Ce canal permet la liaison entre la Manche et l'océan atlantique en passant par la Rance, l'Ille et la Vilaine.
Août 2022
10 jours
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Le canal d’Ille et Rance : De St Malo à Rennes

Lors de l’été 2022, après avoir parcouru les chemins de halage du canal de Nantes à Brest, nous avons également longé à vélo le canal d’Ille et Rance. C’est le canal le plus ancien de Bretagne, c’est un canal de petit gabarit. Commencé en 1804, il sera mis en service en 1832 soit 28 ans plus tard.

L’idée d’ouvrir une voie de navigation intérieure en Bretagne date du 16ème siècle mais ce sont les blocus maritimes au 17ème siècle qui poussent les Etats de Bretagne à étudier le projet. Finalement ce n’est qu’au début du 19ème siècle sous Napoléon que les travaux seront entrepris.

Nous commençons notre découverte par l’estuaire de la Rance.

Minihic

En arrivant au niveau de l’estuaire, nous passons la nuit au camping de Minihic. Le lendemain, nous faisons un circuit à pied allant de l’Anse Gauthier où nous pouvons apercevoir le barrage de la Rance aux pointes du Ton et du Crapaud avant de revenir sur la plage de Garel.

Minihic au niveau du camping 

La visibilité sur la côte est limitée par la végétation. Nous sommes passés au niveau de la cale sèche de La Landriais qui a été restaurée.

Au loin, le barrage de la Rance
Au loin, le barrage de la Rance
La cale sèche de La Landriais
La cale sèche de La Landriais
De l'Anse Gauthier au site La Landriais 

Le site de La Landriais abritait plusieurs chantiers navals dès le 17ème siècle. La Landriais comptera jusqu’à 8 chantiers navals en 1850. Il ne se construisait pas de grands navire sur ce site comme à la Richardais mais une quantité de petits bateaux adaptés à la pêche notamment pour la pêche à la morue et des gabares pour les transports sur la Rance. La cale sèche construite au début du 20ème siècle permettait l’entretien des bateaux dans de bonne condition, à l’abri des marées. Depuis le déclin de la pêche à Terre Neuve et l’abandon de la construction navale en bois, cette activité a disparu de Minihic.

De La Landriais à la grève de Garel

De l’écluse maritime à l’écluse fluviale

Nous passons ensuite le barrage de la Rance et son écluse maritime. Le barrage est équipé d’une usine marémotrice mise en service en 1966. Elle fonctionne au rythme des marées en utilisant la variation du niveau de la mer pour produire de l’électricité.

Nous arrivons au barrage au moment où le pont levis est relevé. Une grande écluse permet la navigation.

Le barrage et l'écluse de la Rance 

Après avoir traversé la Rance, nous allons à la Pointe du Briantais où nous avons une vue sur l’estuaire de la Rance entre St Malo et Dinard.

Le domaine du Briantais appartient à la commune de St Malo. Le château du 19ème a été construit sur l’emplacement d’un manoir du 17ème appartenant à des notables malouins.

Le domaine du Briantais 
L'estuaire entre Dinard et St Malo

Nous poursuivons rive droite de La Rance. Un peu avant St Suliac, nous passons à côté des vestiges d’un moulin à marée. Ils sont nombreux sur les bords de la Rance. Au sud de St Suliac, à partir du Mont Garrot, nous avons une vue sur St Suliac et la Rance. Nous allons à pied jusqu’à la pointe d’où nous pouvons voir les vestiges d’un camp viking submergé à marée haute.

Le moulin Bauchet
Camp viking
Du moulin Bauchet au mont Garrot 

Toujours en remontant la Rance, Nous arrivons à Mordreuc où se trouve un autre moulin à marée.

Mordreuc 

Nous passons la nuit sur le camping de Ger en bordure du canal sur la commune de Pleuhiden sur Rance.

Nous arrivons ensuite à Lyvet où se trouve un barrage et une écluse. A partir de là, La Rance n’est plus soumise aux marées. C’est la Rance fluviale. Nous assistons au passage des bateaux à la dernière écluse fluviale du canal d’Ille et Rance. A cet endroit le pont ne se relève pas, il pivote. Nous sommes à l’écluse 48 Le Chatelier.

Le Barrage de la Vicomte-sur-rance et l'écluse du Chatelier 

A partir de cette écluse, nous allons longer le canal à vélo.

Mais dans un premier temps, nous rejoignons Dinan en passant à Taden où nous visitons le manoir de la cour construit au 14ème siècle. A cet endroit, La Rance s’étale, c’est la plaine de Taden. De part et d’autre de cette plaine, la vallée est encaissée.

La Plaine de Taden 
Le manoir de la Cour
Taden 
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Nous arrivons ainsi à Dinan. La ville est construite en hauteur, elle domine la vallée de la Rance. A partir du parking situé au bord de La Rance, nous devons monter un sentier un peu raide et terminer par une volée d’escaliers.

En montant vers la ville

Ce cheminement nous amène au pied de la Basilique St sauveur au niveau de son chevet d’architecture gothique. A l’opposé, le porche roman date du 12ème siècle. L’architecture se partage en 2 parties distinctes, la partie romane avec le porche et le mur sud de la nef et une partie gothique renaissance des 15ème et 16ème siècles pour le reste de l’édifice.

Le chevet de style gothique
Le porche de style roman
Quand le style roman et gothique se côtoie !
Maison à pan de bois sur la Place St Sauveur
La Basilique St Sauveur

Après déjeuner, nous visitons le château. Il se compose d’éléments d’époques différentes. La porte du guichet date du 13ème siècle, la tour ducale ou donjon date du 14ème siècle alors que la tour Coëtquen date du 15ème siècle. Nous commençons notre visite par cette dernière, puis nous rejoignons le donjon par le souterrain Mercœur réalisé à la fin du 16ème siècle en période de guerre de religion. Du souterrain, nous descendons à la cuisine, puis remontons à la salle des gardes, à la salle de banquet, un étage plus haut à la chambre de parement et à la chapelle. Toujours en montant, nous arrivons à la chambre de retrait puis au chemin de ronde et enfin à la terrasse et son panorama. A l’origine, il n’y avait pas de terrasse, la tour ducale était surmontée d’une toiture d’ardoise.

La tour ducale ou donjon 
La tour Coëtquen et le souterrain Mercœur 

Nous poursuivons notre découverte en longeant les remparts jusqu’à la tour Ste Catherine d’où nous avons une belle vue sur le port et les quais. A la tour de l’horloge, nous avons également une belle vue sur les principaux monuments de la ville. Dans les rues de l’Horloge et de la Poissonnerie, on peut voir des maisons à pans de bois. Nous prenons ensuite la grande rue où se trouve l’église St Malo de style gothique flamboyant. Commencée au 15ème siècle, elle se terminera au 19ème siècle. Nous continuons par la rue pentue du Jerzual qui rejoint la rue du Petit Fort où se trouve la maison du gouverneur du 15ème siècle. Nous arrivons ainsi sur les quais et c’est là que nous terminons notre visite.

La tour Ste Catherine et la tour de l'horloge 
L'église St Malo 
La maison du gouverneur
Rue du Petit Fort 

Nous nous éloignons de la ville pour passer la nuit. Nous nous installons sur le parking à proximité de l’écluse de Pont Perrin.

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De l’écluse du Chatelier à celle de la Roche

C’est à partir de l’écluse de Pont Perrin que nous irons en vélo vers la dernière écluse, celle du Chatelier.

Nous allons sur 5 jours longer le canal de l’écluse 48 du Chatelier à l’écluse 1 Le Mail à Rennes soit environ 170 km AR.

Nous passons en matinée les écluses 46 Pont Perrin, 47 Lehon et 48 Le Chatelier.

L'écluse de Pont Perrin 

Au niveau de Lehon, nous visitons le bourg et son abbaye. Sur les hauteurs, nous apercevons les ruines du château du 13ème siècle. Lehon se situe à la périphérie de Dinan. La fondation de l’abbaye St Magloire remonte au 9ème siècle, brulée par les Normands, elle est reconstruite au 12ème siècle.

L'église  et l'abbaye St  Magloire
 Le bourg de Lehon
L'écluse de Lehon 

Nous passons en contrebas de Dinan pour rejoindre l'écluse du Chatelier.

 Dinan
La maison éclusière du Chatelier
Le port de Lyvet et l'écluse du Chatelier 

Dans l’après midi, nous partons dans l’autre sens en passant les écluses 45 Boutron, 44 La Mottay et 43 La Roche.

L'écluse du Boutron
L'écluse La Mottay
l'écluse La Roche
De l'écluse de Pont Perrin à celle de La Roche 

Nous passons la nuit sur l’aire de camping-car de l’étang de Bétineuc, un peu après l’écluse de La Roche.

L'étang de Bétineuc

Un peu avant l'écluse de la Roche, nous avons quitté la vallée de la Rance. D’Evran à Montreuil sur Ille, nous suivrons un tronçon complètement artificiel appelé canal de jonction reliant la Rance et l’Ille. Dans un premier temps, le canal suit plus ou moins les vallées du Donac et du Linon avec une dizaine d’écluses allant de l’écluse d’Evran à celle de la Moucherie. Puis c’est l’échelle de 11 écluses d’Hédé-Bazouges avant le bief de partage des eaux entre les écluses de la Segerie et Ville Morin. Et quelques écluses plus loin, nous rejoindrons la vallée de l’Ille que le canal suit plus ou moins.

De l'écluse de la Roche à celle de Tinténiac

Le lendemain, nous commençons ce parcours en passant les écluse 42 Evran, 41 Les Ilots, 40 la Butte Jacquette, 39 Gacet, 38 Couadan, 37 Calaudry, 36 Pont houitte, 35 Gué Noellan et 34 La Gromillais.

L'écluse d'Evran
l'écluse Les îlots
Trévérien
De l'écluse d'Evran à Trévérien 

A partir de l’écluse de la Butte Jacquette, les maisons éclusières sont plus importantes que toutes celles que nous avons vues jusqu’à présent. En général, les maisons éclusières sont de petites tailles comprenant une pièce de vie, une chambre et des combles. De l’écluse de la Butte Jacquette à celle de Saint Germain sur Ille, les maisons sont plus massives avec un étage. Ce sont des maisons éclusières dites napoléoniennes. C’était une décision de Napoléon mais qui a été vite abandonné à cause du coût que cela représentait.

L'écluse de la Butte Jacquette
L'écluse de Gacet
L'écluse de Couadan
L'écluse Calaudry
L'écluse de Pont Houitte
L'écluse de Gué Noëllan
L'écluse de Gromillais
De l'écluse de la Butte Jacquette à Gromillais 

A Tinténiac, il y a une aire de camping-car mais c’est complet. Finalement, nous passons la nuit sur l’aire de pique nique de Gromillais.

De l'écluse de Tinténiac à celle de St Martin

Nous poursuivons en passant les écluses 33 Tinténiac, 32 La Moucherie avant l’échelle des 11 écluses : 31 La Dialais, 30 La Guehardière, 29 La Petite madeleine, 28 La Madeleine, 27 La Jaunaie, 26 sans nom, 25 La Parfraire, 24 La Charronerie, 23 La Pechetière, 22 Malabrie, 21 La Ségerie.

Les écluses de Tinténiac et de la Moucherie 

L’échelle de 11 écluses (du Dialais à La Ségerie) a été réalisée entre 1806 et 1816. Bien que les écluses soient rapprochées à plus ou moins 200 m, il y a une maison éclusière sur chacun des sites.

Ecluse de La Dialais
Ecluse de la Madeleine
L'écluse de la Jaunaie
De l'écluse de la Dialais à celle de la Jaunaie 
L'écluse de la Charronnerie
L'écluse de la Pechetière
L'écluse Malabrie
L'écluse de la Ségerie
De l'écluse de la Charronnerie à celle de la Ségerie 

Le bief de partage des eaux se situe entre l’écluse de la Ségerie à Hédé Bazouges et celle de Ville Morin à Guipel. Long d’environ 7 km, il constitue le point haut du canal (65 m) à partir duquel les eaux sont réparties vers chaque versant, l’un vers la Rance, l’autre vers l’Ille.

Bassin de Bazouges
En bordure de la forêt de Tanouarn
Quipel et ses étangs
Au niveau du bief de partage 

Plusieurs bassins ou étangs sont reliés à la partie haute du canal par un réseau de rigoles permettant son alimentation. La région est parsemée d’étangs. Il y a le bassin du Boulet, le bassin de Bazouges et le bassin d’Hédé. Les rigoles serpentent en longs fossés de faible pente.

La maison éclusière de la Madeleine abrite la maison du canal où des panneaux expliquent la construction, le fonctionnement et la vie au niveau des écluses.

Après le bief de partage nous passons les écluses 20 Ville Morin, 19 Courgalais, 18 Chanclin, 17 Lengager, 16 Haute Roche, 15 l'Ille, 14 Dialay et 13 St Médard sur Ille.

L'écluse Ville Morin
l'écluse de Haute Roche
L'écluse Le Dialay
St Médard sur Ille
De l'écluse Ville Morin  à celle de St Médard sur Ille

Après l’écluse de l’Ille nous arrivons dans la vallée de l’Ille.

L’Ille est un petit cours d’eau naturel qui se confond sur certains tronçons avec le canal d’Ille et Rance. C’est un affluent de la Vilaine. D’une longueur d’environ 48 km, Il rejoint le canal d’Ille et Rance au niveau de Montreuil sur Ille mais à partir de là, ce cours d’eau est parfois parallèle au canal, parfois il se confond avec lui.

De retour à Gromillais, nous partons visiter l’imposante église de Tinténiac construite au début du 20ème siècle.

L'église de Tinténiac 

Puis nous prenons la direction de Becherel annoncé comme une petite cité de caractère. En chemin, nous nous arrêtons au niveau de château de la Chapelle Chaussée des 16ème et 17ème siècles.

Le château de la Chapelle Chaussée 

Nous faisons un détour par l’église St Ouen d’Iffs des 15ème et 16ème siècles et ses nombreuses sculptures.

L'église St Ouen d'Iffs

Non loin de là, se trouve le château fort de Montmuran construit sur un escarpement granitique au 12ème siècle. Le châtelet qui encadre l’entrée principale est du 14ème siècle alors que le logis actuel date des 17ème et 18ème siècles. C’est dans ce château que Dugueclin a été adoubé Chevalier.

Le château fort de Montmuran 

Nous arrivons enfin à Becherel, le bourg perché à plus de 175 m qui domine les alentours était entouré de murailles dont les vestiges ne sont visibles que de l’intérieur.

Nous passons la nuit sur le camping de St Médard sur Ille.

De St Médard sur Ille, nous reprenons notre parcours en vélo le long du canal en passant les écluses 12 Bouessay, 11 St Germain sur Ille, 10 Fresnay, 9 Cours, 8 Grugedaine, 7 Les Brosses, 6 Haut Chalet, 5 Gacet, 4 Charbonnière et 3 St Grégoire.

L'écluse de Bouessay
L'écluse de St Germain sur Ille
L'écluse de Fresnay
Ecluse de Grugedaine
De l'écluse de Bouessay à celle de Grugedaine 
L'écluse des Brosses
L'écluse Haut Chalet
L'écluse Gacet
L'écluse Charbonnière
L'écluse St Grégoire
De l'écluse les Brosses à celle de St Grégoire
Ecluse St Martin


Nous sommes à proximité de Rennes.

Il ne reste plus que 2 écluses à passer : 2 St Martin et 1 Le mail.

Dans l'après midi, nous visitons la ville de Rennes.

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Nous commençons notre visite de Rennes par la Cathédrale St Pierre. Son histoire est assez particulière. Le site actuel a été construit dès le 6ème siècle mais l’ancien édifice fut remplacé par une église gothique au 12ème siècle. A la fin du 15ème siècle, la tour et la façade occidentale s’effondre. Il faudra attendre plus de 150 ans pour voir s’élever la façade actuelle. Au 18ème siècle, la cathédrale est épargnée par le grand incendie de 1720 mais au cours de ce siècle, la nef et la voute en très mauvais état furent déclarées irréparables. Il fut alors décidé de la démolir et de reconstruire l’ensemble à l’exception de la façade occidentale qui avait été reconstruite. Les travaux vont s’éterniser et elle ne sera inaugurée qu’en 1844 !

La cathédrale St Pierre 

Les habitations autour de la cathédrale ont été épargnées par l’incendie et nous pouvons ainsi voir des maisons à pans de bois avec des sculptures en bois sur les façades des 15ème et 16ème siècles. Nous sommes dans la partie la plus ancienne de Rennes. Jusqu’à l’incendie de 1720, la ville avait encore son aspect du moyen âge, ruelles étroites, maisons en torchis et en bois.

Rue Psalette
Rue du Chapitre 
Tikoz

De là, nous allons Place des Lices où se déroulaient des tournois. Sur cette place se trouvent 2 halles construites à la façon Baltard. Sur un des côtés de la place, on peut voir des hôtels du 17ème siècle dont une partie est en travaux.

Place des Lices 

Nous poursuivons toujours dans les vieux quartiers en passant par la rue St Michel avec ses maisons à pans de bois jusqu’à la place St Anne.

Nous arrivons sur la place du parlement de Bretagne où se trouve l’ancien hôtel du parlement de Bretagne du 17ème siècle. Epargné lors de l’incendie de 1720, il fut gravement endommagé par l’incendie de 1994. La place est imposante bordée d’immeubles des 17ème et 18ème siècles.

Le parlement de Bretagne

Nous poursuivons jusqu’à l’église St Germain dont l’architecture est particulière. Cette église de style gothique flamboyant édifiée du 15ème au 17ème siècle a un grand vitrail sur sa façade occidentale partiellement caché à l’intérieur par un grand orgue. Elle se situe dans le quartier des riches marchands merciers.

De la rue St Georges à l'église St Germain 

Nous arrivons sur la place de la mairie où se trouve l’imposant hôtel de ville composé de 2 bâtiments reliés par une tour centrale portant l’horloge. Cet ensemble a été construit au 18ème siècle après l’incendie qui a ravagé cette partie de la ville. De l’autre côté c’est l’opéra construit au 19ème siècle.

L'hôtel de ville et l'Opéra 

Nous passons par la place du Champ Jacquet où il y a un bel ensemble de maisons à pans de bois pour terminer par les portes mordelaises, reconstruites au 15ème siècle. C’était l’entrée principale de la ville fortifiée.

La place du Champ Jacquet 
Les portes mordelaises 

A partir de Rennes, nous suivons La Vilaine qui a été aménagée pour être navigable jusqu’à Redon où elle rejoint le canal de Nantes à Brest.

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La Vilaine

Le Vilaine est un fleuve long de 224 km qui prend sa source en Mayenne au niveau des collines de Juvigné. Il traverse le département de l’Ille et Vilaine en passant Vitré, Rennes et Redon. Il termine sa course dans l’océan Atlantique entre Pénestin et Muzillac dans le Morbihan.

Il compte de nombreux affluents : une multitude de ruisseaux et plusieurs cours d’eau dont l’Ille qui le rejoint à Rennes. Il y a entre autre l’Oust, l’Aff et l’Izac que nous avons eu l’occasion de longer ou de croiser lors de notre parcours sur le canal de Nantes à Brest. Il y a aussi dans les plus longs, La sèche, Le Meu, Le Semnon, l’Arz, La Chère…

Bien que nous soyons en Bretagne, il pleut très peu sur le bassin versant de La Vilaine !

C’est pourquoi, la Vilaine a été un des premiers fleuves aménagés. Dès le 16ème siècle, les bourgeois rennais demandent à François 1er d’aménager le fleuve pour faciliter le commerce. La Vilaine est capricieuse car l’alternance des crues et des sècheresses y rendent la navigation complexe.

Les travaux de canalisation de La vilaine

Le projet consiste à créer un canal de navigation mais surtout un réseau de 12 écluses. Ces techniques sont alors peu connues en France. Dans un premier temps, ce seront de simples écluses avec une seule porte à ouverture verticale ou pertuis avant de devenir des écluses avec un sas c'est-à-dire avec 2 portes. La construction, l’entretien des écluses fut laborieux et très couteux. Les crues importantes emportaient les écluses. De nouvelles écluses seront construites ou reconstruites à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème au moment des autres grands projets de canalisation en Bretagne. Finalement, il y aura treize écluses entre Rennes et Redon au 19ème siècle.

Mais il faudra attendre la construction du barrage d’Arzal mis en service en 1970 pour améliorer la navigation sur La Vilaine qui ne subit plus l’effet des marées.

Les plus anciennes maisons éclusières se situent entre Pont Réhan et Rennes. Elles sont construites en schiste rouge et leur toiture est à 4 pentes (les maisons éclusières d’Apigné et de Mons).


Les paysages le long de La Vilaine

En suivant le chemin de halage le long de La Vilaine de Rennes à Redon, nous allons découvrir des paysages très variés, le fleuve traverse une succession de bassins et de plateaux.

Au niveau du bassin de Rennes, la ville a pu se développer car le fleuve est un moyen de transport, un axe commercial et une source de vie (moulin, pêcheries, lavoirs…). Les matériaux et la pierre de construction (à Bruz et à Pont Réhan) transitaient par bateau. Au 19ème siècle, les tanneries ont fait la richesse de la ville.

Nous passons les écluses 2 Le Comte, 3 Apigné, 4 Cicé et 5 Mons.

Ecluse Le Comte
Ecluse d'Apigné
Le long de La Vilaine 

Sur ce parcours, nous sommes impressionnés par le nombre d’étangs qui se trouvent de part et d’autres du fleuve. Ce sont des anciennes carrières et gravières qui ont été reconverties en plan d’eau.

Au niveau du moulin de Champcors, nous laissons la Vilaine pour suivre un canal rectiligne qui évite les méandres du fleuve que nous retrouvons après l’écluse de Cicé.

Le canal après le moulin de Champcors  et la jonction entre le canal et La Vilaine
La Vilaine de l'écluse de Cicé à celle de Mons 
L'écluse de Mons 

Après cette première journée de découverte de La Vilaine, nous passons la nuit sur l’aire de camping-car de Pont Réhan.

Nous poursuivons notre parcours en passant les écluses 6 Pont Réhan, 7 Le Boël et 8 La Bouëxière. Après cette dernière écluse, nous ne pouvons pas continuer par le chemin de halage à cause d’un éboulement. Nous rejoignons par la route Bourg des Comptes où nous pouvons traverser le canal via une passerelle au niveau de l’écluse de Gailieu.

L'écluse de Pont Réhan
Pont Réhan 

Entre l’écluse de Boël et celle de Gailieu à Bourg des Comptes, le paysage est escarpé, nous sommes au niveau des plissements du massif armoricain que La Vilaine a dû creuser dans les schistes rouges pour se frayer un passage.

L'écluse de Boël
L'écluse de La Bouxière 

Nous passons la nuit sur un parking de Bourg des Comptes.

Le lendemain, nous passons les écluses 9 Gailieu, 10 La Molière, 11 Macaire et 12 Guipry.

Ecluse de Gailieu
Bourg des Comptes 

Les bords de La vilaine restent escarpés jusqu’à l’écluse de Macaire.

Ecluse de Molière
Ecluse de Macaire
De l'écluse La Molière à celle de Macaire 

Un peu avant l’écluse de Macaire, il y a une ancienne carrière, la carrière du Clos Pointu aujourd’hui occupée par un plan d’eau. Nous pouvons voir le front de taille qui forme une belle falaise mais nous ne pouvons pas approcher pour admirer la belle couleur bleu de l’eau. Nous sommes au niveau de St Malo de Phily.

La carrière du Clos Pointu vue du plateau

Ensuite nous arrivons dans le bassin de Messac- Guipry.

L'écluse de Guipry 

Après notre circuit vélo, nous partons à la découverte de St Malo de Phily construit sur le plateau. Il domine la vallée. Son église du début du 20ème siècle présente la particularité d’être construite avec des roches de couleurs et de textures différentes. Nous passons voir ensuite la chapelle Monserrat de la fin du 19ème siècle. A proximité, nous sommes au bord des falaises de la carrière d’où nous pouvons avoir une vue partielle sur le plan d’eau. Nous terminons la journée en allant voir le chêne remarquable, le chêne de Breslon vieux de plus de 400 ans !

L'église de St Malo de Phily et la chapelle Monserrat
Le chêne de Breslon 

Nous nous reposons ensuite sur le camping de Guipry.

La Vilaine passe le bassin de Messac Guipry avant de traverser une nouvelle cluse au niveau des plissements des Corbinières.

 La Vilaine s'étale dans le bassin de Messac Guipry

Enfin, nous rencontrons la dernière écluse, l’écluse de Malon, construite à la fin du 18ème siècle et reconstruite au début du 19ème siècle suite à sa destruction lors d'une importante crue.

L'écluse de Malon 

Le dénivelé de cette dernière écluse est assez haut. Nous arrivons dans la région des Corbinières où La Vilaine a dû creuser son chemin dans les plissements du massif armoricain.

La région des Corbinières 

Passé cet escarpement, la vallée s’élargit.

Du port de Roche, en face on peut voir le manoir de Port Roche. Un peu après, nous arrivons au niveau de la confluence de La Chère avec la Vilaine

Le port de Roche
La confluence entre La chère et la Vilaine
Le long de la large vallée de la Vilaine 

Juste avant le port de Beslé, nous pouvons observer un tronçon de voie pavée de la Louzais. Est-ce une voie romaine ou une voie médiévale ? Est-ce une voie antérieure ou postérieure à la période gallo-romaine sachant que certains chemins remontent à l’époque pré-romaine ? Ce tronçon n’a pu être daté.

La voie pavée de la Louzais 
Beslé 

Dans l’après midi, nous allons dans le parc de la tour Duguesclin à Grand Fougeray où se trouve le donjon, seul vestige du château médiéval de la fin du 13ème siècle qui comprenait 9 tours. Il fut démantelé à la fin du 16ème siècle suite aux guerres de religion.

La Tour Duguesclin

Dans le bourg, en face l’église du 12ème siècle remaniée au cours des siècles, se trouve l’auditoire de justice du 16ème siècle. La partie haute était l’auditoire de justice et le rez-de-chaussée servait de prison avec des cachots ainsi qu’au logement des geôliers.

L'église et l'auditoire de justice de  Grand Fougeray

A Langon, nous faisons un détour pour aller voir le site des demoiselles. Il s’agit d’un site mégalithique.

 Le site des Demoiselles

Dans le bourg, il y a la chapelle Ste Agathe dont l’histoire est surprenante. Dans l’antiquité, cet édifice était une salle de bain sophistiquée ou thermes gallo-romain dont il reste un décor peint représentant Vénus à la toilette daté du 2ème siècle. Au début du Moyen-Age, les ruines des anciens thermes deviennent un sanctuaire chrétien. Une seconde peinture de style byzantin vient recouvrir la peinture de Vénus. Lors de la construction en pierre de l’église St Pierre entre le 11ème et 13ème siècle, ce bâtiment perd sa fonction d’église et sera transformé en chapelle funéraire jusqu’au 18ème siècle.

La chapelle Ste Agathe 

Le clocher de l’église du 13ème siècle est remarquable avec ses douze clochetons. C’est une œuvre récente d’un charpentier au début du 20ème siècle.

L'église de Langon 

Nous revenons sur Beslé où nous passons la nuit.

La Vilaine passe ensuite dans les zones marécageuses de Redon avant d’arriver à son estuaire.

Après Beslé, nous arrivons dans un large bassin où l’altitude moyenne n’est que de 3 mètres ! Avant la construction du barrage d’Arzal les marées se faisaient sentir jusqu’ici et les crues étaient dévastatrices.

C’est une zone marécageuse qui s’étend sur 2 km de large formant une plaine alluvionnaire où le lit du fleuve s’est déplacé plusieurs fois, laissant des bras morts, des lacs et des marécages. Cette partie n’a été canalisée qu’au 18ème siècle avec l’aide des militaires de Louis XVI !

Il y a un parcours à faire à pied dans le marais de Gannedel à l’ouest de Beslé entre La Chapelle de brain et Ste Marie.

Nous avons eu un peu de spectacle le long du fleuve avec le passage de bateaux insolites d’une troupe de saltimbanques comme on le disait au moyen âge. Il s’agissait d’une troupe qui donne des spectacles d’un bourg à l’autre le long de la Vilaine.

La navigation sur La Vilaine 

Les deux derniers tronçons du parcours avant Redon n’étaient pas très sympathiques. Le chemin de halage n’est pas entretenu et nous devons à plusieurs reprises prendre des voies partagées. C’est dommage car le paysage était agréable.

Notre parcours s’arrête à Redon. Il n’est plus possible de suivre la Vilaine sur la totalité du parcours. Il faut dire que cette région est très marécageuse. C’est donc en véhicule que nous rejoignons l’estuaire.

Les quais et le port de Redon 

Nous aurions aimé passer du temps sur les bords de La Vilaine à La Roche Bernard mais nous étions en période estivale et l’accès était difficile surtout pour un camping-car. Nous sommes donc allés directement au barrage où nous avons vu l’écluse en fonctionnement.

L'écluse du barrage d'Arzal 
La Vilaine en amont et en aval du barrage d'Arzal 

C'est ici que nous avons quitté la Bretagne pour rejoindre la Grande Brière.