Me revoilà partie, cette fois en solo, direction la pointe sud-ouest de l'île et son petit village de Masca. D'après mes recherches, le village vaut le coup d'œil : enclavé entre deux falaises, point de croisement des vents, isolé du monde et dernier argument majeur, il illustre la première de couverture du Routard (Avé Routard 🙇♀️), c'est que ce doit forcément être bien 😅
Pour diversifier la manière de vous raconter les trajets en bus, je vous propose aujourd'hui de le faire en chanson :
"Good Morning, Good Morning, I'm waiting for the bus
First the 415 with the grumpy driver
Hopefully it's right on time to catch the 110
Stop, Costa Adeje Time !
Take the 460 to Santiago del Teide, Saan-tiaaaa-goooo
Don't stop, make it pop
We're just missed the 355 for six minutes..."
Il y a quatre chansons cachées dans ce texte, à vous de deviner lesquelles ! #blindtest
Bon je vous avoue qu'en l'écrivant, je poussais la chansonnette mais de votre côté, en le lisant, ça doit paraître un peu moins fun. Promis, la prochaine fois je m'enregistre et je vous joins l'audio avec ! Pour le meilleur ou pour le pire...
Bref, pour ceux qui ne parlent pas Anglais et pour compléter les paroles, mon avant dernier bus est arrivé avec trente minutes de retard et j'ai raté ma correspondance à six minutes près. Grosse déception car je ne pourrais pas faire la belle randonnée que j'avais repéré. Mais je ne me laisse pas abattre et sors de ma poche, mon super plan B !
Téléphone en main, je cherche le point GPS du départ de ma randonnée plan B et pars, telle une aventurière fière, en passant devant les gens du bus qui eux aussi ont raté la correspondance (et toc, moi j'ai un plan B 🤭). Mince... mauvais sens... je leur repasse devant deux minutes plus tard (bah quoi ça arrive à tout le monde de ne pas comprendre le sens avec le GPS du téléphone non ?). Cette fois dans la bonne direction, je pars à la recherche de l'entrée du chemin. Quoi ??? Je suis passée devant ? Bon d'accord, demi-tour, je vais bien finir par le trouver ce chemin. Je croise à nouveau les gens du bus qui doivent également chercher le départ. Ils me regardent faire demi-tour pendant qu'ils continuent leur route. Je repasse devant le chantier que j'avais traversé et réalise que le GPS m'a mal géo-localisée... l'entrée était bien dans la direction où j'allais. Aller, demi-tour à nouveau, sous les yeux amusés des ouvriers qui me voient tourner en rond depuis dix minutes. Je décide donc d'adopter une nouvelle stratégie, je pose le GPS et active mon mode filature. Me voilà donc à suivre, cent mètres en arrière, les personnes du bus (un couple et un homme seul qui semble les suivre aussi de loin). Bingooooo !!! Ils ont trouvé l'entrée du chemin, à cinquante mètres de mon premier demi-tour... je comprends mieux pourquoi ils me regardaient étrangement.
Boum, l'aventurière est de retour pour attaquer la montée. J'arrive à trouver un sentier plus isolé mais tout autant balisé pour continuer. Étrangement, l'homme seul semble aussi l'avoir trouvé mais il est assis pensif, derrière des fougères et ne semble pas continuer. Je lui passe donc à côté et le laisse à ses rêveries.
J'aperçois en haut de la montagne un groupe de randonneur qui admire le paysage, je me dis que la vue doit être belle. Effectivement, mon avancement progressif me permet d'observer le Teide et la forêt de pins que je longe depuis le départ du chemin. C'est une étape de plus de croiser des pins car ils ne poussent qu'à partir d'une certaine altitude et c'est la première fois depuis mon arrivée sur l'île que je parviens à leur niveau. J'ai l'impression de retrouver les paysages des Alpes.
Presqu'arrivée au sommet, je remarque que le groupe de randonneur n'a pas bougé et je les entends faire des suppositions : "Espagnol, non Anglais ou alors on essaye direct le Français ?". Quand je parviens à leur niveau, tous en cœur, ils me disent "Bonjouuuuuuur". Je les regarde et lance un "Bonjour" essoufflée. "Ah super" répondent-ils, "on s'était préparé à parler toutes les langues mais le français sera plus simple". Je rigole en pensant que j'aurais dû leur lancer un "Holà" plutôt qu'un bonjour pour les voir bredouiller leur meilleur Espagnol. Je n'ai pas été assez réactive pour cette blague, dommage ! Ils me demandent simplement si le chemin d'où je viens est accessible malgré le sens interdit (oui je n'ai vu le sens interdit qu'en sortant et non en rentrant sur le chemin). Je les informe donc, qu'à priori, ils peuvent l'emprunter sans risque et ils sont soulagés de cette nouvelle, leur descente sera plus simple. Nous reprenons chacun nos routes respectives.
Le sommet m'offre une vue à 360° sur l'océan, les falaises, les monts et le Teide. C'est splendide. Finalement ce plan B s'avère peut être plus spectaculaire que le plan A.
Je continue le sentier en révisant mes quelques leçons d'espagnol afin de pouvoir commander ma 🍺 en langue locale à l'arrivée : "Tomos une cerveza por Favor". À un croisement, j'en profite pour tester mon sens de l'orientation avec ma super boussole car depuis mon arrivée sur l'île, j'inverse toutes les directions. Le Nord doit être par-là, me dis-je, avant de regarder la boussole. Encore raté... C'était le sud. Décidément, ce n'est pas ma journée orientation. 😓
J'arrive enfin sur les hauteurs de Masca, le Routard (Avé Routard) n'a pas menti... Les rayons du soleil font scintiller les couleurs des maisons. Les falaises sont maîtresses des lieux et semblent protéger le village, les petites rues escarpées mènent à un point de vue encore plus spectaculaire. Cette randonnée se conclue donc de la plus belle des manières : une bière à la main avec un superbe paysage.
J'attrape à 16h15 le bus 355 (raté le matin) qui me ramène à Santiago del Teide et c'est reparti pour le trajet retour. A vous de chanter la chanson !
Conclusion : 6h de bus pour 5h de randonnée mais ça en valait le détour. Je peux cocher les deux pointes de l'île à ma check-list des lieux à voir. Deux pointes très différentes mais tout aussi séduisantes.
Je réfléchis déjà à la prochaine randonnée mais ça, ce sera une autre histoire...