Après une bonne nuit de sommeil à Munster, que nous avons gagnée hier soir par le train - pour la visite de la ville, vous pouvez vous reporter à mon précédent carnet "L'Alsace, du nord au sud" - nous prenons donc ce matin le départ de la randonnée... sous la pluie. Enfin, nous étions prévenus : le temps s'annonce exécrable pour notre première journée de marche - 14 km et 700 m de dénivelé positif..
Nous sommes à peine sortis de Munster que notre "road book" nous joue des tours. Impossible de trouver le chemin indiqué. Nous revenons d'abord sur nos pas, puis Manu part en éclaireur sur une petite route, tandis que je l'attends à l'abri d'une grange - pas convaincu de la direction prise. Bref, à peine partis, nous sommes déjà perdus - ça commence bien !
Tout ce dont l'on soit sûr, c'est qu'il faut monter. Le chemin passe en effet par le mémorial du Linge situé sur le collet - ou col - du même nom, à près de 1 OOO m d'altitude, sur les hauteurs qui dominent Munster. Alors, nous montons par la route. Au lieu-dit Haslach, nous demandons notre chemin à une vieille dame à sa fenêtre, mais elle n'est pas très claire dans ses indications. Nous continuons à monter, en suivant toujours la route, puis un large chemin forestier. Vers 11h la pluie s'intensifie. Ma veste imperméable rend définitivement les armes et ça fait "floc floc" dans mes chaussures de marche. Bref : je suis trempé. A midi passé, une cabane providentielle fait son apparition au détour du chemin ; je ne laisse alors pas le choix à Manu, qui marche quant à lui relativement au sec sous... son parapluie : je ne ferai pas un pas de plus sous ce déluge.
La cabane est aménagée pour les randonneurs : des bancs, une table, et même quelques livres à disposition - ce qui tend à prouver que la pluie s'invite bien souvent sur la région. Nous y cassons la croute et j'en profite pour passer un t-shirt - à peu près - sec avant de reprendre le chemin.
Et par bonheur, la pluie se calme quelque peu. Je peux enfin ressortir mon appareil photo du fond de ma poche et vous faire profiter de la vue.
Il est 14h passées quand nous atteignons finalement le mémorial du Linge , que nous ne visitons pas - nous avons perdu trop de temps ce matin à chercher notre chemin. C'est bien dommage pour Manu, car le mémorial vaut le déplacement. Là encore, je vous renvoie à mon carnet "L'Alsace, du nord au sud", où vous trouverez de nombreuses photos de cet ancien champ de bataille de 1914-1918. Toutefois, comme vous pouvez le voir, le chemin offre de notables séances de rattrapage car il n'est pas avare des vestiges de la Grande Guerre. La carrière du Schratz - exploitée pour la construction de l'église protestante de Munster, entre 1867 et 1873 - fut ainsi transformée en camp retranché par les soldats bavarois de l'armée du Kaizer.
La pluie ayant cessé, nous poursuivons notre chemin dans la belle forêt vosgienne, désormais en phase avec le road book.
Nous atteignons peu après le cimetière militaire allemand du Hohrod, qui compte 1 518 tombes - tandis que 942 corps reposent dans une fosse commune. Le cimetière est parfaitement entretenu et dégage une impression de grande quiétude - quel contraste avec la mort atroce qui a cueilli tous ces jeunes gens, venus des campagnes allemandes pour se battre contre d'autres jeunes paysans, français ceux-là.
Cimetière militaire allemand du HohrodAprès ce moment d'émotion, nous reprenons notre marche au cœur de la forêt...
Une forêt pour l'heure gorgée d'eau. Une humidité qui semble faire le bonheur des mousses et des buissons de myrtilles, sans déranger le moins du monde les fourmis locales qui bâtissent d'impressionnantes demeures.
Nous atteignons ensuite le site des pierres tremblantes - enfin, selon la légende, car nous avons tout tenté, et il s'est avéré impossible de faire bouger l'une ou l'autre de ces imposantes dalles de pierre.
L'après-midi est désormais bien avancé. Nous approchons du bourg d'Orbey - notre étape du soir - tandis que le soleil fait une timide apparition.
Il est 17h45 quand nous arrivons à Orbey, où nous logeons à l'hôtel Les bruyères. Le soir venu, je m'y régale d'une excellente choucroute - plat typique de la région, qui met du baume au cœur du randonneur après une longue journée de marche. Manu fait quant à lui le délicat ; le gars du sud n'est pas "choucroute" et se fait servir une escalope de poulet. Dans les Vosges ! Une escalope de poulet ! Et pourquoi pas des beignets de fleurs de courgette tant qu'on y est !
La belle choucroute des BruyèresNous sommes le 13 juillet et notre chambre d'hôtel donne sur le parc où ont lieu les festivités du 14 juillet. J'irai bien prendre un verre et me mêler à la population locale mais je renonce car il fait un froid de canard. Nous profitons toutefois de la sono, qui donne à fond, et du feu d'artifice, fort honorable pour une bourgade de moins de 4 000 habitants.