Sur le conseil de nos hôtes, nous commençons notre journée de marche par la vallée des peintres, un joli vallon boisé qui a inspiré de nombreux artistes dans les années 1900. Comme vous pouvez le constater, le soleil n'est pas encore de retour mais nous ne désespérons pas...
Et bientôt le soleil fait son apparition et nous offre un magnifique spectacle, en teintant l'océan de tâches bleu azurin, voir turquoise.
J'ai bien du mal à m'arracher à ce spectacle, mais je dois rattraper Manu qui lui ne traine pas.
Une anecdote pour rire : alors que je rattrape Manu qui avait pris de l'avance, il me désigne du doigt, au loin, tout fier, une petite forme posée sur la mer. "Le mont Saint-Michel" me dit-il. Dubitatif, je lui fais de suite remarquer que le Mont se trouve au fond de la baie du même nom, et que face à nous il s'agit d'une sorte de cap, ce qui exclut que ce rocher au loin fusse le Mont Saint-Michel. Sacré Manu ! Toujours prompt à s'enflammer ! Les origines espagnoles sans aucun doute !
Nous sommes seuls sur le sentier et le soleil continue de peindre l'océan de diverses nuances de bleu. C'est le top ce matin !
Et bientôt apparaissent dans le lointain le Mont Saint-Michel et l'îlot de Tombelaine, qui lui tient compagnie depuis la nuit des temps. Cette fois, aucun doute possible :
Au loin : le Mont Saint-Michel et TombelaineLe sentier est ponctué de quelques cabanes Vauban, voulues par le célèbre serviteur de Louis XIV. Elles servaient alors de vigies afin de prévenir toute tentative anglaise contre les côtes du royaume de France. Celle-ci surveille le Mont, au loin.
Après une très courte pause, nous reprenons notre marche...
... avec toujours en point de mire le Mont et son voisin Tombelaine.
Nous découvrons sur le sentier une nouvelle cabane Vauban, tandis que de gros nuages d'orage s'amoncellent au dessus du Mont Saint-Michel.
A la mi-journée, nous atteignons la bourgade de Saint-Jean-le-Thomas, veillée par sa cabane Vauban.
Saint-Jean-le-ThomasPuis c'est la dernière ligne droite avant le Mont. Nous pressons le pas car nous avons réservé une traversée guidée de la baie à 15h. La plage parait sans fin mais nous arrivons finalement au point de rendez-vous à 14h45, fourbu pour ma part. Ce qui nous laisse exactement 10 mn pour... déjeuner. A peine le temps d'avaler un quignon de pain tartiné de rillettes et accompagné d'un petit verre de rouge pour faire couler.
Et c'est parti pour la légendaire traversée de la baie du Mont Saint-Michel. Nous ne serons pas seuls comme sur le chemin, c'est même la foule des grands soirs ! Une véritable petite armée de randonneurs ! Chaque guide prend sous son aile une vingtaine de personnes. Le notre fait le job et nous instruit sur la faune locale : oiseaux, poissons, coquillages... Et sur les légendes de la baie ; dont celle - que nous connaissons tous - de la marée qui monterait en ces lieux à la vitesse d'un cheval au galop, en réalité à celle "d'un poney au trot", rectifie-t-il. Bien évidemment, il nous déniche quelques sables mouvants et nous invite à marcher sur place afin de nous y enfoncer - en nous précisant que le corps humain étant constitué aux deux tiers d'eau, il ne peut s'enfoncer que jusqu'à la taille au maximum, poussée d'Archimède oblige.
Traversée de la baie du Mont Saint-MichelPuis nous abordons Tombelaine, îlot granitique à quelques encablures du Mont. Il abrite une réserve ornithologique qui accueille de très nombreuses espèces d'oiseaux.
TombelaineEt enfin le voilà... le mythique et unique Mont Saint-Michel.
Mont Saint-MichelUne fois les pieds nettoyés de la vase noire et collante qui tapisse la baie à marée basse et rechaussés, nous pénétrons à l'intérieur des remparts. Crise sanitaire oblige, le port du masque est obligatoire mais en contrepartie, l'unique rue du Mont, d'ordinaire bondée de touristes, est quasi-déserte.
Le Mont Saint-MichelDepuis les remparts, on a bien sûr une superbe vue sur la baie.
La journée tire à sa fin et il reste un peu de marche jusqu'à Beauvoir, où nous ferons étape ce soir. Bien sûr, je ne peux m'empêcher de me retourner régulièrement pour admirer cette merveille que nous ont léguée les hommes du Moyen Age.
Cette journée de marche fut très longue : de 9h à 19h, avec seulement 10 mn de pause avant la traversée de la baie. Je savoure donc particulièrement la bière bien fraiche qui m'est servie à la terrasse de notre hôtel-restaurant à Beauvoir, que nous avons rejoint en remontant le Couesnon, ce petit fleuve côtier d'une centaine de kilomètres de long qui se jette dans la baie du Mont Saint-Michel.