Plougonven
Comme nous l’avons vu à Morlaix, les enclos paroissiaux sont apparus en Bretagne vers le milieu du 15ème siècle grâce au commerce fleurissant des toiles de lin. Cet essor économique ajouté à l’importance du culte de la mort a donné lieu à l’édification de nombreux monuments religieux dans le nord du Finistère.
Au 17ème siècle, le coût des guerres de Louis XIV conduira Colbert à taxer les importations et ceci sonnera le glas de la toile de lin en Bretagne.
A Plougonven, l’enclos du 16ème siècle est composé d’une église de style Beaumanoir, d’un calvaire en kersantite, d’un ossuaire et d’une enceinte partiellement conservée. La construction d’un ossuaire est l’une des manifestations les plus expressives du culte de la mort. Cet édifice était destiné à recueillir les ossements exhumés de l’église. Le calvaire quant à lui a une vocation pédagogique. L’iconographie de la vie et de la passion du christ servent de bible imagée. Ce calvaire est l’un des plus anciens et des plus originaux. La kersantite est une roche magmatique extraite à kersanton dans la rade de Brest. Elle est choisie par les sculpteurs pour sa facilité de taille et sa robustesse à l’érosion. C'est une roche verdatre qui noircit avec le temps.
L'église a été récemment restaurée ce qui donne cet aspect claire au granit et certaines sculptures ont été refaites. Par contre, l'intérieur de l'église ne se visite pas encore à cause de la présence de champignons. En fait, l'église a brulé en 1930 ne laissant que les murs et le clocher. Les travaux de restauration réalisés certainement trop tardivement en 1933 ont entrainé une forte humidification de l'édifice d'où la nécessité d'une nouvelle restauration débutée en 2019.
L'église de PlougonvenLe calvaire et l'ossuaireNous poursuivons vers Sizun mais nous faisons un détour par l’allée couverte de Mougu Bihan avec l’espoir de pouvoir approcher le Roc Trévézel qui reste encore interdit à la visite. Le feu dans les tourbières peut durer longtemps. Effectivement, lorsque nous arrivons à l’allée couverte de Mougu Bihan, nous pouvons voir sur les sommets encore des fumerolles.
L'ambiance de Landes des Monts d'Arrée L’allée couverte de Mougu Bihan
Cette sépulture mégalithique était recouverte d’un tertre. Elle a été édifiée vers 3000 ans avant J.C. Quelques piliers comportent une ornementation.
L’allée couverte de Mougu BihanLe moulin de Kerouat
Sur notre route, nous nous arrêtons au moulin de Kerouat. C’est écomusée qui présente toute une palette de paysage de la campagne bretonne et un hameau breton composé d’un moulin haut, d’un moulin bas, d’une maison, la maison Fagot et d’un fournil où a été aménagé un intérieur de maison plus rustique avec un sol en terre battue. Le sol de la maison Fagot est dallé au Rez-de-chaussée. Il y a du parquet à l’étage. On peut voir de nombreux meubles ayant tous appartenu au propriétaire de la maison au fil des générations. Ce n’est pas une exposition. Il y a plusieurs lits clos et le lit ouvert date de la dernière génération. Nous sommes impressionnés par la quantité d’armoire mais à chaque mariage la femme venait avec son armoire et son linge !
Au bout du chemin creux, un hameau bretonL'intérieur de la maison Fagotl'intérieur d'une maison rustiqueIl se fait tard alors nous passons Sizun pour aller sur l’aire de camping-car de La Martyre
La Martyre
L’enclos de La Martyre serait l’enclos le plus ancien du Léon. Cette église est dédiée à St Salomon, roi de Bretagne au 9ème siècle. Il aurait été assassiné sauvagement dans l’église de La martyre de l’époque. La Martyre fut ensuite un lieu de pèlerinage où on y vénérait les reliques de Salomon.
La porte triomphale surmontée d’un calvaire est imposante. L’église à l’arrière de la porte parait plus modeste. Sa construction s’étale du 11ème au 17ème siècle. L’ossuaire est accolé au porche sud. On entre dans l’église par le porche sud qui est richement sculpté et à l’intérieur de celui-ci nous sommes accueillis par les 12 apôtres. Cette église présente quelques éléments insolites comme le bénitier avec l’Ankou (représentation de la mort) ou cette statue à l’angle de l’ossuaire qui représente une cariatide.
La martyre Sizun
Nous revenons sur Sizun pour voir son enclos paroissial. Les parties les plus intéressantes sont la triple porte triomphale à décor corinthien surmontée d’un calvaire et la chapelle ossuaire à double arcature. L’église du 16ème siècle a été remaniée aux 17ème et 18ème siècles.
La porte triomphale et l'ossuaireL'église de Sizun l'intérieur de l'égliseNous faisons un détour par la ville de Landerneau avant de rejoindre d’autres enclos paroissiaux.
Landerneau
Landerneau est une petite ville portuaire de l’estuaire de l’Elorn située entre les régions du Léon et de la Cornouaille, la basse vallée de l’Elorn servant de frontière entre ces 2 régions. Le pont de Rohan, construit au 16ème siècle, est l’un des derniers ponts habités. Ce pont est également la limite entre la rivière fluviale et la rivière maritime. Le pont de Rohan, passage obligé entre les 2 régions a permis le développement commercial de la ville.
Le pont de Rohan Nous commençons notre visite par la rive droite avec la maison dîtes de la Duchesse Anne du 17ème siècle sur la place du marché, nous passons devant plusieurs maisons du 17ème siècle avant de passer devant l’auberge le Réveil matin, déjà une auberge au 16ème siècle et la maison Duthoya actuellement en mauvais état. Cette demeure construite au 17ème siècle était la maison d’un négociant armateur.
La ville rive droite Nous allons ensuite sur le Pont de Rohan où nous découvrons la maison du pauvre petit bonhomme avec sa sculpture. Il s’agit d’un pèlerin. De ce côté de la ville, il y a également l’ancienne auberge de Notre Dame de Rumengol avec en angle la statue de N.D. de Rumengol. Puis nous arrivons au niveau d’un ensemble d’habitation à caractère rural du 17ème siècle non loin de l’ossuaire situé en face de l’église St Thomas de la même période.
La ville rive gauche L'Ankou est une figure majeure de la mythologie bretonne. Il ne représente pas la mort en elle-même, mais son serviteur : son rôle est de collecter les âmes des défunts.
Nous poursuivons notre découverte vers La Roche Maurice en remontant l'Elorn
La roche Maurice
L’enclos paroissial de la Roche Maurice se situe à flanc de coteau au dessus de la vallée de l’Elorn. Il est dominé par les ruines du château Roc’h Morvan.
Cet enclos bien qu’incomplet présente quelques originalités. Il comporte un ossuaire du 17ème siècle avec des colonnes corinthiennes et une église du 16ème siècle. Celle-ci présente un porche sud finement sculpté et à l’intérieur nous sommes surpris par le remarquable jubé renaissance et les belles sablières.
L'église et son jubé L'ossuaire le jubé et les sablièresLe jubé servait à séparer le chœur de la nef mais la réforme liturgique du 16ème siècle amène une évolution dans l’architecture. Le chœur doit être visible par les fidèles présents dans la nef. Suite à cette réforme, il a été déplacé ou a disparu. A la Roche Maurice, il est resté en place.
La flèche du clocher comporte une double galerie.
La chapelle de Pont christ
En remontant la vallée de l’Elorn vers Lampaul Guimiliau, nous nous arrêtons pour voir la chapelle en ruine de Pont Christ.
Lampaul Guimiliau
A Lampaul Guimiliau, nous allons voir le riche enclos paroissial des tanneurs. En 1780, il était recensé 146 tanneries !
Lampaul Guimiliau possède un enclos complet. Son calvaire très simple mais sa porte triomphale en possède un second. L’ossuaire accolé à la porte triomphale a été transformé en chapelle funéraire. L’église est dominée par une tour clocher du 16ème siècle dont la flèche a été tronqué par la foudre en 1809. A l’intérieur, l’église est richement décorée et surtout très colorée. A l’extérieur, le chevet présente de nombreux lanterneaux qui confèrent à l’ensemble une certaine élégance.
La porte triomphale et l'ossuaire Le porche de l'égliseL'intérieur de l'église Le chevet de l'église et ses nombreux lanterneaux Nous passons la nuit sur l’aire de camping-car
Guimiliau
Guimiliau est un petit village qui devient au 15ème siècle un centre géographique de l’activité toilière (lin et chanvre) qui va apporter l’opulence dans la région. Une famille de Guimiliau va particulièrement s’investir dans le commerce et s’enrichir.
L’enclos paroissial de Guimiliau sera édifié entre le 16ème et 17ème siècle.
L'enclos paroissial de Guimiliau Pour comprendre l’expansion des enclos paroissiaux et leur richesse, il faut comprendre l’état d’esprit de la région dans cette période de grande richesse. Il y a une rivalité qui s’instaure entre les bourgs. C’est à qui aura le plus beau calvaire ou la plus grande église ou le plus beau décor à l’intérieur…
A Guimiliau, la taille de l’église est restée modeste mais l’intérieur est richement décoré. Le clocher tour est de style Beaumanoir. Le porche de style gothique et renaissance présente de belles sculptures. A l’intérieur du porche, les statues des apôtres sont également finement sculptées. A l’intérieur de l’église, les fonds baptismaux, l’orgue et la chaire en chêne sont très sculptés.
Le porche de l'église l'intérieur d el'égliseOn peut remarquer que les fonds baptismaux sont un peu trop haut pour l’église. En fait, ils étaient destinés à St Thégonnec dont l’église avait été surélevée.
L’enclos comprend la chapelle funéraire, une porte triomphale simple mais élégante et un calvaire remarquable avec ses 200 personnages représentant 15 scènes de la vie de Jésus et 17 scènes de la Passion.
Le calvaireLe clocher a un air penché. Les morts étaient enterrés dans l’église. Cela explique aussi l’existence des ossuaires. Lorsqu’il n’y avait plus de place à l’intérieur de l’église, les ossements étaient déplacés dans l’ossuaire. Pour en revenir au clocher, les morts étaient aussi enterrés sous le clocher ce qui a fini par le déstabiliser.
Par l’édit de 1776 (sous Louis XVI), les inhumations sont interdites dans les églises pour des raisons de salubrité. Puis c’est un décret de 1804 qui réglemente l’organisation des cimetières et prévoit leur implantation à l’extérieur des villes.
Nous rejoignons ensuite l’enclos paroissial de St Thégonnec.
Saint Thégonnec
L'église de St ThégonnecL’enclos paroissial de St Thégonnec comprend une porte triomphale assez imposante, un très bel ossuaire, un calvaire représentant la passion du christ et une très grande église. Cette église a la particularité d’avoir 2 clochers, un clocher tour imposant qui domine et un petit clocher élancé de style Beaumanoir étouffé par l’élévation de l’église. En fait, l’église a été plusieurs fois remaniée. Le petit clocher est le seul vestige de l’église du 16ème siècle. L’église a été surélevée mais elle y a perdu son âme. A l’intérieur, elle n’a pas de style particulier, elle est décorée dans un style baroque flamboyant très coloré.
La porte triomphale, le calvaire et l'ossuaire L'intérieur de l'égliseLes paroissiens de St Thégonnec ont voulu se démarquer des communes voisines en surélevant l’église, en construisant un clocher plus imposant que le clocher d’origine et en décorant l’intérieur de l’église avec des retables et une chaire polychromes richement travaillés, des vitraux et des statues également très colorés.
Nous quittons la région de Morlaix pour la vallée de la Rance. Nous faisons une pause au niveau de Belle Isle en terre et allons voir la Chapelle Locmaria.
La chapelle locmaria
L’édifice actuel date des 15ème et 16ème siècles. Elle se trouve au milieu du cimetière. Elle a conservé à l’intérieur un beau jubé du 16ème siècle orné sur une face de statues en bois polychrome représentant les apôtres.
La chapelle Locmaria et son jubé Un vitrail est en rapport avec la fontaine miraculeuse de Pendréo. Il représente cinq mères bretonnes qui tendent vers la vierge leur bébé souffrant de la coqueluche.
Les vitraux de la chapelle A côté de la chapelle, il y a un caveau avec une crypte. Il s’agit du tombeau de Lady Mond originaire de Belle Isle en Terre. Elle était la fille d’un meunier et s’appelait Marie Louise Le Manac’h.
Nous poursuivons vers la vallée de la Rance et nous faisons une autre pause pour aller au Menez Bré
Menez Bré
Le Menez Bré est une colline de 302 mètre d’altitude, vestige de la chaine des Monts d’Arrée dans les côtes d’Armor. La chapelle St Hervé est implantée à son sommet. Ce sommet domine le plateau trégorrois permettant d’avoir un vaste panorama au Nord sur le plateau qui s’abaisse lentement vers la mer. Au Sud-Ouest, les Monts d’Arrée se détachent à l’horizon. On peut même deviner l’émetteur de Roc’h Tredudon.
La chapelle St Hervé sur le Menez Bré