Après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons nos pérégrinations dans les rues de Rouen.
Rouen Nous ne manquons pas de nous attarder dans l'aître Saint-Macloud, cet ossuaire médiéval qui a été entièrement et magnifiquement restauré depuis ma première visite, il y a cinq ans. "Dans son jus" et triste à l'époque, l'aître est ainsi devenu un lieu où il fait bon se poser sur un banc, à l'ombre d'un tilleul, ou déjeuner à la terrasse du restaurant qui occupe désormais la galerie nord.
Aître Saint-Macloud - Rouen Comme vous pouvez le voir, Rouen compte des dizaines et des dizaines de superbes maisons à pans de bois.
Rouen Le programme du jour est, comme de coutume avec Ben, assez chargé. Il est donc temps de reprendre la route vers notre prochaine étape : Etretat et ses célèbres falaises.
Autrefois modeste village de pêcheurs, Etretat est aujourd'hui une station balnéaire incontournable de la côte d'albâtre, qui court du Havre au Tréport - son nom fait référence à la couleur blanc laiteux que prend parfois la mer au pied des hautes falaises de craie qui la caractérise. Nous flânons sur la belle plage de galets puis empruntons le sentier qui conduit sur les falaises, d'où le panorama est somptueux par cette belle matinée de printemps. Un bémol de taille toutefois : nombre des superbes villas, qui bordaient le front de mer d'Etretat avant guerre, ont laissé place à d'affreux immeubles. La faute aux troupes d'occupation allemandes, qui les ont rasées de sorte à installer à cet endroit stratégique des batteries d'artillerie, dans le but de contrecarrer un éventuel débarquement allié - vous avez sans doute entendu parler du fameux - et fumeux - "mur de l'Atlantique". Aux troupes allemandes certes donc, mais également à nos dirigeants de l'après-guerre, qui n'ont pas daigné les reconstruire - les hideux immeubles de béton sont sans doute d'un bien meilleur rapport, avec leurs balcons avec vue sur les falaises.
Etretat Après un bon déjeuner pris en terrasse dans une brasserie à touristes, nous prenons la direction de Fécamp, où Ben a loué une petite maison de ville. Nous y parvenons en fin d'après-midi, après une vingtaine de minutes de route.
C’est au XVIème siècle, lorsque les pêcheurs locaux dénichèrent le filon de la morue au large de Terre-Neuve, que la ville prit son essor. «L’or blanc » fera sa fortune trois siècles durant : en 1872, Fécamp est ainsi devenu le premier port français de pêche hauturière, avec une flotte de plus d'une centaine de bateaux - pour la plupart des terre-neuvas mais aussi des « dundees », utilisés pour la pêche aux harengs et aux maquereaux dans les eaux de la Manche. De nos jours, le port est beaucoup plus calme.
Fécamp Nous faisons naturellement une longue pause-dégustation au Palais de la Bénédictine. L'histoire de cette célèbre liqueur commence à l'abbaye de Fécamp où les moines vivaient selon la règle de saint Benoît, basée sur la prière, le travail manuel et l'étude. Philosophes et herboristes s'y côtoyaient dans une atmosphère d'alchimie, stimulée par la proximité des falaises où poussaient l'angélique, l'hysope ou encore la mélisse, ingrédients d'élixirs de toutes sortes. Une recette, élaborée au tout début du XVIème siècle par le moine Dom Bernardo Vincelli - venu d'Italie avec dans sa besace des épices d'Orient - et censée prolonger la vie, devint alors célèbre dans toute la région. Disparue dans le fracas de la Révolution, la recette est retrouvée dans les années 1860 par un négociant en vin passionné d'art et d'histoire, Alexandre Le Grand - ça ne s'invente pas - qui s'était constitué une collection de livres et d'objets liturgiques provenant de l'abbaye. Le Grand ressuscite alors la liqueur aux vingt-sept plantes et la nomme Bénédictine, en hommage aux moines. Fortune faite, et sa distillerie devenue trop petite, il fait bâtir un palais - inauguré en 1888 - pour abriter l'ensemble de ses activités, ainsi qu'un musée regroupant ses diverses collections.
Palais de la Bénédictine - Fécamp