tout concourt à ce qu’il ne faille point trainer ses guêtres dans les environs. Guide et amis nous l’ont répété, on ne sort pas des environs du quai touristique. Nous n’en avions, de toute façon, pas l’intention. En arrivant sur la ville, constatant effectivement le caractère interlope des lieux, nous nous en sommes tenus à chercher sans attendre les bateaux pouvant nous emmener à proximité de la baie de Malaga, sanctuaire naturel pour toutes les grandes et petites bêtes de l’immensité bleue.

Des contrastes, encore des contrastes 

Deux villages installés à l’entrée de l’immense baie, Juanchaco et Ladrerillos, sont les deux refuges dans lesquels les touristes aventuriers peuvent se rendre. Une lancha rapide vous y mène en moins de deux heures. Nos couchsurfer de Cali nous avait prévenus du risque de se faire littéralement tremper, et donc de protéger tout ce qui était potentiellement fragile. Bien mal m’en a pris, parce que, non seulement aucune goute d’eau ne m’aura effleuré, mais j’ai surtout manqué de photographier la côte que nous avons longée. La lumière dorée de la fin d’après midi était juste époustouflante. Elle illuminait les falaises, au bord desquelles une nature incroyablement luxuriante manquait de tomber dans le vide.

Malgré le temps parfait, les plantes semblent avoir des tendances suicidaires. L'appel du vide ?

Arrivés sur Ladrerillos, nous demandons à une épicière où se trouve tel hôtel, conseillé par le guide. Elle me promet de me montrer l’endroit, mais à la condition que nous considérions les petites cabanes qu’elle possède elle même ! Encore une qui a le sens des affaires. Après quelques minutes de négociation, et une baisse du prix, déjà modique, nous finissons par accepter. Juste avant que le soleil ne se couche nous filons vers la plage, installée plein ouest pour profiter du coucher de soleil, pour se baigner et nous rafraîchir de l’ambiance particulièrement moite du pacifique équatorial.

l'embarcadère de Juanchaco, à l'entrée de la baie de Malaga

Après une bonne nuit, cap sur la baie de Malaga, particulièrement profonde et donc propice à la reproduction des baleines à bosses. Cette immense baie est devenue récemment une réserve protégée quand le projet d’y créer un port en eau profonde (plus adapté que celui de buenaventura) a été mis sur la table. Les quelques habitants du coin se sont organisés et ont demandé à l’État la création d’une réserve naturelle pour préserver l’endroit. Réussite pour l’instant.

camaïeux de verts sous un soleil de plomb 

Les baleines viennent se reproduire ici, et après les 12/13 mois de gestation, reviennent sur le lieu de l’accouplement, pour mettre au monde leur petit. C’est d’ailleurs grâce aux baleineaux, dont le système respiratoire n’est pas encore très développé que nous pouvons les repérer. Ils doivent rester à proximité de la surface pour pouvoir respirer. La maman, elle, veille au grain en dessous, et ne remonte que toutes les 20 à 30 minutes. Nous avons eu la chance de les voir de très près. C’est assez impressionnant quand l’immense masse sombre (la mère) remonte à la surface et finit par sortir. C’est Moby Dick sous les tropiques ! Le petit nous a même fait le plaisir de sauter une ou deux fois et de sortir le museau pendant quelques secondes. Trop rapide néanmoins pour mon appareil photo !

Forcément un animal marin vu depuis la surface, est peu visible... 

et Maman ! autrement plus massive

Nous sommes partis ensuite tout l’après midi avec deux, trois autres personnes au fin fond de la baie pour aller voir plusieurs cascades où nous avons pu nager et sauter, pour finir sur une plage de sable blanc, la seule du coin, où le sable est plutôt noir. En revenant nous avons eu la chance de voir quelques dauphins qui nous ont accompagnés au loin quelques minutes.

Au niveau des cascades curieux mélange de température et de salinité des eaux que semblent apprécier les nombreux crabes  

Pour nous reposer de nos aventures, nous avons fini sur la plage de ladrerillos à boire un coco loco (la noix de coco qui rend fou !), une coco fraiche dans laquelle Fernando a versé moult rhum et sirop de sucre, pour être sûr que ça vous pose pour l’heure à venir, dans une position béate, devant la beauté du coucher de soleil ! inoubliable, on vous dit !

9
août
9
août

Nous sommes désormais rendus à la mi-août , et nous nous rendons compte avec horreur que nous devons retrouver Emeline et Erwan aux alentours du 3/4 septembre à Cuzco. Soit près de 3 700 km en 15 jours. Ça fait tourner la tête. Ni une ni deux, nous sortons nos guides et concoctons un itinéraire aux petits oignons dans le but de nous faire traverser l’Équateur et le nord Pérou en un temps record.

Pour descendre rapidement nous visons Quito à près de 710km de Cali, en faisant étape par Popayan puis San Juan de Pasto, nous préférons éviter de croiser cette frontière de nuit puisqu’aucun bus ne permet de trajet direct.

Après quelques heures de bus -nous finissons par être habitués- nous voici à Popayan. Petite ville charmante mais dont nous ne pouvons pas dire grand chose, nous n’avons pas le temps d’y faire grand chose si ce n’est de déambuler dans ses rues le temps d’une journée de repos.

C’est une ville tranquille, au centre historique charmant. Les maisons toutes blanchies lui donnent une cohérence et un aspect lisse comme on a rarement pu le voir. Nous avons l’impression d’une charmante ville de province où il fait bon vivre, au rythme plutôt détendu. Popayan s’est autoproclamée la ville la plus belle de sa région, on y croit facilement.


Seul événement notable une expérience culinaire dans une boutique spécialisé dans le quinoa, nous testons des jus/desserts à base de la fameuse céréale. C’est un échec. On peut faire plein de choses avec, c’est une évidence, mais les desserts ce n’est pas trop ça…

Mais nous repartons aussi sec cette fois en direction de San Juan de Pasto, on tourne autour des 6h de bus. On pensait pouvoir visiter un peu mais finalement nous arrivons trop tard pour faire quoi que ce soit. La journée du lendemain sera entièrement consacrée à la traversée de la frontière Équatorienne.

Car sachez que ce n’est pas simple, nous devons prendre un bus jusque Ipiales. De là prendre un mini collectivo jusqu’au point frontière. On tamponne la sortie côté Colombien, on traverse le pont au dessus de la gorge puis l’on tente de faire tamponner l’entrée côté Équatorien. Ici commence la rigolade : on nous somme de déposer nos sacs et bagages dehors, près de la porte du bâtiment. Vous vous en doutez, nous voilà déjà moyennement rassurés, surtout que le vigile en poste semble manquer de vigilance… Bref, nous faisons la queue pendant près de 45 min, nous assistons atterrés au ballet des employés qui passent d’un poste à un autre pour se parler un peu, tapoter quelques petites choses sur leur clavier, pointer avec leur badge … puis repartir dans ce que nous supposons être une sorte de salle commune. Autant dire qu’avec seulement 2/3 employés grand maximum qui travaillent en même temps sur la demi-douzaine de présent, ça n’avance pas vite. Surtout que si vous avez le malheur de sortir votre téléphone, vous vous faites engueuler par les vigiles, ambiance (ça explique l’absence de photos).

Le Pont de la rivière Kwaï, ou presque 

Le clou du spectacle reste le moment où une des agents vient prendre le bureau en photo. Nous voyons donc hallucinés plusieurs employés sortir de leur salle pour prendre place derrière un guichet pendant qu’on fait avancer la file pour qu’il y ait une personne devant chaque. Hop hop on prend 3/4 clichés pour montrer que tout fonctionne bien et qu’on est assidus au travail et aussi sec tout le monde retourne dans la salle à l’arrière pendant qu’on nous renvoie dans la file d’attente… Totalement hallucinant.

Bref, notre passeport est visé et nous retrouvons nos sacs rapidement pour tenter de poursuivre le voyage. Du poste frontière, il nous faut prendre un autre collectivo direction Tulcàn quelques kilomètres plus loin. De là, nous pouvons enfin prendre un bus en direction de Quito.

Cette épopée de seulement 300 km nous aura pris la journée entière. C’est dans ces moments-là que l’on regrette l’UE, Schengen et nos facilités de transport. C’est quand même bien pratique quand on n’a pas besoin de s’arrêter pour traverser une frontière.

10
août

Quito appartient au club des grandes capitales installées à plus de 3000 mètres d’altitude. Mais à la différence de la Paz enserrée de tout côté par le relief, laissant peu d’échappatoire au regard en mal de liberté, la capitale de l’Equateur est plus adaptée aux claustrophobes. Elle s’étend le long d’un corridor formé par deux chaines de montagne, formant sur plusieurs dizaines de kilomètres une vallée relativement plane. La ville est tellement étendue du nord au sud que deux terminaux de transports pour les longues distances sont installés au nord et au sud et séparés chacun de près de 25 km.


Une myriade de quartiers s’étend le long de trois axes principaux, parallèles, sur lesquels est installé le système de bus rapide le plus perfectionné que nous ayons rencontré jusqu’ici, pour un prix modique, bien entendu.

bâtiments autour de la place centrale, néo classique, éclectisme petit pot pourri architectural 


Nous avons passés ces trois jours à Quito dans une relative lenteur, et une certaine mollesse, parvenant difficilement à quitter l’auberge de jeunesse avant 14h. L’heure tardive du petit déjeuner jusqu’à 11h n’invitait pas au dynamisme matinal. De même que l’ambiance de l’auberge, construite comme un véritable cocon moderne (billard, très bon petit déjeuner, grand espace salon télé…), semblait idéale pour se remettre de la longue épopée colombienne.

un super chouette endroit, avec des dortoirs à lit double ! 


Le centre historique se limite à un gros quadrilatère installé sur une petite colline, dont émerge essentiellement depuis la période coloniale, un nombre impressionnant d’édifices religieux, typique de cette architecture coloniale baroque. Il ne reste quasiment rien des demeures coloniales de l’époque. Les immeubles sans grand charme les ont depuis longtemps remplacées.


Nous avons cependant la chance de pouvoir nous trouver là pendant un long week-end ponctué par la fête de l’indépendance nationale célébrée dans la ville par une fête des lumières, directement issue du concept lyonnais, vendu chèrement à d’autres villes dans le monde. A la nuit tombée nous avons pu déambuler dans la ville, entourés d’une foule très conséquente, et semble-t-il ravie de ces spectacles sons et lumières qui lui était offerts . Cette fête populaire par nature nous a emportés dans son sillage, au gré des rues et des bâtiments soudainement transfigurés par la magie de la lumière.


Sur l’insistance d’Alex, nous nous sommes rendus le lendemain à la Mitad del mundo. C’est à cet emplacement précis qu’une équipe française géodésique, composée de physiciens, mathématiciens, géographes, emmenés par Charles de la Condamine et Pierre Bouguer déterminent l’emplacement précis de l’Equateur. Initialement ces expéditions géodésiques françaises sont organisées par l’Académie des sciences dans la première moitié du 18ème siècle, sous le règne de Louis XV pour confirmer et infirmer la théorie de Newton affirmant que la terre ressemble à une sphère aplanie au niveau des pôles. Deux expéditions, une au pôle nord et une en Equateur sont organisées. Cette partie de l’empire espagnol est choisie en raison de son climat, jugé plus clément que celui de l’Afrique Equatorial.


L’équipe sera en partie décimée (maladie, accident, embuscades), mais les conclusions des relevés géodésiques et astronomiques viennent finalement confirmer la théorie newtonienne. De plus, c’est en définissant précisément que la ligne séparant la terre en deux demi sphères égales passe par cette région de l’empire espagnol, que les républicains, lors de l’indépendance en 1809 décident de prendre le nom d’Ecuador.


La ligne est aujourd’hui tracée à quelques 50 km du centre de Quito. Les relevés de l’époque se révélèrent très précis, puisque la ligne imaginaire définie par les scientifiques français il y a 3 siècles se trouve seulement à 200 mètres au sud du tracé que le GPS moderne désigne comme étant l’équateur. Un monument célèbre le travail des français. Arrivés un peu tard sur zone, enveloppés dans la brume et les nuages, nous prenons le temps de lire tranquillement toutes les explications sur le lieu.

A cheval sur le monde !


Nous nous arrêtons devant une balance qui nous rappelle que notre poids varie selon que l’on se trouve sur un pôle ou sur l’équateur. En effet, le poids traduit la force de la pesanteur terrestre sur une masse (ma graisse, qui elle ne varie pas !). Or cette force de la pesanteur diminue à l’équateur car la distance au centre de la terre est plus grande, si bien que sur ma balance installée en France je pèse 78 kg, mais à Quito je ne pèse que 77,750… génial non !


Fort de cette conclusion heureuse, nous rentrons sur Quito sans tarder, pour aller nous régaler d’un repas chinois abondant. Une importante communauté taiwanaise s’y est installée après la fin de la seconde guerre mondiale.

14
août
14
août

Après Quito et le tourisme de ville, retour à la nature, nous décidons de descendre par la vallée des volcans. Comprenez un axe Nord Sud traversant la quasi totalité de l’équateur, constitué d’une flopée de volcans, qui éteints, qui toujours en activité.

Un des nombreux volcans de la région, plutôt rare celui-ci est enneigé 

Notre destination ? Le Quilotoa, volcan éteint, dont le cratère après s’être effondré, s’est peu à peu rempli d’eau jusqu’à former un lac. Notre arrivée nocturne, malgré le vent et le froid ne permet pas de prendre la pleine mesure du lieu. Il nous faudra attendre le lendemain pour pleinement réaliser l’abime au bord duquel nous nous sommes tenus.

Le coucher de soleil entre les sommets et les nuages, on se croirait à Laputa 

Nous nous rendons donc à un hôtel situé juste en face du mirador, en prévision de la longue journée de marche qui nous attend. Nous passerons la soirée avec deux jeunes Equatoriennes avec qui nous échangeons récits de voyage et folles parties de cartes (depuis ce moment, Simon refuse de jouer à la bataille corse avec moi, terrible injustice !).

Nous prévoyons pour le lendemain de faire une descente au fond du cratère, puis le chemin de crête, avant de partir à pied le lendemain vers un autre village situé à une grosse quinzaine de kilomètres de là. Nous n’étions que de jeunes insensés à ce moment-là .

Le réveil, et la vue avec lumière du lac, ne suffisent pourtant pas à calmer nos ardeurs !

Notez qu’une seule photo ne suffit pas pour en faire le tour !

Frais comme des gardons nous commençons comme prévu par descendre au fond du cratère. Petite descente plutôt tranquille, malgré la caillasse et la poussière, on ne glisse pas trop, et il est encore suffisamment tôt pour que le soleil éclatant ne nous écrase de ses rayons. En quelques 40 minutes nous voici donc rendus au fond.

Le mode panoramique aussi n'est pas suffisant pour tout saisir d'un coup !

Les reflets du soleil sur le lac sont éblouissants, et les lumières éclatantes. Il faut se rendre à l’évidence, le lieu est magnifique, les couleurs tranchantes et l’instant magique.

Sacrés verts ! Sachez qu'en plus le lac est assez profond, environ 250m 

Mais il faut remonter, d’abord pour sustenter nos ventres qui crient famine et aussi pour attaquer le chemin de crête ! La remontée est un peu plus longue mais guère plus. Au final le tout nous aura pris un peu plus de 2 heures. Nous nous précipitons, sur notre déjeuner avant de nous laisser un petit temps de repos et de digestion. Un peu moins lourds et vaguement reposés nous nous attaquons au chemin de crête, temps de marche prévu : 4/5 heures.

Vu d'ici, ça ne paraît pas si atroce.... Hahaha haha ha....

Le sentier commence tranquillement, panorama incroyable sur les vallées et autres sommets environnants, nous voyons de verts paturages aux fleurs nombreuses et colorées . Le soleil toujours au rendez-vous, compense la morsure du vent qui ne cesse de souffler - crête oblige- et baigne le paysage de lumière. De quoi nous conforter dans notre idée.

Ce petit chemin, qui sent la noiseeette, lilalala...

Très vite je déchante, je commence à comprendre le sens du mot crête. C'est donc bien un sentier abrupt, bordé de chaque côté par une pente plus ou moins vertigineuse, qui ne cesse de monter puis de descendre violemment, avec le vent qui vous pousse d'un côté puis de l'autre. Vous l'aurez compris, pour moi commence l'enfer. Au bout d'une heure je suis épuisé, sans souffle, franchement flippé par le vide de chaque côté et donc avançant horriblement lentement. La vue sur le lac est époustouflante, mais me rappelle en permanence que nous (je) n’avançons pas. Il faut dire que l'ensemble de la randonnée est à plus de 3.800m, ce qui explique surement le manque de force et de souffle.

Le lac avec à gauche le sentier suivi le matin, et le précipice en contrebas.

Qu'à cela ne tienne, Simon m'attend et m'encourage patiemment, tandis que les heures passent. Nous finissons par atteindre le point le plus haut de la randonnée à près de 3.930 mètres. Nous ne sommes toujours pas à la moitié de la randonnée...

C.R.E.T.E. je vis ton nom !

Nous continuons à avancer, montée après descente, pied après pied et enfin nous atteignons la moitié du sentier ! Vu d'en face cela paraît tout petit.

Le petit panneau c'est le point le plus haut, encore 3 bonnes heures de marche depuis ce point... 

Encore plusieurs heures de marche, tandis que le soleil tombe doucement. Cela fait bien longtemps que nous n'avons plus croisé le moindre randonneur. Le paysage reste incroyable tandis que nous bouclons lentement le tour du lac. Nous croisons quelques chevaux et mules qui paissent et se reposent après une dure journée passée à monter et descendre des touristes au fond du cratère. Nous finissons par atteindre le croisement qui doit nous amener le lendemain vers la prochaine ville, quelques fractions de secondes plus tard nous décidons d'un commun accord de changer nos plans pour continuer en bus vers le sud et plus tranquillement. Tandis que nous venons chatouiller la cinquième heure de marche et que nous approchons de la fin, le froid se fait cruellement sentir alors que le soleil est presque couché.

Voyez les ombres qui s'avancent inexorablement.

C'est dans la crépuscule tombant que nous finissons harassés par revenir à notre point de départ, soit le mirador en face de l'hôtel. Le combo froid, l’effort intense et l’altitude ont raison de moi, et c'est grelottant de froid que je vais me coucher le dîner à peine entamé (c'est bien le signe que ça ne va pas bien). Heureusement les chambres sont équipées de poêles à bois, et la flambée que nous faisons transforme vite notre chambre en vrai fournaise, de quoi réchauffer nos corps transis. C'est dans les draps surchauffés et épuisés que nous nous endormons, fiers tout de même d'avoir autant marché avec des paysages incroyables pleins les yeux.

Notre géhenne personnelle
18
août
18
août
Publié le 30 septembre 2017

Après l’éprouvante balade qu’Alex vous a racontée , nous trouvâmes un peu de repos dans la ville de Baños. Puis sans tarder nous partîmes pour Cuenca, dernière étape au sud de l’Équateur, avant de rejoindre le Pérou. Ces trois jours passés dans cette grande ville, industrieuse et prospère furent placés sous le signe du contraste.

Si la ville, installée à des altitudes enfin raisonnables, ne nous a pas particulièrement enchantés , elle fut le point de départ pour découvrir enfin l’écosystème si particulier du Paramo, dont nous entendions parler depuis la Colombie.


Notre expérience de Cuenca fut fortement influencée par l’accueil très médiocre de l’auberge de jeunesse où nous avons trouvé refuge. Ouverte au 4 vents, dortoirs trop peu aérés, lit superposés trop peu ferme, cuisine non équipée… bref un certain déplaisir nous a saisis . Surtout le soir, où désirant cuire notre petite préparation, pfffiut plus de gaz ! et pas de deuxième bouteille pour remplacer la première. Nom de Zeus.

La ville n’est en soi pas désagréable, mais l’absence de soleil, et puis peut-être aussi une certaine lassitude des villes en damiers d’origine coloniale, n’ont pas réussi à nous la rendre aimable. Certaines maisons sont pourtant soignées, et la brique fait pour la première fois son apparition. Mais globalement la protection du patrimoine, à l’exception notable des édifices religieux ne constitue pas réellement une priorité. Mais peut-on les en blâmer ?

La cathédrale arbore également une série de coupoles tout à fait intéressante.

Nous décidons donc d’aller chercher la nouveauté ailleurs. Nous reprenons la route et nous nous arrêtons dans un parc naturel installé à 4 000 m d’altitude pour découvrir le Paramo. Cet écosystème unique, présent seulement en Colombie et en Équateur constitue un défi aux dures lois des climats glacés. En effet, malgré cette altitude qui interdit partout ailleurs dans le monde à toute végétation de pousser, une nature riche et variée parvient à se développer dans une certaine exubérance.

Les plantes et arbres que l’on y trouve sont capables de survivre à des températures extrêmes et résister aux vents glacés des cimes. Plantes grasses proches des agaves, arbres torturés faisant naître des ambiances mystérieuses, mousses formant un sol spongieux, la balade offre d’innombrables découvertes.

Mais c’est bien l’eau qui constitue ici la clé de cet ensemble si particulier. Apportée par les pluies nombreuses ou le simple dépôt d’un léger crachin que le nuage dépose lorsqu’il vient buter sur les hauteurs, elle trouve dans cette végétation un sanctuaire. Tout est fait pour retenir la précieuse ressource, ici au creux d’une feuille, là dans les alvéoles de mousses spongieuses. Splotch splotch, pas de doute, le sol est détrempé.

Un cactus en fleur 

Cette nature si particulière conserve la vie liquide et la libère goutte à goutte. Si bien que ces hauteurs, relativement petites en terme de surface représentent 40 à 50% des réserves aquifères de ces pays. Le lent filtrage assuré par la végétation rend cette eau cristalline et prête à consommer.

La faune n’est elle-même pas en reste. Les grenouilles pullulent et on trouve même un petit colibri, de couleur sombre qui réside malgré cet environnement d’apparence inhospitalier. Il y a quelque chose de tout à fait fascinant dans ces paysages, un peu irréels, rappelant quelques choses des landes des îles britanniques, ou le centre Bretagne les jours de brouillard et de pluie. De quoi s’évader.

Voici que déjà s’achève notre rapide traversée de l’Équateur. Demain nous partons pour le Pérou, traversons une nouvelle frontière, prêts pour de nouvelles aventures.

22
août
22
août

Pour nous rendre au Pérou, nous optons pour un trajet bien long mais nous amenant directement jusqu'à Chiclayo, temps de trajet : 15 heures. En prenant en compte le passage de la frontière, où nous sommes restés bloqués pas loin de 3 heures, entre la douane et l’immigration. Il semblerait que tous les bus arrivent à peu près au même moment, aux environs de deux heures du matin, forcément avec seulement deux employés d’immigration présents, ça bouchonne.

Bref nous arrivons à Chiclayo. Seul événement notable, notre rencontre avec une française ostéopathe fort sympathique, sur la fin de son voyage. Une soirée amusante passée sur un banc de la place faute de bar où se poser. Le lendemain nous tentons d’aller visiter un musée seul point d’intérêt des environs : manque de chance, c’est le jour de fermeture. Chiclayo n’aura décidément été qu’une simple étape sur notre route en direction de Chachapoyas

Un bus de nuit plus tard nous atteignons Chachapoyas au petit matin. Petite ville coloniale, le centre historique est charmant avec ses bâtiments chaulés arborant des balcons et encorbellements tout de bois.

La lumière jaune ne rend pas hommage aux murs blanchis... 

Aussitôt arrivés nous bookons un tour vers les cataractes de Gocta, un des principaux sites des environs. Nous avons juste le temps de trouver un hôtel et d’avaler un petit déjeuner avant de sauter dans un mini van en direction de Cocachimba. C’est parti pour deux bonnes heures et demi de marche dans un paysage de vallées couvertes de végétations, où les nuages s’accrochent paresseusement aux cimes.

Nous suivons le flanc de la montagne, pour nous approcher petit à petit de la chute. Le groupe formé au départ, ne tarde pas à éclater, chacun marchant à son propre rythme. Il n’y a pas à dire, c’est vert. Nous ne cessons de croiser, ruisseaux et petites cascades, qui vont se jeter en contrebas jusqu’à rejoindre le Río Uctubamba.

Après avoir manqué de glisser sur la roche rendue glissante par l'eau et la boue, nous arrivons enfin au pied de la cascade. Malgré le peu enthousiasme de Simon nous nous approchons au plus près. C'est impressionnant, au pied, l'eau ne forme plus un flux continue mais un immense nuage. Les millions de gouttelettes en suspension viennent s'écraser sur nous, il souffle un vent perpétuel généré par le mouvement de l'eau , et de temps en temps de grandes bandes remontent les parois adjacentes. Une vraie fabrique à nuage !

Puisqu'on est pas des feignasses nous repartons d'un bon pas en sens inverse. Cette fois, une grâce divine semble s'emparer de moi puisque nous allons faire le trajet en à peu près 1h30 ! Rendez-vous compte, j'en suis venu à presser Simon. Le pied léger et le pas rapide nous remontons pentes et escarpements, sans une seconde de pause. C'est une véritable épiphanie, je confesse à Simon avec surprise, que finalement marcher n'est pas si atroce que ça, c'est presque plaisant. Il faut dire que comparé au Quilotoa tout cela ressemble à une balade de santé, mais serait-ce là le signe annonciateur d'une transformation plus profonde ?

Pour ne pas changer nos habitudes de vie saine, juste avant de revenir à Cocachimba, nous nous arrêtons pour profiter d'un verre de jus d'orange frais et pour gouter un fruit nouveau et intriguant le Pitajaya. Sachez que c'est un fruit de cactus qui ne se récolte donc qu'une fois l'an. La chair est douce, sucrée et fondante. Un vrai délice !

C'est le fruit jaune dans la coupe, attention il peut encore avoir des épines ! 

Un déjeuner roboratif sur place et nous voici de retour à Chachapoyas, prêt à planifier notre excursion du lendemain. Direction : Les ruines de Kuelap !

23
août
23
août

Le lendemain de notre escapade nature aux gorges de Gocta, nous décidons de nous diriger vers Kuelap. Joyau archéologique de la zone, on nous annonce une ancienne cité fondée bien avant l’arrivée des incas par les Chachapoyas. Ce peuple puissant installé au nord du Pérou, à cheval sur les Andes et les franges de l’Amazonie a connu son heure de gloire entre le Xème et XVème siècle de notre ère. Les incas mettront des années à les intégrer à l’empire, faisant face à une résistance acharnée. Redoutables combattants, leur nom en langue Quechua signifie « guerrier des nuages ».

la vue depuis les cimes, derrière nous, la ville  

Ils avaient en effet l’habitude de construire leurs cités en haut de promontoires, à des altitudes élevées. Kuelap fait partie de ces cités. Elle sera retrouvée très tardivement, explorée et fera l’objet de fouilles archéologiques à partir des années 1930 seulement. On comprend qu’elle ait pu disparaître des radars, tant elle échappe aux regards du haut de ses 3000 mètres et tant il faudra faire preuve d’endurance pour aller la visiter. Jusqu’à peu seul un chemin caillouteux, grimpant en lacets sur près de 1200 mètres de dénivelés permettait de l’atteindre.

Pour valoriser le site, et développer le tourisme dans cette partie du pays, un téléférique vient d’être achevé. Flambant neuf, il franchit une vallée vertigineuse et remonte ensuite, pendant presque 20 min, la montagne sur laquelle les Chachapoyas ont bâti leur ville. A la vue du petit chemin en contrebas, on est heureux de l’investissement réalisé.

Arrivés tout en haut, la vue sur les vallées environnantes est époustouflante. On saisit alors en partie la portée symbolique et religieuse de la ville, qui est improprement qualifiée de forteresse. Il ne s’agissait pas d’une garnison, visant à défendre et guetter l’envahisseur, mais d’une ville, où un culte important devait être pratiqué et drainait d’importants échanges avec d’autres citées voisines. L’immense mur d’enceinte fait penser à une fortification, de même que les rares accès très étroits assurant un contrôle étroit des entrées. Mais l’enceinte aurait surtout permis à constituer une immense terrasse plane propice à la construction des habitations et maîtriser ainsi un relief accidenté.

Une fois passée l’une des portes, nous arrivons dans la partie basse de la ville en contrebas de la zone noble et du temple. La culture Chachapoyas affiche sa singularité par l’édification d’habitations parfaitement circulaires, à la différence des incas qui privilégient le rectangle. Il ne reste bien entendu que les fondations de ces habitations, mais l’œil néophyte comprend leur agencement, à l’œil nu, le long de rues sinueuses.

sur la photo de droite, le bâtiment conique n'est autre que le temple de la ville

Le site reste relativement peu connu, nous y étions à peine 15 ou 20, et nécessite encore un travail de valorisation. Dans une volonté évidente d’équilibrer reconstitution et conservation du site tel qu’il a été découvert, une grande partie des arbres qui devaient envahir les lieux ont été conservés. Si bien qu’à la vue des lamas qui paissent tranquillement au milieu des pierres, se dégage de l’ensemble quelque chose de furieusement romantique.

24
août
24
août
Publié le 13 octobre 2017

Après Kuelap et les cimes ennuagées, nous nous dirigeons enfin vers des altitudes moindres pour atteindre Yurimaguas, petite ville portuaire située sur le fleuve Huallaga, un des nombreux affluents de l’Amazone.

Le trajet est des plus impressionnants, nous descendons les Andes sur des routes escarpées en lacets infinis , et soudain sans que l’on s’en soit rendu compte le climat change. L’air se fait plus chaud, moins sec et la végétation évolue. Au milieu des broussailles et des cactus apparaissent d’autres essences, bananiers et autres plantes tropicales aux fleurs multicolores font leur apparition. C’est proprement stupéfiant, de voir un tel mélange de plantes qui dans notre imaginaire correspondent à des zones géographiques et climatiques totalement distinctes, inimaginable en France.

Au fil de notre trajet, alors que nos mini-vans s’arrête pour déposer et rembarquer de nouveaux passagers - le moment où nous prendrons 4 musiciens avec leurs instruments alors qu’il n’y a plus de place sur le toit, et que 3 sièges libres reste dans nos mémoires, il fait déjà chaud atrocement chaud dans le véhicule…- le relief s’amenuise, nous roulons dans des territoires mamelonnés et soudain : la perspective s’ouvre totalement, nous sommes sur le dernier relief et devant s’étendent des plaines à perte de vue avec au loin le doux miroitement émeraude de la jungle. C’est officiel nous sommes sortis des Andes, et dans quelques heures nous pénètrerons dans l’Enfer vert.

et donc moi je suis assis derrière ces deux personnes avec 3 autres passagers à ma gauche 😉

Nous passons la nuit à Yurimaguas et sur les conseils de l’hôtelier de Chachapoyas nous nous dirigeons vers un petit hôtel situé au bord du fleuve, dont les pilotis s’enfoncent dans l’eau, tenu par Winston. Cliché du Péruvien tirant son épingle du jeu, il est énorme et bien entendu un fieffé roublard. Il nous propose bien vite de faire un tour dans la jungle en passant par son agence alors même que nous avons réservé pour un tour depuis Iquitos. Mais ses arguments sont chocs : nous deux seuls avec notre guide, un tour en pirogue, un peu moins cher que la concurrence et surtout directement dans la réserve de Picaya Samiria. Forcément, après d’âpres négociations nous cédons.

Notre tour booké, nous pouvons profiter des hamacs, de la chaleur, de la vue sur le fleuve avec les pirogues et autres navires qui passent et des moustiques qui font leur retour en fanfare.

La vue depuis le balcon, plutôt sympa pour y bouquiner dans la moiteur du soir tombant

C’est impressionnant, le fleuve est large, rapide, chargé de débris végétaux arrachés par les pluies en amont et l’eau est d’un marron impénétrable. On imagine sans peine des hordes de poissons, tous plus étranges, folâtrer dans les flots. A la nuit tombée ce sont les chauves-souris qui font leur entrée, profitant des appâts à moustiques que nous sommes, pour se rassasier.

Que dire de Yurimaguas ? C’est une ville de moyenne importance, surtout lieu de transit vers le reste de l’Amazonie. On y découvre le rythme de la jungle. Dès 9/10h tout ralentit à cause de la chaleur et du soleil écrasant. Ici point de voiture, il y a trop peu de routes, tout se fait en moto et motoratones ou en embarcations.

Quelques moto-ratones à l'angle de la place et une des nombreuses cuisinières de rue, un bonheur pour notre cholestérol. 

C’est d’ailleurs dans ce qui tient lieu de port, à l’aube, que nous embarquons sur la « lancha rapida » - comprenez rapide par rapport au ferry qui fait le trajet jusqu’à Iquitos en 3 jours. Nous voilà en direction de Lagunas, le point de départ de notre trek en forêt. C’est parti pour 4 heures dans ce qui est tout simplement une pirogue boostée aux stéroïdes. Une grosse centaine de passagers peuvent monter à bord, dans des sièges de récupération, le tout fait à peu près 2,5 / 3 mètres pour une longueur qu’on estime à environ 50 mètres. L’embarcation est bien entendu surchargée tant de passagers, que de marchandises. Le fleuve étant la seule voie d’accès tant pour les passagers que pour l’approvisionnement.

Une autre lancha rapida croisée sur le fleuve 

Alors que le soleil éveille au long de sa course des milliers de reflets sur les eaux turbides du fleuve, nous avançons à bon rythme en suivant le courant, nous arrêtant régulièrement pour desservir les nombreux hameaux sur les rives. Nos zigzags à travers le fleuve nous laissent supposer l’existence de multiples hauts-fonds et autres bancs de sable. Information confirmée quelques jours plus tard par un couple de touristes. Leur barque s’est échouée sur l’un d’eux et ils y sont restés bloqués deux nuits en attendant qu’un autre bateau ne vienne les récupérer. D’autres français nous feront le récit de leur accident, leur lancha en percutant une autre en plein milieu de la nuit. Les passagers furent contraints de se masser à l’arrière du véhicule, afin d’éviter que l’eau ne rentre par l’avant embouti. De quoi nous conforter dans notre idée de ne voyager que de jour…

Nous arrivons enfin à Lagunas, pour y rencontrer Mario et Magali nos guides pour les 4 jours à venir. Ni une, ni deux nous partons vers l’entrée du parc pour récupérer la pirogue et enfin nous aventurer dans la sombre masse de la jungle Amazonienne…

26
août
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Publié le 14 octobre 2017

Une grande camionnette tirée par une moto peine à nous contenir tous les quatre avec l’équipement qui nous accompagne dans la réserve. Notre sac personnel est, lui, réduit au minimum, nous allons passer 5 jours dans la jungle, loin du monde, nous ne conservons que l’essentiel, à savoir quelques vêtements et la trousse médicale au complet. La nourriture ainsi que l’eau nous ont suivis depuis Yurimagas dans la lancha rapida. A cela s’ajoute un bon paquetage pour faire la cuisine, ainsi qu’un petit matelas et des draps.

Nous avançons depuis le village jusqu’au point d’entrée de la réserve Picaya Samiria. Il est déjà assez tard, la lancha nous a déposés vers 13h, le temps de se rafraichir, de manger et de préparer le paquetage, nous arrivons à l’embarcadère vers 15h30. Le temps de s’enregistrer, le garde nous explique que la réserve fait près de 2 millions de Km2 et qu’elle dispose de 5 points d’entrée officiels. Celui que nous empruntons est l’un des moins empruntés. Ici passent par mois autant de touristes qu’il n’en entre du côté d’Iquitos chaque jour.

Nous découvrons alors notre embarcation, une longue pirogue à peine large de 70 cm et longue de presque 8 mètres. Un tapis de bambou offre un sol solide. Après avoir rempli la pirogue, au milieu d’une nuée de papillons jaunes et oranges, Mario à l’avant et Magali à l’arrière nous montons, l’un après l’autre sur le frêle esquif. L’ensemble se révèle plus stable qu’il n’y paraît. Et une fois les premiers coups de rames donnés à l’avant par Mario, nous partons pour de bon.

Nous empruntons un petit ruisseau à peine large d’un mètre et demi. La végétation particulièrement dense s’échappe depuis les rives et grimpe à l’assaut du ciel dans un fatras de branches et de feuilles. C’est un monde sans repère qui s’ouvre à nos yeux. Croire à la terre ferme des bords que nous pouvons encore toucher est illusion. Tout ici est fonction des caprices des cieux. Le niveau de l’eau varie très fortement, selon que la pluie venue des Andes s’est déversée plus fortement les jours passés. D’un jour à l’autre nous voyons l’eau varier, monter pour ce qui nous concerne. En saison des pluies, il faut rajouter 3 à 6 mètres d’eau au dessus de notre niveau actuel. On comprend alors que l’idée de toute terre immergée est relative et chimérique. Et que toute la nature, faune et flore, est habituée à ces variations s’adaptant au gré des flots.

Le courant assez fort nous emporte patiemment. Il faut 5 heures environ pour arriver à un premier refuge appelé Gloria. Il faut toute l’endurance de nos deux pagailleurs et la dextérité de Mario pour se faufiler ainsi au travers des lacis et méandres du fleuve qui s’élargit peu à peu. Le rio est jonché de troncs qui doivent être évités pour ne pas risquer le pire, être renversés. On comprend tout le sel de se déplacer à hauteur de pirogue, au bruit de la pagaie, à entendre ainsi le murmure de la forêt que les dernières heures du jour amplifient.

Un son particulier nous arrête un peu plus loin, le son ralenti d’une grenouille nous parvient d’un peu plus haut dans le fourré, à plusieurs mètres au dessus du sol. L’œil perçant de Mario nous indique qu’il s’agit d’un serpent arboricole qui a attrapé une grenouille, qui tente désespérément de s’échapper. Mais on comprend que le venin a déjà commencé son œuvre et que la pauvre bête, malgré ses efforts pour se dégager, tenue fermement par une pâte, ne passera pas la nuit.

Les premiers morphos, ces immenses papillons bleus apparaissent. Ils volètent nous dépassant rapidement pour aller se poser sur une grande branche et y passer la nuit. Ces immenses ocelles sont autant d’yeux qui vous observent pour effrayer les éventuels prédateurs. Là encore Mario nous épate, à la fois concentré sur le cheminement de la pirogue et sur la nature alentour, il fait pivoter la pirogue pour nous faire observer notre première tarentule. Le séjour ne fait que commencer.

Les insectes sont nos amis, lalala....

Alors que nous approchons du camp Gloria le crépuscule nous rattrape. Nos lampes de poche peuvent enfin libérer toute leur puissance, mais elles restent bien pâlottes face à la torche surpuissante de Mario. Nous fendons les eaux au seul bruit des rames, le chant de la forêt se modifie au soir tombant et se fait plus calme. Les animaux diurnes se préparent à dormir tandis que les nocturnes ne sont pas encore tout à fait réveillés. C’est alors que nous apercevons des lueurs rouges au ras de l’eau, toujours pas paire. Il s’agit des yeux des caïmans nous renvoyant la lumière de nos torches ! Rassurez-vous, dans la zone où nous sommes seuls croisent les plus jeunes, le faible tirant d’eau gêne les adultes, plus grands , qui restent dans les profondeurs du parc à plusieurs jours de barque. Du moins le croyions nous…

Pour ravir nos yeux de touristes, et satisfaire notre soif de sensations fortes, Mario toujours plein de ressources, décide d’en attraper un pour que nous l’admirions de plus près. Il faut dire ce qui est, même petit, ils restent impressionnants, s’ils ont le ventre aussi doux que leurs cousins sans pattes, la peau de leur dos est en revanche déjà dure et rugueuse, de vraies machines à tuer. Une certaine émotion a saisi Simon quand Mario lui a tendu la bête, en lui disant de serrer très fort ! Petit frisson.

Excusez la piètre qualité de la photo, de nuit, sur une barque, avec l’émotion, la mise au point est difficile
27
août
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Publié le 17 octobre 2017

Première nuit dans la jungle au campement de Gloria, le plus aménagé de tout ceux que nous verrons. En effet nous avons droit à un lit avec une jolie moustiquaire déjà en place, il y a un espace douche / toilettes un peu plus loin et les différentes chambres sont séparées par des palissades jusqu’à hauteur de tête, ambiance openspace dans l’amazonie.

C’est le moment de papoter avec d’autres visiteurs, pendant que Magalie s’occupe de la cuisine, tout au feu de bois ! Au menu : riz, œufs, patacon et légumes. Le tout accompagné de quelques boissons chaudes pour nous requinquer.

Il est bientôt 22h, le soleil est couché depuis longtemps et nous ne tardons pas à faire de même. Le temps de déballer nos petites affaires et faire la chasse aux quelques insectes, arthropodes et autres arachnides empêtrés entre le matelas et la moustiquaire, ou plus simplement posés sur les palissades. La phase de mithridatisation à l’égard des araignées est officiellement commencée. Sachez que souffler sur une araignée la fait fuir immédiatement, le seul problème est que la direction est plutôt aléatoire. Au final nulle autre solution que de cohabiter tant bien que mal avec elles.

elle n’est pas si grosse que ça en fait, à peine deux phalanges pour le corps !

Réveil difficile aux alentours de 6h30. Le soleil est déjà levé, les oiseaux chantent, les singes crient. Tous s’agitent, et il est temps de prendre un petit déjeuner rapide avant d’embarquer, il nous reste encore beaucoup de fleuve à parcourir avant le campement du midi.

On range tout et hop à bord de la pirogue ! Nous prenons le rythme, et nous nous contentons d’admirer le paysage, pendant que nous avançons rapidement toujours au fil du courant. Déjà nous sentons que nous avançons plus loin dans le parc, les oiseaux sont plus nombreu, que ce soit les rapaces (aigles et autres vautours), des espèces semblables à des cigognes au long coup graciles ou encore d’autres proches du martin pêcheur , aux couleurs légèrement différentes.

Des oiseaux, encore des oiseaux. Qui aurait cru voir des rapaces en pleine jungle ?

Mais surtout nous voyons nos premiers singes. Mono negro, mono rojo, mono fraile, c'est une vraie parade !

Nous ne cesserons d’en voir et d’en entendre tout au long de ces quelques jours. Les plus facilement visibles sont aussi les plus petits : les mono frailes (singes moines, sûrement ment en raison de leur crâne chauve...), sachez qu’ils vivent en colonie et forment des alliances avec des groupes de mono negros. Ceux-ci plus gros, mais d’un naturel moins curieux et moins joueur restent plus à l’intérieur et sont moins facilement visibles. Ils suivent donc les groupes de mono frailes qui trouvent avec plus d’aisance de la nourriture, en échange ils les protègent contre d’éventuels prédateurs et notamment les mono rojo, eux aussi plus imposants. On les appelles aussi singes hurleurs, et c’est le soir et au matin qu’on les entend le plus.

Il y a aussi quelques singes araignées, à la queue longue, fine et très agile, de vrais acrobates ! 

L’heure tourne et alors que nous avançons, Mario nous propose de tenter de pêcher pour agrémenter notre déjeuner, et nous allons pêcher du piranha ! Il faut d’abord trouver de quoi les attirer, Mario se penche donc alors que nous longeons les rives à la recherche d’un poisson innocent et apte à nous fournir la chair propre à éveiller l’appétit de nos petits charognards. C’est alors que nous croisons les filets d’un pêcheur, apparemment habitué et connu de nos guides, dans ses rets s’est retrouvée bloquée une raie de belle taille. L’occasion pour Mario de nous déconseiller fortement de nous baigner dans l’eau, entre les raies aux aiguillons empoissonnés, les anguilles électriques et autres poissons curieux à cause de leurs dents, la baignade n’est pas forcément de tout repos. Honnêtement, l’idée ne nous serait pas venue à l’esprit…

La raie prise dans les filets, au moins elle aura échappé au harpon...

Toujours est-il qu’il finit par harponner la victime idéale pour nous servir d’appât. Quelques coups sur le plat bord pour l’assommer et voici le poisson proprement écaillé et découpé en petits morceaux, prêts à être enfilés sur nos hameçons. Point de matériel technique ici, un bout de bois fin et long, du fil de pêche incassable, et un hameçon des plus basiques, avec pour le plus recherché quelques barbillons, suffisent à notre affaire. Il faut dire que le piranha n’est pas le plus fin des poissons à défaut d’être terriblement vorace. Nous perdons quelques morceaux de viande le temps de comprendre la technique, et ensuite nous faisons nos premières prises ! Grande découverte pour nous : les poissons font du bruit, et pas qu’un peu ! De plus ils mettent un temps fou à cesser de gigoter dans tous les sens, gare aux doigts, ils mordent et pas qu’un peu ! Pendant près de 15 minutes après la prise, même quand ils ne bougent plus du tout, le réflexe de morsure reste présent. Notre pauvre sac orange en aura fait les frais, et nous avons désormais un joli trou de piranha dessus.

Cette espèce a un joli ventre rouge, comme dans la BD ! 

Nous arrivons enfin au campement du déjeuner armés de nos piranhas. Ce lieu nous servira de refuge pour la nuit du lendemain lorsque nous serons sur le retour. Mais nous voulons surtout déguster nos prises ! Et hop du piranha à la estufada, préparé une fois encore au feu par Magalie. Autant le dire tout de suite, le poisson en lui-même est plutôt décevant. Le goût n’est pas très prononcé, et le pauvre n’a que la peau sur les écailles. On comprend pourquoi le Marsupilami en mange autant pour être rassasié ! Mais l’expérience est tout de même amusante, et vient donner un peu de relief au riz et au sempiternel patacon.

Une cuisine avec tout le matériel et confort moderne !

Nous profitons du temps du déjeuner pour nous reposer un peu, oui même ne rien faire est épuisant sur une pirogue, avant de reprendre le fleuve en direction du campement pour la deuxième nuit.

28
août
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Reserva Nacional Pacaya Samiria

A hauteur de pirogue (3)

Publié le 18 octobre 2017

Nous sommes toujours sur le fleuve – surprise !- et admirons de nouveaux animaux. Cette fois c’est le tour des Arras, des jaunes (les plus basiques) mais aussi des rouges (plus rares). Mario est aux anges c’est son animal préféré. Il finit de confirmer nos doutes concernant une greffe d’yeux de lynx quand il repère des paresseux ! Il faut vraiment avoir l’œil, leur immobilité et leur couleur de mousse, conjugués au contre jour le rendent particulièrement difficile à repérer !

Le carnaval des animaux de Saint Saëns fait pâle figure face au défilé devant lequel nous sommes. Nous voyons au loin de nombreuses tortues, se chauffer la couenne au soleil, perchées sur leurs troncs. Pas folles les tortues, elles se méfient des humains qui les chassent encore trop, tant pour leur chair que pour leur carapace. Au moindre bruit, elles se jettent à l’eau si bien que souvent nous ne voyons que les éclaboussures qu’elles soulèvent alors que nous passons un méandre. Mais les reflexes aiguisés de Simon ont permis quelques clichés.

Les farouches et rapides tortues ! 

Alors que le soleil baisse à l’horizon et que la chaleur se fait plus supportable, nous remarquons les papillons qui se pressent autour de nous. Entre la terre de nos chaussures et notre transpiration il y a là plein de sels minéraux dont ils raffolent. Le moment parfait pour qu’Alexandre fasse preuve de ses talents de princesse Disney, admirez avec quelle facilité il attrape une fois encore les lépidoptères !

Cette mariposa a beau nous danser tout autour, elle ne perd pas ses couleurs ! 

Enfin nous arrivons en vue de notre campement pour la nuit. En raison d’une sombre histoire de vol de touristes il y a quelques semaines, nous ne pouvons dormir à l’intérieur. Nous passerons donc la nuit sous le bâtiment, à l’abri dans la moustiquaire fournie par l’agence et sur un matelas des plus mince. Confort sommaire mais confort tout de même. Nous partageons les espaces communs, mais pas la cuisine déjà utilisée, avec un des surveillants du parc et une famille de passage. Les locaux traversent encore le parc en pirogue pour livrer ou aller chercher des marchandises.

Sachez que chaque guide officiant dans le parc est tenu d’assurer, par roulement, une semaine de surveillance dans un des points de contrôle du parc. Mario nous raconte quelques histoires parfois sordides. Il y a de ça à peine quelques années, ils ont failli en venir aux armes face à un groupe de braconniers tronçonnant et arrachant des essences protégées. Dans les années 90 ce sont trois guides qui furent tués par des braconniers. Les animaux aussi sont parfois la cible de ces "amoureux" de la nature et surtout de ses richesses. Le métier de guide n’est décidément pas sans risques…

Quelques pirogues bien plus chargées que la notre 

Mais place à la poésie, sur les berges c’est une nuée de papillons qui nous attend ! Un nuage jaune et or qui s’envole alors que nous approchons. Ce qu’on peut voir dans les films romantiques ? La même chose mais en mieux. Pour vos beaux yeux nous avons réussi à capturer un des plus beaux spécimens des environs, un papillon énorme, à peu près la taille de la main, aux couleurs chatoyantes au possible, si quelqu’un connaît son nom dites le nous !

Alors que nous béatifions devant les merveilles de la nature, Mario toujours aussi efficace prépare le feu pour que nous puissions cuisiner et manger nos derniers piranhas. En quelques minutes il coupe du bois humide pour en sortir des copeaux bien fins et bien secs, de quoi enflammer rapidement et efficacement du petit bois et quelques bûchettes plus sèches issues des sous bois. Il n’y a pas à dire, faire du feu ça s’apprend, et quand on sait le faire, ça s’enflamme en un rien de temps.

le feu préparé, et quelques minutes plus tard, le thé à l'ananas (écorce plongée dans l'eau bouillante) est en préparation 

Mais peut-être avez vous remarqué l’enclos étrange, plein de sable et aux multiples bosses juste en face de la cabane ? Figurez-vous qu’il s’agit d’une couveuse à tortues ! L’espèce étant en danger, tant du fait de la chasse que de ses prédateurs naturels, un grand plan de sauvegarde est en place. Chaque point de contrôle possède sa couveuse, charge aux guides de récolter des œufs au cours de leurs pérégrinations et de les ramener. Ici, elles seront à l’abri jusqu’à leur éclosion sous l’œil attentif et bienveillant des touristes et des gardes du parc. Nous sommes arrivés trop tôt pour les voir éclore, il leur manque encore quelques semaines avant qu’elles n’agitent leurs petites pattes en direction de l’eau.

Le soleil couché, et nos ventres remplis il est temps de faire un brin de toilette avant d’aller dormir, nous décidons d’imiter nos guides et d’aller nous laver à la bassine avec l’eau du fleuve. Emotions fortes garanties… entre le noir, le tronc glissant pour s’avancer dans l’eau, les yeux rouges flottants à quelques mètres de là et la peur de mettre le pied sur une raie ou une anguille en cas de glissade, il est difficile de ne pas se torde d’un rire nerveux en permanence. La glissade de Simon à se casser le coccyx avant d’entrer d’en l’eau n’a rien arrangé, même si j’étais un peu plus seul à rire comme une baleine. Mais au final la fraicheur de l’eau et cette communion avec la nature n’a fait que nous revigorer et nous fouetter les sangs, en plus de nous nettoyer bien sûr.


La communion avec mère nature connaitra sa limite quand le lendemain aux alentours de 6h les poules se mettront à chanter à quelques mètres de nos têtes. De quoi assurer un réveil matinal et de bonne humeur… !

29
août
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reserva nacional picaya samiria

A hauteur de pirogue (4)

Publié le 20 octobre 2017

Un peu éreintés après cette dernière nuit, réveillés par l’orage puis par le coq, c’est la tête pas tout à fait sortie des brumes que nous partons à trois pour une première promenade en forêt. Fini la position de pacha, négligemment allongés sur sa pirogue, à observer des abords sans prendre le risque de poser le pied. Il faudra faire preuve de dextérité. Car dés notre arrivée sur la berge, nous devons traverser un petit ruisseau, en passant sur un tronc suspendu à 4 mètres du sol. Petit moment de bravoure dans cet environnement hostile, où personne, mais alors vraiment personne n’a envie de se casser une jambe. La simple idée d’un retour en pirogue de 2 jours, à souffrir le martyr, vous fait vous sentir aussi agile qu’un trapéziste.

Une fois cette épreuve initiatique passée, la promenade sur un chemin humide et boueux, couvert d’une épaisse couche de végétaux en décomposition, s’avère assez laborieuse. La vue est nettement moins dégagée, encombrée par l’embrouillamini de lianes et de troncs cherchant à se faire une petite place au soleil.

Tout en haut sur la canopée, les singes s’amusent. C’est de là que nous pouvons voir d’assez près les singes les plus imposants de la région. Ils sont plusieurs à nous observer d’en haut, puis par le truchement de quelques lianes à s’éloigner.

La encore les capacités de Mario à nous guider dans ce dédale végétal est tout à fait saisissant. On comprend néanmoins que pour bien sécuriser le trajet de retour, il pratique très régulièrement de petites entailles dans les arbres alentours. Autant de petits cailloux pour un petit poucet à machette ! Nous croisons sur notre chemin une termitière, que Mario s’amuse à légèrement abimer. Il est assez frappant de constater 10 min après, au retour que les petits trous réalisés sont déjà refermés.

Bien sûr nous restons proprement coi devant le gigantisme de certains des grands arbres que l’on observait depuis la pirogue. Incapable de s’accrocher en profondeur dans une terre imbibée d’eau et donc mouvant, l’arbre déploie alors ses racines en surface comme autant de contrepoids, lorsque le vent souffle. Ces méandres de racines, aussi larges que des troncs, sur des dizaines de mètres forment un lacis mystérieux, mais dont on comprend, au nombre d’arbres à terre qu’il ne suffit pas à garantir une longévité centennale.

Un peu plus loin, Mario découpe un gros fruit, assez dur, entièrement percé de petites alvéoles. A l’intérieur une graisse végétale proche de la noix de coco, constitue la nourriture privilégiée de grosses larves blanches qui s’y développent à l’abri des prédateurs. Hop en bouche, notre première larve, étrange sensation, que ce corps mou qui éclate en bouche, et qui laisse un petit gout coco ! miam miam

Au retour, face au courant, Mario a besoin d’un peu d’aide. Simon remplace donc Magali, restée au campement pour préparer le petit...

Nous tenterons une promenade en forêt, mais de nuit, sans photo cette fois. Beaucoup de grosses araignées ayant étendues leurs toiles, souvent au milieu du chemin. Peu de bêtes, pas de serpent, rien, le calme plat, jusqu’à ce que nous arrivions à un petit marais, au clair de lune. Des dizaines de petits yeux nous entourent, alors que nous tenons dans un fragile équilibre sur un gros tronc d’arbre. Nous prenons le temps de regarder quelques petits singes nocturnes qui s’amusent à voir nos petites lumières.

Et puis soudainement, dans le silence relatif de la jungle nocturne, un énorme bruit, de fond de gorge et de bulles d’eau. Quelque chose de massif et de relativement proche. Nous regardons Mario, un poil surpris, avant d’être inquiets quand il nous explique qu’il s’agit d’une Maman crocodile, et qu’il ne faut pas traîner . Contrairement à ses petits qui dépassent rarement les 70 cm de long, on parle là d’une bête de 3 à 4 mètres, capables de se cacher dans l’eau, et de nager à toutes vitesse, comme de courir sur la terre ferme. Bref un vrai prédateur qu’il ne faut pas tenter. Nous ne verrons rien de la bête, mais le pouvoir de suggestion de ce bruit, très distinctement entendu, aura fait son œuvre. Nous ne trainerons pas !

Les promenades sur la terre ferme n’ont pas vraiment les mêmes charmes, soyons honnêtes, que la visite à hauteur de pirogue, et pas seulement parce qu’elles nécessitent un poil plus d’énergie !


Il est déjà temps de remonter le fleuve, pour retrouver le chemin de la civilisation. Encore l’occasion de profiter de quelques merveilles de la faune. Arrivés dans un petit lac, deux petits dauphins d’eau douce, passent à proximité. Ce sont des dauphins gris, pas des roses, qu’on ne peut voir qu’un peu plus haut dans la réserve. Nous avons déjà de la chance que l’eau soit un peu montée ces derniers jours, permettant aux dauphins de remonter jusqu’au lac, qui dispose d’assez de profondeur pour les accueillir. Un très gros plouf ! c’est un paixé, le plus grand poisson d’eau douce, jusqu’à 2 mètres et plusieurs centaines de kg qui vient de sauter. Délicieux paraît-il, même si sa pêche est prohibée.

Un peu plus loin encore un envol de papagayo nous émerveille à nouveau

Mais pas autant que ces deux loups de rivières, de grosses loutres, qui entrent et sortent de leur terrier et s’amusent de voir quelques touristes. Elles crachent et nous jaugent avec leurs bouilles si mignonnes . Pas de quoi s’attendrir outre mesure, quand on les sait capables d’attaquer et de tuer un dauphin !

Dans toutes ces pérégrinations nous n’aurons pas la chance d’observer d’Anaconda. C’est une question de chance. Quelques touristes nous ayant précédés , ont pu en admirer une, se réchauffant au soleil. Au nombre de trous qu’elles font le long des berges, en fonction de la hauteur de l’eau, on les imagine très nombreuses, jaunes ou noires, tapies au fond de l’eau. Ce sera pour une prochaine fois

Dernière nuit à Gloria, le premier refuge. Comme un lent retour à la civilisation, après ces 4 jours avec nos 2 guides. Une très chouette soirée avec deux chiliens et deux catalanes, absolument hilarantes. Un excellent moment à la lumière de la bougie !

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Après notre retour à la terre ferme, nous passons une courte nuit à Lagunas, ce petit village posé au dessus du grand fleuve. Courte car le bateau « rapide » doit arriver vers 5h30 du matin pour filer ensuite jusqu’à Iquitos. Avec deux heures de retard nous embarquons sur un bateau surchargé, où nous trouvons à peine deux places bien serrées. Nous arriverons à être un peu mieux assis plus tard, à la faveur d’un petit déchargement. Mais au bout des 10h de bateau, notre lassitude est particulièrement grande, et nous avons hâte, la faim au ventre, d’arriver.

Oui mais voilà en fait le bateau ne va pas jusqu’à Iquitos, il s’arrête un peu avant, à 4h de lancha de là, parce qu’une route a été construite et qu’on peut alors rejoindre la grande ville en une heure et demi. Rien de bien fameux à signaler, sauf peut-être au loin, un très beau ciel zébré d’éclairs , particulièrement bien dessinés.

La ville d’Iquitos est avec Manaus, une des plus grandes villes amazoniennes . Ici peu de voitures , elles n’auraient pas vraiment d’endroit où aller. Mais une multitude de moto ratones, ces tuk tuk qui vous prennent et vous déposent où vous souhaitez. Des deux jours sur place, plutôt dédiée au repos, une mention spéciale revient au marché de Bélem. Installé à même les rues d’un quartier plutôt pauvre, on trouve ici tout ce que la zone offre en terme de fruits les plus exotiques, mais surtout de poissons issus du fleuve. Et pas que des poissons, pourtant déjà si impressionnants. Ici on mange de la tortue et de l’alligator.

on vous épargne la vue des tortues déjà découpée, c’est assez insoutenable 

On comprend aussi pourquoi il devient urgent de protéger les œufs de tortues, ici c’est une petite douceur. On trouve de par les rues, des dizaines de vendeurs d’œufs, déjà cuits, à gober sur place avec une petite sauce plus ou moins pimentée. Ca crie, ça mange, ça démarche dans tous les sens. Les joyeuses ambiances du marché.

une rue a pour spécialité la vente de feuilles de bananier, très utilisées comme emballage alimentaire 

Il faut signaler également la petite promenade de laquelle on aperçoit au loin le fleuve Maranon qui vient se jeter dans l’amazone. Les belles maisons de la ville ont été construites, ici, avec comme spécificité ces façades en azuleros, plutôt jolies.

En contrebas, une grande plaine verdoyante qui à la saison des pluies doit être totalement inondée. En témoin de cette variation des pluies, un ancien cargo, vient s’accrocher à la colline, échoué là, formant un paysage très fitzcaraldien.


Mais voilà qu’il est déjà temps de repartir, et de clore cet intermède amazonien qui ne nous aura pas déçu. Un avion pour Cuzco doit nous permettre d’arriver à temps pour accueillir Emeline et Erwan qui viennent nous rendre visite pour un mois. L’arrivée de l’avion sur Cuzco un peu chahuté par le vent, nous laisse peu de doute sur notre destination et notre altitude. Les vertes étendues planes ont laissé la place à des paysage montagneux, particulièrement arides, aux teintes jaunes et marrons. Nous avons retrouvé les 3500 mètres d’altitude, le cœur des Andes et sa fraîcheur nocturne.

depuis la terrasse de notre petit hotel très simple, une très belle vue sur la ville
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Publié le 23 octobre 2017

Nous voilà donc au cœur des Andes péruviennes, l’épicentre de l’empire inca, la troisième ville la plus peuplée et sans doute la plus visitée du pays. Le point de départ de la quête pour retrouver les traces de cet empire qui, l’espace de 100 ans, aura recouvert l’essentiel des Andes, du nord de l’Argentine, au sud de la Colombie. Nul doute que cette emprise aurait perduré si les conquistadors ne s’étaient pas employés à en faire disparaître l’essentiel des traces.

La visite de la ville montre en creux à quel point tout fut fait pour que l’oublie puisse s’installer et tout recouvrir de son voile d’incertitude. La ville reste néanmoins atypique, par rapport à ce que nous avons vu depuis le départ de l’Argentine. La richesse architecturale de la ville est nettement plus papable qu’ailleurs. Plus grandes, plus amples, mieux conservées, les rues recèlent d’anciens palais, construits à l’espagnole, mais surtout les édifices religieux rivalisent de grandeur.

Lors de notre première promenade, nous sommes d’emblée charmés par l’ampleur des jolies places qui, connectées les unes aux autres amènent jusqu’à la place d’Armes. Sans doute la plus impressionnante et la plus belle que nous ayons vue. Les maisons disposent de beaux balcons de bois ouvragés, parfois dotées de moucharabiés qui contrastent avec la blancheur des murs. Ici le plan en damier n’a pas pu être tout à fait repris.

De fait le plan inca de la ville s’est imposé en partie. La ville sacrée installée sur un petit promontoire étroit a gardé son plan initial avec de petites rues étroites qui depuis le ciel prend la forme d’un jaguar, animal sacré s’il en est dans la cosmogonie inca. La ville espagnole et notamment la place d’armes sont venues se coller à l’ancienne ville sacrée. Les espagnols ont cependant rasé la totalité des bâtiments qui pouvaient exister et seuls les sous-bassements ont été préservés.

la petite église tout là haut, occupe la place de l'ancien temple, formant la tête du jaguar dans le plan inca   

On devine alors la très grande qualité des architectes incas, adeptes des constructions de forme rectangulaire. Les blocs de pierre immenses s’assemblent et jointoient avec une précision millimétrique. Dans nos constructions européennes , une pierre est en contact avec 4 ou 5 autres blocs sur chacun des cotés et c’est le mortier qui sert de joint. Dans l'empire inca, certains bâtiments, probablement les plus prestigieux, palais ou temples n’utilisent aucun mortier ou ciment pour tenir l’ensemble. Mais plus encore, ici les blocs associés sont de tailles très diverses, ce qui amène le bloc le plus important à posséder près d’une dizaine d’angle. Car les pierres ne sont pas accolées, elles sont étroitement imbriquées. Cette précision est sans doute responsable de la conservation de la ville espagnole qui a pu traverser les siècles malgré les séismes qui ont pu les émailler . Les bâtiments établis sur des fondations coloniales ont bien moins résisté que ceux construits sur les anciennes fondations incas.

Nous passerons beaucoup d’heures à déambuler pour admirer les beaux bâtiments à grands patios et les églises baroques construites en pierre volcanique rouge.

Mais notre point principal de ralliement fut le marché principal de Cuzco où des dizaines de marchandes proposent pour midi de quoi se sustenter à très petit prix. Ici on mange du Ceviche, du Lomo saltado où de petits morceaux de bœuf sont sautés dans une sauce aigre douce avec quelques frites molles et un peu de poivron. On trouve aussi du aji de gallina, un poulet sauté au piment doux et une sauce tomate. Mais à côté de l'allée des jus de fruits, une autre découverte attend Alexandre. Comme hypnotisé par l'apparition des gelées multicolores.

Je vous laisse juger du plaisir pris par le bonhomme dans cette petite vidéo... malheureusement le goût n'est pas tout à fait à la hauteur de l'enthousiasme initial !

Mais c’est en discutant avec une vendeuse de quinoa que nous avons découvert une nouvelle recette. Elle nous a conseillé de faire cuire notre quinoa après l’avoir abondamment rincé. A mi cuisson, y plonger des pommes de terre, saler. Une fois le tout bien cuit, on fait une purée à laquelle on ajoute un fromage de vache, une tomme assez crémeuse qui fond et file ! L’idée nous plaît tout de suite, nous allons immédiatement gouter dans l’allée du fromage la fabrication locale. Et ma fois, même si nos standards ont largement fléchi en 7 mois, des suites une douloureuse d’abstinence fromagère, ce qui nous est proposé est à la fois relativement goûteux, plutôt crémeux, et salé avec justesse. Bref nous craquons. Et nous nous satisfaisons le soir venu d’avoir ainsi découvert l’aligot péruvien…

Quelle heureuse surprise, made in Cuzco !

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Publié le 24 octobre 2017

Après deux jours à Cuzco, nous sommes rejoints par de nouveaux amis, Emeline et Erwan, prêts à arpenter les routes et chemins avec nous pendant 3 semaines. Ils nous retrouvent alors qu’ils sortent de la jungle amazonienne, mais une zone plus au sud que celle que nous avons visitée. Du vert plein les yeux et sans trop de piqûres de moustiques, nous nous attelons à définir le programme pour les quelques jours à venir. Car si Cuzco est la ville où nous avons vu le plus de touristes au mètre carré, c’est bien pour une raison, il y a énormément de sites à visiter et de choses à voir dans les environs et dans Cuzco même.

Finalement c’est assez simple nous filons vers le Machu Picchu, et nous visiterons les sites qui nous intéressent sur le retour plutôt que de faire un A/R via une agence. Débrouille et économie de temps et d’argent sont désormais nos maitres mots. Avec leur vol retour dans 3 semaines, nous sommes obligés d'adopter un rythme plus efficace, dirons-nous.

Bref, nous partons donc en taxi en direction de Hydroelectrica, dernier point d’accès par chemin carrossable en direction de Machu Picchu Pueblo (anciennement Agua Calientes). Nous traversons les paysages somptueux de la valle sagrada, avec notamment un passage par un col à près de 5.100 mètres. L’occasion de voir défiler devant les fenêtres de grandes plaques de neige.

on n’y voit goutte ! 

Mais nous n’avons pas le temps de nous arrêter et filons à travers les nuages accrochés aux parois. Bientôt nous en sortons, pour découvrir la vallée qui s’ouvre à nous et surtout la vertigineuse descente qui nous attend, toute en lacets, à dépasser de pauvres cyclistes dans les virages. Mais les vrais frissons nous touchent lorsque près d’une heure plus tard nous quittons le bitume pour une piste à flanc de montagne. Notre pilote, décidément en forme, ne ralentit qu’à peine et double allègrement que ce soit voitures, jeep ou véhicules de travaux publics.

Le joli train !

C’est rassurés et quelque peu tassés que nous descendons enfin du véhicule au point d’entrée d’Hidroelectrica. L’occasion de voir le train qui le relie à Machu Picchu Pueblo, une solution bien trop simple et onéreuse pour nous, nous préférons faire le chemin à pied. Quelques 3 petites heures plutôt plates, à longer la voie de chemin de fer dans la forêt presque jungle qui entoure le mont Picchu.

Ne prenez pas attention à Erwan, il voulait juste apparaitre sur le blog, le filou ! 

Alors que nous approchons du but, il nous semble apercevoir quelques terrasses plus loin et plus hautes, mais faute de plan nous n’arrivons pas à savoir s’il s’agit de la cité disparue ou de simples annexes.

A gauche, la ligne au milieu de la paroi, c'est une des arrivés du chemin de l'inca 

Les bus qui nous dépassent nous apprennent que nous y sommes, encore quelques mètres à longer la rivière qui coule en contrebas au milieu de rochers aux douces formes érodées, et nous arrivons à Machu Picchu pueblo. Que dire ? La ville n’existe que par et pour le site touristique située plus haut. A part des hostels, des restaurants et des échoppes de souvenirs, pas grand chose à voir ni à faire ici. Les prix sont exorbitants, la ville tellement apprêtée de similis statues et autres décorations « incas » qu’on se croirait chez Disneyland. Chambre est prise dans un hostel confortable et peu cher. Miracle : de l’eau chaude en quantité nous attend, alors que depuis le salon nous avons vu sur le fleuve.

Par contre si les trains, plus ou moins luxueux que nous voyons passer en direction de Cuzco , sont de magnifiques exemples des heures de gloire du rail, le bruit et le tremblement qu’ils provoquent sont ahurissants. Oui il est possible de faire tout le trajet en train. Solution de facilité pour les portefeuilles biens remplis...

La ligne de luxe Hiram Bingham, du nom de l’archéologue retenu par l'histoire comme le "découvreur" de Machu-Picchu

Mais le lendemain, le lever est prévu à 4h30, pour arriver au guichet d’entrée sur les coups de 5h et pouvoir enchainer sur l’heure d’ascension qui nous mènera aux portes du parc à 6h tapantes à l’ouverture. Il nous faut donc nous coucher tôt en prévision de cette ascension semi nocturne, malgré l’excitation qui nous étreint.

Demain, nous visitons le Machu Picchu !

7
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Il est 5h30, avec un peu de retard nous voici au point de contrôle avant l’ascension du machu-picchu. Comme des benêts nous avons laissé nos lampes frontales à l’hôtel, mais notre léger retard nous permet d’entamer la montée avec suffisamment de lumière pour ne pas glisser et rater des marches.

C’est parti pour près de 500 mètres de dénivelé, tout en marches, à un rythme de forcené pour compenser notre retard. C’est donc en à peine 45 minutes que nous arrivons à la véritable entrée du site antique, l'ascension bien que physique est déjà magnifique. La luminosité augmente, dévoilant peu à peu la végétation qui nous entoure mais surtout les sommets présents dans la vallée, encore entourés de brume matinale. Étrangement la scène paraît plus asiatique que péruvienne.

Mont dans la brume, par Hiroshige 1833 

Quelques minutes d’attente dans la file aux accents très polyglottes, les guides se jettent sur les arrivants, prétextant de leur plus ou moins bonne maitrise de la langue pour justifier de prix plus ou moins exorbitants. Nous déclinons poliment pour enfin passer le contrôle des tickets. Quelques mètres de plus et enfin s’ouvre la vision sur la ville Machu-Picchu. Celle-ci tient son nom des deux sommets entre laquelle elle se situe : le Machu-Picchu (vieille montagne) d’où l’on arrive et le Huayna Picchu (jeune montagne), celle que l’on voit sur la plupart des photos derrière la ville. Malgré la brume omniprésente, et qui restera malheureusement toute la matinée, la vision est incroyable. Une ville immense, impossible à saisir d’un seul coup d’oeil, aux terrasses abruptes, le tout très bien remis en état, semble flotter sur une mer de nuages. De quoi justifier tous les mystères ou le mysticisme qui entoure le lieu.

La photo rend mal la profondeur. au premier plan 200 mètres de terrasses abruptes qui donnent toute sa profondeur au site 

Nous nous avançons sur les terrasses pour découvrir les derniers habitants légitimes de ces lieux. Un troupeau de lamas semble avoir fait siennes les terrasses désormais inutiles. Faisant fi des touristes ils circulent en tous sens. Soyez prévenus, un lama descendant à fond de train un escalier de pierres humides et centenaires ne ralentira pas pour vos beaux yeux. Mieux vaut s’écarter rapidement au risque de se faire éjecter par dessus bord ! Mais pas de quoi empêcher de leur courir après pour les caresser…

Pourtant, l’histoire du Machu Picchu est beaucoup moins romantique et mystérieuse que l’on ne voudrait nous le faire croire. C’est Hiram Bingham, le « découvreur » officiel de la cité, qui a construit toute la mythologie de la ville perdue, bastion de résistance des élites incas. Il n’en n’est rien. La ville est construite sous l’impulsion de l’Inca Pachacútec vers 1450. Charmé par le lieu et son cadre magique, il décide la construction d’une ville, centre administratif et religieux, destinée aux élites, en plein dans la région sacrée de Kuzco. Elle ne sera jamais terminée, principalement du fait de son décès, mais restera un lieu utilisé – bien que de moins en moins important, notamment à cause de la guerre civile – jusqu’à l’invasion espagnole. La cour en exil bat le rappel de la noblesse et des élites, la ville est désormais quasi vide et nous sommes aux alentours de 1536.

Le lieu sans sombrer totalement dans l’oubli, sort de la lumière de l’histoire pour gentiment se couler en coulisses. Loin des nouveaux axes commerciaux et routiers, sans élites politiques ou religieuses, le lieu ne sert que d’arrière cour aux agricultures des environs, et si les documents officiels espagnols en font mention, personne ne s’y intéresse. Il faut attendre le début du XXe siècle pour qu’explorateurs et archéologues ne viennent prospecter les lieux alors recouverts de végétation. C’est Hiram Bingham, chercheur à l’université de Yale qui fera les premières fouilles d’importance, accompagnées de publications dans la presse spécialisée et généraliste. Au final c’est tout de même grâce à lui que le site fait un retour fracassant dans le monde contemporain, jusqu’à devenir en 1983 site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui après de multiples polémiques autour de la sortie des artefacts lors des fouilles, la restauration sauvage et l’exploitation intensive, des quotas sont fixés pour limiter l’usure rapide des lieux. De quoi permettre quelques photos quasi exemptes de visiteurs !

La cité se découpe en deux zones principales : la zone urbaine plutôt au nord, et la zone agricole plutôt au sud. La zone urbaine se subdivise selon une construction hiérarchique. Une zone pour les basses-castes, la zone industrielle, la zone pénitentiaire, le quartier plus commerçant et enfin les aires religieuses et réservées aux plus hautes élites. La différence est facilement reconnaissable aux soubassements sur le plan architectural. Chez les basses castes, de belles pierres taillées et jointes par une sorte de ciment. Du côté des élites, plus de place au hasard, les blocs immenses se joignent quasi sans ciment, la structure tient par l’imbrication complexe des blocs aux faces multiples. Comme à Cuzco en somme.

Notez la présence de poutres pour soutenir la toiture, faite de paille. Certains bâtiments présentaient même un étage, au sol de bois et de terre. Au cours de notre balade dans les ruines, la pluie se mettant de la partie, nous nous abritons sous un chambranle. Coup de maitre de notre part, nous sommes juste en face du temple du Condor, nous profitons donc du passage des multiples guides pour tendre l’oreille et reconstituer en multilingue l’histoire du lieu. Sachez que chez les incas c’est la nature qui décide de l’emplacement des lieux de culte. En effet, c’est ici à cause de la forme des roches, apparentée à celle des ailes d’un condor, que le temple est érigé. Notez la pierre au sol, elle est taillée pour représenter le bec (le triangle le plus proche de nous), le col et le corps du Condor. Le lieu servait de pierre sacrificielle et les rigoles permettaient au sang de couler. De nombreux ossements principalement de lamas ont été retrouvés sous les ailes.

Les ailes forment une sorte de V à l'arrière plan, c'est la pierre aux traces de noir

C’est un peu le même principe du côté du temple du soleil, le bâtiment ne paie pas de mine. Seule façon de le repérer, c’est le seul bâtiment avec des murs courbes. Ici une roche forme une sorte de table qui est à l’abri, tandis que deux fenêtres permettent des alignements et des mises en lumière spécifiques lors des solstices. Une forme architecturale que l’on retrouvera souvent : un escalier à trois marches. Élément symbolique représentant les trois mondes reliés, l’infra-monde des morts, le monde physique où nous évoluons, et enfin le monde supérieur des dieux et des esprits (représenté par le condor, justement).

Le temple du soleil, malheureusement pas très lumineux 

Pendant qu’Erwan et Émeline attaquent l’ascension de la Montaña Picchu, nous faisons quelques tours avant de décider d’aller voir la porte du soleil. Erreur tragique. Rien ne le laisse deviner mais la porte est à près d’une heure de marche toute en montée. Et une fois arrivés, les bâtiments sont franchement décevants. La vue est probablement magnifique mais perdus comme nous l’étions dans les nuages, l’ensemble n’avait que peu d’intérêt. Seule animation du lieu, l'arrivée des trekkeurs, c'est l'un des points d’arrivée des 8 chemins de l'Inca reliant Machu Picchu au reste du monde.

L'Alexandre qui se demande pourquoi il a voulu venir ici...

Tant pis, c’est le jeu comme on dit. N’empêche, sur le retour, miracle la brume se lève un peu et nous permet quelques vues sur l’ensemble du site, avec le Huayna Picchu perçant dans le fond.

Au final le site est proprement incroyable, les quasi six heures que nous avons passées à l'intérieur ne furent clairement pas de trop, alors même que nous n'avons pas fait l'ascension de la Montaña Picchu ni du Huayna Picchu. Malgré le côté commercial du lieu et de ses environs, il est évident qu'il s'agit d'une manne financière extrêmement importante, on peut profiter de la magie du lieu, de cette ambiance mystérieuse, la cité des nuages mérite l'attention qu'on lui porte, c'est une évidence.

Alex très dans son rôle de momie ! 

Mais soyez prévenus , entre la route pour y accéder et la visite elle-même, le lieu est exigeant. Nous pensions repartir le jour même pour Cuzco, notre fatigue à tous en décida autrement, et nous fûmes plus que soulagés à l'idée de passer d'abord une nuit de plus à Agua Calientes.

Nous avons encore le regard frais, normal il est encore tôt et nous n'avons pas crapahuté partout pendant des heures !

Ce n'est pas dans notre habitude, on préfère de loin vous montrer uniquement nos exploits mais bon... ils ont quand même grimpé les 600m de dénivelés jusqu'au sommet de la Montaña Picchu, dans le froid, le vent, la pluie et la brume. Le tout sur de toutes petites marches glissantes au bord du vide.

Ça mérite au moins que leur photos apparaissent ici.

8
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Pour notre retour sur Cuzco, nous décidons de prendre le boleto turistico, qui s'applique à toute la vallée sacrée, pour nous permettre de visiter 4 sites d’importance, et de faire un crochet vers les salinas de Maras.

Premier étape à Ollantaytambo donc. Quelques heures de marche pour rejoindre Agua calientes, puis quelques heures de route, le trajet au retour est déjà moins impressionnant, surement l’expérience…

La forteresse fut un des bastions de la résistance Inca lors de l’avancée des espagnols. Bon, on peut remettre en doute ce genre d’affirmation puisque chaque site archéologique se prétend l’un des derniers bastions de la résistance Inca, la réécriture de l’histoire d’un peuple, sûrement nécessaire à la construction de la nation post-coloniale.

Lieu de puissance militaire, c'était aussi un lieu religieux. Un temple du soleil au sommet, un temple de l’eau au pied ainsi qu'un temple du condor, la trinité semble respectée. De quoi assurer des récoltes parfaites sur les terrasses en contrebas des murs fortifiées, et la puissance des armées ici stationnées.

Témoins d’une construction jamais achevée, des mégalithes parsèment la vallée. On parle d'ailleurs de pierres fatiguées. Abandonnées en cours de route, trop lourdes pour être à nouveau déplacées, elles marquent le paysage de leurs formes brutes. Car oui, sachez que la taille finale des pierres de construction se faisait sur site, voir une fois les pierres placées au sein de la structure. Ce qui explique les pierres aux arrêtes flous que l’on trouve parfois. Notez, qu'au fur à mesure de notre montée, en s'approchant des lieux sacrés, les constructions sont réalisées quasi sans ciment. L’alignement au millimètre est de mise une fois encore.

Le site permettait de surveiller l’ensemble de la vallée. Sa situation en hauteur, le rendait bien difficile d’accès pour d’éventuels envahisseurs, et les greniers à grains situés sur le versant opposé, assuraient l’autonomie alimentaire. Signe de l’ingéniosité des constructeurs, les grains entreposés là-bas se conservaient parfaitement bien pendant au minimum deux ans. Et ce grâce au vent et au soleil mettant les grains à l’abri de l’humidité, et garantissant une température relativement constante. Malins les Incas !

Avez-vous vu le profil humain sur le versant de la montagne ? Celui-ci servait de repère pour un solstice, lorsque l’ombre projetée rejoignait le temple du soleil au sein de la forteresse. Encore une fois la nature décide de l’emplacement des lieux religieux. On retrouve un temple dédié au Condor en contrebas d’une formation rocheuse censée plus au moins rappeler une tête de condor. Pour le coup c’est plus difficile à voir, qui plus est en photo. Le temple de l’eau est lui bien plus simple. L’eau de la rivière proche est détournée pour alimenter bassins, rigoles et autres fontaines jusqu’à atteindre le temple. Au sein d’une roche taillée, l’eau se sépare en plusieurs bras avant de continuer sa route. Ambiance zen et apaisante.

Nous finissons notre visite alors que le soleil se couche, de quoi faire un petit tour du village. Ollantaytambo est vraiment mignon, les maisons aux bases de grosses pierres, les canaux qui empruntent les ruelles. Une ambiance calme et champêtre malgré les hordes de touristes et de bus sur la place du marché d'artisanat. Nous y aurions bien passé la nuit, mais il nous faut prendre un bus vers la ville où se trouve notre logement pour la nuit.

9
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Publié le 30 octobre 2017

Les 3 autres sites les plus importants de la vallée sacrée se sont avérés très inégaux. Cette fameuse vallée, plus basse que Cuzco est formée au sud par le plateau qui mène à la capitale inca, et de l’autre par une chaîne de très hautes montagnes qui culminent pour la plupart à 5 000 mètres et offrent aux regards des neiges éternelles.

Particulièrement bien irriguée par la rivière qui la traverse, elle constitue un corridor suffisamment large pour constituer un des greniers à maïs et à pommes de terre de l’empire inca. Il se trouve alors ponctué de plusieurs sites, villes, forteresses, soit directement installées en fond de vallée, parfois un peu plus haut sur les contreforts. C’est le même rio Urubamba qui plusieurs km plus loin baigne les berges du machu pichu.

le plateau à gauche qui tombe soudain dans la vallée, large et profonde

Notre premier site, à Chinchero ne nous passionne pas. Il nous fallu nous lever tôt, pour attraper les différents bus locaux pour rejoindre les 4 sites que nous souhaitons faire dans la journée. Nous sommes un peu embrumés et sans enthousiasme pour ses terrasses qui constituent les ultimes vestiges d’un site qui devait avoir nettement plus d’importance il y a 5 siècles . Des terrasses commes nous en verrons à de très nombreuses reprises, même si celles ci forment un crénelage plutôt élégant. Mais mes tentatives pour intéresser mes camarades sont accueillies par des rires de dépit. Il était décidément trop tôt.

Nous tombons par contre, par chance, sur une fête qui rassemble de nombreux habitants tous habillés en costumes traditionnels. La petite danse à laquelle nous assistons ne manque pas de charme, et les tissus andins sont magnifiques.

Nous sommes par contre proprement bluffés par le site suivant. Formé par des terrasses ovoïdes qui s’élèvent progressivement dans une belle régularité, Moray est un nouveau signe du génie des civilisations andines. Cet étrange lieu est en fait un site de recherche agronome. Un INRA inca en quelque sorte, qui grace à son emplacement sur certains couloirs venteux, permet d’offrir à chaque terrasse des conditions de température différentes. Plusieurs degrés de différence ont été mesurés entre les terrasses du haut et celles du bas. Cette variation permettait aux agronomes de sélectionner les plans de maïs et d’autres céréales les mieux adaptés aux différentes températures des terrains de cultures de l’empire.

Il en ressort un site d’une grande élégance joliment rénové. Un peu plus loin un deuxième site, encore en cours de rénovation montre combien le temps menace ces ruines fragiles. Le site n’en reste pas moins d’une grande beauté.

Nous poursuivons jusqu’à des salines. Lorsque nous voyons apparaître les milliers de bassins blanchis par le sel, accrochés sur les flancs d’une montagne, on se dit que certaines constructions humaines produisent une atmosphère un poil fantastique. Une source hypersalée issue de la montagne a permis à une trentaine de familles de construire une fortune sur les flancs de la vallée sacrée. Chaque bassin relié aux autres par des petits ruisseaux recouverts d’une couche de sel, rouge et blanche, produit plusieurs centaines de kilos de sel par an, grâce à l’évaporation. Un très bel endroit aux couleurs quelque peu contrastées.

Nous finissons notre route à Pisac, où malheureusement, nous n’arriverons pas à temps pour visiter le site. Alors que nous avions précisément demandé l’heure de fermeture, la veille, l’entrée par laquelle nous passons ferme plus tôt qu’une autre plus éloignée. Nous ne verrons donc pas ce site qui promettait pourtant de petites merveilles. Nous nous rabattons sur le marché artisanal pour faire quelques emplettes que notre frustration nous amène à négocier avec encore plus de fermeté qu’à l’habitude.

Retour vers Cuzco avant notre prochaine étape : Arequipa la blanche

11
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Publié le 1er novembre 2017

Après une folle nuit de bus pour rejoindre Arequipa depuis Cuzco, nous découvrons la blanche cité au petit matin. Nous devons retrouvez une amie de Julia, fraichement installée dans la ville et travaillant dans une agence de voyage, parfait pour nous donner quelques conseils sur la ville et les alentours.

C’est donc sur la terrasse au premier étage d’un café, avec vue sur la place centrale, que nous retrouvons Eve.

La place, ses arcades, ses cafés, ses palmiers...

Le programme des prochains jours est rapidement mis au point, quelques tours en ville pour admirer les églises, places et autres bâtiments d’importance, une après-midi au couvent Santa Catalina, véritable joyau d’Arequipa, et enfin une virée de quelques jours au fameux canyon del Colca. De quoi bien nous occuper.

Arequipa est la deuxième ville du pays, et pourtant nous sommes loin de l’agitation de Cuzco. Une ambiance provinciale et un air de tranquillité, flotte partout sur la ville. Située à quelques 2.335m, c’est presque bas pour une ville des Andes. La vallée dans laquelle elle se niche, garde des traces d’habitation datant de 5.000 av JC. On est loin des zones d’habitation crées ex-nihilo par les colons. Cependant ce sont eux et la couronne d’Espagne, qui en font une ville d’importance.

On trouve partout trace de ce passé colonial. C’est honnêtement une des plus jolies villes que nous ayons visitée. Et la cité blanche porte bien son nom. La majorité des bâtiments anciens sont réalisés en « sillar », pierre blanche d’origine volcanique que l’on trouve en quantité dans la région. Parfaite pour la construction elle est à la fois légère, thermique et résistante, sûrement la raison de la longévité des bâtiments malgré les séismes lorsque les Andes s’ébrouent.

330 326 318 261

Cependant la légende est bien plus poétique. On dit qu’une nuit, la lune, subjuguée par la beauté de la ville, oublia en se retirant de reprendre sa lumière, c’est pourquoi aujourd’hui la ville est blanche, comme baignée en permanence par ses rayons d’argent. On comprend aisément que la lune ait pu s’oublier ! Les bâtiments sont magnifiques, entre les portiques d’églises gravés et les nombreux patios, galeries et coupoles, c’est une féerie.

Arequipa, outre son passé de plus grande ville du pays, est aussi connue pour le Couvent Santa Catarina. Probablement l'un des plus grands couvent au monde, il couvre plus de 20.000 m2, et à l'apogée accueillait environ 450 sœurs, toutes des carmélites, ayant fait vœux de se tenir hors du monde - ou dont la famille avait fait vœux de les tenir hors du monde. Tenu par un ordre de Carmélites, le couvent était le lieu huppé pour les filles de riche famille. Hors de question de simplement toquer à la porte pour entrer dans l'ordre. Il fallait payer, un prix assez exorbitant pour l'époque, et passer plusieurs années de noviciat avant d'être finalement intégrée en tant que sœur.

La première cour, et la plus proche de l'entrée était une zone de silence ! Les parloirs sont impressionnants... 

Quelques débordements luxueux eurent lieu au cours de l'histoire du lieu, ce qui permet d'admirer de nombreuses cellules, qui feraient baver n'importe quel parisien par leurs volumes. Ainsi les sœurs faisaient étalage de leur richesses à coup de bijoux, de meubles fins, d'instruments importés du vieux monde et d’autres œuvres rares et exquises. Décidément pas la même vie que celle menée par les sœurs qui y vivent encore aujourd'hui.

Des arbres, des fleurs, des  murs ocres. Un avant gout de paradis chez les carmélites

L'ensemble donne vraiment l'impression d'une ville à l'intérieure de la ville. Les murs rouge ou bleu, les nombreux patios, arrière-cours, et ruelles pavées donnent un charme fou à l'ensemble. La fontaine centrale, les quelques jardins et la terrasse avec vue sur la ville au soir tombant achèvent de nous donner envie de rentrer dans les ordres.

A gauche les lavoirs dans de grandes amphores

Après tant de spiritualité une seule solution : une plongée dans le monde mercantile ! Direction une boutique de laine d'alpacas, qui fait aussi office de petit musée sur l'animal, sa laine et son tissage. Outre les nombreuses pièces de la boutique, on trouve une section dédiée à la vigogne. Sachez que la laine de l'animal est considérée comme la plus douce (et la plus chère) du règne animal. Une fois qu'on sait que l'animal n'est tondu qu'une fois tous les deux ans, avec un rendement de 200-300g par animal, et qu'en plus la bestiole est trop avide de liberté pour supporter la captivité et l’élevage, on comprend mieux le prix exorbitant des pièces...

Un petit mémo pour apprendre à les différencier. Notez que la vicuña ressemble plutôt à une antilope

Mais le véritable intérêt, ce sont les quelques alpacas et llamas qui paissent au fond du jardin ! Bien entendu, nous sommes allés faire gouzi gouzi, les bêtes plutôt placides ne démontrent de l'intérêt que si nous venons les mains pleines de fourrage. Ces sales bêtes sont terriblement intéressées... Mais bref, nous avons pu les toucher, et constater que la laine non traitée, et triée n'est pas douce pour un sou !

Ils sont pas mignons à nourrir les bêtes comme ça ?  et heureux avec ça

L'occasion d'enchainer sur l'atelier de triage de la laine. Bien évidemment elle est triée en fonction de la douceur et donc qualité de la fibre, mais aussi en fonction de la couleur. Les fibres les plus claires sont mise de côté, elles seront teintes à l'aide de pigments naturels. Les plus sombres seront utilisées telles quelles, dans des camaïeux de gris, beiges, marrons et noirs. Juste à côté du mini centre de triage, nous tombons sur trois tisseuses traditionnelles. Appartenant aux communautés des environs, elles sont invitées par rotation à venir tisser ici leurs pièces, l'occasion de les voir travailler avant de pouvoir acheter leurs pièces à quelques mètres.

Une dernière virée vers un quartier plus excentré. Histoire d'admirer la ville depuis les hauteurs, toujours des bâtiments en pierre blanche. La ville continue de nous charmer. Cette petite place, sa fontaine, les palmiers qui s'agitent dans le vent. Décidément c'est une ville où il fait bon vivre.

Et enfin dans le fond le fameux Misti, volcan dont la sombre masse est partout visible. Lieu de refuge de divinités, s’il est aujourd'hui éteint, c'est probablement grâce aux momies des sacrifiées qui veillaient sur les cimes. En tout cas le volcan à un petit air de mont du péril avec sa couronne nuageuse, pas franchement menaçant mais pas rassurant non plus...

En top super bonus, et parce qu'on est quand même hyper chauvins, le fronton de l'Alliance française, qui décidément a le chic pour mettre la main sur les bâtiments parmi les plus beaux des villes.

En vrai on est surtout content parce qu'on a pu troquer un guide en flamand contre un routard Péru-Bolivie pas trop vieux ! 
14
sept
14
sept

Le canyon del colca constitue sans conteste la grande attraction de la région d’Arequipa. Notre amie Eve (le gang aveyronnais de Sébazac concoures est très actif dans le monde entier) retrouvée à Arequipa nous a concocté, depuis son agence de tourisme, le petit séjour sur place, avec en prime la perspective d’admirer des condors. Rdv est pris à 3h du matin au pied de notre hôtel, afin d’arriver sur place en début de matinée sur le chemin de début du trek. Çà cahote bien sur le chemin, pas de place pour le sommeil, avant d’arriver dans un froid certain, altitude oblige, à un petit restaurant qui nous sert un petit dej basique. La grande plaine d’Arequipa a fait place aux hautes montagnes andines et aux vallées profondes, très profondes, à mesure que nous approchons du canyon.

Le canyon est une singularité géologique fascinante. C’est sa profondeur qui le distingue puisqu’il passe pour être le plus profond, plus de 3 400 mètres de dénivelés entre son point le plus haut et le plus bas distants de seulement 8km. Un abysse, rien de moins. Cette topographie exceptionnelle est un milieu idéal pour les condors qui répugnent à battre des ailes et préfèrent utiliser les courants d’airs chauds . Installés à 3000 ou 4000 mètres d’altitude, le canyon est le terrain de jeu privilégié de ces flemmasses.

Attraper un oiseau au vol n'est pas des plus aisés. Encore un argument pour l'achat d'un super télé-objectif pour Simon...

La chance nous sourit quand nous arrivons à Cruz del condor. Ces immenses oiseaux s’élancent des parois rocheuses et font de nombreux passages au dessus de la tête des touristes venus ici en nombre. Ils ne sont alors qu’à quelques dizaines de mètres de nous. On prend conscience de la taille du plumitif hors norme. Il dépasse les 3 mètres d’envergure et ne se trouve concurrencé sur mer que par le majestueux albatros. C’est un magnifique oiseau, avec sa collerette blanche qui le distingue et cette tête nue, si caractéristique des charognards, pouvant ainsi plonger leur tête dans le corps de leurs victimes en putréfaction sans que leurs plumes ne soient souillées.

Après d’innombrables survols et non moins de photos prises sur le vif, nous repartons en direction du canyon. Arrivés à destination, nous faisons connaissance avec les autres touristes que le car a récupéré le matin même dans les différents hôtels d’Arequipa. 3 britanniques, 4 français en plus de nous 4 et enfin 2 flamandes. Notre guide, Alain, qui maîtrise l’anglais, nous accueille et nous commençons la descente. C’est parti pour 1000 mètres de dénivelés. La descente est progressive, chacun va a son rythme, il fait beau, la vue sur les montagnes et sur le canyon est splendide… bref on en profite.

"Il descend de la montagne à llama" chant traditionnel inca, 1432 

Arrivé en bas, le paysage a déjà bien changé. La moindre altitude, l’eau que la montagne charrie, laisse place à plus de végétation. L’eau a été canalisée, à l’époque pré inca et inca, et parcourt de larges parcelles organisées en terrasses par de petites rigoles aménagées. Si bien que chaque petit village traversé est un petit écrin de verdure. Déjeuner assez tard et nous voilà repartis . Le guide nous a incités dès le démarrage à faire le programme des deux premiers jours en un seul, pour que le deuxième jour soit consacré au farniente dans les piscines du village suivant ! Le groupe s’est laissé convaincre par l’idée de la baignade et nous parcourons donc le fond du canyon sur 7/8 km. Ce dernier tronçon finit d'achever les plus "faibles" du groupe, en mauvaise condition physique et la souffrance est visible. Mais enfin nous attaquons la dernière descente et l'idée du repos redonne courage.

Une foule de cactus et plusieurs espèces différentes d’aloés

D’en bas la vue sur le canyon est vertigineuse. C’est finalement plus impressionnant depuis le fond qu’à la surface. Nous arrivons à destination à la tombée du jour. Les plus courageux vont faire trempette et nous nous retrouvons le soir pour le repas dans une ambiance de table d’hôte très sympa. Ce n’est pas ici que nous découvrirons les secrets de la cuisine péruvienne, nourriture assez sommaire mais roborative. Le lendemain est consacré au repos. Malheureusement le soleil refuse d’être de la partie. Le ciel se couvre vite et nous avons juste le temps d’aller au bord de la rivière et de tenter une trempette dans une eau glacée. L’après midi, il pleut, ce qui nous amène à faire quelques parties de cartes, Dame de Pique et Barbu.

Nous ne veillerons pas ce soir là car le réveil est fixé à 5h du matin pour entamer la montée, 1000 mètres de dénivelés, avant les premières lueurs du jour. Au RDV, nous sommes tous là encore ensommeillés et nous débutons l’ascension. Une succession de lampes frontales dessine le chemin qui monte dans la nuit noire, une sorte de montée au flambeau du XXIe siècle. Nous prenons progressivement notre rythme malgré l'absence de petit déjeuner. Nous savons qu’il nous faudra entre 3 et 4h pour atteindre le sommet. Au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur, la nuit cède la place à la lumière.

Les nuages de la veille se sont déchirés et l’aube sera ensoleillée. Nous gardons un excellent souvenir de cette montée, qui aura été moins éprouvante qu’attendue. C'est non sans une certaine jubilation, pour Alexandre, que nous terminons en moins de 3h et après avoir dépassé les fous furieux partis à fond de train en début de randonnée. La beauté du paysage, son dévoilement progressif aura agi comme un charme. La chaîne de montagne toute blanche d’une neige fraiche de la nuit passée domine le canyon aux teintes jaunes, rouges et violettes.

Et soudain, la lumière fut

Une fois en haut, à la fois fatigués et heureux, nous attendons que tous les membres du groupe arrivent pour la photo de « sexy lamas », modeste petit nom que nous nous étions donnés.

Encore quelques minutes de marche pour rejoindre le village proche où nous attend le petit-déjeuner. Nous faisons ensuite un arrêt à des thermes, petit extra pour ceux qui le souhaitent, mais nous préférons prendre le soleil sur les rochers dans la rivière en contrebas. Et là, nouvel évènement des plus étranges, Alexandre loin de rechigner à l'idée de crapahuter dans les cailloux va même jusqu'à se mettre en maillot pour profiter de l'eau pourtant frisquette ! Je vous le dit, le Quilotoa l'a changé...

Il est temps de prendre le buffet déjeuner, sûrement le moment le plus attendu par Erwan et Émeline, qui au final se révèle plutôt décevant. Mais pas le temps de nous attrister, le bus pour Puno est déjà là. Le trajet est plutôt insignifiant, si ce n'est le "guide" qui nous commente plantes, vigognes, lagunes et autres points d'intérêt. Le tout dans un espagnol inarticulé et un anglais atroce, tout bonnement incompréhensible. Les quelques arrêts touristiques se font dans la pluie, la brume et le vent. Impossible de prendre la moindre photo, si ce n'est de ces quelques Alpacas frisotants dans l'humidité.

18
sept
18
sept
Publié le 12 novembre 2017

Après nos aventures au canyon del Colca nous voici à Puno. Ville de moyenne importance sur les rives du lac Titicaca, mais du côté Péruvien.

Nous prévoyons de nous séparer pour quelques jours, Émeline et Erwan vont visiter les environs et faire un tour sur les fameuses iles flottantes de Puno (des structures en pailles et jonc, formant des ilots artificiels), pendant que nous traverserons le lac pour aller vadrouiller dans les environs de La Paz.

Une fois encore nous sommes émerveillés par les paysage et la lumière autour du lac. Cette fois le ciel n'est pas exempt de nuages, et de sombres masses vident leur eau au loin. Les contrastes sont saisissants, et la grisaille donne des aspects de fin du monde aux îles sur le lac.

C'est parti pour une journée de traversée de frontières et de bus en tous sens. Malheureusement, le changement d'heure entre le Pérou et la Bolivie aura raison de notre plan magnifique. Alors que nous sommes à Copacabana pour une correspondance, les vendeurs de billets nous font remarquer que vu l'heure nous risquons de nous retrouver bloqués à notre prochaine étape sans bus pour continuer.

L'idée de nous retrouver bloqués au milieu de nulle part, au soir tombant ne nous enchantant guère, nous continuons sur notre lancée et retournons directement à La Paz ou nous attendrons nos deux comparses.

Point de folles aventures pour notre retour en Bolivie, La Paz est fidèle à elle même. Bruyante, fourmillante et agitée par des manifestations quasi quotidiennes. Mais toujours dans la bonne humeur, et le calme relatif. Si l'on met à part les pétards qui explosent régulièrement. Il faut dire que ce genre de bruits en milieu urbain n'est pas pour nous rassurer au plus haut point...

notez le vendeur de glaces ayant flairé la bonne affaire !

Mais la suite de notre voyage nous attend, Erwan rentre en France tandis que nous prenons la direction du Salar d'Uyuni. Une dernière journée de balade avant de nous séparer, nous amène sur les hauteurs de La Paz. Nous pouvons enfin prendre la ligne rouge du téléphérique, en révision lors de notre précédent passage. L'occasion de longer El Alto, et ses différents marchés. La zone dédiée uniquement aux patates est impressionnante, sur plusieurs centaines de mètres s'enchainent des camions remplis à ras bord de patates. De quoi alimenter tous les revendeurs et marchés de la ville !

Nous admirons une dernière fois les montagnes entourant la capitale de la Bolivie, avant de descendre en utilisant le téléphérique jaune. Le soleil se couche sur l'horizon, nous laissons Erwan à son hôtel et prenons notre bus de nuit, direction le plus grand désert de sel du monde !

20
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20
sept
Publié le 18 novembre 2017

C’est dans le clair obscur d’une aube glacée que nous débarquons du bus à Uyuni. A peine gonflons nous nos poumons de l’air sec et piquant que les rabatteurs d’agences se jettent sur nous, armés de leurs flyers et leurs plus beaux sourires. Mais nous ne sommes plus naïfs, et avant tout nous partons nous poser dans le seul café ouvert à cette heure indue (environ 5h du matin) pour prendre un petit déjeuner, une boisson chaude, et comparer tranquillement les agences disponibles.

Passée l’aventure du café, les prix exorbitants et le mot de passe du wifi changé toutes les 15 minutes, nous finissons par faire notre short-list d’agences, non sans avoir sympathisé avec un couple de français ou plutôt de bretons : Gaëlle et Brendan (les prénoms n'ont pas été changés).

Bref, nous finissons par trouver l’agence de nos rêves, qui après d’âpres négociations et arguments choc (de type : bonjour on est un groupe de 7, vous nous faites un rabais ?), conclut le deal. Le départ est chaotique, il faut avouer que nous (surtout Simon qui était touché par la grâce de l’espagnol) avons un peu gueulé, quand au moment du départ les fameuses ceintures de sécurité soi disant prévues pour tout le monde, sont cassées pour 3 personnes sur 6…. Il faut savoir qu’à peine quelques mois plus tôt une touriste était morte et son compagnon plongé dans le coma, suite à un accident de voiture dans le salar alors qu'ils n'étaient pas attachés faute de ceinture. Sécurité quand tu nous tiens…

Nous partons enfin, non sans un certain froid entre nous et le chauffeur pour 3 jours de folie dans le plus grand salar du monde, j’ai nommé le Salar d’Uyuni. Quelques chiffres pour se représenter la bête : 100 km sur 150, près de 10 500km2, le tout à une altitude moyenne de 3 600 mètres, avec une profondeur pour la croute de sel estimée à près de 120/130 mètres pour les zones les plus profondes. Le Salar est le reliquat de la mer intérieure présente ici quelques milliers d’années auparavant. Avec la fermeture de l’accès à l’atlantique, l’ensemble s’est transformé en lac pour petit à petit s’assécher et laisser derrière lui cette immensité blanche et salée. Aujourd’hui le Salar est aussi connu pour ses réserves de lithium (oui comme les batteries de téléphone), quasiment 50% des réserves mondiales estimées. De quoi attiser l’appétit des consortiums industriels on s’en doute…

Saurez vous trouver le Breton qui s'est glissé dans notre photo ? Indice : il n'est pas encore brûlé par le soleil !

Premier arrêt dans un cimetière de trains. Il y a de cela quelques décennies, Uyuni était une plaque tournante du commerce international. Le sel et autres produits miniers étaient acheminés vers la côté et les pays voisins à partir de la gare d’Uyuni. En témoignent les carcasses de locomotives , et autres wagons mangés par le sel, le vent et la rouille. Les trains se cachent pour mourir, mais leur repos semble bien vain au milieu des hordes de touristes. Il est vrai que ce n’est pas tout les jours que l’on a l’occasion de monter dans la cuve et les chaudières à vapeur de ces monstres. L’épaisseur du métal pour les pièces sensibles laisse imaginer la pression terrible qui devait y régner.

Nous quittons cette zone de sable, pour attaquer le Salar lui-même. Nous entrons dans un royaume de blancheur et de luminosité intense, nous n’en sortirons pas de la journée. Pour nous acclimater doucement à ce nouveau milieu, nous faisons une pause au niveau d’une résurgence d’eau. Car oui, il y a encore de l’eau qui circule par endroit sous la croute de sel. Le système aquifère est très dense. Tout autour, des lacs et lagunes se cachent dans les dépressions alimentées par les eaux de pluie, et les eaux des glaciers des montagnes et volcans. L’occasion de voir des pellicules de sel se former à la surface et flotter doucement, l’eau a quasiment le même goût qu’aux salinas de Moray. Alex en profite pour ramasser un morceau de sel bien blanc : « pour compenser les sels minéraux qu’on transpire » selon lui…

Les caravanes des premiers instants ont disparu, de temps en temps nous apercevons au loin d'autres véhicules 

Nous roulons pendant des heures dans cette immensité blanche ou les points de repère font défaut. Les montagnes au loin semblent immobiles et l’air, brûlant, crée des mirages partout sur l’horizon. A la question de l’orientation, notre guide nous répond qu’il se dirige au temps. Une demi heure avec tel cap est censé l’amener dans les environs de tel endroit. Plutôt impressionnant, même si en vrai le trafic intense des véhicules laisse des trainées de gomme sur le sel. Mais le meilleur endroit pour s’en apercevoir c’est « l’île au cactus ». Perdu au milieu de ce lac mort, une île seulement peuplée de cactus, d’oiseaux et de quelques insectes permet de gagner un peu de hauteur et de tenter d’embrasser le Salar dans son immensité. Tout simplement bluffant…

On réalise enfin que nous sommes au milieu de nulle part, dans un milieu extrêmement hostile. De quoi nous remplir d’admiration pour les quelques hurluberlus qui font la traversée en moto ou plus extrême en vélo ! Je crois avoir vu les yeux d’Émeline briller à cette idée, un peu trop folle à notre goût...

Excusez les balances de lumière, un tel endroit est un défi pour tout photographe !

Comme de bons touristes que nous sommes, nous nous arrêtons pour faire les photos que tout le monde prend sur le salar. Avec ce fond blanc uniforme qui s'étale à l'infini les perspectives sont troublées, permettant de faire des photos "amusantes et originales". On vous passe les multiples échecs, le temps qu'on comprenne comment justement profiter de cette perspective faussée, et les nombreux sauts lamentables de l'équipe. Sachez juste que passer 2h assis dans un véhicule bringuebalant sur une piste de sel ne développe pas l’élasticité et le tonus des muscles.

L'occasion parfaite pour nous pencher un peu plus sur le sol de ce fameux salar. Avez vous remarqué les formes géométriques prises par le sel au sol ? Sachez que tous les ans de Décembre à Mars c'est la saison des pluies, et lorsque celles-ci atteignent le Salar, immense étendue plate, le tout forme un miroir immense. On a vu quelques photos sur les brochures et sur internet, ça a l'air tout simplement magique. particulièrement de nuit, les étoiles reflétées par millions donnent l'impression de flotter dans le ciel, de quoi motiver un retour un de ces jours dans cette zone. Mais c'est aussi l'occasion pour la croute en surface de se mélanger à nouveau avec de l'eau, avant qu'elle ne s'évapore au retour de la saison sèche. C'est à ce moment que les hexagones se forment. Ce qui fait que le Salar change légèrement mais en permanence, les pistes sont retracées chaque année. Certaines zones extrêmement lisses se couvrent de vaguelettes formées par le vent lors de l'évaporation, les trous se comblent alors que d'autres se forment. Un lieu en perpétuelle évolution, au gré du vent et de l'eau.

Nous roulons encore quelques heures alors que le soleil lentement tombe sur l'horizon. L'occasion de faire un nouvel arrêt alors que nous atteignons la limite sud du salar. Le vent bat la plaine, le sel craque sous nos chaussures alors que nous nous éloignons de la Jeep pour profiter du calme et dans la fraîcheur du soir tombant, de ce coucher de soleil. C'était décidément une première journée riche, de quoi nous rendre impatient de voir le Sud Lipez, la zone de lagunes et de montagnes au sud du Salar. La nuit que nous passerons dans l'hôtel de sel sera courte bien que confortable, et l'occasion d’entériner l'amitié Bretagno-parisienne autour de quelques parties de cartes.

22
sept
22
sept
Publié le 19 novembre 2017

Nous sommes désormais à l'extérieur du Salar et les couleurs font leur grand retour alors que le sel et toute sa blancheur cèdent la place. Un camaïeu d'ocres, de rouges et de brun nous entoure, mais parfois le vert pointe le bout de son nez. Ces formations en mode sofa dernière collection Stark sont en fait des végétaux. Nous n'avons aucune idée de leurs noms mais il s'agit probablement d'une sorte de mousse ou de lichen. Particulièrement bien adaptées, elles affichent un vert insolent au milieu de ces terres désolées

Le sommet que vous voyez est un volcan en semi activité. Notez le léger panache qui s’échappe de son flanc gauche, pour les plus sportifs il est possible d'y faire un détour pour grimper plus ou moins à mi-hauteur. Il paraît que le panorama est sympathique, mais pas suffisamment pour nous motiver...

Nous préférons continuer notre route vers la première des nombreuses lagunes présentes dans les environs. Comme nous ne tardons pas à le découvrir toutes ces lagunes sont le royaume privilégié de nombreuses espèces de flamands roses. Les micro organismes qui leur donnent leur couleur, sont friands des nombreux minéraux présents dans l'eau. Si vous avez noté la bordure blanche au bord de l'eau sachez que ce n'est pas de la glace comme nous pensions au premier abord mais bien des condensés de Borax. Cela vous donne une idée des concentrations en sel de l'eau...

Pendant les longs trajets en voiture, il faut avouer que les paysages, même s'ils sont magnifiques, sont assez monotones. On ne vous montre que ce qui change, mais pendant de longues heures on peut admirer exactement la même montagne... Donc forcément on parle, on parle, on parle. On refait le monde, et nous apprenons que Brendan et Gaëlle sont dans le secteur médical, Gaëlle future docteure et Brendan futur trafiquant en substances légales (en pharmacie donc). Nous nous entendons comme larrons en foire et notre chauffeur probablement triste d'être ainsi à part nous demande à plusieurs reprises si tous les français sont aussi bavards... Le fait que nous soyons dissipés pendant ses explications sur ce qui nous entoure est, peut-être, aussi une des raisons de sa mauvaise humeur. Mais qu'y pouvons nous ?! Nos discussions sont si passionnantes que nous les reprenons aussi sec ! Il aura appris dans la souffrance que les français ne se soumettent pas si facilement à l'autorité HAHA !

Nous roulons ainsi de lagune en lagune, jusqu'à atteindre une des formations phares, la bien nommée laguna rojo (rouge). Ici la concentration en micro organismes (algues ou bestioles on ne sait pas vraiment, surement un peu des deux) est telle que non seulement les flamands sont roses mais l'eau également ! Depuis notre surplomb battu par les vents, nous admirons ce paysage, alors que les couleurs passent doucement au fur et à mesure que la température baisse et que l'intensité de la couleur diminue. Le technicolor et les appareils photos ont du mal à faire ressortir l'intensité de ce que nous voyons.

Mais les lagunes ne sont pas les seuls points d’intérêt des environs ! De nombreuses formations géologiques, formées par l'action abrasive mélangée du vent et du sable, dressent leur formes tourmentées dans la rocaille du désert. La plus connue est l'arbre de pierre, mais toutes sont étonnantes. Perdues au milieu des immenses plaines qui s'étirent entre les montagnes, elles viennent rompre avec ce monde tout en horizontalité. Nous profitons de notre passage par le point le plus haut de notre périple pour sortir prendre l'air. Nous sommes à plus de 5.000 mètres, le vent souffle, le soleil tape, il fait beau et frais. L'air pique mais a cette saveur particulière de la haute montagne, un vrai bonheur.

5000 mètres d'altitude, à côté le mont blanc c'est de la gnognote !!! 

Mais ce qui aura rendu Alexandre fou c'est la présence de neige ! Hé oui, nous sommes désormais à des altitudes de 4.000 à 4.500 mètres, et forcement la nuit et à l'ombre il fait froid, très froid. Suffisamment pour que neige et glace se forment. Le plus souvent selon des formes tarabiscotés et torturées, encore une fois sous l'action du vent et du sable. Il faut avouer que la vue de la neige sur une terre ocre écrasée de soleil a quelque chose de surréaliste. On se croirait sur une autre planète aux règles différentes de celles qui nous sont coutumières.

Sa fascination pour la neige reste un mystère pour tout le monde...

Le dernièr jour de notre périple est déjà là et nous finissons par des geysers et fumerolles, l'occasion de contempler la puissance de mère nature sous une forme pas trop agressive. C'est donc à 5h du matin que nous prenons la Jeep de nuit, entre congères et dunes pour atteindre le fameux geyser ! En vrai, c'est une sortie de gaz chauds plus qu'un geyser. Mais il reste impressionnant ! L'occasion pour Emeline et moi de nous prendre pour des maîtres de l'air, et surtout de réchauffer nos petites mains transies, le tout dans une délicieuse odeur de souffre.

Nous continuons sur quelques centaines de mètres pour nous retrouver nez à nez avec une grande zone de chaudrons de boue. Ça glougloute dans tous les sens, tandis que les vapeurs brûlantes, en comparaison avec l'air froid du matin, forment une chape de brume qui noie tous les environs. Nous nous égayons dans tous les sens, admirant les bulles de gaz éclater à la surface de la boue couleur argile. Sûrement parfait pour un soin de la peau, mais un poil trop chaud. Chaque année des personnes se blessent en s'approchant trop près: chutes et éclaboussures sont malheureusement monnaie courante. Mais notre sens du devoir et nos capacités de maîtrise du danger nous ont permis de vous rapporter ces quelques clichés du cœur du phénomène !

C'était la dernière grande étape de notre épopée, il est temps de faire demi-tour pour retourner à Uyuni. Sur le chemin du retour nous passons à quelques encablures de la frontière Chilienne, qui traverse un énorme volcan, et nous approchons de la laguna verde. Malheureusement nous y sommes trop tôt et elle n'a pas encore eu le temps de chauffer assez pour arborer fièrement ses couleurs. Ce n'est pas si grave nous en avons déjà tellement plein les yeux.

A droite c'est le volcan qui marque la frontière avec le Chili

Cerise sur le gâteau, en fin de matinée, nous faisons une pause au niveau d'une source chaude en plein air ! Pur moment de félicité que de pouvoir se détendre dans une eau bien chaude, à l'air libre ( et glacé) avec vue sur une lagune. Cette expérience valait largement les quelques minutes de souffrance extrême lorsqu'il a fallu sortir de l'eau et se rhabiller.

C'est sur cette zone relaxante que se termine notre grande traversée du Salar d'Uyuni et du Sud Lipez. Les panoramas et les jeux de lumières et de couleurs incroyables que nous avons vus nous bercent sur le chemin du retour et alors que nous prenons tous ensemble le bus vers notre destination suivante : Potosi et le fameux Cerro Rico


25
sept
25
sept
Publié le 19 novembre 2017

Comment qualifier Potosi ?

C'est une ville de contraste, étrange et difficile à saisir. Les traces de son passé faste sont partout présentes, et pour le coup bien entretenues. Le centre historique est charmant comme tout, les rues sont petites, les bâtiments agréables et colorés mais sans pour autant se sentir comme dans un parc d'attraction. Quelques musées plutôt bien organisés permettent d'en apprendre plus sur l'histoire de la ville, du Cerro (la montagne) et du rôle qu'elle a joué dans la fabrication de la monnaie et par la même occasion le rôle de la couronne d’Espagne sur le continent sud Américain.

La ville semble réussir sa reconversion dans le tourisme et investit pour entretenir et développer son attractivité. Mais tout cela révèle vite sa vraie nature, un simple emplâtre sur les zones centrales de la ville pour cacher la misère d'un centre urbain avant tout porté sur les activités minières et générant une grande pauvreté.

Sortez du centre et les bâtiments lepreux et jamais terminés refont leur apparition. Et lorsqu'on s'approche du Cerro Rico on découvre les quartiers miniers. Nous sommes loin de la candeur colorée du centre ville...

Le Cerro écrase par sa présence tant physique que symbolique la ville de Potosi en permanence. D'où que l'on soit ou presque, on peut apercevoir sa haute silhouette dominer la ville, et la nuit n'apporte pas de répit, une installation lumineuse souligne sa silhouette. Il faut dire que la ville doit son existence uniquement aux ressources minières du Cerro. Connu pour ses filons d'argent dès l'époque pré-colombienne, c'est sous la colonisation que l’activité minière se développe véritablement avec l'importation des méthodes industrielles occidentales de traitement et d'extraction du métal précieux.

Très vite, Potosi est fondée pour exploiter les richesses du Cerro, et elle devient la ville la plus riche et la plus peuplée du continent et probablement du monde à cette époque. C'est la locomotive économique de l'empire espagnol et de la colonisation. L'argent coule à flot, tellement qu'il sert à tout et n'importe quoi, que ce que soit des couverts, des parures, des bijoux, des meubles, des carafes. Tout ce qu'il est possible de fabriquer l'est mais en argent brut. Une véritable folie pour le métal blanc.

La mine, en partie à ciel ouvert. Le Cerro a, parait-il, perdu près de 500m de dénivelé depuis le XV siècle, on imagine la quantit...

La baisse de la production et la surabondance du métal font s'effondrer les cours. Cette contreperformance aura raison de la richesse de la ville. Aujourd'hui la mine est toujours en activité, principalement pour produire de l'argent mais aussi du zinc, du nickel, et quelques grammes d'or et d'autres métaux semi-précieux. Et l'époque de la richesse est définitivement révolue. Les mineurs minent à leur propre compte, et revendent à plusieurs consortiums. Pas de corporation, seulement des syndicats qui essaient tant bien que mal de se faire entendre et des conditions de travail franchement dangereuses.

Après quelques tergiversations nous avons fini par faire la visite de la mine. C'est édifiant, même si notre guide nous a proposé un parcours plutôt "soft". Comprenez que nous n'avons croisé que des équipes plutôt "âgées", personne de moins de 16 ans, et plutôt en bonne santé. Mais de nombreux enfants travaillent dans la mine, les accidents sont légions et les particules fines produites par l'exploitation provoquent des lésions et l'engorgement des poumons. Nombreux sont les mineurs qui ne font pas de vieux os, malgré les offrandes à la Pachamama et au Tio, dont les idoles sont présentes à tous les accès principaux.

Le Tio auquel on offre feuilles de Coca, tabac et alcool.

On comprend qu'il y ait tant d'accidents. Les méthodes pour attaquer la roche sont tout au plus rudimentaires . Les mineurs piochent, et creusent les galeries à la dynamite. Elle est d'ailleurs en vente libre dans toute la ville sans aucun contrôle, on sent le gap culturel, imaginez la psychose si la même chose était possible en Europe ! Et le tout est plutôt puissant. Alors que nous avions acheté quelques fournitures pour les mineurs que nous allions croiser , comme il est d'usage de le faire, notre guide nous propose d’expérimenter une explosion de dynamite. Il faut dire qu'il a travaillé pendant près de 10 ans dans la mine avant de se reconvertir en guide. Ni une, ni deux, le voici clope au bec à déballer un tube de dynamite pour le mélanger avec un catalyseur avant de mettre le tout dans une fissure de la roche après avoir allumé la mèche. Nous nous éloignons de quelques dizaines de mètres dans une galerie parallèle, jusqu'a entendre ou plutôt ressentir l'onde de choc, l'explosion. Dire que ça fait un gros BOOM, serait un doux euphémisme. On sent plus qu'on n'entend le front de l'explosion nous passer au travers.

la préparation tranquilou pépou de la dynamite 

Et il ne s'agissait là de l'explosion que d'un seul bâtonnet de dynamite ! On imagine les quantités autrement plus importantes que doivent manipuler les mineurs lors de leurs travaux d'excavation. Rien d’étonnant à ce que des galeries s'effondrent et que des glissements de terrains aient lieux en permanence...

Après cette visite et ces quelques jours passés à Potosi on se demande un peu quel avenir est possible pour la ville. Le tourisme tourne autour de la mine, la vie de la ville autour de la mine, et la mine tue ses habitants à petit feu. On voit mal comment Potosi peut exister sans le Cerro et s'orienter vers des activités autres alors que la mine a encore de longues années d'exploitations devant elle.

Une ville bizarre, obnubilée par sa splendeur passée, classée au patrimoine de l'Unesco mais étrangement vide. Une ville qui voudrait sortir du trou mais qui n'arrive pas à s'arrêter de creuser.

28
sept

Après la rudesse du climat et le dénuement du paysage de Potosi, Sucre apparaît telle une oasis aux franges du désert. Arrivant de nuit, c’est seulement au petit matin (aux alentours de 10h, point trop tôt s’il vous plaît) que nous comprenons pourquoi l’une des villes les plus riches de Bolivie est appelée « la Blanche ». Après les façades non crépies des autres villes de Bolivie, nous nous promenons dans un cadre nettement plus soigné. Les maisons chaulées ou peintes en blancs font apparaître une riche architecture coloniale mais surtout républicaine.

Après une première nuit dans une pension de famille sans charme, nous nous préparons à nous séparer d’Emeline qui doit rejoindre La Paz pour rentrer en France. Nous arpentons une première fois le centre ville à la recherche de bijoux en argent. Alors que le pays connut son heure de gloire dans la production de plata, nous faisons chou blanc. Nous n’arrivons pas à trouver l’artisan chez qui nous pourrions trouver autre chose que des séries de bijoux uniformes.

Nous prenons le temps de flâner dans le marché central, très bien aménagé, où nous irons chaque jour trouver notre repas du midi. Nous garderons longtemps en mémoire dans l’allée des vendeuses de volaille, cette tenancière détaillant un poulet entier avec une rapidité déconcertante, armée de son immense couteau. Trois cantines différentes nous accueillent et nous font découvrir quelques plats nouveaux.

Nous retrouvons Brendan et Gaëlle dans leur petit hôtel où nous nous installons pour les deux nuits suivantes. Après plusieurs parties de cartes endiablées, dans nos chambres puisque le bar de l'hôtel n'a jamais daigné ouvrir, c’est au tour de nos deux Bretons de repartir vers le Pérou pour attraper un avion à Lima pour la France. Nous profitons à nouveau de cette relative solitude. 3 chatons égayent la journée d’Alex qui ne cesse de bêtifier devant les petits félins aussi mignons que coquins.

Le lendemain nous nous risquons jusqu’à un joli parc, où une Tour Eiffel miniature a été édifiée. Rien à voir avec l’édifice élancé, tutoyant les cieux, que chaque parisien observe d’un œil attendri. Ici, c'est plutôt un phallus orange fluo, n'est pas la dame de fer qui veut. Entouré de jolis bâtiments officiels, d’un théâtre, les lieux de manquent pas de charme. Nous apprenons qu'il s'agissait à l'origine d'un quartier ouvrier à destination des cheminots, la gare se situant juste en face du parc.

Mais déjà les sirènes argentines nous appellent pour retourner au bercail. Direction le sud !

30
sept
30
sept
Publié le 23 novembre 2017

Pour le retour en Argentine, nous décidons de passer par Tupiza, zones de montagnes et de haut plateaux, avant-goût des paysages qui nous attendent dans le nord de l'Argentine. On parle ici de Quebradas, des vallées étroites, où serpentent des cours d'eau, source de vie et de verdure dans ces zones arides et pelées.

Nous enchaînons les heures de bus depuis Sucre, au milieu de ces paysages étonnants. L'ocre cède la place au gris omniprésent, la terre n'est plus la même c'est une évidence. Alors que la nuit est tombée depuis quelques temps, et que nous approchons de Tupiza, surprise : notre bus s'arrête en plein milieu de la route. Une manifestation, apparemment causée par la sécheresse et les problèmes d'alimentation en eau de la région, nous bloque le passage. Qu'à cela ne tienne, nous finissons à pied.

De Tupiza, nous ne verrons au final pas grand chose, un lever bien trop tardif nous pousse à prendre immédiatement la direction de la frontière sans nous attarder, d'autant que la ville ne présente pas de charme particulier. Reprise de bus en direction de la ville frontière de Villazón.

Ville frontière classique, elle n'a aucun intérêt. Nous descendons du collectivo pour trouver un taxi qui nous dépose au poste frontière, situé à quelques kilomètres. Le bureau bolivien nous informe que nous n'avons pas besoin de faire de tampon de sortie de territoire, celui d'entrée en Argentine fera office de sortie de la Bolivie. Certes... Nous en profitons pour changer nos derniers BOB en Pesos Argentins (ARS) et bim nous voici du côté Argentin ! Retour en terrain connu, en quelque sorte.

Bon comme d'habitude les détails du Permis Vacances Travail font ramer les ordinateurs de nos chers douaniers, on se range sur le côté, histoire de laisser passer une bonne dizaine de personnes avant que notre situation ne soit enfin réglée. Pour le coup c'est une frontière très active. Les prix bas côté Bolivien attirent les argentins, que ce soit pour des vêtements ou des équipements plus imposants.

Les retrouvailles avec l'argentine, sont un peu violentes. Le déjeuner nous revient au prix d'une nuit d'hôtel en Bolivie, et plus question de négocier les billets de bus à tout va ! Mais surtout le pays est bien plus riche, et cela se voit jusqu'ici, dans l'extrême nord. Les bâtiments et les routes sont bien mieux entretenues, et le différentiel de niveau de vie est évident.

Nous reprenons un bus en direction de Humahuaca et Tilcara. Le paysage change, l'horizon s'ouvre et des plaines immenses s'étendent entre deux lignes montagneuses. Au loin nous voyons Alpacas et Vigognes s'ébattre joyeusement, dans un festival de tons sur tons jaunes et beiges.

Notez les deux cyclistes ? Ils font gouzis gouzis à des vigognes, les veinards ! 

Et soudain au détour de la route, nous apercevons des formations rocheuses plissées. On a l'impression que la terre a basculé, révélant le mille feuille sédimentaire, habituellement caché à nos yeux. Les lignes de couleurs traversent le paysage, telles les ondes d'un lac troublé. Un paysage prometteur pour la suite du voyage.

3
oct

Notre première intention après le passage de frontière est de rejoindre Humahuaca, petite ville de la Quebrada (vallée) du même nom, connue pour être classée par l'Unesco au patrimoine mondial. L'idée aurait été d'y passer une nuit et de repartir le lendemain pour un village un peu plus au sud, toujours dans la Quebrada. Mais l'idée de devoir refaire les sacs et de bouger à nouveau dans les trois jours qui nous restent avant d'atteindre notre Workaway, nous fait hésiter. Voilà 4 mois que nous sommes en transit, donc l'idée de rester 3 nuits au même endroit nous convainc de poursuivre jusqu'à Tilcara.

La route dans la lumière du soir, au coeur de la Quebrada dévoile un paysage magnifique, que nous aurons hâte le lendemain de parcourir en plein jour. Nous arrivons donc à Tilcara, sans doute la ville la plus importante de Quebrada, essentiellement tournée vers le tourisme. Après avoir écumé les hôtels et âprement négocié le prix de notre chambre, nous nous installons dans une petite auberge tenue par une famille purement argentine. Nous retrouvons les "ch" de cet espagnol si caractéristique et la mère parle si vite qu'on dirait qu'elle est sous coke ! On sort pour trouver de quoi se sustenter. Là aussi l'ambiance est typiquement argentine, les gens se couchent tard ici. Il est 9h30 et les rues sont pleines de monde.

Mais on comprend une fois installés à une petite terrasse en train de boire une mousse que les habitants attendent quelque chose le long de la rue principale. Et effectivement, des chars lumineux apparaissent au bout de la rue et remontent très lentement l'avenue. Nous comprenons qu'il s'agit de l'école d'ingénierie et de formation technologique qui est en fête. Les deux chars sont tirés par deux tracteurs et sur les chars c'est un festival de lumière. Sur le premier les plus belles filles de l'école prennent la pose. Sur le second, des personnages et autres animaux en carton pâte sont articulés par des pistons qui les lèvent et les redescendent. On est pas tout à fait au niveau des géants de l'ile de Nantes mais disons pour être polis que c'est prometteur.

Bref cette bonne ambiance nous a fait changer de monde, comparé aux rues calmes des nuits boliviennes, la buena onda argentine est bel et bien là.

Après une bonne petite nuit nous partons en balade. On nous dit que la garganta del diablo locale (tout ce qui ressemble de près ou de loin à un trou est une garganta del diablo) est tout à fait intéressante. c'est parti pour quelques heures de marche dans un paysage battu par les vents et la poussière. Sur les flancs des montagnes colorées de nombreux grands cactus ont poussé dans cet environnement relativement hostile. Le routard nous raconte qu'à l’arrivée des espagnols, les indiens conscients de leur infériorité autant numérique que technique, décidèrent de mettre sur tous les cactus tous les bouts de tissus disponibles et de faire croire à la présence de puissants guerriers. La ruse fonctionna, puisque les espagnols trompés par la supercherie ne tentèrent pas le diable et préférèrent contourner la zone. La quebrada gagna ainsi quelques décennies de tranquillité.

La balade nous amène effectivement jusqu'à une gorge de plus en plus étroite qui depuis le haut de la vallée forme un trou à la fois profond et étroit ! nous continuons en amont du ruisseau qui nous conduit jusqu'à une jolie cascade où nous pique-niquons.)

Le lendemain, après avoir improvisé une grillade à l'argentine dans le jardin de l'auberge, nous filons jusqu'à un petit parc très agréable où nous faisons la découverte de la pierre cloche. Explication en images.

Nous partons le lendemain pour le dernier village avant San salvador de Jujuy, Purmamarca réputé pour ses montagnes aux sept couleurs. Le paysage qui apparaît est effectivement très impressionnant. Des couleurs et des contrastes incroyables. Voyez plutôt !

10
oct

Avec quelques jours d'avance sur notre programme nous arrivons à San Salvador de Jujuy, où nous attendent Horacio et Lila pour deux bonnes semaines de Workaway, dans ce qui doit être une ferme écologique, avec projets de construction en matériaux écolos et durables. Pour rappel le principe du Workaway c'est que nous travaillons entre 4 et 5h par jour, 5 jours par semaine en échange du gîte et du couvert.

Passons sur la ville de San Salvador de Jujuy qui n'a d'intérêt que d'être la capitale de la province éponyme. De toute façon nous n'y serons quasiment jamais puisque la dite "ferme" se trouve un peu plus loin dans les hauteurs, trop loin de la ville, en bus ou à pied, pour que nous y allions régulièrement.

Pendant les premiers temps cela semble prometteur, bâtiments en pierre et ciment naturel (mélange de terre, de sable et d'un autre élément liant), un terrain immense, une petite cabane pour nous abriter, un atelier en fond de jardin ou trône une camionnette en réparation, et au fond la rivière d'où est pompée l'eau qui alimente toute la maisonnée et l'arrosage.

ça fait un peu petite maison dans la prairie 
Au fond en rouge, notre logement. Charmant mais un peu ouvert aux  quatre vents , les planchettes de bois ne sont malheureusement ...

Mais la désillusion est rapide dès que nous jetons un coup d’œil au potager - oui, c'est bien trop petit pour être qualifié de champ. De mon point de vue rien de particulièrement choquant au premier abord, mais bon je n'ai la main verte qu'en milieu radioactif. Par contre Simon, lui, se rend bien vite compte que ce sont des branques, dont les connaissances en jardinage ne sont pas beaucoup plus poussées que les miennes...

Il faut avouer que le terrain n'est pas des plus adaptés, certes. La terre n'est pas très riche et pleine de cailloux, voir par endroits de restes de ciment. Les légumes sont plantés parfois au petit bonheur la chance. Ici point de sillons bien marqués, pas de terre aérée et retournée régulièrement, point d'arrachage des mauvaises plantes, pas de remblai pour éviter que l'eau s'échappe lors de l'arrosage. En somme des plantes posées sur le sol, en espérant qu'elles veuillent bien pousser. Rendez vous compte, les tomates poussent sans tuteur !

Bref, après plusieurs jours de travail en plein cagnard, le tout reprend forme humaine mais nous sommes loin des méthodes de permaculture, l'idée même d'une quelconque optimisation ou d'un arrosage journalier semble farfelu à nos hôtes...

Après un temps de flottement, pendant lequel nous sommes sans directives et dans le néant abyssal de leur organisation, décision est prise d'avancer sur un des murets de renfort de la maison ! Ce que je prenais pour un futur bac à fleur était donc une pièce architecturale. Nous allons donc déplacer des tas de terre, puis des tas de sable de ci, de là, le temps que soit décidé le point de stockage. Charger, décharger et recharger encore le même tas à travers le terrain est une expérience de patience. Notre motivation est en chute libre, vous devez vous en douter

Nos prétendus fermiers/architectes en herbe, se révèlent de simples retraités sans aucune connaissance technique - et pas particulièrement curieux. L'idée de faire des recherches Google ou plus simplement dans une bibliothèque plongeait Horacio dans des abîmesmes de réflexion. Mais pourquoi pas, après tout quel intérêt d'apprendre des autres quand on peut juste répéter des erreurs ad nauseam ?

Après notre motivation, c'est donc notre estime pour nos deux semi-hippies sociopathes qui s'écrase au niveau des tomates. Mais bref, nous faisons du beau ciment naturel, et la bétonnière tourne et tourne tandis qu'un crachin tombe sur nous.

Le bâtiment principal, et au fond celui où vivent Horacio et Lila

Nous continuons à déplacer des tas de choses, lorsque Horacio trouve notre nouvelle activité pour la fin de notre séjour à Jujuy. Nous allons créer un meuble type bar en partant de la structure en métal d'une commode et de planches de bois (2mx0,20m à peu près) stockées dans un coin. C'est donc parti pour une journée de ponçage du métal au papier de verre. Nous travaillons musique dans les oreilles pour mettre un peu de cœur à l'ouvrage et enlever restes de peinture et rouille, en nous demandant régulièrement "mais où est Horacio ?".

Le retour de la pluie le lendemain, nous empêche de passer à l'étape du vernis/peinture. C'est au tour des planches d'être poncées. Mais surprise, après plus d'une heure trente et alors que nous terminons la dernière planche, Horacio nous annonce qu'il ne veut pas juste des planches poncées, il veut que nous rectifions la courbure des planches. Et oui, le bois travaille et finit par se courber, rien de bien méchant mais certaines planches bombent de plusieurs millimètres. Soit, sauf que pour se faire nous n'avons à disposition que du papier du verre, et encore faut-il se battre pour avoir des feuilles non usées - cela pourrait abîmer le bois vous comprenez. Devant notre air plus que dubitatif Horacio insiste, nous reprenons donc le ponçage en espérant rattraper le défaut des planches. Bien entendu le résultat n'est pas au rendez-vous, si au bout de 4h nous avons rattrapé un millimètre sur chaque planche, c'est un miracle. Nous faisons donc remarquer à Horacio, que le matériel ne nous semble pas approprié et qu'il existe un outil magique appelé "rabot" pour faire ce genre de travail. C'est à son tour d'afficher un air dubitatif, il préfère se mettre lui même au ponçage pour prouver que si, si c'est possible.

Bon il n'aura pas ponçé bien longtemps, on vous rassure, pendant ce temps nous nous dirigeons vers la salle d'eau pour laver sciure et poussière. Ici le chauffe eau marche au bois, comprenez que nous prendrons deux douches chaude en 10 jours devant la lenteur du système. Mais au moins cela nous amuse un peu.

Et le lendemain, patatra : Horacio nous annonce au moment où nous allons petit-déjeuner qu'il veut que nous partions immédiatement. Et oui, il trouve que nous ne travaillons pas assez, et que nous sommes de mauvaise foi. Il est évident que les planches ne sont pas plates parce que nous ne travaillons pas assez. Et que nous faisons des pauses pour aller boire ou aller aux toilettes, et même que l'on écoute de la musique, et pis on ne fait pas d’effort, et certains jours on ne travaille que 4h30, et on ne fait pas la vaisselle commune tous les jours ! En bref, il se sent lésé. Notre travail ne correspond pas à ce qui nous est fourni, nous sommes en train de le voler - sachez qu'à ce moment c'est le 5e jour de la semaine et qu'il devait donc nous rester deux jours de repos.

Passé notre ahurissement le plus total face à sa réaction, et surtout le fait qu'à aucun moment avant ce matin, il ne nous a été fait la moindre remarque sur nos horaires, notre organisation du travail ou quelconque défaut supposé, nous allons faire nos sacs.

C'est choqués par la méthode, mais soulagés de quitter un tel endroit et de telles personnes que nous remballons nos affaires. Nos gentils retraités un peu hippies se sont transformés en monstres ultra-libéraux. Il est évident que nous n'avons pas la même vision de ce que doit être un Workaway, pour eux pas question d'échange ou d'apprentissage. Il faut travailler 5h, sans pause et selon des horaires mystérieux pour mériter sa croute, et faire la cuisine et tout laver, et ne pas poser de questions sur les méthodes hasardeuses employées. Et sinon, on vous jette, comme le travail à la journée dans les pires mines d'Amérique du Sud.

Touche de douceur au moment du départ, un troupeau de biquette croise notre route 

En bref, si l’expérience de Riohacha était vraiment chouette, ici c'est un échec sur tout la ligne. Pas de belle rencontre, aucun nouveau savoir, des courbatures plein les bras et le dos, et surtout : nous avons oublié, dans la précipitation du départ, la petite paire de chaussures magnifiques que j'avais achetée à Tilcara !

13
oct
13
oct

Après notre expérience désastreuse à Jujuy nous filons au sud en direction de Salta. Changement d'ambiance immédiat. Il fait plus beau, la ville est plus dynamique et surtout possède un vrai centre, avec une place et des bâtiments charmants.

Sitôt trouvé notre nouvel hébergement, une auberge de jeunesse peuplée de jeunes hippies et sentant légèrement les pieds, nous partons arpenter la ville. Mais point de folie, nous sommes arrivé un vendredi et nos fonds ne seront pas disponibles au retrait avant lundi ! Le contrecoup fâcheux de notre départ précipité.

Nous nous rendons vite compte que les salteños n'ont pas peur des couleurs franches et des architectures un peu lourdes. Ce que vous voyez, couvert de rouge et d'or n'est pas un théâtre mais une église ! Le ton est donné ...

Forcément nous allons faire un tour au marché, histoire de manger un morceau et d'acheter quelques vivres pour le week-end. Sans être aussi beau que ceux de Cusco ou Cali, il est plutôt mignon. Surtout, il est au centre d'un quartier entier dédié aux piétons. Plutôt inhabituel dans ces pays où la voiture est reine. Nos déambulations nous amènent sur la place centrale, ça n'étonnera personne le bâtiment le plus beau est d'inspiration française.

Moment d'anthologie, alors que nous passons devant l'église les sonneurs testent les cloches et s'en donnent à cœur joie !

Ça ne vaut pas le son de la pierre cloche 

A notre retour de Cafayate (Simon doit être en train d'écrire l'article), pour changer un peu d'ambiance et continuer d'économiser en prévision de la Patagonie, nous finissons notre séjour à Salta en Couchsurfing. Les conditions sont un peu plus spartiates, nous dormirons deux nuits (le bus était complet le premier jour) sur un matelas une place dans le salon. Mais c'est l'occasion d'aller visiter le cerro san bernardo. Il est accessible en téléphérique, mais nous décidons de gravir la colline avec nos petites jambes musclées.

Et l'ascension en vaut la peine. Petit à petit la vue sur la ville se dégage et c'est avec le soleil déclinant que nous atteignons le sommet. Dimanche fin de journée et le parc est plein ! Familles et amis montent ici profiter du parc au sommet et du panorama sur la ville. Nous retrouvons avec plaisir le rituel du maté mais avec une légère variante (le thermos a été oublié à la maison) : le telele - on met du jus de fruit à la place de l'eau chaude !

La seule photo de nos hôtes que nous ayons

Le lendemain nous sommes seuls, nos deux hôtes travaillent, eux ! Nous allons passer l'après-midi au parc Lorenzo à quelques kilomètres de Salta. La réserve s'étend sur plusieurs kilomètres et présente une forêt humide d'altitude. C'est vert, chaud et humide mais pas trop. Parfait pour une sieste à l'ombre d'un arbre et jouer avec les cailloux dans les ruisseaux.

Même les plantes aiment les couleurs ! 

Une pause bucolique des plus charmantes !

16
oct
16
oct
Publié le 8 décembre 2017

La rencontre avec une Suisse, Sophie a décidé de la suite de nos aventures. Croisée la veille dans l'auberge où nous dormions à Salta, elle nous explique qu'elle compte louer une voiture le lendemain et faire une petite boucle vers le sud en direction de Cafayate. Le courant étant bien passé entre nous, nous hésitons à peine et rdv est pris pour un départ tôt en matinée. Aller à Cafayate est une petite aventure qui vaut autant pour les routes qui y conduisent que pour le village lui même qui réserve quelques surprises. Sophie nous conduit d'une main de maître sous un ciel sans nuage.

Nous rigolons bien à mesure que nous avançons, à raconter notre voyage à Sophie, qui elle a commencé le sien il y a à peine 3 semaines. Elle a les yeux de la nouveauté. Chaque cactus, oiseau ou bloc de rocher sont l'occasion d'une exclamation heureuse. Nous nous surprenons à tenir un discours de blasés. "Oh tu sais des cactus, c'est pas le dernier que tu verras. Oui les couleurs des pierres sont jolies"... Bref des rabat-joie qui commencent à aspirer au calme d'un séjour prolongé dans un même endroit et de préférence une ville !

Deux routes sont possibles entre la petite ville et Salta. La plus à l'ouest, pour une bonne part constituée d'une piste, longe la cordillère à des altitudes élevées. Il est conseillé d'effectuer le trajet en deux jours et avec un véhicule tout terrain. Nous préférons donc le deuxième itinéraire à la fois le plus rapide et le mieux carrossable qui traverse lui aussi, d'après mister routard, une très belle vallée. Quand apparaissent les premiers contreforts de la quebrada de las conchas, (oui oui la vallée des moules, c'est son petit nom) les formations rocheuses rouges et ocres tranchent avec le fond de la vallée recouverte d'arbres et l'eau du ruisseau. L'ampleur des lieux est encore une fois saisissant. Un paysage de far ouest, tels que les westerns nous les ont montrés.

la fameuse gorge du diable 

La vallée est ponctuée de petites singularités qui méritent un petit arrêt. La gorge du diable (oui encore) es très impressionnante. L'eau et le vent ont creusé dans les sédiments les plus friables de la falaise une immense cheminée de près de 300 mètres de haut. On se sent tout petit dans cette antre. Nous grimpons un peu jusqu'à ce que le sol ne se soulève tout à fait et monte à la quasi verticale. Vertigineux.

Nous poursuivons jusqu'à l'amphithéâtre, un grand espace arrondi, qu'une vingtaine de chœurs amateurs occupent pour l'occasion. Chants patriotiques et cantiques d'église façon gospel, nous bénéficions d'un petit concert plutôt marrant.

Les points d'intérêt suivants relèvent plus de l'anecdote, une pierre finit toujours pas ressembler à une pierre n'est-ce pas? Ainsi le prêtre et l'obélisque nous ont plutôt fait rire, tant il fallait mobiliser une réelle imagination. D'autant que Sophie ne parvenait pas à voir l'ecclésiastique. J'ai bien tenté de lui dire que c'était un pasteur mais rien y a fait. Seul le crapaud nous a plutôt convaincu avec son œil torve et son air de pacha.

Nous sortons enfin de cette vallée pour atteindre Cafayate. Je garde une très forte impression de l'espace soudain ouvert à nos yeux certes délimités à l'est ou à l'ouest par de hautes montagnes, mais entre les deux, l'immensité. Apparaissent alors ces grands champs de vigne. Et oui car ici, on fait du vin d'altitude (1 600 mètres quand même) figurez vous. La grande amplitude thermique, nuit très fraîche et journée très chaude permet un très bon développement du raisin qui se gorge de soleil. L'air sec et l'eau glacière directement issue des montagnes protègent des maladies.

Le musée du vin nous a expliqué tout ça de façon très didactique. Mais plutôt que d'en rester à une théorie abstraite nous avons préféré passer aux travaux pratiques. Le destin a fait que nous sommes tombés sur une fête locale où était organisée une dégustation par l'ensemble des producteurs locaux. Malbec, Cabernet franc syrah, pour les rouges. Côté blanc Cabernet sauvignon et surtout torrentes, l'unique cépage dit argentin car produit d'un croisement naturel entre les vignes apportées par les jésuites pour faire du vin de messe et des plantes locales. Une jolie découverte.

Au milieu de cet aréopage, un petit orchestre et un chœur de grande qualité se sont lancés dans l’interprétation du requiem de Mozart. Comme en écho à cette journée magnifique marquée par les voix et les vins.

21
oct
21
oct
Publié le 9 décembre 2017

Cordoba, la ville docte. La belle Córdoba, concurrente éternelle de Buenos Aires. La ville des lettres et des sciences, la fédéraliste opposée à la centraliste.

À peine le bus atteint-il le centre ville que nous tombons sous le charme de Cordoba. Elle mérite haut la main tous ses titres et ne cessera de nous le prouver tout au long de notre séjour.

Le changement d'ambiance est radical comparé à Salta. Ici, au soir tombé les rues sont pleines de joggeurs, tous élancés et la foulée légère. Les nombreux parcs de la ville sont pris d'assaut alors que les terrasses des bars à bières, ou à vins, ou à tapas, bref tous trendy, commencent à se remplir.

Il faut dire que ce sont des quartiers entiers, les anciens quartiers mal famés en pleine gentrification, qui sont réinvestis en lieu de brocante ou de boutique vintage, architecte et designer ont pignon sur rue au milieu des restaurant et bars vegan ou gluten free mais tous résolument hípsters. Un mot pourrait décrire à la perfection cette ville : branchée.

Cette ville, qui semble n'abriter que des CSP+, est la première ville étudiante du pays, d'où son surnom de docte, et ce de par son histoire. L'Université de Cordoba est en effet la première université publique et gratuite du pays, voire probablement du continent, fondée par les jésuites. Et qu'importe s'il a fallu une demi révolution pour que l'enseignement devienne accessible à tous, le résultat est là. Il en découle que la quasi totalité du centre forme un quartier étudiant tentaculaire. Cela explique la quantité de jeunes personnes dans tous les sens et le nombre de bars...

Mais Cordoba est aussi une ville de patrimoine. Anciens bâtiments et églises font bourgeonner tours et clochers dans presque chaque manzana (c'est le nom local pour un bloc ou cuadra). Admirez cette église aux couleurs chatoyantes ! Mais l'art ancien n'est pas le seul à avoir voix au chapitre de l'habillement de la ville. De nombreuses fresques de tailles variées couvrent murs et devantures.

L'architecture même de la ville vaut le détour. On oscille entre inspirations européennes pour les bâtiments et hôtels particuliers des grandes avenues, et architectures résolument modernes pour les centres culturels et les musées, avec des succès plus ou moins francs. Les flancs arrondis du centre des archives se sont vu adjoindre des barres grises - vous les voyez - pour empêcher les habitants de faire de la luge dessus. Mais ça n'a pas suffit, si bien qu'un policier garde l'esplanade nuit et jour: des archives bien protégées. Le geste architectural à l'épreuve de l'habitant. Parfois le choc esthétique de plusieurs influences, donne un résultat plutôt intéressant : regardez ces couleurs !

Sachez que la première photo présente le bâtiment qui tint, plusieurs années durant, le titre de bâtiment le plus étroit du monde. La parcelle est minuscule et l'édifice impropre à l'habitation mais des entreprises y ont leur bureau. Un beau mélange d'influences diverses qui donne beaucoup de charme à la ville. Et comme toujours une place centrale toute arborée, parfaite pour déguster un demi-litre de glace bien mérité après une dure journée de visite !

Mais que serait une ville d'importance sans ses parcs ? Une horrible masse grise me direz-vous et nous serions d'accord. Aussi plusieurs parcs traversent la ville de leur masse verte, mais quelques surprises se cachent au détour des sentiers. Tout d'abord admirez cette piscine de plein air absolument immense : elle fait un peu plus de 50m, et possède un élégant pont pour enjamber les nageurs et les saluer depuis de sèches hauteurs.

Malheureusement nous y étions trop tôt pour la voir en eau, mais elle reste encore impressionnante. Nous continuons notre route pour atteindre un belvédère et que voyons nous ? Une roue de type fête foraine, créée par les entreprises Effeil et achetée par Cordoba. Manque de bol, au moment de monter la structure après son entretien, les traverses sont posées à l'envers. Résultat elle ne tourne plus et depuis les pièces se sont tordues. La petite sœur de la dame de fer, paraît bien triste sans personne à bord de ses nacelles.

Encore bien d'autres surprises se cachent au coin de chaque rue, et Cordoba fut un véritable plaisir à visiter. Nous avons pu profiter des services d'une association de free walking tour pour nous faire découvrir tous ces endroits, et franchement leur guide tient la route ! Et puis une fois encore des couchsurfing nous ont accueillis, charmant petit couple attendant leurs papiers italiens pour aller vivre au Danemark quelques temps. Car oui, sachez que l'administration Italienne offre des facilités pour obtenir passeports et autres papiers aux descendants d'immigrés italiens. Mais attention ! si c'est par exemple votre grand mère qui était Italienne, il faudra passer par un tribunal pour faire reconnaître votre nationalité. Comme quoi des progrès en matière d'égalité des sexes sont encore à faire...

27
oct
27
oct
Publié le 11 décembre 2017

Nous en rêvions, un lieu stable pour plusieurs semaines, sans nécessité de visites. Nous découvrons qu'à la longue le voyageur se lasse. Son regard s'est émoussé, comme son enthousiasme. L'émerveillement des premiers temps a laissé place à un plaisir professionnel, moins spontané, plus mesuré. Bref, aussi iconoclaste et provocateur que cela puisse paraître, le voyageur fatigue de son voyage et réclame du repos.

Nous rentrons donc dans notre ville refuge, celle qui fut le point de départ de notre voyage, la belle Buenos Aires. C'est drôle comme dès les premiers pas hors de la gare, nous avons plaisir à retrouver nos marques sans attendre : le bus 106 pour aller jusque chez Florence dans le quartier d'Almagro, les commerces que nous avions l'habitude de fréquenter, notamment le Chino où nous achetons de quoi fêter notre retour.

Florence nous attend avec impatience, très occupée par le tournage du dernier film de la Goldwin Meyer sur l'enlèvement d'Eichman par le Mossad. Notre principale occupation durant ces trois semaines sera de préparer nos repas, plus ou moins élaborés et de faire de nouveaux tests. Notamment côté boulangerie: burgers avec pain maison, croissants, chapata le pain espagnol... Alex s'est lancé dans les chips de patate douce, et innové en dénichant et cuisinant des graines de soja. Bref des fées du logis !

en pleine action ! 

Les parents d'Alex, Michel et Aude sont arrivés début novembre et nous avons ainsi passé quelques fins d'après midis à siroter du Malbec ou à profiter du talent des Argentins pour cuisiner la viande dans des parillas du quartier de San Telmo. Autant d'agapes qui nous ont totalement déviés de notre objectif de revenir plus minces qu'en partant. Notre absence de réelle activité physique à l'exception des expéditions pour aller faire des courses n'a pas aidé.

En réalité, nous avons quand même exploré le quartier de la Boca. L'un des plus anciens et des plus populaires. Il s'agit de l'ancien port, fondé par des génois. On dit qu'il s'agit du berceau du tango dansé initialement par les marins, entre hommes. Très connu pour ses quelques rues repeintes en couleur flashy et surtout pour la bombonera, le stade local que les footeux qualifient de légendaire.

el caminito, la rue la plus célèbre de la Boca 

Nous arpenterons ces quelques rues envahies par les touristes qui viennent y chercher la carte postale d'un lieu qui n'existe plus. Nous essaierons de nous en éloigner un peu sans prendre des risques inconsidérés, tant le quartier conserve une très mauvaise réputation. Les rues, alors, retrouvent leur calme habituel et les maisons encore de bric et de broc confirment la précarité des habitants du quartier.

Mais, à peine, avons nous pu nous mettre à la page sur les séries du moment, de lire le bouquin que mes parents m'ont envoyé, "l'odeur de la forêt" aussi intéressant qu'addictif...que déjà nous devons penser à notre prochain départ. Cette fois plus de place à l'improvisation. Les terres qui nous restent à découvrir, Chili et Patagonie sont immenses et chères. Si nous voulons avoir le temps de profiter des différentes zones, place à l'anticipation. Nous compulsons alors frénétiquement nos guides Chiliens et argentins pour organiser un trajet qui doit nous amener du nord du Chili, à l'extrême sud argentin en passant par l'Ile de Pâques, avec cette fois la perspective du retour en France !

Après le trajet et le budget, place aux sacs. Nous changeons radicalement de stratégie. Nous avons pu reconstituer nos réserves pour les deux derniers mois qui sont aussi les plus chers. Si nous voulons profiter de toutes les merveilles locales, il faudra passer quelques nuits en tente. Or le dos d'Alex n'est pas prêt à porter beaucoup et le mien n'y tient pas davantage. Si nous portons tout le matériel de camping, il va falloir sacrifier d'autres choses. Soucieux de la rigueur de ses choix, Alex investit dans une balance précise pour peser et soupeser chacun des éléments que nous devons mettre dans le sac.

L'objectif est clair, ne pas dépasser les 20 kg à deux. Exit les quelques objets déjà considérés comme superflus lors de la première boucle (deuxième bonnet, Lycra de surf, flacons d'huiles essentielles, les médocs antipaludiques...), puis quelques séparations douloureuses et drastiques : nous laissons ainsi l'ordinateur et son chargeur, et nous réduisons au maximum le nombre de vêtements. Nous partons avec un seul pantalon, en laissant le jean à Buenos aires. Bref le minimum.

Lors de la dernière pesée, tout fiers, nous constatons notre succès. Alex a un sac qui ne dépasse pas 8 kg et le mien 12 kg. Ce soir Florence fête son anniversaire. Nous avons décalé notre départ pour être là pour la fête. Demain à 15h, un bus nous emmène jusqu'à Bariloche, après 21h de voyage. À nous le Sud !

20
nov
20
nov
Publié le 13 décembre 2017

Après 20h de bus depuis Buenos aires, nous arrivons enfin, un peu moulus, à Bariloche. L'arrivée sur le grand lac, les sommets enneigés en arrière plan, l'eau cristalline... C'est un autre monde qui s'ouvre à nous.

Nous retrouvons les parents d'Alex, déjà sur place depuis 2 jours. Ils nous attendent à la gare, avec leur véhicule. C'est bien la première fois dans ce voyage que nous sommes attendus. La classe ! Un tout petit tour dans la ville de Bariloche, assez moche, et nous filons déjà vers le nord, direction la Villa Angustura, point de départ de la merveilleuse route des sept lacs. Quelques km à peine, et les sombres sapins prennent le pas sur les collines arides. Les genêts en fleurs, d’un jaune étincelant, parent le bord des routes.

Le monde qui s'ouvre à nous rappelle furieusement les Alpes suisses, une succession de lacs, autour desquels la route s'enlace. Dans cette lumière de fin de journée, les montagnes aux sommets encore enneigés se reflètent dans des eaux glacières et transparentes. Les forêts sont couvertes de grands cyprès de la cordillère ainsi que de coihue, immense conifère qui sert de bois de construction, notamment pour bâtir les pontons du lac.

le fameux cyprès de la cordillère

Nous continuons notre route jusqu'à prendre une piste de terre, qui serpente entre deux montagnes, traversant de belles forêts de conifères, sillonnées par d'innombrables ruisseaux. Nous atteignons un autre lac, celui de Traful, du nom du petit village posés sur ses bords. Comme dans toute la region, c'est le chalet suisse qui sert de référence architecturale. En haut d'un promontoire, une petite église en bois, rappelle la simplicité des églises nordiques. Une fois dans un petit salon de thé, une vitrine expose du chocolat, et une série de gâteaux. Apfelstrudel, forêt noire, gâteau aux noix prennent le dessus sur les alfajores, la spécialité Argentine. L'influence, là encore est limpide. On est loin du brin de folie portègne, ou de l'aridité pauvre des Andes. L'opulence est partout, dans la perfection des verts gazons jusqu'aux petits chalets de bois dans lesquels nous passerons une nuit.

et au petit matin, des faucons qui viennent jusqu'à nos fenêtres 
depuis le bateau qui nous amène voir les arrayanes

À côté de la petite ville de villa Angustura, une grande presqu'île fait office de parc naturel. On peut s'y promener jusqu'au bout pour observer les arbres arrayanes, des conifères au tronc couleur cannelle, des arbres en voie de disparition sous l'effet de la sécheresse, et dont on trouve ici les uniques exemplaires. Pour ne pas trainer nous faisons le trajet en bateau plutôt qu'à pied. La balade sous un soleil étincelant est délicieuse.

Nous prenons ensuite la route des sept lacs, qui serpente entre vallées et lacs jusqu'à St Martin de los Andes. Les forêts s'épaississent progressivement à mesure que nous remontons au nord. Chaque nouveau lac, parfois un peu secret, parfois plus dégagé, est l'occasion d'un paysage different, d'une perspective nouvelle, sur les sommets enneigés, sur les eaux aux couleurs émeraudes ou turquoises.

On est tout de même frappés par le nombre d'arbres morts, toujours debout, qui sont autant de petites taches blanches dans le vert sombre des forêts. Intrigués nous avons demandé explication. Eh bien ici aussi dans cette petite suisse le changement climatique est sensible. Alors qu'il pleut en moyenne plus de 3500 mm d'eau par an, voilà 15 ans qu'il ne pleut plus que 2700 mm. Un changement suffisamment brutal pour fragiliser l'écosystème et pour que meurent de très nombreux exemplaires de ces cyprès des Andes. Les feuillus, eux, ont l'air de mieux résister.

A Saint Martin de los Andes, installé sur la berge de l'immense lac Lanin, rondins de bois, bow window, chalets, tous les incontournables de la station de ski sont présents. Les nostalgiques de la cabane au fond des bois, yucaidi yucaida, seraient comblés. Michel et Aude nous emmènent voir un petit village Mapuche au cœur du parc national Lanin. L'endroit un peu plus abrité du vent a beaucoup de charme. Nous nous fondons dans le décors, nous nous imaginons de nouveaux noms. Je choisi celui d'Aigle aux Yeux d'Opale, Alex celui de Bruit du Vent dans les Branches de Bambou, même si j'avais proposé Castor Musqué ! Franche rigolade dans la voiture.

Dernière soirée en Argentine autour d'un bon repas dans un resto très joli. Demain nos chemins se séparent. Retour à Buenos Aires pour Michel et Aude et départ pour le Chili de notre côté.

De l'eau encore de l'eau, ici une jolie cascade dans le parc des Mapuches
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Publié le 17 décembre 2017

Après ces quelques jours charmants dans des paysages de carte postale suisse avec mes parents, nos routes se séparent.

Ils retournent sur Bariloche prendre l'avion vers Buenos Aires tandis que nous nous arrêtons à Villa Angustura. Nouvel au revoir émouvant, ce sont nos derniers visiteurs, et la famille ça compte !

Nous attendons tranquillement sur un banc de la gare notre bus direction Puerto Montt au Chili. À peine 6 heures sont nécessaires pour traverser la frontière mais quelles six heures !

D'abord le paysage de montagne que nous commencions à connaître. Mais petite à petit les parois se font plus proches et plus abruptes, de grands murs rocheux nous surplombent de quoi faire rêver les fans d'escalade. Et petit à petit de grandes plaques de neige apparaissent au milieu des arbres !

L'ensemble est vraiment stupéfiant, une vegetation dense, de la neige à foison (c'était terriblement frustrant de ne pas pouvoir descendre pour la toucher) le tout sur un sol sableux. Et pourtant nous ne dépassons pas les 2.000 mètres !

Rapidement nous arrivons à la frontière, du moins celle côté Argentin, on descend et on tamponne la sortie du territoire. Ce n'est que 15/20 kilomètres plus loin que nous atteignons le point de contrôle Chilien, une sorte de no man's land sépare les deux postes frontières. Côté Chilien on ne rigole pas, c'est avec le sourire et amabilité, mais beaucoup de sérieux qu'un maître chien contrôle avec Lola (la chienne) la présence de matière organique dans les sacs et bagages. En effet, interdiction totale de faire passer quelque produit d'origine végétale ou animale que ce soit. Nous mangeons donc rapidement nos sachets de snackers récupérés par les parents.

Comparé au Perú ou à la Colombie, ça manque de couleurs

Nouveau tampon, qui manque de charme comparé à d'autres, et nous voici officiellement au Chili. Ce n'est que plusieurs kilomètres plus loin que le paysage commence vraiment à changer. Il y a plus d'eau, toute celle bloquée par la cordillère et ici la végétation est bien plus verte. Et lorsque nous sortons des contreforts la vue est stupéfiante. À notre gauche se dresse majestueusement le volcan Osorno, monstre conique paré de neige. Nous ne cesserons de l'avoir en vue pendant les prochains jours, ainsi que son copain tout aussi haut mais moins beau : le volcan Calbuco.

Il ressemble un peu au Fuji, non ? 

Nous traversons notre première ville et le changement est flagrant. Nous sortons du paradis artificiel de la Suisse andine, ici les villes et leurs habitants sont plus pauvres. Les maisons sont de bois peint, avec parfois de la tôle ou du ciment. Avec la lumière encore forte de 19h ça a du cachet, surtout entouré d'une nature plus qu'heureuse. Pensez vous entre le soleil et la pluie qui tombe à flot dans cette région les plantes s'en donnent à cœur joie, on se croirait en Irlande.

Nous arrivons à Puerto Montt après environ 6h de trajet (une bagatelle pour nous ). Nous sortons du bus et goûtons enfin l'air du pays. Il fait frais, il y a du vent, la mer est grise, le ciel un peu couvert, l'atmosphère chargée d'humidité et d'embruns : c'est officiel nous sommes entrés au Chili

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Le premier contact avec Puerto Montt, centre économique du nord de la Patagonie n'est pas très folichon. Il faut dire qu'au soir tombant cette ville aux allures de village de pêcheur, bien mâtiné de zones industrielles paraît terriblement grise et morne. Cela ressemble un peu au cliché d'une ville côtière du nord ouest des Etats Unis, ou de la mer d'Irlande. Mer grise, ciel gris, bâtiments décrépits et gris, nuages bas et gris, le tout balayé par le vent. La préservation des bâtiments, et richesses architecturales ne sont apparement pas une priorité pour la ville, c'est dommage car certains bâtiments à l'abandon gardent les traces de jours fastes.

ça ne se voit pas, mais en fait l'arriere s'effondre. triste qu'une aussi jolie maison soit abandonnée 

Heureusement le lendemain pour l'anniversaire des 30 ans de Simon (24/11/87) le soleil nous fait l'honneur de sa présence et chasse le gros des nuages. La ville se révèle sous un nouveau jour bien plus charmant ! Voyez les jolies maisons colorées aux murs de bois semblables aux écailles de poissons.

Nous déambulons dans la ville, construite à flanc de collines, et offrant de jolies vues sur la baie. À certains moments nous apercevons un petit bout de l'île de Chiloe - alias la zone la plus pluvieuse du monde, 4 m.par an !

A droite, c'est Angelmo

Nos déambulations nous ramènent sur malecón, avec le beau temps c'est tout de suite plus sympathique. Nous décidons de pousser la chance et de filer vers Angelmo, situé de l'autre côté d'un promontoire rocheux c'est une zone dédiée à la pêche et à l'artisanat.

Nous retrouvons enfin l'ambiance des comédors de Bolivie ou de la Colombie. L'on se fait alpaguer dans tous les sens pour aller déguster fruits de mers et autres spécialités poissonnieres. Bien entendu nous allons céder pour un assortiment de moules, clams et autres mollusques non identifiés. En toute honnêteté le tout est trop imposant pour moi et mon goût plutôt modéré pour ces choses là, mais Simon s'en donne à cœur joie !

A l'étage ce ne sont que des restaurants

Avant cette explosion de matière visqueuse et froide nous visitons le marché aux poissons et goûtons un ceviche de clams. Pour le coup on en mangerait des kilos ! Alors que nous contournons l'ensemble de bâtiments, surprise : des lions de mer paressent au soleil, sûrement attirés par les déchets du marché et des restaurants.

Tout parallèle entre les animaux ici présents, ne serait que fortuit et n'engage en aucun cas l'avis du photographe 

Patauds et lourdeaux sur terre, ils impressionnent par leur rapidité et agilité une fois à l'eau. Ça donne envie de plonger pour les rejoindre...

Mais l'heure passe et notre hotel de la veille attend toujours qu'on vienne régler la note ! Nous filons récupérer nos bagages et payer notre loyer. Il nous faut nous presser un peu, nous voulons partir en direction de Cochamo, pour profiter de la vallée située à quelques kilomètres, mais il nous faut faire des provisions puisque le village est vraiment tout petit ! C'est sur les coups de 16h que nous embarquons finalement dans un bus nous amenant à destination à travers un paysage incroyable.

On vous a dit qu'on voyait tout le temps le volcan Osorno 

Nous roulons entre mer et montagne. La lumière et le relief donnent l'impression d'être dans des fjords de pays scandinaves. Ce n'étaient que des mots sur un guide mais leur réalité s'impose à nous : la Patagonie est le royaume de l'eau et des montagnes.

25
nov
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Publié le 23 décembre 2017

Depuis Puerto Montt, nous remontons vers le nord jusqu'à puerto Varas, nous ne faisons que traverser la ville à bord du bus, mais la vue sur le lac, avec en fond le volcan Osorno nous laisse rêveurs. Le nombre d'agences de tourisme et de boutiques de matériel de sport/camping nous aide à comprendre que si Puerto Montt est le centre économique de la région, Puerto Varas en est le centre touristique.

Mais notre destination nous attend. Nous quittons le lac et sa vue magnifique pour continuer vers le sud-est en contournant la baie. Les paysages sont l'image même que l'on se fait du fjord, montagne et mer se rencontrant dans un paysage de verdure encerclé de hauts sommets couverts de neige.

Nous atteignons Cochamo, l'idée était de faire quelques courses de compléments avant de nous rapprocher du point de départ du trek, mais l'heure tardive et les 9km qui nous en séparent nous feront passer la nuit sur place. Il faut avouer que Cochamo ne manque pas de charme, le lieu est minuscule, une rue principale et quelques croisements résument le village. La vue sur la mer et un énième volcan enneigé pose un cadre charmant, en plus d'une église à l'architecture typique de la région. Vous voyez les tuiles de bois qui forment comme des écailles de poisson ?

 Ça c'est la vue en sortant de la tente. Vous avez vu les arrayanes qui poussent partout autour ? 

C'est tôt le lendemain (comprenez à 10h), que nous sommes prêts à partir. Le tenancier de la boutique où nous faisons nos courses nous propose de nous déposer moyennant finances au point de départ, nous acceptons bien entendu. C'est parti pour une randonnée d'environ cinq heures, avec un dénivelé positif d'environ 300m. On monte un peu, on redescend, puis on remonte encore un peu et ainsi de suite jusqu'à notre destination. La randonnée en elle même est plutôt agréable. Nous marchons dans l'ombre de la forêt, et quelques trouées permettent d'admirer le paysage et la rivière que nous remontons.

Mais un trek c'est avant tout de l'aventure ! Nous ne faisons pas que flâner le nez au vent, il faut maintenir un rythme dynamique et surmonter de nombreux obstacles. Le sol lui, souvent détrempé tend à céder sous nous pieds, de nombreux passages au ras de l'eau se font sur des planches branlantes et glissantes. Et parfois, un torrent trop grand pour être enjambé, nécessite des moyens plus poussés et un sens de l'équilibre plus développé. Rien d'insurmontable pour nous désormais !

On se demande quand même comment la traversée se faisait avant l'installation du pont 

Le bruit de l'eau nous accompagne en permanence, et en regardant les sommets qui nous entourent on découvre à chaque fois des cascades d'où dégringole l'eau des glaciers. On se doute qu'elle n'est pas très chaude...

Terriblement frustrant alors qu'elle paraît si accueillante, avec ses couleurs turquoises ! Nous continuons notre chemin et faisons quelques découvertes . Une ribambelle de lézards se dorent la pillule dans les tâches de soleil, pas farouches pour deux sous, et semblent vouloir rivaliser avec les couleurs de la rivière. Et un peu plus loin, nous découvrons que les campings placés sur l'autre rive ont su s'adapter pour faciliter la traversée à leur visiteur. Une sorte de nacelle accrochée à un système de tyrolienne. Rustique mais efficace !

Nous arrivons enfin à destination, le camping de la Junta. Encore hors saison le lieu est plutôt vide, on nous apprend qu'en saison haute celui-ci ainsi que les 3 autres à proximité sont pleins et qu'il faut attendre que ceux de la veille descendent pour pouvoir s'installer. Mais la.vue est impressionnante, nous sommes entourés par de hauts murs de roches, coiffés de neiges et de glace. C'est apparemment un endroit privilégié par les fans d'escalade que nous croisons en nombre, et par les scouts.

Apres le montage de notre campement et un petit temps de repos, nous profitons des dernières heures de soleil pour aller voir les toboggans. Formation géologique que l'eau a progressivement formée. La pierre polie avec le temps permet de belles glissades jusqu'au bassin à ses pieds. Vide aujourd'hui à cause de la température de l'eau plutôt frisquette, le lieu est parait-il pris d'assaut en plein été.

Nous n'irons même pas tremper nos petits pieds. Il faut dire que pour y acceder il faut traverser un torrent large d'une bonne dizaine de mètres, glacé, au courant fort et sur le final, l'eau monte au dessus du genou voir à mi-cuisse. Heureusement nos chers scouts ont tendu une corde pour faciliter la traversée. Cela n'a bien évidemment pas suffit, entre mon sens de l'équilibre proverbial, les pieds glacés et les cailloux glissants, j'ai fini par m'étaler dans l'eau. Le tout avec grâce et au ralenti, mais le résultat fut le même : un Alexandre trempé et refroidi dans ses ardeurs d'explorateur de l'extrême. Simon a eu le bon sens de ne pas trop se moquer...

Retour au camping pour notre dîner, lors duquel nous faisons la rencontre de deux belges ultra sympas : Audrey et Thibault. L'arrivée d'un francais, backpacker du style " j'ai tout fait, tout vu et si vous n'avez pas fait ce que j'ai fait vous êtes un peu des nazes " nous fait tous battre en retraite un peu précipitamment.

Mais le lendemain nous faisons le retour à Cochamo ensemble, l'occasion d'échanger tranquillement sur nos différents voyages et nos impressions. C'est ensemble que nous passons une nuit au camping de Cochamo, en compagnie d'un couple de Chiliens rencontrés un peu plus tôt. Il faut dire que nous n'avions pas le courage de rentrer à Puerto Varas immédiatement.

C'est avec Thibault et Audrey que nous faisons le trajet du retour le lendemain, et cette fois en mode grand confort. Ils ont investi dans un véhicule type 4*4, aménagé pour pouvoir accueillir une plaque de cuisson gaz, des coffrages formant un plancher pour mettre matelas et oreillers, une douche solaire sur le toit et un tas d'autres accessoires, plus ou moins utiles mais qui ajoutent indéniablement au confort du voyage. Il faut l'avouer, nous étions un peu envieux. On fera sûrement quelque chose dans le genre pour un prochain voyage, au final les économies sur les transports et hébergements sont importantes malgré le prix d'achat du véhicule et le coût de l'essence.

Il faudra juste que je passe le permis me rappelle Simon 

C'est à Puerto Varras que nos routes se séparent, après avoir échangé adresses de blog et numéros de téléphone. On espère pouvoir les recroiser en Patagonie autour d'el Chalten ou au Fitz Roy.

Pour aller lire leurs aventures, c'est par ici !

Nous profitons de notre nuit à Puerto Varas pour faire réparer une fois encore les chaussures de Simon. La réparation faite à cuzco est de mauvaise qualité, le fil se déchire et la semelle flotte. Un petit cordonnier, lui répare le tout d'une main de maitre, mais maintenant c'est le caoutchouc de la semelle qui craque face au fil. Le matériel péruvien n'est décidément pas d'une qualité folle. Deuxième investissement de la journée : une petite casserole. Au camping de la Junta nous avons compris que la présence de vaisselle et de cuisinière est plus que facultative en camping. Nous verrons plus tard s'il nous faut aussi brûleur et bombonne de gaz.

vielle godasse et casserole flambant neuve... présentateur qui aurait pu faire carrière à télé achat ! 

Dernière étape, un plein de courses en prévision de la semaine à Rapa Nui (l'île de Pâques pour les suprémacistes colonialistes du fond). Puisque tous les produits sont importés, les prix flambent sur l'île, pas d'autre choix que d'importer nous mêmes nos conserves et sachets de pâtes.

Armés de notre nouvelle casserole et de nos 5 kilos de nourriture, nous sommes prêts à prendre le bus de 8h qui nous emmènera en 14h à Santiago. nous passerons une partie de la nuit dans l'aéroport pour prendre le vol de 4h30, direction les Moaï !

29
nov

Il faut à peine 4h30 pour rejoindre l'Ile de Pâques, depuis Santiago. Le vol dans un avion flambant neuf se passe sans anicroche aucune. Nous quittons le ciel brumeux de Santiago et après quelques dizaines de km, l'océan et seulement l'océan à perte de vue. Puis quelques nuages moutonnent à l'horizon au dessus d'un confetti. On s'approche peu à peu et l'île commence à apparaître. Un grand triangle avec, à chaque extrémité, les formes arrondies de très vieux volcans.

Nous contournons l'île baignée dans une lumière à la fois crue et un peu jaune. De grandes falaises noires sont assaillies par l'écume et les vagues. Nous atterrissons et au sortir de l'avion la chaleur et le vent nous surprennent. Nous voilà donc à l'extrême est de l'Océanie, dernière point d'un triangle qui va de Hawaï à la Nouvelle Zelande, vaste étendue d'eau parcourue par des hommes partis de Papouasie, depuis déjà plusieurs millénaires, s'installant peu à peu sur les quelques récifs surgis du fond des mers.

On sait si peu de choses sur les habitants de Rapa Nui, sa mémoire ayant été décapitée lors de la colonisation. Mais aucun doute, en revanche, sur la pleine appartenance des pascuans au monde océanien. On retrouve la même référence au make make et à d'autres divinités, une cosmogonie proche, une tradition commune de décorer les corps de tatouages et de peintures. Il faut donc un instant se représenter l'épopée humaine de ces tribus, sans doute défaites par des rivaux sur leur île d'origine, devant prendre la mer à la recherche de nouvelles terres, plus accueillantes. D'immenses bateaux, sortes de catamarans, capables d'accueillir plusieurs familles, ainsi que les fruits légumes, plantes diverses, ainsi que de nombreux animaux vivants pour survivre à des traversées de plusieurs semaines. Une arche de Noé à la recherche de tout signe susceptible d'annoncer la proximité d'une terre. La légende dit que ce sont 7 éclaireurs découvreurs de l'île qui revinrent auprès du roi Mata rui et lancèrent l'aventure.

Cet Ahu unique en son genre, en cela qu'il regarde la mer, pourrait rendre hommage aux 7 eclaireurs

Mais une fois installés, l'Ile divisée en tribus sous la tutelle d'un roi, les pascuans développent ce culte unique des moaïs, les géants de pierre. À quelques encablures de la seule ville de l'île, Hanga Roa, s'élève le premier Ahu, nom donné aux plateformes cultuelles où sont édifiés ces immenses statues de pierre volcanique. Représentant les ancêtres du village, chargés d'une force symbolique et magique, grâce à la Mana, les moaïs se dressent regardant le village et tournant le dos à la mer. Ils donnent au village et à la tribu sa renommée et son autorité à l'égard des tribus voisines. Toute la parcelle de l'ahu fait l'objet d'un tabou, seuls les dignitaires et le roi ayant le droit de s'en approcher et d'y accomplir les rites appropriés.

l'ahu est constitué de ce monticule légèrement bombé, empierré qui s'etend à l'avant et sur les côtés des Moaïs 

La taille, la finesse d'exécution et bien sûr le nombre de moaïs édifiés disent quelque chose de la richesse et de la puissance des différentes tribus. C'est intriguant combien ils semblent au premier coup d'oeil relativement grossier, mais révèlent en fait par les lignes des yeux, du front, de la bouche, une infinité de variations qui font de chaque géant une œuvre originale.

Le clou du spectacle de trouve à l'est de l'île quand 15 moaïs dressés au pied du volcan forment un alignement unique et prodigieux. Impassibles mais imposants, on imagine la forte impression qu'ils pouvaient faire aux habitants des lieux. Ces pierres sont vivantes, elles ont une présence.

Un peu plus loin, on découvre la carrière de pierre d'où viennent toutes les statues de l'île. Et là, posés pour l'éternité des dizaines de visages à moitié enterrés vous observent, sur les flancs d'un des petits volcans. À l'extérieur comme à l'intérieur du cratère, les artisans s'en donnèrent à cœur joie formant une armée silencieuse. On devine les premières lignes de statues nouvelles encore enchâssées dans leurs gangues de pierre. Le charme opère dans l'ambiance de recueillement de ce cimetière, où le bruit du vent vient caresser cette assemblée de personnages silencieux.

On dénombre près de 1000 moaïs. Près de la moitié se trouve encore dans la carrière, l'autre moitié est dispersée sur l'île, certains dressés, d'autres couchés, les derniers enfin enterrés ou endommagés lors de leur transport. Petite épopée que d'amener à l'autre bout de l'île ces immenses blocs lourds de plusieurs tonnes. On ignore d'ailleurs comment ils s'y prenaient. Suffisamment de mystères pour que toutes les suppositions, jusqu'aux plus farfelues soient imaginées. Les martiens ne sont jamais bien loin.

Le petit musée de l'île, très très bien fait, tord le cou à ces fantasmes et donne un aperçu de toutes les certitudes et de tous les suppositions réalistes qui visent à combler les trous d'une histoire très lacunaire. C'est d'ailleurs assez formidable comme cette île est devenue une icône connue du monde entier, nimbée de mystère et de merveilleux. Une fois sur place, quelques uns de ces nuages se dissipent et laissent place à l'admiration d'une civilisation virtuose qui nous tient sous son charme.

1
déc

Aujourd'hui direction les hauteurs de l'île ! Vers le cratère de Rano Kau. Cette caldera abrite désormais une lagune dotée d'un microclimat. Il faut dire que les hautes parois de cet ancien volcan coupent du vent et du sel de la mer. C'est pourquoi ici poussent joncs et autres plantes uniques. Pendant longtemps la population de Hanga Roa est venue ici s'approvisionner en eau douce et laver son linge.

Aujourd'hui, le site est protégé et interdit d'accès. Nous pouvons seulement nous balader sur le chemin de crête, admirer les reflets du soleil dans le lacis de lacs, et découvrir des tonnes de petits cailloux noirs et lisses au toucher. Il s'agit d'obsidienne, ou dragonglass pour les fans de GoT. Du verre naturel, formé lors de l'éruption du volcan et tenant sa couleur du carbone qui le compose. Nous déterrons un bloc énorme, un joli caillou pour l'anniversaire de Simon. Pour de vulgaires raisons de poids Simon l'abandonne sur place...

Entre les doigts les faces polies brillent de mille feux au soleil

Certes la vue sur Hanga Roa et l'intérieur du cratère est digne d'intérêt mais la principale raison de notre ascension est le musée consacré au site d'Orongo, situé entre le cratère et les falaises. On s'intéresse ici à l'histoire de l'île à partir du 17e siècle. Rien de ce que l'on apprend n'est sûr. Suite aux rafles, massacres et l’exploitation du peuple autochtone , les élites religieuses et politiques disparaissent et avec elles la majeur partie de la mémoire de l'île. Toujours est-il que nous savons que vers 1650 le culte des ancêtres décline, probablement pour plusieurs raisons : guerres entre clans pour s'approprier les ressources de plus en plus rares, catastrophes naturelles, famine...

On a retrouvé des moais plusieurs centaines de mètres à l'intérieur des terres, en cause un Tsunami d'une puissance inouïe pour dé...

C'est à priori lors de ces guerres que le gros des moaïs seront renversés, même si les premiers occidentaux à passer par là vers 1730 font état de moaïs toujours debout. Il faut dire que les moaïs sont le reflet de la puissance du clan, mettre ceux-ci à terre c'est détruire la magie qui protège, démoraliser les guerriers adverses, humilier les ancêtres. Les ancêtres protecteurs, mis à terre et impuissants face à la nature ne semblent plus aussi efficaces, leur culte diminue au profit de celui de Make-Make et de l'homme-oiseau : le tangata manu.

des maisons aux entrées très étroites pour bloquer le vent violent qui souffle

L'idée est relativement simple sur le papier : introduire une rotation du pouvoir temporel au moyen d'une compétition rituelle. Tous les ans un représentant de chaque clan est envoyé avec le chef au village d'Orongo. Là, après une période de préparation rituelle et de diverses cérémonies, le coup d'envoi est donné. Chaque représentant descend la falaise de 300m, et se jette à l'eau aidé d'un flotteur en jonc. Il doit rejoindre les petites îles en face d'Orongo, accoster malgré la houle et l'absence de plage. Là, il va choisir un nid de sterne - une des seules espèces endémiques - et attendre que la femelle ponde. Le premier à rapporter un œuf intact, accroché à son front - il faut retraverser la mer et grimper la falaise - sera le tangata manu de la nouvelle année.

Les trois îles où viennent pondre les sternes lorsqu'elles daignent toucher terre

À ce moment ça se complique, d'une part, le clan du guerrier et son chef clan prennent pour une année un ascendant politique sur l'île. D'autre part, le guerrier vainqueur, investi Tangata Manu, devient Tabu et passera l'année reclus, ce qui lui confère une préeminance religieuse. Interdit de le voir, de lui parler, de le nourrir sauf par un prêtre. Le tout bien sûr, sous la tutelle et les conseils avisés de l'élite religieuse et du clan Maru, historiquement le clan souverain. On doute en fait un peu de la véritable rotation du pouvoir, mais le changement de culte est bien là. Les quelques moaïs encore dressés se voient ajoutés des représentations du tangata manu et de Make Make. Quelques moaïs sont encore sculptés, non plus pour représenter les ancêtres mais en l'honneur des tangata manu décédés.

Make make : tête de sterne et jambes humaines, à droite une reproduction du seul moai dont le dos est gravé de ce motif

La chronologie de ces événements n'est pas claire, pour certains le basculement d'un culte à l'autre est brutal, pour d’autres progressif. Pour certains les deux se mélangent en partie, pour d'autres ils sont exclusifs. En bref, on n'est sûr de rien, mais la version que nous vous racontons est la plus en vogue actuellement ou du moins celle racontée sur l'île. Pour être franc, Simon et moi ne sommes pas d'accord sur ce que nous avons compris, pour vous dire comme c'est flou... Une chose est sûre en revanche, la colonisation vient détruire cette civilisation.

Au 19eme, des esclavagistes péruviens déportent une grande partie des habitants pour travailler dans des mines. Une mobilisation finit par faire pression sur le Pérou qui va imposer la libération des pascuans. Mais les mauvaises conditions dans les mines, et la variole sur le bateau du retour déciment la quasi totalité de la population. Le reste de la culture locale disparaît avec l'évangélisation de l'île. Ensuite l'île devient propriété de la marine chilienne, et reste sous un strict régime militaire.

Rendez vous compte, il faudra attendre 1966 pour que les natifs (comprenez les quelques autochtones et les océaniens ramenés par les exploitants blancs pour travailler sur l'île) acquièrent le statut de citoyens chiliens, avec au passage le droit de circuler sur toute l'île et même d'en sortir. Rien d'étonnant à ce que tant de pascuans aient fui vers Tahiti.

D'ailleurs le nom de Rapa Nui aujourd'hui utilisé pour l'île, vient de ce qu'une grande partie de la population vient de l'île de Rapa. Nui signifiant grande, c'est donc la grande Rapa. On nous a dit sur l'île que Nui se prononçait Nouille. L'info est trop amusante pour qu'on courre le risque de la démentir. Vous en savez désormais à peu près autant que nous sur l'île de Rapa Nouille et son histoire !

Une grande civilisation quasi éradiquée par la colonisation et aujourd'hui encore bien fragile. La population lutte toujours pour récupérer les terres sous contrôle de l'armée chilienne, et empêcher leur vente aux consortiums touristiques. Difficile aussi de conserver une identité culturelle forte alors que l'immigration de continentaux, attirés par la manne financière du tourisme, est à la hausse. La pression tant foncière, qu'écologique et culturelle ne cesse d'augmenter. On ne peut que souhaiter aux Pascuans de retrouver leurs droits et le contrôle de leur territoire avant qu'il ne soit trop tard.

drapeaux noirs et inscriptions vengeresses  sur les abords de ce grand complexe construit sur les terres d'une famille spoliée
4
déc

Rapa Nui est une île d'histoires et de mystères mais pour qui sait regarder sous la surface elle réserve encore bien des merveilles. C'est pourquoi nous réservons vite pour une plongée dans les eaux agitées du Pacifique. On nous dirige naturellement vers le site du moaï immergé. Pas d'emballement, il s'agit d'un faux moaï créé pour les besoins d'un film. Mais la légende parle bien d'un moaï immergé perdu dans les environs de l'île. C'est le spot le plus touristique. Étant donné qu'il est juste en face du petit port et à faible profondeur (+/- 20m) c'est plutôt logique.

Ce n'est pas nous mais Wilfried et Emeline, pour suivre leurs aventures c'est par ici : https://jepeuxpasjaitdm.com/ 

Mais surprise, le matin même, changement de programme. Nous irons plonger à la cathédrale. Il s'agit d'une formation rocheuse en forme de grotte, ou plutôt d'arche tant il y a d'ouvertures. Le site est plus éloigné le long de la côte ouest, cela nous laisse le temps de parler avec nos comparses de plongée. On apprend ainsi que la température de l'eau, dans les 20°, est considérée comme plutôt chaude et que les eaux de l'île ne sont pas très riches en poissons ou coraux. Ce sont plus des plongées d'ambiance que de faune, ce sont les paysages qui valent le coup d'oeil surtout grâce à la transparence de l'eau, visibilité à près de 50m facilement !

Et effectivement quelle ambiance ! c'est la première plongée que nous faisons, où la houle est suffisamment forte pour nous affecter à la profondeur où nous évoluons. Le déplacement est plus horizontal que vertical, et nous sommes balancés d'avant en arrière ou de droite à gauche sur plusieurs mètres. Il nous faut un petit temps pour nous remettre dans les sensations de la plongée et encore plus pour apprendre à nager avec ce va et vient de l'eau. Palmer tranquillement quand le courant nous refoule, et se laisser porter quand il nous aspire. Cette sensation de ballotement est au final très agréable.

Mais la plongée gagne en technicité quand il faut passer entre les murs de coraux ou entrer dans la Cathédrale. Curieuse sensation que d'être dans une grotte sous marine, pour la première fois de notre vie nous n'avons pas d'accès direct à la surface, presque 15 mètres de roches, de coraux et d'eau nous en séparent. Il faut suivre le rythme du flux et du reflux et éviter de se cogner contre le fond ou de cogner la bouteille contre le plafond. Mais le plus impressionnant sera la deuxième sortie de la grotte. Les guides ont l'air content de nous et nous proposent de sortir par un tunnel beaucoup plus étroit que l'entrée principale. Le boyau fait dans les 5m de long pour une largeur d'1m5. Largement de quoi passer mais le courant y est plus fort. Impossible d'avancer en luttant contre, mais l'aspiration vous fait traverser le tunnel en quelques secondes ! Une petite poussée d'adrénaline parfaite avant de faire notre palier de sécurité et de rentrer au port. Certes la faune n'était pas des plus fournies mais nous avons tout de même pu voir une floppée de poissons flûtes et autres poissons aux couleurs chatoyantes. Prochain achat : une camera subaquatique, et un guide sur la faune marine...

C'est un peu grelottant mais les yeux envieux que nous voyons l'Australienne qui nous accompagnait repartir quasi aussi sec en plongée. Bon, il faut dire qu'elle est monitrice en Australie et prévoit 8 plongées en deux jours. L'île dispose de très nombreux spots de qualité. Wilfried et Emeline nous font le récit de leur plongée du côté d'un mur tombant à pic à 60/70m du côté d'Orongo. La vue est paraît-il magnifique et l'eau tellement claire que le fond semble à portée de doigt. Nous vous avouons que nous sommes plutôt contents de passer l'après-midi à végéter sur les canapés de l'hostel en éclusant des bières avec nos nombreux comparses français. Comme toujours les Français sont légions. Normal me direz vous pour une île de l'Océanie, dont une grande part de la population est plus ou moins francophone et tahitienne, forcément ça vend du rêve. Mais nous sommes tous plus ou moins sur la même longueur d'onde, ambiance routard et tour du monde. Et donc tout le monde en tente, et tenu de randonnée. Pour une fois on ne fait pas tache, si ce n'est que la plupart sont bien plus sportifs que nous ! Grimper tous les volcans de l'île ou presque, merci mais très peu pour nous. Notre balade le long de la côte ouest d'ahu en Ahu et le long des tubes de lave nous suffit.

Les tubes de laves ? Vous ne voyez pas ce que c'est ? Je vous explique : lors des éruptions il arrive que les courants de lave refroidissent suffisamment à leur surface pour solidifier tandis que le flux à l'intérieur continue de couler. D'éruptions en eruptions, l'île est aujourd'hui traversée par plusieurs réseaux de tubes plus ou moins circulaires et réguliers. Ceux-ci furent utilisés pendant longtemps comme refuges voire pour certains comme plantations. Certains tubes ont vu leur plafond s'effondrer donnant naissance à de petits canyons où la terre et l'eau s'accumulent à l'abri du vent et des embruns, parfait pour faire pousser quelques arbres fruitiers. C'est plutôt rigolo de se balader dans ces tunnels pour émerger quelques mètres plus loin au milieu d'un fouillis de végétation. Difficile de croire que nous sommes passés à quelques mètres de cet accès sans rien voir depuis le sentier.

Cette balade d'une bonne quinzaine de kilomètres nous aura pris la journée quasi complète. Pour rejoindre Anakena et les sites de la côte est (notamment la carrière et les 15 moaïs dont Simon vous a déjà parlé), nous optons pour une solution plus rapide et pas plus coûteuse : le stop ! Et ça marche du feu de dieu. À peine sommes nous sortis d'Hanga Roa qu'une jeep de location s'arrête. Deux français en Lune de miel autour du monde, nous embarquent et nous permettent de visiter avec eux la côte ouest jusqu'au site des 15 moaïs. Nous coupons par les terres pour rejoindre la route plus au nord qui nous amène jusqu'à Anakena. Là encore le stop fait des merveilles. En chemin nous traversons des exploitations abandonnés et croisons quelques Ahu et moaïs non restaurés toujours le visage dans la terre.

L'arrivée sur Anakena nous laisse rêveur. C'est le décor type d'une plage de carte postale. Le soleil montre le bout de son nez, l'eau est transparente, le sable blanc, les cocotiers s'agitent doucement dans la brise et la plage est prise d'assaut par les touristes. Sans être exténués, la fraîcheur de l'eau après nos quelques heures de marche nous fait le plus grand bien. On en profite pour apprendre que les cocotiers ne sont pas natifs de l'île. Un gouverneur de l'île dans les années 60 ou 70 clairvoyant quand au potentiel touristique de l'île demande à des navigateurs de lui ramener des graines de palmier hawaiens pour habiller la plage. Le résultat est plus que satisfaisant. Surtout quand on s'éloigne un peu pour avoir la plage et sa rangée de moaïs dans le champ de vision


D'après la légende et des fouilles, Anakena serait le point où auraient débarqué les premiers habitants. Et on comprend leur choix... Une petite sieste à l'abri des palmiers et nous décidons de revenir à Hanga Roa avant que le soleil ne se couche. Nous faisons une nouvelle fois appel au pouvoir du pouce magique. Quelques minutes de marche et une voiture s'arrête : surprise ce sont les carabiniers ! Après une petite blague sur le panier à salade à l'arrière, ils nous font monter sur la banquette arrière à côté des gilets pare-balles, des matraques et des képis. Nous faisons un peu moins les malins, il faut dire que les pistolets à leur hanche et les grillages de protection tout autour du véhicule ne nous aident pas à tailler la bavette.

Heureusement le trajet est de courte durée, à coup de 100km sur les petites routes nous sommes vite rendus à destination. Nous ne manquons pas de remercier chaleureusement nos amicaux conducteurs non sans ressentir un certain soulagement à l'idée de sortir du véhicule. La mémoire de l'état policier et dictatorial ne rassure pas énormément... Toujours est-il que nous voulions être de retour au camping suffisamment tôt pour profiter de la vue et débriefer de notre journée avec la communauté française. On en profite pour vous dire que le camping était top qualité, propre, bien géré, matériel de cuisine en quantité, plein de cuisinières et de frigo, pas un seul vol de nourriture, même nos canettes de bières sont restées à leur place ! Et une super vue tous les matins en sortant de la tente.

Au soleil couchant nous respectons le rituel quotidien. Aller admirer le coucher de soleil depuis les bancs de béton de l'autre côté de la rue. Le blanc de l'écume vient exploser sur le noir de la roche pendant qu'au loin le bleu sombre de l'océan vient répondre à l'explosion de couleur du soleil sur le ciel. Enfin il bascule à l'horizon et seul les nuages sont encore éclaboussés de lumière rose alors que la nuit tranquillement tombe sur nous et que le bruit du ressac nous enveloppe.

Bientôt il sera temps de partir. L'île de Rapa Nui a tenu ses promesses, c'est les yeux et le cœur plein d'images et d'histoires que nous prenons l'avion de retour pour le continent.

8
déc

Retour à Santiago, pour plus de quelques heures cette fois-ci.

Constanza a accepté de nous accueillir pour le temps de notre séjour, nous allons donc vivre avec elle chez ses parents dans le quartier de Florida, situé à une quinzaine de minutes en métro du centre ville. L'accueil est des plus chaleureux, sitôt arrivés nous nous retrouvons autour de la piscine de la résidence (deux tours d'une quinzaine d'étages en face à face) à échanger sur nos voyages, le tout une glace à la bouche offerte par sa mère. Elle a la bonne idée de garder quelques gamins de l'immeuble et surtout de vendre des glaces pas chères à tout ce petit monde, forcément elle a un succès fou et tout le monde la connaît.

En bref nous sommes accueillis comme la famille. On nous invite à l'anniversaire de la grande sœur, puis à un petit asado en famille le samedi. Impossible de refuser, et nous aurions eu tort tant nous passons de bons moments en leur compagnie. Il n'empêche que tout cela réduit drastiquement notre temps libre pour les visites, pas d'autre solution que de faire des choix.

Nous commençons par prendre le pouls de la ville en déambulant dans l'hypercentre. Une petite grimpette sur le cero Santa Lucia nous donne une bonne vue d'ensemble, et des quartiers environnants. Le parc en lui-même est plutôt mignon. C'est un roc taillé et aménagé pour accueillir quelques zones de verdure et enchaîner les miradors. Entre le soleil qui tape et les marches raides, le sommet se mérite !

Nous poussons vers le quartier de Lastaria. Le Barrio est minuscule, quelques rues qui se croisent dans une ambiance bohème chic. Bars et restau un peu tendance, fresques murales, collages plus ou moins politiques, bâtiments d'époque ou modernes. Un joyeux mélange dans ce qui semble un vivier de l'hipsteritude de la ville.

Nous débouchons sur le GAM ou Centro cultural Gabriela Mistral. L'ancien bâtiment a abrité les bureaux de Pinochet puis de la junte jusqu'en 90, faute d'un palais présidentiel largement détruit en 1973. En 2006 le bâtiment brûle et sera rénové de la plus exquise des façons. Un bâtiment moderne et ouvert, mêlant béton, métal et verre. Il abrite expositions temporaires et permanentes le tout dans une ambiance calme propice au repos ou aux études. Quand nous y passons, une exposition temporaire s'intéresse à l'art visuel, et plus particulièrement aux affiches. Celles du métro Londonien, puis une traversée européenne des différentes écoles aux thématiques plus théâtrales.

Alors que nous sortons nous tombons sur de jeunes femmes répétant des chorégraphies. Deux groupes sont côté à côte, d'un côté des petites blanches bougeant un peu tristement sur des pas probablement tirés d'un girlband quelconque de J ou K-POP. De l'autre deux métisses bougeant sur des rythmes plus marqués avec une maîtrise certaine. Notre préférence est assez evidente, on regrette un peu de ne pas avoir demandé l'autorisation de filme: elles donnaient vraiment envie de shaker son booty.

Comme premier contact avec l'histoire du Chili, nous faisons un crochet par le cimetière général. Outre sa taille impressionnante nous voulons surtout voir le monument en mémoire des disparus du régime Pinochet, et la tombe d'Allende (Simon veut rendre hommage au patron de sa promotion). Nous sommes surpris par la fréquentation du lieu, nous sommes en plein grand week-end et de nombreuses familles viennent rendre hommage aux disparus et parfois pique-niquer sur la tombe de grand mère. Une façon comme une autre d'entretenir la mémoire d'une façon aussi positive que possible.

Pour atteindre le quartier de Bellavista, nous décidons d'utiliser nos petites jambes musclées. Le manque d'intérêt total des quartiers que nous traversons n'est rompu que par notre traversée d'un des marchés de la ville. Nous craquons pour les cerises délicieuses des étals, mais cela ne comble pas notre tristesse de ne pas trouver de comedor pour rassasier notre appétit. Heureusement après une balade au pas de courses dans Bellavista, aux murs couverts de fresque et remplis de bars et de restaurants - il semble que le quartier soit plutôt noctambule- nous atterrissons dans un restau routard parfait pour nous caler. Manque de bol : la cuisine est franchement passe partout, le soleil tape pile sur la tête sans que la serveuse s'en émeuve le moins du monde - le parasol n'est pas inclinable nous dit-elle alors que nous voyons bien que si - et un groupe de Chiliens avinés à la sangria beugle à notre côté. Pour le repas au calme nous repasserons...

Pour notre dernier temps de visite nous décidons d'opter pour une approche plus historique et culturelle : direction le musée de la mémoire et des droits de l'Homme. Grand bloc de béton et de verre écrasé par le soleil. L'intérieur est des plus frais, et nous fait traverser toute l'histoire de la dictature de Pinochet depuis le coup d'état jusqu’au retour à de la démocratie.

Plus de 30 ans d'histoire illustrés par des objets, des images, des enregistrements, des coupures de presses, des témoignages, des documents confidentiels de l'époque. Plongée dans le quotidien d'une partie de la population insouciante et celui sordide des victimes. Avec de temps en temps des reculs sur la vision internationale. Le musée est extrêmement bien fait, il oscille parfaitement entre génération d'émotions et analyse plus factuelle. Il fait ressentir et comprendre ce qu'a pu être cette sombre période historique. La visite s'achève sur une borne permettant de situer sur l'immense trombinoscope situé en face la photo des disparus dont on a retrouvé le nom et le destin dans les archives de la police et de l'armée. Le devoir de mémoire fait son chemin et malgré les cadavres jetés à l'océan ou brûlés, chaque année de nouveaux noms sortent.

Nous aurions bien passé plus de temps pour examiner les autres expositions mais le temps presse et il fait rentrer chez Connie.

Le lendemain nous profitons de la matinée pour faire un tour du côté de la la chasconna. La maison du poète Pablo Neruda à Santiago. Après les destructions des vandales lors du coup d'Etat de Pinochet, la demeure fut petit à petit remise en état par sa femme Delia del Carril. Celle-ci aura à coeur toute sa vie de faire respecter la mémoire de son mari et les valeurs de paix et de progrès qu'il défendait. Une femme qui malgré la dictature se battra pour la liberté et le respect des arts et des lettres, en somme une grande dame. La visite de la maison nous permet d'en apprendre un peu plus sur la vie de ce couple, et de plonger dans leur intimité. Une visite emouvante.

quelques photos d'exterieur, interdit de sortir l'appareil à l'intérieur des murs. 

Nous faisons une rapide visite au quartier des ambassades et du palais présidentiel, surtout pour voir la statue d'Allende sur la place. Enfin, un petit crochet au marché aux poissons, pour voir la jolie structure de fer forgé et surtout se régaler de poisson avant de filer vers Valparaiso et retrouver les embruns du Pacifique.

Ils sont frais mes poissons, ils sont beaux !

Ces quelques jours à Santiago furent charmants, la ville est agréable et très riche culturellement. Nous y aurions passé plus de temps avec beaucoup de plaisir, et j'espère qu'un jour nous pourrons y retourner pour l'explorer plus en détail.

Notez en haut à gauche la campagne pour recruter des policiers, sûrement l'oeuvre de Michael Bay, tant la tension est palpable ! 
12
déc
12
déc
Publié le 11 janvier 2018

Deux à trois heures de voyage nous mènent à la côte depuis Santiago. Juliette, une amie, nous avait dit de contacter des amis à elle, installés un peu au nord de Valparaíso. C'est donc Luis qui nous reçoit à Quintero, petite ville côtière dominant une grande baie, quelque peu sacrifiée, selon les dires de notre hôte par les industries pétrochimiques et gazières, et par une immense base aérienne.

C'est vrai que l'arrivée sur Quintero, en ce jour brumeux, nous apporte une excellente vision d'un paysage industriel. C'est impressionnant et un peu glaçant. Mais la chaleur de l'accueil de Luis, parfaitement francophone nous fait vite oublier cette première impression. Nous prenons possession d'un petit studio directement installé face à la mer. Le ciel est bouché mais dès le lendemain, nous apprécions à sa juste valeur, l'orientation plein ouest, et la vue sur l'autre baie, joliment dessinée par des falaises, et de gros récifs que les vagues entourent d'écume.

Nous serons très très bien chez Luis, pendant ces 5 jours qui nous donnent le sentiment de nous poser un peu après le camping de l'île de Pâques. À la fois très indépendants, mais régulièrement invités à boire un verre chez Luis, nous apprenons peu à peu l'histoire de ce chilien lourdement marqué par la dictature. Pris en charge par Amnesty International à l'automne 1975, Luis arrive donc à Lyon. Il travaillera notamment dans plusieurs centres sociaux de la région lyonnaise. Il rentre au Chili lorsque la démocratie est rétablie en 1989/90. Il continue son engagement politique, devient maire de Quintero et encore aujourd'hui conseiller municipal.

Nous parlons longuement de la situation du pays, le plus prospère et stable d'Amérique du sud, mais encore très lourdement marqué par les choix du régime de Pinochet. Un conservatisme social qui fait qu'aujourd'hui le débat sur l'avortement divise violemment la société. Depuis peu sous le deuxième mandat de Bachelet, l'avortement est possible sous trois motifs : malformation du fœtus, risque médical pour la mère et enfin lorsque la grossesse est le resultat d'un viol. La constitution imposée par Pinochet en 1980 est toujours en place et garantit au Sénat, majoritairement conservateur de bloquer de nombreuses réformes.

Enfin le libéralisme économique a été ici poussé à son paroxysme. On vous conseille de lire la stratégie du choc de Naomie Klein qui documente très précisément l'arrivée en masse des Chicago boys, économistes formés à l'école monétariste, inspirée par Hayek qui considère toute intervention de l'Etat comme abusive. Point de services publics, une privatisation de tous les secteurs possibles. On voit aujourd'hui clairement l'héritage de cette politique drastique qui réfute le besoin de cohésion sociale et de lutte contre les inégalités. Le plus frappant pour des français ce sont les écoles, les universités et le secteur de la santé. Il existe un petit secteur public mais l'essentiel est privé, et la qualité dépend du prix que vous pouvez payer.

Toutes ces questions ont traversé largement la campagne des législatives ainsi que la présidentielle. Nous savons aujourd'hui que le candidat de centre droit Sebastian Piñera, faisant campagne sur la poursuite de la réussite économique du pays (lui même millionnaire !) et un Chili sûr a fini par gagner. Mais quand nous en discutions avec Luis, l'affaire n'était pas pliée. Piñera ayant été mis en ballotage peu favorable face à de nombreux candidats de gauche dont deux, de centre gauche et de gauche radicale, placé au coude à coude à plus de 20% des voix chacun. Une dispersion qui n'a pas permis un rassemblement suffisamment fort au second tour. Quand l'histoire se répète !

C'est dans cette ambiance de campagne, ma foi, plutôt discrète que nous visitons le coin. Notamment Valparaiso où nous irons deux jours, un sous la brume et l'autre sous le soleil. La ville dégage beaucoup de charme autour de cette baie fortement urbanisée qui relie Valparaiso à Viña del Mar. La bande côtière est très étroite est aujourd'hui occupée par le port et la ville basse assez quelconque. C'est sur les collines que la ville déploie tous ses charmes. À nouveau ces maisons de bois colorées, déjà aperçues à Puerto Montt. Elles dominent, dans des styles oscillant entre l'art nouveau et l'art deco, sur l'une des 42 collines que comptent la ville.

des collines à peine perceptibles à l'horizon, mais celle d'à côté, on la devine sans problème 

Pour y monter, des ascenseurs, sorte de petits funiculaires vous hissent jusqu'en haut car les pentes sont drôlement abruptes. Plusieurs d'entre eux font l'objet d'une complète remise en état. Dans ce cas, et bien vous vous souvenez pour toujours de la grimpette. Dans cet urbanisme contraint par la taille des collines, généralement entourées de quasi falaise, les rues serpentent, montent et descendent souvent fortement. Les maisons sont souvent reliées par de petits passages, aujourd'hui par de petites boutiques un peu bohèmes.

Le quartier le mieux rénové et le plus couru par les touristes est constitué du cerro alegre et du cerro christobal. Mais c'est depuis l'ascenceur artellira qui monte vers le musée de la marine que l'on a la plus belle vue sur la baie.

Après ce beau point de vue nous avons voulu continuer à nous promener sur la corniche d'un cerro à l'autre. Après une petite marche, une première voiture s'arrête et nous dit de redescendre parce que le coin est dangereux. 30 secondes et voilà qu'une deuxième nous délivre le même message. On n’insiste pas et on redescend pour retrouver des sentiers plus balisés.

c'est toujours un peu plus triste les jours moches !

Au cours de la promenade, à passer le long de rues aux innombrables vieilles maisons, souvent décrépites, on imagine sans mal la splendeur de la ville à la fin du 19ème, alors qu'elle est la première halte après le passage du cap Horn, et une étape incontournable pour atteindre la côte ouest des Etats Unis. L'absence de pensée patrimoniale et l'appauvrissement progressif de la ville et de ses habitants, une fois que le canal de Panama aura été percé, explique sans doute le faible entretien dont certains quartiers témoignent.

La dictature n'a sans doute pas aidé. Toujours est-il que depuis qu'elle est inscrite au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO, les travaux ont repris et peu à peu la ville retrouve son lustre. Pour l'instant c'est surtout l'esprit bohème, pauvre mais sexy qui prend le dessus. D'innombrables peintures et graphs parent les murs de la ville, repeinte de frais, venant raconter les histoires fantastiques que les marins auront rapportées.

En se promenant nous sommes tombés sur un festival d'art et installation sonores, transformant plusieurs caves en lieux d'expérimentation. Des choses fragiles et farfelues comme ces trois chaises dont l'un des pieds dispose d'une roue motrice, et à intervalles aléatoires se met à tourner, générant de long bruits de frottement. Ou encore ces centaines de fils de cuivre, accrochés de part et d'autre de la piece, sur lesquels quelques feuilles d'arbres bruissent sous l'effet du mouvement que le courant électrique donne aux fils. Des installations à la fois graphiques et sonores souvent drôles.

17
déc

Dernière virée au Nord, et changement d'ambiance radical depuis Valparaiso. Si nous sommes toujours entre le Pacifique et les Andes c'est ici le domaine du sable, du soleil et du vent.

Quelle surprise de découvrir à notre arrivée que San Pedro est une petite oasis de verdure au milieu du désert. Une petite rivière traverse le village de part en part, apportant fraîcheur et un peu d'eau pour la végétation. Nous passerons nos nuits dans des campings. Au pluriel car le premier aux équipements vraiment sommaires et au personnel oscillant entre neurasthénie et dépression la plus profonde nous pousse à trouver de plus verts pâturages.

Faute de moyens, nous décidons de louer de simples VTT pour aller explorer les environs proches : la vallée de Marte, et la vallée de la Luna. Les appellations sont plutôt transparentes. Les paysages sont d'aspect lunaires ou martiens en fonction de la concentration locale en pierre rouge. Nous pédalons sous le soleil matinal qui nous chauffe déjà bien les épaules, et avançons dans un mélange de gravier et de sable. La sensation est... Surprenante. Les soudaines glissades latérales et ralentissements brutaux tendent à casser le rythme. Nous posons nos montures au pied d'une dune de sable, c'est une des attraction locale que de faire du sandboard. D'en bas ça n'a pas l'air si fun que ça, et l'air mitigé des surfeurs nous convainc dans notre impression... Quelques minutes de grimpette plus tard nous pouvons admirer le panorama qui s'ouvre en direction de San Pedro. Vu d'un peu plus haut, la vallée mérite son nom !

Descente et retour sur nos vélos. Le chemin en sens inverse est bien plus rapide, merci la gravité ! Nous dépassons tels des bolides quelques chevaux, traversons les zones sableuses à toute berzingue sans perdre totalement le contrôle du véhicule et retournons sur la route bitumée pour aller vers la vallée de la Luna ! Une grosse dizaine de kilomètres plus loin nous passons le poste de contrôle de la fameuse vallée lunaire. On reçoit une petite carte, quelques explications, et une ristourne puisque nous entrons avant midi : la chance !

Il est 11h passé et le soleil est déjà écrasant. Nous pédalons encore et toujours sur une route qui tient plus de la piste. Pour nous économiser au retour nous préférons filer directement vers le dernier point nous intéressant : la Duna mayor. Le temps de faire quelques kilomètres de plus, de grimper une côte longue d'un kilomètre et enfin, nous pouvons mettre pied à terre pour marcher. Joie.

Une petite demi-heure de marche nous amène au sommet de la dune. D'ici, vue sur une bonne partie du désert. Les traces blanches que vous voyez sont dues au sel qui ressort à cause de l'humidité qui traverse parfois la région. La dune, elle, tire plutôt vers le noir, on ne sait pas trop d'où vient cette couleur mais cela change agréablement des camaïeux de rouge et d'ocres.

Photo dune noire

Vous voyez peut être en arrière plan l'amphithéâtre, formation de roche légèrement plissé. 

Retour en selle, et plaisir d'un principe universel : les descentes sont moins fatigantes. Par contre nos fondements commencent à légèrement souffrir des chocs et frottements répétés. Heureusement nous arrivons à la caverne de sel ! Nous doutons de sa constitution de pure sel, mais la roche est d'un blanc éclatant. Creusée par l'eau et le vent, nous évoluons entre ombre et lumière, dans ce dédale de roche. L'aller se fait par l'intérieur, le retour par le dessus.

Il est maintenant 14h. Le soleil ne tape plus, il carbonise. Juste le temps de manger à l'ombre notre petite salade de lentilles plus très fraîches et il nous faut repartir à fond de train pour revenir à San Pedro avant 15h, heure de rendu des bicyclettes. Évidemment le retour est une torture pour moi, je suis à bout de force et la descente des vitesses et plateaux accompagne ma descente aux enfers. Nous arrivons pourtant dans les temps à San Pedro après 6h de marche et de pédalage. Bien évidemment nous passerons la journée et le lendemain à nous traîner lamentablement ... Heureusement une soirée fort sympathique en compagnie d'allemands nous remet d'aplomb.


Nous profitons le lendemain d'un ciel clair, et de deux dernières places libérées à la dernière minute pour faire un tour observation des étoiles avec l'agence SPACE. La raison première de notre venue jusqu'ici. Malheureusement pas de photo, l'absence de lumière et le manque de précision de nos appareils nous laissent sans visuel. Sachez juste que nous avons passé la soirée à observer à l'oeil nu et au télescope (dont plusieurs de gros calibres) étoiles, nébuleuses et galaxies lointaines. Le tout sous la direction pleine d'humour d'Alain, même si le pauvre était tout chamboulé. Il venait d'écraser le chien de sa mère... Nous nous relayons autour d'une dizaine de télescopes pour observer Sirius, Bételgeuse, les Pléiades ou le nuage de l'araignée, nous avons même vu passer l'ISS ! C'est beau, c'est coloré, c'est ludique et instructif : de quoi créer des vocations chez les enfants du groupe et éveiller enfin un peu d'intérêt chez Simon pour les choses de l'espace.

Le champ de telescopes que nous avons utilisés 

Pour notre dernier jour, nous allons tranquillement faire un tour à pied du côté de la Quebrada del diablo. Paysage de gorges et de roches taillées par le vent et l'érosion. Rien de bien nouveau en somme. Le plus intéressant sera le retour. Nous prenons un sentier à moitié effacé, qui coupe à travers le désert pour revenir à San Pedro, et nous permet de descendre le lit asséché d'une rivière. Sentiment de solitude alors qu'à perte de vue s'étendent la roche et le sable.

Une grenouille adorable, venue s'échouer dans ma main lors de la traversée du guet

Retour en bus à Calamo et nous partons en direction d'Iquique, dernière grosse ville du Nord Chilien.

Notre sentiment global sur San Pedro de Atacama ? Qu'apres le Salar d'Uyuni et le sud Lipez, San Pedro génère beaucoup de bruit pour peu. Les paysages sont les mêmes, logique, nous sommes dans la même region, mais les prix sont bien plus élevés. Si les étoiles vous intéressent et que vous n'aurez pas l'occasion de passer en Bolivie, foncez, mais quitte à choisir autant traverser la frontière, là bas la magie opère mieux.

Quelques plantes suffisament vivaces pour mériter la postérité 
22
déc

Dernière étape dans le nord, nous nous dirigeons depuis San Pedro vers Iquique. Nous traversons d'immenses zones désertiques en regardant, pour tromper un relatif ennui, une série B américaine racontant la destruction de la Californie sous l'effet du Big One. Dans ce pays si sismique, le film aussi mauvais soit-il, fait tout à fait écho. Pour l'instant d'ailleurs nous n'avons jamais senti la terre trembler !

Puis soudainement, nous sortons de ce grand plateau désertique pour brusquement voir l'océan... Et coincée entre l'eau et les falaises qui montent sur le plateau dont nous venons, la ville s'étire sur une longue bande littorale. Grande ville moderne, dont l'activité repose sur le grand port de marchandises et puis aussi les jolies plages qui attirent les Chiliens pour leurs vacances.

La ville est un intéressant condensé de l'histoire économique chilienne, essentiellement portée par les activités extractives. On voit dans une longue rue, les traces de ce passé glorieux, avec ces riches maisons de bois, aux jolies balustrades, peut être d'inspiration louisianaise.

Le joli théâtre à l'italienne sur la place principale et les quelques cafés particulièrement décorés apportent une petite touche de fantaisie à une ville qui en se modernisant c'est finalement un peu banalisée. De grandes tours sur le front de mer, typique d'un urbanisme balnéaire font un peu tache. Le tout n'a pas grand charme.

Nous sommes de toute façon un peu fatigués de notre mois et demi de pérégrinations et en profitons pour nous poser dans le confortable Airbnb que nous avons dégotté. Nous réalisons aussi que l'extrême sécheresse de l'Altiplano et du tropique finit par nous peser un peu. Vite du vert.

Dans cette ambiance calme, qui nous permet d'avancer sur le blog, nous poussons néanmoins jusqu'à la principale attraction des alentours. Le village d'Humberstone.

Ce village fantôme bâti autour d'une fabrique de salpêtre et d'engrais est resté dans son jus depuis qu'il a été abandonné dans les années 60. Conservé par la sécheresse du climat, nous voilà donc face à un vestige unique de l'exception industrielle de ce pays dont toute la richesse aura été bâtie sur le salpêtre au 19eme et sur le cuivre au 20eme. Des centaines de travailleurs étaient installés dans la dizaine de rues qui se croisent et alignent les différents édifices publics.

Une grande école aux petits pupitres, un marché avec ses petits stands autour d'une petite horloge (?), l'hôtel pour les acheteurs ou les ingénieurs étrangers de passage et enfin le petit théâtre en bois. Curieuse ambiance que ces rues délaissées battues par le vent chaud du désert, digne d'un décor de film de zombie ou de fin du monde.

À l'évidence, les conditions de vie ici étaient affreuses, entre les travaux de transformation du salpêtre en engrais, la sécheresse du climat et la consciencieuse exploitation des ouvriers par les maîtres. Ici point de salaire, mais une monnaie parallèle acceptée dans le seul magasin du village. Ils étaient ainsi pieds et poings liés sans aucune chance d'émancipation.

L'engrais produit sera exporté partout dans le monde alors que l'agriculture européenne commence à accroître sa productivité et ses rendements. Des publicités en toutes les langues, vantant les mérites de l'engrais chilien, montrent le début d'une mondialisation naissante.

Un siècle plus tard, je ne suis pas sûr que grand chose ait changé. Les richesses du sol restent la première source de croissance et d'emploi du pays et rien ne semble arrêter cette frénésie minière. Dans les sables du désert, les filons sont sans fond.

24
déc

Atterrissage à Balmaceda à une cinquantaine de kilomètres de Coyhaique, capitale de la XIe région : la Patagonie australe.

Encore une fois le choc est rude, nous avons quitté le sable, la chaleur et la sécheresse d'Iquique pour le froid, l'humidité et la verdure. Mais il faut avouer que ce 24 décembre loin des nôtres n'est pas le plus folichon qui soit. Surtout qu'ayant opté pour la solution la plus économique trouvée sur internet, nous passons le soir de Noël chez un Airbnb qui a invité quelques amis... Notre recherche d'un restau ouvert ce soir fait choux blancs, et c'est in-extremis que nous faisons quelques courses pour un repas sortant de l'ordinaire : steak et pommes de terre sarladaises. Manque de bol la viande est dure comme du cuir, et le Bio Sel (?) de nos hôtes bien plus salant que prévu. Bref, notre soir de Noël nous voit nous coucher vers 22h un peu déconfits...

Mais concentrons nous sur le positif : nous partons en direction du Parc National de Queulat avec l'idée de voir notre premier glacier ! Sur les conseils d'à peu près toutes les personnes croisées, nous tentons le stop, et c'est une franche réussite. Quatre véhicules s'enchaînent sans jamais attendre plus de 30 minutes, pour nous déposer à l'entrée du parc. La végétation est luxuriante, et nous restons abasourdis par la taille des feuilles d'un type de fougères. L'eau goutte de toutes parts, la moindre feuille effleurée répand des chapelets de goutellettes glacées.

notre premier trajet dans une benne de camion

Le soir tombe et nous plantons la tente dans le petit camping à l'entrée du parc, l'occasion pour nous de tester notre brûleur fraîchement acquis. Baptême du feu dans le vent et la bruine et c'est une évidence : le premier prix est d'une qualité franchement médiocre. Mais l'eau chauffe et c'est le principal. C'est au matin, en allant payer notre nuit, que nous découvrons que nous ne sommes pas seuls. Le parc est même pris d'assaut ! Cars et voitures nous dépassent en direction du parking.

Après la traversée du Rio aux flots tumultueux sur un pont suspendu, c'est parti pour quelques 3 heures de marche aller retour, sur un sentier forestier partant à l'assaut de la vallée. Nous dépassons rapidement un groupe d'Allemands pour traverser, en pionniers du jour, les zones de boue, et d'eau. Il faut dire que les filets d'eau que nous croisons, optent parfois pour la facilité, et dévalent le versant en passant par le sentier creusé par les touristes. De quoi nous assurer quelques moments dignes d'un parcours de santé.

Au terminus, la végétation s'écarte enfin, et nous pouvons voir de l'autre côté de la vallée le fameux glacier au bleu profond. Sous sa masse l'eau de fonte coule et jaillit en une immense cascade alimentant le lac et la rivière à ses pieds. On comprend mieux le tumulte des flots et nous réalisons que le bruit de tonnerre que nous avions entendu précédemment, était en fait un bloc de glace tombant sur les rochers.

Alors que nous sommes rejoints par un couple à priori Allemand, une petite souris, pas farouche pour deux sous vient s’égailler entre nos pieds. Son pelage fourni la fait ressembler à une boule de poils sur patte, toute perlée d'humidité. On la suspecte de faire du charme aux touristes dans l'espoir de récupérer quelques graines.

Hop hop nous redescendons au pas de course ! C'est qu'il commence à faire faim et surtout il faut revenir sur Coyhaique ! Déjeuner rapide sur la Cocinilla (le réchaud en espagnol), et nous remballons notre bardage pour rejoindre la route. Une fois encore la chance nous sourit et nous voici de retour à Coyhaique en quelques heures. Par contre nous sommes gelés, nous avons passé la dernière heure et demi à l'arrière d'un pickup et le vent nous a transpercés malgré nos multiples couches. Un bon repas au chaud, dans le foyer d'un minuscule camping et une douche brûlante plus tard nous sommes mûrs pour nous coucher sur les coups de 22h.

Quelques vues depuis le pick-up

D'ailleurs sous ces latitudes et en plein été, le soleil ne se couche pas avant 22h30. C'est très perturbant d'avoir un temps qui pour nous ressemblerait au début du printemps, avec un tel temps de lumière. Le corps est légèrement perturbé, mais pas au point de nous empêcher de sombrer comme des masses.

Il faut dire que demain réveil à l'aube ! Nous voulons rejoindre le sendero chileno qui débute à las Horquetas, à quelques 66km de là et serpente aux pieds du Cerro Castillo.

27
déc

Jour 1

17h03

La camionnette que nous avons attrapée après avoir attendu 3h qu'une voiture nous accepte comme auto stoppeurs, nous laisse enfin au début du sentier. Nous sommes transis, le froid et la pluie à l'arrière de la camionnette se sont acharnés.

17h15

Personne à la guitoune du parc pour acheter les tickets. Nous passons et avançons sur un chemin qui grimpe jusqu'à atteindre un petit bois. Il pleut toujours.

Soudainement la pluie s'arrête, le ciel se déchire et le soleil se met à briller. Le vent arrêté par ce bois de feuillus nous épargne un peu. On sèche !

y a plein de petits veaux

17h36

Nous croisons un énorme troupeau de vaches couleurs baies, effrayées par notre approche, elles nous précédent en meuglant tant et plus. Nous sommes prudents , soucieux de ne pas se faire encorner.

18h10

Nous changeons de vallée, et avons laissé les vaches paître sans nous. Paysage bucolique à l'horizon, un joli ruisseau coule entouré de quelques arbres couverts de lichens, comme une longue barbe.

18h53

Nous avons marché 5 km, la luminosité n'a pas bougé. Ici le soleil se couche à presque 22h. Nous sondons les sols. Ici pas d'eau, nous poserons la tente. Petit abri improvisé pour le réchaud qui va nous permettre de profiter d'une petite soupe.

Jour 2

03h25

La nuit est sèche. RAS

9h12

Les marmottes sortent de la tente. Le temps de préparer un thé, de manger un peu de cake de Noël sous un ciel à peine nuageux.

Nous sommes seuls, quelques oiseaux gazouillent.

11h59

Nous partons. Qui veut voyager loin ménage sa monture ! Le chemin suit le ruisseau et en rencontre d'autres. Surprise aucun pont.

Il faut se déchausser et enlever le pantalon pour être sûr de ne pas être mouillé. Le flot n'est pas trop fort. Mais l'eau est gelée. Ça retend les chairs.

Alex ne tombe pas. Il a trouvé deux bâtons qui le soutiennent.

12h15

Deuxième petite rivière, curieusement l'eau ne se réchauffe pas. Mais nous connaissons désormais le cérémonial. Les chaussures restent sèches, rien ne nous arrête.

13h28

Nous venons de traverser la quatrième rivière. Alex a exprimé un peu d'insatisfaction, nous pensions en avoir fini après le 3ème. Il se met à pleuvoir. Quelle joie !

Chaleuuuur !

14h10

Nous arrivons à une vieille zone de camping. Beaucoup d'arbres morts effondrés sur les tables de camping à côté de la cabane des rangers.

Nous mangeons notre boîte de haricots, chauffée directement sur le réchaud. Un festin.

15h20

Nous parvenons au pied de la chaîne de montagne, dans une grande vallée, formée par un immense lit de pierres. Le glacier a dû arriver jusque là, il y a très longtemps.

Toutes les pentes des montagnes sont sillonnées par de petites rivières qui forment autant de cascades.

Nous avons été rattrapés par plusieurs couples, dont des français. Ils sont arrivés tôt, ce matin et ont l'air bien entraînés. Ils s'arrêtent sur la zone camping. Nous continuons.

16h49

Voilà une bonne heure que nous montons en direction du col. Quelques averses, le ciel se couvre. Les grands feuillus nous protègent. Le col est visible, à encore 250 mètres d'altitude de là. Nous posons la tente. Déjà 14km que nous marchons.

alors heureux ?

19h16

Pâtes aux moules cuites dans le reste de velouté à la tomate lyophilisé. Alex avait eu un doute quand j'avais empoigné le paquet de tagliatelles, sans savoir dire pourquoi. Nous comprenons. Manger ces longues pâtes sans fourchette relève de l'exploit. Malgré l'équipement limité (=léger), nous nous régalons.

20h10

Nous sommes montés, il commence à faire plus frais. Mais nous sommes contents, il ne pleut pas.


Jour 3

03h18

Il pleut !

05h40

Il pleut toujours

8h20

La pluie s'acharne. Pas de répit pour les backpackers. Il faut se résigner à ranger la tente trempée. Nous rangeons, petit déjeuner rapide dans la tente.

9h10

La place est dégagée, tout est rangé dans les sacs, les couvres sacs anti pluie sont déployés. Nous montons.

10h30

La neige s'approche. La pluie a faibli, nous sommes dans le nuage lui même. Visibilité moyenne. Premiers pas dans la neige déjà vieille, dure. Il ne faut pas glisser. Alex exprime son enthousiasme, moi mon inconfort. Nous sommes en haut.

Ah non en fait, le col fait un petit creux puis remonte un peu plus fort.

Dans la pente, Alex tente de se laisser glisser en position de skieur. Il finit de descendre sur les fesses avec un sourire coupable. J'éprouve une pointe d'agacement.

11h25

J'ai les pieds gelés, j'ai glissé deux fois. J'adore la neige. Nous redescendons et quittons enfin les sols gelés. Grand pierrier en perspective. La pente est vertigineuse. À droite, l'eau glisse sur les parois pour former une belle chevelure d'écume. Descente progressive.

12h

Nous atteignons la forêt. La prochaine aire de camping où nous pourrons déjeuner n'est plus très loin. 3km à peine.

12h36

Le gps est formel, c'est ici que le chemin traverse le fleuve qui se déverse à gros bouillons. Mais le pont qui permettait la traversée est en miettes. Coupé sur au moins 3 mètres. Nous essayons un peu plus bas. Il y a comme un chemin. Nous ne sommes pas les premiers.

12h55

Des gens sont passés par là, aucun doute. Des troncs font la jonction avec les premiers gros rochers. Mais il reste un beau saut à faire entre les deux rochers tout au bout, au dessus des flots furieux. Alex dit qu'il n'arrivera pas à traverser en sautant. Inutile de réveiller l'hernie discale !

Essayons plus bas.

13h05

C'est officiel après avoir plongé le pied dans un trou de boue, ma chaussure gauche fait splotch splotch. J'avoue un certain découragement. Mais pas question de repasser le col enneigé non plus. Il faut traverser. Là plus bas, la rivière se divise en deux. Le courant a l'air fort mais on devrait pouvoir traverser. Le sort s'acharne... Il pleut à seau maintenant.

Une fois déshabillé, je passe en premier, l'eau me monte jusqu'en haut des cuisses. Mais ça passe. Alex aussi. Soulagement. On reste sur l'île centrale quelques instants pour sécher au soleil qui vient d'apparaître et se remettre un peu de ces émotions fortes. Le plus dur est fait.

14h10

Nous y sommes presque. Encore un ruisseau à gros bouillons à traverser. Mais un gros tronc le traverse. Ça semble solide. Je passe non sans avoir une légère frayeur, le centre du tronc est très glissant. Alex se lance, il s'appuie avec ses deux bâtons, il avance bien, méthodique.

Non il perd l'équilibre, il bascule, son flanc droit glisse vers l'eau. Le pied va plonger...

Mais tombe comme pas miracle sur une branche juste en dessous qui le retient. Il s'accroupit sur le tronc et avance peu à peu.

Nous avons tremblé.

14h43

Nous atteignons la zone de camping. Largement délaissée. Nous faisons un peu de riz cuit dans un bouillon cube de volaille. Aucune envie de cuisiner davantage. Il fait assez froid. Sous les arbres et dans le vent. Nous avons toujours les pieds mouillés.

15h35

Nous repartons. Nous croisons un groupe de trois marcheurs. Ils sont partis ce matin de l'autre côté, et nous demandent combien de temps il reste, avant d'arriver. Euhhhhh ben deux jours au moins si vous êtes pas tombés dans l'eau avant.

Ils réalisent qu'ils n'ont pas pris le bon embranchement ! Il faut rebrousser chemin.

16h

Nous perdons la trace du sentier. Puis la retrouvons apres être remontés dans le lit d'un ruisseau qui s'écoule fort. Nous sortons de la zone boisée enfin. Juste au dessus de nous, le cerro castillo, avec ses sommets déchiquetés qui forment comme le rempart d'une citadelle. Un petit glacier nous surplombe.

Le ciel se dégage peu à peu, de petits nuages sont accrochés par les tourelles et se détachent lentement sous l'effet du vent qui souffle fort.

16h49

Nous y sommes, la zone de camping, jolie, assez sèche, pas trop mal abritée. Nous sommes la deuxième tente, nous prenons le meilleur spot, le mieux protegé.

la toile de la tente sèche de l'eau de la nuit précédente

17h18

La tente commence à sécher grâce au vent. Au moins ne sera-t-elle pas humide pour la nuit. Un peu de grésil tombe. Alex tente un feu, mais rien à faire, le bois est trempé.

19h02

Je rentre dans la tente après m'être enfin déchaussé. J'ai mis tout ce que j'avais de plus chaud. Chaussures et tongs sont bien mouillées, aucune chance que je ressorte. Alex est de corvée cuisine ce soir. Petit risotto grâce à la deuxième soupe saveur asiatique et un riz un poil surdosé. Un régal.


Jour 4

07h18

Il a fait froid cette nuit. En se collant l'un à l'autre, nous avons réussi à nous tenir chaud. On se rendort.

09h15

Je convainc Alex de sortir de la tente. Il fait froid mais beau, le ciel est dégagé. Les chaussures ont un peu séché. Elles restent au soleil un bon moment.

on voit bien à droite le col enneigé de la veille. heureusement qu'il faisait beau quand on l'a traversé !

10h52

Nous partons un peu moulus, mais la fin est proche. Le panorama est magnifique. On monte quelques instants jusqu'à arriver à un lac glacière bleu azur magnifique, au pied du Cerro. On voit, au loin, le col que nous avons passé la veille, bien dégagé, sous le soleil.

12h45

Nous atteignons le sommet le plus haut de la randonnée, et là apparaît le paysage de l'autre côté, vers la plaine. Incroyable, une succession splendide de lacs et de montagnes. Nous mesurons notre altitude, devant ce paysage dégagé. C'est parti pour la descente sous un beau soleil.

14h18

La pente est forte. Presque 1100 mètres de dénivelé en descente. Alex a perdu son sourire, le chemin est assez vertigineux mais il n'y a pas vraiment de risque de danger. On avance doucement. Atteignons les premiers bosquets d'arbres, puis progressivement les collines joliment arborées.

16h35

Nous avons passé la petite guitoune, nous y sommes, à la fois heureux et fatigués de ce beau trek de 4 jours. Nous allons nous poser sous l'abri bus pour faire du stop jusqu'à puerto río tranquilo.

31
déc

Après nos quelques jours de survie en milieu hostile nous optons pour un peu de confort et deux nuits en chambre avec de vrais lits chauds et douillets pour nous remettre d'aplomb. C'est donc chez Marcella, au camping et Hostel Bellavista que nous allons poser nos affaires. Sur place nous faisons la rencontre de 4 français, mordus de cyclisme et venant du sud. Nous nous intégrons petit à petit à leur groupe, soudé par deux semaines de route ensemble. Il faut dire que la ségrégation à l’œuvre dans l'hostel entre campeurs et clients de l'hostel n'aide pas. Faire coucou à travers la fenêtre de la cuisine toute équipée, alors qu'ils sont dans la zone "refuge"à cuisiner au réchaud n'est pas du meilleur effet.

Heureusement pour le nouvel an, Marcella, qui nous a adoptés- nous ne savons pas trop pour quelle raison si ce n'est notre charme de gendres parfaits- ouvre l'accès à la cuisine à nos amis ! Joie et bonheur, nous faisons donc un dîner de nouvel an en bonne et due forme. Crackers au sésame, brioche à l'ail et au fromage, chips et Guacamole font notre apéritif, tandis qu'un poulet basquaise, des légumes au wok et un gratin pommes de terre/courge nous servent de plat principal. Pour saucer, quelques pains maisons aux graines, et en dessert une tarte au citron meringuée et une mousse au chocolat. Le soft power à la française est encore une fois à l’œuvre et les autres clients ne peuvent que baver de jalousie face à notre débauche de savoir faire gastronomique.

Seul contrecoup : le vaseux de notre réveil le lendemain à 7h, alors que nous partons en excursion sur le bien nommé Glacier Exploradores.

Quelques vues du lac depuis la grève

C'est parti pour une bonne heure de van jusqu'à l'entrée du parc. Encore une heure, une heure et demi de marche dans un pierrier jusqu'à atteindre le glacier, caché sous une couche de pierres et de graviers.

Nous sommes déjà sur le glacier même si seuls les graviers sont visibles

Nous apprenons que le pierrier que nous venons de traverser est en fait la Moraine, soi l'ensemble de rocs et de pierres repoussés par le front du glacier il y a quelques millénaires de cela. Il y a donc la moraine latérale que nous avons traversé, et la moraine frontale bien plus dessinée et qui donne une bonne idée des masses de glace en jeu.

Les moraines frontales et latérales

Nous enfilons nos crampons, on nous apprend la bonne façon de marcher avec et nous partons à l'assaut de la glace. Nous slalomons entre les failles et trous formés par l'action des pierres sombres chauffées par le soleil. La chaleur ainsi dégagée entame la couche de glace et crée des puits dans lesquels les cailloux s'enfoncent. De trous en trous, l'eau ruisselle, emporte la glace avec elle et les failles se forment. Parfois ce sont de gros blocs de pierre qui finissent par se décrocher de la gangue de glace les environnant, créant les cavités qui parsèment le paysage. Absolument magnifique.

Alors que nous crapahutons dans des petites cavernes les pieds dans l'eau, le vent et la pluie se mettent de la partie. Pas de quoi entamer mon enthousiasme, par contre Simon devient un peu chafouin. Heureusement la balade touche à sa fin, nous atteignons le point le plus avancé de notre balade sur le glacier. Nous avalons un petit sandwich accroupis dans un renfoncement pour nous abriter du vent - Simon continue de râler- avant de prendre le chemin du retour. Même sous la pluie et le manque de lumière, le paysage est impressionnant.

Dans la caverne l'eau recouvre nos chaussures, ça ne transperce pas mais on sent bien le froid !

C'est légèrement transis que nous rentrons à l'hostel, tristes de devoir quitter notre chambre pour la zone camping : les finances sont à nouveau au plus bas après notre expédition... Heureusement Marcella veille sur nous, mous sommes donc invités avec deux allemands à rejoindre sa table avec une partie de sa famille pour goûter le Dindon cuit au bouillon. C'est accompagné d’œufs durs dont le jaune a été mixé à des moules, d'une mayonnaise maison et d'une petite salade pour faire bonne figure. On se régale ! Et les autres français sont un peu jaloux. Comme quoi nous avons été inspirés d'offrir un peu de mousse au chocolat à Marcella ! Comble de l'attention, elle nous donne de grosses couvertures pour nous abriter du froid pendant notre nuit en tente. On est chouchoutés et on adore ça !

Les baies de calafate qui ont donné leur nom au parc éponyme

Le lendemain, encore une fois, réveil à l'aube. Cette fois nous allons faire du Kayak sur le Lago General Carrera (le plus grand lac du Chili, et partagé avec l'Argentine) pour aller admirer la Capilla de Marmol. Ce sont des affleurements de marbre qui percent la surface du lac suite à des plissements de terrains. La surface se creuse petit à petit quand une couche acide se forme sur le lac à cause de pluies ou d'autres phénomènes. Le résultat est magnifique, les blocs de marbre sont veinés de Schistes, et colorés en fonction des sédiments panachant le marbre.

Non contents d'avoir des formes torturées, les rocs sont aussi percés de tunnels permettant de circuler dans leurs entrailles. L'occasion de toucher le marbre, et d'observer la partie immergé de plus près. Avec le soleil éclatant dont nous profitons, et le vent quasi absent, le marbre est illuminé des reflets de l'eau d'un bleu turquoise magnifique.

Un moment de calme et de relaxation à se laisser bercer par le rythme des vagues. Nous sortons vainqueurs de l'épreuve pourtant redoutable du Kayak en couple, c'est sûr : aucun obstacle ne pourra plus nous arrêter.

Retour à l'hostel, adieux touchants à Marcella et nous allons attendre le bus pour rejoindre Cochrane, simple ville étape sur notre route vers Villa O'Higgins, le terminus de la carretera austral.

3
janv

Apres la douce étape de Rio tranquilo, nous poursuivons notre route vers le sud. Quelques 350 km sur cette carretera australe, essentiellement parcourue par les cyclistes attirés par cette route mythique qui traverse le Chili.

Nous ferons étape à Cochrane en traversant vallées et cols, au travers de paysages vierges, souvent très humides recouverts de belles forêts et de lacs, parfois plus secs et rocailleux. Une nature brute où quelques hommes se sont installés, il y a moins d'un siècle sur des terres offertes par l'état en quête d'une valorisation de cet immense territoire.

Jusqu'à la construction de cette route jusqu’à Santiago, aucun moyen de communication si ce n'est quelques aérodromes. Des villages autarciques reliés parfois entre eux par des chemins, ou des lacs sur lesquels quelques bateaux pouvaient, de temps à autre, faire la liaison.

et nous, nous n'en avons parcouru qu'un gros tiers depuis Puyuhuapi

C'est peu dire que l'arrivée de la Carretera australe à la fin des années 80 bouleversera cet équilibre. Les villages autrefois très peuplés, se sont vidés de leurs habitants pour accueillir les touristes urbains en quête de grands espaces et de vierge nature. Les jeunes partant plus loin pour faire leurs études, les économies minières faisant place peu à peu à l'économie touristique venant irriguer des territoires désormais à préserver.

Un immense projet hydroélectrique visant à fournir de l'électricité à l'ensemble du pays a d'ailleurs été vivement combattu au début des années 2000. Il supposait des infrastructures gigantesque de transport de l'électricité, et la destruction de l'écosystème des bassins hydrologiques si riches du grand sud.


La longue route sans asphalte, de terre et de gravillon damée, nous conduit donc jusqu'à Villa O'Higgins, ultime étape de cette route terrestre, enfin presque, puisque nous devons prendre un bac pour traverser un grand lac, à mi chemin.

Ensuite le territoire Chilien est envahi par la glace du Campo de hielo sur, une des plus grandes réserves d'eau douce du monde. Un champ de glace à perte de vue, constitué de l'accumulation des neiges que les précipitations venant du Pacifique déferlent sur la barrière andine. Au delà de ce champ, plus à l'ouest, le territoire Chilien est composé d'un chapelet d'îles totalement isolées et d'après ce que j'en ai compris inhabitées. Plus de place donc pour une route. Pour retrouver la terre ferme, il faut passer par l'Argentine, et atteindre la terre de feu.

C'est quelque chose de surprenant que de se dire que nous arrivons dans la dernière ville, au bout de cette route sans fin. Nous éprouvons un peu de soulagement de quitter le bus qui nous aura conduit sur les 250 derniers km en presque 6h. On va lentement sur la Carretera ! Le village ressemble à un gros bourg, plutôt agréable et surtout bien fourni en commerces pour se ravitailler. Car à Villa O'Higgins on attend.

Matin légèrement couvert à Villa O'Higgins

Au bout de l'immense Fjord qui baigne les rives du village, on devine la frontière Argentine, et derrière elle, les deux grands points d'intérêts de la Patagonie Argentine : El Chalten et son fameux Fitz Roy et El Calafate. Voilà donc notre objectif en vue. Mais avant d'y parvenir, il faudra traverser le long fjord, marcher deux jours et montrer patte blanche aux douaniers argentins. Or depuis que le gros bateau qui faisait la traversée, s'est retrouvé coincé à quai pour un problème de moteur, tout repose sur un petit bateau, beaucoup plus dépendant du temps.

on ne le voit pas le bateau caché par les zodiacs de la gendarmerie, tout droit sortis de Batman

Ainsi quand nous sommes arrivés, certains attendaient depuis 4 jours que les vagues soient moins fortes et permettent la traversée. Notre bonne étoile nous a permis d'être inscrit sur la liste du premier bateau, alors que deux places venaient de se libérer. Départ prévu vendredi matin à 6h40. Nous avons seulement une petite journée à attendre.

Nous nous installons dans un camping cosy, le Mosco, doté d'une belle salle commune avec cuisine merveilleusement bien équipée et remarquablement tenu. Ici on refuse des gens dans le camping quand on sait qu'il sera difficile de les faire tenir dans la salle. Tous n'ont pas ces scrupules. Nous échangeons donc avec nos comparses, essentiellement des cyclistes et quelques marcheurs. La journée de jeudi est abondamment pluvieuse et nous la consacrerons donc à la lecture ou à la préparation de nos articles du blog, avec un wifi très très lent.

A sa couleur plus franche, vous avec compris que ce n'était pas notre tente ! Nous nous sommes installés plus loin, au milieu d'un...

Dehors le paysage se transforme sans arrêt. Entouré de nombreuses montagnes, on voit certains monts disparaître quelques heures sous les cohortes de nuages, et se dévoiler peu à peu, une fois que la pluie cesse. La lumière change et nous constatons maintenant que le jour ne baisse qu'après 22h30.

La nuit est courte, à 5h30 nous nous levons pour ranger tente et sacs sous les premières lueurs du soleil. À 7h nous sommes au port. Le vent est tombé et le ciel est rosé par les premiers rayons du matin. Le paysage du fjord est magnifique avec cette eau bleue légèrement turquoise.

Nous partons après avoir entassé progressivement tous les sacs des cyclistes à l'intérieur, et les vélos à l'arrière. 16 personnes et maximum 8 vélos. La traversée dure deux bonnes heures, tout est calme sur le fjord. Arrivés au bout de celui ci, sur le lago O'Higgins les vagues de côté font un peu tanguer. Ce sont ces vagues qui empêchent le bateau de partir quand bon lui semble. Les jours de mauvais temps, des creux de 2 à 4 mètres se forment et les petits bateaux peuvent se faire renverser.

Une chaine humaine, entre voyageurs de l’extrême; la coopération est toute naturelle. Sauf pour Simon, qui prend des photos...

Une fois de l'autre côté, la vue sur le lac est grandiose, le soleil est étincelant. Passage chez les carabineros Chiliens pour sortir du Chili et après un petit déjeuner au pied du bâtiment, nous partons.

Après avoir soufflé comme des bœufs dans la belle montée, nous voici en fond de vallée avec une vue directe sur le Fitz Roy. Il est très beau avec ses deux pics. La marche est assez facile sur une route quasi plate.

20 km à pieds, ça use, ça use .... 

Déjà 14km que nous marchons et nous arrivons à la frontière terrestre marquée par deux panneaux. La route s'arrête et nous retrouvons les petits sentiers mignons de montagne. Tout à fait faisable pour des marcheurs, mais les cyclistes, eux chargés comme des mules peinent terriblement. Impossible de rouler, il faut pousser le vélo !

Nous commençons sérieusement à fatiguer quand enfin nous voyons que commence la descente vers le lago desierto et son aire de camping. Après avoir fait tamponner nos passeports, nous pouvons enfin nous poser et monter la tente. Le lac et le Fitz Roy en arrière plan semble avoir été agencé là volontairement tant le paysage ressemble ici à une mise en scène.

Après une bonne et longue nuit, le temps de flemmasser un peu, nous partons un peu après midi pour le dernier morceau. Contrairement à plusieurs de nos compagnons de traversée nous ne prenons pas le petit bateau qui permet de franchir le petit lac.

Nous rencontrons pour la première fois, ces drôles d'oiseaux, on dirait des ibis. 

Un joli chemin, qui monte et descend comme des montagnes russes permet de longer le petit lac. La route est belle mais fatigante et nous arrivons épuisés à bon port.

Une petite heure plus tard un suisse allemand nous prend dans son pick up pour faire les 30 derniers km jusqu'à El Chalten. Je n'ose pas dire Vive la Suisse, mais il tombait du ciel !

vue imprenable depuis le pick up



7
janv

Retour en Argentine dans la zone des glaciers et de la Patagonie australe.

Premier constat c'est bien plus sec.

Deuxième constat c'est bien plus touristique.

Notre chauffeur du jour nous dépose à l'entrée de la ville et nous laisse hébétés sur la chaussée. Dans la rue principale s'enchaînent hôtel, hostel, hostal et autres cabañas séparés par des restaurants en tout genres. Une seule constance : la flambée des prix et la nuée de backpackers, ou plutôt de touristes dirons nous. Nous sommes loin des ambiances intimistes du Chili...

Nous échouons tout naturellement dans le camping de la ville, les tentes jouent au coude à coude, le vent tente d'arracher les moins solides d'entre elles. C'est non sans fierté que nous voyons notre petite Doite, rester bien droite, à peine dérangée par les violentes rafales. Côté équipement on a vu mieux... Foyer surpeuplé, équipements de cuisines réduits à de simples feux avec fuite de gaz, internet inexistant - par contre les sanitaires sont tout neufs et c'est un sacré bon point.

La bonne idée, les cartes de randonnée sur les tables !
ça souffle, boudi !  

Une serveuse nous apprend que le village est totalement artificiel. Il est créé dans les année 80 sous l'impulsion de l'état qui donne littéralement les terrains à qui veut les prendre. Le but est de peupler le territoire et rendre vaine les prétentions expansionnistes du Chili qui pousse au niveau du Lago Desierto. Quasi 40 ans plus tard le succès est flagrant, le parti pris du tourisme était apparemment la bonne solution.Sauf pour nous, cette marée humaine nous plonge dans une certaine apathie liée aussi à la fatigue de la traversée.

La ville, pas très impressionnante dans sa vallée

Toujours est-il que nous partons visiter un peu le fameux parc d'el Chalten. Première rando direction le cerro Torre. Comme pour toutes nos prochaines randonnées, c'est l'entame le plus physique. Il faut sortir de la vallée et grimper les premiers versants. Le cœur s'emballe, d'autant plus que le soleil est de la partie et nous fait suer à grosses goutes. Le reste de la balade est bien plus tranquille, nous montons petit à petit jusqu'à atteindre le premier mirador offrant une vue imprenable sur le Cerro Torre et ses copains plus petits. Le ciel s'est couvert pendant l'ascension mais nous profitons des dernières minutes relativement dégagées pour prendre quelques photos avant que les sommets ne disparaissent complètement dans les nuages.

Notre destination est le petit lac glacière situé au pied du Cerro. Nous descendons dans la vallée et longeons la rivière. Nous traversons des zones de forêt peu dense, et d'arbustes plus serrés. Dernier tronçon, un pierrier ou peut-être une moraine et nous surplombons le lac. Avec le manque de lumière et la grisaille des nuages l'ensemble est comment dire... décevant. Trop de terre dans l'eau et le lac n'a pas cette couleur bleu des eaux de glacier, et la vue sur les sommets est complètement bouchée. Un pauvre iceberg flotte tristement sur le lac. Heureusement un renard se met de la partie et met un peu d'animation autour du lac. Il faut dire que la bestiole pas farouche pour un sous, jappe en direction d'un groupe en plein pique-nique. Le renard veut sa part ! Heureusement tout le monde (ou presque) a bien lu les consignes du parc et personne ne nourrit l'animal, qui finit par repartir après un bon quart d'heure à jouer les stars.

What does the fox say ?

Retour tranquille à El Chalten même s'il se fait sous la pluie. Le bon constat de la journée ? Après nos folles randonnées avec les sacs, ces balades à la journée avec juste de l'eau et de quoi manger sont plutôt simples. Il faut croire que nous sommes un peu plus en forme qu'à notre départ...

Deuxième jour, les rafales de vent très fortes nous poussent à rester dans la ville. L'apathie s'accentue, nous en profitons pour aller trouver de nouvelles chaussures pour Simon. Ses grolles prennent bien trop l'eau pour continuer longtemps comme ça, surtout dans cette région ! Nous nous baladons un peu dans le centre qui n'a vraiment aucun intérêt. Fin de la journée dans la petite parillada juste en face du camping, aux tarifs abordables. Nous nous posons la question de faire le trek du Huemul. C'est apparemment magnifique, un trek de 3 nuits, avec passage de cols vertigineux, vue sur le glacier Viedma - le deuxième plus grand d’Amérique du sud-, de la marche sur glacier et des traversées de rivière en baudrier sur un filin. A priori que du rêve, la seule chose qui finit par nous bloquer c'est la descente du deuxième jour : près de 1000m de dénivelé avec une pente aux alentours de 60/70° au milieu d'une forêt, nécessitant plusieurs heures pour en venir à bout. N'étant pas à l'aise dans les descentes raides et ne voulant pas risquer une blessure nous finissons par abandonner l'idée. Ce sera pour une prochaine fois.

Troisième jour, nous repartons vers les cimes, cette fois direction le campement poincenot. Cette randonnée est un peu plus longue et physique que celle du premier jour, mais rien d'insurmontable. Assez vite nous sommes suffisamment haut pour profiter d'un panorama sur une vallée immense au fond de laquelle serpente une rivière. Au sommet de notre sentier nous atteignons un petit plateau, entre les deux vallées, où se succèdent plusieurs miradors pour admirer le Fitz Roy. Nous avons de la chance le ciel est plutôt dégagé, même si les nuages s'accrochent au sommet. Malgré 40 minutes d'attente dans le vent, impossible d'avoir une photo totalement exempte de nuages. Pendant ce temps j'échange quelques mots avec des randonneurs aux sacs remplis de cordes et de piolets. Ils nous apprennent qu'ils vont grimper le Poincenot, c'est le sommet à gauche du Fitz Roy. Pour l'atteindre ils vont grimper la rampe de neige et de glace à ses pieds, puis grimper les centaines de mètres de paroi verticale, dans le vent et le froid, le tout en à peu près 24h. Impressionnant (et totalement déraisonnable !).

Zoomez sur celle en bas à droite pour connaitre le petit nom de chaque sommet ! 

Simon abandonne sa quête de la photo parfaite et nous repartons sur le sentier qui descend la vallée pour atteindre le campement. Nous finissons par atteindre une petite rivière, nous sommes en amont de la rivière vue précédemment dans l'autre vallée, à l'eau cristalline. Nous atteignons enfin le campement où nous retrouvons quelques jeunes gens, suivant le même trajet que nous depuis Rio Tranquillo. C'est le moment d'une pause déjeuner, au milieu des arbres, à profiter du soleil. Nous nous tâtons quelques minutes, la laguna de los tres, se trouve à une heure de marche et quelques 400m de dénivelé. Finalement, la flemme a raison de nous et nous nous contentons de rebrousser chemin après une petite sieste au soleil. Au retour, nous prenons un autre embranchement qui nous amène sur les berges de la laguna capri.

Retour tranquille à El Chalten, nous récupérons nos sacs et partons à la sortie de la ville faire du stop en direction d'El Calafate. Certes les montagnes sont belles, mais nous ne sommes pas dans une bonne énergie, le retour approche et il faut croire que nous commençons à saturer. Trop de monde partout, trop l'impression d'être une outre à frique, nous n'avons pas envie de passer plus de temps par ici, espérons que plus au sud notre sentiment change un peu.

Une fois n'est pas coutume on s'est fait shooté !
10
janv

La chance nous sourit encore une fois, quand une voiture accepte de nous prendre en stop pour parcourir les 200km qui séparent el Chalten et el Calafate. Nous avons droit à un petit cours d'histoire de la région.

Une première famille pionnière s'installe aux confins de ce monde à la toute fin du XIXème, soutenue par l'Etat qui donne les terres où vivent pourtant quelques milliers d'Indiens. C'est en 1910 que le hameau occupé maintenant par une dizaine de familles est consacré comme une localité par le Parlement et prend le nom d'El Calafate. Ici rien ne pousse, le sol est couvert de glace en hiver et très aride en été. C'est le mouton qui va devenir le cœur de l'économie locale. Les grands espaces sont progressivement clôturés, fermant le passage aux indiens nomades qui parfois se révolteront, donnant ainsi prétexte à leur extermination progressive et méthodique.

Des centaines de milliers de moutons viendront paître dans ces immenses plaines, alors que le cour de la laine est élevé. Mais à la fin des années 80, le synthétique prenant peu à peu le pas, les cours s'effondrent et c'est une hémorragie qui s'enclenche. En 15 ans, les 3/4 des moutons disparaissent, et les métiers afférents avec. Témoignage de cette crise très rapide, les chiens de berger perdent du jour au lendemain toute utilité. Ils sont abandonnés et se retrouvent par milliers à divaguer dans les rues, affamés. Ils sont encore très visibles un peu partout et parfois dangereux.

La région opère cependant une rapide mutation en misant tout sur le tourisme qui explose. On se presse ici pour voir l'immense glacier du Périto Moreno plonger dans le lac Argentino. Tous ici travaillent soit dans des bars, les restos, les hôtels, soit les transports. On y vit bien, car le touriste est bien doté, il vient pour quelques jours en avion pour voir le roi blanc, et ne rechigne pas à payer des prix prohibitifs pour se rendre sur place.

Nous trouvons néanmoins un camping municipal, plutôt bien aménagé et ma foi, enfin raisonnable en termes de prix. Nous y resterons finalement trois nuits, car le bus qui doit nous amener au Chili est plein pendant deux jours. Nous aurons l'occasion d'improviser quelques barbecues sur les braseros individuels attachés à chaque tente. Au cas où l'on ne l'aurait pas saisi, nous voilà bel et bien de retour en Argentine.

Le clou du spectacle se trouve à presque 60 km du centre de Calafate. Et comme le prix du transport est à peu près aussi élevé que celui de l'entrée du parc naturel des glaciers, nous tentons le stop. La chance nous sourit, car nous n'attendons pas 10min qu'un remis (l'équivalent d'un taxi en moins cher) sur le chemin pour aller récupérer des gens au parc, nous prend gentiment.

La renommée du site n'est pas usurpée. C'est une barrière de glace haute de 30 à 50 mètres qui s'avance dans le lac. Le site est exceptionnel parce que le glacier se déverse à l'endroit d'un chenal qui rejoint deux bras d'un même lac. Si bien que depuis la rive opposée au glacier, la vue est imprenable et la glace toute proche. Plusieurs circuits de passerelles, ponctuées d'explications permettent de prendre conscience de l'énorme masse de glace qui chaque jour avance de 2 mètres, et s'effrite dans le lac en produisant un impressionnant fracas.

Le chenal se trouve donc en permanence bloqué par la glace. Au moment de la fonte des neiges, l'eau alimentant le bras gauche du lac ne peut se déverser dans le reste de l'immense lac Argentino. Si bien que le niveau de l'eau s'élève et peut se trouver jusqu'à plusieurs mètres au dessus du niveau du reste du lac. Cette forte pression de l'eau accumulée finit par attaquer la glace et par former de grands tunnels dans lesquels, peu à peu, l'eau parvient à s'échapper. Les photos de ces tunnels, qui n'étaient pas formés quand nous y étions, sont tout à fait fascinantes également.

Ainsi la neige accumulée à plusieurs km, en se tassant, produit une poussée qui amène la glace formée à avancer. C'est l'un des très rares glaciers au monde qui demeure stable et ne s'est pas drastiquement réduit comme la plupart de ses proches voisins. Le spectacle est au rdv avec ses immenses plaques bleutées formant une surface hérissée. Les abords du glaciers sont recouverts de glaçons tombés des hauteurs, mais aussi remontés des profondeurs dans de grands bouillonnements.

Winter is coming ! 

Car la partie visible du glacier ne laisse pas imaginer, que par endroit, c'est une paroi de 120 mètres, entièrement immergée qui va tutoyer les fonds glacés du lago Argentino.

14
janv

Nouvelle traversée de frontière pour atteindre Puerto Natales. La ville la plus proche du parc Torres del Paine, LE parc du Chili, hyper renommé, dans les classements des meilleures randos du monde. Bref du lourd.

Mais on nous a prévenus à de multiples reprises, pour y entrer c'est la croix et la bannière. Des quotas sont mis en place pour éviter la surpopulation, il faut donc impérativement posséder un voucher de l'un des campings pour pouvoir y passer la nuit. Mais en même temps on nous dit qu'il faut le tenter au culot, que parfois des places se libèrent. Nous avions essayé de réserver en septembre et tout était plein jusque début février... Nous prévoyons de faire un tour dans les offices des campings dans Perto Natales pour récupérer quelques infos plus fraîches.

A partir de ce moment, nous enchaînons les manques de bol. Les campings sont pleins à notre arrivée et nous terminons dans le dernier disponible et aussi le plus cher de tous (13.000CLP par personne, deux fois plus que ce que nous payons d'habitude). A 22h30 on ne fait plus la fine bouche, nous plantons la tente en nous promettant de mettre les voiles le lendemain.

Le lendemain donc, nous souhaitons aller obtenir des infos sur les campings du parc. Le guide nous annonce une fermeture à 13h, sauf qu'il n'est pas à jour et que les officines ferment à 12h, nous trouvons donc porte close. C'est logique, nous sommes dans une ville vivant uniquement du tourisme donc toutes les agences ferment du samedi 12h au lundi 10h... Quand on nous confirme que le prix d'entrée du parc est de plus de 25 000 clp chacun, que les campings coûtent au minimum 7 à 8000CLP et qu'en plus il faut se payer le bus jusqu'à l'entrée, un certain découragement nous saisit.

Face à cette immense pompe à frique qu'est Puerto Natales et le Torres del Paine, le manque total d'organisation et d'informations claires, nous faisons un rapide tour en ville avant de mettre les voiles en direction de Punta Arenas. Des glaciers et des lacs de montagnes on en a vu, un de plus, un de moins fusse-t-il magnifique ne changera pas grand chose.

Arrivés à Punta Arenas nous nous retrouvons sur les limites de la Patagonie, avec en face le Détroit de Magellan et plus loin la Terre de feu. Seule l'île porte ce nom, tant que l'on est rattaché au continent nous sommes en Patagonie.

C'est moche comme monument hein ?

Depuis le bord du détroit, la Terre de feu est invisible, mais nous voyons quelques paquebots dans le port, de ceux qui font la croisière vers Ushuaïa, Puerto Williams et pour les plus riches jusqu'en Antarctique (nous demandons les prix, et même en dernière minute et classe la plus éco c'est totalement hors de notre portée). On peut même admirer ce magnifique monument en l'honneur des colons, fers de la lance de la civilisation en ces terres désolées. Ils ont surtout eu la bonne idée de s'approprier les terres pour élever des moutons, faire des ports et dézinguer les populations locales...

Sans présenter un intérêt fou, la ville possède un petit centre historique plutôt charmant, quelques bâtiments bien conservés et même un petit musée. La collection permanente expose le mobilier d'origine de cette maison de grand industriel/propriétaire terrien. Amusant. La collection temporaire dans le sous-sol, éveille bien plus mon intérêt. Une chilienne embarquée sur un voilier au départ d'Amsterdam pour une traversée de l'Atlantique avec pour objectif de passer le cap Horn. Un périple de plusieurs mois, raconté via son journal et quelques photos.

Mais ce qui attire le touriste en cette ville c'est surtout l'immense colonie de Manchots de Magellan. Ils nidifient chaque année par centaines sur l'île Magdalena à quelques encablures de là. L'île déclarée réserve naturelle, est accessibles aux visiteurs qui peuvent la traverser le long d'un petit sentier serpentant à travers les nids. Il faut bien sûr réserver auprès d'une agence pour faire la traversée.

Les bestioles hautes comme trois pommes, ne sont pas farouches du tout. Elles sont désormais habituées à la présence humaine, et nous regardent passer d'un œil à peine intéressé. Elles vaquent à leurs occupations tandis que nous les observons de près. On apprend donc que les couples de manchots, comme souvent chez les oiseaux, sont très fidèles et se retrouvent d'une année sur l'autre, se reconnaissant à la voix. Les parents couvent chaque année deux œufs, ils se relaient à la fois pour couver, garder et nourrir les petits une fois éclos. Ils passent en général une dizaine de jour avec eux avant d'être relayé et de partir en mer se nourrir. Les petits naissent avec un duvet qu'ils perdent petit à petit - on peut le voir sur les photos. Une fois leur plumage d'adulte acquis -celui-ci est waterproof et leur permet de nager des heures sans se mouiller ni se refroidir- ils auront droit à leur première virée en mer où ils apprendront à pêcher sous la houlette de leurs parents.

Vous avez noté que les nids sont enterrés, et bien figurez vous que ce sont les manchots qui creusent ! On voit de temps en temps des mottes de terre voler lorsqu'un d'entre eux décide de rafraîchir son intérieur. Les mâles arrivent les premiers et ont pour tâche de préparer le nid. 80% d'entre eux récupèrent celui de la saison précédente. Les jeunes individus lorsqu'ils sont mature sexuellement participent à la construction de nids et à la parade, en attendant ils observent les adultes, apprennent les bons comportements mais restent cantonnés à la plage.

Peu de prédateurs sur l'ile, les mouettes et goélands nidifient aussi, en plus ou moins bonne entente. Le seul qui vient menacer tout ce beau monde est un oiseau un peu plus grand que les mouettes et d'une couleur marron. Il tue et dévore les petits, que ce soit ceux des manchots ou ceux des mouettes. A chaque fois qu'un de ces prédateurs s'approche c'est un concert de cris et de battements d'aile pour tâcher de l'éloigner.

Les oisillons sont déjà grands, mais n'ont pas encore leur plumage d'adulte

Pas d'autre menace sur terre, par contre dans l'eau c'est une autre histoire. Les lions de mer tournent au milieu des algues, attendant le bon moment pour attraper au vol un de ces plumitifs probablement savoureux.

Mais d'ailleurs vous vous demandez sûrement quelle est la différence entre pingouins et manchots ! Surtout qu'ici on les appelle Pinguinos de Magellanes. Et bien sachez que les Pingouins volent ! Et qu'on ne les trouve que dans l’hémisphère nord. A contrario les manchots ne peuvent pas voler et se contentent de nager, on ne les trouve que dans l’hémisphère sud. Simple non ?

La visite de l'île s'achève, avant de rentrer nous faisons étape devant une autre petite île où c'est une colonie de lions de mer qui se prélasse. Nous sommes assez loin pour ne pas les déranger et pouvons observer les énormes mâles paresser au soleil tandis que les plus jeunes tètent ou dorment sous l’œil attentif des mères. Chaque mâle possède un harem comportant jusqu'à une douzaine de femelles et sur lesquelles il veille jalousement. Des mâles dits "périphériques" tournent autour ou restent dans l'eau, attendant un moment d'inattention de la part des mâles principaux pour aller s'accoupler avec les femelles. Mais celles-ci doivent être prudentes, si le mâle du harem reconnaît à l'odeur qu'un des petits n'est pas de lui (donc de la saison précédente, la gestation est de près de 10 mois) il risque de le tuer. La vie n'est pas simple pour les jeunes lions de mer !

Retour en bateau et petit quiz pour vérifier qu'on a bien écouté. En bons élèves que nous sommes Simon récupère un diplôme de docteur es bestioles marines. Il est pas beau avec son diplôme ?

Par contre il ferme tout le temps les yeux le bougre !

Après ces quelques jours à Punta Arenas, direction Ushuaïa notre ultime destination et le point le plus austral de notre périple !

18
janv
18
janv

Le bout du monde se mérite. Il faut 12 heures de bus pour rejoindre Ushuaia depuis Punta Arena. Nous avons choisi la formule la plus économique, qui longe le détroit de Magellan côté chilien, le traverse et continue sur la terre de feu. Le paysage traversé est assez triste, de grandes plaines herbeuses sans relief. Mais ce paysage monotone laisse soudainement sa place à un grand massif que nous traversons par une vallée. Immenses lacs, sommets enneigés, pentes arborées, on retrouve la beauté des paysages de la Patagonie chilienne.

Nous arrivons fourbus à Ushuaia, qui apparaît comme posée au pied de ces grandes montagnes, faisant face à la baie et à l'Isla Navarino, première des dernières îles chiliennes avant celle du cap Horn. Ce qui depuis la rive ressemble à une immense baie est, en fait, le second canal qui permet aux bateaux d'éviter de se risquer dans les eaux furieuses du cap pour rejoindre l'océan pacifique. C'est le canal de Beagle.

Nous aurions aimé nous rendre sur l'isla Navarino mais ici rien n'est fait pour traverser facilement la frontière argento chilienne, à un prix de backpacker. Nous renonçons donc. Nous sommes accueillis dans une coloc par un Colombien et une Argentine Seb et Diana qui nous accueillent en couchsurfing. Ambiance sympa, nous avons le sol du salon pour nous, et nous savons que nous pourrons utiliser le lieu comme base pour notre trek de trois jours. Nos hôtes nous expliquent combien le grand sud permet à tous les jeunes du continent de trouver du travail de saisonnier. On y fait son matelas de novembre à mars avant de poursuivre ses études ou de partir voir le monde. Les salaires sont aussi attractifs que les prix sont chers.

Ushuaia attire à elle les hordes de touristes qui rêvent de voir le bout du monde. C'est d'ici que d'immenses bateaux de croisière partent tous les jours, pour visiter les immenses fjords des environs et aller voir les baleines à bosse qui croisent dans les environs. D'autres grands bateaux brise glace, s'aventurent jusqu'aux rives du continent Antarctique. Les prestations sont, paraît-il, haut de gamme et la note plus que salée. On paye au minimum 5 000 dollars et jusqu'à 15 000 selon le confort de votre chambre.

Pour cette petite fortune vous aurez probablement la chance de naviguer par grosse mer, puis d'être déposés en hélicoptère sur le continent. Vous aurez eu la chance au préalable d'être décontaminés, pour ne pas interférer avec cette biosphère si particulière et fragile. Et malgré ce prix, c'est presque tous les jours que partent ces gros paquebots pour le continent blanc. Même si Alex en parle depuis le début du voyage, ce genre d'escapade est évidement un peu hors budget. Nous préférons donc la perspective d'un trek que des français rencontrés à Villa O'Higgins nous ont conseillé.

A cette époque de l'année, une halte à Ushuaia, c'est la garantie de longues soirées devant un ciel à nul autre pareil. Invariablement le ciel se découvrait en fin d'après midi laissant le soleil, encore très haut, irradier le paysage. Jusqu'à 21h environ il continue à briller et le jour n'est vraiment remplacé par la nuit qu'un peu avant minuit. Le jeu des couleurs et de la lumière sur les trainées de nuages, plusieurs heures durant, est un spectacle en soi qui restera comme un des grands moments du voyage.

Trois journées de marche avec au programme un glacier, deux lacs glacières, un col et paraît-il une vue splendide sur Ushuaïa et la baie. Un programme d'enfer. Nous faisons le tri dans nos affaires, laissons tout le superflu et après quelques courses pour nous sustenter, nous partons.

le tracé de la balade, avec les points jaunes qui montrent là où on a posé la tente 

Le début de la randonnée se trouve à la sortie d’Ushuaïa, nous montons sur 5 km par une vallée, puis une fois avoir passé toutes les maisons, nous arrivons dans une autre belle vallée dessinée par deux chaînes de montagne. Le fond de vallée est particulièrement large et couvert de fleurs jaunes. Bucolique à souhait.

La première journée est consacrée à monter jusqu'à un joli glacier et à retourner à notre point de départ pour poursuivre le lendemain dans la vallée (le tracé en rouge sur la carte). Plutôt que de porter tout notre paquetage nous montons la tente, dans un coin à l'écart de l'embranchement et y laissons les sacs. Nous partons à l'assaut de la grimpette qui s'annonce ambitieuse. Ça grimpe dur pendant presque 2h dans un beau bois de feuillus. Depuis le début de notre montée, un chien errant semble vouloir nous accompagner. Il nous montre le chemin et nous attend quand nous reprenons notre souffle. Sa compagnie est agréable sauf lorsque nous croisons un autre chien qui devient alors la cible d'un aboiement frénétique. Nous sommes regardés de travers par les autres randonneurs qui ne comprennent pas le peu d'autorité exercé sur le joli chien.

Après presque 450 mètres de dénivelé, les arbres se clairsèment et nous arrivons à un premier palier herbeux avant la dernière montée. Un ruisseau d'eau glacée nous montrant le chemin vers le glacier lui même. Une fois en haut, nous contournons le lac de cette eau brouillée par les minéraux et sédiments charriés par la glace, et arrivons à une grotte de glace devenue depuis quelques années l'endroit où il faut prendre une photo. Le point de vue est vraiment très beau. Nous frémissons quand même un peu en voyant un couple grimper encore plus haut, sans équipement apparemment très fourni. Il ne fait déjà pas bien chaud et il est déjà bien tard. Que vont-ils donc faire dans cette galère?

Nous redescendons tranquillement en croisant encore plusieurs marcheurs, étrangement beaucoup d'israéliens, qui se sont vraisemblablement donnés le mot. Le soir tombe tout doucement. Nous puisons l'eau de la future soupe dans la jolie rivière qui sinue dans la vallée. Et nous retournons à la tente que l'on voit entourée de chevaux. Nous avions déjà deviné que nous nous étions peu ou prou installés sur un chemin que plusieurs dizaines de canassons semblent emprunter chaque jour. C'était drôle à voir, parce qu'ils avaient bien perçu qu'un obstacle nouveau leur bloquait la route, mais curieusement plusieurs d'entre eux sont restés longtemps à la regarder en espérant peut être qu'elle allait se mettre à bouger.

Celui la s'est enhardi à essayer de chiper notre dîner 

Après une bonne nuit, nous repartons le lendemain sous un ciel couvert, pour un trajet un peu plus long mais avec un peu moins de dénivelé. On découvre alors les plaisirs des tourbières, spécificité du coin. Ces sols spongieux couverts d'une mousse à la fois ferme et molle, qui vous fait vous enfoncer de plusieurs centimètres. On adore. C'est une journée un peu laborieuse, plus fraiche que la veille. Nous sommes très souvent ralentis par des zones boueuses, où chaque pas est une aventure.

Nous déjeunons d'une casserole de riz, au bord d'un barrage naturel dont nous comprenons en fait qu'il est l’œuvre d'un castor. En m'avançant tout doucement, j'ai même eu la chance d'en voir un remonter le courant. L'animal n'est pas du tout une espèce endémique, il fut introduit sur l'idée géniale d'un marin américain espérant faire fortune du commerce de fourrure. C'est devenu une plaie pour l'écosystème de la région, qui a vu la petite bête proliférer sans être régulée par un prédateur local. En construisant ces barrages, l'animal fait monter le niveau de l'eau en amont, immerge les arbres le long du cours d'eau, qui finissent par dépérir.

Jusqu'ici, c'est à peine si la balade avait grimpé. Mais la carte de niveau indique bien à la toute fin une brusque remontée, juste avant d'arriver au lac où nous devions poser la tente. La fatigue aidant, arrivant au pied du fameux sentier grimpant à flanc d'une pente très très raide, nous ne faisons pas les fiers. Le chemin ne semble pas être réellement creusé, seulement la trace du passage d'autres randonneurs. Nous montons tout doucement, sans prendre de risque. La vue est alors imprenable sur toute la chaîne de montagnes mais tout à fait vertigineuse, lorsqu'on regarde vers le bas, en direction du joli ruisseau qui coule 300 mètres plus bas.

quand on regarde en arrière, en haut de la montée de l'extrême 

Une fois arrivés en haut, le lac qui doit nous servir de refuge est directement visible. Il nous faudra encore marcher avec beaucoup de précaution pour redescendre vers le lac en contrebas, quoi de plus amusant qu'un ruisseau mêlant pierrier sur lit de boue ? Ce sont ces petits moments qui vous font parfois douter de la nécessité du trekking.

Cette fois nous arrivons à allumer un petit feu, poussés par les brasiers grandioses de nos voisins 

Le lac émeraude qui apparaît sous nos yeux ne nous fait pas regretter nos efforts passés. Nous sommes plusieurs couples, installés au milieu de ces arbres noueux. Alexandre parvient à faire un feu d'enfer qui nous réchauffe. Sans soleil et un peu en altitude, le vent se fait froid. Après une bonne nuit de repos, le soleil nous réveille. Nous redémarrons pour la dernière journée qui s'annonce être la moins difficile, puisqu'il suffit de monter le col au début puis de descendre jusqu'à la ville. Nous allons voir le deuxième lac, tout proche, en surplomb, qui vient alimenter le premier. Le ciel est plus dégagé.

Si la montée du col est un peu éprouvante, elle se fait assez rapidement. Nous peinons néanmoins à trouver le chemin dans ce grand pierrier. En avançant sur un chemin qui surplombe la vallée par laquelle nous allons redescendre, Alexandre me demande si nous ne nous sommes pas trompés. Il s'inquiète du fait que le chemin ne descende pas vraiment, et reste ainsi à flanc de montagne au dessus de la végétation. Au fond de la vallée, par contre, on peut deviner les traces d'un chemin. Notre application Maps.me, jusque là toujours fiable, semble plutôt indiquer que nous sommes trop à gauche du chemin.

la vallée qui débouche sur la baie 

Nous décidons donc de descendre. On suit des traces de pas, mais aussi de chevaux, là encore en grand nombre. Si chemin il y a eu, il semble être particulièrement défoncé. Nous avançons maintenant en fond de vallée, en espérant trouver assez vite le chemin dont nous avons à nouveau perdu la trace. Après deux heures de tâtonnements, tantôt à gauche, tantôt à droite, en suivant le ruisseau, qu'on nous fait traverser 3 ou 4 fois, à quelques mètres d'intervalle, ou en pataugeant dans les tourbières, nous comprenons pourquoi le chemin de départ s'engageait plutôt sur les sols secs du pierrier. Marcher sur des terrains instables ou détrempés ça vous épuise, d'une part, et ça prend un temps fou. Les heures passent, sans que nous arrivions à avancer de façon décisive. Nous essayons alors de retrouver le chemin de départ en grimpant entre les fourrés et autres arbustes. Une fois dans le pierrier, très pentu, impossible de trouver la trace du fameux sentier.

Nous profitons un instant de la vue retrouvée, et nous finissons par redescendre en essayant de rester à mi hauteur et d'éviter des sols trop humides, espérant enfin que nous finirons par croiser le chemin initial. Parti à 11h30 du matin, ça n'est qu'à 18h30 que nous trouvons enfin ce satané chemin. Soulagés, mais épuisés, nous finissons les 6 kms qui nous restent encore à parcourir.

Heureusement, le ciel se dégageant complètement le soir venu, la vue que nous avons sur Ushuaïa, le canal de Beagle, ce ciel de traine, le tout est d'une grande beauté. Nous finissons épuisés, dévorant un morceau de bœuf à la rôtisserie du coin.

22
janv

Notre séjour à Ushuaïa touche à son terme, nous nous levons à l'aube pour rejoindre le terminal de bus et profitons de ce lever de soleil qui dure des heures alors que près de 32 heures de bus nous attendent.

A gauche c'est un énième monument pour les Malouines, un sujet d'importance ! 

Nous refaisons le chemin en sens inverse pour rejoindre le continent, nouveau passage sur le bac. Heureusement pour nous, cette fois, le soleil est de la partie et nous avons la chance de voir un banc de dauphins de Commerson (Cephalorhynchus commersonii de son petit nom) accompagner pendant quelques minutes notre navire.

Est-ce qu'ils sont pas adorables blancs et noirs ? 

Après moultes heures, et deux escales de 4h en cours de route, nous atteignons enfin Puerto Madryn. C'est la dernière ville avant d'entrer dans la zone de la réserve naturelle de la péninsule. Manque de chance notre bus est arrivé avec 45 min de retard et nous ratons, à 10 min près, le dernier bus vers Puerto Piramides, seul village de la presqu'île. Rien ne nous effraie, et nous partons donc à pied en direction de la sortie de la ville en espérant trouver des gens pour nous prendre en stop. Nous tombons sur un couple, le monsieur est anglais, et la dame espagnole. Ils vont aussi passer quelques jours dans la réserve, et font même un arrêt avec nous dans le centre des visiteurs. C'est en bons auto-stoppeurs qu'au moment de sortir de la voiture les sangles du sac de Simon se prennent dans la gourde, et florf, elle se répand à l'intérieur de l'habitacle de leur voiture de location. Heureusement, nous passons assez de temps dans le centre pour que le tout sèche... ouf.

Nous croisons quelques Guanacos, et arrivons en vue de Puerto Piramides. Effectivement c'est un village, un petit village, un tout petit village à l'abri dans sa crique. Nous rejoignons le camping municipal pour poser notre tente et nous réalisons petit à petit dans quel monde nous sommes entrés...

Ici, point de tente et d'ambiance trekkeur, mais des campings cars et autres vans à perte de vue. Aujourd’hui la plupart des véhicules sont ensablés et bien trop vétustes pour espérer reprendre un jour la route, même si sans doute, à une lointaine époque, ces engins roulaient. Heureusement nous arrivons en semaine et la population du week-end n'est pas encore arrivée. Nous finissons par trouver un coin pas trop encombré pour poser la tente, à l'abri de la lumière du lampadaire grâce à un tamari. Nous découvrons avec joie le sens du respect des règles des argentins. Nous rappelons que nous sommes en plein milieu d'une réserve naturelle, où animaux et feux de bois sont interdits pour protéger une faune et une flore délicate. Les voilà donc à faire du feu dans tous les coins, comme si de rien n'était, avec les chiens qui courent dans tous les sens et les détritus abandonnés ici ou là. L'horreur totale.

Du sable, des véhicules partout, un des pires campings de notre voyage !

Le lendemain nous réussissons à nous faire conduire de l'autre côté de l'île pour approcher des colonies de Lions de mers et de phoques. Bon nous sommes pile dans le seul mois de l'année où les orques et les baleines ne sont pas présentes, Simon essaie de cacher sa déception en réalisant qu'il ne pourra pas voir des orques s'échouer sur les plages pour attirer dans l'eau et dévorer les bébés phoques qui grouillent déjà sur les plages. Un spectacle grandiose parait-il, surtout que les parents supervisent les jeunes orques notamment pour les tirer à l'eau s'ils se ratent. De charmantes bestioles...

Nous nous contentons de regarder ces gros tas que sont les lions de mers. Ils profitent de la lumière du jour couchant, se trainant sur le sable. Les petits au pelage noir restent près de leurs mères et tètent allègrement tandis que les mâles se trainent de ci de là, la période de reproduction étant déjà passée.

Nous rentrons au camping et découvrons avec horreur la masse de personnes venues pour le week-end. Vous l'avez deviné, nous ne sommes pas très à l'aise dans cet environnement et puis il faut dire que le camping est vraiment miteux. L'eau est rationnée sur l'île mais au lieu de limiter la capacité du camping, ce sont les sanitaires qui ne sont alimentés en eau que 2/3 heures par jour. Vous imaginez le résultat à partir de midi. Pour les douches c'est tout aussi simple de 19h à 21h, le reste du temps pas d'eau non plus. Pour notre deuxième nuit musique à fond et odeurs de grillades nous accompagnent. Heureusement le coucher de soleil face à la mer une bière à la main nous réconforte un peu.

Et encore, on est hors saison !

Le passage par la Péninsula Valdez, après tous ces mois d'attente est au final assez décevant. Face à la beauté de ce que l'on a pu voir auparavant, l'ensemble paraît bien quelconque.

Et puis il faut dire aussi que nous nous projetons vers le retour à Paris, qui n'est éloigné que d'une grosse semaine, nous sommes moins dans l'instant présent de ce qui est sous nos yeux.

L'appréhension le dispute à la hâte.