La Vilaine
Le Vilaine est un fleuve long de 224 km qui prend sa source en Mayenne au niveau des collines de Juvigné. Il traverse le département de l’Ille et Vilaine en passant Vitré, Rennes et Redon. Il termine sa course dans l’océan Atlantique entre Pénestin et Muzillac dans le Morbihan.
Il compte de nombreux affluents : une multitude de ruisseaux et plusieurs cours d’eau dont l’Ille qui le rejoint à Rennes. Il y a entre autre l’Oust, l’Aff et l’Izac que nous avons eu l’occasion de longer ou de croiser lors de notre parcours sur le canal de Nantes à Brest. Il y a aussi dans les plus longs, La sèche, Le Meu, Le Semnon, l’Arz, La Chère…
Bien que nous soyons en Bretagne, il pleut très peu sur le bassin versant de La Vilaine !
C’est pourquoi, la Vilaine a été un des premiers fleuves aménagés. Dès le 16ème siècle, les bourgeois rennais demandent à François 1er d’aménager le fleuve pour faciliter le commerce. La Vilaine est capricieuse car l’alternance des crues et des sècheresses y rendent la navigation complexe.
Les travaux de canalisation de La vilaine
Le projet consiste à créer un canal de navigation mais surtout un réseau de 12 écluses. Ces techniques sont alors peu connues en France. Dans un premier temps, ce seront de simples écluses avec une seule porte à ouverture verticale ou pertuis avant de devenir des écluses avec un sas c'est-à-dire avec 2 portes. La construction, l’entretien des écluses fut laborieux et très couteux. Les crues importantes emportaient les écluses. De nouvelles écluses seront construites ou reconstruites à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème au moment des autres grands projets de canalisation en Bretagne. Finalement, il y aura treize écluses entre Rennes et Redon au 19ème siècle.
Mais il faudra attendre la construction du barrage d’Arzal mis en service en 1970 pour améliorer la navigation sur La Vilaine qui ne subit plus l’effet des marées.
Les plus anciennes maisons éclusières se situent entre Pont Réhan et Rennes. Elles sont construites en schiste rouge et leur toiture est à 4 pentes (les maisons éclusières d’Apigné et de Mons).
Les paysages le long de La Vilaine
En suivant le chemin de halage le long de La Vilaine de Rennes à Redon, nous allons découvrir des paysages très variés, le fleuve traverse une succession de bassins et de plateaux.
Au niveau du bassin de Rennes, la ville a pu se développer car le fleuve est un moyen de transport, un axe commercial et une source de vie (moulin, pêcheries, lavoirs…). Les matériaux et la pierre de construction (à Bruz et à Pont Réhan) transitaient par bateau. Au 19ème siècle, les tanneries ont fait la richesse de la ville.
Nous passons les écluses 2 Le Comte, 3 Apigné, 4 Cicé et 5 Mons.
Sur ce parcours, nous sommes impressionnés par le nombre d’étangs qui se trouvent de part et d’autres du fleuve. Ce sont des anciennes carrières et gravières qui ont été reconverties en plan d’eau.
Au niveau du moulin de Champcors, nous laissons la Vilaine pour suivre un canal rectiligne qui évite les méandres du fleuve que nous retrouvons après l’écluse de Cicé.
Après cette première journée de découverte de La Vilaine, nous passons la nuit sur l’aire de camping-car de Pont Réhan.
Nous poursuivons notre parcours en passant les écluses 6 Pont Réhan, 7 Le Boël et 8 La Bouëxière. Après cette dernière écluse, nous ne pouvons pas continuer par le chemin de halage à cause d’un éboulement. Nous rejoignons par la route Bourg des Comptes où nous pouvons traverser le canal via une passerelle au niveau de l’écluse de Gailieu.
Entre l’écluse de Boël et celle de Gailieu à Bourg des Comptes, le paysage est escarpé, nous sommes au niveau des plissements du massif armoricain que La Vilaine a dû creuser dans les schistes rouges pour se frayer un passage.
Nous passons la nuit sur un parking de Bourg des Comptes.
Le lendemain, nous passons les écluses 9 Gailieu, 10 La Molière, 11 Macaire et 12 Guipry.
Les bords de La vilaine restent escarpés jusqu’à l’écluse de Macaire.
Un peu avant l’écluse de Macaire, il y a une ancienne carrière, la carrière du Clos Pointu aujourd’hui occupée par un plan d’eau. Nous pouvons voir le front de taille qui forme une belle falaise mais nous ne pouvons pas approcher pour admirer la belle couleur bleu de l’eau. Nous sommes au niveau de St Malo de Phily.
Ensuite nous arrivons dans le bassin de Messac- Guipry.
Après notre circuit vélo, nous partons à la découverte de St Malo de Phily construit sur le plateau. Il domine la vallée. Son église du début du 20ème siècle présente la particularité d’être construite avec des roches de couleurs et de textures différentes. Nous passons voir ensuite la chapelle Monserrat de la fin du 19ème siècle. A proximité, nous sommes au bord des falaises de la carrière d’où nous pouvons avoir une vue partielle sur le plan d’eau. Nous terminons la journée en allant voir le chêne remarquable, le chêne de Breslon vieux de plus de 400 ans !
Nous nous reposons ensuite sur le camping de Guipry.
La Vilaine passe le bassin de Messac Guipry avant de traverser une nouvelle cluse au niveau des plissements des Corbinières.
Enfin, nous rencontrons la dernière écluse, l’écluse de Malon, construite à la fin du 18ème siècle et reconstruite au début du 19ème siècle suite à sa destruction lors d'une importante crue.
Le dénivelé de cette dernière écluse est assez haut. Nous arrivons dans la région des Corbinières où La Vilaine a dû creuser son chemin dans les plissements du massif armoricain.
Passé cet escarpement, la vallée s’élargit.
Du port de Roche, en face on peut voir le manoir de Port Roche. Un peu après, nous arrivons au niveau de la confluence de La Chère avec la Vilaine
Juste avant le port de Beslé, nous pouvons observer un tronçon de voie pavée de la Louzais. Est-ce une voie romaine ou une voie médiévale ? Est-ce une voie antérieure ou postérieure à la période gallo-romaine sachant que certains chemins remontent à l’époque pré-romaine ? Ce tronçon n’a pu être daté.
Dans l’après midi, nous allons dans le parc de la tour Duguesclin à Grand Fougeray où se trouve le donjon, seul vestige du château médiéval de la fin du 13ème siècle qui comprenait 9 tours. Il fut démantelé à la fin du 16ème siècle suite aux guerres de religion.
Dans le bourg, en face l’église du 12ème siècle remaniée au cours des siècles, se trouve l’auditoire de justice du 16ème siècle. La partie haute était l’auditoire de justice et le rez-de-chaussée servait de prison avec des cachots ainsi qu’au logement des geôliers.
A Langon, nous faisons un détour pour aller voir le site des demoiselles. Il s’agit d’un site mégalithique.
Dans le bourg, il y a la chapelle Ste Agathe dont l’histoire est surprenante. Dans l’antiquité, cet édifice était une salle de bain sophistiquée ou thermes gallo-romain dont il reste un décor peint représentant Vénus à la toilette daté du 2ème siècle. Au début du Moyen-Age, les ruines des anciens thermes deviennent un sanctuaire chrétien. Une seconde peinture de style byzantin vient recouvrir la peinture de Vénus. Lors de la construction en pierre de l’église St Pierre entre le 11ème et 13ème siècle, ce bâtiment perd sa fonction d’église et sera transformé en chapelle funéraire jusqu’au 18ème siècle.
Le clocher de l’église du 13ème siècle est remarquable avec ses douze clochetons. C’est une œuvre récente d’un charpentier au début du 20ème siècle.
Nous revenons sur Beslé où nous passons la nuit.
La Vilaine passe ensuite dans les zones marécageuses de Redon avant d’arriver à son estuaire.
Après Beslé, nous arrivons dans un large bassin où l’altitude moyenne n’est que de 3 mètres ! Avant la construction du barrage d’Arzal les marées se faisaient sentir jusqu’ici et les crues étaient dévastatrices.
C’est une zone marécageuse qui s’étend sur 2 km de large formant une plaine alluvionnaire où le lit du fleuve s’est déplacé plusieurs fois, laissant des bras morts, des lacs et des marécages. Cette partie n’a été canalisée qu’au 18ème siècle avec l’aide des militaires de Louis XVI !
Il y a un parcours à faire à pied dans le marais de Gannedel à l’ouest de Beslé entre La Chapelle de brain et Ste Marie.
Nous avons eu un peu de spectacle le long du fleuve avec le passage de bateaux insolites d’une troupe de saltimbanques comme on le disait au moyen âge. Il s’agissait d’une troupe qui donne des spectacles d’un bourg à l’autre le long de la Vilaine.
Les deux derniers tronçons du parcours avant Redon n’étaient pas très sympathiques. Le chemin de halage n’est pas entretenu et nous devons à plusieurs reprises prendre des voies partagées. C’est dommage car le paysage était agréable.
Notre parcours s’arrête à Redon. Il n’est plus possible de suivre la Vilaine sur la totalité du parcours. Il faut dire que cette région est très marécageuse. C’est donc en véhicule que nous rejoignons l’estuaire.
Nous aurions aimé passer du temps sur les bords de La Vilaine à La Roche Bernard mais nous étions en période estivale et l’accès était difficile surtout pour un camping-car. Nous sommes donc allés directement au barrage où nous avons vu l’écluse en fonctionnement.
C'est ici que nous avons quitté la Bretagne pour rejoindre la Grande Brière.