Castel del Monte
Le lendemain, nous quittons l’hôtel et partons vers l’intérieur des terres en direction de Castel del Monte. Nous nous élevons peu à peu à 500 m d’altitude pour arriver sur le plateau de Murgia. En montant sur le plateau, il n’y a plus d’oliviers, c’est le royaume du chêne et surtout des cultures céréalières. Et au détour d’une route, nous voyons apparaître le château « Castel del Monte » au sommet d’une colline.
Le château construit par Frédéric II au 13ème siècle, est de forme orthogonale avec des tours orthogonales à chaque angle. Il est d’une belle couleur blanche. Au premier niveau, il y a de très petites ouvertures alors qu’au niveau supérieur, il y a des fenêtres géminées. L’édifice est une énigme : est-ce un pavillon de chasse ou un château de défense ? C’est un château original. Seule la façade ouest se distingue par son portail combinant une structure à la romaine et un arc ogival gothique. La porte d’entrée est réalisée en brèche coraline rouge avec des fragments blancs. Le château a été construit avec 3 types de roches : la pierre calcaire blanche, la brèche coraline rouge et du marbre blanc. Construit à 540 m d’altitude, il domine le plateau des Murges.
Passés le portail, nous entrons dans une suite de 8 pièces trapézoïdales dont 3 ont des portes qui donnent accès à une cour intérieure. Au deuxième niveau, on peut voir à partir de la cour 3 portes fenêtres qui donnent actuellement dans le vide. Elles étaient, en fait, accessibles par une galerie extérieure en bois.
Nous montons ensuite au niveau supérieur par un escalier en colimaçon de 44 marches régulières en calcaire poli situé à l’intérieur de quelques tours.
Au premier niveau, l’éclairage est faible avec les petites ouvertures mais l’étage supérieur est plus lumineux, la lumière pénètre davantage.
A l’intérieur les murs étaient recouverts de plaque de marbre ou de brèche coraline et les colonnes sont en marbre veiné.
L’aménagement du château était par ailleurs confortable avec des toilettes et des cheminées.
Vue du ciel, le château a la forme d’une couronne. Il faut dire que Frédéric II était un personnage particulier. Qui est Frédéric II ? C’est l’empereur du Saint Empire Romain Germanique de 1220 à 1250.
C’est le fils d’Henri VI de Hohenstaufen, fils de Frédéric Barberousse, empereur de saint Empire romain germanique, institution médiévale associant l’Allemagne et une partie de l’Italie et de Constance de Hauteville, fille du normand Roger II, roi de Sicile. Né en 1194, il devient orphelin de son père en 1197 et de sa mère en 1198. Il passe son enfance en Sicile. Il est placé sous la tutelle du pape Innocent III mais va connaître plusieurs tuteurs plutôt intéressés par leur profit. Toutefois il va suivre une éducation chevaleresque nécessaire à son rang. Livré à lui-même, c’est un enfant à l’intelligence précoce doté d’une clairvoyance, d’un sens de la décision et d’une maturité surprenante. Très cultivé, il s’intéresse à la poésie, aux mathématiques, à l’astronomie et aux sciences naturelles, il parle plusieurs langues. Dès ses 14 ans, il reprend en main ses affaires. Il connaitra des conflits avec la papauté et sera excommunié plusieurs fois.
Nous quittons le site avec un beau soleil qui donne tout son éclat à la pierre claire du château.
Nous traversons ensuite le plateau de Murgia et le parc national de l’Alta Murgia pour aller à Matera. C’est une zone vallonnée de cultures et de steppes herbeuses. Nous sommes entre 500 et 600 m d’altitude. Au niveau de carrières situées dans un escarpement du plateau, nous descendons à environ 300 mètres d’altitude et nous longeons les plus hauts sommets du plateau. De l’autre côté, c’est une vaste zone plane fertile, terre enrichie par les cendres d’un ancien volcan de la chaîne des Apennins que nous aurions pu apercevoir si la visibilité à l’horizon n’était pas limitée par un voile de brume.
Matera
Nous déjeunons à Matera avant de partir à la découverte de la ville. Située au sommet d’un des plateaux de Murgia à 400 m d’altitude, c’est une ville de la province de la Basilicate à la frontière de la province des Pouilles. Matera se présente sur 3 niveaux. Le niveau le plus haut c’est la ville moderne construite dans les années 1950.
Le niveau intermédiaire, c’est la ville des nobles et des commerçants. La place Vittorio Veneto regroupe plusieurs édifices : le palais de l'Annunziata du 18ème siècle, la préfecture (ancien monastère dominicain), l'église San Domenico. De cette place, il est possible d'avoir un point de vue sur les Sassi.
Sous la place , il a été découvert récemment une très grande citerne du 16ème siècle qui se visite. On peut voir également voir l'église rupestre de Santo Spirituo des 8ème et 9ème siècle.
L’eau aujourd’hui provient de la Campanie. Au début du 20ème siècle (1914), un aqueduc a été construit pour alimenter les fontaines des villes et villages. Cet aqueduc qui part de Caposele en Campanie se termine à Santa Maria di Leuca en une cascade qui se jette dans la mer sur la pointe des Pouilles. L’aqueduc est souterrain mais il est possible de le suivre par un parcours cyclable.
L’eau était un problème dans cette région karstique. Les habitants récupéraient l’eau de pluie et chaque maison avait sa citerne. L’eau n’était pas potable, il n’y avait pas d’évacuation des eaux usées.
Enfin le 3ème niveau c’est la ville des habitations troglodytiques appelées Sassi et les animaux vivaient avec les humains dans les petits espaces de ces maisons. Dans les années 1950, cette zone était insalubre et ses habitants vivaient dans la misère. C’était la honte de l’Italie. C’est pourquoi une ville nouvelle a été construite et la population déplacée. Aujourd’hui, cette zone des Sassi a été réhabilitée et la municipalité propose des locations avec l’eau courante, le tout à l’égout et l’électricité. C’est devenu une zone très touristique.
Du belvédère, nous avons une belle vue sur les Sassi, la ville troglodytique avant de descendre la découvrir.
Cette cité troglodytique surplombe la vallée de La Gravina qui a creusé son lit dans le plateau de la Murgia. Nous longeons cette superbe vallée d’où l’on peut voir sur l’autre rive des grottes et des constructions troglodytiques en ruines.
En fin de parcours, nous avons visité une maison troglodytique creusée dans la roche. Sur un même espace, on trouve la cuisine, un espace de vie, la chambre et l'espace pour les animaux.
Matera est un des plus anciens sites préhistoriques. Des grottes naturelles ont été creusées pour servir de refuge depuis le paléolithique. Les grecs et les romains ont occupé le site. Au cours de l’histoire de nombreuses grottes ont abrité des églises rupestres. Au 7ème et 8ème siècle, les grottes devinrent le refuge des moines byzantins. A la période normande, la ville connait une période de prospérité, le château et les remparts sont construits mais la population s’accroit et elle est contrainte de s’installer en dehors des remparts dans les grottes. Elle occupe alors 2 amphithéâtres naturels de la vallée et s’organise avec et autour du relief jusqu’au 16ème siècle. A la période Espagnole, les Sassi sont dénigrés et méprisés si bien qu’ils abritent une population de plus en plus démunie.
Sur le chemin du retour, nous passons à proximité de l'église San Francesco d'Assisi et c'est ainsi que nous terminons notre visite de Matera.
Le site est remarquable et mériterait une visite plus approfondie avec une randonnée pour découvrir cette belle vallée karstique.
Nous passons la nuit dans un hôtel à Alberobello.