On a un programme chargé pour aujourd'hui, on s'adaptera si ce n'est pas possible pour nous de le faire.
On prend le bus à 5h40 pour nous emmener le plus haut possible sur le GR et ainsi espérer relier la Roche écrite dans la journée. Tout se passe bien jusqu'au changement de bus où le chauffeur nous signale que lui ne va pas jusqu'en haut et qu'on doit attendre le prochain... C'est 30 minutes plus tard c'est pas si grave, on en profite pour siroter un thé et nous réchauffer. On croise une femme qui avait envie de papoter et qui nous explique qu'on a raison de prendre le bus pour pas marcher autant. Parce qu'elle va au sentier des goyaviers et qu'elle a pas envie de trotter hein !
On attaque sur le GR aux alentours de 7h30, il fait frais mais le soleil nous réchauffe doucement les os.
La première étape est au gîte de la plaine des chicots où l'on passera la nuit. On a un peu plus de 800m de d+ sur 7,5kms, ça monte tout du long mais de manière plutôt régulière. On grimpe lentement sans finalement trop de peine en prenant nombres de photos et de films.
Le début ressemble fortement à la randonnée de la veille, ce qui s'entend car finalement on est sur la ravine juste à côté. C'est luxuriant, verdoyant, épais et légèrement boueux mais honnête. On observe beaucoup de très jolies fleurs qui apportent un côté très bucolique à cette marche.
Ensuite on ressent plus la présence du soleil, l'atmosphère change : on trouve davantage de bambous, arbres imposants, la boue disparaît en même temps que nos pulls.
On arrive au gîte vers 11h20, on prend une bonne heure de pause pour que je puisse changer mon tee-shirt trempé à cause du sac et pour manger!
On est suffisamment en forme et on s'allège le plus possible pour rejoindre le point de vue de la roche Écrite, ce qui va nous amener à 2276m d'altitude.
Là encore changement de décor mais celui-ci encore plus saisissant : on est sur la Lune !
On marche à même le rocher au sommet de la montagne, une sorte de calvitie tellurique quand on y pense. Le sol est constellé de petits cratères, de tâches de lichen ressemblant à des roses et il est, par endroit, craquelé comme une terre aride ou un visage vieillisant. La végétation est rase et barbue à la fois c'est pour le moins dérangeant cette histoire !
On aime énormément ce passage même si je dois bien l'avouer, j'ai tiré fort la langue sur le dernier kilomètre de montée. On ne peut que reconnaître la limite de son talent quand au lieu de se prélasser, on entame les lacets en côte à l'instar des cyclistes sujets au coup de pompe (sans lacets ça va sans dire). En parlant de limite, un traileur a eu le temps de nous doubler, aller tout en haut, redescendre et nous redoubler avant qu'on ai pu faire la moitié : dopé va!
La récompense est au bout de l'effort, on observe en contrebas le cirque de Salazie et Grand Ilet. C'est tout simplement vertigineux. Un gros nuage nous cache la vue sur Mafate mais nous offre un arc en ciel en contrepartie, y'a le beau geste. On prend une demi heure pour profiter du spectacle et d'un peu de réseau pour répondre à certains messages.
La redescente est magique, on traverse un nuage, on a une dizaine de mètre de visibilité : c'est typiquement la scène de guerre sur la lande anglo-saxonne où une armée nous débaroule dessus. Moi j'ai vu personne.
On apprécie d'enlever les chaussures, de boire une bière froide et manger un plat chaud.
Il est 19h30, on est sous quatres couches de couverture et à mon avis d'ici une heure y'a plus personne !!