Le Marais Poitevin ce n’est pas seulement la Venise Verte ! Les deux tiers du Marais Poitevin sont constitués de marais desséchés, des zones protégées des inondations grâce à des digues. Le terme «marais desséché» ne désigne pas un territoire sans eau mais un territoire qui n’est plus inondable, contrairement au « marais mouillé ».
Le marais desséché présente de larges paysages ouverts où les arbres sont rares, seuls quelques buissons de tamaris et d’épineux bordent les fossés et les canaux qui entourent prairies et cultures. Les roselières couvrent les berges des grands canaux. Dans ces vastes étendues planes quelques points hauts dominent le paysage. Ce sont les anciennes îles calcaires où se sont installés les villages et les anciens marais salant. Depuis l’époque gallo-romaine jusqu’à nos jours, l’exploitation du sel marin par évaporation naturelle a fait la renommée du Marais poitevin. L’épopée de l’or blanc a marqué toute la région durant des siècles… L’exploitation du sel de mer a cessé en 1931. Depuis, les salines sont difficiles à deviner dans le paysage. Les anciens marais salants du Marais poitevin sont aujourd’hui situés à environ 10 kilomètres de l’océan.
Les réseaux hydrauliques du marais desséché sont complexes et en regardant une carte détaillée, cela peut paraître parfois anarchique. En découvrant l'histoire sur les aménagements du marais desséché, ce n'est pas surprenant. Les travaux d'assèchement ont été réalisés par plusieurs sociétés d'aménagement et d'investissement privées indépendantes les unes des autres. Parfois les aménagements des uns pouvaient déranger les travaux des autres et c'était alors des conflits et des procès. Même si l'Etat est favorable et facilite les projets, il n'a pas un rôle de coordination dans les aménagements. Au moment de la création des départements sous napoléon 1er, les préfets aurait pu avoir une vue d'ensemble globale mais le marais Poitevin se situe sur 3 départements et très vite les préfets ont subi les pressions des sociétés d'aménagements. Aujourd'hui, deux structures permettent une meilleure coordination.
L’Ile d’Elle
La commune de l’Ile d’Elle est comme son nom l’indique, un ancien ilot calcaire situé dans le golfe des Pictons. Elle se situe sur la rivière Vendée près de la jonction avec la Sèvre Niortaise.
À L’Ile-d’Elle, des travaux récents ont été réalisé sur l’ouvrage du Gouffre. Cet ouvrage hydraulique, datant de 1663, permet au canal de Vix de passer par siphon sous la rivière Vendée, laquelle va se jeter dans la Sèvre Niortaise. Les eaux circulent ainsi sur deux niveaux, sans se mélanger. En effet, si l'eau de la Vendée s'engouffrait dans le canal, l'assèchement du marais était compromis.
L’aqueduc du Gouffre, doublé d’une écluse, permettait le passage des bateaux entre la Sèvre Niortaise et la Vendée pour remonter jusqu’à Fontenay-le-Comte. La maison de l'éclusier était un logement de fonction.
Le canal de Vix La Vendée et son canal de déviation Le canal de déviation permettait de faciliter la navigation.
La rivière Vendée La photo de Ouest France lors des travaux permet de mieux comprendre le croisement du canal de Vix et de la rivière Vendée.
Les responsables sont sur le fond du canal de Vix avec derrière eux, le passage de la rivière Vendée au-dessus du canal. Les deux piliers en béton vont recevoir la nouvelle porte. (publié le 20/10/2020 par Ouest France)
En remontant la rivière Vendée, nous arrivons au Gué de Velluire.
Le Gué de Velluire
Le Gué de Velluire se situe sur la rivière Vendée et c'était un passage stratégique gardé depuis l'époque romaine. La tour de guet et de péage qui se trouve sur la place était un lieu de surveillance au moment des guerres de religions. Au 17ème et 18ème siècle c'était un lieu de péage. De nombreux bateaux à fond plat circulaient entre Marans et Fontenay le Comte. Les taxes portaient sur les biens, les personnes et les animaux. Ce gué a été complété par un bac jusqu'à la construction du pont actuel en 1854.
Le petit port du Gué de Velluire a connu un trafic intense. Le village situé au carrefour d'une voie romaine était peuplé de bateliers, d'aubergistes et de tisserands.
Le Gué de Velluire et son embarcadère Un petit circuit de randonnée remonte la rivière jusqu'au barrage de la Boule d'Or qui permet de réguler l'arrivée des eaux de la rivière Vendée. Le paysage sans relief est assez monotone. Sur le retour, nous longeons une haie située au pied d’une colline. C’est plus sympathique.
La rivière Vendée et le barrage de la Boule d'Or Sur le retour, le chemin surplombe des zones humides et des zones cultivées drainées. Dans les années 1960, un remembrement a transformé le marais mouillé en marais desséché (avec des digues, des écluses et des pompes).
Les zones cultivées prises sur les zones humidesToujours en remontant la rivière Vendée, nous arrivons à Fontenay le comte, au massif forestier de Mervent jusqu' à sa source : voir le détail dans l'étape "la Sèvre niortaise et ses affluents".
La région de Marans
Marans
Comme la plupart des villages de la région, Marans est implanté sur une île calcaire de la période du golfe des Pictons. Elle est la principale agglomération du marais desséché avec environ 4 500 habitants. Le bourg de Marans est relié à la mer depuis le fin du 19ème siècle par le « canal maritime de Marans à la mer » qui rejoint la sèvre Niortaise à l’écluse de Brault.
Les ruines de l’ancienne église St Etienne de Marans située dans l’enceinte du cimetière a été construite au 12ème siècle par les moines de l’abbaye de Maillezais. Elle a subi de nombreux dommages pendant les guerres de religion.
L'église en ruine de St Martin de Marans Le pont de pierre construit en 1782 sous Louis XV enjambe un bras de la Sèvre Niortaise.
La sèvre niortaise vue du pont de pierre à Marans Le barrage, l'écluse du carreau d'Or et le port de Marans Aux 15ème et 16ème siècles, le Port de Marans était un lieu de trafic important. Les négociants de Marans transportaient avec leurs chalands ou gabares (bateaux à fond plat) toutes sortes de denrées sur la Sèvre Niortaise jusqu’au Brault où les attendaient des navires de 400 à 500 tonneaux. Cette activité a perduré jusqu’au milieu du 20ème siècle mais peu à peu le trafic a diminué et aujourd’hui c’est avant tout un port de plaisance.
Dès le 18ème siècle, la navigation sur les derniers méandres de la Sèvre Niortaise devenait difficile, un projet de canal entre Niort et La rochelle est donc décidé par Napoléon 1er. Les premiers travaux commence en 1806 mais la mise en œuvre et trop complexe et trop couteuse. Finalement seule la section La Rochelle à Marans sera creusée mais les travaux vont s’éterniser jusqu’à la fin du 19ème siècle. Ouvert à la navigation en 1875, il ne sera relié au port de la Rochelle qu'en 1888. Ce sera un échec commercial.
A l’origine, le projet de canal était ambitieux visant à relier La Rochelle à Paris par voie navigable. A l’époque, l’ennemi anglais bloquait la communication par mer et ruinait le commerce à la Rochelle. Cette nouvelle voie navigable à l’intérieur des terres permettrait alors le transport des marchandises entre les ports de Marans et la Rochelle.
Parallèlement à ce canal se trouve la ligne de chemin de fer qui a signé la fin de la navigation sur le canal. Dans cette région où canaux et fossés s’entrecroisent, il y avait peu de route et pas encore de ligne de chemin de fer, le canal était alors un moyen de déplacement intéressant d’où la construction de certains grands canaux au 19ème siècle. Mais le temps mis entre les projets et leur réalisation n'a pas permis de concurrencer la route et le chemin de fer.
En effet, à la fin du 19ème, le réseau routier s'améliore, la ligne de chemin de fer construite en 1868 s’avère plus efficace. Le trafic ferroviaire concurrence le trafic fluvial. Par ailleurs, l'activité du port commercial de La Rochelle se déplace à la Palisse en 1890 alors que le canal de Marans à La Rochelle aboutissait dans le vieux port !
Les décisions se sont alors orienté vers le canal de Marans à la mer, ou canal maritime, qui sera creusé entre 1882 et 1891, avec une imposante écluse à son embouchure. Il constitue désormais le principal cours de la Sèvre pour la navigation.
Autour de Marans
Le réseau hydrographique est complexe. C’est l'une des dernières communes traversées par la Sèvre Niortaise avant qu'elle ne se jette dans la baie de l'Aiguillon. Entre l’île d’Elle et Marans, la sèvre Niortaise se divise en 2 bras sur lesquels se greffent ou se déversent des canaux.
La jonction entre le canal de Marans à la Rochelle, le canal de Marans à la mer et les barrages des Enfreneaux sur un bras de la ...A partir de cette zone, nous allons découvrir, les barrages des Enfreneaux, le canal de Marans à la mer et le canal de Marans à La Rochelle.
Les barrages des Enfreneaux
Au nord ouest de marans, les deux barrages des Enfreneaux situés sur la Sèvre niortaise et construits à la fin du 19ème siècle viennent réguler les eaux du Marais poitevin. Derrière les barrages le niveau de la Sèvre niortaise varie en fonction des marées. C'est la Sèvre maritime. Lors de la restauration du grand barrage, un passage pour les civelles vient d'être aménagé. Par contre, l'écluse est maintenant désaffectée.
Barrage au niveau du port de marans Barrage et portes à flot des Enfrenaux L'écluse désaffectée des Enfrenaux En période de faible débit fluvial (printemps/été), la Sèvre maritime est sujette aux dépôts sédimentaires d’origine marine. Un bouchon vaseux transporté par les courants de marée vient progressivement colmater la partie aval du fleuve derrière les barrages des Enfreneaux sur environ 8 km. Pour cela, un bateau de travaux dénommé « bac à râteau » évolue sur le fleuve au printemps et en été, en période de forts coefficients de marée. L’opération consiste à remettre en suspension, une partie des vases déposées dans le fleuve.
C’est un peu plus à l’ouest de marans que les canaux qui charrient les eaux des canaux irriguants les terres du marais desséché arrivent dans les derniers méandres de la Sèvre Niortaise.
Une série de portes à flot, d’écluses et de vannes empêchent sur chacun de ces canaux, la remontée des eaux marines à marée haute et permet d’évacuer le surplus d’eau douce à marée basse.
La porte à flot est une porte en chêne qui naturellement s’ouvre à marée basse et se referme au moment de la remontée de la mer. Cette porte est doublée d’une vanne gérée par l’éclusier pour réguler le flux de l’eau douce. Cela permet d’évacuer l’eau douce en période de crue et de la retenir en période de sécheresse. Enfin, les écluses permettent la navigation en gérant les dénivelés d’eau. Elle comprend un sas dans lequel on peut faire varier le niveau de l'eau. Certains barrages à pertuis ou écluses visaient aussi à protéger un cours d'eau ou une ville des effets de la marée. Le pertuis ou écluse à déversoir est en usage depuis plus de deux mille ans. C'est l'ancêtre de l'écluse moderne.
Le canal de Marans à la mer
La jonction entre le canal de Marans à la mer et les barrages des Enfreneaux Le canal de Marans à la mer L'écluse de Brault Vues sur la Sèvre Niortaise maritime à partir du vieux pont au niveau de l'écluse de Brault Nous avons découvert l'écluse de Brault et le vieux pont sur la sèvre avec un superbe éclairage en soirée. Nous avons eu l'occasion d'y revenir et nous avons découvert que derrière les roseaux de la dernière photo ci-dessus, il y avait un des derniers méandres de la Sèvre Niortaise ! Dans cette zone, la Sèvre Niortaise enchaine 3 méandres et le dernier est si proche que nous pensions qu'il s'agissait d'une zone marécageuse. Il faut le voir à marée haute de grande marée pour le réaliser !
Vues sur le dernier méandre de la Sèvre Niortaise à marée haute et à marée basseDepuis le pont, nous avons un point de vue sur l'écluse de Brault. Les bateaux de pêche y sont en activité.
A marée haute et à marée basse (période de grande marée) Entre l'écluse et le vieux pont, nous pouvons voir la différence du niveau de l'eau de la Sèvre niortaise entre la marée haute et la marée basse. Après le barrage des Enfreneaux, la sèvre niortaise maritime est soumise aux marées.
Le méandre de la Sèvre à marée haute et à marée basse L'autre côté du méandre à marée haute et à marée basse Revenons vers l'écluse de Brault : La drague présente sur le canal est utilisée pour maintenir un niveau de navigabilité sur le canal, il rejette la vase dans les champs. De ce côté de l'écluse, ce ne sont pas des dépôts marins mais les dépôts fluviaux.
Dans le cahier technique du curage des canaux et fossés d'eau douce en marais littoraux, Hugues des Touches et Loïc Anras signalent :
"Les marais, qu'ils soient ou non endigués, sont par essence des zones de comblement. En l'absence d'entretien hydraulique destiné à contrer ce phénomène, ils sont amenés à disparaître en quelques générations pour former d'autres paysages. Aujourd'hui, le recul constaté des zones humides face aux conquêtes des aménageurs conduit à prendre tout particulièrement soin des zones de marais....".
Il y a plusieurs techniques pour entretenir les canaux et les fossés : le curage avec des pelleteuses pour les canaux et fossés de petites tailles et la drague pour les canaux ou cours d'eau de plus grand volume comme pour le canal évacuateur. Il est également utilisé le système de chasse d'eau comme sur le canal du Clain.
L'entretien des canaux s'applique également du côté maritime en aval des portes à flot, on parle alors de bateaux à râteau.
L'écluse de Brault et le canal de Marans à la merSur la zone de l'écluse de Brault, les canaux de la Banche, de la Brune et de la Brie arrivent sur la Sèvre Niortaise. Ils sont équipés de portes à flot.
La porte à flot du canal de la Banche Canal de la Banche et de la Brune Le canal de Marans à La rochelle
Nous avons découvert le canal de Marans à La rochelle en vélo. Une piste cyclable le long du canal permet de rejoindre La Rochelle sur environ 26 km. De Mouillepied à Dompierre sur mer, nous quittons le chemin de hallage pour suivre la route mais sur le chemin de retour, nous avons essayé de suivre le chemin de hallage. Il n'est pas très praticable pour des VTC mais c'est plus sympathique.
Le canal de Marans La Rochelle a été déclassé des voies navigables en 1957 mais il connait aujourd'hui une double vie. Les chemins de hallage autrefois utilisés pour tirer les bateaux permettent aux nombreux promeneurs à pied ou en vélo de découvrir un milieu naturel classé et un paysage façonné par les hommes.
Aujourd’hui un pont fixe traverse le canal à son embranchement avec la Sèvre Niortaise. On peut encore observer la structure d’un pont tournant.
L'écluse du canal de Marans La rochelle et les structures du pont tournant Après avoir traversé plusieurs canaux au moyen de système de siphon dans un paysage de plaine, le canal entaille une colline calcaire un peu après Dompierre sur mer pour retrouver le niveau de la Mer à La Rochelle.
Canal de la Banche * sur le côté du canal, la bande de vase provient du curage du canal.
Le Pont au niveau du canal de la Brune - vue sur le canal de Marans La Rochelle Canal de la Brune Croisement des Canaux de Marans La Rochelle et du CuréLe canal du Curé Le Pont des Prieurs
Entre Mouillepied et Dompierre sur mer La partie encaissée du canal Le relief s'aplanit Nous arrivons à La Rochelle par une voie verte !
Le Vieux Port de la Rochelle à marée basse
Les autres canaux au nord de la Sèvre niortaise
Comme nous l'avons vu au niveau de l'écluse de Brault, les canaux qui se jettent dans la Sèvre Niortaise sont équipés de porte à flot. C'est donc 6 portes à flot que nous découvrons sur les canaux de Vienne, du Clain, des cinq Abbés, de Mouillepied, de Vix, du contre bot de Vix et un ensemble de vannes verticales et de portes à flot sur le canal évacuateur ou canal des Boches.
La porte des Grands greniers sur le canal du Clain fut l’un des premiers canaux évacuateurs creusés dans le marais desséché. Cet ouvrage permet, un peu avant sa jonction avec la Sèvre Niortaise, d’éviter l’entrée d’eau salée dans le canal. Cette porte à flot est doublé d’une écluse ou vanne qui régule l’évacuation de l’eau douce.
La porte à flot des Grands Greniers à marée basseLa porte à flot des Grands Greniers à marée montante Sur ce site, à un kilomètre en amont, le canal est équipé d’une autre vanne ou écluse pour créer un «bassin de chasse» fonctionnant comme les écluses pour la navigation. Mais dans ce cas, le bassin sert à nettoyer les installations des dépôts vaseux qui peuvent bloquer le fonctionnement de la porte. Au moment des grandes marées, l’éclusier force l’ouverture des portes pour laisser entrer l’eau salée jusqu’à l’écluse située en amont. A marée basse, l’eau salée chargée de vase s’évacue vers la mer.
La zone du canal du Clain servant de chasse d'eau Le bac à râteau adapté à chaque canal permettait le nettoyage des canaux.
La porte des cinq Abbés
L'association de cinq abbayes (St Maixent, l'Absie, Nueil sur l'Autize, Maillezais et St Michel en l'Herm) est à l'origine de la construction du canal des cinq abbés à fin du 12ème siècle début du 13ème siècle. Ces abbayes étaient propriétaires d'importants marais autour de Chaillé-les-Marais et Vouillé-les-Marais, et souhaitaient en faciliter l'écoulement des eaux. Un canal est creusé en direction de la mer, traversant les seigneuries de Chaillé et de Marans. En 1207 et 1217, elles obtiennent l'autorisation du seigneur de Chaillé, et du seigneur de Marans.
Cet ouvrage est ruiné après la guerre de 100 ans et les guerres de religion. Le rétablissement intervient probablement dans les années 1640, avec la Société du Petit-Poitou qui prend le relais des cinq anciennes abbayes médiévales dans le cadre du programme d'assèchement lancé par le pouvoir royal. A la fin du 18ème siècle, le canal est encore en mauvais état.
Au lendemain de la Révolution, l'Etat prend en main la réorganisation de la gestion du canal pour relancer les travaux d'entretien et d'amélioration du canal. Au 19ème siècle, le canal est connecté à la rivière Vendée via l'écluse de la Boule d'Or, le canal des Gressaudes et celui de la Boisse, qui contournent les terres hautes de Vouillé-les-Marais par le nord.
A sa création, le canal était équipé d'une porte. En 1816, le projet de construction de deux portes est présenté par l'ingénieur des Ponts et chaussées pour augmenter le débouché du canal, insuffisant pour absorber toutes les eaux du marais en amont. Il sera réalisé en 1822.
Près de la porte, en amont, sur la rive gauche du canal, se trouve l'ancienne maison de l'éclusier.
Le canal et la maison de l'éclusier de la porte des Cinq Abbés Les portes des canaux venant du marais mouillé.
Sur la zone des portes à flots, il y a 3 canaux parallèles (le canal de Vix, le contre bot de Vix et le canal des Boches). En fait, dès la construction du canal de Vix, il a été constaté que le volume d’eau évacué n’était pas suffisant. Au lieu de refaire un nouveau canal, il est décidé d’élargir un petit canal situé le long de la digue du canal de Vix, c’est le contre bot de Vix (car situé parallèlement ou "contre" la digue ou "bot"). Son histoire ne s’arrête pas là au fil des siècles, car l’évacuation des eaux du marais mouillé reste un sujet de conflit et de discussion. L'élargissement du Contre bot est de nouveau proposé en 1912, mais on lui préfère le creusement d'un nouveau canal.
Après la première guerre mondiale, des prisonniers allemands vont être requis pour creuser ce nouveau canal afin de faire sauter ce qu'on appelle le verrou de Marans. Les grandes crues de printemps de 1873, 1877 et 1880 sont restées dans les mémoires. Aussi, il a été décidé de tripler le canal de Vix (1656) et le canal du contrebot (1666).
Le canal, qui sera un des derniers grands creusements du marais, démarre juste après le confluent de la Vendée avec la Sèvre pour rejoindre en ligne droite une boucle de la Sèvre, près de son embouchure. Le travail se fait essentiellement à la pioche et à la pelle et l'évacuation de la terre par wagonnets, tirés par des chevaux.
Le creusement du canal se terminera après la mise en eau. En été 1926, une drague approfondira et calibrera les côtés. Le puissant barrage à cinq pertuis, en bout de canal, se fera de 1926 à 1929. Et tout naturellement, l'ouvrage s'appellera canal des Boches débaptisé depuis pour devenir canal évacuateur.
Voici la longue histoire de ces canaux parallèles.
Ces deux ouvrages se jettent dans le premier méandre de la Sèvre
La Sèvre Niortaise où se jettent le canal évacuateur et celui du Contre Bot de Vix Les vannes verticales et les portes à flot sur le canal évacuateur Porte à flot du contre Bot de Vix Le canal de Vix quant à lui se jette dans la Sèvre au niveau du 3ème méandre.
Porte à flot du canal de Vix Nous poursuivons notre découverte des portes à flot en passant de l'autre côté de la route Luçon - La Rochelle pour aller voir le port de l'Epine.
Le port de l’Epine
Le canal de l'Epine rejoint le dernier méandre de la Sèvre niortaise maritime un peu avant son arrivée dans la baie de l'Aiguillon. Une porte à flot protège le canal des entrées maritimes mais ce canal ne possède pas d'écluse en amont pour pratiquer le système de chasse d'eau comme cela est possible sur le canal du Clain. De ce fait, ce canal s'envase très rapidement en période de sécheresse. Il y a un mouillage pour des petits bateaux.
Ambiance côté terre du petit canal de l'EpineLe canal et la porte de l'Epine à marée basse Le canal et la porte de l'Epine à marée montanteMarée haute en période de grande marée Les bateaux sont au niveau des prairies ! Après le Port de l'Epine, nous faisons un détour à la Pointe aux herbes. C'est sur ce site que se rejoignent le canal de Champagné et le canal de Luçon. Le canal se jette directement dans la Baie de l'Aiguillon. A cet endroit on peut voir, l'ancienne écluse du canal de Luçon et le nouveau barrage.
L'écluse construite sur le canal de Luçon au début du 19ème siècle permettait de naviguer sur le canal afin de relier la baie de l'Aiguillon au port de Luçon. Aujourd'hui, le canal n'est plus navigable et le port à Luçon a été remplacé par une piscine !
Le canal de Champagné à sa jonction avec le canal de LuçonL'ancienne écluse de la Pointe aux Herbes Au pied du nouveau barrage, se trouvait un bac à râteau version moderne.
Le bac à râteau moderneEn période de grande marée A la porte des Amarres, sur le canal de Champagné, un bac à râteau mis au point au début du 18ème siècle est exposé. C’est un bateau pour l’entretien des fossés et des canaux. Utilisé à marée descendante, il arrachait les plantes aquatiques et refluait la vase vers la mer. Le râteau de chaque bac était adapté au profil du canal. Il permet d’éviter l’envasement qui joue dans le temps sur le niveau d’eau.
La porte des Amarres sur le canal de Champagné Un ancien bac à râteau Nous remontons le canal de Champagné pour rejoindre Champagné les Marais, nous traversons un paysage spécifique du marais desséché, une vaste zone plane sans arbres entrecoupée de nombreux fossés.
Paysage du marais desséché Champagné les marais, comme Chaillé les marais, Vouillé les marais, Moreilles, Triaize, Grues et St Michel en l'Herm étaient des îles dans la période du golfe des Pictons.
Chaillé les marais
A chaillé, la route suit une rangée de maisons adossées à une falaise où la mer arrivait dans la période du golfe des Pictons.
Un peu après Chaillé, nous avons visité la maison du maître des digues. C'est un écomusée qui raconte l’histoire et le rôle du marais desséché dans le Marais Poitevin, l’histoire des lieux, la gestion des eaux. Un petit film présente le métier de maître des digues. La maison que nous visitons est le logement de fonction du maitre des digues.
La maison du maitre des Digues La maison du maitre des digues appelée "cabane" représente la structure de la ferme du Marais desséché. Elle comprenait une pièce de vie principale, une pièce annexe pour la chambre et le reste soit les 2/3 du bâtiment pour l'écurie, l'étable, la laiterie et la cave pour l'entrepôt des aliments et des outils. A l'extérieur, il y a un fournil et un four à pain, un enclos pour les chèvres poitevines, une grange, une loge en roseau.
Le site présente aux beaux jours de chèvres poitevine et des baudets du Poitou.
L'intérieur de la maison Les dépendances Institué au 17e siècle lors de la deuxième phase d’aménagement du Marais poitevin, le métier de Maitre de Digues consistait à entretenir les canaux, à gérer les niveaux d’eau, à organiser les travaux pour que les espaces agricoles ne soient jamais inondés mais aussi à surveiller les ouvrages de la malveillance des personnes que certains travaux pouvaient déranger. A Chaillé les Marais, il travaillait pour le compte du Syndicat de Marais du Petit Poitou. La fonction a existé jusqu’en 1970.
Le marais Poitevin est constitué essentiellement de propriétés privées. Les propriétaires se sont organisés à partir de 1646 en associations syndicales de marais. Les syndicats de marais entretiennent les ouvrages hydrauliques privés d’intérêt collectif (canaux, écluses) et gèrent l’eau dans leur réseau. Les propriétaires payent chaque année une taxe de marais pour l’entretien et la gestion du marais. Le territoire du marais poitevin est couvert par une quarantaine d'associations de marais.
Aujourd'hui, ces associations se sont fédérées pour assurer leur représentation au niveau des administrations et les ouvrages qui ont vocation à la navigation sont du domaine public et sont maintenant gérés par l'Etat ou les collectivités locales.
Cet écomusée explique la distinction entre le marais mouillé et le marais desséché ainsi que les modes de vie qui en découle. Le marais desséché est protégé de la mer par des digues et des inondations du marais mouillé par les levées (sorte de digues).
Il y a une exposition sur la vie du huttier.
Le huttier est l'habitant qui vit sur les zones hautes du marais mouillé (sur les levées ou en bordure des communaux au bord de l'eau car le huttier quittait rarement son bateau). A l'origine les huttes étaient rustiques et ont laissé place au fil du temps à des habitations en dur. Les huttiers vivaient à la frontière de tous les milieux du marais et tiraient partie de toutes les richesses de ces milieux (cueilleur, pêcheur, chasseur, batelier, bucheron, artisan, jardinier, vendeur, éleveur, journalier). Il récoltait le roseau (au bord des fossés dans le marais desséché ou dans de grandes roselières dans le marais mouillé), cultivait ses légumes dont la "mogette" sur des petites buttes de terres séparées par des fossés appelées "mottes". Il cultivait également l'osier pour fabriquer des "bouroles" en osier (nasses à anguilles) pour la pêche à l'anguille ou encore la "geôle" pour pêcher au moment des crues dans les prairies. Pour la pêche , il y avait aussi le Haveneau, un filet carré. Il faisait un peu d'élevage sur les communaux (terre appartenant en commun aux habitants d'une commune). Le bois de chauffage provenait des terrées, plantations de frênes tétards organisées en longues bandes parallèles bordées de fossés peu profonds. Pour le chauffage, il y avait également la "bousette" ou le bousats.
Extraits de quelques panneaux de présentation de la vie du huttier de l'écomusée Les huttiers sont également des journaliers pour les travaux des champs mais aussi pour l'entretien des canaux. Un autre témoignage des travaux au niveau des canaux renseigne sur la pénibilité : "il fallait être habitué à la peine pour faire ce travail".
Depuis les années 1960-1970 la France rurale entre sur la voie de la modernisation et ce sera la disparition des huttiers.
Le cabanier est l'habitant qui vit dans le marais desséché ou sur les hauteurs du marais mouillé. C'est un agriculteur.
Saint Michel en L’herm
A la fin du 17ème siècle, la limite des hautes mers était proche du bourg de St Michel en l'Herm.
L’abbaye de Saint Michel en L’herm est la plus ancienne du marais. Fondée au 7ème siècle, elle fut détruite par les Normands (vikings) en 877. Ces derniers s’installèrent sur l’île pendant près de 80 ans. Ils s’en servirent comme base d’où ils pouvaient attaquer le Poitou et rançonner les bateaux qui pénétraient dans le golfe des Pictons.
La restauration de l’abbaye fut entreprise en 955. Du 12ème au 14ème siècle elle a connu une forte période de croissance. Le commerce (poissons, fruits de mer, et surtout sels) lui permirent de devenir un acteur économique majeur de la région. Ses possessions maritimes dans le golfe des Pictons et sur l’île de Ré, ses nombreuses possessions le long des fleuves (le Lay, la Sèvre niortaise, la Vendée), lui permettaient d’avoir une emprise sur les voies commerciales de la région. C’est dans ce contexte qu’elle entreprit les premiers grands travaux d’assèchement du marais. Les terres entourant l’île de Saint-Michel-en-l’Herm étaient insalubres, aux prises avec les hasards des marées. C’est ainsi qu’elle finança des travaux qui consistaient à endiguer la région puis à drainer l’eau douce à l’aide d’un réseau complexe de canalisation. Elle s’associa avec d’autres abbayes florissantes de la région. Grâce à sa richesse l’abbaye fut relativement épargnée lors de la guerre de Cent Ans. Un siècle plus tard, lors des guerres de religion, l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm faisait office de place forte catholique mais les huguenots menèrent un grand siège. A la fin du siège, l’abbaye n’était plus qu’une ruine. Ce n’est qu’en 1667, qu’une reconstruction de l’abbaye fut entreprise mais à la veille de la Révolution française, l’abbaye a perdu beaucoup de son ancienne richesse. Finalement elle est vendue en tant que bien national en 1790.
Au travers des jardins, du chauffoir, de la salle capitulaire et du réfectoire, l’histoire se laisse approcher et l’on entreprend un voyage dans le temps.