C'est une suite du carnet "Voyage au canada 1 : La province du Québec". Nous allons découvrir dans ce carnet le Nouveau Brunswick, la Nouvelle Ecosse et l'Île du Prince Edouard.
Du 4 septembre au 7 octobre 2024
34 jours
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Le ciel est nuageux ce matin. Nous quittons le camping vers 9H. Nous rejoignons Edmundston. Nous prenons l’autoroute 85 qui se transforme en autoroute 2 à l’arrivée au New Brunswick. Nous prenons ensuite la route 144 au niveau du parc provincial de la République. Il s’agit avant tout d’un grand camping et d’une aire récréative. A proximité, il y a un jardin botanique qu’il aurait été intéressant à découvrir. Mais nous voulions aller avant tout au centre d’information d’Edmundston pour commencer à visiter la région mais pas de chance, il était fermé. Nous ne sommes plus en saison estivale. Nous prenons quelques documentations à disposition et allons sur le site de la confluence de la rivière Madawaska qui prend sa source dans le lac de Témiscouata dans les Appalaches au Québec et du fleuve de St Jean dont les sources se situent dans le Maine au Etats unis et dans la province du Québec également dans les Appalaches.

La rivière Madawaska

Il y a environ 12 000 ans à la fin de la période glaciaire, l'eau de fonte a créé le lac glaciaire de Madawaska qui s'étendait du lac Témiscouata jusqu'à l'emplacement actuel de Grand-Sault où un dépôt glaciaire servait de retenue. Puis le relèvement du relief a progressivement transformé le réseau hydrologique pour lui donner le tracé actuel.

Pendant des millénaires, cette route d'eau a servi aux déplacements saisonniers des peuples nomades entre la vallée du St Laurent et la Baie de Fundy. Plus récemment, au 19ème siècle, la rivière Madawaska a été très utile au début des activités de l'industrie forestière canadienne, à l'époque de la drave. Nous sommes dans la région où les premiers arbres ont été coupés pour l'industrie navale canadienne. Avec les années, l’industrie forestière s'est transformée et de nombreuses scieries ont fait leur apparition dans la région, de même que plusieurs moulins et usines.

Edmundston

Nous avons beaucoup apprécié les aménagements de la ville le long de la rivière Madawaska bien que l’environnement soit très industrialisé (pylônes électriques, usines, barrages sur la Madawaska…). Par contre, un peu avant la confluence avec la rivière St Jean, un barrage sur la rivière Madawaska modifie le débit de celle-ci.

Résidence Hotel Dieu
Résidence Hotel Dieu
 Edmundson et la rivière Madawaska  

La rivière St Jean

Prenant ses origines dans 3 lacs sur le versant sud des Appalaches dans le Nord-Ouest du Maine aux Etats Unis et au sud du Québec (le lac Frontière au Québec, le Petit lac St Jean sur la frontière entre le Québec et le Maine et le "Fifth St. John Pond" dans le Maine), le fleuve St jean d'une longueur de 673 km parcourt dans un premier temps la frontière entre le Québec et le Maine et traverse ensuite le New Brunswick jusqu'à la Baie de Fundy. C'est le plus long fleuve de l'Est du Canada et son bassin versant est un des plus grands de l'Est. Il travers Edmundston, Fredericton et St John pour se jeter dans la baie de Fundy.

A défaut d’informations sur la ville, nous poursuivons plus au sud vers le site du Grand Sault pour lequel j’avais beaucoup d’attente mais quelle déception lorsque nous découvrons le site. Il n’y a pas beaucoup d’eau car le barrage est en travaux et une partie de l’eau est déviée. Enfin, nous partons pour un sentier de 3,6 km aller retour mais nous avions à peine commencé qu’il s’est mis à pleuvoir. C’était trop, pas d’eau, des travaux qui ont modifié le débit du fleuve mais aussi le début du tracé du circuit et maintenant la pluie, nous abandonnons.

Le site du Grand Sault

Sur le site du Grand Sault, le centre de découverte présente des panneaux informant sur la formation du site en commençant par la formation des Appalaches, sur le fleuve St Jean et la formation des chutes, sur les peuple autochtones et notamment les Malécites qui vivaient dans la région qui s'appelle aujourd'hui le Nouveau-Brunswick.

Les chutes  de Grand Sault sur le fleuve St Jean

La formation des Appalaches

A la fin du Cambrien, il y a environ 480 millions d'années, un enfoncement de la croûte océanique au large de Laurentia a formé une zone de subduction et induit un arc insulaire volcanique dont on retrouve aujourd'hui des vestiges dans les Appalaches du Québec. Il y a 450 millions d’années, une première chaine de montagnes s’élève sur le bord de la plaque continentale de l’Amérique du Nord suite à la collision avec l'arc insulaire. C'est la première phase des Appalaches (chaîne taconienne). Son érosion il y a 430 millions d'années associée à l'envahissement de la mer apporte une période de sédimentation. Il y a 390 millions d’années, le micro-continent Avalonia rejoint la plaque de l’Amérique du Nord provocant une nouvelle montée de la chaine de montagnes. C'est la deuxième phase des Appalaches (chaîne acadienne qui se superpose à la chaîne taconienne). Il y a 320 millions d’années, les deux plaques continentales séparées par un océan se rejoignent pour former un super continent la Pangée, donnant une nouvelle poussée aux Appalaches. Il y a 200 millions d’années, le super continent se disloque et donnera naissance au futur océan atlantique. Par la suite les Appalaches subiront une lente érosion.

La formation des chutes du Grand Sault

A la fin de la dernière glaciation, l’eau de fonte a crée le lac glaciaire de Madawaska qui s’étendait du lac de Témiscouata jusqu’à l’emplacement actuel de Grand Sault. Puis le relèvement du relief a transformé le réseau hydrologique. La nature géologique de la région du Grand Sault explique pourquoi des chutes se sont formées là. Le lit du fleuve est composé de roches sédimentaires provenant d'une ancienne mer que les mouvements géologiques (cités plus haut) ont fait remonter à la surface. C'est dans cette roche tendre qu'ont été sculptée les chutes. La hauteur des chutes de Grand Sault est de 23 m alors que celles de Niagara sont à 57 m et celles de Montmorency à 83 m.

Au delà des chutes, les eaux s'engouffrent dans la gorge sur une distance de 1,8 km. Les parois de la gorge atteignent jusqu'à 70 m de hauteur que nous ne verrons pas car nous n'avons pas fait le circuit. A défaut de voir les chutes dans leur meilleures conditions, nous pouvons voir l'amplitude du débit du cours d'eau.

La gorge du fleuve St Jean
La gorge du fleuve St Jean
Grand Sault 

L'histoire autour du fleuve St jean

Les importantes chutes de Grand Sault ont permis de construire une grande centrale hydroélectrique en construisant un barrage terminé en 1928.

Pendant des millénaires, cette voie d’eau a servi aux déplacements saisonniers des peuples nomades de la vallée du St Laurent à la Baie de Fundy.

Le fleuve St jean est connu sous le nom de Wolastoq (la rivière belle et généreuse) chez les peuples autochtones qui habitent ses rives depuis de nombreux millénaires. C'est Pierre Dugas de Mons et Samuel Champlain qui donne le nom de St Jean au fleuve car c'est le jour de la St jean qu'ils l'ont explorée en 1604.

Les peuples premier du Nouveau Brunswick

Les peuples premiers au Nouveau Brunswick sont Micmacs dans le Nord et l'Est de la province, Wolastoqiyik (Malécites) dans la vallée du fleuve St Jean (Wolastoq) et Peskotomuhkatiyik dans la région de la rivière Ste Croix. Au 19ème siècle, le Nouveau Brunswick est anglais et son gouverneur créa des réserves vers les années 1840 pour les autochtones prétextant des raisons de sécurité et de protection de ces derniers. Ainsi aujourd'hui, il y a une réserve de 1500 résidents de la première nation Tobique (malécite) située à la confluence de la rivière Tobique et du fleuve St jean. Aujourd'hui, après des décénies de déclin, la langue malécite connait une résurgence et est enseigné dans les écoles et les universités.

La légende sur la chute : c'est l'histoire de Malobiannah du peuple Malécite. Elle vivait avec son père sur les rives de la Wigoudi (la belle rivière). Un jour qu'elle s'était éloignée avec son père, ils furent attaqués par des Mohawks, ennemis des malécites. Ils tuèrent son père et la firent prisonnière en lui promettant la vie sauve si elle les conduisait à son village. Elle leur conseilla de rester sur la rivière en gardant leurs canots groupés. Lorsqu'ils s'inquiétèrent du bruit grandissant de la chute, elle leur répondit qu'il s'agissait seulement du grondement d'un torrent se jetant dans la Wigoudi. Elle guida les mohawks jusqu'à la chute où ils périrent tous avalés par les eaux tumultueuses de la Wigoudi. Sa tribu raconte encore cette histoire en honorant la mémoire de celle qui se sacrifia pour sauver les siens.

En suivant le fleuve St jean

Nous poursuivons vers le sud en suivant les indications données au centre de découverte du Grand Sault.

Depuis Le Grand Sault, nous avons suivi la route 105 qui longe plus ou moins le fleuve St Jean. Dans la première partie, il passe dans des gorges profondes entre des falaises que nous aurions bien aimé découvrir. En descendant, il reste plus ou moins encaissé mais ses berges sont essentiellement constituées de dépôts alluvionnaires très importants parfois hauts de plusieurs mètres. C’est le domaine de la culture de pomme de terre.

Un peu avant Perth Andover la large rivière Tobique qui prend sa source dans les Appalaches rejoint le fleuve St Jean.

Un peu avant Florenceville, au niveau de Bristol, il y a une ancienne gare et plusieurs wagons transformés en « guest house ». En fait, la gare de chemin de fer Canadien Pacifique de Bristol se trouvait sur ce terrain de 1910 à 1971. On y a installé en l'an 2000, l'ancienne gare de Fronceville construite en 1914. Elle est identique à celle de Bristol et les anciens wagons ont été apporté sur les lieux en 1986 et en 1988.

Bristol  

Nous arrivons à Florenceville qui est le site de l’entreprise Mc Cain. Il y a un petit pont couvert bâti en 1911 en face de l’entreprise Mc Cain. Ce pont n’était couvert qu’aux 2 extrémités mais l’une a brulé en 1932.

 Florenceville 

Hartland

Nous prenons ensuite la route 105 qui nous amène à Hartland où se trouve le plus long pont couvert du monde ! Il est impressionnant et il est toujours en activité. Long d’environ 390 m, il a été construit en 1921 et une allée pour piéton a été ajoutée en 1945. Nous l’avons traversé et pris la route 103 sur laquelle nous avons de beaux points de vue sur la vallée.

 Le pont couvert d'Hartland 
Hartland 

Vu le temps très incertain, nous avons réservé une chambre d’hôtel dans le bourg de Woodstock.

Depuis Grand Sault, la route qui longe la vallée traverse de beaux paysages et cette dernière partie est plutôt agréable tout comme le bourg de Woodstock qui présente quelques vieilles maisons. L’autre remarque à faire sur le trajet d’aujourd’hui c’est l’espacement des maisons dans les villages et bourgs et il y a peu de zone où il n’y a pas de maisons le long de la route.

Nous avons terminé la journée au restaurant à Woodstock.

Le lendemain matin, nous quittons Woodstock par la belle route NB 165 avec de beaux points de vue après avoir fait quelques photos de cette petite ville.

Le palais de justice de Conté de Carleton du19 ème siècle  
Eglise anglicane
Le presbytère
Woodstock 

Nous partons en direction de Nackawic pour voir la grande hache qui se situe dans un parc au bord du fleuve St Jean.

Nackawic  
Le fleuve St jean en amont du barrage Mactaquac  

Après Nackawic, nous prenons la route NB 102 qui nous amène Kings Landing, un village historique anglophone du 19ème siècle (1780 - 1910) à Prince William, une sorte d’écomusée regroupant au bord du fleuve St jean 2 écoles, des habitations de personnes aisées et de personnes plus modestes, des fermes avec des granges, des écuries, 2 églises, un magasin général, une entreprise de menuiserie, une forge, une imprimerie, un moulin à farine et une scierie derrière un barrage. Il y avait également un restaurant où nous avons mangé une salade des légumes cultivés sur place. Nous avons fait le retour au parking avec une carriole à cheval. En fait, le site s’étale sur une grande superficie. Il est séparé en deux par le ruisseau Peter Smith qui alimente la scierie et le moulin à farine. Ce site était vivant car dans chaque lieu, il y avait des personnes habillées dans les tenues d'époque. Elles présentaient différentes activités liées au village. C'est un village créé à partir d'édifices authentiques récupérés en grande partie lors de l'inondation provoquée par la construction du barrage Mactaquac sur le fleuve St jean. Il nous a fallu environ 4H30 pour visiter le site et encore, nous avons fait assez vite sur la fin.

Dans la première partie il y avait une école, une maison bourgeoise, une grange, un peu plus loin une entreprise de menuiserie qui fabriquait des portes et des chassis ainsi que différents éléments de construction. A l'intérieur étaient présentés de nombreuses machines outils muent par l'énergie humaine.

L'école de 1855 
La maison  de 1880 et la grange de 1860 
L'entreprise de menuiserie et de construction de 1900

En s'éloignant un peu, on peut voir une maison modeste dans les bois et de là, nous avons une vue sur le barrage qui alimente la scierie et le moulin.

Maison modeste de 1835  et barrage sur le ruisseau Peter Smith 

Nous revenons sur le chemin principal où nous découvrons une ferme avec ses bâtiments annexes.

 La ferme  de 1860

En rejoignant le Barrage, nous passons devant une maison, cette fois construite en pierre.

 Une maison de 1830
La scierie de 1830 et le moulin de 1880

En passant le ruisseau nous arrivons dans la deuxième partie du village. Un arrêt à l'auberge pour déjeuner et nous poursuivons la découverte.

 Auberge de 1855 
La forge de 1860 et l'église anglicane de 1890 

Après être passés devant la forge et l'église anglicane, nous passons plusieurs maisons d'habitation de styles différents.

Maison de 1840  
Ferme de 1820  
 Ferme de 1870 

Nous arrivons au niveau du magasin général.

 Le magasin général de 1890

Nous découvrons ensuite une deuxième école ainsi qu'une autre église.

Ecole parish de 1840 et église presbytérienne de 1925 

Un peu en retrait, nous visitons une maison avec un intérieur modeste et en revenant au cœur du village, nous passons devant une imprimerie.

 Maison de 1830 
 L'imprimerie de 1890

Nous quittons cet agréable site pour rejoindre Saint Andrews situé dans la baie de Fundy. La route passe dans de grandes zones boisées avec quelques maisons par ci par là. Nous nous présentons au camping en front de mer à 18H sans avoir réservé. C’est bon. Nous nous installons avant la nuit. Nous aimons beaucoup notre emplacement. Il y a des biches qui nous rendent visite.

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Nous quittons cet agréable site pour rejoindre Saint Andrews situé dans la baie de Fundy. La route passe dans de grandes zones boisées avec quelques maisons par ci par là. Nous nous présentons au camping en front de mer à 18H sans avoir réservé. C’est bon. Nous nous installons avant la nuit. Nous aimons beaucoup notre emplacement. Les sanitaires sont très agréables. Mais il n'y avait aucun aménagement pour faire la vaisselle que nous devions faire au niveau d'un robinet de jardin. Par contre, nous avons eu la bonne surprise d'avoir la visite des biches. On ne peut pas tout avoir !

La baie de Fundy

St Andrews

Ce matin, nous allons réserver une sortie en mer pour voir les baleines. La première sortie est à 14H. C’est bien. Nous avons choisi une sortie en zodiac avec Fundy Tide Runners.

Nous avons le temps d'aller au parc national historique pour voir le blockhouse de St Andrews connu sous le nom de West-point datant de la guerre d'indépendance entre anglais et américains (1775 - 1783). De l'autre côté de la baie, en face du blockhouse, c'est le Maine, un état des Etats Unis.

Petit rappel historique :

1775-1783 : C'est la première guerre d'indépendance ou guerre de la révolution américaine qui oppose les 13 colonies de l'Amérique du Nord au royaume de la Grande-Bretagne. Suite à la guerre de 7 ans contre les Français (1755- 1763), la situation financière du royaume de Grande Bretagne est très mauvaise et le gouvernement impose des taxes aux 13 colonies de l'Amérique du Nord alors qu'elles ne sont pas représentées au parlement britannique déclenchant ainsi leur révolte. En 1783, finalement les Britanniques reconnaissent l'indépendance des États-Unis et leur cèdent les territoires qu'elle possède à l'est du Mississippi, mais conserve l'ancienne colonie française du Canada.

1812 -1815 : En juin 1812, le congrès des Etats Unis vote sa première déclaration de guerre à l'encontre de l'Angleterre connue sous le nom de deuxième guerre d'indépendance. Dans le conflit opposant la France napoléonnienne à l'Angleterre, cette dernière ayant besoin de soldats, elle enrole de force des matelots américains dans la Royal Navy tout en imposant des restrictions aux échanges commerciaux américains par le blocus britannique des ports continentaux d’Europe ne tenant pas compte de la neutralité des Etats Unis.

Le site du Blockhouse de St Andrews  

En 1812, St Adrews était une jeune collectivité fondée peu de temps auparavant par des loyalistes de la Nouvelle angleterre qui avaient fui la guerre d'indépendance. Faute de finance britannique, les blockhouses ont été construits par les habitants de St Andrews au début de la guerre de 1812-1814 en cas d'attaque par voie de mer de la part des Etats Unis. Pendant la durée de la guerre, il a été occupé par la milice locale et les troupes régulières britanniques. Plus tard, le blockhouse servit de caserne puis d'entrepôt. Le Maine est très proche, de l'autre côté du bras de mer qui les sépare. Lorsque la guerre éclata en 1812, les citoyens de St Andrews avaient peu à craindre de leur voisin du Maine, ils avaient adoptés des résolutions pour une trève locale même si en 1814 les Britanniques d'Halifax avait envahi le nord du Maine jusqu'en 1818. Par contre, ils craignaient davantage les corsaires.

A début du 19ème siècle, St andrews était un village de garnison prospère et son port de mer commercial connaissait une grande activité. Les corsaires anglais sanctionnés par le gouvernement américain cherchaient à saisir les précieuses cargaisons des navires en mer. Pendant la guerre d'indépendance, les corsaires à la solde des américains avaient attaqué et pillé tous les ports des maritimes sauf celui d'Halifax. C'est pourquoi 3 blockhouses et 3 batteries de tir furent construits à St Andrews. Les ouvrages de défense produisirent les résultats souhaités. Les corsaires capturèrent de nombreux navires en mer mais jamais ils n'attaquèrent St Andrews. Les blockhouses tout en bois étaient rapidement construits.

St Andrews se situent sur le territoire traditionnel des Passamaquoddys, l'un des premiers peuples autochtones à entrer en contact avec les européens. St Andrews est pour eux "Qonasquamkuk" ce qui signifie "la pointe de sable ou de gravier". Les Passamaquoddys avec les Micmaq et les Malécites, déclarèrent qu'ils ne voulaient pas prendre part à la guerre de 1812.

Nous pique niquons dans le parc en face du site du Blockhouse où une famille de cerf de Virginie est venue nous rendre visite.

Une famille de cerf de Virginie appelé localement chevreuil  

Nous rejoignons ensuite notre point de départ pour la sortie en mer. Nous enfilons des combinaisons qui sont également des gilets de sauvetage. Ce n’est pas très confortable mais nous n’avons pas froid et c’est imperméable. Heureusement, car à un moment, nous avons été bien arrosé. Il faut dire que notre capitaine avait une conduite sportive. Nous avons eu la surprise en découvrant la baie de Fundy, de passer une série de petites îles avant d’arriver sur les lieux d’observation des baleines. C’est beau, tout cet enchevêtrement d’îles.

Les îles dans la Baie de Fundy 

Au niveau observation, c’était mieux qu’aux Escoumins car nous avons aperçus plus ou moins bien et plus ou moins loin plusieurs mammifères marins. La première vue était un dos puis une queue de balein eà bosse. Sinon nous avons vu plusieurs souffles, quelques dos. Sur le retour, nous avons vu très rapidement un petit rorqual qui était relativement proche. Globalement c’est assez limité en observation pour un coût assez élevé. Nous en resterons là. Nous allons prendre le traversier après demain pour aller sur l’île Grand Manan, on verra.

phoque
Baleine à bosse
Notre sortie baleine  

En revenant vers le camping, nous sommes passés en ville où nous avons vu quelques belles maisons et 5 églises de confession différentes (anglicanne, baptiste, catholique, presbytérienne et de la Pentecôte) proches les unes des autres. Cela nous a beaucoup interpellé.

Les églises de St Andrews  
St Andrews 

Nous quittons St Andrews après avoir fait une petite marche de 2 km vers la réserve naturelle de la Pointe de Pagan à partir de la piste à côté de notre emplacement de camping. Nous avons une belle vue sur l’île Ministers qui peut se rejoindre en véhicule à marais basse.

Passage piéton original pour aller à la réserve naturelle
vue sur l'île Ministers

Blacks Harbour

Puis nous prenons la direction de Blacks Harbour où nous devons prendre le traversier pour l’île de Grand Manan. En attendant notre départ, nous faisons une petite marche d’environ 1 km sur la côte rocheuse.

Couleuvre du Nord Ouest
 Sur la côte à Blacks Harbour 
sur le traversier : en quittant Blacks Harbour  

Sur le traversier, nous avons vu rapidement le souffle et le dos d’une baleine et plusieurs groupes de dauphins ou de marsouins. Sur le trajet, nous pouvons voir au loin l'archipel des Wolves comprenant les îles d'East Wolf, le rocher vert, le Spruce, le Flat Wolf et le South Wolf et son phare. Cette dernière est une réserve naturelle sur le territoire traditionnel des Wabanaki. C'est la zone de repos et d'hivernage de l'arlequin plongeur, c'est également une zone de nidification de l'eider à duvet. Le site accueille l'hivernage des bécasseaux violets et il est fréquenté par un grand nombre de goélands argentés et de goélands marins. Cette île accueille également des guillemots à miroirs nicheurs, des mouettes tridactyles et il a été observé que le petit pingouin avait commencé à utiliser l'archipel. Ce sont des îles rocheuses où poussent une végétation d'espèces boréales telles que l'épinette, le sapin baumier, les lichens et les mousses.

 L'archipel des Wolves

L'île de Grand Manan

Nous avons longé la côte nord de l'île de Grand Manan jusqu'au phare de Swallowtail qui domine la pointe que nous contournons pour accéder au port.

L'arrivée à Grand Manan 

Débarqués sur l’île, nous prenons la direction du camping du Parc Provincial d’Anchorage. Le site est très agréable et nous sommes accueillis par beaucoup de lapins et de bernaches du Canada. C’est impressionnant. Il fait beau, nous montons rapidement la tente et partons à la découverte du sentier Red point soit environ 5 km.

Le camping d'Anchorage  
Les habitants du camping  
L'étang Long
Wood Island
Red Point
Sur le sentier Red Point  

L'île de Grand Manan, pendant des siècles était un lieu de nidification des oiseaux marins. Les malécites y récoltaient les œufs de goélands sur le bord de l'île. Avec l'arrivée des colons européens dans les années 1800, les humains se sont mis à ramasser les œufs et à déranger les oiseaux nicheurs qui ont déserté leur lieu de nidification sur l'île de Grand Manan et sur l'île White Head située à proximité. En regardant au loin à partir de la côte, on peut voir une vingtaine de petites îles - l'archipel de Grand Manan. Ces îles isolées sont maintenant des lieux de nidifications de milliers d'oiseaux marins. L'île de Kent, fut déclarée sanctuaire d'oiseaux en 1935.

La journée suivante est consacrée à la découverte de l’île. Nous commençons par le sud en rejoignant le phare du sud. De là, nous suivons un chemin et des sentiers en direction de Hay Point. Tout au long du parcours, nous avons de belles vues sur les pointes rocheuses. La hauteur des falaises est importante.

Les points de vue sur la côte 

Les falaises ressemblent à des orgues. Elles ont une couleur plutôt rouge ou noire. En recherchant des informations sur la géologie de l'île, j'ai découvert que l'île est essentiellement volcanique. La partie occidentale plus haute se compose de basalte du jurassique et des grès rouge (205 à 144 millions d'années). La partie orientale plus basse et plus vieille se compose de sédiments allant du précambrien à l'ère primaire, de roche volcanique datant de 500 à 410 millions d'années et de granit.

Sur le sentier  

Tout au long du chemin, nous faisons quelques détours pour approcher des points de vue. Nous passons au niveau de l’étang de l’anse de Bradford. Sur notre dernier parcours, nous suivons un long sentier qui descend beaucoup pour aller à Hay Point. Nous pensions que l’on allait arriver au bas des falaises mais non, nous arrivons au dessus de ce qui ressemble à des orgues. Il est temps de faire demi-tour.

Sur ce parcours, nous avons vu beaucoup de papillons et notamment des monarques mais aussi une quantité de papillons jaunes. On a également vu des oiseaux et des phoques. Nous avons marché 6 km.

Jaseur d'Amérique
Grive mauvis
Pygargue à tête blanche
Phoque commun
Cormoran à aigrettes
Eider femelle
Chenille du papillon Isie Isabelle
Rencontres sur le chemin

Nous partons ensuite pour Dark Harbour sur la côte Ouest. La route très vallonnée passe en forêt avec des zones marécageuses. Globalement, nous sommes en hauteur mais arrivés près de la côte, nous descendons rapidement pour arriver au niveau de l’eau. Nous arrivons dans un village de pêcheur situé à l'arrière d'un cordon dunaire. Apparemment, ils font de l’élevage de saumon. Sur la digue, nous sommes surpris par la quantité de bois flottés qui la recouvre. De chaque côté de cet espace, il y a des falaises. Ce côté de la côte se découvre uniquement à pied, il n’y a pas de route.

 Dark Harbour 

En revenant sur la route, nous sommes intrigués par de grands filets étendus sur le sol. En fait, il s’agit d’une zone de séchage de dulse ou palmaria palmata (petit goémon ou goémon à vache) qui sert à l’alimentation. C'est une algue rouge dont la couleur varie du rose au violet.

Zone de sèchage de la Dulse  

Nous poursuivons notre découverte en montant complètement au nord au phare de la pointe Long Eddy. Puis nous allons dans la baie « whale Cove » - crique des baleines. Nous suivons un sentier à partir du fond de la baie et là encore, nous devons faire des détours pour éviter les habitations le long de la côte. Nous revenons sur nos pas.

Phare d ela Pointe Long Eddy
Whale cove - la crique des baleines  

La journée avance, nous rejoignons le parc provincial Castalia, zone marécageuse où nous devrions pouvoir faire de l’observation d’oiseaux mais en fait il n’y a pas vraiment d’oiseaux. Ce n'est pas la bonne période pour l'observation des oiseaux. L’aménagement de ce parc d’observation est surprenant, car il y a des tables de pique nique avec même des installations pour barbecue. De là, nous avons une belle vue sur l’île Long et l’île High Duck.

 Zone marécageuse du parc provincial de Castalia et vue sur  l’île High Duck
Long Island 

Retour au camping, diner et soirée dans la salle commune.

Le ciel est voilé à notre réveil mais il y a moins d’humidité que la veille. Nous prenons notre petit déjeuner dans la salle et revenons démonter notre tente. Nous prenons le traversier à 11H30. La traversée se paie sur le retour. Nous sommes contrôlés en montant sur le traversier. En attendant notre départ, j’ai fait un petit tour au niveau d’une petite crique en dessous du phare.

gite au niveau de l'embarcadère
 Pettes cove beach 

Pour la traversée, nous avons un beau soleil et une mer calme. Idéal pour faire des photos de l’île et peut être pour observer des baleines. Il y a plusieurs photographes sur le pont mais nous n’aurons guère plus de chance, un groupe de dauphin et ce sera tout.

En quittant Grand Manan  

Le parc provincial de New River Beach

Arrivés à Darks Harbour, nous prenons la direction du parc provincial de New River Beach où nous arrivons vers 13H30. Nous nous installons sur le camping du parc après avoir déjeuner. Sur le camping, nous avons des petits voisins, l'un est effronté et un peu envahissant.

Ecureuil roux
Campagnol roussâtre
Coliade du trèfle

Puis nous partons à la découverte du petit parc qui comporte une grande plage et un sentier côtier avec de nombreuses criques.

La plage à marée basse   

Ce littoral est en érosion constante et par endroits celle-ci est fulgurante. L'action des marées a lentement sculpté les falaises et les criques dans le granit le long de Barnaby head mais l'élévation du niveau de la mer et les séries de tempêtes provoquées par le changement climatiques accélèrent le processus en érodant plus rapidement les plages de grès. Il n'est pas facile d'être un arbre dans les forêts côtières qui sont confrontées aux vents violents et aux embruns de l'océan Atlantique mais la forêt est résiliente. Ce promontoire forestier protégé est un exemple unique dans la région de la forêt acadienne du Nouveau Brunswick. Des siècles de colonisation, de coupe et maintenant de changement climatique font que ces forêts sont de plus en plus exposées au déclin.

Les eaux de la baie de Fundy remuent des millions de plantes et d'animaux microcospiques. Cette richesse en nutriments de l'eau d'avoir permet l'un des plus riches environnements marins du monde que ce soit en mer ou sur l'estran.

La côte du Parc de New River Beach  

Nous longeons la côte où nous découvrons une série de criques séparées par des éperons rocheux. Sur le sentier, nous passons sur une zone avec des groseillers tout près des vestiges d'une fondation de pierres. C'est le site d'une maison construite il y a 150 ans qui appartenait à une famille irlandaise. Ils furent les premiers européens à s'établir dans la région. Ils avaient fui la famine qui sévissait en Irlande suite à la maladie sur la pomme de terre alors que c'était la culture principale de l'Irlande. En arrivant ici, ils avaient rêvés d'une vie facile mais ils furent déçus. Les hivers étaient plus rigoureux qu'ils ne le pensaient. Le sol était rocailleux et exposés aux vents et à l'eau salée. Ils étaient isolés, le seul moyen de transport était le bateau. Ils survécurent grâce à la vie marine abondante qui se trouvait devant leur maison dans la baie de Fundy. Ils vivaient de la pêche, des produits de leur potager, ils élevaient du bétail et cueillaient des fruits sauvages.

Amanite fauve
Amanite fauve
Carotte sauvage
Rosier rugueux
Cynorhodon
Sur le sentier   

A l’aller, nous avons commencé par la plage qui se trouve devant le camping mais pour le retour, impossible de faire le même chemin car la mer a monté recouvrant l’immense plage. Il nous faut revenir par la route. Pas très agréable. Finalement nous avons marché 8 km.

La plage à marée haute 

En soirée, nous allons à la salle commune qui se trouve au niveau du bloc sanitaire avec la voiture car notre emplacement est loin. La soirée se passe entre la douche, le diner et la détente. C’est bien pratique et agréable ce système de salle commune maintenant que la nuit tombe tôt et que la fraicheur se fait sentir.

Le lendemain au réveil, nous sommes allés voir le niveau de l’eau sur la plage. La marée haute se situant vers 8H. Nous sommes allés prendre ensuite le petit déjeuner dans la salle commune avant de démonter notre tente.

Le parc provincial de Lepreau Falls

Nous sommes partis un peu plus loin pour voir les chutes Lepreau dans le parc provincial de Lepreau Falls. C'est un géoparc où l'on peut voir des roches de grès rouge datant du carbonifère vers 325 millions d'années. Ces roches renfermant très peu de fossiles n'ont pas permis de déterminer un âge précis. Le fleuve se jette à la mer et subit les marées. Après les chutes le niveau de l’eau varie en fonction des marées.

Les chutes de Lepreau  

La formation du Grès

Le grès est une roche sédimentaire détritique issue de l'agrégation de grains de sable et consolidé lors de la diagénèse. Les grains qui constituent le grès sont issus de l'érosion des roches préexistantes. La diagénèse désigne l'ensemble des processus physico-chimique et biochimique par lesquels les dépôts de sédiments meubles sont transformés en roches sédimentaires. Ces transformations ont lieu en faible profondeur donc sans condition de pression et de température. Les interactions eaux-roches jouent un rôle prépondérant dans les processus d'induration. Ces transformations engagent des processus variés dont notamment la compaction, la dissolution, la déshydratation, la cimentation.... Le grès rouge contient de l'oxyde de fer.

la région de St John

Nous partons ensuite pour St John où nous allons nous installer sur le camping de Rockwood park. En fait, le camping surplombe la ville, il est de ce fait bruyant. C’est dommage car le parc est plutôt sympathique avec ses nombreux lacs, ses roches arrondies et sa forêt.

Le parc Rockwood

Fisher Lake
 Le parc Rockwood  

Nous sommes allés ensuite voir les chutes réversibles du fleuve St Jean. Nous étions en marée descendante.

Les chutes réversibles du fleuve St Jean

Marée descendante  

Le fleuve St Jean

il y a environ 20 000 ans lors de la dernière glaciation, les glaces recouvraient complètement les Maritimes. En se retirant elles ont laissé un paysage transformé. Avant la dernière glaciation, le fleuve s'écoulait de l'autre côté du parc Irving mais les glaces en se retirant ont laissé un amas de sables et de graviers. Les moraines ont ainsi condamné l'embouchure. Il y a environ 14 000 ans le fleuve a pris un nouveau chemin en passant par dessus les crêtes rocheuses et a creusé une gorge. Il y a des milliers d'années, une chute d'eau se trouvait à cet endroit mais le niveau de la mer ayant remonté, le lit fluvial s'est érodé et la chute a été submergée. Le phénomène des rapides réversibles ne se produit que depuis 3000 ans environ. Le profil du fleuve montre qu'il a dû exister une succession de chutes entre les îles Fallview (le site d'observation) et les ponts.

Les fleuves du monde entier se déversent dans les océans et la rencontre avec la marée peut provoquer un mascaret, cela 2 fois par jour. Sur le fleuve St Jean, le renversement au moment de la marée haute génère des rapides sur le fleuve qui s'inverse à marée basse. Cette anomalie est directement attribuable à la baie de Fundy et à l'amplitude particulière de ses marées. Entre les 2 marées, la surface de l'eau du fleuve est plane. C'est la période où les bateaux peuvent naviguer en toute tranquillité. Il y a eu de nombreux accidents à cause des rapides réversibles.

L'avenue Douglas à St John

En revenant vers le camping, nous avons fait quelques photos de maisons de style victorien dans l’avenue Douglas. Certaines sont anciennes mais la majorité des maisons sont en bois comme ce que l'on voit dans l'ensemble des villes et villages du pays.

Quelques maisons victoriennnes   

Nous revenons vers le camping et nous mangeons dans la salle commune.

La nuit a été bruyante. Nous quittons le camping vers 9H15 pour être aux chutes réversibles vers 9H30. Finalement c’est bien trop tôt. Nous sommes encore en marée descendante. En effet, si la marée haute est à 10 heures, son effet au niveau des rapides ne se fera ressentir que vers 11H30. Tout cela se met en place peu à peu au rythme de la nature. Nous pique niquons sur place et à 12H30 le courant s’est vraiment inversé.

Marée descendante  
  L'étal 
 Marée montante 

Irving Nature Park,

Nous ne pensions pas rester si longtemps aux chutes et j’avais prévu d’aller à Irving Nature Park, au sud de St John. C’est en fait tout près. C’est une belle presqu’île. Nous la découvrons à marée basse. Vu l’heure, nous optons pour un tour en véhicule avec quelques petits trajets à pied. La côte sud dans la baie de Manawaganish est très dégagée à marée basse et son sable est rouge. C’est impressionnant. C’est l’ancien estuaire du fleuve St Jean. A la fin de la période glaciaire, l’estuaire s’est fermé à cause de la quantité des alluvions. Il y a une zone marécageuse dans l’ancien lit du fleuve avec de nombreux sentiers. C’est un site très agréable.

La baie Manawaganish, l'ancien estuaire du fleuve St Jean 
 La partie sud de la péninsule 
La plage Saints Rest et l'île  Manawaganish 

Au large du parc Irving, la réserve naturelle de l'île Manawagonish se situant à l'embouchure de la baie de Fundy compte une abondance et une diversité d'oiseaux dont le cormoran à aigrettes, le grand héron, le goéland à manteau noir et argenté, l'eider à duvet... C'est également la zone de reproduction du chipeau, la zone de nidification du goéland à bec cerclé. C'est le seul endroit où l'on peut voir l'ibis falcinelle. La diversité biologique et la diversité des habitats font de cette petite île l'une des aires d'oiseaux marins et de sauvagine (ensemble des oiseaux sauvages des zones aquatiques) les plus importantes de l'Atlantique Nord Ouest.

Voici quelques animaux vus dans la région de St John, au niveau des chutes et au niveau du parc Irving.

Cardinal rouge
phoque
Cormoran
Pic chevelu
Moineau
le moqueur chat
Mésange à tête noire
Eider à duvet

St Martins

Nous passons un peu rapidement ce beau parc, pour rejoindre St Martins où nous comptons passer la nuit et avec une tente, il vaut mieux s’installer le plus tôt possible. Nous contournons le centre ville de St John pour partir vers St Martins où nous arrivons vers 17 heures. Le temps de monter la tente et nous partons pour voir les grottes dans les belles falaises de grès rouges au soleil couchant. C’est très beau. Nous y arrivons au moment où la mer remonte. En y allant, nous avons vu deux ponts couverts que nous prendrons le temps de voir demain.

Les  falaises de grès rouge et leurs grottes  

Les roches de Saint martins datent de la période allant du Permien au Trias c'est à dire de l'ère primaire à l'ère secondaire. Cette formation de roche correspond à des amas importants de sédiments compactés. Ces falaises sont composés de 2 types de roches rouges du conglomérat à gros galets alternant avec du grès. Ses grottes marines creusées par érosion sont peu profondes et se forment le long des couches rocheuses.

Nous revenons au camping. Il y a une salle très agréable où nous avons mangé, fait la vaisselle et passer la soirée car c’est l’ambiance d’un vrai salon. C’est très sympa.

Nouvelle belle journée ensoleillée. La nuit a été calme dans notre petit coin. Nous étions à l’abri du vent et au sec.

Après avoir démonté notre toile de tente, nous sommes partis pour le phare de Quaco Head. En chemin, nous sommes passés de l’autre côté du marais et de la plage du camping.

 Les marais de St Martins 

Nous avons ensuite croisé une famille de cerf de virginie, la mère, un petit et un jeune mâle.

Cerfs de Virginie  

Au niveau du phare, nous avions une vue lointaine sur les grottes marines mais elles n’étaient pas aussi bien éclairées qu’hier soir. Par contre, nous avons marché dans l’autre direction et les falaises rouges étaient en bon éclairage. C’était super.

Le phare et les falaises de Quaco Head  

Nous sommes revenus sur St martins avec ses 2 ponts couverts et son port. Il y a un musée relatant l’activité de St Martins qui était un site de construction navale.

Le port de St Martins et ses deux ponts couverts  

L'industrie de la construction navale a marqué l'histoire du Nouveau Brunswick au 19ème siècle. Cette industrie s'est développée sur les sites de St John, Moncton, Miramichi et St Martin. La présence d'une main d'œuvre qualifiée avec une matière première abondante et des coûts de production relativement bas permit aux entrepreneurs de construire des navires dont la majorité fut exportée vers le Royaume-Uni. L'arrivée des nouvelles technologies amena le déclin de cette industrie.

La route panoramique Fundy

Nous arrivons à l’entrée de la route panoramique Fundy. Il y a tout au long du parcours de 30 kilomètres 21 belvédères, 7 plages, et 4 cascades et de nombreuses randonnées possibles si bien que nous avons passé sur ce trajet plus de 6 heures. La route a été construite en 1998. Pour les randonneurs au long cours, un sentier longe plus ou moins la côte.

Nous nous sommes arrêtés à plusieurs belvédères avant d'aller sur le site de la cascade Fuller accessible en descendant de nombreuses marches.

Le belvédère de Fownes Head

Le belvédère de Fownes Head  

Les chutes de Fuller

 Les chutes Fuller 

Le belvédère de Black Point

Le belvédère de Black Point  

Le site de la Big Salmon River

Nous nous sommes ensuite arrêtés au niveau du centre de découverte de la Big Salmon River où nous avons pris le sentier de la passerelle et remonté un peu la rivière Big Salmon. Au centre d’interprétation, nous avons vu un petit film présentant l’activité de drave de cette rivière.

Sur le site de la Big Salmon River  
Le long de la Big salmon River et sa passerelle  

Le site de Big Salmon River a connu une période florissante de 1850 à 1940 avec l'exploitation du bois. Sur ce site vivait une vingtaine de familles, et pour les célibataires qui venaient travailler sur le site, il y avait un pavillon dortoir dans le style du centre de découverte. De novembre jusqu'au printemps les hommes coupaient le bois puis le reste de l'année travaillaient autour du bois et notamment à la scierie qui y était implantée. En 1924-1925, l'exploitation du bois occupait plus de 300 hommes. C'était l'endroit le plus actif sur les rives de la baie de Fundy. Une digue a été construite en 1890 pour former un canal de flottage pour les billes de bois descendus de la forêt le long de la rivière par la drave et ensuite transportées en bateau pour les usines à pâte.

Long Beach

Nous poursuivons la route avec plusieurs autres belvédères. Nous avons une belle vue sur Long Beach. D'un des belvédères, nous apercevons le rocher Martin Head.

Long Beach  
Belvédères sur la route 

Le site des gorges de Walton Glen

Nous nous sommes ensuite arrêtés au Walton Glen center où nous avons suivi le sentier qui nous a amené au belvédère des gorges Walton Glen. Le belvédère surplombe les gorges au fond desquelles coule et cascade le Walton Glen brook dans lequel se jette le Mc Loed Brook. Nous avons ensuite enchainé avec le circuit du ruisseau MC loed. Nous descendons un sentier de plus en plus pentu, nous longeons le Walton Glen Brook que nous traversons 3 fois heureusement aidé par des mains courantes pour enfin arriver au ruisseau Mc Loed où se trouve une cascade. De là, il faut remonter 145 marches puis suivre plus tranquillement un sentier qui nous ramène à notre point de départ. Le Walton Glen Brook rejoint les gorges de la Little Salmon River qui se jette dans la baie de Fundy.

Les gorges de Walton Glen et la chute de Mc loed  

Il y a dix milles ans, les glaciers recouvraient toute cette zone et ont creusé profondément la roche créant d'imposant ravins qui serpentent sur des kilomètres jusqu'à la côte. La Little Salmon river alimentée par plusieurs cours d'eau se déverse dans la baie de Fundy, son estuaire connait des amplitudes de marée très importantes de l'ordre de 12 mètres.

Il se fait tard. Nous quittons le parc vers 18H et nous avons encore de la route pour rejoindre Alma et le camping du parc national de Fundy. Il est plus de 19H lorsque nous nous installons sur le camping entre les sanitaires et la salle commune. Très bonne place. Les emplacements sont grands, nous ne sommes pas gênés par les voisins.

La Pointe de Wolfe

Ce matin, pas besoin de démonter la tente. Nous partons pour la Pointe de Wolfe dans la Parc National Fundy vers 9H. le soleil est au rendez-vous. Dans un premier temps, nous rejoignons le parking au bout de la route de la Pointe Wolfe. De là, nous allons jusqu’à la plage de la Point Wolfe. Nous sommes dans l'estuaire de Point Wolfe river. Cela ressemble à un petit fjord où s’écoule la rivière Wolfe à travers une petite gorge.

L'estuaire et la plage de Point Wolfe River  

De la plage, nous remontons et suivons un sentier qui arrive au niveau d’un pont couvert qui traverse la rivière avant qu’elle s’engouffre dans la petite gorge. En chemin, nous passons au pied d'épinettes rouges impressionnantes par leur hauteur.

L'estuaire et les gorges de la Point Wolfe River 
 Le Pont Couvert 
Vues à partir du pont couvert d'un côté et de l'autre  de la Point Wolfe River 
Autres vues sur le pont couvert  

Le parc national Fundy

C'est un petit parc fondé en 1948 afin de protéger la forêt. Le parc national Fundy représente le territoire des Hautes terres acadiennes des Maritimes. Le parc se situe sur le lieu de rencontre de 2 grands écosystèmes : l'environnement côtier maritime de la baie de Fundy et les hautes terres de Calédonie (la rencontre entre le sel et le sapin puisque l'océan y rejoint la forêt). Le parc protège l'une des dernières forêts acadiennes anciennes au monde, un type de forêt unique que l'on trouve seulement dans les Maritimes, le sud du Québec et les Etats de la Nouvelle Angleterre. La forêt acadienne constitue une zone de transition entre les forêts boréales du Nord et les forêts de feuillus du sud. Elle est connue pour la diversité de ses arbres : 32 espèces y sont réunies. Les plus représentées sont l'épinette rouge, le sapin baumier, le bouleau blanc, le bouleau jaune, l'érable rouge et l'érable à sucre.

Un écosystème sain compte de nombreux liens essentiels entre les plantes et les animaux. Ainsi, l'écureuil volant déterre et mange les champignons qu'il trouve sous terre. Ensuite en se déplaçant dans la forêt, il sème des spores par ses excréments. Les spores germent, une partie du champignon se rattache aux racines des arbres et fait partie du système racinaire de l'arbre. Le champignon protège les racines de l'arbre et transforme les minéraux dans le sol en nutriments que l'arbre peut absorber. L'arbre transmet également des nutriments au champignon. Lorsque l'écureuil déterre le champignon et le mange, le cycle recommence.

Au début des années 1800, la forêt côtière comptait des épinettes rouges âgées de plus de 400 ans. Mais au cours du 19ème siècle, la majeure partie de la forêt a été abattue 2 fois voire 3 fois dans certains secteurs. Ainsi, au fil du temps la vocation du site est passée de l'exploitation des ressources à la protection des ressources. Depuis la création du parc, la forêt est en voie de devenir mature et abrite des espèces telles que le grand polatouche (écureuil volant), le grand pic et la martre d'Amérique. La martre avait disparu du sud du Nouveau Brunswick avec l'exploitation forestière. Elle a besoin de grands arbres pour fuir le danger. L'épinette rouge est l'une des principales espèces peuplant la forêt acadienne.

La côte de Fundy est souvent enveloppée de brouillard formé par la rencontre en été de l'air chaud du continent et l'air froid de la Baie de Fundy. La présence de ce brouillard dans la forêt la protège du feu. C'est aussi pourquoi cette forêt est l'endroit idéal des lichens. Ils tapissent les arbres, le sol et les pierres. La présence du lichen témoigne de la qualité de l'air. Il existe 431 espèces de lichens et un arbre peut en héberger une trentaine.

Les lichens sont en quelques sortes un partenariat entre un champignon et une algue ou des cyanobactéries. Ces dernières produisent de la nourriture au moyen de la photosynthèse tandis que le champignon fournit une protection tout en absorbant les nutriments. Le peltigère éventail d'eau de l'Est est un des rares lichens foliacés qui peut pousser sous l'eau et fait usage des cyanobactéries pour produire de la nourriture. Il pousse en dehors du courant principal de cours d'eau frais, limpides et ombragées. L'établissement d'une colonie peut prendre au delà de 10 ans. C'est le cas du ruisseau de Dickson. Son couvert arboré garde l'eau froide et une humidité élevé tandis que les chutes d'eau créent des coins abrités.


Il y a cent ans, sur les bords de la rivière Point Wolfe, on pouvait voir une scierie avec des quais encombrés de bois. La scierie construite en 1826 au niveau de la plage est demeurée en activité pendant près d'un siècle. Cette rivière était jadis une importante voie de transport du bois. Pendant un siècle, des voiliers remontaient cette anse pour être chargé de bois fraichement scié puis repartaient en direction de St John, du Nouveau Brunswick, de la nouvelle Angleterre et même des îles britanniques. La scierie a apporté la prospérité économique à la région au détriment de la vie aquatique.

En parallèle à l'exploitation forestière, la construction navale est devenue une importante industrie dans la Baie de Fundy.

Comme toute rivière se jetant dans la baie de Fundy, la rivière connait une forte variation entre la marée haute et la marée basse. C'est la plus forte amplitude de marée au monde qui monte de 5 mètres à l'embouchure et de 16 mètres au fond de la baie. Au parc national de Fundy l'amplitude de la marée varie entre 6 et 12 mètres. Le littoral de la baie est très diversifié : rivages rocailleux, estrans, marais salés et falaises côtières.

Au fil du temps plusieurs ponts ont été construits pour faciliter l'accès au village Point Wolfe. L'actuel pont couvert a été érigé en 1992 inspiré par celui construit en 1910.

L'Anse et la plage d'Herring

Les temps changent pour les pêcheurs. Si la pêche aux harengs (herring) a donné son nom à l'anse, l'alose était le poisson le plus recherché jusqu'aux années 1880 mais la pollution industrielle provenant des scieries ainsi que la construction de barrages sur les rivières de frai ont détruits la pêche de l'alose. Le déclin récent des stocks de saumon a suscité l'implantation de grandes piscicultures à l'entrée de la baie de Fundy. De nos jours, les pêcheurs comptent sur la protection de l'écosystème marin pour assurer leur gagne-pain.

Nous prenons ensuite la route de Herring Cove jusqu’à la plage.

 Plage d'Herring cove

Sur ce site, les colons s'y sont établis dans les années 1850 pour cultiver, pêcher et défricher la forêt. En 1865, après avoir acheter une ferme abandonnée, un colon a réussi à rendre la ferme prospère grâce à la qualité du sol et à son travail. Les pommiers sont les seuls vestiges des fermes anciennes. Par ailleurs, quelques fondations rappellent le camp de vacances des années 1920-1940. Les bâtiments ont été enlevés au moment de la création du parc en 1948.

Les chutes Dickson

Nous avons ensuite rejoint le parking qui mène aux chutes Dickson. Le ruisseau n’a pas un grand volume mais le site est très agréable et nous terminons par la plus grande chute. Le ruisseau coule dans une vallée profonde et ombragée, sombre. L'eau froide du ruisseau maintient l'air frais et humide. Les plantes qui y poussent sont différentes de celles qui poussent en dehors de la vallée. Par ailleurs, les deux faces de la vallée sont distinctes. La face sud de la vallée reçoit plus de soleil et n'abrite pas les mêmes végétaux et animaux que la face Nord.

Les chutes Dickson  

Les chutes Dickson constituent un microclimat frais et humide où poussent des mousses, des fougères et des champignons absents des sections plus sèches du sentier. On peut y voir la dyoptère arquée, le polypode de Virginie, le gymnocarpe du chêne, le Phégoptère du hêtre, la fougère aigle et l'osmonde de Clayton.

Dans la région, il y a plusieurs chutes sur la rivière Hupper salmon : les chutes Third Vault falls et les chutes Laverty falls.

Nous partons ensuite pour le parc provincial des Rochers d’Hopewell en faisant une pause au niveau du port d’Alma.

Le port d'Alma

 Le port d'Alma 

Nous pique niquons dans le parc des Rochers d’Hopewell avant d’entrer dans le parc. Nous passons par le centre d’interprétation du site qui est fort intéressant.

Le parc des Rochers d’Hopewell

Les rochers surnommés "pots de fleurs" sont un chef d'œuvre de la nature. Ils ont été sculptés par l'érosion, les marées, la neige, la glace et le vent pendant des milliers d'années. Leur histoire est ancienne. Les roches du Nouveau Brunswick font partie de la formation des Appalaches, une ancienne montagne formée entre 480 et 250 millions d’années suite à la dérive des continents et à la formation de la Pangée. Les collines calédoniennes sont une montagne appartenant à la formation des Appalaches. L'eau et le vent ont graduellement érodés ces montagnes créant d'énormes volumes de gravier, de sable et de boue. Des crues ont traversé les vallées et les canyons emportant des sédiments érodés et les déposant comme débris. Ainsi le cap d'Hopewell n'était alors qu'un amas de sable et de graviers déposé par les rivières qui s'écoulaient des collines calédoniennes. La région couverte par ces dépôts terrestres est appelée le bassin des Maritimes. Au fil des siècles, cet amas a été compacté et les minéraux contenant du fer se sont transformés en roches rouges.

Ainsi les rochers en pots de fleurs sont constitués de sable, de boue et de roches érodées compactés formant 2 types de roches solides le conglomérat composé de pierres et de galets cimentés par un limon durci et le grès moins dure constitué de couche de sable comprimé.

Les pots de fleurs d'Hopewell 

Après être passé au centre d'interprétation du site qui est fort intéressant, nous rejoignons quelques points de vue et nous arrivons à la série d’escalier qui descend « sur le sol de l’océan » au pied des rochers. Les falaises et les rochers érodés par la mer sont impressionnants. Nous pouvons marcher au pied de ces rochers seulement à marée basse.

1er belvédère : les Estrans Daniels
2ème belvédère : Diamond Rocks
Belvédère au niveau des escaliers
Vue à partir des belvédères 

Les estrans Daniels sont vastes et s'étendent jusqu'à l'île de Grindstone. Au 19ème siècle, l'île de Grinstone abritait une carrière de grès quartzeux et un phare. Aujourd'hui, les oiseaux sont les seuls à l'habiter.

 Lovers Arch 
Les rochers et la plage d'Elephant Rock  
 Diamond Rocks 
 En remontant par l'autre côté : Mother in law Rock

Nous remontons par un autre côté où l'on peut observer un regroupement des bécasseaux semi palmés qui se préparent pour leur migration. Nous sommes dans le corridor de migration des bécasseaux semi palmés et des bécasseaux maubèches venant de leur aire de nidification dans le bas de l'artictique canadien en direction du Sud. Ils demeurrent dans la baie le temps de stocker un peu de graisse avant de s'envoler pour un voyage sans halte jusqu'au Suriname au Nord Est de l'Amérique du Sud pour les becasseaux semi-palmés et pour l'Argentine et le chili pour les bécasseaux maubèches.

La baie est célèbre pour ses marées géantes. A hopewell, elles atteignent 14 mètres.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Alma où nous avons mangé du homard. Il s’agit d’un restaurant qui fait également de la vente de homard. Nous l’avons pris complètement décortiqué. C’est plus simple. Ici, le homard n'est pas une denrée rare. Le homard est abondant dans les Maritimes. Sa pêche s'étale des mois de mai à Août. Un des mets très courants est le "lobsters rolls", une sorte de sandwich au homard.

Le lendemain matin, après réflexion, nous décidons de quitter Alma. J’aurais bien voulu découvrir un peu plus le parc mais il faut faire des choix. Et si nous voulions voir la marée haute aux rochers d’Hopewell, il fallait y être vers midi. Finalement nous quittons le camping vers 9H30, après avoir fait sécher la toile de tente qui était humide par la condensation. Heureusement, cette journée s’annonce ensoleillée.

Nous passons cette fois par la route côtière qui mène au Cap enragé. Dans un premier temps, nous longeons une belle zone de marais avant d’aller jusqu’au cap.

Sur la route un peu avant le Cap Enragé  

Juste avant la route du cap, nous traversons le petit ruisseau d'Anderson Hollow Brook dont l'aspect m'a beaucoup plu.

 Anderson Hollow Brook 

Le Cap enragé

Le cap enragé présente 2 pointes rocheuses séparées d’une petite plage. Le marais situé entre les 2 pointes de Cap enragé à l'arrière de la plage est depuis 1996 une réserve naturelle où se côtoient de nombreux mammifères, des oiseaux migrateurs et la vie marine. La réserve comprend 3 types de paysages, la forêt de hautes terres, le marais salant et la plage. Le marais endigué jusque dans les années 1900 était utilisé comme pré de fauche. Aujourd'hui, il est redevenu marais salant avec les plantes tolérantes au sel. Cette zone riche en nutriments est une aire de rassemblement, de ravitaillement et de repos pour les oiseaux de rivage et les sauvagines. Le faucon pélerin y réside et des phoques et des marsouins ont été observés au large de la plage.

 La plage et les marais 

Sur la deuxième pointe, il y a un phare. C’est un beau site et le nom du cap serait dû à la mer rageuse qui l'entoure. Aujourd’hui, il fait beau, mais la mer reste agitée à cause d’un vent assez fort, ceci doit peut-être expliquer le nom.

La pointe Outer Head et son phare  

Le phare construit en 1840 a dû être déplacé 3 fois à cause de l'érosion. Le phare et la corne de brume ont été automatisés depuis 1970 ce qui a permis de supprimer progessivement le poste de gardiens de phare qui devaient travailler 12 heures par jour, sept jours par semaine loin de leur famille dans cet espace isolé.

Vues sur Inner Head d'Outer Head   

En descendant les falaises sur la pointe Outer Head, il est possible de voir des fossiles mais c’est certainement mieux à marais basse. Au moment de notre passage, nous étions quasiment à marée haute. L’eau léchait le pied des falaises. Dommage cela aurait pu être très interressant d'autant que l'on peut faire des visites guidées. En attendant de pouvoir peut être un jour le faire , voici quelques informations sur le site.

Les falaises de Outer Head  

Les fossiles du Cap Enragé se situent dans des couches sédimentaires datant d'environ 320 millions d'années de la période carbonifère. Ces fossiles se trouvent dans la falaise qui comprend principalement des sédiments fluviaux. Il s'agit de fossiles d'arbres et de flore (troncs, plantes de basse terre, fougères...) et de débris de roches (Grès, conglomérat et galets) transportés par les eaux fluviales. Les plantes retrouvées en grand nombre dans les roches sédimentaires du Cap sont des "calamites", des prêles géantes pouvant atteindre 10 mètres. Elles poussaient le long des rivières dans les marécages houillers de la période carbonifère. On peut également trouver des tiges et des branches de fougères de l'espèce "Alethoteris". Les "lycopsid arborescents" dont le "lipodendron", sont des fougères ou arbres à écailles pouvant atteindre 30 à 50 mètres. Ils dominaient les marécages des basses terres de la période du carbonifère supérieur. Il y a également le lepidophloios, arbre rare présent au Cap enragé. Quant aux fossiles des cordaites présent sur le site, ils poussaient sur les hautes terres en amont des marais dans la période du carbonifère et ont été transportées par de grands systèmes fluviaux depuis leurs emplacements sur les hautes terres. C'est un groupe de plantes produisant des graines. Ce serait l'ancêtre des conifères. Il y a également dans les fossiles du cap, des empreintes de mille-pattes et de limules.

La falaise compte essentiellement des fossiles de sédiments fluviaux. Les falaises où se trouvent le phare comprend des roches de formation ancienne et contemproraine qui témoignent d'une grande variété géologique. Les roches du cap sont constituées de grès dure qui n'ont pas été écrasées par les glaciers. En observant les roches, ces dernières peuvent nous raconter l'histoire de millions d'années par leur couleur, leur texture et la composition des roches sédimentaires.

Mary’s Point

Nous poursuivons la route, nous passons à Mary’s Point, au niveau du site ornithologique de Shepody réputé pour l’observation des oiseaux en migration notamment au mois d’Août.

 Site ornithologique de Shepody 

La réserve nationale de faune de Shebody est reconnue comme étant l'une des plus importants haltes migratoires pour les oiseaux de rivage dans l'émisphère Ouest dont notamment le bécasseau semi-palmé. Il y a aussi le pluvier semi-palmé et le pluvier argenté. Pendant la migration d'automne, les vasières à marée basse de la Pointe Mary's constituent un garde manger et une zone de repos pour les oiseaux de rivage. Sur cette zone, il y a également des fossiles de la période carbonifère (calamites, cordaites) et des carrières de grès pour la construction. Par ailleurs, la réserve abrite la plupart des espèces de mammifères de la région (cerf de Virginie, lièvre d'Amérique et le renard roux) et de nombreuses espèces d'oiseaux dont des espèces en péril comme l'hirondelle rustique, le faucon pélerin, le petit bonglios et l'hirondelle de rivage. C'est également un refuge pour la sauvagine tels que les canards, les échassiers, les cygnes, les oies... Dans cette zone le rat musqué aide à entretenir le marais en limitant la croissance de la végétation.

Un peu plus loin, nous découvrons un petit phare. Le temps passe vite et la mer monte. Il nous faut rejoindre les rochers d’Hopewell pour les voir à marée haute à midi.

Hopewell Rocks

De retour sur le site d’Hopewell, nous découvrons le site à marée haute, c’est beaucoup plus rapide en visite car on ne peut voir que la partie du site au niveau des escaliers dont le premier niveau est pris par l’eau. C’était ce que l’on appelle chez nous la grande marée avec un coefficient de 45. Nous allons sur l’autre passage d’accès à la plage et là se trouve une grande quantité de bécasseaux semi palmés. Des centaines de milliers de bécasseaux passent sur cette zone pour rejoindre l'Amérique du sud en une nuit. Ce groupe était au repos en attendant la marée basse pour s'alimenter avant le grand voyage.

Les bécasseaux  semi-palmés 
 La plage Nord 
Hopewell à marée haute  
 Un peu plus tard 

Après le pique nique sur remontons sur Moncton où nous faisons que passer car nous avons décidé d’aller passer la nuit en Nouvelle Ecosse.

La baie de Fundy est un site remarquable qui mérite que l'on s'attarde sur son histoire globale.

Histoire de la géologie, de la vie marine, terrestre et humaine dans la baie de Fundy

La baie de Fundy est un bras de mer à l’extrémité du golfe du Maine longue de 270 km et large de 80 km.

Au cours de mon récit, j’ai parlé de grandes amplitudes de marées, d’importantes richesses marines. En regardant le paysage, on peut voir des côtes avec des falaises sculptées justement par les marées géantes et des zones marécageuses. Au fil des visites, on retrouve des roches volcaniques, du conglomérat de galets et de pierres, du grès, du calcaire et différentes richesses minières.

La géologie

La baie de Fundy à l'origine était un fossé tectonique avec des mouvements de subduction (friction des plaques tectoniques). C'est pourquoi la région était caractérisée par des volcans actifs il y plus d’un million d'années.

Notre terre étant en perpétuel évolution (dérive des continents, volcanisme, tremblement de terre, érosion…). L’histoire géologique de la baie de Fundy n’a pas échappé à cette évolution. Cette zone située en bordure du bouclier canadien composé des plus anciennes roches du monde a connu plusieurs collisions de plusieurs plaques tectoniques générant plusieurs chaînes de montagnes dont la dernière est celle des Appalaches au moment de la formation du super continent de la Pangée. Il y a environ 200 millions d'années, lorsque la Pangée commence à se morceler, de nouveaux fossés se creusèrent dans la croute terrestre. La plaque Nord américaine se détacha des plaques européennes et africaines pour former l'océan Atlantique.

Avec ce morcellement de la Pangée, des plus petites fissures se produisirent s’étendant jusqu’à l'océan atlantique. De nouveaux fossés tectoniques se formèrent et l'un d’eux provoque la dépression qui sera plus tard la baie de Fundy. Cette dépression appelée bassin sédimentaire s'est remplit lentement de matériaux emportés par les eaux des montagnes environnantes. Durant les périodes du triasique et du jurassique, le bassin de Fundy était en grande partie recouvert d'un immense lac d'eau douce..

Au cours de la dernière glaciation, il y a environ 1,5 millions d'années la baie de Fundy prit la forme définitive qu'on lui connait aujourd'hui. Pendant cette période d'immenses couches de glace couvrirent presque tout le continent américain. Lorsque le climat se réchauffa, les glaciers migrèrent vers le nord sculptant la surface de la terre et dessinant un nouveau paysage qui contribua à la formation de la baie de Fundy. Le retrait des glaciers a généré la montée des océans suivi assez rapidement d'une baisse des niveaux des océans avec la remontée des terres dégagées des glaciers.

Il y a 6000 ans à mesure que se stabilisait le continent Nord américain et que le niveau des océans augmentait, d'immense plaine de terre ferme furent submergés. C'est ce qui arriva au Banc Gorge qui empêchait l'eau de s'écouler de la baie vers la mer mais quand il fut complètement submergé il y a environ 4000 ans, cela provoqua une augmentation spectaculaire des marées dans la baie. Les hautes marées commencèrent alors à éroder le littoral de la baie. Ce processus continue.

Les marées

Toutes les marées sont le fruit des mêmes facteurs solaires et lunaires mais certaines sont plus importantes que d'autres. Les fortes amplitudes des marées de la Baie de Fundy sont également le fruit de 2 caractéristiques particulières de ce bras du golfe du Maine : sa forme et sa longueur.

Souvent décrite comme ayant une forme d'entonnoir, la baie se rétrécit et devient de moins en moins profonde à mesure qu'elle s'enfonce dans les terres. Ce dénivellement progressif obstrue le débit des marées forçant ainsi les eaux à s'élever jusqu'à 17 mètres à l'extrémité de la baie lors de la marée haute. Le deuxième facteur provient de la longueur de la baie. Chaque bassin d'eau comporte ses propres rythmes naturels. Le bassin de la Baie de Fundy est longue de 270 km. Ainsi le temps qu'il faut à la marée pour inonder toute la baie de Fundy et se retirer correspond presque exactement au rythme des marées de l'océan Atlantique. Ceci crée une résonnance qui amplifie l'envergure des marées dans la baie.


La vie marine et terrestre dans la baie

Il se produit dans la baie de Fubdy un phénomène appelée remontée d'eau, des courants d'eau froide poussés à la surface par la marée. Ce mouvement fait remonter à la surface des nutriments venus du fond de l'océan ce qui favorisent la croissance des phytoplanctons (plantes microcospiques) et des zooplanctons (animaux microcospiques). Ce sont les premiers maillons de la chaîne alimentaire. La remontée d'eau apporte aussi à la surface des crevettes rouges qu'on appelle krills. Cette région possède l'un des ecosystèmes marins les plus riches au monde. Ainsi la côte est couverte d'algues marines alors que dans les estrans, nous pouvons voir des petits crustacés, des coquillages, des oursins...

Sur la côte, on peut voir de nombreux phoques communs et si on s'éloigne un peu des côtes, on peut observer aussi des marsoins et de plus gros mammifères marins comme plusieurs espèces de baleine (rorqual, la baleine franche ...).

Les marais salés qui forment un ruban vert autour de la baie de fundy ont été créés par les marées produisant une abondante sources de nutriments pour les animaux terrestres et aquatiques.

Chaque printemps et chaque été, le rivage et les îles rocheuses de la baie de Fundy s'animent de nuées d'oiseau de rivage et d'oiseaux marins. La baie procure à ces visiteurs le repos, la nourriture et l'abri avant d'entreprendre leur longue route de migration huvernale.

Le faucon pélerin a failli disparaitre dans les années 1970 à cause du pesticide DDT. En 1999, il est passé d'espèces en péril à espèces menacées. En 2007 il était désigné comme espèce préoccupante. Depuis 2009, l'anse des rochers d'Hopewell est une aire de nidification pour le faucon pélerin.

L'activité économique de la Baie

Des bateaux européens commencèrent à naviguer dans la baie vers la fin du 16ème siècle et au début du 17ème siècle. Au 19ème siècle, l'expansion de la navigation était devenue un important secteur de l'économie : la construction navale et les activités commerciales de transports maritimes prospéraient dans plusieurs régions en bordure de la baie.

Depuis la baie de Fundy jusqu'à la rivière Petitcodiac, plus de 356 navires furent construits dans les chantiers navals de 1800 à 1919.

Il y avait le transport du grès comme matériau de construction expédié à Boston, New York, Baltimore. L'albertite ainsi que le gypse et le shiste bitumeux présent dans le Comté d'Albert au Nouveau Brunswick furent exportés vers Boston et d'autre ville américaines. Il y avait aussi le transport du bois.

A la fin du 19 siècle, quand la vapeur remplaça la voile, l'industrie de la construction navale a dépéri peu à peu.

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A l’entrée de la province de la Nouvelle Ecosse (New Scotia), un centre d’information nous donne quelques pistes pour découvrir cette province qui comprend plusieurs régions : le Northumberland, l'île du Cap Breton, les côtes de l'Est, Halifax, les côtes du Sud et les côtes acadiennes.

Le Northumberland

Nous partons pour la côte du Northumberland en direction de Pugwash où il y a un camping un peu plus loin sur la côte. Nous avons du mal à le repérer. Finalement nous entrons sur un domaine où il y a des bungalows. Nous sommes accueillis par un pasteur qui parle français. Nous sommes, en fait, dans un centre de vacances adventiste !

Nous sommes invités à diner avec le pasteur qui suit un séminaire en attendant de savoir si nous pouvons rester passer la nuit ici dans un bungalow. Tout au long du repas, nous avons eu une longue discussion avec le pasteur et nous avons un bungalow pour la nuit. C’est une situation complètement improbable, une belle rencontre inattendue.

Vue sur la mer du bungalow

Après une bonne nuit, nous quittons assez rapidement le bungalow. Nous longeons plus ou moins la côte. Le paysage est dans cette région assez plat. Par contre, la côte est très découpée. Il y a de nombreuses baies mais c’est difficile à rendre en photo car les paysages sont vastes.

Pygargue à tête blanche
Papillon monarque
Sur la route 
vue d'ensemble sur une des baies 
Paysage de Pugwash à Pictou 

Pictou

De petit détour en petit détour, nous arrivons à Pictou où les premiers anglais ont débarqué. C'est un centre de colonisation des Ecossais dans les Maritimes. Les premiers Ecossais arrivent à bord du Hector en 1773. Cette petite ville et son port situé dans le détroit du Northumberland qui le sépare de l'île du Cap Breton connait une activité importante au 19ème siècle avec des industries du bois, de fonderies, de tanneries, de meuneries et de biscuiteries soutenant un commerce d'exportation et n'oublions pas l'activité de la construction navale.

Une réplique du premier navire (Hector) arrivé sur ce site a été reconstruite mais elle est actuellement en travaux de peinture. C’est un peu comme l’Hermione donc nous passons.

Pictou 

A l'origine, la région était occupée par les Mi'kmaqs et avant l'arrivée des Anglais, elle était visitée par les marchands de fourrures et les missionnaires français.

Cap Georges

Un arrêt à New Glasgow pour faire quelques courses alimentaires et nous prenons la direction du Cap Georges. C’est assez long et pas d’occasion de s’arrêter. Petit à petit le paysage prend du relief. Le Cap est très arrondi et n’offre pas vraiment de point de vue. Par contre, la descente vers Antogonish offre des paysages remarquables mais aucun parking pour l’apprécier. A plusieurs reprises, des dunes de sables ferment l’évacuation des eaux retenant ainsi de vastes étendues d’eau. La partie qui rejoint l’île du Cape Breton est de plus en plus vallonée.

Du Cap St Georges à  Port Hastings 

L'île du Cap Breton

Nous arrivons à l’île de Cap Breton en passant par un genre de digue. A l’origine, il s’agissait d’une chaussée.

Il se fait tard, il faut penser à installer notre toile de tente. Nous essayons de choisir un camping assez central pour rayonner autour pour éviter le démontage quotidien. Nous avons visé 2 lieux possibles à Little Narrow mais nous n’avions pas vu qu’il fallait prendre un traversier pour se rendre sur ce lieu. Quant à l’autre camping, la personne de l’accueil n’a pas voulu gérer notre enregistrement, il voulait que nous contactions un gérant du camping parlant français. Nous avons abandonné. Nous avons opté pour le motel d’à côté. Cela coûte plus cher mais nous pourrons partir plus tôt demain matin.

Le circuit du lac Bras d'Or

Le ciel est nuageux ce matin lorsque nous quittons le motel vers 9H. Nous avons décidé de faire une partie du circuit du lac bras d’Or en passant par Baddeck jusqu’à Iona dans un premier temps.

Le lac Bras d'Or connu comme la mer intérieur du canada est en fait un écosystème d'estuaire unique où vivent des espèces d'eau froide (arctique) et chaude (Virginie) seulement à quelques kilomètres les uns des autres. Le site a été habité par les Mi'kmaqs, des colons français, écossais et anglais. Dans cette région on parle anglais, français, Mi'kmaqs et gaélique. Les habitants vivent de la forêt, de l'extraction minière, de l'agriculture et du tourisme.

Baddeck

A Baddeck, nous passons devant la maison d’Alexander Graham Bell où il passa une partie de sa vie. C’est un écossais qui est venu au Canada avec ses parents et qui s’est intéressé à l’enseignement d’un langage gestuel pour les sourds et muets. C’est en créant une oreille artificielle permettant d’enregistrer les sons qu’il mit au point le téléphone.

Maison d'Alexander Graham Bell
Baddeck  et le lac Bras d'Or

Le lac Bras d'Or

Nous arrivons à un premier bras de mer de la Baie St Anns que nous longeons. Nous passons ensuite un grand pont qui traverse le « Great Bras d’Or ».

Le Great Bras d'Or 

A Bras d’Or, nous traversons le « Little Bras d’Or » et nous descendons le long du St Andrews Channel en direction d’Iona. Le lac Bras d’Or est très grand mais ce n’est pas vraiment un lac, c’est un vaste bras de mer avec de nombreuses ramifications au centre de l’île. Il divise l’île en 2 parties - les basses terres et les hautes terres.

 Le lac Bras d'Or

En faisant le circuit du lac Bras d'Or, nous avions 2 objectifs, découvrir les côtes de cet immense lac avec d’une part le « Highland village » (reconstitution d’un village de colons écossais) et d'autre part le village d’Eskasoni où habite la plus importante communauté Mi’kmaq avant de rejoindre Louisbourg.

Nous avons complètement occulté la distance que ce parcours représentait. La route est bonne mais la distance est importante. Par ailleurs, nous avons été beaucoup déçus car nous avons eu peu de point de vue sur le lac.

Lorsque nous arrivons au niveau du « Highland Village », il est déjà midi. Nous poursuivons sans visiter.

L'île aux chèvres

Nous nous arrêtons tout de même au niveau de Goat Island où est présenté la culture et l’histoire des Mi'kmaq. Il s’agit d’un petit circuit où sont présentés des wigwams et différents objets. Ce circuit est guidé mais nous avons opté pour une simple marche car les explications sont en anglais. Il y avait sur le circuit quelques panneaux en anglais.

Goat Island 

La première nation dont les terres sont situées sur la côte du lac Bras d'Or est la nation Mi'kmaq. Lors du processus de centralisation en Nouvelle Ecosse, la terre Eskasoni a été offerte au peuple Mi'kmaq. Le gouvernement anglais voulait que chaque famille devienne autonome et il leur a donné des chèvres. Avec le temps les chèvres sont devenues très génantes, elles mangeaient tous les légumes des jardins potagers et même les vêtements étendus sur les cordes. Alors le grand chef a décidé de mettre les chèvres sur l'île et c'est pourquoi cette île est appelé l'île aux chèvres. C'est sur cet île que les Mi'kmaq présentent maintenant leur culture.

Dans un premier temps, nous pouvons voir quelques Wigwams, habitations des peuples des premières nations semi-nomades d'Amérique du Nord. Ces habitations pouvaient être construites en une journée essentiellement par les femmes avec des perches en bois recouvertes d'écorce de bouleaux, de joncs, cousus avec des racines d'épinette ou de sapin. En Hiver, cette structure était recouverte de peaux d'animaux. Les Mi'kmaq étaient semi-nomades en liaison avec leurs ressources alimentaires. Les étés et printemps se passaient sur la côte, et les hivers dans les terres intérieures. Les Mi'kmaq dépendent de la variété de ressources disponibles et ils utilisent tout, des crustacés aux mammifères marins en passant par les mammifères terrestres, petits et gros, qui servent à la nutrition, aux vêtements et à la fabrication d’outils et d’habitations. Ils utilisent également le bois abondant de la région pour construire des canots, des raquettes et des abris avec des peaux et des tendons d’animaux. Les Mi'kmaq comptent entièrement sur leur environnement pour survivre, et ils développent donc une forte vénération pour cette terre qui les nourrit. L'anguille avait un rôle important pour les repas, la peau servait à faire des mocassins et l'huile avait des qualités médicinales.

Un autre panneau présentait une liste d'herbes médicinales utilisées par les Mi'kmaq pour se soigner. Un peu plus loin, sont listés les 7 enseignements sacrés représentés par un animal : l'aigle pour l'amour, le buffle pour le respect, l'ours pour le courage, une sorte de créature légendaire du genre yéti pour l'honnêteté, le castor pour la sagesse, le loup pour l'humilité et la tortue pour la vérité. Il y avait des plantes sacrées comme le tabac et le cèdre. Un autre panneau présentait l'importance des rassemblements à certaines périodes de l'année.

Les Mi'kmaqs entretiennent des liens étroits avec d’autres communautés locales, dont les Malécites et les Passamaquoddy. Avec les Malécites, les Passamaquoddy, les Penobscots et les Abénakis, les Mi'kmaq forment la Confédération Wabanaki, une confédération de nations politiquement active, du moins à partir du premier contact avec les Européens jusqu’à aujourd’hui.

La langue Mi'kmaq fait partie de la famille Wabanaki des langues algonquiennes de l’est, qui inclut les différents dialectes abénakis et les langues penobscots et malécites-passamaquoddy. En 2022, une loi fait de la langue mi'kmaq la première langue de la province.

L'histoire des Mi'kmaqs

Les Mi'kmaq sont un peuple autochtone qui fait partie des premiers habitants des provinces canadiennes de l’Atlantique. Les communautés Mi'kmaq contemporaines vivent principalement en Nouvelle-Ecosse et au Nouveau-brunswick, bien qu’on en trouve également un grand nombre au Québec, à Terre Neuve, dans le Maine et dans la région de Boston. Lors du recensement de 2021, 70 640 personnes ont déclaré être d’ascendance Mi'kmaq. En juillet 2022, la langue Mi'kmaq est reconnue comme la première langue de la Nouvelle-Écosse. La spiritualité Mi'kmaq est influencée par le monde naturel.

L'histoire coloniale

En raison de leur proximité à la côte Atlantique, les Mi'kmaq font partie des premiers peuples nord-américains à interagir avec les explorateurs, les pêcheurs et les marchands européens. Par conséquent, ils subissent rapidement un dépeuplement et des perturbations socioculturelles. Certains historiens estiment que les maladies européennes ont entraîné une perte de près de la moitié de la population mi'kmaq entre les années 1500 et 1600.

À la suite de leurs contacts et échanges ponctuels avec les pêcheurs européens, les Mi'kmaq qui entrent en contact avec les premières colonies européennes au 17ème siècle sur le territoire connaissent déjà les gens, leurs marchandises et leurs habitudes commerciales. De plus, l’histoire orale des Mi'kmaq raconte l’ancienne prémonition d’une femme Mi'kmaq selon laquelle des gens arriveraient sur des îles flottantes. Ces prédictions font en sorte que les Mi'kmaq sont déjà préparés lorsqu’ils rencontrent des pêcheurs pour la première fois au large de leurs côtes. Ils participent à la traite des fourrures en servant d’intermédiaires entre les Européens et les groupes vivant plus à l’ouest, car les animaux à fourrures se font rapidement rares en raison de la forte demande. Ces circonstances modifient fondamentalement leur mode de vie, qui se concentrent plutôt sur le piégeage et la traite des fourrures au lieu de la chasse et de la cueillette de subsistance.

Les traités avec l'arrivée des Anglais

Le conflit prolongé entre les puissances coloniales françaises et britanniques entraîne souvent les Mi'kmaq dans la mêlée. Ils sont en grande partie alliés aux forces coloniales françaises, qui ont établi leurs colonies à travers l’Acadie jusqu’au 18e siècle. Durant cette période, et après les conflits avec la Grande-Bretagne, les Mi'kmaq signent des traités de paix qui leur reconnaissent des droits. Bien que la proclamation royale de 1763 établisse les droits des Autochtones dans une grande partie du Canada, elle ne fait aucune mention des colonies des Maritimes. Pour cette raison, la plupart des colons européens ou loyalistes arrivés après les traités ignorent, ou choisissent d’ignorer, les droits des Mi'kmaq. Il faudra attendre 1985 pour que la Cour suprême du canada confirme que les Mi'kmaq ont des droits ancestraux sur les terres décrites dans ces traités.

La vie sous la gouvernance britannique, et par la suite canadienne, n’est pas clémente pour ce peuple, qui est soumis à des tentatives pour modifier leur mode de vie. Les premières réserves sont fondées dans la années 1800 - 1820. Avec l'avènement de la Confédération canadienne en 1867 puis l'adoption de la Loi sur les indiens en 1876, les Mi'kmaq comme pour les nombreux peuples autochtones du Canada, sont durement touchés par le traumatisme durable infligé par le système des pensionnats indiens ayant pour but d’assimiler les peuples autochtones partout au Canada. Au niveau des provinces Maritimes, les enfants Mi'kmaq ainsi que ceux des autres peuples authoctones sont envoyés dans le pensionnat de Shubénacadie en Nouvelle Ecosse de 1930 à 1967. En plus, de cette dislocation culturelle et générationnelle, le ministère des Affaires indiennes force plus de deux milles Mi'kmaq vivant encore dans plusieurs petites communautés, à déménager sur deux réserves désignées par le gouvernement dans les années 1940 celle de Shubénacadie et celle d'Eskasoni au Cap Breton afin de centraliser cette population. Ces mesures ont eu des répercussions désastreuses sur les communautés concernées. Ne pouvant se déplacer comme ils le faisaient pour satisfaire leurs besoins vitaux, ils ont connu la famine et le froid pendant les hivers. Cette politique est abandonné en 1949. Néanmoins, cette centralisation a causé des dommages à certaines communautés et à modifié à long terme leur répartititon en Nouvelle Ecosse.

Malgré le fait que les peuples autochtones sont confrontés à de la discrimination au Canada et à l’absence de droits civils (droit de vote seulement en 1960), plus de 200 soldats guerriers Mi'kmaq servent dans le Corps expéditionnaire canadien pendant la 1ère guerre mondiale.

Aujourd'hui, La formation de la nation Qalipu est un exemple d’activisme continu des Mi'kmaq. En 1999, la Cour suprême du Canada confirme les droits à Donald Marshall, et par extension à tous les Mi'kmaq, de pouvoir s’assurer une « subsistance convenable » grâce aux droits de la chasse et de la pêche. Ce dernier avait été reconnu coupable en 1996 de pêche hors saison, mais la cour a statué que les traités de paix et d’amitié signés en 1760 et 1761 leur garantissaient ces droits.

Cette décision a déclenché un conflit entre les Mi'kmaq et les pêcheurs non autochtones. Ces derniers font valoir que la pêche aux homards non contrôlée entraînerait la dévastation des stocks. La situation menaçant de dégénérer en scènes de violence, le gouvernement fédéral a racheté les permis et l’équipement de quelques pêcheurs non autochtones et a conclu des accords avec plusieurs communautés Mi'kmaq pour réglementer la pêcherie commerciale.

Nous rejoignons ensuite la forteresse de Louisbourg.

L'histoire de l'île du Cap Breton

L'île de cap breton a été connu des pêcheurs basques avant d'être revendiqué par les Français comme faisant partie de l'Acadie. Elle demeurre peu développée et peu colonisée jouant seulement un rôle de poste de traite et de pêche jusqu'en 1713 où la France perd l'Acadie au profit des Anglais. Louisbourg est fondée en 1713 et l'île est rebaptisée l'île Royale. C'est en 1717 que les français entreprennent la construction d'une place forte à Louisbourg. Cette dernière devient un grand port fortifié en remplacement du fort St Anne à Québec pris par les glaces en hiver. L'emplacement du port et de la forteresse est un endroit idéal, eau profonde protégé par une côte rocheuse à l'intérieur d'une baie. L'île royale tire sa prospérité de la pêche à la morue, le poisson étant salé et séché sur place.

Elle connait un premier assaut des Anglais en 1745 après la déclaration de guerre entre la France et l'Angleterre. Elle passe à nouveau au main des Français suite à un traité qui rend l'île aux Français en 1748 mais la paix fut de courte durée car l'île est reprise par les Anglais en 1758 entrainant la déportation de 4000 personnes au cours de la guerre de 7 ans (1756 - 1763) entre la France et l'Angleterre.

Le site de la forteresse de Louisbourg

Le site actuel est une reconstruction partielle de la forteresse française du 18ème siècle. C'est aujourd'hui un lieu historique national géré par les parcs Canada. Nous avons commencé par le centre MCLennan où sont présentés plusieurs maquettes du site avec une reconstitution en lego !

Au niveau de la forteresse, nous avons commencé par la salle d'arme et à l'intérieur de la forteresse, nous avons pu voir l'aménagement pour les militaires. Ensuite plusieurs autres salles présentaient les phases de la reconstruction avec le souci de rendre au plus juste l'ambiance de la vie des personnes vivant au 18ème siècle.

La forteresse 
La forteresse, la salle d'arme et les aménagements intérieurs 

Au début du 20ème siècle, la société Royale du canada achète les terrains où se trouvent les ruines. Dans les années 1930, la direction des parcs a acheté presque tous les terrains de l’ancienne ville fortifiée. Puis il y a eu la construction du musée sur l'histoire de Louisbourg de 1936 à 1960 dans l'actuel centre MCLennan édifié par le gouvernement fédéral. Vers 1940, le parc historique national de la Forteresse-de-Louisbourg est créé. Avant 1960, des familles habitaient sur le site qu'ils ont dû quitter car en 1961, le gouvernement du Canada accepte un plan de reconstruction partielle de la ville de Louisbourg et de ses fortifications, avec comme objectifs de créer une image de ce qu'était Louisbourg dans les années 1750.

Une partie du site de la forteresse a donc été reconstruite entre 1961 et 1975. Le reste du site est protégé et il est possible de suivre le sentier des ruines dans le cadre d'une visite guidée.

Cet objectif a pu être atteint car sa reconstruction s'est faite à partir des ruines existantes avec l'ensemble des objets trouvés et avec les observations réalisées sur le site lors des fouilles qui ont duré 20 ans. Elle s'est également appuyée sur l'ensemble des documents laissés par les habitants du 18ème siècle qui se trouvent maintnant pour la plupart aux archives de France mais aussi en Grande bretagne, au Canada et aux Etats Unis. Cette reconstruction ne concerne que le quart de la ville fortifiée du 18ème siècle.

Une salle était dédiée aux Mi'kmaq où sont présentés plusieurs tableaux et objets de leur culture. Plusieurs panneaux d'information présentent leur histoire en rappellant que cette terre est leur patrie depuis des temps immémotiaux. Ils y vivaient en communautés centrées sur les liens familiaux. Ils mentionnent que grâce à leur profonde compréhension et profond respect de la terre, ils ont prospéré en développant des méthodes innovantes pour la gestion des ressources. Un autre panneau précise qu'ils ont accueillis les Français qui se sont fiés à eux pour survivre dans ce territoire inconnu. Chaque année, il y avait un rassemblement à Louisbourg pour réaffirmer les relations lors de cérémonies et d'échanges de présents. En temps de guerre, ils ont continué à soutenir les Français et lorsque la forteresse est tombée, ils se sont éloignés de l'endroit désormais occupé par les anglais. A Cap Breton, vivaitent 5 communautés distinctes chacune étant gouvernée par son propre chef et son conseil élus. Dans le dernier panneau, il est mentionné qu'ils sont engagés à respecter l'environnement naturel qui assurait autrefois leur subsistance et continue aujourd'hui à jouer un role vital.

Ils précisent en conclusion qu'ils ont à coeur de partager leur histoire avec le monde entier.

Sur un galet était gravée une étoile à huit branches représentant les huits districts de la nation Mi'kaw. ce symbole souvent coloré en rouge noir, blanc et jaune est vieux de plusieurs siècles et se retrouve dans les pétroglyphes au Mi'kma'ki.


Par ailleurs, une affiche relate les pensionnats indiens mentionnés dans les paragraphes ci-dessus. Ces pensionnats ont été créés par le gouvernement fédéral ou les provinces ou par les ordres religieux dans le but d'assimiler les indiens. Les enfants indiens étaient retirés à leurs parents. Dès 1930, 75% des enfants de 7 à 15 ans des premières nations vivaient dans des pensionnats où ils souffraient de malnutrition, de négligence quotidienne en même temps qu'ils étaient victimes de sévices physiques, émotionnels et sexuels.



Nous arrivons à l'arrière du bâtiment de la forteresse dans la cour où nous accédons aux appartements du gouverneur. Ce dernier avait un salaire important qui souvent ne suffisait pas pour satisfaire son train de vie. Les gouverneurs recevaient beaucoup. La cuisine tenait donc une place importante. Il y avait de nombreux employés pour subvenir aux besoins de la maisonnée.

La forteresse vue de la cour 
La cuisine et la salle à manger
Les appartements du gouverneur

Certains gouverneurs avaient des esclaves.

L'esclavage à Louisbourg : il a été dénombré au moins 381 personnes réduites à l'esclavage par des colons français ou anglais. Plus de 90 % des personnes esclaves sont africaines ou d'ascendance africaine. Ils sont traités comme des biens. Ils sont serviteurs, jardiniers, nourrices , pêcheurs... un panneau présente Marie marguerite Rose (1717-1757) capturée en Guinée en Afrique de l'Ouest à 17 ans et elle est amenée à l'île Royale où elle fut vendue à un membre de l'élite coloniale en 1736 à l'âge de 19 ans. Elle était l'esclave d'un officier militaire français. Elle obtint sa liberté après 19 années de servitude en 1755. Puis elle épousa un Mi'kmaq et en ouvrant une taverne à Louisbourg accéda au groupe des commerçants de la colonie, fait rarissime parmi les esclaves affranchis de l'île Royale. Son histoire exceptionnelle témoigne de la présence de l'esclavage sur l'île Royale et au Canada. La population globale d'esclaves noirs était estimée à 1375 personnes sous le régime français.

Sur le site, les différents bâtiments étaient présentés par des personnes costumées de l’époque qui jouaient le rôle de personnages de cette période. Cela rendait la visite très vivante, on imaginait facilement la vie de l’époque avec les récits des différents personnages.

La maison Loppinot 

En visitant la maison de la famille Loppinot bâtie en 1731 où le militaire vivait avec sa famille de 8 puis 12 enfants après leur retour de France. Une personne jouait le rôle de Marie Marguerite Rose. Elle était la femme de ménage, la cuisinière. Elle contribuait à élever les enfants jusqu'à leur 12 ans. Elle avait un fils lui même esclave qui devait être le fils du maître des lieux. Elle est allée à Rochefort avec la famille Loppinot et son fils Jean François pendant l'occupation de Louisbourg par les Anglais de 1745 à 1748. Elle revient à Louisbourg avec la famille en 1749 mais 2 ans plus tard son fils décède. Elle est affanchie par cette famille en 1755 mais ne profitera de cette liberté que 2 ans car elle décède en 1757.

Nous avons poursuivi par la visite de plusieurs autres maisons. L'ensemble était très intéressant.

D'une maison à une autre 
Dans le dernier bâtiment visité, 2 tableaux présentaient l'ambiance du port au 18ème siècle 
Vue du phare et de la côte  
Vue d'ensemble de Louisbourg

La journée fut bien chargée avec surtout beaucoup de kilomètres inutiles. Si cela était à refaire, nous irions directement à Iona, puis à Eskasoni et à Louisbourg en passant par le ferry de Little Narrow et nous aurions eu le temps de tout voir, peut-être même d'aller au parc animalier « Two Rivers Wilkdlife Park » voir les animaux dans leur milieu naturel (ours brun, lynx, orignaux et cougars) tout en profitant de la vue sur les rivières Mira et Salmon. Tout au long de notre parcours, nous n’avons pas eu l’occasion d’avoir des points de vues sur lac Bras d'Or.

Ce soir le temps est menaçant, il a plu avant notre arrivée à Louisbourg et le temps s’est bien rafraichi, nous avons opté pour un motel entre Boularderie et Milville. Il est bien agréable.

Les Hautes Terres

Nous quittons le motel vers 9H après une bonne nuit de sommeil. Cet établissement était très sympathique et très confortable. Nous passons le « Great Bras d’Or » et nous prenons la route d’Englishtown où nous traversons la baie St Anns avec un traversier. C’est une courte distance mais il n’y a pas de pont. A cet endroit il y a un fort courant.

Le site du traversier au niveau d'Englishtown 


Nous remontons ensuite vers la route du circuit « Cabot Trail ». En chemin, nous nous arrêtons dans un magasin général. C’est impressionnant la variété des produits proposés allant de l’alimentation à la boisson, du vêtement aux outils en passant par des jouets… L’occasion a été bonne pour m’acheter un bonnet pour remplacer celui que j’avais perdu et puis je me suis laisser attirer par un chapeau pour remplacer mon chapeau qui est maintenant très usagé.



Le parc national des Hautes Terres du Cap Breton

La route s’élève et devient de plus en plus spectaculaire avec de superbes points de vue.

Vue sur le relief à l'intérieur des terres
Vues sur la côte et les terres intérieures 

Puis nous descendons vers le village d'Ingonish qui s’étire sur plusieurs kilomètres. Il est difficile de voir où se trouve le centre et surtout où nous allons trouver le centre d’information du parc. Nous entrons enfin dans le Parc National des hautes terres de Cap Breton, nous payons une entrée pour deux jours et nous récupérons des informations sur les points à voir et sur les campings. Nous avons eu cette fois beaucoup de chance car notre interlocuteur parlait parfaitement le français.

La Baie d'Ingonish

Le parc national est célèbre pour ses hautes terres et ses profondes vallées pluviales. Dans ce paysage avec ses canyons sculptés par les glaciers, ses chutes d'eau, ses côtes spectaculaires et ses forêts anciennes, les espèces de zone arctique et alpines cotoient des espèces tempérées dans un combinaison de 3 types de forêts distinctes : acadienne, boréale et taïga.

A partir des côtes du parc, on peut observer des fous de bassan pendant l'été mais aussi des baleines. Il y a les rorquals à bosse, facile à pêcher le long de leur couloir de migration vers le Cap Breton mais aujourd'hui, depuis leur protection, ils arrivent jusqu'aux côtes de Cap Breton. Toutefois, le petit rorqual et le rorqual commun sont plus couramment observés sur le littoral. Il y a égalemnt le globicéphale noir, le marsouin et le dauphin à flancs blancs. Le parc surveille les migrateurs marins comme l'anguille d'Amérique et le saumon atlantique. La tortue luth est une autre migratrice du Cap Breton. Cette abondance de vie dans le golfe du Saint Laurent provient de la présence d'éléments nutritifs qui sont remontés en surface par des tourbillons ascendants lors des marées.

Du centre à l’intérieur du parc, nous montons au belvédère de Freshwater où nous avons un point de vue sur la baie d'Ingonish avec ses cordons dunaires et sa plage à l'avant du lac Freshwater.

Du belvédère vue sur le lac Freshwater et la baie d'Ingonish

Nous allons ensuite sur le site d'Ingonich beach où nous pique niquons avant de rejoindre le sentier de Middle Head pour environ 4 km aller retour.

Vol de bernache du Canada
Ingonich beach 

Le site de Middle Head

Nous partons du parking situé près du Keltic Lodge, ancienne maison d’un ami à Alexander Graham Bell. Le sentier nous mène jusqu’à la pointe Middle Head avec de belles vues sur la côte escarpée. Très belle randonnée d'environ 4 km avec du soleil et un ciel bleu. Ce site comptait au début du 20ème siècle des cabanes de pêches où quelques familles venaient pêcher la morue, le maquereau et l'aiglefin. Aujourd'hui, il y a encore un peu de homard de mai à juillet mais la pêche du saumon a cessé en 1980 et la morue se fait de plus en plus rare.

Keltic Lodge 

L'aspect du littoral se tranforme sans cesse et on peut observer 3 types de plages. Le cordon dunaire, cette plage forme un rempart qui sépare les eaux de la baie de la mer. Aujourd'hui, ce cordon abrite une étendue d'eau. La plage en croissant de lune protégé de par et d'autre par des avancées du littoral et enfin la flèche littorale où les alluvions de la rivière se mêlent au sable remué par les vagues marines pour former une langue de terre à l'embouchure de la rivière Clybum. Cette langue de terre change sans cesse de forme.

En allant sur le site de Middle Head, vues sur le cordon dunaire et la plage

Le site de Middle Head est un éperon rocheux qui s'avance de 5 kilomètres dans l'océan atlantique. Le Middle Head a résisté à l'érosion. Ses roches ignées les plus dures comme les granites, les gabbros et les diorites ont résistées à l'assaut des vagues et des courants.

Middle Head 
Les bouleaux blancs sur le sentier 

Nous rejoignons ensuite le camping Broad Cove conseillé par la personne qui nous a renseignés sur le parc. Nous nous installons, il est 16H30 lorsque nous repartons plus au nord sur la Cabot Trail.

Ecureuil roux
Merle d'Amérique
Sur le camping, nous avons de petits compagnons 

Nous traversons le ruisseau Waren et un peu plus loin, nous pouvons voir le cordon dunaire de la plage de Broad Cove qui ralentit l'écoulement de l'eau du ruisseau Waren.

Le ruisseau Waren 
L'Anse Broad Cove

Nous passons plusieurs points de vue dont le Green Cove Head. La côte orientale du parc se caractérise par ses promontoires rocheux entrecoupés d'anses étroites.

Le site de Green Cove Head 

Ensuite nous suivons les conseils de la personne vue au centre, nous prenons la direction de White Point en dehors du parc. A la différence du parc, la vue sur les points intéressants n’est pas aménagé et d'accès facile. Pourtant de White Point à South Habour où nous retrouvons la route du Cabot Trail, il y a de beaux points de vue. Nous passons le port de Neil et de New Haven pour aller jusqu'au port de White Point d'où on l'on peut apercevoir la pointe rocheuse que nous verrons un peu mieux en prenant la route vers South Harbour.

Neil Harbour : le port et son cordon dunaire
White Pointe  : le port et la pointe rocheuse

Sur cette route, nous pouvons également voir le cordon de South Harbour Beach. Nous sommes dans la large baie d'Aspy.

 La baie d'Aspy et le cordon de South Harbour Beach

Nous revenons au camping qui est vraiment très agréable. Il y a une salle multi activité mais il y a un couple qui a complètement accaparé les lieux. Il n’y a qu’une table, ils ont cuisiné et se sont étalés sur toute la table et tout autour. Enfin, nous y avons passé un peu de temps car il y fait bon et c’est éclairé.

Le lendemain matin, la toile de tente est sèche. C’est parfait pour le démontage. Nous quittons le camping après avoir fait une petite marche autour du camping. Le camping se situe à proximité de la plage de l’anse Broad Cove. Sur la plage, se jette le Warren Brook. Son estuaire étant limité par un cordon de galet, il y a une retenue d'eau à l'arrière.

Le ruisseau Waren et Broad Cove Beach
Broad Cove Beach  

Nous montons ensuite en direction de Cape North en nous arrêtant au point de vue que nous avions vu la veille de Green Cove Head. L’éclairage est bien différent. De plus ce matin le temps est plus nuageux.

Pygargue à tête blanche
Green Cove Head

Nous passons la crique de Black Brook Cove où se jette le ruisseau Black. Le site est agréable avec une petite plage.

Black Brook Cove

En cours de route, nous nous arrêtons sur le site du sentier de l'Anse Jigging où nous faisons le tour du lac artificiel. Le ruisseau du déversoir se jette dans l'océan au sud de l'anse Jigging. Dans cette anse, on pêchait la morue à la turlutte (leurre).

Sur le sentier de l'Anse Jigging
Le castor n'a pas terminé son travail !
Lichen pulmonaire
Quelques observations insolites 

Les lichens se différencient des mousses. La mousse est un organisme multicellulaire dont les folioles se composent de cellules photosynthétiques, comme les arbres, les fougères ou les fleurs sauvages alors que les lichens sont un assemblage d’au moins deux organismes différents : un champignon et une algue vivant ensemble comme un seul être.

Nous longeons plus ou moins la large baie d’Aspy et ses belles lagunes derrière un cordon dunaire séparées par l’estuaire de 2 rivières, la river Aspy Middle et la river Aspy south.

La baie d'Aspy et le cordon de South Harbour Beach 
La baie d'Aspy vue de Cabot Trail 

L’une des lagunes est ouverte vers la mer pour l’entrée du port Dingwall. Nous faisons un détour dans ce port et sur la côte d'où nous avons une vue à partir de la plage sur White Point.

Le port de Dingwall
La baie d'Aspy  et White Point

Nous pousuivons notre route vers le Nord.

Sur la route entre Dingwall et Sugar Load 

Nous pique niquons à Sugar Load, une aire de pique nique très sympathique qui se trouve en surplomb d’une plage située après les cordons dunaires des lagunes. Nous avons une belle vue sur les falaises du Cape North. A Sugar Load, il y a le buste de John Cabot (Giovanni Caboto). C'est un navigateur et explorateur vénitien au service de l'Angleterre à la recherche d'une route vers l'Asie par l'océan Atlantique. Après un premier échec en arrivant sur les côtes d'Islande en 1496, il repart et arrive en 1497 sur les côtes entre le Cap Breton et Terre Neuve.

La plage de Sugar Load 

Nous poursuivons toujours plus au Nord pour aller jusqu'à Meat Cove et son camping qui se trouve au bout de la route. Sur ce trajet, nous avons de beaux points de vue sur la Pointe du Cape North et sur les côtes du côté de Meat Cove. Par contre, la dernière partie du trajet était en grande partie une route de gravier. Ce n’était pas très agréable.

La pointe du "Cape North"
Aller et retour à Meat Cove 

Nous faisons demi-tour et retrouvons la route Gabot Trail. Nous suivons la vallée des 3 rivières Aspy. En fait, cette large vallée est la partie visible d’une faille qui se prolonge sous l'océan et traverse Terre neuve. La faille d'Aspy était couverte de roches sédimentaires. La fonte des glaciers a contribué à leur érosion formant ainsi cette large vallée où l'on peut voir le contraste entre les zones de roches sédimentaires tendres ayant subi l'érosion et les roches dures constituées de roches métamorhiques et ignées : du gneiss et du shiste qui ont subi des intrusions de granite. Ce sous-sol rocheux compte parmi les plus anciens et les plus dures de la Nouvelle Ecosse.

La faille d'Aspy

Nous montons ensuite à environ 450 m. Nous sommes sur un plateau avec une végétation boréale. Les arbres sont petits. De loin, nous avons l’impression d’un plateau plat mais en fait son altitude varie de 332 m à 532 m avec une pente vers le littoral de la côte Est. La surface du plateau est découpée de nombreuses et profondes vallées.

Sur le plateau

En route, nous passons à proximité des chutes de Beulach Ban sur la rivière North Aspy sans faire le sentier qui y mène. Il y a 400 millions d'année l'océan et les glaciers ont pénétrés dans cette vallée puis se sont retirés. Les chutes Ban s'écoulent d'un lac du plateau qui se précipitent dans la rivière North Aspy. Les micmacs y ont chassé et pêché, campant sur les rives de l'Aspy.

Lone Shieling

Un peu plus loin, nous faisons une petite boucle de 600 m pour découvrir la plus ancienne forêt de feuillus des Maritimes dans la vallée de la Grande Anse où il y a des érables à sucre dont les plus anciens ont plus de 350 ans. La forêt est dominée par l'érable à sucre tant par la taille (jusqu'à 25 m) que le nombre mais il y a également des merisiers ou bouleaux jaunes, des hêtres, des frênes blancs, des chênes rouges, des érables de Pennsylvanie, des mélèzes et des épinettes rouges. A l'exception des merisiers, les feuillus de cette forêt sont à la limite Nord de leur domaine.

La forêt de feuillus de Lone Shieling 

Sur le sentier, nous passons devant la réplique d'une cabane de fermier écossais le "Lone Shieling", abri rustique en pierre qui servait de refuge aux bergers pendant l'été. Pour se chauffer et s'éclairer, les bergers faisaient brûler de la tourbe.

Lone Shieling 

Contraints de quitter leur terre de l'île de Skye, les immigrands écossais vinrent s'établir dans cette forêt vierge aux débuts des années 1800. Ils chassèrent, péchèrent et défrichèrent à la lisière de la forêt pour cultiver. Ils recueillirent l'eau d'érable pour en faire un sirop et utilisèrent le bois pour la construction et le chauffage.

Nous arrivons sur la côte Est au niveau de Pleasant Bay et en remontant sur le plateau, nous avons de beaux points de vue sur la baie mais aussi sur le canyon de la rivière Mackensie et sur les Monts Mackensie à 355 m d'altitude.

Pleasant Bay 
Buse à queue rousse  survolant le canyon Mackensie
Le canyon de la rivière Mackensie 

Un peu plus loin, un autre point de vue à 335 m, nous permet de découvrir Fishing Cove. Cet endroit au niveau de la mer, isolé, aujourd'hui fréquenté seulement par les randonneurs (8km de descente) était habité par une communauté d'agriculteurs et de pêcheurs qui y exploitaient une conserverie de homard. C'est la Fishing Cove River et ses affluents qui descendent des versants des Monts Mackensie et s'écoulent dans cet estuaire. Les pionniers écossais qui s'y étaient établis pêchaient le homard et la morue et faisaient du commerce avec Cheticamp. En 1915, les descendants de ces familles de pionniers ont quitté ce coin sauvage.

Fishing Cove. 

Un panneau fort intéressant résume l'histoire de la traversée des Hautes Terres. Il est écrit en langue mi'kmaq, en anglais et en français. Les hautes terres accueillent des voyageurs depuis des temps immémoriaux, les premiers furent les Mi'kmaqs qui se déplaçaient au fil des saisons pour la chasse et la pêche.

Puis au 16ème siècle ce fut des pêcheurs et navigateurs européens qui construisent des camps saisonniers le long de la côte. Ils chassent, coupent du bois pour construire cabanes et bateaux et font du commerce avec les Mi'kmaqs. On voyage à cette époque uniquement en bateau.

Au 18ème, les européens commencent à construire des établissement permanents dans les anses et les baies abritées des hautes Terres. Puis les sentiers pédestres mi'kmaqs s'élargissent pour faire passer les charettes. Jusqu'en 1960, des bateaux desservent les collectivités isolées des Hautes Terres et assurent la majorité du transport des marchandises et des personnes. Avec l'amélioration des routes on passe graduellement au transport terrestre. La distribution du courrier entre Chéticamp et Pleasant Bay soit 27 km qui devait être effectuée en seulement 9 heures, 4 jours par semaine se faisait à pied, en raquette, à cheval ou en traineau à chiens en 1906.

Au 20ème siècle, avec l'industrialisation, le réseau routier se développe. Les scieries et les moulins sont nombreux mais la modernisation détourne peu à peu les Mi'kmaqs de leurs déplacements saisonniers habituels. Obligés de s'établir dans les réserves et d'envoyer leurs enfants dans les pensionnats, ils ne peuvent plus parcourir les sentiers traditionnels ni se rendre sur leur territoire de chasse et de pêche.

En 1932, ouverture de la route. La plus grande partie des travaux pour la construction des routes est effectuée à la main par des hommes de la région qui ont besoin d'un emploi. C'est ainsi que le Cabot Trail serpente à travers de vaste étendue du teritoire auparavant difficiles d'accès. C'est en 1936 que le parc national est créé et en 1944 que la dernière famille résidant dans les limites du parc s'en va, cloturant le processus d'expropriation des terres privées. La cabot trail a été reconstruite, aménagée pour devenir ce que nous avons découvert lors de notre visite dans le parc.

En tant que touristes, ce récit de la mise en place des transports dans la région et les conséquences sur les habitants m'interpellent. Cette route spectaculaire que les touristes aiment parcourir a un coût humain non négligeable. Le dernier paragraphe de ce vaste panneau est encourageant en précisant que les Mi'kmaqs sont présents dans ce paysage et le resteront puisqu'il s'agit d'un territoire non cédé. Des collectivités mettent en valeur les relations entre les Mi'kmaqs et le territoire en faisant connaître la riche histoire de ce peuple. Parcs Canada contribue à la réconciliation au moyen de l'éducation et de la sensibilisation du grand public par rapport à l'histoire et aux séquelles des pensionnats ainsi qu'aux droits issus des traités. Cette connaissance et cette compréhension sont nécessaires pour rétablir la relation entre les peuples autochtones et non autochtones au Canada. "Nous sommes tous visés par les traités".

Nous devons maintenant penser au camping et sur le chemin, nous faisons quelques arrêts pour profiter des points de vue en bon éclairage. Nous passons à côté de "French Lake". C'est un beau lac d'altitude que nous voyons avec la lumière du soir. Nous passons l'accès du sentier de la Skyline que nous découvrirons demain.

French Lake 

Au camping de Corney brook, il n’y a pas d’accueil et il faut mettre dans une enveloppe le montant de la nuit. C’est un camping sommaire mais il y a tout ce dont on a besoin, des toilettes, un espace pour la vaisselle et des abris et quel emplacement ! Nous sommes au dessus d’une plage et nous avons pu profiter d’un coucher de soleil. Par contre, c’est assez venteux. Nous nous couchons tôt.

La plage au niveau du camping 
Le coucher de soleil 

Malgré le vent et le froid, nous avons bien dormi. Ce matin, nous nous sommes réveillés tôt. La tente est sèche. Le rangement est rapide. Nous sommes rapidement prêts à rejoindre le point de départ de la randonnée Skyline de 8,2 km.

La Skyline

La pointe de la Skyline vu de la route
En remontant sur la route vers le sentier de la Skyline 

Le sentier se situe sur le plateau dans un paysage de forêt boréale. Nous sommes à plus ou moins 400 m d’altitude. De loin, le plateau semble avoir une altitude uniforme. Les arbres ne sont pas très grands et certains semblent taillés, il y a beaucoup d’arbres morts. Il y a des zones plus boisées que d’autres.

La partie la plus boisée 

En fait, de nombreux panneaux expliquent que la végétation de zone boréale est très fragile et sensible aux différents évènements. Au début du 20ème siècle, il n’y avait plus d’orignaux à cause de la chasse. En 1940, ils ont été réintroduits. En 1980, suite à une invasion de tordeuse de bourgeons d’épinette, la forêt de sapins beaumiers a été détruite. Le bouleau dont l’orignal est friand a remplacé la forêt morte entrainant une augmentation importante d’orignaux qui à leur tour ont détruit la forêt de bouleau laissant des grandes zones d’herbage. Actuellement, des expériences sont menées sur des zones grillagées où l’orignal est exclu pour étudier l’évolution de la végétation.

Aujourd'hui, cet écosystème ressemble à une savane alors que nous devrions normalement voir une forêt de bouleaux en cours de maturation et une nouvelle génération de sapins baumiers qui commence à pousser. Les manifestations d'insectes font partie intégrante de la vie de la forêt boréale. Les insectes ravageurs des arbres créent des ouvertures dans la forêt où peuvent pousser de nouvelles espèces végétales. Par contre, le nombre important d'orignaux a transformé la forêt de bouleaux en champs d'herbes. Cette forêt abrite une grande variété d'arbres. Les habitants de la forêt boréale : l'orignal, le lynx, le lièvre d'Amérique, l'écureuil roux, la grive solitaire, la martre d'Amérique, la mésange à tête brune et le geai gris.

Des zones  des champs d'herbes actuellement protégées des orignaux

Le circuit nous amène à proximité de la côte puis à une pointe où il y a eu des aménagements pour éviter l’érosion (escalier et trottoirs). En effet, avec le temps le site s’était énormément dégradé par le piétinement. De là, nous avons de beaux points de vue tant sur la côte que sur la route de Cabot Trail qui est vraiment spectaculaire.

Le long de la côte 
Vues sur la route spectaculaire de la Cabot Trail  et sur la pointe de la Skyline protégée
L'aménagement de la pointe 

De cet endroit, nous avons pu observer un ours noir en train de se nourrir de baies.

L'ours noir  et son lieu de cueillette des baies

C'est aussi de ce site qu'il est possible d'observer les baleines. Nous sommes dans le golfe du Saint Laurent, une mer peu profonde et semi close d'un côté par l'île du Cap Breton et de l'autre par l'île de Terre Neuve. On retrouve ici les mêmes conditions que dans la baie de Fundy avec un brassage des eaux douces et salines favorable à la vie marine, du plancton aux baleines en passant par les poissons. Les baleines : le globicéphale noirs (baleine à dents) qui se nourrit de calmar et de maquereau et le petit rorqual qui se nourrit de plancton et de petits poissons. Près de la surface on trouve les maquereaux, les harengs et les calmars, Dans les profondeurs plus froides, on trouve la morue, le flétan, la sole et le crabe.

Parcs canada protège cette crête comme exemple d'un promontoire typique de la flore et de la faune boréale sauvage. C'est le point de rencontre entre les vents d'ailleurs et les courants océaniques. La bruyère dorée pousse sur les rochers exposés au vent. On peut voir aussi sur le promontoire en juin juillet le papillon à queue de pie qui ne vit que dans la région du golfe du Saint Laurent.

Gélinote huppée
Aster amelle
Grive solitaire
Bruant des Prés
Quelques observations dans le parc
Fin du circuit 

En quittant le sentier de la Skyline, nous avons remonté la route vers la tourbière.

La tourbière de Mont French

Un peu plus loin, nous suivons une petite boucle de 500 m pour découvrir la tourbière de Mont French qui se situe à 410 m sur le plateau. Ce dernier est parsemé de tourbières qui sont nombreuses parce que le sol est mal drainé et que le climat est froid et humide. On y retrouve les sphaignes qui en se décomposant forme les couches de tourbe. Quand la couche de tourbe dépasse le niveau de l'eau, les éricacées et plusieurs autres espèces de plantes ainsi que quelques petites orchidées poussent sur ce sol plus sec. Mais n'oublions pas les plantes carnivores qui se sont adaptées à ce sol acide : les droséras, les sarracénies pourpres et les linaigrettes. Nous trouvons aussi des mélèzes et des épinettes noires qui ont 100 ans mais qui ne dépassent pas un mètre ! A l'aube ou au crépucule, les orignaux broutent les plantes aquatiques dans les étangs du plateau. Par contre, on trouve peu d'oiseaux dans la tourbière parce qu'il n'y a pas d'abri et peu de nourriture. On peut cependant y voir la paruline masquée et le grand chevalier.

 Paysage de tourbière
Linaigrette
Fleur de sarracénie
Sarracénie
Droséra
sphaignes
Plantes de tourbière 

Le lac Benjies

En poursuivant sur cette route, nous faisons une petite marche de 3 km aller retour pour aller jusqu'au lac Benjie's. Nous traversons une zone de landes humides et de grands conifères. Nous sommes impressionnés par le nombre de squelettes d'arbres morts. Le lac entouré de conifères dégage un ambiance paisible. Les orignaux aiment ce lieu.

Sur le sentier d'approche du lac Benjies
Le lac Benjies 

Nous avons ensuite fait ou refait quelques belvédères avant de nous installer sur le camping du parc près de Chéticamp, un bourg acadien.

La pointe de la Skyline vu de la route
En rejoignant le camping de Chéticamp

Nous faisons un détour sur une petite route qui nous amène sur le site de La Bloc situé au pied des falaises de Cap rouge. C'est sur ce site que se trouvaient les cabanes de pêche mais les bateaux devaient être remontés à l'aide de cabestans. Cette zone était riche en bancs de morue.

Le Cap Rouge vu du site de La Bloc

Nous passons ensuite au niveau de la presqu'île et de sa plage où nous pouvons voir 2 blocs détachés de la falaise les "Pillar Rock". Un peu plus loin un belvédère permet de voir l'estuaire de la Chéticamp River, le long cordon dunaire dont une partie ferme l'étang à Johnny.

De la presqu'île à l'estuaire de la Chéticamp River

Le camping n’a pas le charme de celui de Broad Cove ni celui de Corney Brook surplombant la mer mais il a tous les services nécessaires. Par contre, notre environnement pour ce soir n’est pas terrible et cela se révèlera encore plus pénible en soirée et dans la nuit. Notre voisine a mis des éclairages un peu partout et dans la nuit, elle a démarré son véhicule à plusieurs reprises, a mis les phares, a claqué les portes…

Ce matin, nous suivons le circuit Buttereau d'environ 1,6 km à partir d'un des parkings situés au pied de la Grande falaise. Des panneaux, sur ce circuit, expliquent la vie des acadiens et le chemin que nous empruntons est celui qui reliait le site de Buttereau à Chéticamp à cette époque. Le long de ce chemin, nous pouvons voir les traces des maisons des 5 dernières familles qui y vécurent. Sur chaque site, figure le nom de la famille qui habitait la ferme composé d'une maison et d'une grange.

La Grande Falaise et le sentier d'accès au chemin de Buttereau 
Bruant à gorge blanche
Sur le chemin Buttereau 

Sur notre circuit, nous surplombons la rivière Chéticamp et son estuaire. Un vieux pont permettait de traverser la rivière et de suivre le chemin tracé sur le banc de sable et rejoindre Chéticamp.

L'estuaire de la Chéticamp River 
Vues sur les falaises au niveau du parking 

Avant la création du parc, une trentaine de familles acadiennes habitaient entre la rivière Chéticamp et la montagne French à l'intérieur des limites du parc actuel. Le cap Rouge regroupait plusieurs petites localités dont le Buttereau et La Bloc. Vers la fin du 19ème siècle, la pêche était l'activité principale et les acadiens s'établissaient à proximité de la mer. Les hommes partaient pour la semaine laissant leur famille à la ferme pour aller s'installer dans les cabanes de pêche soit à La Bloc soit au Havre de Chéticamp. La saison de pêche débutait au printemps avec la pêche au homard puis se poursuivait par la pêche à la morue et aux autres espèces jusqu'à l'arrivée des glaces. Le poisson était alors salé pour le conserver pendant les mois d'hiver. Les femmes s'occupaient des travaux domestiques et de la ferme. La charge était importante mais leurs nombreux enfants apprirent très tôt à travailler.

A la création du parc national du canada des Hautes Terres en 1936, plus de 30 familles habitaient cette région. Elles ont été expropriées et se sont installées à Chéticamp.

Avant de rejoindre le bourg de Chéticamp, nous sommes revenus au niveau de la presqu'île, de son étang et de sa plage avec les Pillar Rock en toile de fond.

La Presqu'île

Chéticamp

A Chéticamp, nous avons ensuite essayé d’approcher le site de l’estuaire de la Chéticamp river quasiment fermé par un banc de sable ainsi que l’étang à Johnny, lui aussi fermé par un banc de sable. De là, nous avons un beau point de vue sur la grande falaise et la presqu’île.

A Chéticamp, nous passons devant la mairie aux couleurs acadiennes où une plaque commémorative est dédiée à Jeanne DUGAS (1731 - 1817). Cette femme illustre la diversité de l'expérience acadienne pendant la seconde moitié du 18ème siècle. En 1758, DUGAS et les siens évitent la déportation en fuyant l'île Royale (Cap Breton) mais sont capturés plus tard par les britanniques et incarcérés à Halifax. Après la fin de la guerre entre Anglais et Français en 1763, ils rentrent à l'île Royale où Jeanne DUGAS aide à rebatir une communauté florissante en tant que sage-femme, gardienne de la mémoire et confondatrice de Chéticamp vers 1785. Jeanne DUGAS qui a survécu à 8 déracinements succéssifs, démontre l'ingéniosité et la résilience des Acadiennes durant 50 ans de guerre et de troubles.

La mairie et le port

Nous traversons ensuite Chéticamp qui s’étale comme tous les bourgs du pays. Sur cette zone flotte les couleurs du drapeau français avec une petite étoile jaune, c'est le drapeau acadien. Nous longeons l’île de Chéticamp avant de prendre la route vers le sud et Port Hastings.

L'île de Chéticamp

Nous passons près du grand lac Ainslie où nous pique niquons. Le relief s’abaisse petit à petit.

4

Passés Port Hastings, nous prenons la direction de Sherbrooke où nous comptions passer la nuit et visiter le village reconstitué mais ce dernier est fermé et l’hébergement n’est guère mieux. Le paysage sur la route est un peu valloné mais pas de relief comme au Cap Breton. C’est très boisé et il y a beaucoup d’arbres morts. Nous n’avons pas vraiment traversé de village mais il y a beaucoup de maisons dispersées. A Sherbrooke, on a une sensation de bourg puis à Sheet harbour. En cours de route, nous avons eu 3 zones de travaux dont une où le temps d’attente a été particulièrement long. Il commence à se faire tard.

Nous poursuivons vers Sheet Harbour. La côte est très découpée avec de nombreuses îles mais le soleil est de plus en plus bas.

Sur la route 

A Sheet Harbour, nous arrivons à trouver un motel un peu cher vers 19H30 mais à cette heure là, on ne fait pas le difficile. D’ailleurs, le motel est plutôt sympathique.

Il ne fait pas très chaud ce matin et le soleil est timide lorsqu’il ne se cache pas complètement. Nous partons tranquillement vers 10H.

Le parc provincial de Taylor Head

Nous retrouvons rapidement la côte et nous allons jusqu’au parc provincial de Taylor-Head situé sur une presqu’île aux côtes découpées. Nous faisons un premier sentier sur la plage de sable fin d’environ 1 km.

La plage de la Baie de Taylor Head 

Puis nous poursuivons sur un autre sentier de 4 km. De la plage nous remontons sur un petit plateau en ayant une belle vue sur le baie de Taylor Head pour ensuite descendre le long de la lagune que nous avions laissé au bout de la plage. Elle est séparée de la mer par un cordon de galet colonisé par les arbres. Sur cette partie du parcours, il y a beaucoup d’arbres morts avec des zones tourbeuses.

Vue sur une tourbière et sur la baie Taylor Head  
La lagune

Arrivés de l’autre côté de la presqu’île, le paysage change, il est plus ouvert, plus verdoyant.

En traversant la presqu'île
La plage de Little Harbour
Paysages de l'autre côté de la presqu'île 
Nous revenons vers une zone boisée

Nous retraversons la presqu'île en passant plusieurs tourbières où nous avons eu la chance de voir des tétras du Canada. C’était un beau parcours mais le sentier n’était pas toujours facile.

Les tourbières 
Tétras du Canada 
Paruline à croupion jaune
Pluvier grand gravelot
Pluvier et tournepierre à collier
Quelques oiseaux vus lors de notre parcours 

Nous pique niquons sur le site avant de partir pour un autre parc, celui de Clam Harbour Beach. Nous faisons quelques arrêts au bord de la route pour voir la multitude d’îles qui parsèment la côté déjà très découpée.

Quelques aspects de la côte découpée

Clam Harbour Beach

C’est une très grande et belle plage de sable fin.

Clam Harbour Beach
Sur la route en quittant le site de  Clam Harbour Beach

Cette fois, nous ne voulons pas nous faire déborder et nous commençons à penser à notre hébergement de ce soir. A Lakeville à proximité de Charlotte Lake, il y a un camping. Il se situe sur le bord du très grand lac Charlotte aux contours très complexes. Ce soir, nous avons innové, nous avons choisi de prendre une cabine. C’est plus cher qu’une toile de tente mais moins cher qu’un motel et nous verrons demain matin. Il y a des lits, un petite table pas d’électricité ni d’éclairage. Il y avait juste à installer nos sacs de couchage et nous avons passé la soirée dans la grande salle commune bien éclairée.

La nuit a été bonne. Ce n’était pas le grand confort mais nous n’avons pas eu froid et le rangement a été plus rapide. Nous avons pris le petit déjeuner dans la salle commune. C’était super confortable.

Le long de la côte nous passons, de nombreux bras de mer qui entre profondément dans les terres et où se jette des rivières et des lacs. Tout l’arrière pays est constellé de lacs. Nous sommes sur des basses terres qui ont dû être raboté par les glaciers. Au niveau végétation, nous pouvons toujours observer de nombreux arbres morts donnant à la forêt une couleur grise. Il y a de nombreux parcs pour protéger cette zone.

Ce matin le ciel est nuageux lorsque nous partons pour le parc provincial de Martinique Beach. C’est une belle et grande plage de sable de 5 km. C’est une zone où les vagues permettent de faire du surf.

Sur la route 
Goéland à bec cerclé
Goéland argenté
Première approche de la plage 
Quelles  belles  vagues !
Deuxième approche de la plage 

En poursuivant la route le long de la plage, nous arrivons à l’arrière du cordon dunaire qui retient une partie de la rivière Musquodoboit qui s’étale sur un grand espace. Le paysage est surprenant. On pourrait penser à une lagune mais c'est bien plus complexe que cela. En regardant la carte, on peut voir que derrière ce cordon dunaire ne se cache pas une lagune mais une suite d'îles située à la sortie du bras de mer alimenté par la rivière Musquodoboi et le lac Eel Pond lui-même alimenté par d'autres lacs. Cet enchevêtrement de terre et d'eau est impressionnant. On a du mal à voir la ligne de côte.

A l'arrière du cordon dunaire

En arrivant sur Halifax, c’est plus verdoyant, car la forêt est composée de feuillus et de résineux.

Halifax

Nous allons directement au musée d’Africville qui raconte l’histoire de migrants Noirs américains fuyant l’esclavagisme à la fin du 18ème siècle jusqu'à la guerre d'indépendance des Etats Unis de 1812. Africville est une communauté à prédominance noire située sur la rive sud du bassin Bedford aux abords d'Halifax.

Le musée d'Africville  

C'est au milieu du 19ème siècle que quelques centaines de personnes noires forment une communauté dans un bas quartier d’Halifax. Ces familles descendantes pour la plupart d’esclaves loyalistes à qui les Britanniques avaient promis terres et provisions sont tenues à l’écart de la société. Cette zone de la ville dont les habitants payaient des impôts mais ne bénéficiait d’aucun service de la part de la municipalité si bien que les conditions de vie y étaient précaires (pas d’eau courante, pas d’égout). De plus, l'extension de la ligne de chemin de fer a fait l'objet d'expropriation. Par ailleurs, des installations comme des dépotoirs, des incinérateurs à ciel ouvert, des fosses d’égout sont construites à côté de ce quartier si bien qu’Africville devient un bidonville notoire du Canada. Au cours de la première moitié du 20ème siècle, des services municipaux comme le transport en commun, la collecte des ordures, les installations de loisirs et une protection policière adéquate sont toujours inexistants à Africville. La municipalité veut se débarrasser de ce quartier et en même temps récupérer cet espace pour étendre la zone industrielle. Il est donc décidé de raser Africville en 1963 en déplaçant les résidents et en leur fournissant des logements plus décents. C'est ainsi qu'entre 1963 et 1970, les résidants sont expropriés et relogés sans compensation pour la perte de leur propriété. Cela représentait environ 400 personnes de 80 familles. Suite à des actions de certains résidants et d’associations d’anciens résidants qui estiment avoir été spolié de leur propriété et qui regrettent la dispersion de leur communauté, le gouvernement canadien et la ville d’Halifax ont exprimés leurs regrets concernant l’expropriation des résidants et ont reconnus l’importance historique d’Africville et cela seulement en 2010. L’église d’Africville détruite lors du démantèlement d'Africville a été reconstruite à l'identique et abrite désormais le musée. Le parc qui l’entoure permet aux descendants de se regrouper une fois par an.

Nous poursuivons vers la citadelle d’Halifax que nous visitons. Elle est située en haut d’une colline qui domine le port.

L'intérieure de la citadelle d'Halifax 

La citadelle en elle-même n’a rien de remarquable. De ses remparts, nous avons un point de vue partiel de la ville. Par contre, de nombreuses expositions présentent toute l’histoire de la citadelle et plus largement l’histoire entre les Anglais, les Français, les américains et les Mi'kmaqs.

Vues d'Halifax à partir des remparts de la citadelle 

La construction de la citadelle est déjà une histoire en soi. La citadelle que nous pouvons voir aujourd’hui a été construite entre 1828 et 1856, c’est la quatrième construction. La première construction date des années 1750 suite à l’arrivée de plusieurs bateaux de transports britanniques et d’un navire de guerre dans le port en 1749. Le premier fort était un prolongement de la palissade de la ville mais cette dernière construite en rondin de bois n’a pas résisté au climat local froid et humide. Pendant la guerre de conquête contre les Français et les indiens de 1754 à 1760, le fort tombe en délabrement. C’est, en fait, pendant la guerre d’indépendance des américains (1775 – 1783) qu’un nouveau fort en bois est construit mais à la fin de la guerre ce dernier tombe en ruine. Le Prince Edouard en arrivant à Halifax en 1794 décide pour la troisième fois la reconstruction d’un fort mais cette fois la citadelle est construite en haut de la colline mais le fort tombe à nouveau en ruine en 1825. Les 3 premiers forts ont été construits en terre et en rondins de bois. La quatrième citadelle sera construite cette fois en pierre. La citadelle n’est pas construite sur des rochers mais sur des dépôts glaciaires.

Halifax, fondé pour défendre la Nouvelle Ecosse devint rapidement un port d'escale des navires de guerre britanniques. La guerre de sept ans contre les Français entre 1755 et 1763 a fait d'Halifax une base navale de première importance.

Qui étaient les habitants d'Halifax ? Il y avait les opportunistes, les aventuriers, les endettés, les fuyards et les révoltés venus chercher fortune mais également des colons américains venant de la Nouvelle Angleterre qui constituèrent l'essentiel des classes marchandes et professionnelles de la ville. A cela, s'ajoute les soldats et les gens des mers. Nous retrouvons également des esclaves venant d'Afrique, des révérends protestants réfractaires et des Allemands appelés suisses ou Hollandais. Certains de ces derniers quittèrent Halifax en 1753 pour fonder Lunenburg.

Outre son rôle militaire dans la défense du port, la citadelle a accueilli des milliers de soldats et leurs proches. L’Amérique du Nord devint un membre autonome de l’empire britannique du Canada en 1867 mais comme Halifax est un port important de la marine royale britannique, des troupes britanniques y restèrent jusqu’en 1906. Ensuite le Citadelle a été occupée par l’armée canadienne et est demeurée active pendant les 2 guerres mondiales. La Royal Navy partie, le Canada doit assurer lui-même le protection des ses côtes. Le retrait des forces britanniques du canada en 1905-1906, laissant ainsi aux canadiens la responsabilité d'assurer leur propre défense est une étape importante vers l'édification d'une nation. C’est en 1951, qu’elle a été transférée à Parcs Canada.

Halifax c’est aussi l’histoire des Mi'kmaqs. Depuis des millénaires, Kjipuktuk (le Grand Port) est pour les Mi’kmaqs un lieu de vie, de rassemblement, de chasse et de pêche. Vers la fin du 15ème siècle, les Européens ont commencé à venir pêcher, faire du commerce et se protéger des rudes conditions météo du Nord de l’Amérique. En 1749, la Grande Bretagne a choisi cet endroit pour construire une base navale stratégique afin de contrer la menace que Louisbourg, le port français de Cap-Breton représentait pour la Nouvelle Angleterre.

C'est en 1749, que les anglais pour affirmer leur pouvoir donnent l'autorisation à tous les militaires et sujets de sa majesté en Nouvelle Ecosse d'importuner, de tourmenter, de capturer ou de tuer les Mi'kmaqs considérant que ce peuple est allié avec les Français.

Au début les Mi'kmaqs ne voient dans l'établissement des anglais en Nouvelle Ecosse qu'une occasion de faire du troc mais les relations se détériorent rapidement lorsque les Anglais s'approprient le territoire traditionnel des Mi'kmaqs à Halifax en 1749. Ils estiment avoir donné aux Européens le privilège d'utiliser leur territoire et non de se l'approprier. Un des chefs estiment qu'ils devraient être indemnisés. Un traité est signé en 1752 mais les conflits persistent. Ce n'est qu'en 1761, un an après la défaite des Français, leurs alliés, que les chefs autochtones signent la paix. Jusqu'à aujourd'hui, les Mi'kmaqs ont toujours refusé de concéder à l'Etat leur territoire traditionnel ainsi que leurs droits de chasse et de pêche.

Il commence à se faire tard et nous ne savons pas où nous allons dormir. De plus, le musée sur l’immigration que nous voulions visiter va fermer. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas passer la nuit à Halifax. En voulant quitter la ville pour la Indian Harbour où j’ai repéré un camping, nous rencontrons des problèmes de circulation. Le GPS nous fait passer par l’autoroute au lieu de passer par la route qui mène directement dans la région de Peggy’s Cove.

Finalement, nous nous intallons sur le camping de King Neptune à l'entrée d'Indian harbour. C’est le plus sommaire des camping que nous avons fait, le plus cher et le moins accueillant. Nous passons une partie de la soirée dans notre véhicule. Nous sommes entrés dans une nouvelle région de la Nouvelle Ecosse, le South Shore.

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La côte Sud-Ouest de la Nouvelle Ecosse est ponctuée d'une multitude de petites îles et d'anses. Sur les caps rocheux, on peut voir une trentaine de phares. Nous allons suivre la route des phares de Peggy's Cove au Cap Forchu.

Pendant la nuit, il a plu et tout est humide ce matin. Nous essayons de sécher la toile de tente et mangeons notre petit déjeuner debout car la table et les bancs sont humides. A 8H30, nous levons le camp et partons pour Peggy’s Cove où se trouve le phare.

Peggy’s Cove

Le site est superbe, un phare sur des rochers de granit, un port avec des constructions sur pilotis et une côte de granit très découpée avec en plus un soleil certes palot mais au rendez-vous. Ce village de pêcheurs est toujours en activité et c'est aujourd'hui un site très touristique.

Le port de pêche de Peggy's Cove 

A Peggy's Cove, nous sommes au Mi'kma'ki, les terres ancestrales et non cédées des Mi'maq qui y habitent depuis des siècles. La reconnaissance de cette présence est une étape modeste mais importante dans la voie de la réconciliation et dans les efforts qui se poursuivent pour nouer une relation solide entre les nations.

Le village fut fondé en 1811 quand la province de Nouvelle-Écosse donna 800 acres de terre à six familles d'origine allemande. Ces gens étaient des pêcheurs mais cultivaient la terre pour compléter leurs besoins. A l'entrée du village on peut voir une sculpture en granit en mémoire des pêcheurs.

Le Mémorial William E. Degarthe 

Le phare construit en 1915 domine une côte très découpée de granit raboté. Il y a 400 millions d'années, le mouvement des plaques tectoniques permit à du magma de remonter en surface formant la batholite, une espèce de granit qui a ensuite été raboté par les glaciers. Par ses avancées et ses reculs, le glacier a creusé le sol et a mis à nu la roche. À la fin de la période glacière, la fonte de ces masses énormes de glace fit monter le niveau de l'océan qui envahit ainsi la région formant maintenant cette côte très découpée avec ses baies, ses anses et ses collines basses.

Le phare de Peggy's Cove
La côte granitique 

En remontant vers Halifax par la route NS333 jusqu'à West Dover, nous longeons la côte granitique très découpée et découvrons le paysage et ses lacs ainsi que la baie de Dove Say où nous faisons demi-tour vers Indian Harbour.

 La côte, ses lacs et ses collines
La baie de Dove say 

Entre Peggy's Cove et Indian Harbour, nous sommes dans la baie de St Margarets où un avion de la Suissair s'est abimé en 1998. Nous passons à proximité d'un des 2 monuments érigés en mémoire des victimes. De ce site, nous avons un beau point de vue sur Peggy's Cove et la côte.

Sur le site du mémorial 

Nous prenons ensuite la direction de Lunenburg en longeant plus ou moins la côte et ses nombreuses baies. Quelques arrêts pour profiter du paysage. Cette partie de la route compte plusieurs bourgs et il n’y a pas beaucoup d’espace sans habitations. Nous passons à côté du parc provincial de Graves Island relié au continent par un pont.

Indian Harbour
Indian Harbour
Graves Island
En allant vers Mahone Bay 

Mahone Bay

Le temps devient de plus en plus menaçant. Et un peu avant Mahone Bay, il se met à pleuvoir. Nous pique niquons dans le véhicule dans le port de Mahone Bay où 3 églises se côtoient. Il y a aussi quelques belles maisons. Nous sommes dans l'ambiance d'Halloween.

Mahone Bay et ses églises 

Mahone Bay en période d'Halloween 

A la sortie du bourg, en direction de Lunenburg, nous sommes passés devant une grande fresque représentant le centenaire de l'évolution du transport de la construction des canoës des Mi'kmaq, à la construction des voiliers, à l'arrivée du train et à la motorisation des navires.

La grande fresque  

Lunenburg

Nous arrivons ensuite à Lunenburg, belle petite ville d'environ 2500 habitants avec des maisons colorées remarquables. Là aussi, il y a plusieurs églises. Nous avons eu la chance que l’une d’elles soit ouverte pour aller voir l’intérieur. En effet, elles sont en général fermées. Elles sont dédiées à une communauté. L’intérieur de celle que nous avons visité était superbe. C’est l’église St Jean de rite anglican fondée en 1753 mais qui fut reconstruite en 1871 pour arriver à l’aspect d’aujourd’hui. Il y a également à proximité l'église presbytérienne St Andrews, l'église évangélique luthérienne et l'église unie centrale. Cette dernière est née de la fusion de l'église méthodiste et de l'église unie du Canada. Ces différentes églises liées à des communautés différentes nous interpellent.

Eglise St Jean
Eglise évangélique luthérienne
Eglise presbytérienne
Eglise Unie Centrale
Palais de justice
Lunenburg 

Après avoir sillonné plusieurs rues avec ses belles maisons colorées, nous arrivons sur le port au niveau du musée de la pêche où nous découvrons la riche histoire du site.

L'histoire de Lunenburg

Le site a été habité par des Mi'kmaq et ensuite par des Acadiens dès 1610, mais un siècle plus tard suite aux traités d'Utrech (1713), le territoire devient l’actuelle Nouvelle-Écosse. Répondant à une publicité du gouvernement anglais lancée en 1749, environ 2 700 protestants étrangers s'établirent à Lunenburg en 1753 dans le but de remplacer les Acadiens catholiques d'origine française et les Mi'kmaq. Lunenburg devient la deuxième colonie britannique en Nouvelle-Écosse après Halifax. Les habitants de Lunenburg étaient en majorité d'origine allemande. La couronne britannique encourageait des protestants étrangers à s'établir dans la région pour la peupler et éviter le retour des Acadiens catholiques.

Lunenburg fut un port maritime et un centre de construction navale important. Le musée sur la pêche était fort intéressant bien que beaucoup d’informations étaient en anglais. Il est installé dans une ancienne usine de transformation du poisson située sur les quais.

La pêche à la morue

Un panneau présentait l'âge d'or des morutiers sur les bancs de Terre neuve dans les années 1870. Cette pêche se faisait à partir de petite embarcation, le doris apprécié pour sa bonne tenue en mer. De plus, il pouvait transporter de lourdes charges. La morue était un poisson très prolifiques. Les jeunes vivant en surface se nourrissent de zooplancton, de vers et d'animaux minuscules, les adultes vivent en profondeur et se nourrissent de crabes, de palourdes et autres coquillages ainsi que de petits poissons comme le hareng. Pour les hommes, la morue est appréciée pour sa chair tendre.

Un autre panneau mettait en avant l'effondrement de la pêche de la morue sur la côte Est du canada. Avec l'avènement du chalutage et le nombre de pays pratiquant la pêche à la morue, la pression exercée sur les stocks de pêche augmente rapidement. En 1991, les stocks de morues sont dévastés. L'année suivante, le gouvernement du canada déclare un moratoire sur la pêche à la morue du Nord. Les réductions imposées mettent au chômage près de 40 000 pêcheurs et travailleurs d'usine de poisson occasionnant le plus vaste licenciement industriel de l'histoire du canada. Malgré ces mesures, l'avenir sur les stocks de morue reste encore très incertain. Une évaluation réalisée il y a 5 ans prévoyait même une extinction de cette espèce car les jeunes morues ne survivent pas au-delà de 5 ans probablement mangés par les grands troupeaux de phoques gris de la région.

Les Mi'kmaq et la pêche

Une partie de la visite portait sur les Mi'kmaq et la pêche. Ces informations étaient en anglais, en français et en langue Mi'kmaq. Pendant plus de 13 500 ans, les Mi'kmaq ont vécu à Mi'kma'ki, leur territoire ancestral englobant la Nouvelle Ecosse, l'île du Prince Edward ainsi qu'une partie du Nouveau Brunswick, du Québec, de Terre neuve et du Maine. La pêche a toujours été une activité essentielle. Les autochtones montaient des campements saisonniers au bord de la mer, des rivières et des lacs pour profiter des richesses halieutiques. Cette abondance de poissons a attiré des pêcheurs européens qui furent dans un premier temps bien accueillis par les Mi'kmaq. Des liens commerciaux et personnels se développent et se solidifient avec les colons européens (les Acadiens) au début du 17ème siècle. Lorsque les Britanniques prennent l'Acadie à la France en 1713, des traités de paix et d'amitié sont signés dès 1725 qui précisent les droits et les obligations réciproques de chacun. Dans le traité, les Britanniques reconnaissent des droits de chasse et de pêche ainsi que d'autres droit concernant la terre si les mi'kmaq cessent les hostilités mais tout change à mesure que de nouvelles vagues de colons arrivent et que les ambitions des Britanniques pour sa nouvelle colonie grandissent.

L'arrivée des Planters, des loyalistes et d'autres colons européens engendre de nouvelles menaces pour le mode de vie des Mi'kmaq. Les planteurs fermiers et pêcheurs (environ 8 000) venant de la Nouvelle Angleterre sur l'invitation du gouvernement de Nouvelle Ecosse s'installent sur les riches terres des Acadiens déportés en ce qui concerne les fermiers alors que les pêcheurs reçurent des terre près des côtes. Ce premier groupe d'immigrants (1759 - 1768) fut suivi par un autre groupe, les loyalistes (environ 30 000 dont 3500 noirs) quittant la nouvelle Angleterre dès la fin de la guerre d'indépendance en 1783. Avec ces arrivées, les Mi'kmaq ne peuvent plus atteindre librement leurs campements de pêche saisonniers. Et c'est à la fin du 18ème siècle que les relations se détériorent lorsque la colonisation britannique commence à exercer une pression accrue sur les terres et les ressources.

La création du système des réserves ne font qu'accentuer les problèmes. Les Mi'kmaq ont besoin d'un permis pour sortir de la réserve pour aller chasser et pêcher. Leurs chefs adressent des requêtes aux gouvernements coloniaux pour faire respecter les droits issus des traités, des droits qui n'ont jamais été éteints mais les droits issus des traités ne sont toujours pas respectés. Dans les années 1920, les Mi'kmaq entament des efforts collectifs et concertés autant devant les tribunaux qu'à l'extérieur du système judiciaire pour obtenir la reconnaissance et le respect de leurs droits.

Les Mi'kmaq continuent de lutter pour la pleine reconnaissance et la mise en œuvre de leurs droits issus des traités lorsqu'en 1969, la politique indienne du gouvernement du canada a tenté d'éteindre les droits des peuples autochtones issus des traités. Le droit de pêche est mis en avant lors du procès d'un autochtone qui a été arrêté pour avoir pêcher de l'anguille hors saison près d'Antigonish.

Rappel des faits cités lors d'une autre étape : En 1999, la Cour suprême du Canada confirme les droits à Donald Marshall, et par extension à tous les Mi'kmaq, de pouvoir s’assurer une « subsistance convenable » grâce aux droits de la chasse et de la pêche. Ce dernier avait été reconnu coupable en 1996 de pêche hors saison, mais la cour a statué que les traités de paix et d’amitié signés en 1760 et 1761 leur garantissaient ces droits.

"Nous sommes à notre place sur cette terre, nous allons vivre sur cette terre et nous allons rester sur cette terre" (déclaration des Mi'kmaq en 1999).

Les pratiques traditionnelles, telles que la pêche à la fascine font ressortir l'ingéniosité des Mi'kmaq et leur profonde connaissance du monde naturel. Ils pratiquaient la pêche à longueur d'année. Ils connaissaient le lieu où se trouvaient les espèces et le moment propice pour les pêcher. Ils harponnaient des mammifères marins et de gros poissons à bord de canots océaniques à hautes parois grâce à leur connaissance des vents, des vagues et des conditions climatiques. Par ailleurs, ils capturaient avec un harpon les saumons emprisonnés dans les fascines, sorte de pièges consistant à créer une obstruction dans l'eau pour capturer du poisson ou bloquer son passage. Pour cela, ils se servaient d'une grande variété de matériaux (pierres, bois...) et de stratégies basées sur leur remarquable compréhension de l'habitat et du comportement des poissons. Cette pêche était cyclique favorisant le renouvellement des ressources.

Le territoire Mi'kma'ki étaient entouré d'eaux côtières, de lacs et de rivières. Pour se déplacer et survivre, ils ont dû concevoir un moyen de transport pouvant naviguer autant dans les eaux agitées au large des côtes que dans les rapides intérieurs peu profonds tout en faisant du portage. Le canot en écorce de bouleau était une solution idéale. Les mi'kmaq construisaient 4 types de canots : le canot de chasse pour naviguer dans les ruisseaux peu profonds, le canot pour les grandes rivières, le canot océanique et le canot de guerre semblable au canot océanique mais construit pour la vitesse. Les Européens ont découvert avec étonnement la qualité du travail des Mi'kmaq dans la fabrication des canots et les matériaux utilisés.

La pêche des Mi'kmaq aujourd'hui ressemble à la pêche des non autochtones mais ils continuent de valoriser les connaissances et les méthodes de pêches traditionnelles ancestrales et de s'en inspirer. Les pêcheurs Mi'kmaq travaillent fort pour ramener la pêche au cœur de leurs communautés et aident à faire avancer la science pour comprendre comment maintenir une ressource productive et durable en accord avec leur fort attachement qu'ils ont à la terre et les uns aux autres.

Dans cet esprit de coopération et de préservation des ressources, on peut citer Charlie-Joe Dennis

La construction navale à Lunenburg

Une autre partie de la visite concernait la construction navale et l'architecte William Roue qui a conçu de nombreuses sortes de bateaux mais il est surtout célèbre grâce à la goélette Bluenose. Un autre panneau présente le capitaine Angus Walters, réputé bon pêcheur mais aussi bon navigateur. Il a participé en 1920 à une course internationale des pêcheurs mais le mât de pointe avant de sa goélette s'est brisé. Il a donc perdu la course alors qu'il avait de l'avance. C'est suite à cette défaite que la goélette Bluenose a été construite et qu'elle a gagné par la suite de nombreuses courses avec son capitaine. Ce bateau a été construit à Lunenburg Chez Smith et Rhuland Shipyard, entreprise créée en 1900 et réputée pour sa capacité à construire des navires de qualité. Le Bluenose était avant tout un bateau de pêche mais la goélette était célèbre pour ses courses. En 1933, il a représenté le Canada pour l'exposition universelle de Chicago. Elle a été vendu ensuite aux américains en 1942 et a été utilisé comme navire de charges. Elle a coulé en 1946. Au niveau du port, on peut apercevoir Bluenose II, une réplique de la célèbre goélette.

Bluenose II
Le musée
 Le port et le musée

L'industrie de la pêche à Lunenburg va de 1870 à 1940. La pêche se pratiquait sur les bancs de Terre neuve, des plateaux sous-marins.

La visite comprend également la visite de la dernière goélette Theresa E Connor. Nous avons pu monter sur ce bateau de pêche et voir l’aménagement intérieur.

La goélette Theresa E Connor
La goélette Theresa E Connor 
 L'intérieur de la goélette

Le temps passe vite, nous revenons vers notre stationnement et partons à la recherche d’un hébergement. Nous avons vu qu’il y a possibilité de cabines au camping de Bridgewater. A la différence de notre premier essai, nous avons l’électricité et l’éclairage avec même un petit chauffage d’appoint. Nous avons des draps, des oreillers et une couette. Par contre pour la vaisselle, c’est un évier à l’extérieur. Quant aux sanitaires, ils sont juste à côté. C’est très bien car en soirée il a plu.

Il a plu toute la nuit. Heureusement que nous étions à l’abri dans la cabine. Nous quittons le camping vers 9H mais notre visibilité est très limitée avec la bruine.

LaHave : Fort Point

Nous allons jusqu’à LaHave où se trouve le Fort Point Muséum qui est fermé. Il présente une exposition sur les débuts de la colonie et l’histoire régionale. Situé sur un point pittoresque à l'embouchure de la rivière LaHave, le site offre une vue sur l'océan. Ce lieu historique national fut la première capitale de la Nouvelle France en 1632, marquant ainsi le début de l'histoire acadienne au Canada avant d'être transféré à Port Royal. Le bâtiment pittoresque qui se trouve sur place était autrefois la maison d'un gardien de phare et fait partie du patrimoine des phares de la Nouvelle-Écosse.

Les Mi'kmaq voyageaient fréquemment le long de la rivière en canots d'écorce de bouleau et avaient plusieurs établissements saisonniers le long de ses rives. Des objets, datant de plusieurs milliers d'années, utilisés par des Mi'kmaq ont été retrouvés le long de la rivière. Les Mi'kmaq ont continué à utiliser la rivière comme voie navigable pendant plusieurs années après l'installation des Européens le long de ses rives, même si leur mode de vie devenait de plus en plus difficile à maintenir. La rivière plus tard est devenue un important centre d'exploitation forestière et de construction navale. Elle est depuis devenue une zone populaire pour la pêche au saumon de mi-mai à début juillet.

Fort Point Museum 

LaHave Islands

Nous poursuivons jusqu’à Crescent Beach. A l’origine c’est un cordon dunaire à l’arrière duquel a été construit une route qui relie plusieurs îles faisant partie d’un ensemble des « LaHave Islands ». Nous allons jusqu'à la dernière île reliée où se trouve l'église anglicane. Nous faisons quelques photos dans un premier temps avec la brume qui s’allège peu à peu. En faisant une photo, je m’avance sur une roche en oubliant qu’elle est humide, je glisse et tombe lourdement sur les fesses. La chute a été douloureuse et j’ai une grande gène pour marcher.

L'île de l'église - Bell Island - Jekings Island 
Le port de Bush Island et vues sur le chapelet d'îles non reliées 
Au niveau du cordon dunaire avec d'un côté des prés salés et de l'autre Crescent Beach
Sur la route en allant à Liverpool  

Liverpool

Nous avons ensuite rejoint Liverpool en passant par la route 3. A Liverpool, nous allons directement voir le phare Fort Point construit en 1855. C'est l'un des plus anciens phares encore debout et rénové. Liverpool est avant tout un port. C'est un centre de pêche important dès 1670 mais ce n'est qu'en 1759 que les colons de la Nouvelle Angleterre s'y installe. Pendant la révolution américaine au 18ème et au début du 19ème siècle, c’est un lieu fréquenté par les corsaires au service de l’Angleterre. Ils s’attaquaient aux navires ennemis des anglais. Nous allons jusqu’au phare Western Head qui n'a pas été rénové.

Phare de Fort Point
Phare de Western Head
Les phares de Fort Point et de Western Head 

Port Mouton

Nous quittons Liverpool pour rejoindre le parc national Kejimkujik bord de mer. Nous suivons le GPS qui nous amène à Port Mouton et à la très belle plage de Caters beach où se trouve l’estuaire de Caters river.

La plage de Caters
Caters river
L’estuaire de Caters river
Caters beach et l’estuaire de Caters river 

C’est un très beau site avec une plage de sable blanc mais nous ne pouvons pas rejoindre le parc national. Il faut faire demi-tour. Nous apprécions, cependant, cette erreur car elle nous a permis de découvrir ce site remarquable.

Le parc national Kejimkujikbord de mer

Nous reprenons la route mais cette fois vers Port Joli et l’aire d’entrée du parc national Kejimkujik bord de mer. Il y a également à l'intérieur des terres le parc national Kejimkujik et le site historique. Il est déjà 15H30. C’est trop tard pour faire une randonnée. Et puis, vu mes difficultés à marcher ce n’est pas raisonnable. C’est dommage. A partir du parking, il y a 2 sentiers, le premier long de 2,6 km aller et le deuxième représentant une boucle de 5,2 km auquel il faut ajouter 2,6 km d’accès aller retour.

Vue du parking 

Il est temps de chercher un hébergement et pour moi ce soir, il n’est pas envisageable de dormir en toile de tente à cause de l’humidité ambiante et surtout à cause de ma chute.

Nous passons à Lockeport, un bourg de pêcheurs qui se trouve sur une presqu’ile car la route digue se situe derrière un cordon dunaire où s’appuie une plage.

Le port de Lockeport 
Sur la route en allant à  Shelburne

Nous n’avons toujours pas trouvé d’hébergement. Nous rejoignons Shelburne où nous trouvons un motel fort sympathique en limite de forêt pour un montant correct. Nous sommes accueillis par un groupe de biches.

Shelburne

Nous quittons le motel « Wildwood » vers 9H et avant de quitter la ville de Shelburne fondée en 1783, nous longeons la rue Street Docks avec ses constructions anciennes et ses musées fermés le week-end.

Il y a le Dory Shop Museum situé dans les anciens bâtiments de l'usine de fabrication des doris, petit bateau de pêche côtière, beaucoup utilisé pour la pêche à la morue. Dans ces locaux, plus de 50 000 doris ont été construits depuis son ouverture en 1887 jusqu'à la fin de son activité en 1971 lorsque les bateaux de sauvetage sont devenus gonflable. Son activité avait nettement ralenti dès 1950 mais au début de leur activité, il y avait une grande concurrence avec 7 magasins de doris à Shelburne.

Il y a le musée du Comté de Shelburne qui présente toute l'histoire de la région avec ses habitants allant des Mi'kmaq, aux acadiens, aux loyalistes noirs... et ses activités orientées vers la construction navale et la pêche.

Sur les quais

Nous essayons de repérer le Ross-Thomson House et Store Museum, une maison doublée d’un magasin général de la fin du 18ème siècle mais il n’est pas ouvert durant le week-end. Dommage cela nous aurait intéressés. Il y avait aussi un moulin et en contrebas un garage. Globalement, nous avons beaucoup aimé l’ambiance de ce bourg avec ses belles maisons et surtout ses bâtiments liés à l'activité de la ville du 19ème siècle.

Ross Thomson House Museum
Ross Thomson House Museum
le moulin et la garage

Un peu plus loin, nous allons jusqu’au phare de Sandy Point qui se trouve dans la baie de Shelburne.

Le phare de Sandy Point dans la baie de Shelburne

Nous prenons ensuite la direction de Barrington, à l’origine village de Baccaro construit en 1761 et détruit par les Britanniques lors du Grand Dérangement.

Sur la route, nous longeons une forêt aux belles couleurs automnales mais cela ne dure pas, nous passons plusieurs kilomètres de forêt brulée à l’exception des zones habitées.

Barrington

A Barrington, nous visitons un moulin à laine construit en 1882. En fait, il s’agit de 2 bâtiments, chacun établit sur une des rives de la tumultueuse rivière de Barrington. L’un pour la farine et le cardage de la laine et l’autre pour le travail de la laine et le tissage, le tout actionné par des turbines à eau. Aujourd’hui il ne reste que le bâtiment du travail de la laine et du tissage mais dans ce musée sont présentées les machines de cardages de l’autre moulin détruit.

Le moulin de Barrington 

Par ailleurs, nous allons voir le « Old Meeting House Museum, qui servait à la fois de lieu de cultes pour différentes confessions et de point de rencontre pour les civils. A proximité, se trouve le phare de Barrington.

Barrington 
Phare Baccaro


Nous continuons la route des phares en faisant un détour par la pointe de Baccaro où se trouve le phare du même nom.

En remontant vers Barrington entre Baccaro et Port la Tour, nous faisons plusieurs arrêts. Un premier arrêt pour voir la grande plage qui se situe sur un cordon dunaire éloigné de la côte. Le second arrêt près de la côte sur le site de Fort Creek Park.



Sur le cordon dunaire relié à la côte par la plage de galets
Fort Creek Park 
Vue d'ensemble

L'île de Cap Sable

Nous poursuivons jusqu’à Cape Sable Island après avoir passé un pont jetée d’un kilomètre. Nous allons jusqu’à Hawk Beach où l’on peut voir à marée basse les vestiges pétrifiés d’une ancienne forêt datant de 1300 ans. Pas de chance, nous y étions à marée haute. C’est aussi une zone d’observation des oiseaux. Quant au phare de Cap Sable, nous le voyons de loin. C’est le plus haut de la province.

La plage au Nord de la plage de Hawk 
Pluvier grand gravelot
Le plage de Hawk 
Le phare de Cap Sable de la plage de Hawk 

Dans le village de Hawk Point, nous avons croisé à plusieurs reprises des cerfs de Virginie.

Cerfs de Virginie 
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Nous reprenons la route pour revenir sur Barrington et poursuivre jusqu’à Pubnico. Nous entrons dans la province acadienne.

Nous sommes dans la municipalité du district d'Argyle, comté de Yarmouth. La géographie de la région est souvent comparée à une main. Les péninsules sont les doigts et les terres de l'intérieur la paume. " La côte sud-ouest de la Nouvelle-Écosse est le littoral le plus découpé que l’on puisse imaginer. Une myriade de petites îles, de caps et d’anses autour des cinq avancées terrestres principales qu’on appelle ici les 5 doigts. Une main tendue vers l’océan et des habitants qui s’appellent eux-mêmes «les fermiers de la mer». Nous sommes au pays des îles dentelles, dans la région d’Argyle, au sud de la ville de Yarmouth, à une heure de route de la Baie Sainte-Marie. Nous sommes à Pubnico."

Pubnico

Pubnico est le berceau de l'Acadie. Aujourd'hui, c'est le plus grand port de pêche de la côte atlantique du Canada et la première ferme éolienne de la Province. Pubnico, c'est six zones réparties autour d'une grande baie longue d'environ 15 km.

Le site du village historique acadien de la Nouvelle Ecosse se situe à Lower West Pubnico alors que le musée des acadiens est à West Pubnico. Que ce soit le musée des Acadiens ou le village historique, ces sites sont fermés. Par contre, nous pouvons entrer sur le site du village qui surplombe la baie et ses îles et donc aller voir de l'extérieur les bâtiments. Sur le site du village à défaut d'avoir l'animation présentant la vie du village, nous pouvons trouver quelques informations sur le village. De plus, nous avons accès au phare d'Abott's Harbour. A l'origine, le phare était une lanterne sur un mat sur l'île d'Abott's Harbour puis il est devenu un phare construit sur le continent au niveau du port de l'autre côté de la presqu'île en 1922. Et en 2004, il a été transféré sur le site du village historique où nous le découvrons.

 Le phare d'Abott's Harbour (déplacé)

Mais revenons à l'histoire de Pubnico fondée en 1653. Pubnico (Pobomcoup) est le plus ancien village acadien encore occupé par les descendants de son fondateur, le baron Philippe d'Entremont. Ici la colonisation a été interrompue par la déportation des Acadiens pendant la période de la guerre de 1755 à 1763 au cours de laquelle les Acadiens ont été expulsés de la Nouvelle Ecosse. A la fin du conflit, certains acadiens survivants de Pubnico sont revenus d'exil pour s'installer le plus près possible de leurs terres d'origine.

A l'entrée du village historique, on peut voir une statue de Philippe d'Entremont

Vers 1650 le gouverneur d’Acadie, Charles de Saint-Étienne de la Tour, invite Philippe d’Entremont, dont la généalogie ascendante est inconnu, à devenir commandant des troupes du roi. Trois ans plus tard le gouverneur lui octroie le titre de baron et lui offre, en guise de prestations en nature pour services rendus, une seigneurie là où il le souhaite. Ce dernier choisit alors de s’établir à « Pogomkook », un lieu appelé ainsi par la Première Nation Mi’kmaq et signifiant "un endroit où en hiver on peut aller pêcher les anguilles dans le port en creusant des trous dans la glace". L’appellation française devient « Pobomcoup ». Puis avec l’arrivée des Anglais les lieux sont rebaptisés « Pubnico ». D’Entremont joue un rôle primordial dans l’histoire de la colonie par ses compétences administratives et du fait qu’il fut l’un des rares seigneurs acadiens à mettre en culture des terres incultes. Plusieurs familles de Port-Royal s’installent sur son domaine contribuant à former une communauté où la pêche devient prédominante. Le baron érige son château féodal près de l’entrée du havre servant de port, sur une péninsule longue d’une douzaine de kilomètres qui protège les goélettes des vagues de la mer. Sa résidence prend le nom de « La Baronnie de Pobomcoup ». La seigneurie reste entre les mains de la famille d’Entremont jusqu’en 1758, année de la déportation des gens de la région.

Ouvert en 1999, le village historique acadien de la Nouvelle Ecosse met en avant la richesse du patrimoine, de la langue, et de la culture acadienne de la région à partir de 8 bâtiments historiques provenant des communautés avoisinantes. Ils ont été déplacés, restaurés et meublés avec des objets d'époque. Des personnes habillées en tenue de la période 1900 mettent en lumière les traditions d'un village de pêche acadien, ses outils et son savoir faire. C'est ainsi que l'on peut voir dans la zone des marais salés, une barge de foin salé qui permettait au bétail de ne pas mourir de faim en attendant la première récolte.

La barge de foin salé
La côte et les prés salés 

Les années 1900 sont une période où les communautés acadiennes en Nouvelle Ecosse sont florissantes grâce à l'industrie prospère de la pêche, de la construction navale et d'un peu de l'agriculture.

Reproduction d'un chantier naval et d'une usine de poisson
L'usine de poisson
Cabane de pêche
La zone liée à l'activité pêche 
Le village 
Vues sur la baie 

Un panneau donne une information sur l'origine des Acadiens. La plupart des Acadiens venus coloniser l'Acadie dans la première moitié du 17ème siècle étaient de descendance française, de foi catholique contrairement aux autres colons européens en Amérique du Nord. Ils développèrent de bonnes relations avec les Mi'kmaq. Ces derniers adoptèrent le catholicisme et il y eut des mariages entre les deux peuples ce qui aida à créer des liaisons étroites. Les communautés acadiennes étant isolées de toute administration française puis anglaise devinrent de plus en plus auto-suffisantes grâce à l'agriculture, au commerce et à la pêche. L'identité acadienne aujourd'hui est enracinée dans un attachement profond aux histoires de familles dans le rappel et la célébration du passé.

Qu'est ce que l'Acadie ? Il n'existe pas une seule définition car cela dépend de l'époque et des avis personnel de chacun. Au 17ème siècle et début du 18ème siècle, l'Acadie correspondait plus ou moins aux lieux où il y avait des colons français c'est à dire la Nouvelle Ecosse, le Sud du Nouveau Brunswick et le Nord du Maine. Après 1713 jusqu'au début des années 1750, plusieurs Acadiens déménagèrent dans les régions françaises à savoir la région de Chignecto, L'île St Jean (L'île du prince Edouard) et l'île Royale (lîle du Cap Breton). Pendant la déportation des deux tiers des Acadiens de 1755 à 1762, un tiers s'échappa ou se cacha. A la fin de cette tragédie, plusieurs Acadiens retournèrent dans les provinces maritimes mais eurent rarement la liberté de s'établir là où ils étaient auparavant. La région de Pubnico fut l'une des rares exceptions. L'explication se trouve au musée. Il se pourrait au vue de mes lectures que lorsque les acadiens sont revenus en Nouvelle Ecosse, ils n'avaient pas le droit de cultiver des terres, ils se sont donc installés sur les côtes et ont pratiqué la pêche. Or dans la région de Pobomcoup avant le grand dérangement, l'activité de la pêche était dominante.

Le site du village reconstitué se situe en surplomb du bord de mer et c'est une des raisons de cette réimplantation dans la région, les Acadiens ayant un lien très fort avec la mer que ce soit dans le passé ou aujourd'hui. La mer et l'abondance de nourriture qu'elle offre représente le coeur économique de la région de Pubnico. La deuxième raison est l'importante présence de la religion catholique. Les prêtes et les religieuses furent des forces en éducation, en développement économique, en santé, et en solidarité communautaire.

Pubnico Ouest ne compte qu'environ 2000 habitants mais le port abrite plus d'une centaine de navires de pêche au homard.

Enfin avec les informations figurant sur le mémorial, on peut retracer l’histoire de l’Acadie à Cap-Sable.

L'Acadie de Cap-sable s'étendait de Chegoggin, au Nord de Yarmouth jusqu'au passage à Barrington et l'île de cap sable. Cette région a connu 3 déportations : en 1756, les acadiens du Passage sont déportés à Boston. En 1758, 9 familles de Chiggogin sont transportées à Halifax puis déportées au Havre en France. En 1759, 152 personnes de plusieurs villages dont celui de Pomboncoup ayant fuis les soldats britanniques ont été capturées et déportées à Cherbourg en France. En 1767, des familles reviennent mais leurs terres sont occupées par des colons britanniques. Ils s’installent dans les environs. D’autres familles se joignent à eux. Ils vont alors développer la pêche, la construction navale, le cabotage et la navigation au long court.

L’autre panneau parle du Grand Dérangement. L’Acadie fondée en 1604, est convoitée pour sa situation stratégique. Elle est cédée en 1713 par les français aux britanniques et devient Nouvelle Ecosse. La fondation d’Halifax en 1749 entraine l’exode d’une partie de la population acadienne vers les territoires français. Ceux qui restent sont perçus comme une menace par les autorités britanniques qui vont commencer dès 1755, leurs expulsions fragmentant familles, communautés, confisquant leurs terres et leurs biens. C’est le grand dérangement. Près de 10 000 personnes sont entassés dans les bateaux vers les colonies anglo-américaines, vers la France et l’Angleterre. D’autres échappent aux déportations en fuyant dans les territoires français. Plus de la moitié du peuple acadien périt en mer ou succombe à la maladie ou à la famine. En 1765, la Nouvelle Ecosse compte à peine 1600 rescapés, leurs terres fertiles sont désormais occupés par d'autres colons. Certaines familles acadiennes reviendront mais la plupart ne reverront jamais l’Acadie. Ils feront souche au Québec, en France ou en Louisiane où l’on retrouvera la culture Cajun. Cependant, le grand Dérangement n’aura pas réussi à effacer la présence acadienne de sa terre d’origine. Au canada Atlantique, l'Acadie est bien vivante, parle français et propose au monde une culture fière et dynamique.

A l'entrée de Pubnico West, nous pouvons voir un phare aux couleurs de l'Acadie. C'est en fait, le phare du Cap Ste Marie déplacé ici et complété par un bâtiment annexe.

Le phare du Cap Ste Marie

Finalement nous passons la nuit dans un motel à Pubnico. Nous avons mangé au restaurant un « Lobster roll », un sandwich au homard. C’était très bon.

Le soir
Le matin
Vues sur la baie en face du motel 

Sainte Anne du Ruisseau, la Pointe à Rocco, Tusquet,

Grand soleil quand nous quittons le motel de Pubnico à la découverte de la partie Nord de l'Argyle.

Sur la route vers Tousquet 

Nous suivons la route 3, nous découvrons un peu avant Tousquet (Tusket), l’église Sainte Anne du Ruisseau. C’est en fait le 3ème lieu de culte de la paroisse qui fut fondé en 1799. Le premier lieu de culte est une chapelle construite en 1784 à la Pointe à Rocco jusqu’à ce qu’une église soit construite sur le site actuel en 1808. En 1900, cette église détruite par un incendie dévastateur fut reconstruite sur le même site.

L'église Ste Anne du Ruisseau et la chapelle de la Pointe à Rocco 

A partir de Ste Anne du Ruisseau, nous allons jusqu'au site de la Chapelle de la Pointe-à-Rocco sur une petite presqu'île. Les débuts de la paroisse Sainte-Anne remontent à 1767, date du retour de l’exil des Acadiens qui s’établirent sur la péninsule de la Pointe-à-Rocco. Le site fut choisi en raison de sa proximité aux différents villages acadiens et de son accessibilité par la mer. La chapelle servait aux acadiens et aux Mi'kmaq. C’est dans cette même paroisse, que fut construite la première chapelle du comté de Yarmouth en 1784.

Au niveau de Tousquet, on peut voir le plus vieux palais de justice du Canada qui abritait également la prison. Construit en 1805, il comporte deux bâtiments l’un pour l’audience, l’autre pour les archives. Ce symbole de la loi et de l'ordre se retrouvait dans plusieurs petites villes d'Amérique du nord mais très peu ont survécu. En fait, le bâtiment des archives se trouvent dans ce qui était l'église méthodiste.

Le palais de justice
Les archives situées dans l'ancienne église méthodiste
Le palais de justice et les archives 

Sur ce site un panneau explique le monument dédié à ceux qui ont perdu la vie en mer en faisant référence à l'année 1879 désastreuse pour le comté de Yarmouth qui a compté 31 naufrages et 106 personnes disparues. Les navires perdus étaient parmi les meilleurs de la flotte de Yarmouth laissant dans le deuil des familles. Avant et après 1879, de nombreux hommes et femmes perdent la vie en mer. A ce jour, il y a plus de 2400 noms sur le monuments.

En quittant le bourg, nous passons la rivière Tousquet qui serpente sur 354 km reliant 176 lacs depuis le lac du même nom jusqu'à son embouchure où elle traverse un grand marais salé. Les marées remontent sur 24 km dans les terres. Pendant des milliers d'années, cette région a été une terre ancestrale parcourue par les Mi'kmaq. La colonisation européenne a commencé avec les Acadiens au début du 17ème siècle mais après leur déportation, les terres ont été concédées à des Planters (colons de la Nouvelle Angleterre) et des Loyalistes américains. Compte tenu de la densité de la forêt et de la richesse en eaux poissonneuses, les habitants le long de la rivière ont développé une économie basée sur l'exploitation forestière, l'exportation du bois en utilisant la drave sur la rivière pour le transport, la construction navale et la pêche commerciale.

Nous poursuivons vers Yarmouth que nous traversons rapidement pour rejoindre le Cap-Forchu érigé en 1840 sur un promontoire rocheux. Champlain avait baptisé l’endroit Cap-Fourchu en 1604 à cause des 2 pointes du cap. Les géologues pensent que des éruptions volcaniques sous marines il y a 450 millions d’années ont créé les falaises qui entourent Yarmouth. Un sentier aménagé autour du phare permet de découvrir le site. Les naufrages étaient fréquents le long du littoral et il a été décidé de construire une chaine de phare le long de la côte et c'est dans ce cadre qu'a été construit celui de Cap-Forchu. Nous retrouvons le même panneau qu'à Tousquet faisant référence aux nombreux naufrages. Le phare a été démoli en 1961 pour le remplacer par cette grande tour.

Le site de Cap Forchu 
Les bouées utilisées pour la pêche aux haomards
Le petit port de Cap Fourchu 

Les Français attirés par les zones de pêche et la traite des fourrures avec les Mi'kmaq ont construit des forts dans cette région. En remontant vers le Nord, de Meteghan à l’Anse des Belliveau, nous passons plusieurs villages acadiens où flottent de nombreux drapeaux acadiens. A la fin des années 1600, des acadiens vivaient près du Cap Fourchu mais en 1758 lors des déportations de nombreuses familles acadiennes se sont enfuies pour éviter de se faire capturer. Lorsqu’en 1961 ils reviennent, leurs terres ont été prises par les colons anglais, ils s’installent alors de chaque côté de Yarmouth dans les districts d’Argyl et de Clare.

Nous passons la grande plage de Mavilette au pied du Cap Ste Marie. Le phare est de construction très récente et pas très beau. Par contre, les falaises du cap sont superbes. Le cap est le point le plus à l'Ouest de la Nouvelle Ecosse continentale. Le Cap Ste Marie a été cartographié et nommé par l'explorateur Samuel Champlain.

La plage de Mavilette 
Le phare et le Cap Ste Marie 

Des familles acadiennes ont commencé à s’établir au cap Ste Marie en 1804. La mer au large du cap abondait en hareng, en morue, en maquereau et en plusieurs autres espèces de poisson. Ils transformaient leurs prises sur la terre ferme en salant, saumurant ou séchant le poisson. Les exportations de poisson et la construction de bateaux furent les sources principales de revenus dans le village, mais les villageois cultivaient également la terre et pratiquaient l’élevage et la cueillette. Dès 1888, un paquebot à vapeur reliait ce village isolé à d’autres ports le long de la baie, transportant des passagers, du courrier et des marchandises. A la fin du 19ème siècle, plusieurs pêcheurs ont adopté la pêche aux homards à l'aide de casiers en bois et de bouées.

Pour assurer la protection des marins, deux phares furent construits sur le promontoire au cap Sainte-Marie. Le phare original, remontant à 1868, fut une tour octogonale en bois d’une hauteur d'environ 13 m. Il a été remplacé en 1965 par un phare sur une tour carré en béton. Le phare original a été démonté et installé à Pubnico.

En remontant la côte, les falaises de Cap Ste Marie se prolongent jusqu'à Meteghan avec des hauteurs parfois d'environ 45 m. Ce terrain escarpé fait partie du système des montagnes appalachiennes. Cette région de la Nouvelle Ecosse fut le territoire des Mi'kmaq. Ils se déplaçaient au rythme des saisons occupants des campements boisés en hiver et des campements en bord de mer pendant les mois les plus chauds. Puis ce sont les Acadiens qui ont colonisé cette région à la fin du 18ème siècle. Les acadiens plaisantent souvent sur le cap Sainte Marie en disant "c'est là où on fabrique le brouillard ". C'est là où la baie Ste Marie et la baie de Fundy se rencontrent. La baie de Fundy étant connue comme un des endroits les plus brumeux dans le monde.

Le brouillard est simplement un nuage qui se forme près du sol. Au Cap Ste marie, les vents chauds et humides du Sud Ouest qui dominent rencontrent les eaux froides du Nord. Le refroidissement rapide de l'air au niveau de la mer génère le brouillard. Avant l'arrivée des systèmes de navigation par satellites, les bancs de brouillard étaient extrêmement dangereux pour les navires. Le brouillard obscurcissant la lumière, les phares le long de la baie de Fundy furent les premiers à utiliser la corne de brume. C'est pourquoi nous avons pu voir de nombreux monuments mémoriaux en hommage aux naufragés. Lors du Grand dérangement, de nombreux Acadiens perdirent la vie dans les naufrages des navires qui les déportaient. En 1758, 800 Acadiens déportés moururent lors du naufrage de 3 navires britanniques. Ce désastre figure parmi les accidents les plus meurtriers de l'histoire de la Royale Navy.

Nous passons devant l'église de Saulnierville et d'une maison dont la pelouse est occupée par des personnages dans le cadre de l'Halloween.

Saulnierville 

Puis, nous arrivons au sud du village de Church Point (Pointe de l’église) où se trouve l’église Ste Marie. Construite entre 1903 et 1905, elle est la plus haute église en bois de l’Amérique du Nord. Le clocher s'élève à une hauteur de 56m. Nous allons ensuite sur la côte, voir le phare de la Pointe. C'est en fait une réplique du phare original construit il y a plus d'un siècle mais qui a été détruit lors d'une tempête hivernale en 2014. Aujourd'hui, ce phare est un centre d'interprétation avec une terrasse d'observation .

Eglise Ste Marie
Phare de la Pointe
L'église Ste Marie et le Phare de la Pointe

Un peu plus loin, en descendant vers l’anse à Belliveau, un panneau raconte l’histoire du cimetière et de la chapelle de Pointe-à-Major en bordure d’une plage de galet. Le site est actuellement en travaux. Le cimetière a été la dernière demeure de certains acadiens sur les 120 hommes, femmes et enfants qui ont quitté Port Royal en petits bateaux de pêche pour fuir la déportation. Ils se sont cachés à cet endroit pendant l’hiver 1755 -1756 mais certains n’ont pas supporté le froid et la famine. Au printemps suivant, les survivants ont traversé la baie de Fundy jusqu'à la rivière St Jean. En 1768, le canton de Clare a été concédé à un groupe de déportés qui ont à leur tour utilisé le cimetière jusqu'en 1791. A la fin du 19ème siècle, la communauté a clôturé le cimetière et construit une chapelle. C'est maintenant un lieu de rencontre pour la communauté et un lieu de pèlerinage pour les descendants des Acadiens.

La plage de galet à l'Anse de Belliveau 

Parmi les réfugiés Acadiens de la Pointe-à-Major, il y avait deux frères Belliveau dont l'un est revenu s'installer en 1769. C'est ainsi que l'existence du cimetière a été transmise.

A proximité de ce site, le capitaine Doucet a établi une maison et un poste de traite. A partir de son navire, il faisait du commerce et apportait des fournitures essentielles aux habitants.

Un peu plus au Nord, nous arrivons à St Bernard dominé par son église. En 1910, les acadiens de la paroisse ont entrepris la construction en granit de cette grande église. La construction a été lente, la paroisse s'est endettée. La construction s'est arrêtée pendant la grande Dépression. L'église s'est finalement achevée en 1942. C'est l'une des plus grandes constructions en pierre du canada Atlantique.

Eglise de granit de St Bernard

Nous arrivons en soirée à Digby et nous nous installons dans une cabine avec des sanitaires, de l’électricité sur le camping Fundy Spray campground. Les aménagements du camping ont l’air assez vieillot mais la cabine est très confortable. C’est la plus confortable que nous ayons eu avec en plus un évier pour la vaisselle et une possibilité d’utiliser le réchaud de l’extérieur.

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Digby

A partir de Digby, nous arrivons dans la vallée d'Annapolis. Digby se situe entre la Baie Ste Marie et le bassin d'Annapolis. Ces deux zones sont parallèles à la baie de Fundy. La baie Ste Marie que nous avons longé depuis le Cap Ste Marie est séparée de la baie de Fundy par une presqu'île étroite de 2 à 3 km, prolongée par 2 îles, Long Island et Brier Island, l'ensemble mesurant environ 65 km. Quant au bassin d'Annapolis, c'est un vaste étendue d'eau parallèle à la baie de Fundy, une sorte de grande embouchure, ouvert sur la baie. L'emplacement du port dans cette zone est idéal. Ce bassin est alimenté par un ensemble de rivière dont la rivière Annapolis.

Le port de Digby 

Nous avons un grand soleil ce matin lorsque nous quittons le camping pour aller voir le port de Digby. Il y a de nombreux bateaux de pêches. Avant de rejoindre Annapolis Royal, nous faisons un détour à Bear River pour voir les maisons sur pilotis.

Bear River

L'sitkuk est le nom original de la communauté mi'kmaq de Bear River. L'histoire autochtone de Bear River est profondément enracinée dans la terre. Les Mi'kmaq sont présents depuis longtemps dans la région et ils appartenaient à la Confédération Wabanaki, un groupe des nations autochtones qui comprend les peuples Mi'kmaq, Malécite, Passamaquoddy, Abénaquis et Penobscot. Bear River était historiquement un lieu de rencontre pour la Confédération Wabanaki, où diverses nations se réunissaient pour commercer, partager des connaissances et entretenir des relations diplomatiques.

Bear River 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Acadiens se sont installés à Bear River, attirés par la terre fertile et les ressources naturelles abondantes. Les Acadiens ont développé une communauté agricole florissante, construisant des digues et cultivant le sol riche pour produire des cultures telles que le blé, le maïs et les pommes de terre. Aujourd'hui, l'influence acadienne est encore visible dans l'architecture de nombreux bâtiments autour de Bear River.

Au XIXe siècle, Bear River est devenue un centre d'activité de construction navale. Les navires construits à Bear River étaient connus pour leur qualité et leur durabilité. Ils étaient utilisés pour la pêche, le transport et le commerce. L'industrie de la construction navale a prospéré à Bear River pendant cette période, contribuant de manière significative à l'économie locale.

Nous rejoignons ensuite Annapolis Royal et le site du Fort Anne.

Annapolis Royal : Fort Anne

Le site, la vie des Mi'kmaq et leur rencontre avec les Européens

Le site comprend les fondations du fort de style Vauban construit par les Français en 1702, la poudrière et la reconstitution d'un des bâtiments du quartier des officiers. A l'intérieur du musée, de nombreux panneaux présentent toute l’histoire complexe du site ainsi que des explications sur la culture des Mi'kmaq. C’est une visite très intéressante et un endroit aujourd’hui paisible.

la reconstitution d'un bâtiment  du quartier des officiers

Fort Anne se situe sur l'escarpement qui domine la confluence des rivières Annapolis et Allain. L'endroit servait de campement aux Mi'kmaqs et à d'autres tribus autochtones qui voyageaient en canot de la baie de Fundy à la côte sud de la Nouvelle-Écosse, en parcourant les cours d'eau.

Les fondations du fort Anne 

Pour les Mi’kmaq cet endroit est Nme’juaqnek, "le lieu de poissons en abondance", une zone importante de pêche et un lieu de rassemblement central. Lorsque les Français ont navigué dans ce bassin, Samuel Champlain l’a baptisé Port Royal et lorsque les Britanniques ont pris le relais en 1710, ils l’ont renommé "Bassin d’Annapolis" et la ville "Annapolis Royal ".

La confluence entre les rivières Allain et Annapolis
Nme'juaqnek - le Bassin de Port Royal ou le Bassin d'Annapolis 
Annapolis Royal 

Pendant plus de 3 000 ans, les Mi’kmaq utilisaient ce site comme lieu de repos. Dans les années 1600 et 1700, l’endroit est d’abord le centre de la colonisation et du peuplement européens, avec l’établissement de colons dans la région nommée Acadie par les français et Nouvelle Ecosse par les Britanniques. A tour de rôle, les français et les britanniques y établissent leur capitale coloniale qu’ils protègent en construisant plusieurs forts.

Lorsque les européens se sont installés à Mi’kma’ki, ils ont choisi presque toujours de se rapprocher des communautés mi’kmaq. Les archives montrent de nombreuses communautés mi’kmaq dans La Hève (LaHave) et à Port Royal générant inévitablement des rencontres. Ce n’était pas par hasard que les français choisissaient ces deux premiers endroits.

Le site de pêche avec son système de barrage millénaire mi’kmaq sur la rivière Allain se situait à côté du fort de Port Royal. Les Mi’kmaq venaient récolter les nombreux poissons : le gaspareau au printemps et les anguilles à l’automne. Les groupes de familles se rassemblaient pour un travail coopératif intense.

Ce site est situé dans le Mi’kma’ki, la patrie des Mi’kmaq. Des données archéologiques montrent que leurs ancêtres vivaient ici il y a plus de 11 000 ans. Ces derniers ont partagé leur connaissance approfondie de ce territoire avec les nouveaux arrivants qui sont venus s’installer dans ce lieu. Mais c’est également le lieu où les Français et les Britanniques se sont battus au cours de deux siècles et c’est aussi le lieu où les Acadiens ont construit leurs vies et leurs communautés tiraillés entre les autorités françaises et britanniques et où les Mi’kmaq ont négocié et se sont battus pour défendre leurs modes de vie. Ce fort est devenu un point central pour les luttes européennes pour la domination Nord-américaine.

Le Mi’kma’ki englobe le vaste territoire de la Nouvelle Ecosse d’aujourd’hui, de l’île du Prince Edouard, de Terre Neuve, du Nouveau Brunswick, de la Gaspésie au Québec et du Nord-Est du Maine. Mi’kma’ki est divisé en districts : le district de Kespukwitk se situe au sud Ouest de la Nouvelle Ecosse. Les Mi’kmaq de ce district se réunissent à Kejimkujik entre la côte atlantique et la baie de Fundy, un lieu de rencontre pour fêter le milieu de l’hiver et les feux du conseil parmi beaucoup d’autres évènements. Pendant des milliers d’années, les Mi’kmaq ont utilisé les cours d’eau et les lacs pour se réunir pour des rassemblements spirituels, sociaux et politiques. Ils les utilisent également pour trouver de la nourriture et des matériaux pour leur subsistance.

La vision du monde et les modes de vie mi’kmaq sont ancrés dans la culture qui vénère l’interdépendance, la réciprocité et la reconnaissance. Tous les éléments de leur patrie sont connectés et vivants : les paysages marins et terrestres, les animaux et les plantes, les saisons et les cycles, le langage et les modes de vie mi’kmaq. La connaissance que les Mi’kmaq ont de tous ces éléments est très sophistiquée et détaillée. Les Européens ont compté sur leurs connaissances pour leur propre survie lorsqu’ils sont arrivés ici pour commercer et vivre il y a plus de 400 ans.

Les Européens et les Mi’kmaq perçoivent les animaux différemment. Pour les européens, c’est une histoire de marché, ils répondent à la demande de peaux de castors. Alors que les Mi’kmaq considèrent tous les animaux comme des relations. Les castors sont chassés pour la fourrure, la viande et les outils mais ils sont également importants dans les histoires mi’kmaq sur leur vision du monde.

Ils ont une autre vision du monde. L’attachement des Mi’kmaq à la patrie est l’une des différences avec les européens qui sont arrivés. Ils ne comprennent pas que les Européens ont abandonné la famille et la patrie. Pour les Mi’kmaq, la force c’est appartenir à un endroit, en le connaissant, en le gouvernant avec le respect de l’indépendance et du consensus et en protégeant le mode de vie enraciné.

Au cours des 17ème et 18ème siècles, les Mi’kmaq continuent de se déplacer selon les saisons. La vie reste inséparable de la terre et de ses saisons. Même s’ils se déplacent, ils continuent à avoir des interactions économiques, politiques et militaires avec les personnes vivant dans le fort.

La défense de leur concept Netukulimk* explique la paix relative et les diverses alliances avec les Français ainsi que les difficultés avec les Britanniques. Trois forces clés soutiennent les Mi’kmaq lorsqu’ils cherchent la coexistence avec les Français et les Britanniques : la défense de la patrie et des modes de vie sont prioritaires pour les Mi’kmaq. Cela diffère des Européens qui veulent conquérir de nouveaux peuples et de nouvelles terres. La souplesse, la résilience et la réconciliation permettent aux Mi’kmaq de gérer l’arrivée des Européens depuis les premiers contacts jusqu’à maintenant mais la nature du colonialisme européen perturbe la mobilité saisonnière, entrainent des conflits, des maladies, des vols de terre et des pertes de population. Enfin les Mi’kmaq sont une force politique et militaire.

* Associant les pratiques sociales et économiques aux systèmes de gouvernance mi’kmaq, le concept de Netukulimk est essentiel pour comprendre la vie et la prise de décisions des Mi’kmaq. Ancrée, dans les pratiques de réciprocité, de durabilité et de gratitude, Netukulimk est tout simplement le mode de vie des Mi’kmaq. Il détermine comment les gens recueillent les ressources, distribuent les aliments et les autres matériaux, récoltent en utilisant des méthodes durables et régissent leurs pratiques économiques.

Les Britanniques et les Mi’kmaq cherchent la paix afin de pouvoir vivre leur vie librement. Les traités ne concernent pas la terre. Ils concernent les gens et comment ils peuvent coexister à Mi’kma’ki. Les traités, confirmés à maintes reprises par la cour suprême du Canada, sont un héritage et une responsabilité durable pour tous les citoyens du Canada.

Les saisons rythment leur vie. Les familles se déplacent vers la côte pour le printemps et l’été, vivant à proximité des grands fleuves où le poisson, le gibier, les baies et les noix sont abondants. L’automne est une période très occupée : les familles mi’kmaq pêchent l’anguille et se prépare à se déplacer vers l’intérieur des terres pour la chasse d’automne et les camps d’hiver en famille. La fourrure des animaux devient plus épaisse et l’ours s’engraisse pour l’hiver. Les anguilles se déplacent en amont et sont piégées dans les barrages, fumées sur des plates-formes, puis entreposées comme provisions pour l’hiver. C'est le temps du rut, puis le temps de l’engraissement des animaux, suivi du temps des rivières qui commencent à geler. C'est la période où les Acadiens récoltent. La nourriture est abondante et les Acadiens et les Mi’maq coexistent pacifiquement. Un tableau montre leur réunion à la préparation d’un repas.

Réunion entre Acadien et Mi'kmaq lors de la préparation d'un repas 

L’hiver apporte ses propres types de récolte et de collecte. La pêche sur glace, la chasse et le piégeage étaient des activités primaires fournissant des aliments tels que la viande d’orignal, l’huile de phoque, le poisson frais et les anguilles. A la fin de l’hiver, l’acériculture (la culture des érables et par extension la fabrication du sirop d’érable) commence. Le Printemps, c'est le temps du sirop d’érable, puis le temps de "oiseaux-pondent-œufs" et de "grenouilles-croassent". Leurs connaissances écologiques permettent d'organiser la vie pour récolter l’écorce, pêcher le gaspareau (sorte de harenf), harponner les anguilles et faire la chasse à l’orignal et à l’ours au bon moment et au bon endroit.

Le peuple tient régulièrement des mawio’mi ou rassemblements pour célébrer, rendre une visite et partager. Le mawio’ni est une rencontre unique où ils partagent leurs connaissances, leurs traditions, leurs histoires, des chansons et des danses. Pendant cette rencontre, ils tiennent également des cérémonies, mènent des activités et s’occupent des questions de gouvernance.

Les histoires de la vie quotidienne et les longues nuits d’hiver sont parfaites pour le partage et la célébration. Les cérémonies pour la réconciliation, les actions de grâce et les nouvelles années se produisent pendant les lunes d’hiver. La fête du milieu de l’hiver se produit après la première lune. Au cours de la fête, les gens remercient tous les esprits mais surtout le grand esprit pour les bénédictions de la vie, de la santé, de la subsistance et des privilèges de la vie communautaire.

Depuis des millénaires, les langues autochtones (plus de 70 langues) nomment tout ce qui vit et tout ce qui nous lie. Elles nous parlent de la nature et de ses éléments. Parcs Canada honore ces legs précieux et protège de nombreux lieux où l’on peut entendre les langues des premières nations, des métis et des inuit.

L'histoire de la colonisation

Les Français avec Pierre Dugua de Mons originaire de Royan accompagné par son cartographe Samuel de Champlain originaire de Brouage arrivent en 1604 dans la région et nomme le bassin "Port royal" (aujourd'hui Bassin d'Annapolis). C'est comme une large embouchure de plusieurs rivières dont les rivières d'Annapolis et d'Allain. Au cours de l’été 1605, ils installent leur poste de traite de fourrures sur les rives du bassin d'Annapolis et plantent du blé à l'emplacement du Fort Anne. Mais dès 1613, une expédition de colons anglais de la Virginie incendie la colonie et c’est le début des conflits entre l’Angleterre et la France. En 1629 , les écossais construisent le fort Charles à l’emplacement du fort Anne mais sont expulsés en 1632 lorsque l’Angleterre cède le territoire à la France.

Les colons français remplacent les Ecossais. Charles de Menou d’Aulnay est chargé d’y faire prospérer une colonie. Les pionniers s’établissent à différents endroits en bordure de la rivière Dauphin (aujourd’hui la rivière Annapolis). Ils y instaurent une forme particulière d’agriculture, encore pratiquée aujourd’hui. En construisant des digues et des sortes de canalisations appelées « aboiteaux », empêchant l’eau de la mer d’inonder les marais. En deux ou trois ans, la pluie débarrasse la terre des zones endiguées du sel, et ce processus transforme les marais en terres agricoles fertiles. Ce groupe de pionniers français est devenu le peuple acadien. Dès les années 1630, le nom Port Royal désigne le village qui englobe la région s’étalant sur plusieurs kilomètres en amont du bassin (aujourd’hui le bassin Annapolis) jusqu’à ce qui est aujourd’hui la ville d’Annapolis Royal. Dès le début du 18ème siècle, près de 600 Acadiens sont établis à Port Royal.

En 1636, Charles de Menou d’Aulnay détient le commandement de la Hève (Lahave) et de Port Royal. Il amène un groupe de colons de la Hève. Il convoque ensuite des aventuriers de la France pour commencer à édifier cette nouvelle communauté. Parmi ceux qui arrivent de France, on trouve des agriculteurs, des charpentiers, des meuniers, des paludiers et des viticulteurs. Avec un travail acharné, de la débrouillardise, la chance et les bonnes relations avec les Mi’kmaq de Nme’juaqnek, la jeune colonie grandit pour devenir la capitale de l’Acadie. En quatorze ans, il fait ériger des forts, des moulins et des écoles et se lance dans la construction navale. Il fut l’un des grands artisans du peuplement français.

Le premier fort est construit en terre en 1643. Il fait partie des défenses de Port-Royal, nouvelle capitale de l'Acadie.

La France nomme un gouverneur pour superviser la nouvelle capitale de l’Acadie. Il arrive avec des fonctionnaires, des ingénieurs et des soldats transformant Port Royal en une ville militaire. Malheureusement le soutien de la France diminue et il devient difficile de repousser les attaques britanniques.

Sous la direction d’Aulnay, le fort prend de l’expansion. Charles Menou d'Aulnay y érige le premier de quatre forts construits par les Français, en y intégrant, sans doute, des éléments du fort construit par les Écossais. Deux forts de fortune se succèdent ensuite à l’emplacement du fort érigé par d’Aulnay, puis, en 1702, les Français entreprennent la construction d’un fort au confluent des rivières Annapolis et Allain. Le fort est créée en forme d’étoile d'inspiration Vauban composé de quatre bastions reliés entre eux par des courtines, d’un ravelin et d’une batterie côté mer, faisant face à la rivière Annapolis. Les vestiges de ce fort à la Vauban constituent aujourd’hui le lieu historique national du Canada du Fort Anne.

De 1654 à 1697, la possession ne cesse de changer de mains.

Il faut dire que Port Royal est loin des autres colonies françaises mais proche de la Nouvelle Angleterre. Elle devient une cible de choix pour venger les attaques françaises du Québec sur les villes frontières de la Nouvelle Angleterre et un objet de marchandage utile dans les négociations des traités. Pourtant l’accès aux pêches abondantes attire mais aucun empire n’investit massivement dans la défense de cette capitale isolée.

Par contre, les Acadiens se sont profondément enracinés. Beaucoup sont dans la région de Port Royal depuis 3 générations et malgré les turbulences, certaines familles essaient de continuer et cela même lorsque les forces britanniques attaquent et prennent Port Royal. D’autres se détournent pour trouver de nouvelles zones pour construire des digues et cultiver les terres.

Bien que les Mi’kmaq se déplacent lors de leurs tournées saisonnières, ils continuent à interagir avec les personnes vivant au fort. Les conflits franco-britanniques affectent de plus en plus cette relation et leur mode de vie. Ils constituent une menace importante pour les Britanniques.

Jusqu’en 1710, la colonie de l’Acadie est gouvernée depuis cet endroit. Il sert alors de résidence au gouverneur français, à ses fonctionnaires et à sa garnison.

La période des conflits

Les anglais possèdent l’avantage du nombre mais au fort les Français ne se battent pas seuls.

Les Acadiens et les Mi’kmaq coexistent lorsque les Britanniques et les Français visent à conquérir la région. Les deux puissances européennes veulent faire plus que soutenir le commerce et l’exploration. Ils veulent agrandir leurs colonies Nord-Américaines. Port Royal subit les contrecoups de l’évolution de ces intérêts car elle est la cible la plus proche pour les forces britanniques en Nouvelle Angleterre. Les ambitions européennes pour Mi’kma’ki grandissent et les Mi’kmaq recourent à des attaques militaires pour défendre leur moyen d’existence et leur mode de vie. Les Mi’kmaq s’allient habituellement aux Français lors des conflits croissants.

La plupart des Mi’kmaq considèrent l’expansion anglaise comme une menace à leur relation de longue date avec les Français. Ils y voient une menace pour Netululimk. Parfois, les Mi’kmaq locaux aident les Français à défendre le fort et la ville. De temps à autre, les Mi’kmaq d’autres districts de Mi’kma’ki s’impliquent dans les conflits à Kespukwitk.

Mais les menaces s'accentuent. La population de la Nouvelle Angleterre croit rapidement. Les colons s’étendent au Nord du Maine région que les premières nations et les Français considèrent comme leur appartenant. Les pêcheurs de la Nouvelle Angleterre cherchent l’accès aux riches zones de pêche autour de Mi’kma’ki. L’Angleterre fournit à la Nouvelle Angleterre les provisions, les troupes et les navires de guerre dont ils ont besoin pour soutenir leurs actions militaires.

Les forces de la nouvelle Angleterre veulent frapper un grand coup contre la France et le Québec en ciblant Port Royal. Pendant cette période, les Anglais attaquent Port Royal à 6 reprises. Les Anglais prennent le fort 2 fois et imposent le régime britannique en laissant une petite garnison sur place.

Coincé entre la Nouvelle Angleterre et le Québec, l'Acadie est le foyer du conflit entre les empires rivaux. Les Français ont établi Port Royal comme la capitale de l’Acadie et elle devient un paratonnerre pour les attaques. Que ce soit les Britanniques ou les Français, ils veulent le contrôle des voies maritimes et des lieux de pêche lucratifs qui entourent l’Acadie. Ainsi, les Mi’kmaq, les Volastoqiyik et les abénaquis sont entrainés dans le conflit car ils cherchent à protéger leur patrie.

Les Mi’kmaq de Kespukwitk participent aux conflits sur plusieurs fronts. Marins et combattants de mer habiles, ils harcèlent la navigation à la pêche et le commerce maritime de la Nouvelle Angleterre surtout au large des côtes Est de Kespukwitk. Ils se joignent à leurs alliés contre l’expansion du Nord de la Nouvelle Angleterre. Port Royal compte sur leur aide pour défendre le fort.

En 1705, les abénaquis ramènent à Port Royal un navire capturé. Pendant les fêtes, les Français invitent les Mi’kmaq à se joindre à d’autres attaques contre les navires anglais.

En 1710, Une importante force britannique assiège et attaque Port Royal et la Grande Bretagne reprend le contrôle pour la dernière fois. En France, le ministre de la Marine équipe un navire de ravitaillement pour Port Royal aux abois. Le navire transporte des canons, des fusils, des uniformes, des produits hospitaliers et des cadeaux pour les alliés des premières nations. Le navire n’arrive jamais. Le gouverneur de Terre Neuve étant également désespéré, il garde le navire lorsqu’il y fait escale.

Suite à la bataille de 1710 les Français cèdent Port Royal aux Britanniques pour la dernière fois. En 1713, Mi’kma’ki reste non cédée mais la France et la Grande Bretagne la morcèlent. La Nouvelle Ecosse et Terre Neuve vont à la Grande Bretagne. Les Français gardent l’île Royale (cap breton) et l’île St Jean (l’île du prince Edouard) ainsi que les droits de pêche le long Nord et Ouest des côtes de Terre Neuve.

Quant aux Mi'kmaq qui se sentent de plus en plus menacés au regard de leurs modes de vie, ils signent des traités avec les Britanniques. Les traités de paix et d’amitié sont un groupe complexe de traités entre les premières nations et les Britanniques à la recherche d’une coexistence pacifique. Les mi’kmaq veulent protéger leurs modes de vie et leurs moyens de subsistance. Le traité de Boston négocié en 1725 entre les gouverneurs de la Nouvelle Angleterre et les dirigeants des Premières nations a été présenté aux chefs des nations Mi’kmaw, Wolastoqiyik et Abénakise en juin 1726 sur le site du Fort Anne. Ce traité devient la base des négociations de traités suivantes. La cour suprême cite encore ce traité dans ses décisions aujourd’hui.

Entre 1744 -1749 : les Français renouvellent leurs efforts pour reprendre la Nouvelle Ecosse mais les différentes attaques des Français sont vouées à l’échec. Les Britanniques et les Français se préparent à la bataille décisive pour le contrôle de l’Amérique du Nord qui éclate en 1755.

En 1755, Le nouveau gouvernement d’Halifax ne reconnait pas les Acadiens et les Mi’kmaq. Le gouverneur ordonne l’expulsion des Acadiens qui ont refusé de prêter serment d’allégeance sans réserve alors que les Britanniques et les Acadiens coexistent depuis 45 ans. Les Britanniques veulent peupler la Nouvelle Ecosse. Après 1755, les colons connus sous le nom de "planteurs" reprennent les riches terres agricoles acadiennes. L’afflux de milliers de planteurs puis de loyalistes commence à changer l’accès des Mi’kmaq à la terre et aux ressources qui sont au cœur de Netukulimk. Un siècle de guerre et de maladie touchent les communautés. Au cours des siècles à venir, la destruction de l’habitat, la décimation des animaux et le ravage du colonialisme va transformer Mi’kma’ki et endommager les communautés Mi’kmaq

Annapolis Royal devient la capitale de la Nouvelle Ecosse. Elle est une enclave britannique au sein d’une population dont la majorité est acadienne et mi’kmaq. La diplomatie et les négociations deviennent essentielles : la coexistence britannique avec les Mi’kmaq et les Acadiens oscille entre stabilité et hostilité, la diplomatie et la méfiance. Les conflits reprennent.

Les acadiens échangent leurs biens excédentaires au fort et même plus loin pendant 100 ans. Leurs fermes et leur travail produisent des rendements élevés des principales cultures. En retour, ils reçoivent des produits finis qui viennent de la Nouvelle Angleterre, des Antilles et de Louisbourg, peu importe qui détient le fort. Globalement les Acadiens prospèrent mais les habitants du fort survivent. Les résidents du fort se trouvent en situation de survie c’est les cas des soldats et des milices. Alors que les Acadiens, savent tisser des vêtements, construisent des maisons et s’alimentent bien mais tout va basculer en 1755 avec le grand dérangement.

Après déjeuner, nous allons à port Royal. Nous passons sur l'autre rive de la rivière d'Annapolis et traversons Granville que nous avions vu du site du Fort Anne.

Granville 

L'habitation fortifiée de Port Royal

Nous visitons la reconstitution de Port Royal, une Habitation fortifiée où Pierre Dugua de Mons et Samuel Champlain ont installé un poste de traite.

la reconstitution de l'habitation fortifiée de Port Royal 

Cette reconstitution c'est l'histoire d'Hariette Taber Richardson, une américaine de Cambridge dans le Massachusetts, admiratrice de Samuel de Champlain, elle a passé plusieurs étés dans la région d'Annapolis à partir de 1923 et s'est passionnée pour cette histoire. Elle s'est associée à l'historien Loftus Morton Fortier en 1928 et a créé une association pour reconstruire l'Habitation fortifiée et c'est en 1938 que le gouvernement du canada prend le projet en main. La reconstruction est basée sur le plan et la description du lieu par Samuel de Champlain et sur une étude détaillée des techniques de construction du début du 17ème siècle. Durant la reconstruction de Port Royal, C.W. Jefferys, un artiste historique canadien a servi d'expert-conseil en histoire. Sa grande érudition et ses recherches ont été essentielles au caractère d'authenticité de l'habitation reconstruite.

L'habitation fortifiée vue de l'extérieur 

Le port de Port Royal fait partie d'une voie de navigation traditionnelle et est utilisée comme campement d'été par les Mi'kmaq depuis des milliers d'années. En 1604, Samuel Champlain écrit dans son journal que c'est un des plus beaux ports sur ces côtes où un grand nombre de vaisseaux pourrait être en sureté. Après l'échec de l'implantation de la première colonie sur l'île Ste Croix entre le Maine et le Nouveau Brunswick en 1604, la colonie s'installe à Port Royal en 1605 où elle se maintient jusqu'en 1613, date où le site est incendié par des colons anglais de Virginie.

Les terrasses de surveillance 

L'habitation fortifiée reconstruite a ouvert ses portes en 1941. L'emplacement précis de l'habitation de 1605 - 1613 n'a jamais été découvert mais il se pourrait qu'il soit tout près de l'emplacement original sur les rives du Bassin d'Annapolis. C'est l'une des premières colonies françaises en Amérique du Nord.

L'île de la chèvre
Sur les rives du bassin Annapolis

Après plusieurs tentatives infructueuses des Européens pour passer l'hiver dans le Canada atlantique, les Français édifie cette habitation en 1605. Cette fois, l'entreprise est une réussite largement aidée par l'accueil des Mi'kmaq partageant leurs savoirs traditionnels et s'alliant à eux durant les conflits. Les Mi'kmaq étaient invités à prendre part aux célébrations aux côtés des colons français et dans un bon nombre de cas ont adopté le foi chrétienne.

Dans l'angle, la maison de l'officier
La cour intérieure 
Le dortoir
La chapelle et l'herboristerie 
La maison de l'officier 

Les deux premiers hivers que les Français passent en Acadie sont très rudes, de nombreux pionniers perdent le vie. Le moral est bas. C'est pour remonter le moral que Samuel de Champlain durant l'hiver 1606-1607 fonde "l'ordre de bon temps", club permettant aux hommes de bien se nourrir et de se divertir durant les longues soirées d'hiver. A tour de rôle, les hommes de la colonie préparent des soirées gastronomiques passées à chanter et à se raconter des histoires. Les Mi'kmaq assistent souvent à ces soirées dont leur chef prennent place à la table principale.

La salle à manger 
Un canoë  en écorce de bouleau

les peuples d'Europe et des Amériques y compris les Mi'kmaq ont dû improviser des langues (pidgins) pour communiquer en faisant la traite. En 1609, Mathieu Da Costa, un homme d'ascendance africaine, a été embauché par le sieur de Mons comme interprète pour ses expéditions au canada et en Acadie.

Un panneau sur le site présente Membertou (Anli-Maopeltoög), grand chef Mi'kmaq installés dans le sud de la baie de Fundy. Il fut un grand guerrier et un sorcier réputés. A l'arrivée des Français après 1600, il se fit chrétien et en juin 1610, il devint le premier chef autochtone baptisé au Canada. Il aida les Français à s'établir dans cette région et fit avec eux le commerce des fourrures en échange d'objets apportés d'Europe. Il mourut en 1611 mais l'alliance qu'il avait conclu avec les Français dura un siècle.

Après ces visites, nous avançons vers l’Est. Nous faisons un détour vers la côte et la baie de Fundy au niveau du port Halls Harbour qui méritait le détour d’après notre guide papier. Nous y sommes arrivés à marée basse et il n’y avait aucun bateau et pour cause. Le chenal du port est très profond, cela doit être effectivement remarquable au moment où l’eau remonte notamment avec l'amplitude des marées de la baie de Fundy.

Le port Halls Harbour  

Nous passons ensuite dans le région de Canning ou plutôt à Blomidon Lookoff d’où nous avons un point de vue sur le "Minas Basin", le bassin des Mines et sur la vallée d’Annapolis.

Le bassin des Mines et la vallée d'Annapolis

Nous redescendons donc au niveau de Wolfville et de Grand Pré où il y a du camping possible mais c’est trop tard. Nous avons repéré un autre camping près du lac Sunken. C’est perdu dans la nature. Il n’y a personne à notre arrivée et pourtant il se fait tard. Nous commençons à nous inquiéter. Finalement, nous nous installons dans une cabine fort sympathique.

Cette nuit, nous avons bien dormi, nous n’avons pas eu froid, le lit était confortable.

Le site de Grand-Pré

Nous revenons vers le site de Grand-Pré où nous arrivons un peu en avance. Le site se situe dans la région des Mines que le peuple acadien commence à coloniser dans les années 1680. Le nom « les Mines » remonte à 1604, à l’époque où Sieur de Mons et Samuel de Champlain entendent les Mi’kmaq parler de dépôts de cuivre le long des rives de la Baie de Fundy. Bien que le cuivre ne soit pas à la hauteur des attentes, le nom «les Mines» reste pour désigner la côte voire ensuite l’ensemble de la région. Les acadiens établissent des villages étendus le long des rivières qui se déversent dans le bassin des Mines. Dès le début de 1700, la région "les Mines" est le centre le plus populeux en Acadie et Grand-Pré est l’établissement le plus grand du district des Mines. Il s’étend le long des terres élevées en bordure de Grand-Pré entre ce qui est aujourd’hui Wolfville et Hortonville.

L'histoire de la création du parc

"Le parc de Grand-Pré constitue le foyer historique le plus important du peuple acadien... il rappelle ses heures les plus douloureuses et les plus héroïques et .... il doit rappeler aux générations futures l'exemple d'un peuple courageux dont la culture et les actes enrichiront toujours davantage la nation canadienne." Extrait de l'entente conclue en 1956 entre la société Nationale de l'Assomption et le gouvernement fédéral lors de la cession de l'église souvenir au futur parc historique national de Grand-Pré.

Dès 1907, John Frederic Herbin avait en tête de faire l’acquisition de presque toutes les terres qui compose l’actuel lieu historique afin d’en faire un parc commémoratif. En 1921, la Société Nationale de l'Assomption prend possession de l'emplacement de l'église et construit en 1922 l'église souvenir grâce aux fonds recueillis lors d'une campagne de financement lancée auprès des communautés acadiennes de toute l'Amérique du Nord afin de commémorer la tragédie de la déportation. C'est en 1957 que le gouvernement du Canada fait l’acquisition de la propriété et créé 4 ans plus tard le parc historique national du Canada de Grand-Pré.

Pendant environ 65 ans, une partie du terrain qui se situe entre l’église souvenir et l’actuel chemin de grand Pré sert de cimetière à la paroisse de Saints Charles les Mines. L’emplacement a été confirmé par la découverte d’un cercueil lors de travaux d’excavation. En 1909, John Frederic Herbin fait érigée une croix à l'emplacement du cimetière de St Charles des Mines.

Ce site historique est principalement orienté sur l'histoire acadienne et notamment le grand dérangement.

Dès le début de la visite, nous regardons un film relatant la déportation des Acadiens de la région de Grand Pré. La présentation est remarquable, sur deux petits écrans de chaque côté de l'écran principal, des intervenants de chaque partie (Acadien, Français, Britannique) commentent des scènes présentées dans le documentaire. C’est très émouvant.

Nous poursuivons par la visite des différentes présentations concernant l'histoire du site, l'histoire des Acadiens et leur mode de vie. Plusieurs tableaux repris ci-dessous représentent des scènes de vie autour de la période de la déportation.

La vie des Acadiens

Les gens de Grand-Pré étaient des agriculteurs. Ils avaient mis en place des digues pour cultiver les terres des prés salés avec un système d’évacuation de l’eau douce et la fermeture des évacuations lors des marées hautes (des aboiteaux). Cela leur a demandé beaucoup de travail car il ne faut pas oublier que nous sommes dans la baie de Fundy avec des amplitudes de marées importantes. Les digues devaient être suffisamment hautes et solides pour affronter la puissance des marées. Lors de sa visite à Port Royal en 1699, le Sieur de Dièreville décrit comment les acadiens construisent une digue. « On n’arrête pas le cours de la mer aisément. Cependant les Acadiens en viennent à bout par des puissantes digues qu’ils appellent des aboiteaux et voici comment ils font. Ils plantent 5 ou 6 rangs de gros arbres tous entiers aux endroits par où la mer entre dans le marais et entre chaque rang ils couchent d’autres le long les uns sur les autres et garnissent tous les vides si bien avec la terre glaise bien battue, que l’eau n’y saurait plus passer. Ils ajustent au milieu de ces ouvrages un esseau (une conduite d’eau) de manière qu’il permet à marée basse, à l’eau des marais de s’écouler par son impulsion et défend à celle de la mer d’y entrer». Dans le musée est exposée une dalle en bois bien conservée découverte lors de fouilles. La dalle complète mesurait 14 mètres de long.

Comment fonctionne l'aboiteau

Les villages de Grand Pré et d’Hortonville ainsi que les terres agricoles fertiles qui les entourent présentent un des modèles européens de colonisation et d’utilisation des terres parmi les plus anciens du Canada. Attirés par les vastes marais côtier, les Acadiens s’établirent dans les environs de Grand Pré dans les années 1680. Les fermiers acadiens utilisèrent les techniques ingénieuses de construction de digues développées à Port Royal pour enclore plus de milles acres de marais qui une fois dessalés constituèrent des terres labourables de qualité. Les maisons du village de Grand Pré étaient situées au milieu des vergers et des bois sur les hauteurs périphériques qui bordaient la limite Sud du marais principal. Les fouilles réalisées sur les sites acadiens montrent que certains Acadiens avaient des biens de valeur.

Les œuvres d’art de l’époque dépeignent souvent les Acadiens comme de simples fermiers, des gens solitaires. Pourtant loin d’être isolés, ils entretiennent des rapports commerciaux à l’intérieur et à l’extérieur de l’Acadie. Par leur commerce, ils se procurent des biens qu’ils ne trouvent pas sur place.

Les commerçants acadiens font le commerce avec les Mi’kmaq, les Britanniques d’Annapolis Royal et de Halifax, des marchands de la Nouvelle Angleterre et les colonies française le long du St Laurent, dans l’île Royale et dans l’île St jean. A l’époque du régime français, les Acadiens font illégalement du commerce avec la Nouvelle Angleterre. Sous le régime britannique à partie de 1713, le commerce du surplus de céréales et de bétail avec les colonies françaises est lucratif mais il déplait aux fonctionnaires britanniques qui voient le tout comme faire affaire avec l’ennemi.

Des fouilles archéologiques récentes nous ont permis d’approfondir nos connaissances des objets courants qu’utilisait le peuple acadien avant la déportation de 1755. On croyait que les Acadiens avaient peu de possession de valeur mais les fouilles portent à croire que certains vivaient assez confortablement. Ils avaient dans leur maison des céramiques et d’autres produits manufacturés importés.

Voici un tableau présentant un coup d’œil sur la vie en Acadie d’avant que ne commence les déportations. Le décor est celui d’un marais situé près d’un ruisseau, en face d’un village. C’est un jour d’été peut être en 1740. Les familles s’affairent à récolter le foin et le placer à cheval sur des montants pour le faire sécher. C’est un travail collectif auquel participent les membres de plusieurs familles. Les Acadiens ont tendance à s’installer dans des villages familiaux. La maison, les dépendances, le potager, les vergers et le bétail sont en arrière plan sur les plateaux devant les marais. Le moulin sert probablement à moudre le grain et à produire de la farine dont on fait le pain.

La récolte  avant la déportation 

Même si on a décrit l’Acadie comme un paradis paisible, elle est plus souvent un champ de bataille étant situé entre la Nouvelle Angleterre et la Nouvelle France. Tout en étant neutre durant les conflits entre l’Angleterre et la France, les Acadiens ne travaillaient pas dans une ambiance paisible car il y avait parfois des attaques britanniques qui brulaient leurs maisons notamment en 1704 dans la région des Mines. Et encore, c'était plus calme que dans la région de Port Royal où se trouvait le fort. Après le traité d’Utrecht de 1713 où la France cède l’Acadie et Terre Neuve à l’Angleterre, ils connurent une période plus calme mais les affrontements entre anglais et français perdurent et en 1744 et 1747 les Acadiens se trouvent au cœur de la mêlée. Les anglais doutent de leur neutralité. En 1755, on leur demande de prêter serment d'allégeance inconditionnelle à la couronne anglaise et s’ils refusent c’est la déportation.

Entre 1710 et 1730, les gouverneurs de la Nouvelle-Écosse tentèrent à plusieurs reprises de faire prêter aux Acadiens un serment d'allégeance inconditionnel à la couronne d'Angleterre, ce qui aurait éliminé leurs droits garantis par le traité d'Utrecht et par la lettre de la reine Anne.

Les acadiens occupent un territoire d’une importance stratégique pour la Grande Bretagne et la France qui se dispute la suprématie en Amérique du Nord. Enjoints par le gouverneur Phillips, ils signent un serment d’allégeance qui comme ils le croient assure leur neutralité lors d’éventuels conflits en 1730.

Dans le tableau ci-dessous, on peut voir Phillips, gouverneur de la Nouvelle Ecosse assis en face de l’Acadien qui est debout. Le cadre est vague et c’est voulu car il pourrait s’agir de n’importe quel Etablissement, Les Mines, Pigiguit, Beaubassin. A cette époque, le gouverneur se déplace dans les villages acadiens autour de la Baie de Fundy pour faire signer le serment d’allégeance aux hommes. En fin de compte, 591 personnes signent d’une croix. Phillips promet verbalement aux acadiens qu’ils pourront rester neutres lors des prochains conflits entre la Grande Bretagne et la France mais il omet d’inscrire cette mention dans la copie du serment signé qu’il envoie en Angleterre. Aux yeux des administrateurs britanniques venus peu après en Nouvelle Ecosse, le serment de 1729-1730 n’est pas une preuve suffisante de la loyauté des Acadiens.

Le serment d’allégeance à la Couronne 

Le grand dérangement

Nous avons vu dans le film présenté le rassemblement des Acadiens hommes et enfants d’au moins 10 ans de la région des Mines à l’église paroissiale sur l'ordre du lieutenant colonel John Winslow qui leur lit l’ordre du gouverneur traduit en français les informant de l’expulsion de tous les Acadiens de la colonie en septembre 1755. Les hommes et les garçons sont alors emprisonnés dans l’église. Quelques jours plus tard, escortés par les soldats ils se rendent sur les rives du Bassin des Mines où les attendent 5 navires ancrés au large. Il faut encore 6 semaines d’emprisonnement avant que commencent les embarquements de leurs familles à bord des navires qui les transporteront loin de leurs foyers et des terres de leurs ancêtres vers les colonies anglo-américaines. Des scènes semblables se déroulent partout en Nouvelle Ecosse en 1755. C'est le grand dérangement. Plus de la moitié des Acadiens déportés étaient des enfants.

On peut voir exprimé dans ce tableau ci-dessous, le choc de l’annonce : l'incrédulité, le désespoir, la colère et la protestation.

L’annonce de la déportation  

Ce tableau montre en premier plan les gens qui attendent l’embarquement et en deuxième plan des chaloupes qui se rendent aux navires. Des soldats surveillent l’embarquement.

L'embarquement 

Un autre tableau montre que les villages sont incendiés afin de dissuader les acadiens de revenir. Bien que le tableau montre des soldats vêtus des habits rouges de l’armée britannique, il y a en fait beaucoup plus de miliciens de la Nouvelle Angleterre que de soldats de l’armée.

L’incendie des villages

En septembre 1755, à la veille de la guerre de sept ans, débute la déportation des Acadiens. Contrariées par la neutralité des Acadiens qui refusent de prêter allégeance inconditionnelle à la couronne, les forces britanniques enclenchent le grand dérangement. Ils décident d’expulser les Acadiens pour prévenir toute alliance avec les Français. Pendant 8 ans, plus de 10 000 Acadiens sont dispersés par petits groupes dans les colonies américaines, en Angleterre et en France. 1 050 Acadiens sont déportés de la Virginie qui refuse leur débarquement vers l’Angleterre mais décimés par la maladie, seulement 750 survivants seront envoyés en France à la fin de la guerre en 1763. Les Acadiens qui étaient venus s’installer sur l’île St jean ou à l’île Royale sont également déportés après la chute de Louisbourg en 1758 mais cette même année trois bateaux transportant des Acadiens vers l’Europe font naufrages, ce qui représente environ 850 morts acadiens. De 1756 à 1762, les Acadiens qui se rendent ou qui sont capturés sont faits prisonniers et détenus aux forts Edward, Cumberland, Annapolis Royal et Halifax. Entre 1749 et 1761, les Acadiens vivants le long des rivières St Jean, Petitcodiac, Memramcook, Ristigouche et Miramichi au Nouveau Brunswick aujourd'hui sont également capturés. Certains arrivent à s’échapper. En 1762, une dernière déportation échoue parce que le Massachusetts refuse d’accueillir 915 exilés. Toutefois, l’ordre de déportation demeure en vigueur jusqu’en 1764.

En tout, plus de 10 000 Acadiens seront déportés dont près de 7 000 dans les colonies anglo-américaines et au sud de la Nouvelle Ecosse. Les naufrages et les maladies ont tués beaucoup de personnes.

Les colonies anglo-américaines qui doivent accueillir les Acadiens n’ont rien prévu à leur intention. Certaines refusent leurs débarquements c’est le cas du Massachusetts en 1762 c’est aussi le cas de la Virginie qui décide de les déporter en Angleterre en 1756. Pour les autres, ils sont dispersés en petit groupe et dans certains cas, les enfants sont séparés de leurs parents afin de les mettre en apprentissage. Globalement les Français neutres de religion catholique ne sont pas les bienvenus. Pendant 50 ans nombre d’entre eux poursuivront leurs migrations parfois jusqu’en Europe ou vers le sud de l’Atlantique en quête de terre d’adoption accueillante. Les déportés n’ont droit car leurs biens personnels qu’ils peuvent emporter, les autres biens sont confisqués par la couronne britannique. Les Acadiens commence leur vie d’exil dépouillés dans des conditions souvent difficiles et dans des lieux qui leur sont hostiles.

Les migrations et le retour

S’échelonnant sur 2 générations, les migrations qui suivent la déportation sont extrêmement complexes. Elles ont pour destination, l’Acadie, le Québec, la Louisiane et les Antilles. Dans les années qui suivent la paix de 1763, de nombreux Acadiens, ayant le mal du pays, réussissent à quitter les colonies anglo-américaines. Ils rejoignent leurs compatriotes ayant échappé à l’exil et s'installent dans les régions isolées de la Nouvelle Ecosse et dans ce qui est aujourd’hui la Gaspésie, les îles de la madeleine, le Nouveau Brunswick et l’île du Prince Edouard. Ils construisirent avec force et courage une communauté fière et dynamique.

Dans ce tableau, nous sommes en compagnie d’un groupe d’acadiens dans les années qui suivent leur déportation. Des familles exilées avancent le long d’un chemin en forêt, c'est pour eux, un long voyage de retour vers les provinces maritimes d’aujourd’hui. Nous avons dans ce tableau une charrette tiré par des bœufs. Ce n’est là qu’une des nombreuses scènes que l’on aurait pu représenter car la plupart des acadiens sont revenus par bateau. Quelques 10 000 acadiens ont été déportés entre 1755 et 1763 mais seulement un petit nombre ont pu revenir de l’exil.

Le retour en Acadie 

Aujourd’hui, les descendants des Acadiens sont concentrés surtout dans les provinces maritimes, au Québec, en Louisiane, en Nouvelle Angleterre et en France. Dans les provinces atlantiques du Canada, les Acadiens d’aujourd’hui maintiennent vivantes bon nombre de leurs traditions. Ils conservent leur langue française ainsi que leur identité culturelle propre imprégnée d’une histoire qui remonte à environ 4 siècles.

Les Acadiens aujourd'hui

La plupart des Acadiens sont descendants d’environ 50 familles françaises qui ont colonisé l’Acadie surtout dans la région de Port Royal entre 1636 et les débuts des années 1650. Ces familles et les quelques autres qui sont arrivées avant ou un peu après cette époque constituent les racines du peuple acadien. En l’espace de quelques générations, leurs descendants ont commencé à se considérer comme un peuple distinct. Même si les familles acadiennes d’avant 1755 sont surtout d’origine française, il y a quelques exceptions (basque, espagnole, écossaise...). Certains Acadiens sont également issus de mariages entre des Français et des femmes des premières nations d’origine mi’kmaq, abénaquie et wolastoqiyik (malécite).

Aujourd’hui, les descendants des Acadiens sont concentrés surtout dans les provinces maritimes du Canada, au Québec, en Louisiane, en Nouvelle Angleterre et en France. Dans les provinces atlantiques du Canada, les Acadiens d’aujourd’hui maintiennent vivantes bon nombre de leurs traditions.

La diaspora acadienne

La diaspora acadienne a laissé des traces sur 3 continents. C’est l’histoire d’un peuple et de sa ténacité devant toutes sortes d’épreuves. Pour ceux qui sont revenus d’exil, c’est l’histoire vécue d’un profond attachement aux terres ancestrales.

On estime aujourd’hui à 3 millions le nombre des descendants acadiens éparpillés dans le monde. Les 5 grandes concentrations s’observent dans les provinces maritimes du canada, au Québec, en Louisiane, en Nouvelle Angleterre et en France. En France, les Acadiens vivent à Belle-Ile en mer, à Archigny, à Nantes et aux îles de St Pierre et Miquelon. Aux Etats Unis, la Louisiane est le foyer de centaines de milliers de cadiens (cajuns). D’autres Acadiens vivent au Texas, en Pennsylvanie, au Maryland, au Massachusetts et dans le Maine. Un demi-million d’Acadiens vivent dans les Provinces maritimes du Canada.

Revenons au site de Grand-Pré où se trouve l'église souvenir dont l'histoire de sa construction est expliquée dans un paragraphe ci-dessous sur la création du parc.

L'église-souvenir

L'église souvenir 

A l'intérieur de l'église sont relatés toutes les phases de la déportation. L’église souvenir représente l’attachement profond du peuple acadien au lieu historique national du canada de Grand pré. Construite en 1922 grâce aux fonds recueillis lors d’une campagne de financement lancée auprès des communautés acadiennes de toute l’Amérique du nord. L’église symbolise l’essence du nationalisme acadien et le désir profondément enraciné de commémorer le tragédie de la déportation. Sa construction s’inspire de l’architecture normande du 18ème siècle.

Une scène représentant la déportation 

Le vitrail installé en 1985 est la réalisation d’un rêve de la communauté acadienne qui voulait qu’un vitrail décore la devanture de l’église souvenir pour commémorer la déportation de leurs ancêtres acadiens en 1755. L’artiste lui-même de descendance cadienne louisianaise a choisi de représenter le moment dramatique où se produit la séparation des familles, des amis sur la berge. Une chaloupe lourdement chargée de passagers et de biens s’éloigne en direction des navires britanniques au large (qu’ont ne voit pas). D’autres Acadiens sont restés sur la berge. Ils attendent délaissés. Beaucoup de personnages ont l’air perdu, le dos courbé, ils se tiennent la tête abattus par le désespoir. Certains s’accrochent les uns aux autres pour trouver réconfort et sécurité.

Le vitrail 

Tant avant qu’après 1755, l’attachement du peuple acadien pour la religion catholique romaine est la pierre angulaire de leur communauté. Cette ferveur contribue à façonner leurs croyances et leurs coutumes et elle définit une partie de leur identité. Les Mi’kmaq sont eux aussi catholiques ce qui favorise des liens étroits entre les deux peuples. Entre 1604 et 1755, au moins 200 prêtes veillent aux besoins religieux en Acadie. La plupart viennent de France et appartiennent à différents ordres réguliers (jésuites, capucins, récollets….). Les Acadiens trouvent réconfort dans leur foi, les administrateurs britanniques protestants en Nouvelle Ecosse en sont préoccupés. En effet, l’adhésion à une religion est considérée plus importante que la langue ou l’ethnicité quand vient le temps de la loyauté.

En rejoignant l'église souvenir, nous passons devant la statue d'Evangéline.

Le poème "Evangéline" de Henry Wadsworth Longfellow est à l’origine du choix de Grand-Pré comme endroit lié aux déportations de 1755. Publié en 1847, le poème a suscité un grand intérêt en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde. Les gens sont touchés par le récit d’Evangéline, du peuple acadien et de la déportation. La tragédie acadienne suscitera par la suite une attention générale et bienveillante. Le poème suscite énormément d’intérêt à l’endroit du peuple acadien et de la déportation. Le succès que remporte le poème contribue à la création du lieu historique national du Canada.


Le long d'une allée, nous pouvons voir, la sculpture représentant une famille acadienne lors de la déportation. Cet ensemble de sculptures a été réalisée pour marquer le 250ème anniversaire de la déportation. La famille symbolise le sort réservé à de nombreuses familles acadiennes dépossédées de leurs biens et exilées vers des terres étrangères et un futur incertain.

Sculpture d'une famille lors de la déportation réalisée en 2006  

C’est un site très poignant qui complète ce que nous avions vu ces derniers jours et en même temps résume toute l'histoire des Acadiens.

Windsor : Fort Edward

Nous poursuivons vers Windsor où se trouve le Ford Edward où les Acadiens ont été rassemblés avant leur déportation. Il ne reste du Fort Edward que le Blokhouse situé dans le parc historique national du Fort-Edward qui surplombe la confluence des rivières Ste Croix et Avon. Cet emplacement a donné au fort un rôle de protection des voies de communication et de transport entre Halifax et la côte de la baie de Fundy. En effet, ces rivières se jettent dans le Bassin des Mines.

Ford Edward, bâti en 1750 faisait partie du réseau de fortifications construites pour protéger Halifax. Ce fort se situe à proximité des lieux de vie des Acadiens et des Mi'kmaq qui utilisaient les voies navigables pour se déplacer à Mi'kma'ki. C'est de là que furent dirigées les opérations de déportation des colons acadiens de la vallée d'Annapolis. Les acadiens qui furent capturés dans les années 1760, furent emprisonnés dans ce fort.

Suite à la guerre de 7 ans avec les Français (1755-1763), le gouvernement britannique impose des taxes à ses 13 colonies de la Nouvelle Angleterre pour renflouer les caisses sans les concerter ce qui déclenche la révolte des colonies de la Nouvelle Angleterre. Il servit à nouveau pendant la révolution américaine (1775-1783) et pendant la guerre de 1812 entre la Grande Bretagne et les Etats Unis. Finalement, le fort joua un rôle minime lors de ce dernier conflit mais il servit à des fins militaires jusqu'en 1850.

Truro

Puis nous partons rapidement pour Truro où nous voulons voir le mascaret qui doit avoir lieu vers 12H30.

Le mascaret sur la Salmon river 

Parc provincial Five Islands

Nous continuons ensuite sur la côte sud de l’isthme de Chignecto. La côte est belle avec ses falaises rouges. Nous faisons un arrêt au Parc Provincial Five Islands.

La falaise et l'île de l'Elan dans le Parc Provincial Five Islands

Sur ce site, nous avons vu un panneau qui présentait la pholade tronquée, une palourde qui s'enfouie dans la roche. Cela nous a interpellés. C'est une espèce rare protégée qui ne se trouve au Canada que dans le bassin des Mines. Les pholades sont des bivalves inhabituels capables de creuser dans divers types de roches, d'argile ferme et de tourbe, et qui vivent en permanence dans les terriers qu'ils créent. Ces palourdes utilisent un ensemble de crêtes sur les surfaces antérieures extérieures de leur coquille pour creuser, créant ainsi un terrier non ramifié. En France, on peut le trouver à l'île d'Oléron dans les rochers calcaires de la "Brée-les-Bains". La pholade tronquée creuse un terrier qui s'approfondit et s'élargit à mesure qu'elle croit jusqu'à ce qu'elle se retrouve piégée. Elle passe toute sa vie dans son terrier filtrant des aliments microscopiques provenant de l'eau de mer. On peut détecter sa présence aux petits trous dans les fonds marins notamment dans les cuvettes de marée.

Un peu plus loin, nous nous arrêtons au phare des cinq îles. C’est une belle zone d'où l'on peut voir l'alignement des cinq îles. Il y a "Moose Island, Diamond Island, long Island, Egg Island et Pinnacle island.

 Le phare des cinq Iles
Quelques vues sur les "Five Islands 

Nous poursuivons ensuite vers le parc Provincial du cap Chignecto. En cours de route, nous avons une belle vue sur le cap Split qui délimite le bassin des Mines. Nous apercevons l'île Spencers à travers la végétation.

l'île Spencers
 Le cap Split

Phare spencers

Nous nous arrêtons ensuite au phare Spencers un peu avant le cap avec de grandes plages. Tout au long de la route, nous profitons des belles couleurs et de beaux points de vue.

Le cap Spencer, le pendant du cap d'Or
L'île de Spencers
Le phare  et l'île Spencers, et les grandes plages 

Parc Provincial du Cap Chignecto

Enfin, du parc provincial du cap de Chignecto, nous avons une belle vue sur le cap d’Or d’un côté et sur le cap Chignecto de l’autre avec sur la plage des roches rouges alors que les caps ont des roches grises.

La plage en dessous de la maison du parc
Le cap d'Or

Amherst

Nous avons été un peu vite sur cette fin de parcours car nous avons réservé un hébergement à Amherst. Du cap la route nord de l’isthme est moins belle que celle du sud. Il est tard, nous ne pouvons pas nous arrêter sur le site de Joggins pour voir les fossiles sur les falaises. C’est un site libre qu’il faut voir à marée basse.

L’hébergement de ce soir est chez un particulier, c’est une autre ambiance.

8

La Côte de sable rouge

En quittant Amherst pour rejoindre l’île du Prince Edouard, nous traversons des basses terres avec peu de relief. Pour aller sur l’île, nous passons un pont impressionnant pour sa longueur de 12,9 km. C’est long ! Mis en service en 1997, sa construction s’est faite en 4 années. La liaison entre l'île et le continent n'a pas été simple. De 1827 à 1917, ce sont des petits bateaux brise glace robustes qui assuraient la traversée du détroit de Northumberland. Ils ont fait place à un service de traversier. Les premiers transbordeurs de véhicule étaient équipés de ponts ferroviaires pour accueillir les wagons de marchandises. Ce service a existé pendant 80 ans jusqu'à la construction du pont. Un service de traversier saisonnier relie toujours l'île à la Nouvelle Ecosse depuis Wood-Islands à Caribou.

Nous arrivons à Borden Carleton, où nous avons pris quelques informations sur l’île et c’est partie pour la découverte mais début octobre, peu de sites touristiques sont ouverts au public.

Anne de la maison aux Pignons Verts
Notre arrivée à Borden Carleton 
Sur la route vers Victoria 

Nous faisons quelques arrêts sur la côte, l’un à Victoria sea port. Fondé en 1819, le village ne s'est vraiment développé qu'à la fin des années 1800. Il comptait alors 3 quais et quelques entreprises florissantes. Victoria est devenu un port international important en relation avec l'Europe, les Antilles et les ports de la côte Est. L'île exportait des pommes de terre, du bétail, des céréales et des œufs.

Victoria Sea Port 

Nous faisons un autre arrêt à Argyle shore pour voir les plages de sable rouge. Ce sont de petites plages étroites au pied de petites falaises rouges. Nous nous arrêtons aussi à Canoe Cove pour avoir un autre point de vue sur les falaises rouges et une autre plage.

Parc Provincial Argyle Shore 

L’histoire géologique de l’Île-du-Prince-Édouard est relativement récente. Cette île fait partie de la région géologique des Appalaches. Les falaises de grès rouge résultent de l’accumulation de sédiments provenant d’anciennes chaînes montagneuses rabotées par les glaciers. Ces matériaux transportés par des ruisseaux et déposés dans des bassins marins se sont compactés sous l’effet du poids des glaciers formant ainsi un vaste bassin sédimentaire. Au fur et à mesure que les glaciers fondent et que le niveau des océans augmente, les terres remontent. Il y a environ 5 000 ans, l'élévation du niveau de la mer a isolé l'île du continent, lui conférant sa forme actuelle. La teinte rouge des falaises de grès est due à la forte concentration d'oxyde de fer dans les roches.

Le paysage est légèrement vallonné et c’est une zone de culture notamment la culture de la pomme de terre. Globalement c'est un paysage bocager.

Il reste peu de forêt primaire. Trois siècles de défrichage pour aménager des terres agricoles et pourvoir en bois la construction navale ont eu raison de la forêt primaire. Encore, au début du 19ème siècle, les hautes terres de la province sont couvertes de forêts d'hêtres, de bouleaux jaunes, d’érables, de chênes et de pins blancs. De nos jours, la plus grande partie du terrain boisé s’est appauvrie : on n’y trouve qu’un mélange d’épinette, de sapin baumier et d’érable rouge.

Parc national historique Rocky Point

Nous rejoignons ensuite Rocky Point. C’est un parc national historique d’un site qui a été tour à tour, Skmaqn pour les Mi'kmaq, Port la Joye pour les Acadiens et Fort Amherst pour les anglais. Là encore, nous retrouvons toute l’histoire concernant, les Mi'kmaq, les acadiens et les anglais. De nombreux panneaux présentent l'histoire du lieu.

Phare de Blockhouse Point
Phare d'alignement Warren Cove Front
Phare d'alignement Warren Cove Back
Le Parc national historique de Rocky Point
Le quartier Keppoch de Stratford
Charlottetown
Vues à partir de Rocky Point 

En 1755, de nombreux acadiens se sont enfuis de la Nouvelle Ecosse pour l’île St Jean mais en 1558, la France cède l’île aux anglais suite à la prise de Louisbourg et c’est pour les acadiens la déportation.

Les premiers habitants de l'île Epekwitk sont les ancêtres des Mi'kmaq pendant des millénaires. De 1725 à 1776, les dirigeants mi'kmaq ont conclu plusieurs traités avec les Britanniques qui leur garantissaient un accès continu à leurs terres ancestrales pour chasser, pêcher et gagner leur vie. Mais au cours du 18ème et 19ème siècle, les Mi'kmaq ont eu de plus en plus de difficultés à vivre selon leur mode de vie traditionnel. Avec la croissance de la population coloniale, les ressources naturelles qui avaient fait vivre les Mi'kmaq ont été épuisées. Pendant de nombreuses années, les familles mi'kmaq ont connu une grande misère. Tout au long de ces épreuves, ils ont continué à revendiquer la propriété de l'ensemble de leur territoire traditionnel pour conserver leurs pratiques culturelles et le lien qui les unissaient aux terres et aux eaux d'Epekwitk.

Le premier européen à avoir vu l'île est Jacques Cartier en 1534. Pendant environ 200 ans, les pêcheurs français et basques connaissent et fréquentent les baies de l’île sans s’installer. La colonisation des français à l’île St Jean commence dans les années 1720. Au 18ème siècle, une alliance politico-militaire fondée sur les besoins partagés et respectifs en lien avec le commerce et la guerre nait des relations déjà établies entre Mi'kmaq et Français dès le 17ème siècle. Ils se rencontrent sur ce site presque chaque année en échangeant des présents et en cultivant les liens diplomatiques. Les Mi'kmaq renforcent leur position sur leur territoire et avec l'aide des Français, ils freinent l'expansion des Britanniques. En 1745 et 1746, les forces mi'kmaw, françaises et acadiennes se sont affrontées aux Britanniques sur l'île mais en 1758 avec la prise de Louisbourg, la France se retire et les britanniques établissent le fort Amherst.

Le fort Amherst

La population s’était accrue avec l’arrivée des Acadiens expulsés de Nouvelle Ecosse en 1755. Mais à la chute de Louisbourg en 1758, les anglais les forcent à quitter l’île bien avant que le traité de Paris cédant l’île aux anglais soit signé en 1763. Cela représente la déportation de 3 000 habitants dont plus de la moitié meurt à la suite de maladies et de naufrages. Quelques 1 100 habitants échappent à la déportation en se réfugiant en territoire français. La culture acadienne et la langue française qui perdurent sur l'île du Prince Edouard témoignent de la détermination de tous les acadiens qui s'y établissent après la guerre de 1755-1763. Il se dit que près d'un quart de la population de l'île aurait une descendance acadienne.

L’île change alors de nom. Sur ce parc, nous avons vu les restes du fort Amherst construit en 1758 qui consistent aujourd'hui en quelques talus. Il y avait également l’emplacement d’une maison d’un fermier français installé sur le lieu en 1720 et des phares ou plutôt des feux d’alignement. Un peu plus loin il y a un phare mais ce dernier est en travaux. Ce site est devenu parc historique national. Une communauté Mi'kmaw est restée à côté du parc.

Charlottetown

Nous rejoignons ensuite Downtown de Charlottetown. Nous visitons rapidement le centre mais la maison du parlement est en travaux. Achevé en 1847, cet édifice fut conçu pour l'assemblée législative et l'administration coloniale. La cour suprême y siégea jusqu'en 1872. L'édifice où l'assemblée se réunit encore conserve son importance dans la vie publique de l'île. En 1864, les délégués des colonies de l'île du Prince Edouard, du Nouveau Brunswick, de la Nouvelle Ecosse et du Canada se réunirent dans la salle du conseil législatif devenu la salle de la confédération pour entamer les discussions qui aboutirent à la confédération de 1867. En attendant la construction du premier bâtiment public en 1812, les chefs politiques se réunissaient dans une taverne pour adopter les lois !

Richmond Street  avec un tableau du parlement à défaut de le voir . 

A côté, l'église anglicane St Paul est superbe avec les rayons du soleil. Nous passons la rue Richmond où il y a quelques belles façades avant d’aller voir la cathédrale basilique St Dunstan, imposante. La structure intérieure est lourde et relativement sombre.

Eglise anglicane St Paul
Cathédrale basilique St Dunstan
Quelques photos de Charlottetown 

Il se fait tard et notre recherche d’hébergement n’est pas fructueuse. Nous partons en direction de Murrays River et plus précisément d’Alliston où nous avons repéré un motel. La région est peu habité et c’est en demandant à une station service que nous découvrons que le motel est géré par cette même station. Le motel comprend en fait 6 chambres. C’est bien sympathique.

La Côte des pointes de l’Est

Le ciel était nuageux lorsque nous avons commencé notre circuit de la journée par Panmure island, une île reliée à la grande île par un cordon dunaire où une route a été construite. Sur une pointe de l’île, il y avait un phare. Sur le cordon dunaire, le sable de la plage est d’une couleur rosé.

Vol de pluviers siffleurs
Panmure Island

Montague

Nous passons ensuite au port de Montague où il y avait quelques sculptures en bois. La ville enjambe la rivière Montague alimentée par plusieurs ruisseaux. Elle s'écoule jusqu'à la mer à l'Ouest après avoir rejoint un autre large cours d'eau au niveau de Georgetown.

La rivière Montague
Une partie du port
Vues d'un côté et de l'autre du Pont  
Ancienne gare
Le port 
Les sculptures  

Une communauté a commencé à s'installer sur ce site après la construction du pont qui traverse la rivière Montague après 1826. Les navires côtiers chargeaient les marchandises à partir du pont jusqu'au début des années 1850 où un premier quai fut construit. Et c'est en 1906 qu'est arrivé le chemin de fer qui n'existe plus aujourd'hui. Il ne reste maintenant que la gare où se trouve le bureau d'information.

Basin Head

Nous arrivons ensuite à Basin Head, c’est un superbe site : Un vaste plan d'eau, alimenté par plusieurs ruisseaux, se déversant vers la mer avec une plage de sable clair au pied de falaises rouges. C'est une zone de protection marine de la mousse d'Irlande ou algue Carragheen utilisée en alimentation, dans les cosmétiques et les produits pharmaceutiques.

Basin Head côté plage 
Basin Head  

Le phare East Point

De l’autre côté, nous apercevons East Point où nous allons voir le phare. C’est à cet endroit que nous avons eu la surprise de voir une jeune renarde pas du tout farouche.

Le phare d'East Point
Le phare et sa locataire ! 

En poursuivant sur la côte Nord, nous nous sommes arrêtés à Naufrage Harbour pour voir le phare de Shipwrech Point.

Le phare de Shipwrech Point

Le parc national Greenwich Dunes

Nous sommes ensuite arrivés dans la baie St Peters ou la baie de Myes et nous avons rejoint le parc national de Greenwich Dunes. Il est possible de faire 2 sentiers à partir du parking. Ces deux parcours ont un tronçon commun qui après avoir traversé un zone boisée, nous fait longer les anciens champs cultivés qui surplombe la baie St Peters. Un panneau présente la ferme Sanderson en activité de 1820 à 1970 à l'emplacement des 2 bouleaux .

L'emplacement de la ferme Sanderson
La baie St Peters 

Sur le sentier des Dunes de Greenwich, nous avons passé une longue passerelle sur l’eau en passant devant de vieilles dunes pour arriver sur la très grande plage. Nous avons passé différents paysages : forêts, étangs, formations dunaires et plages soit 4,6 km de circuit AR. Des panneaux présentent les différents milieux. Nous commençons dans la forêt sombre. L'île était couverte d'une forêt de feuillus et de résineux très diversifiée qu'on appelle la forêt acadienne. Depuis bon nombre de ces arbres ont été abattus pour faire place aux terres agricoles. Nous arrivons ensuite dans une forêt plus lumineuse qui abrite essentiellement des feuillus comme l'érable rouge, le bouleau blanc et jaune. Elle laisse pénétrer la lumière, le sol est plus riche en substances nutritives et moins acide, cela favorise la croissance des plantes et des arbustes. Cette variété créée pour les insectes, les oiseaux et les mammifères un habitat qui ne se trouve pas dans une forêt ombragée touffue. Nous passons ensuite une zone de dunes grises, ce sont les dunes à l'intérieur des terres. Certaines plantes peuvent y pousser et survivre dans cet environnement plus stable protégé du vent. Cela favorise la croissance de tapis de lichen qui à leur tour stabilise davantage la dune.

Ecureuil roux
De la forêt sombre à la forêt lumineuse 

Nous arrivons sur la passerelle qui traverse un étang entouré de dunes, les dunes anciennes stabilisées par le lichen à l'intérieur des terres, les autres sans cesse remodelées par le vent. Ce paysage changeant est l'habitat de l'ammophile, une herbe robuste adaptée pour survivre dans cet environnement hostile. Arrivés sur la grande plage, nous faisons demi-tour.

Bernache du Canada
Vues sur les dunes et l'étang 
La plage 

Nous avons ensuite enchainé par le sentier Tlaqatik (signifiant "au campement" en langue mi'kmaq) de 2,4 km. Une partie de ce sentier longeait la Baie St Peters. Des panneaux d'information présentent l'histoire de cette région de la période Mi'kmaq à l'arrivée des colons. Au début du 18ème siècle, le Havre St Pierre ou St Peters Harbour formait le premier établissement commercial.

Pour illustrer le campement des Mi'kmaq, un wigwam a été construit avec les matériaux et les techniques anciennes mi'kmaq dans le cadre du partenariat entre Parcs canada et la confédération mi'kmaq de l'île du prince Edouard afin de garder vivant les enseignements mi'kmaq et les transmettre d'une génération à l'autre.


Grand héron ou héron bleu
Le long de la baie avec une vue sur  le phare de St Peters Harbour  de l'autre côté de la baie.

L'extrémité de la péninsule de Greenwich est un milieu spécial. Depuis le début des années 1970, elle a connu plusieurs propriétaires et c'est en 1998, que le parc national de l'île du prince Edouard annexe cette zone pour protéger le secteur et limiter l'incidence de l'activité humaine. En effet, c'est un paysage fragile. Sous le régime français, les dunes n'étaient pas concédées, elles délimitaient donc naturellement les propriétés. Les colons français coupaient l'ammophile sur les dunes pour en faire du fourrage. Plus tard, les fermiers britanniques faisaient paître leur bétail dans les dunes. Ces activités ont probablement favorisé l'érosion des dunes.

Les terres agricoles abandonnées forment des habitats riches et variés pour la faune. C'est vers les années 1980, que la pratique de l'agriculture a cessé et la nature a repris ses droits. La végétation abondante attire les insectes, les oiseaux et les petits mammifères qui à leur tour attirent des prédateurs comme le renard roux, la belette et divers rapaces.

La vie dans la baie : la baie protégée du rude climat est riche en éléments nutritifs grâce aux rivières qui en font une nourricerie. Son fond riche est propice à la croissance des myes (mollusques bivalves) et autres coquillages. Les oiseaux se nourrissent sur les rives découvertes à marée basse. Le port de Red Head de l'autre côté de la baie est le centre de la pêcherie locale. Homard, poisson de fond, maquereau et thon rouge sont pêchés en haute mer alors que dans les eaux abritées de la baie, on pêche en saison l'éperlan, l'anguille et le gaspareau (poisson ressemblant au hareng) et on cultive la moule.

A l'arrivée des français et des Acadiens, les Mi'kmaq ont continué à vivre sur l'île. A l'époque, c'étaient surtout le port, la pêche et les terres arables qui attiraient les Européens. Bien que les colons et les Mi'kmaq menaient des mode de vie différents, les deux peuples dépendaient des abondantes ressources locales et leur coexistence était pacifique. La déportation en 1758 a bouleversé ce train de vie.

Pour les Mi'kmaq, c'était la baie des Myes. Cet endroit avait une toute autre apparence quand les premiers êtres humains s'y rassemblaient pour chasser et pêcher, il y a 11 000 ans. Le niveau de la mer était 20 à 40 mètres plus bas qu'aujourd'hui et l'île était rattachée au continent. La baie St Peters était alors une rivière qui se jetait dans la mer beaucoup plus loin. Il y a 4 à 5 000 ans, avec la hausse du niveau de la mer, l'île a été isolé du continent et la baie a commencé à se former. Les Mi'kmaq continue à vivre sur l'île. Le parc national de l'île du Prince Edouard est situé sur le territoire traditionnel non cédé des peuples mi'kmaq. Sur le site, il a été découvert pendant les années 1960 de nombreux vestiges. Les fouilles pratiquées en 1983 et en 1985 ont permis de mettre à jour des outils de pierre et d'autres objets qui retracent 10 000 ans d'histoire humaine.

Les colons français et acadiens ont commencé à cultiver sur ce site dans les années 1720. A l'origine, leur activité était exclusivement axée sur la pêche. C'est la pêche à la morue qui a attiré les Français dans cette région du golfe du Saint Laurent dont les fonds marins étaient riches en poissons. Ils ont été rejoint par la suite par les Acadiens. La pêche a peu à peu fait place à l'agriculture. La région s'y prêtait avec de bonnes réserves d'eau, du bois de chauffage et d'œuvre, un sol fertile. Au début, ils ne cultivaient que pour subvenir à leurs besoins mais par la suite, ils ont commencé à approvisionner la capitale de la colonie Louisbourg. La petite collectivité du départ s'est développée et leur niveau de vie s'est amélioré grâce aux richesses de la terre et de la mer. Après la déportation de 1758, les colons britanniques se sont peu à peu appropriés les terres désertées. En 1833, c'est une majorité d'écossais qui vivaient sur la côte nord de la baie et bon nombre de leur descendant vivent encore dans la région. En 1764, les Britanniques permettent aux acadiens de revenir. Les quelques Acadiens revenus ou sortis de leur cachette travaillent dans l'industrie de la pêche qui a repris dans la baie. Toutefois après la déportation, les colons mettent du temps à s'installer et ce n'est qu'au cours du 19ème siècle que la population s'accroit dans la région de Greenwich.

Nous arrivons au bout de la pointe où se trouve des dunes. L’objectif du parc est de protéger cet espace de dunes. Très belle et agréable randonnée.

Le sentier au niveau des dunes de la Pointe 

La côte des Pignons verts

Nous poursuivons vers une autre zone pour voir le grand cordon dunaire de Tacadie, Cette zone est impressionnante. Nous l’avons vu à marée basse, période où il est possible de rejoindre les dunes du cordon.

Le cordon dunaire
Le grand cordon dunaire de Tacadie

Cavendish

Mais il se fait tard. Finalement nous trouvons un motel à Cavendish en passant une autre zone de cordon dunaire.

Nous avons du soleil lorsque nous partons à la recherche de la ferme des Pignons Verts qui se trouve à Cavendish. Nous nous arrêtons sur un site qui ressemble à un petit village où nous pensions que se trouvait la ferme des Pignons Verts. En fait, il s’agissait d’un ensemble de boutique touristique sans activité en octobre.

Le village touristique 

La ferme des Pignons verts est un site protégé par le parc national comprenant un centre d’interprétation qui retrace la vie de Lucy Maud Montgomery, autrice du livre «Anne... la maison aux Pignons verts ». La ferme qui l’a inspiré avec une maison, une grange, des écuries était la maisons de ses cousins.

La maison aux Pignons Verts 
A l'intérieur de la maison
 La grange et l'écurie

Lucy Maud Montgomery est née à New London en 1874. Elle a à peine 2 ans au décès de sa mère. Son père migre vers l'Ouest canadien et elle est élevée par ses grands parents maternels à Cavendish. Très tôt, elle est intéressée par la littérature. Elle lit, écrit. A 15 ans, elle publie un poème et ses premiers essais lors de son séjour d'une année chez son père à Prince Albert. Nostalgique de l'île du Prince Edouard, elle y retourne pour faire ses études. Elle fait une formation en enseignement à Charlottetown en une année au lieu de deux et s'inscrit à l'université d'Halifax. Elle partage son temps entre l'enseignement et l'écriture mais elle revient sur Cavendish pour aider sa grand mère au décès de son grand père. Tout en aidant sa grand-mère au bureau de poste, l'écrivaine poursuit son écriture. Responsable du sac postal, elle expédie discrètement des textes à des éditeurs. Plusieurs centaines de nouvelles et de poèmes sont publiés au Canada et aux Etats Unis. En 1908, son premier roman "Anne... la maison aux pignons verts" est publié. C'est un succès immédiat auprès du public. Après le décès de sa grand mère, elle épouse un pasteur presbytérien et vit en Ontario. Malgré ses épreuves personnelles (enfant mort né, décès de sa meilleure amie et maladie de son mari), elle continue à produire des romans toujours aussi populaires. La maladie mentale de son mari l'épuise sans compter ses inquiétudes pour ses enfants et ses difficultés pécuniaires, Elle continue d'écrire jusqu'à sa mort en 1942. Son dernier manuscrit est expédié à son éditeur le jour de sa mort. Sa dépouille se trouve au cimetière de Cavendish.

Toute sa vie, Lucy Maud Montgomery éprouve un attachement profond pour les paysages, les gens et les lieux de l'île du Prince Edouard. Dans le livre "Anne... la maison aux pignons verts", l'Avonlea d'Anne correspond presque à la ferme de ses cousins à Cavendish. On y découvre l'importance du potager produisant des légumes qui étaient mis en conserves. Cette ferme se situait à proximité de la maison de ses grands parents. Les descriptions du livre offrent un portrait authentique de la vie agricole insulaire à la fin du 19ème siècle. Le paysage de l'île du Prince Edouard a été composé par des familles exploitant des fermes comme celle-ci qui avait un attelage de chevaux pour labourer les champs ainsi qu'une vache laitière et un élevage de volailles. A travers son héroïne, l'autrice a illustré le pouvoir de l'amitié et de la loyauté.

A Cavendish, il a été découvert les empreintes d'un dimétrodon qui vivait il y a 270 millions d'années. Les dimétrodons étaient de grands reptiles carnivores qui vivaient dans les forêts humides et marécageuses.

North Rustico

Nous avons été jusqu’à North-Rustico pour suivre la route côtière de North Rustico à Cavendish. Sur ce trajet, nous avons vu le phare de North-Rustico et un peu plus loin, la plage et sa falaise. En suivant cette route le long de la côte, nous avons pu voir quelques portions de falaises rouges avant de retrouver la route 6.

Phare de North Rustico
North Rustico 
Sur la route 13 de North Rustico à Cavendih 

Nous sommes passés à New London où se trouve la maison de naissance de Lucy Maud Montgomery. En poursuivant sur la route 20, nous avons continué à longer la côte.

La maison de naissance de Lucy Maud Montgomery

Nous sommes allés jusqu’au phare de New London, sa plage d’où l’on peut apercevoir l’extrémité d’un autre cordon dunaire.

Le phare de New London
Vue sur le cordon dunaire 
Geai bleu
Bernache du Canada

Un peu plus loin, en prenant une piste nous sommes arrivés au niveau du phare du cap Tryon d’où l’on peut voir des falaises.

Le phare du Cap Tryon

Je suis impressionnée par les cordons dunaires sur la côte Nord de l’île du Prince Edouard. Nous quittons cette portion de côte pour aborder l’Ouest de l'île du Prince Edouard.

L’Ouest de l'île du Prince Edouard

La route 2 que nous suivons depuis Kensington et qui monte jusqu’à Tignish contourne la grande baie de Malpeque presque fermée par un long cordon dunaire. C'est encore plus impressionnant que sur la côte que nous venons de quitter. La côte Est de l'Ouest de l'île du Prince Edouard présente une suite de cordons dunaires jusqu'à Alberton. Nous faisons un crochet par la Tyne valley en passant par la route 132, 178 puis 12. Nous sommes toujours dans la région de la baie de Malpeque. Nous poursuivons sur la route 12 pour rejoindre la route 2 en contournant une autre baie, celle de la Foxley river.

Foxley River 

North Cape

A Tignish, nous montons jusqu’au North Cape où se trouve le phare du même nom. Le cap est surprenant. Il est peu élevé et il possède un récif de roches naturelles sur près de 2 kilomètres. A marée basse, on peut se déplacer dessus et à marée haute on peut voir la rencontre des courants du golfe du St Laurent et ceux du détroit de Nortumberland. Le Nord de cette partie est assez pelé.

le phare de North Cape
Le récif à marée haute
North cape  : le phare et le récif

Cette partie de la côte avec son récif est très dangereuse pour la navigation. Le North Cape a été témoin de nombreux naufrages. Le phare construit en 1865 est l'un des plus anciens du Canada atlantique. Il est visible à environ 30 km au large. Sa structure a résisté à l'épreuve du temps mais pas aux assauts de la mer. En 1951, il a dû être déplacé de 122 mètres à l'intérieur des terres en raison de l'érosion côtière.

Mais revenons au récif, c'est le plus long récif de roches naturelles d'Amérique du Nord. C'est un endroit idéal pour les oiseaux de mer. Certaines espèces font halte à North Cape pendant leurs migrations de printemps et d'automne. Le grand cormoran et le guillemot à miroir restent assez longtemps pour nicher et se reproduire. Le récif est également un lieu de prédilection pour les phoques gris et les phoques communs. Cette présence n'est pas du goût des pêcheurs car leur régime alimentaire se compose essentiellement de poissons. De plus, ils volent des casiers à homards appâtés à 35 mètres de profondeur. Avant 1800, il était courant d'apercevoir le long du récif des vaches marines, un mammifère marin ressemblant à un Dugong ou à un lamantin.

La rencontre des marées du détroit de Northumberland et du golfe du St Laurent est particulièrement visible les jours de grand vent ou lorsque le ressac est important et en hiver, il peut créer une crête de glace qui s'étend à partir de la pointe.

Sur le retour, nous passons à côté du petit port de Seacow Pond. C'est le port d'attache des pêcheurs locaux qui partent selon la saison à la recherche du homard, du flétan, du maquereau, du hareng et du thon. Le port doit son nom à la vache marine de Steller (seacow en anglais) aujourd'hui disparue et qui broutait autrefois le varech dans les eaux au large.

Le port de Seacow 

C'est d'ici que nous descendons jusqu’à Alberton, village découvert et apprécié de Jacques Cartier.

Puis nous passons de l’autre côté, sur la côte de falaises rouges. Nous les longeons sans vraiment avoir de point de vue. A un moment, nous prenons une petite piste et surprise nous arrivons au niveau d’un regroupement autour de jeunes mariés.

Les falaises de la côte Ouest

Phare de West Point

Nous arrivons ainsi au phare de West Point. C’est le plus imposant de tous les phares de l’île du prince Edouard.

Le phare de West Point 

Phare du cap Egmont

Nous prenons ensuite la direction de Summerside où nous avons fait une réservation d’une chambre au Cairns motel. Nous faisons toutefois un crochet par le cap Egmont où l’on nous avait dit qu’il y avait des falaises rouges et une plage mais il est tard.

Le phare et le port du cap Egmont

Nous arrivons tardivement au motel.

Nous avons fait beaucoup de kilomètres sans vraiment avoir vu des points de vue détonnant. C’est une journée fatigante et assez décevante. Il est vrai que ce n'est pas la bonne période pour visiter et beaucoup de sites sont fermés en octobre.

Le lendemain, nous quittons Summerside avec un temps nuageux et un peu de pluie. Avant de quitter l’île, nous faisons quelques photos du pont que nous allons prendre pour revenir au Nouveau Brunswick.

L’île du Prince Edouard est légèrement vallonnée mais il n’y pas vraiment de relief. Les falaises ne sont pas très hautes. L’île n’est pas très boisée, c’est une terre très cultivée. La principale culture c’est la pomme de terre. C’est incroyable le nombre de champs que nous avons pu voir.

9

Nous longeons la côte acadienne dans un premier temps par la route NB955 jusqu’au Parc Provincial de Murray Corner mais le site était fermé. Nous poursuivons vers Cap Pelé, c’est une zone très construite qui ne nous attire pas vraiment. Quant à la plage de l’Aboiteau, elle n’est pas remarquable. Par contre les aménagements sont assez impressionnants. Nous allons ensuite jusqu’à la plage de Parlee, un peu avant Shédiac. Là aussi les aménagements sont importants mais elle n’est pas non plus remarquable. En saison estivale, ces sites doivent être prisés.

Corneille
Bruant chanteur

Nous passons Cocagne où un panneau relate la commémoration du 250ème anniversaire de l'établissement de la première communauté acadienne dans la région de Cocagne. A l'automne 1767, quatre familles reçoivent les premières concessions de terre accordées à des acadiens après le grand dérangement avec la permission officielle de la Couronne britannique.

Depuis notre retour au Nouveau Brunswick, le paysage a complètement changé par rapport à l'île du Prince Edouard, nous retrouvons une ambiance plus boisée et nous profitons à cette saison des couleurs flamboyantes des arbres. Il y a quelques cultures mais ce sont surtout des prairies pour l’élevage.

L'écocentre Irving de la dune de Bouctouche

Nous poursuivons vers Bouctouche ou plutôt à une dizaine de kilomètres au Nord où il y a l'écocentre Irving de la dune de Bouctouche qui a pour mission de protéger la dune, la faune et la flore qui y vivent. Ce cordon dunaire s’étend sur une douzaine de kilomètres. Il est formé par l’action constante du vent, des marées et des courants. Lors des tempêtes importantes, sa forme peut changer. En 2022, la tempête Fiona a diminué la hauteur de la dune. Depuis l’ouverture du site en 1997, la passerelle a connu plusieurs dommages et son tracé à évoluer avec la forme de la dune. Cette passerelle reconstruite à plusieurs reprises permet aux visiteurs d'observer l'écosystème tout en évitant de mettre en péril les habitats fragiles de la dune.

Armoise de Steller
L'ammophile à ligule
araignée épeire diadème

Le grand héron est l'emblème de l'écocentre Irving. C'est un oiseau migrateur et un échassier de grande taille. Dans la baie de Bouctouche , il s'alimente principalement de poissons qui vivent dans les eaux peu profondes de la baie. Le héron niche le long des rives et sur les îles isolées au large de la côte comme l'île de Cocagne ou l'île de Shédiac.

Avec ses marais salés, ses prairies herbeuses et ses plages sableuses, la dune de Bouctouche est un habitat important pour plusieurs espèces d'oiseaux. Des nids de pluviers siffleurs sont recensées annuellement depuis 1997. Le pluvier siffleur se nourrit de petits crustacés, de vers marins, de puces de mer et de larves de mouche. Au moment de la migration d'automne, les plages et vasières sont fréquentées par de nombreux limicoles dont la barge hudsonienne.

Le marais salant représente la rencontre entre le milieu terrestre et le milieu marin. Il est régulièrement inondé lors des marées. Ce va et vient de l'eau transporte de la matière organique emmagasinée dans le marais permettant de servir de nourriture aux petits poissons, crustacées et bivalves et favorise la croissance du phytoplancton. Des plantes spécifiques comme la spartine pectinée et la spartine à fleurs alternes poussent dans ces zones exposées aux marées. La spartine est récoltée comme foin. Il y a également de l'armoise de Steller, l'hudsonie tomenteuse et la myrique de Pensylvanie.

Dans le marais, il y a des renards roux qui se nourrissent de campagnol, de sauvagine, d'oisillons. Des observations sont en cours pour vérifier la prédation du renard sur les populations des pluviers siffleurs qui est une espèce menacée.

Les eaux saumâtres de la baie sont également l'habitat de plusieurs mollusques comme la moule bleue, la mye, la mactre d'Amérique ou palourde de dune, la palourde américaine, le couteau de l'Atlantique, l'huitre commune, la crépidule commune, la littorine et la lunatie. Près de la dune de Bouctouche, on pèche le hareng et le homard. Pendant les mois d'été, les méduses lunaires et arctiques sont transportées par les courants sur les côtes.

L’histoire du site : les Acadiens de retour dans la région après la fin des conflits entre l’Angleterre et la France se sont d’abord établis près du port naturel protégé par la dune dans cette baie en 1785. Le site leur est apparu comme un endroit sûr comme futur port pour l’industrie de la pêche en leur Nouvelle Acadie. Elle est devenue un endroit privilégié pour les pêcheurs locaux comme elle l’avait été au cours des siècles précédents pour les Mi’kmaq.

Le but de l’écomusée Irving a un côté éducatif mais aussi permet d’observer et de connaître les écosystèmes notamment l’érosion de la côte et de protéger le pluvier siffleur ainsi que plusieurs autres oiseaux du milieu côtier notamment le grand héron.

Le site présente un centre d’interprétation relatant l’histoire du site depuis des millénaires. Il y a environ 13 000 ans, les derniers grands glaciers ont commencé à se retirer des provinces maritimes révélant ce qui allait devenir le détroit de Northumberland. Environ 9 000 ans plus tard, le détroit est entièrement submergé suite à la hausse graduelle du niveau de la mer. La dune s’est formée il y a 2 000 ans.

A l'arrivée des européens, la région était déjà habité par la nation Mi'kmaq qui s'étendait de la péninsule gaspésienne à la Nouvelle Ecosse. Les autochtones vivaient dans des villages côtiers durant l'été et remontaient les rivières à l'automne. La baie de Bouctouche protégée par la dune était un lieu privilégié pour eux. Les Mi'kmaq vivaient des ressources naturelles et ils aidaient beaucoup les nouveaux arrivants, en particulier les Acadiens à se nourrir, se vêtir et se soigner à partir de ce que leur offrait la nature. Depuis le début de la colonisation le mode de vie nomade des Mi'kmaq a considérablement changé. Il est important de reconnaître leur contribution au développement de cette région au détriment de leur propre culture

Cette petite balade sur les passerelles était plutôt agréable et intéressante.

Le parc national de Kouchibouguac

Nous partons ensuite pour le parc national de Kouchibouguac. Plusieurs circuits de randonnées sont proposés. Nous optons dans un premier temps pour la passerelle de la plage Kelly’s soit 1 km AR. Le ciel est sombre mais le site est sympathique. Cette passerelle nous amène sur une plage sauvage où nous avons pu observer des limicoles mais aussi de phoques. Ils ont l’air très nombreux. Nous marchons un peu sur la plage où l’on peut voir les coques de palourdes américaines. Sur la passerelle, nous avons vu des grands hérons bleus, des pluviers siffleurs (gravelots) et des bécasseaux.

Pluvier siffleur
Phoque

Dans un deuxième temps, nous faisons la balade de la tourbière soit 1,8 km AR. Ce qui est surprenant, c’est que nous commençons à marcher dans une forêt dense où les couleurs automnales de quelques feuillus donnent l’impression d’avoir un éclairage en cet après midi sombre. Et puis nous arrivons à la zone de la tourbière. Une tour d’observation permet de la voir de haut. C’est une zone au milieu de la forêt. C’est impressionnant.

Vue de la tour 

Nous apprenons par les panneaux présents sur le site que la tourbière pourrait gagner du terrain sur la forêt à cause de la sphaigne. L’acidité générée par la sphaigne asphyxie les arbres. La tourbière avait pris ses couleurs automnales. C’était vraiment beau. Le niveau d'eau d'une tourbière bombée est plus élevé que les terres adjacentes et à tendance à monter. L'expansion d'une tourbière est un processus lent qui dépend du climat et de la surface du sol. Elle est principalement l'œuvre d'un excès d'eau froide et acide qui s'écoule du centre bombé et de la propagation de la sphaigne aux sols avoisinants. La tourbière est un écosystème intemporel qui se forme par l'accumulation de tourbe sur des millénaires. Le dôme est la partie la plus élevée de la tourbière. L'accumulation de tourbe à cet endroit représente environ 6 à 7 mètres d'épaisseur. L'étang que nous pouvons voir est la preuve que la sphaigne et la tourbe peuvent retenir l'eau. Aucune rivière ni source n'alimente cet étang. Toute cette eau est de l'eau de précipitation.

La zone bombée et son étang 

Pour pallier aux manques de nutriments de la tourbière, certaines plantes se sont adaptées afin de manger des insectes. C'est le cas de la droséra, de la sarracénie pourpre et de l'utriculaire cornue. La vie dans une tourbière froide et acide peut être difficile. Toutefois certains animaux s'y sont adaptés et d'autres la visitent à l'occasion. A l'aube ou au crépuscule le plus grand visiteur est l'orignal. Le moustique est l'une des espèces qu'on trouve en plus grand nombre dans la tourbière. Ce qui attire les libellules, les oiseaux insectivores comme la paruline à calotte noire. La végétation de la tourbière attire les oiseaux granivores comme le bruant chanteur et le campagnol qui attirent à leur tour les renards. Le cerf de Virginie se nourrit des plantes de la tourbière tandis que l'orignal préfère les plantes de l'étang. Face à la dégradation environnementale causée par le remblayage des milieux humides, l'extraction de la source et le changement climatique, l'avenir des tourbières du monde est incertain. La partie la plus récente et la plus mince d'une tourbière bombée est la lisière extérieure que l'on appelle marécage bordier. C'est la partie la plus riche en minéraux apportés par l'eau de la forêt environnante. le sol y est plus fertile et on y trouve une très grande diversité d'espèces végétales notamment plusieurs espèces d'orchidée

Dommage que nous manquions de lumière aujourd’hui car ces derniers sites nous ont beaucoup plu.

Il se fait très tard et nous rejoignons le motel que nous avons réservé à Miramichi à la nuit. Le fait de réserver nous évite beaucoup de stress et nous permet de prendre notre temps lors de nos visites.

Le Jour suivant, le ciel est bien bas lorsque nous quittons Miramichi et il bruine par moment. Nous longeons un certain temps le fleuve de Miramichi jusqu’à son estuaire. Il est très large.

Le parc de l’île-aux-foins

Un peu avant Neguac, nous allons dans le parc de l’île-aux-foins où nous avons suivi un parcours de passerelles et nous avons pu voir un grand Héron et des limicoles. Sur le site, il y a un phare aux couleurs acadiennes. Construit en 1905, il servait de phare d’alignement. Aujourd’hui, il n’est plus utilisé.


Grand héron ou héron bleu
Canard colvert femelle
Petit chevalier à pattes jaunes
Sur l’île-aux-foins 

Shippagan

Nous poursuivons jusqu’à Shippagan où nous comptions aller voir l’aquarium mais il est fermé à cette époque. A côté de l’aquarium et du centre marin, nous pouvons voir un phare. C’est en fait le vieux phare de l’île du Portage à l’entrée de l’estuaire du fleuve Miramichi construit en 1869, il a eu des gardiens jusqu’en 1960. Puis avec la technologie moderne, il ne servait plus à la navigation. En 1986, le centre marin en fait l’acquisition et l’installe à côté de l’aquarium Shippagan.


Le port de Shippagan

L’île Miscou

A défaut de visite, nous partons vers les îles Lamèque et Miscou. Nous allons au plus loin, la visibilité est très limitée. Enfin, nous arrivons tout au bout de l’île Miscou au pied de son imposant phare de forme octogonale d’une hauteur de 22,50 mètres à l’origine puis surélevé à 24,30 mètres en 1903. Il pleut, il y a beaucoup de vent. Nous pique niquons dans le véhicule.

Le phare de l'île de Miscou 

Pendant ce temps le ciel s’est allégé et nous visitons le phare. C’est très intéressant de voir la construction en bois de l’intérieur.

L'intérieur du phare 

De nombreux panneaux présente l'histoire du site.

L'île de Miscou est située à l'extrémité Nord Ouest du Nouveau Brunswick et constitue une division naturelle entre la baie des Chaleurs et le golfe du Saint Laurent. Jacques Cartier a longé la côte en 1534 et il nomma la pointe Nord de l'île, le cap d'Espérance croyant avoir découvert le passage vers les Indes en raison de la baie qui s'avançait vers l'Ouest qu'il baptisa baie des Chaleurs. Dans les années 1600, l'activité humaine sur l'île de Miscou était principalement le commerce du poisson et la traite des fourrures. La première mission jésuite s'est installée en 1634 ou 1635 dans la partie sud de l'île de Miscou. Mission florissante pendant plusieurs années, elle a été abandonné en 1662. On attribue son abandon à la rigueur des hivers et à la difficulté d'y retenir des autochtones dont le mode de vie est nomade.

Le phare, construit en 1856 suite à de nombreux naufrages, est toujours en activité avec des systèmes modernes qui ont une portée de 60 km au lieu 12 km à sa création. Aujourd'hui, il est visible de la Gaspésie. La première lanterne du phare se composait de 8 lampes dont leurs feux étaient alimentés par l'huile de phoque. En 1893, les 8 lampes furent remplacées par une lampe tournante visible à une distance de 22 km.

Le phare est situé sur un promontoire s'avançant dans la mer (Pointe de Birch). En raison de l'érosion il a dû être déplacé vers l'intérieur des terres à deux reprises. En 1946, il a été déplacé de 61 mètres. Il faut dire que l’île a une situation importante à l’entrée de la Baie des Chaleurs dans le golfe du Saint Laurent

Par ailleurs, de là haut, nous avons une superbe vue sur la côte et sur la tourbière avec ses couleurs d’automne.

La vue en haut du phare

En 1939, un avion soviétique a fait un atterrissage forcé sur une tourbière de l'île de Miscou. Le vol s'était déroulé dans des conditions extrêmes, l'avion ayant dû affronté 3 cyclones et des vents de côté. Il était prévu un vol sans escale pour rejoindre New-York et assister à l'ouverture officielle de l'exposition universelle. C'était le premier vol sans escale en passant par le cercle polaire.

Sur le retour, l'éclairage est meilleur et nous avons une belle vue sur le phare et la côte.

Nous nous arrêtons ensuite sur un site d’observation sur le bord du lac Chenière qui se déverse dans la mer par un passage dans le cordon dunaire. Là aussi, la côte présente de nombreux cordons dunaires. Au niveau de la pointe, il y a également l'observatoire du lac Frye où l'on peut observer pendant la saison de reproduction la sarcelle d'hiver, canard d'Amérique, Canard pilet, canard noir, harle huppé et les canards plongeurs. On peut voir le goéland à bec cerclé, le goéland marin, la mouette de Bonaparte, la mouette tridactyle, la sterne arctique, la sterne pierregarin et le labbe parasite. Il y a aussi les limicoles comme le bécasseau sanderling, la barge hudsonienne, le pluvier siffleur, le pluvier semi palmé et le pluvier argenté. Il ne faut pas oublier les rapaces avec le balbuzard pêcheur, la crécerelle d'Amérique, le faucon pèlerin, la petite buse, l'épervier brun, le faucon émerillon, le busard St Martin et l'harfang des neiges.

De l'autre côté de la route, il y a possibilité de suivre un petit circuit dans la tourbière mais nous avançons car le temps devient menaçant. Cette petite île est très intéressante.

Sur la route 

Le parc écologique de la péninsule acadienne

Nous quittons l’île Miscou pour l’île Lamèque où il y a un aménagement d'une passerelle. C’est le parc écologique de la péninsule acadienne. Après avoir pris, la passerelle, il est possible de suivre un sentier dans les bois mais nous faisons rapidement demi-tour à cause d’une averse. En quittant le site, nous avons eu un très bel éclairage après l'averse. Sur ce site orienté vers la protection de l'environnement caractéristique de la péninsule acadienne (plantes et animaux) et l'éducation, on peut voir un parc éolien issu de la volonté de doter la région des îles Lamèque et Miscou d'un projet majeur ayant une incidence économique significative.

Grand héron ou héron bleu
Petit chevalier
Le Grand héron ou héron bleu  et  la barge hudsonienne 
La passerelle du parc  avec un superbe éclairage après la pluie 

Nous poursuivons notre découverte en allant jusqu’à Caraquet où il y a le musée acadien fermé en octobre. Un peu plus loin sur la commune de Bertrand, il y a un village historique acadien également fermé.

Enfin, nous allons jusqu’à Grande Anse où il y a le musée des cultures fondatrices mais lui aussi fermé. Dommage car ce musée relate l’histoire des peuples fondateurs de la région Mi’kmaq, Malecite, acadien, irlandais, Ecossais et Britanniques. A défaut, de pouvoir profiter du musée, un panneau extérieur présente l'histoire irlandaise à partir de 1171, date de l'invasion anglo-normande. Pendant 800 ans, les Irlandais étaient sous l'influence de la gouvernance de l'Angleterre, et pour une partie du temps, ils avaient seulement le droit de devenir maires, huissiers ou membres du clergé s'ils prêtaient serment d'allégeance à la couronne britannique. Durant plusieurs parties de cette période, un loi britannique interdisait la langue gaélique, le hurling, la danse irlandaise, les robes irlandaises, la messe et le droit de vote. Les terres étaient majoritairement confisquées par des propriétaires anglais et les Irlandais devaient y travailler. Au début des années 1700, des lois pénales opprimaient 75% de la population : ils devaient endurer la persécution religieuse en plus d'être exilés par milliers pour peupler des colonies britanniques. Afin d'échapper à la cruauté, à l'oppression, la corruption, aux massacres et à la pauvreté inévitable, de nombreux irlandais ont immigré en Amériques dans l'espoir de commencer une nouvelle vie en toute liberté.

Vers 1819, nos aïeux ont quitté leur pays pour se joindre à la diaspora naissante du peuple irlandais. Certains sont débarqués à Blue Cove et Waterloo, d'autres sont dirigés vers Pokeshaw et BlackRock et de nombreuses personnes ont été les premières à coloniser les communautés le long de la côte vers Bathurst. Au début des années 1800, la côte entre Maisonnette et Janeville n'était pas revendiquée. Seulement Grande Anse (1809) appartenait à des colons français et un poste de traite, une scierie et 4 bâtiments au havre de Pokeshaw appartenait à des Ecossais.

Une carte pour se situer 

Non sans effort, souffrance et sacrifice, les colons ont défrichés les terres, construits des maisons, tracé des sentiers dans les bois et créé des descentes dans les caps. ils travaillaient comme fermiers, pêcheurs, bucherons et meuniers afin de subvenir aux besoins de leurs grandes familles dans la paroisse de New Brandon du comté de Gloucester au Nouveau Brunswick.

"La vie n'était pas facile mais les Irlandais, leurs voisins acadiens et les colons de l'île de Jersey étaient des gens laborieux et ingénieux. la constante contribution des Irlandais aux communautés, aux routes, aux chemins de fer et aux institutions (médicales, d'éducation et de religion) du Nouveau Brunswick illustre à merveille leur ténacité et leur engagement envers la création de notre province et notre nation."

Grande Anse

A Grande Anse, le centre d’information se situe dans un phare aux couleurs acadiennes construit pour l’occasion.

Le phare de Grande Anse 

La côte sur cette partie est remarquable. Elle présente de belles falaises malheureusement pas mises en valeur avec ce temps sombre. Toutefois, nous nous arrêtons au niveau du site spectaculaire de la plage et du rocher Pokeshaw. C'est un site côtier unique. Ce massif isolé appelé éperon d'érosion marine est tout ce qui reste après des années d'érosion côtière. C'est un lieu important pour les oiseaux de mer. une colonie Cormorans à aigrettes niche au dessus du rocher et l'on observe souvent dans cette zone d'autres oiseaux tels que le petit pingouin, la mouette tridactyle et le guillemot à miroir. ce site constitue l'un des seuls endroits où l'on peut les observer dans la région.

La plage et le rocher Pokeshaw 

Nous reprenons ensuite la grande route 11 pour rejoindre Dhalousie où nous avons réservé une chambre pour la nuit. Tout au long du trajet, nous avons profité des couleurs flamboyantes des arbres. Quand le soleil daignait éclairer la forêt, c’était superbe. A la fin de notre parcours, c’était plutôt gris et très pluvieux.

Nous sommes dans la baie des Chaleurs. De l'autre côté de la Baie c'est le Québec.

Nous quittons Dalhousie sous un ciel maussade. Nous longeons la Baie des Chaleurs. Nous apercevons difficilement la côte québécoise de la Gaspésie. En arrivant à Campbellton, le paysage prend du relief et nous profitons des couleurs automnales malgré un temps gris.

Campbellton

Nous traversons la rivière Restigouche à Campbellton et passons du côté de la province du Québec.

La suite du voyage est décrite dans l'étape 7 du carnet de "voyage au Canada 1: La province du Québec" via le lien suivant "retour au Québec"

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Nous quittons les provinces maritimes. Que dire de ce circuit où nous avons fait le tour des trois provinces maritimes sur une trentaine de jours pour environ 5 000 km parcourus soit une moyenne de 160km par jour. Cela reste correct et en même temps, nous avons eu l’impression d’aller trop vite sur certains sites. Nous n’avons pas beaucoup séjourné dans les villes, nous avons préféré visiter les parcs provinciaux ou les parcs Canada. Au niveau des paysages ce qui nous a impressionné, c’est la grande présence de l’eau : nombreux lacs, cours d’eau et des côtes très découpées notamment en Nouvelle Ecosse. L’itinérant est intéressant mais ne permet pas de profiter toujours d’un bon éclairage (journée ensoleillé ou pas, le matin, le soir…). Tout est une question de choix mais tant que nous ne connaissons pas le pays, c’est difficile de se faire une idée sur ce qui peut nous intéresser.

La période à laquelle nous avons fait notre circuit n’était peut être pas la meilleure notamment pour l’observation des oiseaux ou des mammifères marins qu’il est préférable d’observer en Août. Par ailleurs, nous avons constaté que fin septembre, début octobre de nombreux sites étaient fermés.

Après la logistique revenons aux impressions que nous a laissées ce voyage.

Grâce aux informations des parcs canadiens, nous avons beaucoup appris sur la nature avec la formation géologique, les animaux, la végétation. Mais ce qui nous a le plus surpris et intéressés c’est de découvrir toute l’histoire humaine, de la période des peuples autochtones à la période de la colonisation.

Nous connaissions vaguement l’histoire des Acadiens mais la présentation faîtes dans les parcs Canada nous a permis de faire plus ample connaissance avec la culture acadienne et de prendre également conscience du drame de leur déportation que cette population a subi entre 1755 et 1764.

Doù vient le nom d'Acadie ? Le terme "Arcadie" a été utilisé pour la première fois par l'explorateur italien Verrazano au service de François 1er dans son rapport de 1524 lors de son premier voyage dans la région côtière de l'Amérique du Nord en notant que la « beauté de ses arbres » lui faisait penser à une région du Péloponnèse perçue comme un paradis sur Terre, l'Arcadie. Au fil des explorations, L'Arcadie se transforme en Acadie et ses frontières se précisent pour correspondre plus ou moins aux provinces maritimes du Cannada aujourd'hui.

Que dire de l'identité acadienne ? A l'origine, il s'agit de colons majoritairement français du Poitou de religion catholique qui ont subi un grand traumatisme lors du grand dérangement. Il se pourrait que leur déportation, leur dispersion entre les provinces de la Nouvelle Angleterre, de l'Angleterre et de la France associée à des problèmes d'intégration ainsi que leur désir de retrouver la vie qu'ils avaient en Acadie aient joué un rôle important dans leur sentiment d'identité acadienne.

Concernant les peuples autochtones, nous avons remarqué le changement d’attitude du Canada par rapport à cette population. Dans les parcs Canada, l’information qui est présentée en anglais, en français mais aussi en langue mi’kmaq insiste sur l’implication des Mi’kmaq dans l’organisation des parcs, le respect de leur mode de vie. Nous sommes loin de la période de la création des réserves et des pensionnats où les enfants des peuples premiers étaient enlevés de leur famille. Ces informations nous permettent de découvrir les valeurs des peuples premiers qui pourraient nous inspirer dans le monde d’aujourd’hui. Nos valeurs consuméristes expliquent toutes l’histoire de la colonisation.

Enfin, nous avons été également très surpris par la présentation des britanniques lors de la colonisation alors que nous étions dans des provinces anglophones.