Randonnée sur le chemin de Compostelle d'Espalion à Decazeville du 15 mai au 20 mai 2023
Mai 2023
6 jours
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Départ de Foix le lundi 15 mai à 9h00 et des brouettes.

Pour respecter une certaine tradition, je suis encore une fois à la bourre pour prendre le train à la gare de Foix. Mais tout va bien je rejoins à temps mes camarades de marche, le train ariègeois ayant par bienveillance quelques minutes de retard.

Ce matin, une petite ambiance de marché plane sur la gare: des plans de tomates et de potirons qu'Abel & Joëlle ont amené pour ma petite Christine, attendent patiemment cette dernière sur un banc, avant l'embarquement dans le TER.

Et c'est alors, qu'au tout dernier instant, se produisit l'inespéré, l'impensable, le miracle ! Car c'est ainsi je vous le dis mes frères et sœurs, qu'au dernier moment sans prévenir quiconque, notre Colette a embarqué avec nous en catimini dans notre wagon à notre grande stupéfaction et pour notre plus grand plaisir !

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Arrivée en gare de Toulouse-Matabiau, ou nous retrouvons Michel qui se joint à notre groupe. Nous embarquons dans un autre TER à destination de Rodez.

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En gare de Rodez, tout le monde descend.

Encore une petite attente, et un taxi nous amènera à Espalion, le terminus de cette journée.

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Nous retrouvons Espalion en Aveyron: cette petite ville au charme indéniable possède un patrimoine architectural remarquable. Le château de Calmont d'Olt, ses maisons et ses ponts antiques se reflètent dans le Lot sous un ciel lourd de nuages printaniers. Cette cité nous offre un cadre enchanteur, propice à la contemplation et à la méditation.

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Ce soir, nous sommes hébergés au gite "Au Fil de l'Eau": les chambres sont propres et confortables. Le repas du soir est basique et pas mal épicé. Quand au petit déjeuner, il est assez quelconque et constitué essentiellement à partir de produits de supermarchés. Servie par l'obligeant Abel, notre petite Colette va pouvoir savourer son premier café matinal pour bien commencer sa journée !

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Au menu de ce jour, pour notre première étape, se seront environ 24kms à parcourir au départ d’Espalion. Au début de l’étape, je rencontre Julie, jeune maman d’un enfant de 11 ans, qui voyage seule. Sur le chemin, nous marchons et discutons ensemble. Elle me raconte qu'elle exerce le métier de sage-femme et de pompier volontaire dans la Drome. Lors d’une montée dans les bois, nous croisons une vieille dame qui traine un caddie. Elle nous explique qu'elle descend un peu plus bas dans le but de vendre ses gâteaux et quelques produits salés préparés la veille. Ni une ni deux, nous improvisons un petit marché champêtre au milieu du chemin. Le reste du groupe qui a fait étape dans la curieuse église Saint-Pierre de Bessuéjouis, nous rejoins.

Ensuite, nous continuons jusqu'au joli village d'Estaing, ou nous allons pouvoir nous ravitailler et faire une sympathique et bienvenue pause déjeuner. Le château qui surplombe le village appartient encore aujourd'hui à la famille Giscard: et je me dis que le fantôme de l'illustre Valery Giscard d'Estaing doit circuler dans cette enceinte pour un dernier "au revoir !".

La fin de cette étape est la partie la plus délicate: en effet, une très longue montée au milieu des prairies parsemées de fleurs nous attend pour rallier notre terminus du jour, Fonteilles.

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C'est dans un état de fatigue certain et rafraichis par la bise que nous arrivons enfin au camping "Lo Soulenquo". Pour moi, de magnifiques ampoules aux talons sont apparues et rayonneront tout le reste du voyage. Ce soir, nous logerons bien au chaud dans un mobil-home bien confortable. Notre hôte s'appelle Léo, c'est un personnage atypique avec une apparence à mi-chemin entre le Père Noël et le Captain Igloo. Notre homme est un réfugié climatique généreusement recueilli par notre mère patrie: il s'est exilé de sa suisse natale pour atterrir dans ce "trou perdu" en Lozère.

Après avoir posé les sacs et s'être "ripolinés" de la tête au pied, nous rejoignons le restaurant ou Colette sirote déjà son apéro préféré. Après quelques verres, l'ambiance est "caliente" comme il faut ! Léo nous épate par sa faculté à bouger son quintal: il s'affaire sans cesse en cuisine pour mitonner un fort savoureux repas à ses convives. Le lendemain, son petit déjeuner est une vraie merveille: le pain, la brioche et les confitures issus du terroir local, sont à foison et délicieux.


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Au départ du camping, sur les conseils de Léo, nous empruntons une liaison du GR6: cela nous permettra de raccourcir un peu notre chemin du jour. Aujourd'hui il fait assez beau temps et des près fleuris s'étalent à perte de vue ! Un peu avant Godinhac, nous faisons halte dans une endroit insolite: un kiosque avec des boissons chaudes à disposition, et un peu plus loin une drôle de petite chapelle pour accueillir les pèlerins. La plupart des 19 kms du jour sont sans difficultés notables, seule la fin d'étape pour arriver à Sénergues grimpe un peu. Mes belles ampoules (pas LED pour un sous) rayonnent et m'handicapent un peu, mais tel un Rambo de pacotille, je serre les mâchoires !

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Le gîte du jour est somptueux: nous avons à notre disposition ce soir une confortable résidence au milieu du village. Michel, grand enfant s'il en ait, est attiré par les jeux d'enfants à proximité et s'essaye à l'hélicoptère sous la surveillance de Béatrice. Notre Colette est infatigable et part explorer avec curiosité les environs.

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Aujourd'hui le temps est un peu plus maussade et nuageux, mais il ne pleut pas. Bonne nouvelle, l'étape du jour sera très courte, seulement 9 à 10 kms afin d'arriver tôt à Conques. Par ici, les paysages sont splendides: disséminées dans les prairies, on découvre de jolis hameaux et des granges bâtis dans de solides pierres grises et chapeautés d'ardoises ou de lauzes.

L' arrivée sur Conques nous laisse pantois: en effet, c'est un incroyable écrin médiéval formé par l'inextricable entrelacement de bâtisses que ce village se dévoile progressivement à nous. Tout ici est emprunt d'un charme et d'une beauté sans pareil.



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Petit à petit, nous déambulons dans les rues et les coursives de la cité. Il faut atteindre le cœur du village pour voir apparaitre les commerces: ici on découvre beaucoup d'échoppes d'artisans d'art et sont à disposition aussi des restaurants et des cafés. Au centre, sur la place principale, on admire l'abbatiale Sainte-Foy en majesté. A proximité, se trouve l'abbaye Sainte Foy ou la communauté des Prémontrés accueille les pèlerins pour le gîte et le couvert.

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Au sein de l'abbaye, en se début d'après-midi règne l'effervescence d'une ruche. Les hospitaliers guident patiemment et pas à pas les nombreux pèlerins qui arrivent par vagues ininterrompues. De grands dortoirs seront à notre disposition ce soir. Notre Colette est impatiente de poser son fourbi, de se prélasser dans le jardin du lieu. Après ses ablutions, elle rejoins avec nous le magnifique réfectoire ou règne une ambiance chaleureuse. L'accueil et les mets du repas de ce soir sont particulièrement savoureux. Après le repas, nous rejoignons l'abbatiale pour une visite nocturne enchanteresse: de douces lumières chassent les ombres et dévoilent peu à peu l'antique bâtiment à nos yeux écarquillés. Pendant la déambulation, arrivent à nos oreilles d'envoutants cantiques grégoriens. On remarque assez vite les surprenants vitraux de ce chefs-d'œuvre roman réalisés par l'artiste Pierre Soulages. Nous avons la possibilité de visiter les coursives supérieures qui dévoilent peu à peu d'incroyables sculptures sur les chapiteaux des colonnes qui entourent ce temple sacré. Sorti de l'abbaye, nous sommes invités à admirer son tympan au dessus du portail d'entrée. Cette foisonnante sculpture est une illustration du jugement dernier. Progressivement, un magique son et lumière vient dévoiler l'œuvre et la sublimer par l'apport des couleurs originelles. Vers 22h30, sous la fraîcheur de la nuit, nous rejoignons bien vite notre gîte. Aussitôt blottie dans son lit, notre Colette sombre rapidement dans un sommeil réparateur empli de jolis rêves.



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Le départ de Conques est un vrai cauchemar: le village étant situé dans une cuvette, c'est une horrible grimpette dans les bois qui nous attend sournoisement. Michel et Béatrice s'en accommode et continue leur progression. Pour Abel, Jojo et moi se sera la montée par la route à la première occasion: c'est long, très long mais moins pénible que par le sentier. Il faudra atteindre Noailhac pour qu'enfin le groupe puisse se reconstituer pour la suite du périple. Le reste du chemin n'est pas trop exigeant, hormis la longue descente vers Decazeville.


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A Decazeville, notre gîte est situé dans les faubourgs de la ville. Notre Colette en forme olympique est la première a atteindre "Les volets Bleus". Doté d'un grand jardin, c'est un havre propice au calme et au repos. Après nos ablutions, pour faire plaisir à Colette, nous nous calons pour commencer un long apéro. Michel a dégoté des cartes et nous invite à jouer. Ainsi passera pour nous un bruyant et joyeux moment, qui verra une Béatrice euphorique ne plus parvenir à retenir les règles du jeu après quelques bières.

Au bout d'un moment, nous voyons arriver une maman courage que nous avions déjà croisé au camping de Fonteilles. Cette femme célibataire voyage en bivouac avec ses deux jeunes enfants: l'ainé à 8 ans et le plus jeune 10 mois ! Cette fille est incroyable: malgré l'adversité, elle ne se plaint jamais et fait preuve d'une joyeuse vitalité et d'une volonté qui forcent le respect.

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Ce matin, nous rejoignons la gare de Capdenac à bord d'un taxi. Aussitôt à bord du TER qui nous amène à Toulouse-Matabiau, Michel, Abel et moi sommes surpris et choqués en voyant les filles dévorer avec passion leur sandwich. Il nous semblait pourtant qu'elles avaient copieusement petit-déjeuner ce matin. Je me dis que notre Colette n'aurait jamais eu un comportement aussi inconvenant.