Du camping-car, nous apercevons le clocher imposant de l’église St Etienne. Il domine le port. Nous montons jusqu'au pied de l’édifice, on a l’impression que le clocher n’est pas terminé. La construction de l’église date du 16ème siècle sur l’emplacement d’une église romane devenue trop petite pour les marins. En effet, l’abbatiale de la Trinité restait le domaine des moines. L’église St Etienne est restée inachevée faute de moyen (transept, chœur et portail sud). Elle a subi ensuite un incendie et c’est seulement à la fin du 19ème siècle que les armateurs et les marins fécampois souhaitent agrandir l’édifice et construire un clocher néogothique flamboyant qui ne sera pas terminé. En effet, les sculptures de la tour carrée ne seront jamais terminées. La décoration de l’intérieur à l’air plus aboutie mais pas très visible à cause des travaux en cours.
Nous longeons la rue piétonne commerçante avant d’arriver au niveau de l’abbatiale de la Sainte Trinité qui est très imposante. A l’intérieur ce qui frappe c’est la luminosité et une impression de légèreté. Pourtant les espaces des vitraux sur le transept côté gauche ont été murés. La nef est très élancée et les transepts ne sont pas de même style. En observant plus attentivement, elle manque beaucoup d’unité. En étudiant son histoire, on comprend mieux ses différents styles.
L'intérieur de l'Abbatiale Ste TrinitéA l'extérieur de l'Abbatiale En fait, le premier édifice aurait été construit au 7ème siècle à la période mérovingienne pour y fonder un monastère de femmes. Après l’invasion des vikings au 9ème siècle, le site est abandonné jusqu’à l’arrivée des moines bénédictins au début du 11ème siècle. Fécamp est alors la capitale ducale. Refondée par les Ducs de Normandie, l’église devient trop petite face à l’afflux des pèlerins et c’est au 12ème siècle qu’elle est reconstruite en style roman mais elle est ravagée par un incendie. Au début du 13ème siècle, elle est reconstruite en style du premier âge gothique. Austère à l’extérieur, à l’intérieur sa longue nef est d’une surprenante clarté grâce à sa tour-lanterne. Sa façade classique édifiée au 18ème siècle a remplacé celle du Moyen Age. Durant le Moyen-âge, l’abbaye est l’une des plus florissantes de Normandie mais les guerres de religions et les abbés commendataires plus intéressés par les bénéfices de la charge que par l’abbaye en elle-même précipite son déclin. C’est au 17ème siècle que la discipline bénédictine est restaurée et que les locaux sont remplacés par des bâtiments de style classique. En 1792, après la révolution, les moines quittent l’abbaye et les bâtiments conventuels seront rachetés par la municipalité en 1850 et la mairie s’y installe en 1856.
Cette information explique pourquoi les espaces des vitraux du transept gauche ont été murés. Il donne sur la cour de l’hôtel de ville.
En face, de l’abbatiale, se trouve les ruines du palais ducal. Edifié entre le 10ème et 11ème siècle et transformé au 12ème siècle, le palais ducal est la demeure des premiers Ducs de Normandie notamment Guillaume le Conquérant.
A proximité se trouve également la maison du patrimoine installé dans l’ancien hôtel du Grand cerf. Construit au 16ème siècle, il est racheté par les moines et devient « La Maison à la Fleur de Lys ». Après la révolution, il devient l’hôtel du Grand cerf.
Nous partons ensuite à la découverte du Palais Bénédictine.
L’histoire commence à l’abbaye de Fécamp. Au 16ème siècle un moine italien, véritable alchimiste aurait créé un élixir pour la santé à base de 27 plantes régionales et épices d’Orient. Les moines de Fécamp se serait transmis la recette jusqu’à la révolution et ce n’est qu’en 1863 que la recette serait sorti de l’oubli par le grand négociant en vins de Fécamp Alexandre Legrand. Après une année de recherche, il crée une liqueur en s’inspirant de la recette d’élixir du moine. Il la baptise « Bénédictine » en hommage au moine.
Face au succès immédiat de cette liqueur Alexandre Legrand décide : la construction d’un palais comme écrin de sa marque, le dépôt et la protection de la marque, l’exportation vers l’Angleterre puis vers la Russie et les Etats Unis. Enfin, il Confie la publicité (réclame) à des affichistes célèbres du 19ème siècle.
A l’origine les bâtiments ont une vocation purement industrielle. Les locaux de la distillerie vont évoluer vers un palais inauguré en 1888 mais en 1892, le palais est ravagé par le feu à l’exception de la partie distillerie et des caves. Il s’agit d’un acte criminel de 2 anciens employés. La reconstruction du palais se fera entre 1892 et 1895 encore plus grandiose pour donner au bâtiment l’aspect que l’on peut voir aujourd’hui.
Le palais bénédictine La visite comporte la montée d’un grand escalier richement décoré puis le passage dans l’immense salle de réunion servant aujourd’hui de salle de réception et ensuite vers la salle Alexandre Le Grand. C’est une vaste salle d’aspect assez simple. A l’origine, cette salle avait une vocation industrielle. C’était le lieu de la mise en bouteille mais très vite avec l’accroissement de la production, cette activité est transférée dans un local plus grand.
L'intérieur du palais Quelques publicités (réclames) Nous poursuivons notre visite en descendant dans la salle des plantes et des épices pour arriver à la distillerie puis nous redescendons pour arriver au niveau des caves et c’est la fin de la visite avec une dégustation de la Bénédictine originale, et de 2 autres compositions l’une avec du Brandy et l’autre avec du Cognac. La production de liqueur est exportée à 95 %.
La salle de distillation Quelques constructions autour de la distillerieMais revenons à la fabrication de la Bénédictine qui est complexe. Elle est composée de 27 plantes et épices (angélique, cannelle, cardamone, clou de girofle, Hysope, genévrier, mélisse, myrrhe, noix de muscade, safran, thym..). La Bénédictine est l’assemblage dans un premier temps de 4 alcoolats. La première distillation est à base d’infusion de plantes mélangée à de d’alcool neutre en gout (blé), la deuxième est une distillation double d’alcool neutre, la troisième est composé d’alcool et d’épices et enfin le quatrième alcoolat est une double distillation d’alcool avec du citron et de la vanille. Ces 4 alcoolats sont mélangés et stockés dans des foudres pendant 8 mois. L’étape suivante est le mélange de cet alcool avec du safran (pour sa couleur) et le miel et sucre. Pour une bonne homogénéisation, l’ensemble est chauffé à 55° avant un nouveau stockage de 4 mois. Ensuite c’est l’étape de la double filtration et l’embouteillage. Cette dernière action n’est plus réalisée à Fécamp mais dans le sud de la France suite au rachat de l’entreprise par un groupe.
Dans l’après midi, nous visitons le musée des pêcheries de Fécamp. Ce musée aménagé dans une ancienne sècherie des années cinquante présente de riches collections réparties en différents thèmes sur 5 niveaux.
Tout en haut, il y a le belvédère avec des plans en relief de la ville sur 3 époques, au 12ème, au 18ème et au 19ème siècle.
Du belvédère, vue sur le port -Le 4ème étage suivant porte sur l’histoire de Fécamp. Occupé depuis la préhistoire, Fécamp au Moyen Age est la capitale des Ducs de Normandie puis le siège de l’abbaye de la Trinité jusqu’à la Révolution. Elle devient un grand port de pêche depuis le 19ème siècle. Mais c’est aussi un des maillons du mur de l’Atlantique pendant la guerre. Le musée présente des collections sur chacune de ces époques.
-Le 3ème étage présente le port de pêche et ses activités.
A l’origine le port était un simple havre d’échouage mais il connait des aménagements dès le 10ème siècle avec l’arrivée des normands. Au 13ème siècle, le chenal est fixé. Il est établi à l’embouchure de 2 petites rivières, la Ganzeville et la Valmont. Propriété des moines de l’abbaye, le port se trouve dans un état de délabrement au 17ème siècle. En 1694, Vauban souhaite faire de Fécamp un grand port. Ses plans serviront de base pour les améliorations réalisées au 19ème siècle. Il faudra cependant attendre le dernier tiers du 19ème siècle pour que le port prenne sa physionomie actuelle.
Depuis le 16ème siècle, les fécampois partent pêcher la morue dans les eaux de Terre Neuve et au 19ème siècle, le port connait une intense activité grâce aux pêches harenguière et morutière. Ces pêches connaissent 2 époques, celle des bateaux à voile et celle des chalutiers.
Au temps des voiliers, les marins partaient environ 10 mois par an et les poissons étaient conservés salés dans les cales. Au temps des chalutiers, les campagnes de pêche étaient de 3 à 5 mois et les marins partaient 3 ou 2 fois l’an. Les voiliers étaient équipés de petits bateaux, les doris avec 2 marins qui allaient en soirée sur les bancs de poissons pour disposer une ligne de fond et revenaient passer la nuit sur le voilier. Le lendemain matin, ils partaient relever la ligne.
Avec les chalutiers, c’était une pêche avec le chalut qui maintient le filet au fond alors que le bateau avance. Le volume de poisson péché est beaucoup plus important.
Les poissons sont vidés, nettoyés et mis dans le sel directement sur le bateau. Nous avons vu un reportage sur la vie des marins. C’était une vie très rude surtout quant le froid se mettait de la partie.
En 1903, Fécamp a 73 voiliers qui seront peu à peu remplacés par des chalutiers. Après la seconde guerre mondiale, Fécamp est le premier port morutier de France et ses négociants exportent la morue dans le monde entier. En 1970, le déclin de la pêche morutière commence et l’activité prend fin 1987.
-Le 2ème étage présente des tableaux de peintres paysagistes, une présentation de la vie cauchoise au 18ème et 19ème siècle avec des meubles et une belle collection de vaisselle et un espace sur l’enfance.
Le docteur Léon Dufour de Fécamp touché par la forte mortalité infantile qui sévit à Fécamp fonde en 1894 l’œuvre de la goutte de Lait. Cette démarche porte notamment sur l’hygiène des biberons de lait. Parallèlement, il collecte des objets qui témoignent des soins données aux jeunes enfants dans toutes les cultures. Cet espace est assez surprenant.
Au final, ce musée permet de présenter la grande richesse culturelle de la petite ville de Fécamp.
Le lendemain, le temps est venteux et très nuageux. Il a plu pendant la nuit mais ce matin, le soleil fait quelques apparitions. Nous quittons le camping-car pour aller jusqu’au front de mer de Fécamp. Nous pouvons ainsi voir les falaises au sud du côté d’Yport et bien au-delà et un peu les falaises au Nord qui ne sont plus accessibles à cause des éboulements des falaises.
Le front de mer de Fécamp