Carnet de voyage

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23 étapes
23 commentaires
Par Zarky
Ce carnet à l'usage de mon petit monde trace ma route d'Extrême-Orient en Thaïlande, Indonésie, au Timor, à Singapour, en Malaisie, au Népal, en Birmanie... Parce qu'il me faut partir et vivre.
Juin 2019
20 semaines
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1

Dire au revoir, et plusieurs fois, c'est l'occasion de répéter de très beaux moments. Ça réchauffe le cœur, ça rassure, c'est joyeux et touchant.

Le voyage m'attire comme un astre mais je sais que ma petite planète me manquera souvent et que je serai heureux de la retrouver.

Merci à tous et surtout à toi, Céline, de m'avoir compris et laisser partir... pour un temps.

La guinguette du phare à Lestiac samedi 22 juin, hommage à Nicolas B
2

Et c'est en France que je vis déjà ma première aventure. Mon bagage tarde à Orly, la correspondance est juste à Roissy, le bus est pris dans les bouchons... Je cours dans le terminal et j'embarque le dernier par miracle pour Bangkok, tous mes sacs en cabine. Très essoufflé, mais heureux !

Note pour plus tard : plus jamais de correspondance Orly-CDG.

Un air de ressemblance, non ?
3

C'est la mousson. Dans les rues de Bangkok le vacarme est assourdissant. Les moteurs grouillent de partout. Voitures, tuk-tuks, camions, motos. La chaleur colle, les fils électriques pendent, les gargotes pullulent. Tout foisonne, en vrac.

Dans les bons restaurants le calme est climatisé. Délice d'épices, de currys incendiaires, de coco, mangues, citrons, papaye, viandes et poissons. Dans ceux des rues, des plats plus simples accompagnés d'odeurs d'échappement.

La nuit, une nouvelle ville sort des profondeurs. Des jeunes filles et des ladyboys se postent sur les trottoirs aux portes de salons de massage inaperçus avant. Commerce local florissant. Rien d'interlope. C'est comme ça à Bangkok.

Les misérables côtoient des tours ultra modernes aux terrasses vertigineuses. Les boutiques des malls sont insolentes de luxe. Dior s'affiche sur écran géant. Hôtels Hyatt.

Chinatown grouille de ses mille boutiques. Ici des palans, là de l'or, de la pharmacopée chinoise, plus loin des canards.

Et, dans les jardins, sur les quais, les temples quadrillent l'espace et habritent le sage Boudha, omniprésent.

Saturation de contrastes.


Merci à Olicier, Hakima, Wassim et Mariame pour votre accueil si chaleureux dans votre havre, et pour ces festins inoubliables. Merci aussi à vos charmants amis du guide Michelin.


4

Le volcan de Sibayak siffle comme une cocotte et sent mauvais. Il crache son souffre jaune tant qu'il peut, et fume avec l'arrogance du plus fort.

À Sumatra il faut se soumettre aux décisions des enfers.

En contrepartie, des paysages puissants aux dimensions immenses : cascade de Sipiso Piso et lac Toba.

Pour les atteindre, il faut subir la musique locale kitch de bus bondés englués dans la congestion. C'est sans échappatoire.

À Berastagi je ne passe pas inaperçu. Sur mon passage les enfants me sourient, m'appellent "hello Mister !", et se prennent en photo avec moi.

Et puis, régulièrement, le minaret fait son appel au dessus des églises du pays Batak.

C'est certain, je suis ici à l'étranger.



Gunung Sibayac
5

À Sumatra j'ai plongé dans la forêt primaire.

Malgré tous les saccages des plantations de palmiers y survit une jungle dense, profonde et luxuriante.

Le parc national Gunung Leuser appartient aux tigres, aux éléphants, aux singes et à beaucoup d'autres créatures sauvages.

Seuls les singes se laissent observer, haut perchés : orangs-outans, siamangs, semnopithèques de Thomas (Thomas leaf monkey), macaques.

Il faut voir une mère orang-outan veiller sur son bébé, construire son nid, avec ses bras semblables aux nôtres, par ses formes, par ses mouvements. Il faut croiser son regard aussi. Troublant.

En indonésien orang signifie "homme", outan "forêt".

5 jours d'immersion. Expérience unique. Jungle, cascades, sources d'eau chaude.

Supri, mon excellent guide, débusque les animaux comme par magie. Son compte instagram "Supri Ketambe" propose de très belles photos.

Son organisation (www.orangutan.org) étudie et protège les ourangs outans.

Notre planète est si belle.


6

Le lac Toba est Immense : 100 km par 35 km, profond jusqu'à 500 m.

Il est né d'un supervolcan dont l'éruption prodigieuse, il y a 74 000 ans, projeta ses cendres à 3 000 km alentour. Le Vésuse n'est qu'un gamin à côté. Il a probablement causé une extinction planétaire par la formation de nuages d'acide sulfurique tout autour du globe.

Magnifique lac Toba : bleu, paisible et doux aujourdhui. Il fait bon se poser et souffler sur l'île fleurie de Samosir.

C'est la patrie des Bataks Toba, encore sauvages il y a un siècle. Leurs tombeaux parsèment le pourtour du grand lac. Ces Bataks adorent la musique. Je n'ai pas leurs goûts mais c'est toujours joyeux. Ils semblent heureux et généreux.

Étape de repos et de vélo.

7

Mon chauffeur de bus à l'aéroport de Medan était bien à sa place, les pieds sur le volant. Il dormait comme une souche : premier contact avec la nonchalance de Sumatra.

Dans ce bus bondé, coincé contre une forte Batak et saoulé de musique, on est curieux de moi, on m'offre à manger : générosité qui se répétera.

De très belles rencontres dans cette île où vivent 50 millions d'habitants et plusieurs peuples, fervents musulmans d'Aceh ou joyeux Bataks chrétiens mangeurs de chiens.



8

De la mer d'Andaman au golfe de Thaïlande c'est une succession de bleus turquoise, de verts émeraude, de ciels purs puis sinistres, annonciateurs de pluies tropicales.

Proche de Krabi les falaises karstiques grumeleuses de Railay s'offrent aux grimpeurs dégourdis. Plus loin on se prélasse dans des baignoires naturelles de sources chaudes. Très heureux moments avec Oliver, Akané et Holger.

Depuis ko Phangan j'ai plongé et croisé des poissons perroquets, des cochers, des mérous, des bancs de barracudas, et beaucoup d'autres plongeurs... C'est une Île de vacances, facile. Bungalow sur la plage, trajets en scooter, randonnées en forêt, massages. La belle vie !



9

Restent à Java de profondes traces de l'influence indienne qui nourrissait sa société dès les premiers siècles de notre ère.

Entre temps, bien sûr, l'Islam s'est installé et les colons portugais puis hollandais ont été chassés. Mais les dieux et les démons du Mahabharata et du Ramayana hantent encore l'archipel indonésien. Ils ressuscitent lors de longs ballets, dans les marionnettes d'ombre "wayang" et chantent à travers des masques paisibles ou terrifiants.

Les fantômes indiens occupent deux temples millénaires autour de Yogyakarta : Borobudur le bouddhiste, et Prambanan l'hindou. Eternels malgré les oublis du temps, les séismes et les touristes.


Borobudur
Prambanan
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Universitaire, coeur artistique de Java, Yogyakarta est jeune et vivante. On se balade nombreux, on bavarde, on se déguise, ça vibre joyeusement.

Dans les rues et ruelles des kampungs : des plantes, de petites maisons. Ailleurs, de belles demeures coloniales dans une cité jardin, des taudis colorés et du street art.

On croise par hasard des danseuses de kuda lumping (cheval sauteur), un iguane, des becaks (vélos taxis), des motos et des étals sur roulettes, car ici on mange n'importe quand.



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L'atelier d'urbanisme operationnel à la fac de Jodja vient de s'achever. Deux semaines devant 30 étudiants avec Pak Bobi, professeur responsable du département d'urbanisme, Julien, Jeanne et Fanny.

Nos élèves ont planché sur la régénération du quartier de Kotabaru, beau cas d'école où se surposent beaucoup d'enjeux.

Les étudiants étaient excellents et leur gentillesse désarmante. Ce fut intense, revigorant, touchant.

Les échanges avec l'université et nos élèves vont continuer. Et nous sommes prêts à renouveler l'expérience.



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Les premiers marins hollandais qui ont découvert Bali en 1597 n'ont pas voulu rembarquer. Ça laisse songeur car l'île est toujours merveilleuse si l'on s'éloigne des masses touristiques.

À Munduk, ou dans les environs d'Ubud, ou à Sidemen, nos balades, avec Céline, ont été très belles.

Ici la nature est vigoureuse, les couleurs claquent, les plantes prolifèrent.

Les rizières en terrasses fournissent trois récoltes par an.

Les fruits sont délicieux : papayes, mangues, jacques, pitayas, goyaves, bananes, ananas, oranges, noix de coco...

On cultive le cacao, le café et toutes sortes d'épices et de piments : citronnelle, noix de muscade, cannelle, clous de girofle, gingembre, cardamone, coriandre, cumin, vanille, poivre noir, piments rouges...

Et, surtout, les fleurs sont magnifiques : hibiscus, bougainvilliers, jasmin, nénuphars, lotus, magnolias, frangipaniers, orchidées...

Les esprits en sont largement remerciés et apaisés par des offrandes journalières déposées par les balinaises avec une profonde dévotion.

Les dieux hindous sont priés dans mille temples, représentés par cent mille statues. Même des arbres, les banians, sont sacrés car ici le souffle de vie est partout.


Banian
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À Ubud les singes et les démons cohabitent avec les hommes.

Au milieu de la ville les macaques vivent dans leur forêt sacrée. Ils y vont et viennent, prennent tout ce qui se mange, crient, bondissent, jouent, copulent ou s'épouillent, au milieu des curieux. La nuit on longe la forêt en prenant un sentier sombre : trajet dans la rumeur étrange et inquiétante de la nuit des singes.

Ailleurs les démons se montrent souvent : statues effrayantes, danses qui rejouent la lutte contre l'horrible Rangda ou peintures et sculptures qui les rappellent encore.

Mais à Ubud les Balinais se debrouillent de ces voisins.

Quant aux occidentaux, ils font du yoga, méditent et vont au spa.

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Entre les îles de Bali et de Lombok il y a la mer, puissante.

D'Amed aux Gilis, de Kuta à nusa Lembongan, nous avons plongé, approché une faune merveilleuse, et lézardé sur les plages.

Amed fut notre premier contact avec ces plages, l'eau limpide et les poissons colorés de la mer de Bali.

À Gili, mieux encore : rencontres avec de grandes tortues, des poissons chats, des requins à pointe blanche.

Plus loin, sur la grande plage blanche de Kuta, parmi les touristes, les enfants de Lombok nous ont communiqué leur joie.

Enfin, à nusa Lembongan, de grandes raies mantas formèrent un ballet fascinant juste sous nos yeux : Elles allaient et venaient avec des mouvements lents et gracieux, la gueule grande ouverte à ramasser du plancton. Inoubliable.

Lieux merveilleux mais aussi dangereux : À Lombok en août 2018, un séisme semait la panique et tuait 500 personnes. Les maisons ne sont pas encore toutes reconstruites.

Barrières de corail et de feu.



Amed
Gili Trawangan
Kuta
Nusa Lembongan
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On se retrouve au Timor oriental un peu par hasard, pour régler une affaire de visa et puis, tout doucement, on s'adapte et on s'attache profondément à ce petit pays.

Ici, d'abord, c'est une nature préservée et superbe : des plages sauvages, des centaines de coraux, des montagnes partout et un sommet, le Ramelau, à 3000 m.

Les touristes sont rares car on est au bout du monde et tout est lent et compliqué. On croise toujours une bonne âme sur les routes poussiéreuses pour vous mettre à l'arrière d'un pick up ou pour vous loger quand la nuit tombe dans les hauteurs perdues d'Anartutu, sur l'île d'Atauro.

Le Timor est indépendant depuis 1999. Cette ancienne colonie portugaise très catholique a subi l'enfer de l'occupation indonésienne entre 1975 et 1999. Pendant cette période 30 % de la population a disparu... 30 %. Les Timorais ont résisté vaillamment longtemps et seuls. Leur cause a fini par être connue et défendue aux yeux du monde. Ils ont fini par gagner leur liberté. Les visages sourient à nouveau. Un bel avenir se prépare ici.

Viva Timor Leste !

Autour de Dili
20ème anniversaire du référendum sur l'indépendance
Mont Ramelau
Île d'Atauro
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Depuis le pont du ferry qui m'emmène vers Florès je remonte lentement et contemple une dernière fois la longue baie de Kalabahi.

J'y ai vu ces derniers jours, à l'aube, des dauphins quand je partais plonger à la rencontre de balistes et autres napoléons.

Alor est la plus orientale des îles de la Sonde. Reculée, elle offre ses beautés sauvages à ceux qui ont le temps et la patience de l'atteindre.

Ici, je suis continuellement sollicité par des "hello Mister !" curieux.

Ici, on trouve encore des villages où les hommes se parent en guerrier pour quelques milliers de roupies.

Ici, j'ai vu beaucoup de grands arbres étranges dont les lianes deviennent racines, de la mangrove aussi, et j'ai appris où naissent les noix de cajou.

Étape en compagnie d'Arndt, un Allemand de Cologne grand voyageur.




d'Atauro à Alor
Plongées
Hello Mister !
Arbres étranges
Village de Takpala
Baie de Kalabahi
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J'ai traversé Florès d'Est en Ouest. Sur mon scooter, aux côtés d'Arendt, j'ai avalé 940 km de bitume en 8 jours, de Maumere à Labuan Bajo, en passant par Moni, Riung, Bajawa, Ruteng et Wae Rebo.

Plaisir intense de débouler dans des décors spectaculaires, des plaines oranges, arides et brûlantes, des forêts vertes denses et humides, joie de contempler les rizières en terrasses, de passer entre les bambous, de rouler sur les pentes raides des volcans, de filer le long des ravins et de longer les rives lumineuses de l'île.

La route principale est bonne... Mais si l'on s'en écarte un peu, c'est un calvaire de rocailles, de nids de poule, de bétons défoncés et de traversées à gué.

J'ai vu plusieurs pays où les traditions résistent, où les villages semblent hors du temps, les danses immuables, où les femmes s'affairent toujours sur leur métier à tisser et où les ancêtres restent à jamais auprès des vivants.

J'ai admiré le Kelimutu, ses trois cratères et les couleurs différentes de leurs lacs. Une nuit j'ai gravi le gunung Inerie, la montagne mère qui domine Florès, pour découvrir à l'aube son ombre immense se détacher comme une pyramide parfaite.

Je me suis réchauffé sur la plage de Riung auprès d'un feu en attendant la lune.

Après trois crevaisons j'ai enfin atteint l'extrémité occidentale de l'île, face au parc national de Komodo, ses dragons et créatures sous-marines.

J'y ai plongé avec bonheur pour saluer et remercier Florès de sa beauté.

Sur la route
Autour de Maumere
Koka
Kelimutu
Riung
Autout de Bajawa
Gunung Inerie
Ruteng
Wae Rebo
Komodo
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Je voulais revoir une dernière fois Java, l'île la plus peuplée d'Indonésie, son cœur irriguant tout l'archipel. Je voulais aussi voir le Bromo, ce volcan fabuleux en première page de mon guide.

À Malang j'ai retrouvé l'esprit javanais : les personnages mythologiques, les fleurs, les kampungs tranquilles, les chauffeurs affalés dans leur becak au coin des rues, et les oiseaux en cage au marché aux animaux.

Comme à Yogyakarta, on y trouve des quartiers très pauvres au bord de la rivière. Mais ici, les peintres se sont vraiment lâchés. Un premier kampung est absolument bleu quand son voisin, "warna warni", est un arc-en-ciel kaléidoscopique.

Depuis Malang j'ai pris une moto pour joindre le mont Brono. Seul dans cette montagne que les touristes visitent embarqués dans des 4×4, une erreur de navigation m'a emmené à la nuit tombante dans le village perché de Wotoro. Isolé de tout, sans véritable route hors un sentier de cailloux et de poussière, épuisé, je m'apprêtais à passer une nuit à la belle étoile des plus froides.

Alors que je méditais sur mon sort, Budi, providentiel, m'a offert sa maison pour la nuit. Pas un mot d'anglais mais une chaleur et une générosité merveilleuse dans cette famille. Une leçon d'humanité. J'ai ainsi découvert les Tenggers qui peuplent cette montagne depuis quatre siècles et gardent en partie leurs rites hindous.

Le dernier jour de mon séjour indonésien fut pour Surabaya, 2ème agglomération de près de 6 millions d'habitants et premier port du pays. Embouteillages sans fin, gratte-ciels, malls et cuisine de rue. La jeunesse occidentalisée y croise les pèlerins qui se pressent autour de la mosquée Ampel. La tolérance n'est pas totale : des attentats suicides revendiqués par l'EI frappaient la ville l'an dernier.

Les paradoxes indonésiens font l'actualité. Les étudiants manifestent contre le projet de réforme du code pénal, faible contre la corruption mais dur sur les mœurs, aux influences religieuses des plus rétrogrades.

Dans cette jeune démocratie les enjeux sont immenses : développement équitable, modèle de société, place des minorités, protection de l'environnement... À suivre !



Retour à Java
Marché aux animaux et aux fleurs de Malang
Kampungs warna warni
Bromo
Ma famille Tengger
Surabaya
Manifestation contre la réforme du code pénal
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Singapour est une claque, un saut dans le futur, un bain de mondialisation.

Ultramoderne, riche, multiculturelle, hyperactive, consommatrice : voilà ce qu'est devenu en deux siècles le comptoir fondé par Sir Thomas Stamford Raffles pour le contrôle du détroit de Malacca par la Compagnie Britannique des Indes Orientales.

Buildings vertigineux, malls géants, écrans high tech, marques de luxe, parcs et jardins botaniques, zoo, musées haut de gamme, métro impeccable : Singapour affiche sa réussite et impressionne.

Chinatown, little India, quartier malais, district colonial : dans le plan de la ville se lisent tous les peuples de l'Empire. On y parle quatre langues. Dans les rues, le mélange des cultures est fascinant.

Près d'une église, s'enchaînent, face à un alignement de maisons so british, tout proches, une mosquée et deux temples hindou et bouddhiste bien vivants.

Entre deux repas dans des rues chinoise puis indienne bondées j'ai vu les couleurs des préparatifs de Deepavali avant d'admirer un show de lumières sur la skyline.

Claque étourdissante.




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Chinois, indien ou malais, voire même libanais, en Malaisie on mange dans la rue ou en salle, sur une feuille de bananier ou dans une assiette, avec les doigts, ou pas. Il y en a pour tout le monde et c'est fameux.

Deux tiers de Malais, un quart de Chinois et 8% d'Indiens composent le pays. L'harmonie de façade ne résiste cependant pas longtemps aux discussions. Discrimation légale en faveur des Malais, "Bumiputera" ou peuple originaire, tensions entre communautés, jalousie de la réussite chinoise, tolérance religieuse relative pour les non musulmans...L'équilibre semble fragile même si le développement est patent : Kuala Lumpur jette toujours plus de tours vers le ciel et astique ses malls, tandis que Malacca regorge de touristes chinois lancés sur les traces des portugais, hollandais et anglais.

En matière de prières on a le choix : mosquées, temples taoistes, bouddhistes, hindous ou églises... J'ai passé un moment merveilleux lors de la fête de Dusherra, où les hindous célèbraient la victoire de Rama sur le démon Ravana, et moi, la mienne.

Malacca
Kuala Lumpur
Temple Thean Hou
Dans un temple taoiste
Temple Sri Maha Mariamman
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Le Népal n'était pas dans mon plan initial. Mais cette destination est si mythique, les récits des voyageurs si fascinants que je n'ai pas hésité longtemps. Le Népal c'est le pays des Gurkas et de Siddhartha, l'Himalaya c'est "Tintin au Tibet" et les livres d'alpinistes héroïques de mon enfance.

Après une étape dans un monastère bouddhiste, j'ai pris la route du camp de base de l'Annapurna (ABC) avec mon guide Dari.

9 jours de trek hors d'échelle, hors du temps. Marches dans des jungles jusqu'à 3000 m, traversées de torrents sur de frêles passerelles suspendues, paysages changeants, rencontres avec les courageux sherpas, face à face avec les Langurs, singes à barbe blanche, et nouvelles amitiés avec Joan, de Buenos Aires et Barbara, de Karlsruhe.

Nous avons grimpé ensemble jusqu'à 4130 m, ce qui est presque rien quand les sommets dépassent 8000 m. Depuis Nayapool nous avons passé Tikhedhunga, Ghorepani, Chuile, Sinuwa, Deurali, ABC, Sinuwa, New bridge.

Le retour cahotique en bus dans la vallée fut comme un réveil déchirant un long et beau rêve.

Heureusement, Pokhara est un site de parapente. Et c'était la fête de Diwali : lumières, mandalas et danses vibraient partout.

Fin de périple à Kathmandu, entre prières à Shiva et Bouddha, dans la poussière et la lumière.


Pema Ts'ai sakya
Trek du sanctuaire de l'Annapurna ABC
Parapente
Diwali à Pokhara
Kathmandu
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Je me suis perdu en Birmanie, partout différente. Je n'ai pas reconnu Yangon et son agitation à Mandalay. J'étais encore davantage ailleurs dans les villages reculés des Palaungs, sur une planète lacustre à Inle, ou très loin dans le passé des premiers royaumes birmans à Bagan.

Stupas, Bouddhas, moines en quête de l'aumône font sûrement l'unité d'un pays idolâtre. On vient recouvrir de feuilles d'or le Bouddha de Mahamuni et réciter des mantras pendant que tournent sans fin dans les pagodes les ombres des hommes.

Les Birmans sont chaleureux, célèbrent bruyamment la fête des lumières et leur vie paraît simple et heureuse.

Mais c'est encore la junte corrompue qui domine et plusieurs régions sont en guerre larvée. Outre le sort terrible fait aux Rohingyas, des milices indépendantistes parsèment un territoire instable.

Dans le train pour Hsipaw j'ai roulé sur le vieux pont métallique de Gokteik sans craindre plus que de tomber de ses cent mètres. Je n'avais heureusement pas vu les zones à éviter selon l'ambassade.

Pays pauvre mais riche en gaz, jade, rubis et émeraudes, vieux royaume puissant recouvert de palais et de temples, ex fleuron des Indes britanniques aujourdhui décrépi, le Myanmar est comme une énigme qu'il faut plusieurs fois relire.


Yangon
Marché de jade de Mandalay
Artisans à Mandalay
Mahamuni
Autour de Mandalay
Hsipaw
Bagan
Fête des lumières à Taunggyi
Lac Inle
23

Le voyage finit où il a commencé.

Maintenant Bangkok n'est plus sous la pluie. J'y ai davantage d'amis et je suis moins surpris.

On m'attend au pays et mes chaussures sont trouées. Je crois qu'il est temps de rentrer.

Derniers saluts à tous et à l'Asie... Dernières nuits de cuite et on se quitte.

Le voyage finit où il a commencé.